PDV Hunter
Je suis devant ma salle de français avec Nick. Assis sur le rebord de la fenêtre, ça fait bien dix bonnes minutes qu'on attend et toujours aucun signe de vie de notre professeure. Je commence à me dire que je vais me barrer quand une petite dame rondouillarde d'une quarantaine d'années arrive.
- Excusez moi les enfants, je me suis perdue dans le lycée, dit-elle.
Ça commence bien dites moi. Elle ouvre la porte de la classe mais au moment ou on s'apprête à rentrer elle nous stoppe.
- Non, non ne bougez pas. J'ai fait un plan de classe pour retenir vos noms.
C'est pas vrai. La prof commence à nous appeler un par un en désignant les chaises vides
- Dylan, Maël, Raphaël, Élodie, Stan...Hunter.
Je me redresse à l'appel de mon nom et me dirige vers la place qu'elle m'indique. Une fille est déjà installée sur la chaise à coté de la mienne. Je me retrouve assis à coté d'une petite brune à lunette qui ressemble à une intello. Par pitié ne me dites pas que c'est une de ces filles coincées qui font toujours leurs devoirs et ont tous les profs à la bonne. J'espère qu'elle n'a pas l'intention de me faire la conversation. Je ne suis pas du genre bavard et encore moins avec les filles.
-Salut, me lance t-elle.
Rater, elle veut parler. Je lui réponds par un faible sourire. C'est plus de la pure politesse que de la sympathie. Je m'assois à coté d'elle. Même comme ça elle est toujours plus petite que moi. Je sors mes affaires et croise les bras sur mon cahier avant de poser ma tête dedans. La prof commence le laïus habituel de la rentrée et je commence à trouver sa voix on ne peut plus agaçante. Ma voisine elle à l'air de boire les moindres paroles de la prof. Soit elle est vraiment intéressée, soit c'est la meilleure actrice que j'ai jamais vu de ma vie.
J'apprends pendant le cours qu'elle s'appelle Maya. Je n'avais pas entendu son nom lorsque la prof l'a appelé. Je la regarde de plus près. Elle a une peau de rousse, et un nez légèrement retroussé. Ses yeux bleus sont bordés de longs cils. Elle essaye plusieurs fois de me parler et je réponds de la manière la plus brève possible à chaque fois en espérant qu'elle arrête. Mais ça n'a pas l'air de la décourager. Elle n'a pas l'air de comprendre qu'on ne va pas faire copain-copain. Je ne suis pas ami avec les filles. Au delà du fait qu'elles soient particulièrement chiantes, je sais comment ça marche. On me l'a déjà fait le coup de l'amitié fille garçon. On s'attache, trop même et après dans le meilleur des cas, les deux personnes sortent ensemble et au moins un des deux fini par se lasser. Dans le pire des cas, les sentiments ne sont pas réciproque. Ça m'est arrivé une fois. J'ai été amoureux pour la première fois de ma vie. Ce n'était pas ma première copine, loin de la mais cette fois la, je ressentais vraiment quelque chose. Et on voit ou ça m'a mené. Merci mais non. J'ai déjà donné.
Au fil des semaines, je découvre que Maya est loin d'être la fille barbante que je pensais. J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi acharnée ! Ça fait plusieurs semaines maintenant que Maya est à coté de moi et elle s'obstine à me parler pendant tous les cours ! La plupart du temps elle râle beaucoup, en général parce qu'elle a fait tomber quelque chose par terre. Ce qui arrive très souvent vu qu'elle est incroyablement maladroite. Mais des fois, elle me parle un peu de sa vie. Je crois qu'elle pense que je ne l'écoute pas. C'était vrai au début mais ce qu'elle dit est plus intéressant que le cours. Je sais donc qu'elle vit dans une famille nombreuse, qu'elle adore manger et que c'est une véritable feignasse aussi. Je ne m'étais pas trompé sur un point. Maya est une véritable intello, elle note tous ses cours à l'inverse de moi, elle connaît les réponses à toutes les questions de la prof. Mais ce n'est pas une de ces filles coincées qui savent qu'elles sont intelligentes et sont ennuyeuses à mourir. Au contraire. C'est la première à rigoler en cours et à parler de la pluie et du beau temps avec son voisin. J'en sais quelque chose. J'avoue que c'est un peu déroutant de se retrouver à coté d'un moulin à paroles quand comme moi, on est habitué à vire dans une famille qui ne parle pas beaucoup. Mon père est toujours absorbé par son travail et je n'ai pas la même complicité avec ma mère que celle qu'elle à avec ma sœur. Du coup je suis un peu dépaysé par Maya, mais plutôt dans le bon sens du terme. En vérité, elle me fait paraître les cours de français moins longs.