Il doit être environ trois heures du matin. Je suis assise là, sur le sol de la salle de bain. Je suis dans un état second, comme dépossédée de mes moyens. Un cognement sur la porte de la salle de bain me ramène immédiatement à la réalité.
-Tout va bien ?
C'est la voix de John. Je me lève, prise de panique. J'attrape le torchon à côté de moi, me précipitant près de la vasque. Voyant le sang, mon cœur s'emballe. J'ouvre le robinet et commence à nettoyer rapidement la pièce.
-Marie ?
-Retournes te coucher j'arrive, je lui réponds, la voix tremblante.
Je saisis les lames de rasoir qui traînent sur le sol, puis je les jette avec frénésie dans la poubelle, me recoupant au passage. John parvient à déverrouiller la porte. Nous nous retrouvons face à face. Je retiens mon souffle. Je suis incapable de parler. Même si je pouvais le faire, que lui dirais-je ? John s'avance lentement vers moi. Il m'enlace et, à ce moment précis, la pression retombe. Je me sens coupable évidemment, mais sa présence me fait du bien. Prenant mon visage entre ses mains, il me regarde dans les yeux et me murmure :
-Ça va s'arranger, ne t'en fais pas.
John se baisse ensuite, ramassant le torchon que j'ai lâché dans la panique. Celui-ci est imbibé de sang, mais cela ne semble pas le déranger. Lorsqu'il remonte, son regard se porte sur mes avants bras. Je m'attends à ce qu'il me fasse une réflexion, mais non. Il me conduit près du lavabo puis nettoie délicatement le sang sur mon corps. Cela étant fait, il panse mes plaies et me raccompagne dans la chambre. A peine couchée sur le lit, ce mélange de tant d'émotions me plonge dans un profond sommeil.
A mon réveil, John est à coté de moi. Il dors. Il a l'air épuisé. Je me lève discrètement afin de ne pas le réveiller, puis je me dirige vers la salle de bain. Tout a été nettoyé.
Comment en suis-je arrivée là ? C'est une bien longue histoire...