Une Question de Justice : Jou...

By Scarlet_Hawk

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Récit principal : https://my.w.tt/4Ni5aXCMT5 Voici un recueil d'OS directement lié à ma fanfiction Une Questi... More

Explications du recueil
Le maître et l'élève /One Piece Z ; non-canon/
Duel au Soleil /non-canon/
Le Démon Céleste (défi Dofiris 1ère partie)
Ma reine... (Défi Dofiris 2ème partie )
Dressrosa en danger (Défi Dofiris 3ème partie)
Ange ou Démon ? (Défi Dofiris 4ème partie)
Le rideau tombe (Défi Dofiris 5ème partie)
La Chute du Flamant Rose (Défi Dofiris 6ème partie)
Le combat commence. (Défi Dofiris dernière partie)
L'embrasement des volontés part. 1 /non-canon/

L'Escouade /canon/

300 19 23
By Scarlet_Hawk

Hitsuji, Grand Line. Une île sans prétention, à la végétation verdoyante et fructueuse, dont la spécialité était l'élevage et l'exploitation de moutons. Les habitants vivaient dans des grandes plaines aménagées autour des nombreuses forêts. Ils n'étaient pas riches, mais étaient heureux dans une tranquilité encore jamais troublée. Ils se suffisaient de ce qu'ils avaient.

Parmi les maisons et les enclos d'un village, une petite fille aux tresses noires courait. Elle était hors d'haleine et ne cessait de jeter des regards derrière elle, mais lorsqu'elle regarda de nouveau devant elle, elle se stoppa net alors que la femme qui lui barrait le passage l'attrapait par le bras.

- Je te tiens !

La petite ne se débattit pas, mais poussa un soupir lassé. Elle se laissa conduire et bientôt elle était de retour dans sa maison, ou plus exactement la maison de la femme. Elle avait toujours habité là, d'aussi loin qu'elle se rappelait. Dans un fauteuil du salon était assise Abigail, la fille de la femme. Elle lui jeta un regard noir, elle était sûre que c'était elle qui avait balancé. La fillette, derrière ses abondantes boucles brunes, ouvrit des yeux apeurés et baissa la tête.

- Arrête de dévisager ta soeur de cette façon !
- C'est pas parce qu'on habite dans la même maison qu'on est soeurs.

La femme soupira et lâcha la petite fille. Celle-ci n'attendit pas plus pour s'écarter de sa nourrice, elle courut se réfugier dans la cuisine. Elle y attrapa une pomme, s'assit sur un tabouret et grignota tout en arborant un visage boudeur. Son isolement ne dura qu'un temps avant que l'adulte ne la rejoigne. La nourrice, d'ordinaire stricte, avait d'autant plus durci ses traits, elle croisait les bras et fronçait les sourcils. Isiris savait qu'elle était furieuse, mais elle n'en avait pas grand chose à faire. Elle lui jeta un regard avant de re-croquer dans son fruit. Cette indifférence énerva d'autant plus la nourrice.

- Isiris !
- Nanny !

La dénommée Nanny soupira. Cette enfant la désespérait. Elle avait toujours quelque chose à répondre et si cela pouvait être insolent, elle fonçait tête baissée. Elle joignit ses mains et commença à se tordre les doigts de nervosité, tout en faisant les cents pas. Elle savait parfaitement qu'elle n'était pas sa mère,mais après tant d'années à s'occuper de cette gamine, il était normal qu'elle s'inquiète pour son futur si un tel tempérament perdurait. Chaque jour, elle devait redoubler d'efforts avec elle. Que ce soit pour les cours, l'aide ménagère ou simplement pour la lever le matin, rien ne semblait la motiver. Tout ce qui lui importait, c'était ces garnements, ces voyous qu'elle retrouvait dans la forêt chaque jour, et Nanny avait beau essayer de l'en empêcher, elle trouvait toujours un moyen d'y aller. La nourrice n'en pouvait tout simplement plus, ses nerfs étaient à bout, c'était trop pour elle. Elle stoppa ses cents pas pour faire face à l'enfant, qui toujours avec indifférence, la regardait. Elle soupira et posa une main sur son front en fermant les yeux. Elle avait mal à la tête. Ce petit démon la tourmentait trop.

- Que dira ton père lorsqu'il saura que sa fille traîne chaque jour avec de mauvais garnements !

Isiris jeta sa pomme à la poubelle. Elle gonfla les joues, avant de fermer à demi les yeux, en relâchant les traits de son visage de manière à paraître totalement détendue. D'une voix grave, elle répondit à sa nourrice.

- ''Ah... Chacun ses expériences, tant que ça lui plaît.''

Nanny se crispa totalement. C'en était assez, elle n'en pouvait plus. Cette insolence était celle de trop.

- Espèce de sale petite...
- Arara...

Alors qu'elle comptait giffler Isiris, la nourrice se stoppa dans son élan en entendant cette voix et cette simple parole si caractéristique. Elle ressemblait à une hystérique, plantée ainsi sur place, le regard fou posé sur l'amiral de la Marine alors que celui-ci prenait dans ses bras sa petite fille en souriant.

- Papa !
- Tu fais encore des misères à Nanny, hm ?
- J'y peux rien, c'est elle qui veut pas que je vois mes amis !

Isiris avait délaissé son indifférence. Elle ne s'attendait pas à la venue de son père et cette surprise la rendait heureuse. Si Nanny en avait assez d'elle, c'était tout à fait réciproque, et elle savait parfaitement que son père était l'homme le plus cool du monde et qu'il calmerait la nourrice. Alors qu'elle désignait la femme du doigt, Aokiji eut un rire et reposa sa petite sur ses deux pieds.

- Va retrouver tes amis.
- Merci !

Comblée, la fillette eut un grand sourire et ne se fit pas prier davantage, elle partit de la maison en courant. Nanny resta bouche-bée, et en plus de sa lassitude et sa nervosité s'ajouta de la rancune envers le marine, qui avait autorisé sa fille là où elle-même avait peiné à lui interdire.

- Aokiji-san, si je puis me permettre...
- Ces gosses lui ont déjà fait du mal ?
- Euh... Et bien non, mais...
- Alors il faudrait que... Hm, comment dire... Enfin bon, c'est pas important.
- Pas important ?!

Isiris avait rapidement rejoint la forêt. Elle s'y enfonça sans attendre davantage et eût tôt fait de rejoindre ses amis. Il s'agissait de quatre garçons, qui en ce moment-même, étaient perchés au sommet d'arbres et s'affairaient autour d'un pont suspendu. En attendant du bruit, ils baissèrent tous la tête. L'un d'entre eux, les cheveux bleus hérissés en pics, éclata de rire.

- Eh, le Bec ! C'est encore l'autre mouton mal tondu qu'il t'a balancé à la vieille ?
- Ouais ! Mais c'est bon, je suis là !
- C'est un peu tard, quand même !

lança un autre garçon reconnaissable par le bonnet en laine qu'il portait tout le temps sur la tête, qu'il pleuve, vente ou fasse une chaleur de plomb. Les deux autres garçons, l'un avec des cheveux noirs en bataille et un gilet en laine, l'autre blond avec un t-shirt bleu à bandes oranges, se laissèrent tomber des arbres. Les deux autres suivirent le mouvement et Isiris courut vers eux.

Ce petit groupe, composé de quatre garçons et une fille, s'était rapidement fait connaître dans les villages alentours. Certains les prenaient pour des méchants voyous, d'autres pour des gosses inoffensifs, d'autres encore pour des enfants drôles et serviables. La vérité était simplement qu'ils s'amusaient entre eux, en construisant des cabanes, pêchant, et aidant quelquefois les bergers. La forêt était leur territoire, un si grand terrain de jeu qu'ils s'étaient tous donnés des surnoms pour aller jusqu'au bout de leur imagination. Ainsi, Isiris devenait le Bec par rapport à son répondant souvent abondant de répartie et d'insolence, celui aux cheveux bleus se faisait appeler le Frisé en raison de sa chevelure pour le moins particulière, le brun au bonnet devenait la Cloche car servant d'alarme mais également de conscience au reste du groupe. Celui au gilet était surnommé le Bouc car fonçant dans le tas sans réfléchir,et le blond devenait la Girouette en raison de son tempérament distrait. Ce groupe soudé se connaissait depuis très longtemps, ils avaient grandit ensemble mais ce n'était que récemment qu'ils s'étaient officiellement rassemblés pour former ce qu'ils appelaient l'Escouade, ce qui n'avait pas plus à Nanny évidemment. Mais ces enfants, Isiris la première, se fichaient bien sûr de ce que pensait la nourrice ou tout autre personne.

- Alors, comment ça avance ?
- C'est fini !
- Ah oui ?

La petite fille s'écarta de son groupe et se rapprocha du pont construit entre les branches. Cela faisait plusieurs mois qu'ils étaient dessus, avec les outils empruntés au père de la Cloche. Ce pont était grand, il s'étendait jusqu'au village le plus proche, autant dire que ça avait été un gros travail pour eux. Et tout était fini. Isiris grimpa sur le pont par l'intermédiaire d'une échelle en corde et fut rapidement rejointe par ses compagnons. Le bois craqua sous leur poids, mais tint le coup. Cela suffit pour emplir de joie les enfants, qui échangèrent des accolades, des high-five et des rires. Le Bouc, les dents visibles tellement son sourire était grand, jeta le marteau qu'il tenait encore en main vers le sol et prit la parole.

- Pour la peine ce soir c'est grande brûlée !
- Ouais !!

répondirent les autres en choeur, avant d'éclater de rire. Le seul qui manquait d'entrain était également celui qui était toujours inquiet, la Girouette. Le garçon ne cessait de jeter des regards nerveux au sol, ce que remarqua rapidement le reste du groupe. Le Bouc éclata alors de rire et se rapprocha du blondinet.

- T'as peur ?
- Nan, c'est faux !

plaida l'autre en se reprenant tant bien que mal. Il se remit à sourire mais tapait du pied. Les autres garçons ricanèrent, la Girouette baissa la tête. C'était bien la seule chose que n'aimait pas Isiris, que l'Escouade se moque de l'un d'entre eux. Son regard noir suffit à faire taire les garçons, puis elle se tourna vers la Girouette.

- Tu sais, si t'as peur tu peux redescendre, on te rejoindra bientôt.
- Nan nan, ça va aller !

Il tremblait toujours autant mais tâchait de prendre de l'assurance. La fillette roula les yeux. Les garçons et leur fierté... Elle s'écarta lentement du groupe en croisant les bras.

- Dans ce cas, vu que personne a peur... Le premier arrivé !

Avant qu'ils aient pu réagir, elle se retourna et piqua un sprint. Elle était alors déjà loin sur le pont lorsqu'ils réalisèrent et qu'ils se mirent à courir.

- Tricheuse ! Reviens ici !
- On va t'avoir !
- Ah ah ! Essayez un peu de me rattraper bande de mollusques !

Isiris éclata de rire et prit le temps de tourner la tête vers eux pour leur tirer la langue avant d'accélérer. Elle n'avait pas vraiment l'esprit de compétition mais c'était toujours amusant de les entendre grogner sur le fait qu'ils s'étaient fait battre par une fille. Et puis, tant qu'elle avançait à bon rythme, un pas devant l'autre sans trébucher, elle ne risquait pas de perdre. Mais ce fut pire qu'une gamelle, ou qu'un élan trop grand.
Son pied se posa sur l'une des planches et instantanément, le bois craqua et Isiris traversa le sol du pont dans un grand hurlement. Le pont était haut et la chute, loin d'être fatale, n'allait pas être très agréable... Et à la grande surprise de la fillette, même le sol se fendit sous ses pieds et elle bascula dans un endroit sombre. Un craquement se fit entendre. Elle toussa. Elle avait mal partout, mais une douleur aïgue à la cheville lui fit monter les larmes aux yeux. Elle n'avait pas de connaissance en médecine mais il ne lui en fallait pas pour se rendre compte qu'elle s'était tordu voir cassé la cheville dans sa chute. Elle aurait voulu laisser couler ses larmes face à la douleur, mais les hurlements des garçons l'en empêchèrent. Elle renifla et gonfla les joues. Hors de question qu'ils la voient pleurer, sinon elle serait moquée.

- Le Bec ! Ça va ?
- Elle est tombée dans un trou ! La Girouette, va me chercher la corde !
- Compris !

Isiris essuya ses yeux et se remit debout tant bien que mal. Elle ne voulait pas non plus que les garçons se rendent compte qu'elle s'était blessée. En levant la tête, elle vit la lumière du jour et les têtes de ses amis très loin d'elle. Elle était tombée bien profond et cela l'étonnait, elle ne se souvenait pas de l'existence de ce trou.

- Eh, reste où tu es ! La Girouette est parti chercher de quoi te remonter !
- Comme si j'allais aller ailleurs !

Elle soupira. Évidemment, une telle situation ne pouvait arriver qu'à elle. Elle baissa la tête et regarda autour d'elle. C'était un grand trou, un peu trop grand et un peu trop bien éclairé même, pour un trou.

Isiris ouvrit des yeux ronds. Une autre source de lumière émanait de l'autre côté. Ce n'était pas un trou, mais une grotte ! Et une grande grotte, avec des stalactites, des roches, et ce qui semblait être des coffres entassés dans un coin. Prise de curiosité, la fillette n'écouta pas les protestations de ses amis et s'écarta de l'entrée du trou. Elle essaya de marcher normalement, mais au premier pas, elle poussa un couinement de douleur. Elle dût se tenir sur une seule jambe et aller à cloche-pied jusqu'aux coffres. Ils étaient grands, en vieux bois et une serrure était installée sur chacun d'eux. Le cœur de la fillette rata un battement. Si elle avait juste, il ne s'agissait pas de simples coffres, mais de coffres au trésor. Elle s'agenouilla devant l'un d'entre eux, et sans attendre davantage, elle posa ses mains dessus. Sans avoir exercé une trop grande pression, le coffre s'ouvrit sous ses doigts, révélant des pièces étincelantes, des colliers de perles, des joyaux, de quoi faire écarquiller d'enchantement les yeux de la petite fille. Elle n'en croyait pas ses yeux et laissa échapper un éclat de rire joyeux. Si les autres coffres contenaient autant de richesses que celui-ci, cela valait bien la peine de s'être cassé la cheville.

Alors qu'elle s'extasiait devant sa trouvaille, des bruits sourds et des grognements retentirent derrière elle. Elle tourna la tête et trouva ses amis les uns sur les autres. Surprise, elle se tourna vers eux.

- Qu'est ce que vous venez faire ici ?
- Bah t'as disparu, pis on t'a entendu crier ! Alors on a pas attendu la Girouette et on est descendu.

La Cloche s'était relevé le premier et dévisageait son amie avec des yeux ronds. Les autres garçons se remirent debout en se frottant la tête, en grognant, en grimaçant, mais ils semblaient indemmes. Constatant cela, Isiris haussa les épaules et d'un signe de main, elle leur indiqua de se rapprocher.

- Regardez ce que j'ai trouvé !

Les garçons, curieux, se rapprochèrent. Ils firent arc de cercle autour du Bec, et lorsqu'ils eurent vu les berrys et les bijoux, ils poussèrent un cri d'extase. Le Bouc attrapa quelques pièces et les mordit pour s'assurer qu'elles étaient bien réelles, puis il se joignit à la joie générale. Le Frisé se rapprocha à son tour, les yeux écarquillés. Il fit glisser les pièces entre ses doigts, comme envoûté par autant de richesse.

- On est riches ...
- Le Bec ! Ça va ?

Le Frisé abandonna les pièces et tourna la tête en entendant l'exclamation de la Cloche. En s'approchant du coffre ouvert, il avait bousculé accidentellement Isiris, qui avait poussé un cri de douleur face à la nouvelle torsion de sa cheville. La Cloche, plus raisonnable que le reste de son groupe, avait prêté moins d'attention à la nouvelle découverte qu'à l'angle bizarre qu'avait la cheville de son amie, et ce cri de douleur lui confirma qu'elle s'était bien blessée en tombant du pont. Il s'approcha d'elle et l'aida à se relever, tandis que les autres garçons dévisagaient le Bec avec surprise.

- T'es blessée ?
- Bien sûr qu'elle l'est, imbécile ! Pourquoi tu l'as poussé, toi ?
- Ça va, j'ai pas fait gaffe !

La conversation prit vite de l'ampleur, et bientôt, les garçons hormis la Cloche se mirent à se disputer. Isiris échangea un regard avec son ami. Si cela continuait comme ça, le Bouc et le Frisé allaient en venir aux poings et ils ne se parleront plus durant quelques jours. Rien de bien intelligent, en somme. Isiris s'apprêta à ouvrir la bouche et à leur crier d'arrêter, mais des rires gras se firent entendre et la coupèrent dans son élan. Les garçons cessèrent aussi leur dispute et tournèrent la tête vers l'entrée de la grotte.

- Ça vient de là ! Ça arrive !
- Vite vite, dépêchez vous ! Cachez-vous !

Le groupe, loin de paniquer, alla rapidement se dissimuler derrière des roches. Avec l'obscurité, on ne les repèrerait pas, il n'y avait juste qu'à patienter et attendre que les nouveaux venus partent. Enfin, c'est ce que pensait Isiris.

Les nouveaux venus arrivèrent dans un boucan pas possible. Ils étaient trois, très mal fagotés, très mal rasés. L'odeur putride de l'alcool qui se dégageait d'eux parvenait jusqu'aux narines des enfants, qui grimacèrent de dégoût. Ils étaient armés de sabres et de pistolets, faisant perdre son entrain au Bec. Elle commençait à se demander, avec leurs tenues, leurs armes et le trésor, si il ne s'agissait pas de pirates. Si c'était le cas, ils étaient mal... Elle déglutit avec difficulté, et indiqua aux garçons de ne pas se faire remarquer. Elle conservait encore un minimum de calme et de sang-froid, mais son cœur fit un bond lorsqu'elle entendit un cri perçant et un gros sanglot, suivit du rire d'un des individus.

- Laissez-moi tranquille !
- Bah voyons gamine ! Tiens-toi à carreau et cesse de chialer !

Cette voix... Elle connaissait cette voix. La fillette risqua un coup d'oeil hors de son rocher, et découvrit avec horreur une fille de son âge en robe rose, avec de grosses boucles de cheveux bruns en guise de tignasse, soulevée par le col par l'un des hommes. Elle pleurnichait de tout son saoûl. Abigail.

Le Frisé tapota sur l'épaule de son amie. Elle se tourna vers lui et découvrit les visages horrifiés de son groupe. Ils étaient apeurés et cela pouvait se comprendre. Ils n'étaient que des enfants, après tout, et elle-même commençait à paniquer intérieurement mais prenait soin de ne pas le montrer pour ne pas aggraver la peur de ses amis.

- Le mouton mal tondu...

murmura le Frisé. Isiris hocha fébrilement la tête, mais se stoppa en entendant les adultes reprendre la parole.

- Pourquoi t'a pris cette gamine, sérieux ? Elle nous sert à rien et elle nous a vu, on a plus qu'à la tuer !
- Mais non ! Il suffit juste de demander une rançon ! Du pognon et un bateau contre la gosse, c'est plutôt pas beaucoup demandé.
- Il a raison, Boss ! On pourra reprendre la mer et avec autant de trésors, on sera vite les plus riches pirates du monde !

Ils ricanèrent tous ensemble alors que les pleurs d'Abigail s'intensifièrent. Le Frisé avait froncé les sourcils. À l'aide de coups de coudes, il attira l'attention de ses compagnons et fit un signe de tête vers les pirates. Les enfants tremblaient, mais ils hochèrent la tête, Isiris la première. Elle détestait Abigail, la considérant comme une petite fille modèle irritante, mais elle ne la laisserait pas supporter ce calvaire pour autant. Les quatres enfants attrapèrent en silence des cailloux qu'ils trouvèrent au sol. Ils savaient qu'ils ne faisaient pas le poids, surtout si les pirates se servaient de leurs pistolets, mais ils n'allaient pas rester sans agir. Ils restèrent cachés. La Cloche fut le premier à lancer une pierre. Elle atteint un stalactite, stoppant la conversation des pirates qui se tournèrent vers la source du bruit.

- Hein ? J'ai cru entendre un bruit...
- T'as dû rêver.
- À L'ATTAQUE !

Le Bouc s'était redressé et avait crié à pleins poumons. Il commença à jeter des cailloux sur les pirates et fut vite imité par les autres . Les garçons se rapprochèrent des adultes pour mieux les viser, et Isiris, ne pouvant marcher correctement, resta appuyée à un rocher et lançait à distance.

Les pirates, surpris, mirent leurs mains devant leur tête en reculant. Les enfants poussèrent des cris de victoire et continuèrent de lapider les pirates, mais rapidement, ceux-ci reprirent l'avantage. Ils dégainèrent leurs pistolets et commencèrent à tirer au hasard dans la grotte. Le Bouc se prit une balle, il poussa un cri et tomba au sol en se tenant la jambe. Il pleurait de douleur. Le Frisé, la Cloche et le Bec se stoppèrent immédiatement, un caillou en main. Ils regardèrent avec horreur leur ami se tordre de douleur au sol, la Cloche lâcha sa pierre et courut vers le Bouc. On lui tira également dessus, il hurla en se tenant l'épaule. Abigail pleurait davantage, les deux autres n'osaient plus faire un mouvement alors que les pirates les visaient.

- Des morveux ?! Encore ?! Ils en ont combien dans ce village de merde ?!
- Merde toi-même enfoiré.

Isiris écarquilla les yeux. Pour une fois, ce n'était pas elle qui avait joué la carte du répondant. La Cloche, un rictus partagé entre la rage et la douleur, fixait les pirates avec dégoût. Il détestait que l'on s'en prenne à ses amis et avait perdu tout son sang froid lorsqu'il avait vu le Bouc en mauvaise position. Il se jeta sur l'un des adultes, celui-ci l'envoya au sol d'un coup de pied en plein visage. La Cloche tomba au sol dans un cri. Du sang coulait de sa bouche, les larmes lui étaient montés aux yeux, il reniflait et se retenait de pleurer.

- Sale gosse...

Le pirate qui l'avait malmené rechargea son pistolet, puis ajusta le tir dans sa direction. Abigail cessa de pleurer. L'Escouade retint son souffle. Il n'allait tout de même pas... C'était impossible... Le pirate posa son doigt sur la gâchette, sa peau commençait à se tendre.

- ARRÊTE !!

Isiris hurla de toutes ses forces et de tout l'air que contenait ses poumons. Des sanglots la secouaient, elle avait fermé les yeux pour mieux les laisser couler. Elle voulait que tout s'arrête. Que rien n'arrive à ses amis. Elle aurait souhaité ne jamais tomber de ce pont et être avec l'Escouade en train de jouer, et pas en plein coeur de l'exécution de l'un des leurs.
Le touche pas.
Le touche pas enfoiré !
LE TOUCHE PAS !!
Ses poings s'étaient serrés. Son cœur battait à tout rompre. Une force l'enveloppa, avant de se dégager d'elle.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, La Cloche était inerte. Mais également tous les autres, pirates comme enfants. Isiris, les yeux ronds, ouvrit puis referma la bouche, ne comprenant pas ce qui venait de se passer.

- Arara... Je peux même pas prendre des congés tranquilles, on dirait...

Aokiji se trouvait à l'entrée de la grotte. Derrière lui se trouvait la Girouette. Le garçon tremblait comme une feuille. Tous les deux dévisageaient la scène avec surprise.
Aokiji avait perdu son air détendu, et semblait grave. Il enfouit une de ses mains dans sa poche de pantalon. De l'autre, il se gratta l'arrière du crâne et tourna la tête, regardant la grotte de fond en comble. Son inspection finie, il hocha la tête.

- Ah... Je vois.
- Papa !

La petite fille, en sautillant sur sa jambe valide, s'avança vers lui. Elle respirait plus librement, soulagée que la situation dangereuse soit écartée. La peur, caractérisée par les larmes dans ses yeux, était encore présente mais disparaîtrait bientôt. Le Faisan Bleu se tourna vers elle et posa un genou à terre, de façon à être à sa hauteur. Il la regarda de la tête aux pieds et haussa un sourcil.

- Isiris ? Qu'est ce qui t'es arrivée à la jambe ?
- Je suis tombée, mais c'est pas trop grave. Tout le monde s'est évanoui, et la Cloche et le Bouc se sont faits tiré dessus !

Aokiji hocha la tête et alla auprès des garçons désignés par sa fille. Il ne lui suffit que d'un coup d'oeil pour s'assurer que ce n'était pas mortel. Il suffira que Nanny les soigne, et tout rentrera dans l'ordre. Rien de trop grave, cette bleusaille de pirates n'avait pas su viser.
L'amiral s'écarta, laissant le soin à la Girouette de réveiller ses camarades. Il resta pensif. Le Haki des Rois, si rare, et révélé à un si jeune âge... C'était étonnant et ça faisait presque peur.

Lorsque Nanny s'aperçut de l'invasion de sa maison par les gamins qu'elle détestait tant, elle protesta grandement face à Isiris, mais plia dès qu'Aokiji lui demanda de les soigner. Elle bougonna mais se mit à l'ouvrage. Elle soigna les deux garçons, et prit soin de s'occuper également de la cheville de sa protégée. Abigail, remise de ses émotions, assista sa mère. Une fois soigné, tout le monde se retrouva au salon avec une tasse de thé en main. Les garçons étaient assez mal à l'aise, mais voulaient remercier la femme de les avoir soigné et se comportaient donc avec autant de politesse qu'ils le pouvaient. Isiris s'était assise parmi ses amis. Abigail était auprès de sa mère, et Aokiji était dans un fauteuil, parfaitement entre l'Escouade, et la mère et la fille. Nanny finit sa gorgée, et se tourna vers Aokiji, entraînant le silence général dès qu'elle ouvrit la bouche.

- Qu'est ce que vous allez faire des pirates ? Et du trésor, Aokiji-san ?
- Eh bien... j'emmènerai les pirates avec moi en partant demain matin, et le trésor... J'imagine qu'il appartient à cette île, maintenant.

Ce fût au tour d'Isiris de se tourner vers son père, après avoir échangé un regard entendu avec ses amis.

- Papa, est ce qu'on pourrait s'occuper de la distribution ?
- Si vous voulez.
- Avec cette cheville et ces blessures ?! Vous êtes fous?!

Nanny s'était levée et dévisageai le groupe, scandalisée, entraînant un grognement général des cinq amis.

- Joue pas à la vieille ! Et puis, papa a dit oui.

Isiris arborait un sourire angélique. Elle était très jolie comme cela, et surtout très mignonne. Nanny se laissa totalement berner, et accepta en souriant. Le groupe n'attendit pas plus. Ils se levèrent et quittèrent la maison, laissant pour la deuxième fois de la journée Aokiji, Nanny et Abigail seuls.

Effectivement, avec une cheville cassée et des blessures, ce ne fut pas simple pour tout le groupe d'effectuer la tâche qu'ils avaient demandé, mais les sains de corps aidèrent les blessés, et tous ensemble, ils eurent tôt fait de déposer au moins un coffre à chaque village qu'ils connaissaient.

Les cinq enfants, leur livraison faite, se laissèrent tomber dans la verdure de la forêt, éreintés. Ils étaient fatigués mais heureux, quelquefois l'un riait. La journée avait été mouvementé, c'était le moins qu'ils puissent se dire ! Mais ils étaient contents, car tous ensemble. Et puis, Nanny avait fini par les accepter et avait presque été gentille avec eux tous. Après un moment de repos, la Girouette se leva et retourna au village. Le Frisé, avec l'aide de la Cloche, alla chercher du bois et les deux éclopés qu'étaient le Bouc et Isiris restèrent au repos. Un grand feu flamboya bientôt parmi les arbres, et les enfants se réchauffèrent auprès de lui tandis que la viande ramenée par la Girouette cuisait. Il faisait nuit totale, mais ils n'avaient pas peur d'être dehors dans la forêt. C'était leur terrain de jeu, après tout.

Après avoir mangé à leur faim, ils restèrent en silence, à contempler les flammes. Le Frisé se mit à fredonner une mélodie. Isiris reprit la chanson tout haut. Les trois autres garçons reprirent avec leurs amis en choeur. C'était une chanson courte. Seulement quelques vers, mais ils l'adoraient tous. Elle parlait d'aventure, de courage, d'audace, d'espoir. Ils la chantaient au moins une fois par jour tous ensemble, c'était comme un hymne pour eux. Une fois la chanson finie, ils retombèrent dans le silence et leurs pensées.

- J'ai envie qu'on se fasse une promesse.
- Hein ?

Tous se retournèrent vers la Cloche. Il continuait de regarder les flammes, mais n'en était pas moins sérieux.

- Je veux qu'on promette qu'on restera amis, quoi qu'il arrive, même si on se sépare.
- Imbécile ! Évidemment que oui !

Le Bouc frappa la Cloche dans le dos en grognant, mais promit néanmoins par la suite. Ce fut ensuite au tour du Frisé, de la Girouette et du Bec de promettre. Chacun le promit solennellement.Ils prenaient cette promesse à cœur, comme un serment pour l'avenir qui pourrait leur être mortel si il n'était pas respecté.

Il était très tard lorsque Isiris rentra chez Nanny. Toutes les lumières étaient éteintes, les résidentes et l'invité devaient déjà dormir. La petite fille clopina avec précaution. Elle se dirigea vers la bibliothèque du salon, et y prit plusieurs livres, d'Histoire et de sciences pour la plupart d'entre eux.
Les cours de Nanny étaient de vrais torchons. Isiris les avait toujours détesté, mais cela ne voulait pas dire qu'elle détestait étudier. Au contraire, mais elle préférait étudier par elle-même.

En faisant attention à ne pas faire craquer le parquet, elle se faufila avec ses livres dans sa chambre. Elle faisait glisser sa jambe infirme sur le sol et s'appuyait au mur pour s'aider. Elle esquissa un volte face pour fermer la porte, mais elle lâcha ses livres et tomba vers l'arrière. Il n'y eut ensuite aucun bruit. Hormis une respiration légère et régulière. Elle s'était endormie.

Une porte du couloir s'ouvrit, laissant sortir une grande silhouette. Aokiji poussa silencieusement un baillement en se dirigeant vers la chambre de sa fille. L'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il l'aperçut endormie au sol. Cela l'amusait. Il se revoyait parfaitement faire la même chose. Il se pencha et attrapa son enfant. Isiris entrouvrit les yeux, alors que son père traversait le couloir pour retourner dans sa chambre avec sa fille dans ses bras.

- Papa ?
- Hm ?

Il ferma la porte de sa chambre derrière eux et tâcha de chuchoter en répondant à Isiris. Il n'allait tout de même pas réveiller toute la maisonnée.

- C'est moi qui est fait ça, dans la grotte ?
- Oui, c'était toi.
- C'était quoi ?
- Hm... C'est difficile à expliquer... ça t'ennuie si je te réponds après avoir dormi ? Voir plus tard quand tu seras grande ?
- Y'a pas d'urgence !

Isiris sourit. Aokiji la déposa sur son lit, avant de lui-même y prendre place. Quelques secondes à peine plus tard, il n'y eut plus un bruit, seulement des respirations. Ce qui avait été une journée mouvementée avait eu raison de tout le monde, Nanny et Abigail, le Frisé, la Cloche, le Bouc et la Girouette, Aokiji et Isiris. Mais les disputes avec la nourrice, les bricolages et les rigolades avec l'Escouade, la paperasse et les tâches de la Marine reprendraient bientôt. Ce n'étaient plus qu'une question d'heures, le temps que la nuit s'achève et qu'un nouveau jour se lève.

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