Il y a plusieurs années.---------------------
Sur l'île de Marineford régnait un calme apaisant. Le vent était doux, le ciel dégagé, permettant à la lune et aux étoiles d'éclairer nettement les lieux. La nuit s'annonçait bonne, pensa l'ex-amiral et instructeur Zephyr, mais il ne voulait pas rentrer et se coucher tout de suite. Son expérience et ses habitudes le poussaient à être constamment vigilant, il s'interdisait un relâchement total. Hormis les hauts-gradés qui croulaient sous la paperasse et les soldats de garde, tout le monde dormait depuis longtemps, tant du côté des marines que des familles de ceux-ci. Zephyr, une bouteille de Jerez en main, se décida à faire un tour de garde. Rien n'éveilla sa méfiance au cours de sa marche, mais il s'arrêta net lorsqu'il entendit des bruits d'impact venant du terrain d'entraînement des recrues. Il fronça les sourcils, étonné et un brin irrité. Combien de fois avait-il répété qu'il ne servait à rien de bosser la nuit si c'était pour dormir le jour ? Il quitta son chemin et se dirigea vers la source du bruit, prêt à crier au têtu de déguerpir se coucher mais il se retint au dernier moment. Ce n'était pas l'une de ses recrues et sa surprise se renforça lorsqu'il découvrit qu'il s'agissait d'une jeune fille qui ne portait aucun uniforme de la Marine. Il parvint à distinguer ses yeux bleus et cet air de visage qui lui semblait familier. Il laissa échapper un grognement amusé. C'est bon, il savait qui c'était.
- Eh, fillette !
La jeune fille, s'entendant interpellée, fut prise d'un sursaut, cessa de frapper le mannequin en bois et se retourna vers Zephyr. Ses yeux s'écarquillèrent, elle serra les deux bâtons qu'elle tenait en main. Elle se croyait seule et n'aurait jamais crue être prise sur le fait, c'était bien pour cela qu'elle utilisait le terrain la nuit. Le terrain d'entraînement était interdit aux civils et elle le savait mieux que quiconque, mais elle n'avait pas pu résister. Elle maintint son regard rond sur l'instructeur et resta raide, elle était embarrassée mais prête à accepter les répréhensions. Cela fit sourire Zephyr. Il fit encore quelques pas vers elle avant de s'asseoir à même le sol. Du coin de l'œil, il pouvait voir la fautive esquisser une moue décontenancée.
- Tu vas rester plantée là longtemps ?
Il tourna le regard vers elle et d'un signe de tête, il l'invita à se joindre à lui. Elle obéit directement et vint s'asseoir à ses côtés sans dire un mot et en se faisant discrète. Elle gardait les yeux rivés sur lui, très surprise et méfiante. Elle s'attendait à se faire réprimander par un marine bouillant de colère, et voilà qu'elle avait affaire à un homme calme, plutôt direct dans ses paroles mais qui ne semblait pas le moins du monde fâché. Elle posa ses bâtons au sol et joignit ses mains, regardant son interlocuteur boire goulûment sa bouteille. Lorsqu'il eût fini de boire, il s'essuya la bouche du revers de la main avant de se tourner vers la gamine, se sentant enfin prêt à discuter.
- T'es la fille de Kuzan, nan ?
- Oui. Je m'appelle Isiris.
- Isiris... ouais, c'est joli. Jerez ?
Il prit la bouteille d'alcool et la lui tendit. Elle fronça le nez et eut un mouvement de recul.
- Eh ! J'ai 14 ans !
- Il est jamais trop tôt pour commencer.
- Je compte pas finir alcoolo moi...
Elle avait marmonné mais cela avait suffit à Zephyr pour entendre. Il sourit de toutes ses dents. Elle avait du répondant, cette petite, il appréciait. Il reposa la bouteille de son côté, permettant à Isiris de se ré-installer confortablement.
- Pourquoi tu monopolise le terrain en pleine nuit ? Tu sais qu'il est interdit aux civils ?
- Oui, mais--
- Mais tu veux devenir une marine donc tu te prépares avant de t'engager. J'me trompe ?
La jeune fille baissa brièvement la tête alors que ses joues s'enflammaient. Elle était à Marineford depuis très peu, mais son désir d'entrer dans la Marine ne datait pas d'hier. Au départ c'était comme la plupart des enfants qui veulent être comme leur papa ou leur maman lorsqu'ils seront grands, puis c'était devenu une véritable envie indépendante de son père. Celui-ci avait d'ailleurs bien accueilli la nouvelle, mais il lui avait demandé d'attendre encore un peu. Et l'attente se faisait déjà longue.
- Mon père m'entraîne de temps en temps, il dit qu'il vaut mieux que j'attende d'être assez forte avant d'entrer dans la Marine.
- Et il a raison. Si tu es faible, tu sers à rien. Tu veux servir à rien ?
- Non.
Isiris baissa la tête. Elle n'avait rien à répondre face à cela, tout simplement car le marine avait raison. Cela ne servait à rien de se précipiter si elle n'était pas compétente, mais elle avait si hâte, et son admission lui semblait si lointaine. C'était bien pour cela que sans en toucher un mot à qui que ce soit, elle avait décidé de se rendre au terrain d'entraînement, pour booster ses forces et rendre son entraînement plus rapide. Elle avait hâte d'être forte, et de pouvoir se battre pour des causes justes.
Zephyr n'était pas étonné de voir qu'elle voulait entrer dans la Marine, mais il n'aurait jamais cru que son ancien élève Kuzan puisse être aussi réfléchi et prudent en recommandant à sa gamine de ne pas foncer tête baissée. Mais après tout, le temps et la paternité changeaient les hommes. Kuzan ne lui avait parlé de sa fille que brièvement, sûrement dans le but de la préserver. Tu as peur que je la fasse morfler, Kuzan ? pensa l'ex-amiral, en tirant un sourire en coin. Il était plutôt heureux de voir que la prochaine génération de marines était assurée et il avait hâte de les entraîner, surtout si ils étaient tous aussi amusants que cette gamine qu'il avait en face de lui. Mais il devait encore attendre un peu... Ou pas. Il ne trouvait pas le sommeil avant tard dans la nuit, autant que ce temps d'insomnie serve à quelque chose, comme entraîner cette petite. Il se pencha et farfouilla rapidement dans sa poche, avant d'en sortir un objet rond, plat, brillant au reflet de la lune. Il le déposa dans les mains d'Isiris.
- Tu sais ce que c'est ?
- Une médaille, pourquoi ?
- La Marine m'a attribué ce petit bout de métal il y a longtemps. Quand tu seras prête et que tu auras fait tes preuves, on t'en donnera aussi une.
La jeune fille ouvrit des yeux intéressés et regarda avec attention le petit objet doré, avant de le rendre précautionneusement à son propriétaire. Elle avait un grand sourire, et un visage déterminé.
- Les médailles j'en veux pas, je veux juste que le monde soit meilleur. Un jour, je serai soldat de la Marine, et vous verrez que j'accomplirai mon rêve !
Présent.---------------------------------------------
Z regarda rapidement à travers le hublot. La mer était calme, mais le ciel était gris et le volcan crachait de plus en plus d'étincelles de magma. Il allait être l'heure, bientôt.
Il renversa la tête en arrière et but la moitié du Jerez offert par son ancien élève. Il reposa la bouteille. Son regard s'attarda sur le chapeau de paille, posé juste devant lui à côté de son saké. Il serra les dents et posa sa main dessus. Mugiwara no Luffy... Ce gamin ne manquait pas de cran. Essaye de me stopper, Roi des Pirates. pensa Z en soufflant du nez.
Il n'en restait plus qu'un seul. Un seul End Point, et le destin du Nouveau Monde et des pirates sera scellé. Ce n'était plus qu'une question de minutes, à présent.
- Dans très peu de temps, tout sera terminé.
Il se tourna vers la cellule à côté de laquelle il s'était assis. À travers les barreaux, il arrivait à distinguer une silhouette allongée à même le sol. Cette silhouette se redressa et se rapprocha, révélant à la lumière son visage balafré. Isiris. Depuis cette rencontre d'il y a 15 ans, il l'avait vue grandir, monter en grade, devenir forte, il l'avait vue changer et devenir femme, mais il ne s'habituerait jamais à ces cicatrices et cet air endurci qu'elle avait pris depuis sa démission. Foutus pirates.
- Et qu'est ce que vous faites de tous ces civils innocents qui vivent dans le Nouveau Monde ? Votre plan les massacrera tous.
- Le monde se portera mieux lorsque la piraterie sera totalement anéantie.
- Totalement ? Qu'est ce que vous attendez pour me tuer, alors ? J'ai juré fidélité à Shanks le Roux et j'en suis fière.
- Fière ?
Z éclata de rire. Isiris grimaça et attrapa l'un des barreaux de sa cellule dans un geste de détermination. Les barreaux étaient en granit marin, et ses gants ne la protégeaient que très peu, mais elle ne montra pas la faiblesse qui la gagnait petit à petit.
Dès qu'elle avait eu vent du plan de son ancien instructeur, elle était immédiatement partie à sa recherche. Elle avait voulu le raisonner, mais en vain. Il était toujours aussi têtu, et la voilà en cage, après un très court combat auquel elle avait à contrecœur pris part.
Z se fit plus sérieux et se leva. Il se rapprocha, de manière à être à sa hauteur.
- Jerez ?
- C'est de la pisse de chat.
- T'as tort, c'est le saké le plus cool.
Il s'éloigna un instant pour reprendre sa bouteille en main. Shanks le Roux... fière de l'être. Il ne comprenait pas ces paroles dans la bouche de son ancienne élève. N'avait-elle pas toujours dit vouloir combattre pour la Justice ? Qu'est ce qui était juste, à devenir pirate, à marcher sur les cadavres de ses ennemis et de ses compagnons, à piller et massacrer sans pitié ? Le Roux était un véritable parasite parmi les pirates, à enrôler dans la piraterie des gamins comme Mugiwara, ou des marines comme celle qu'on appelait désormais Aouso.
- Certains se reposent trop sur leur fruit du Démon. Toi c'est le contraire, tu lui fais pas assez confiance.
- Je suis pas venue pour que vous me sermonniez.
- J'ai même pas le droit de te donner un dernier conseil ?
- Dernier ?
Il n'avait pas dit ce mot à la légère, elle le savait. Il l'avait délibérément choisi, et c'est ce qui alerta la jeune femme. Isiris écarquilla les yeux et ouvrit la bouche de surprise, ne sachant que dire. Elle était comme statufiée par l'horreur de la décision que Z venait d'implicitement lui avouer. Elle connaissait son passé cruel, sa haine destructrice des pirates et la déception qu'il avait subi de la part de la Marine et du Gouvernement Mondial, mais tout cela ne valait pas qu'il y laisse volontairement sa vie. Elle ne l'acceptait pas.
Z sourit à son ex-disciple. Un sourire franc. Il avait demandé à Ain et Binz de ne pas la laisser mourir et de la relâcher dès la réussite de la mission. Elle pourra renaître dans un monde bénéfique, loin de ces enfoirés de la piraterie.
- Zephyr-sensei ! Zephyr-sensei ! Attendez !
Il l'entendait crier son ancien nom et s'acharner sur les barreaux, alors que lui s'éloignait. Un ricanement amusé lui échappa. L'heure est venue, pensa-t-il, adieu Fillette, aie une belle vie.
Isiris continua d'appeler son ancien maître, jusqu'à ce qu'elle entende la porte de la salle claquer. Elle lâcha les barreaux et prit le temps de reprendre son souffle et ses forces, avant de se précipiter vers le hublot de sa cellule. Cette petite ouverture donnait sur l'île de Piriodo, où les hommes de la Néo-Marine s'activaient. Il ne fallut qu'une vingtaine de minutes pour voir l'équipage des Mugiwaras arriver, et quelques minutes de plus pour que la Marine se joignent aux festivités. Les néo-marines eurent du mal contre les pirates, mais furent totalement défaits par les marines. De ce que la jeune femme réussit à voir, c'était sanglant. Elle aperçut Kizaru, accompagnés de vice-amiraux parmi lesquels se trouvait son ancien supérieur, Momonga. Sa peur pour Zephyr s'intensifia. Il en savait trop pour le Gouvernement Mondial et ses crimes étaient trop grands. Kizaru n'était pas venu pour le stopper, mais pour l'exécuter.
Elle n'acceptait pas ça. Elle ne les laisserait pas le tuer. Retrouvant son courage et sa détermination, elle misa tout son poids contre la voûte en bois. Celle-ci ne broncha pas. Isiris fronça les sourcils. Ses pouvoirs étaient inefficaces contre cette cage... Mais ce mur-ci n'était pas en granit marin.
Elle aspira tout l'air qu'elle pouvait contenir et joignit ses mains devant sa bouche. Elle expulsa l'air à vitesse éclair dans le creux de ses mains en murmurant le son ''sh''.
- Shhhhhh... SHOT !
Avant de crier le nom de son attaque, elle avait retourné ses mains vers l'extérieur, libérant et lançant vers le mur en bois la petite explosion qu'elle avait produite avec son souffle et ses paroles. La voûte fut totalement dévastée et bientôt, l'air fit voltiger ses cheveux tandis que le bruit des combats lui parvenait fluidement. Elle était libre.
Elle n'attendit pas plus et sauta du navire. Avec son cri, elle tâcha de rester en vol un moment, le temps de se retrouver assez loin de l'amiral et des vice-amiraux. Elle finit par atterrir et se mit directement à courir vers le volcan, là où elle savait que serait Z. Plusieurs fois, elle porta des coups de poings, des attaques et des bousculades pour se frayer un chemin parmi les deux camps qui chacun de leur côté essayait de la stopper. Mais elle n'avait pas de temps à perdre avec eux, et la panique la prena alors qu'elle se retrouvait encerclée par des marines et deux vices-amiraux. Elle serra les poings. Malgré elle, des larmes constellèrent ses joues, elle tremblait légèrement.
Zephyr.
Zephyr-sensei.
- HORS DE MON CHEMIN !
En hurlant ces paroles, elle redressa la tête. Une sorte de vague d'énergie se dégagea d'elle, et tous les soldats, même les vice-amiraux, tombèrent au sol. Elle ne s'y attarda pas, c'était sa chance. Elle courut vers le volcan, laissant ses larmes fouetter son visage. Elle ne prêtait attention à rien, ni à son corps qui ne tenait pas le coup avec cette course effrénée, ni aux ennemis qui s'approchaient dans l'espoir de la stopper. Elle n'avait qu'un objectif, rejoindre son ancien maître et l'empêcher de commettre l'irréparable.
Elle arriva bientôt au sommet du volcan. Au moment où elle s'arrêta, ses jambes fléchirent, elle dût rester à genoux un moment, le temps de reprendre son souffle.
Mugiwara no Luffy était auprès de Z, dans le cratère. Ses nakamas et les disciples de Z étaient également présents. Les pirates semblaient heureux, alors que Binz et Ain avaient une mine triste. Le frère de Sabo avait-il vaincu Z ? Aux yeux d'Isiris, ce n'était pas ça le plus important. Zephyr était en vie, et les pierres Dyna n'avaient pas explosé. La catastrophe avait été évité. Elle s'autorisa à souffler, et à sourire.
Un bruit discret dans son dos l'alerta. Elle tourna la tête et ouvrit des yeux surpris.
- Papa ?!
- Yo !
Depuis leur dernière rencontre, Aokiji avait bien changé. Il ne ressemblait plus à un amiral de la Marine, mais à un vagabond. En croisant le regard de sa fille, il sourit. Il était étonné de la voir ici, mais heureux de la retrouver. Il se pencha et lui tendit la main pour l'aider à se relever.
- Ça aura été surprenant jusqu'au bout.
- Tu parles de Zephyr-sensei ?
Il hocha la tête, mais n'eut pas le temps de répondre avant de voir Kizaru arriver au sommet du volcan, accompagné des forces de la Marine. Il perdit son sourire et fronça les sourcils. Il était intrigué par la tournure que prenait les choses, mais il comprit rapidement. Z s'avançait vers ses anciens collègues, allant au devant de ses disciples et des Mugiwaras. Ain voulut rejoindre son maître, mais Kuzan l'en empêcha en dressant un mur de glace qui gela au passage les pierres Dyna. Il n'appréciait pas forcément de faire cela, mais c'était la volonté de Z. L'ancien instructeur leva les yeux vers lui. Ils échangèrent un dernier regard. Kuzan inclina légèrement la tête pour le saluer. Z sourit et se retourna vers les marines qui approchaient.
- Zephyr-sensei !
Isiris esquissa quelques pas, mais Kuzan la stoppa en lui attrapant le bras. La jeune femme se retourna vers son père et le dévisagea, un mélange de peur et d'horreur dans le regard.
Le coeur de Kuzan se brisa. D'ordinaire, il ne se souciait pas de grand chose, mais sa fille était bien l'exception qui confirmait la règle. Il voyait bien qu'elle ne comprenait pas et qu'elle paniquait sous l'urgence qui se présentait. Il ne pouvait que la comprendre. Si ils ne faisaient rien, Zephyr allait mourir, même lui ne pouvait pas s'en sortir face à une telle armée.
- Qu'est ce que tu fais ? Lâche-moi, il faut aller l'aider !
- Il ne voudrait pas. À ses yeux, tu serais juste idiote et suicidaire d'aller le rejoindre.
Kuzan, le visage grave, lâcha sa fille. Elle se retourna vers le cratère. Son ancien maître avait déjà entamé le combat. Des larmes lui montèrent aux yeux, mais elle tâcha de ne pas pleurer. Cela aurait été une injure pour Zephyr. Petit à petit, son visage pâlit, ses traits se tordirent. Elle perdait petit à petit toute retenue. Au moment où le corps de Zephyr heurta le sol, elle mordit sa lèvre jusqu'au sang pour s'empêcher d'éclater en sanglots.
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Le soleil se couchait, illuminant magnifiquement la tombe du Bras Noir. Binz et Ain s'étaient laissé aller à la tristesse, ils sanglotaient, n'arrivant à accepter la mort de leur maître. Aokiji les raisonnait brutalement en leur ordonnant de cesser de pleurer. C'était le choix de Z, et puis n'était-il pas cool comme ça, après tout ?
Isiris était restée en retrait. Elle tremblait, mais contenait sa peine en se remémorant le sourire de son ancien maître. Elle lui devait tellement. Il avait toujours été là pour elle, il l'avait constamment aidé à se rapprocher de son rêve de Justice. Elle était consciente que sans lui, elle n'aurait pas autant gagné en force. Sans lui, elle ne serait pas ce qu'elle était actuellement.
En redressant la tête, elle remarqua son père qui lui faisait face, semblant la questionner du regard. À travers ses lunettes rondes, elle pouvait sentir le regard inquiet qu'il posait sur elle. Elle baissa rapidement les yeux et se décala de lui pour s'avancer vers la tombe. Ain et Binz lui firent place. Elle se stoppa juste devant le bras de granit marin qui érigeait le monument. Après être restée immobile un moment, elle passa une main sous le col de sa chemise. Elle donna un coup sec et retira de son cou une chaîne, à laquelle était reliée une médaille, ronde, plate, brillante. Elle releva la tête et déposa l'objet sur le Smasher, avant de s'écarter et de rebrousser chemin, les larmes aux yeux.
Elle ne se retourna pas. Elle laissait derrière elle son ancien maître, et cette fois-ci, c'était un adieu définitif. Du revers de la main, elle essuya rapidement les larmes qui commençaient à s'échapper de ses yeux.
Une main vint se poser délicatement sur son épaule. Elle leva la tête et croisa le regard de son père.
- Il va me manquer.
- Arara. Si tu avais été orpheline, il t'aurait adoptée immédiatement. J'en suis presque jaloux.
- Oh arrête, tu veux juste m'entendre dire que tu es le meilleur père au monde.
- Parce que c'est pas complètement faux.
Kuzan haussa les épaules en tirant un sourire en coin sous les rires de sa fille. Arara, il était si facile pour lui de la faire sourire.
Quelques années en arrière.------------
- Bravo pour ta promotion. Capitaine, tu montes vite.
- Zephyr-sensei, vous dites ça sincèrement ou pour me faire charbonner encore plus ?
- Ahah ! Tiens, prends ça au lieu de dire des conneries !
- Mais... C'est à vous ! C'est votre médaille !
- Maintenant elle est à toi.
- Je cours pas après les récompenses, reprenez-la s'il vous plaît.
- Ferme-la et apprends à accepter les cadeaux qu'on te fait, Fillette.
- Vous êtes vraiment impossible.
- Je sais. Jerez ?
- C'est de la pisse de chat.
- T'as tort, c'est le saké le plus cool.
- Zephyr-sensei ?
- Quoi ?
- Merci. Merci pour tout.