Dreamcatcher [Tome 1]

By fantastic-wolf

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❝ Elle attrapait les rêves comme elle les imaginait. ❞ Accéder à un autre monde grâce à un rêve. Complètement... More

☾NOTE IMPORTANTE ☾
☾Trailer + Bonus ☾
☾Prologue ☾
☾Chapitre 01 - Les ombres de la nuit ☾
☾Chapitre 03 - Un intriguant cauchemar ☾

☾Chapitre 02 - L'oiseau de feu ☾

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By fantastic-wolf

            Une semaine était passée. Depuis la soirée qui s'était terminée chez Aly, aucun événement étrange, qu'on aurait même pu qualifier de paranormal, ne s'était produit. Sara commençait sérieusement à douter de ce qu'elle avait cru voir, ce soir-là. Avait-elle rêvé ces yeux rouge sang, qui étaient venus la hanter bien des nuits après celle où tout s'était produit ? Elle avait rapidement écarté l'hypothèse d'un esprit, qui l'aurait poursuivie pour la tourmenter, après qu'elle ait touché à la planche de ouija. Elle ne croyait pas vraiment au paranormal. De plus, elle avait vu Melvin bouger la goutte lui-même.

Restait l'hypothèse d'un taux d'alcoolémie trop élevé dans son sang. Elle supportait mal l'alcool, c'était un fait. Un simple fond de verre de vin suffisait à la rendre gaie. Alors trois verres de vodka... Cependant, même si cette explication était la plus logique et la plus probable, elle n'arrivait pas à s'y résoudre. Et si c'était autre chose ? Quelque chose qui dépassait l'entendement, qui dépassait sa propre conscience du réel et de la fiction ? Elle ne parvenait pas à élucider ce mystère. De toute façon, cela n'avait plus aucune importance. Elle n'avait plus ressenti cette effrayante sensation d'être suivie depuis, et c'était tant mieux.

Désormais, elle était assise au pied d'un immense chêne, à même sur l'herbe fraîche, qui venait chatouiller ses jambes dénudées. Aly et elle s'étaient donné rendez-vous dans le parc de leur ville, dans lequel elles aimaient passer du temps. Elles pouvaient y rester des journées entières, à discuter et à rire. Elles y avaient toujours passé du bon temps, même lorsqu'elles étaient enfants. Sara se revoyait courir aux côtés de sa meilleure amie jusqu'à la fontaine au centre du parc, où elles s'amusaient à s'éclabousser lorsque la chaleur de l'été était trop cuisante.

En appui sur ses bras, elle regardait les enfants jouer, les adultes discuter et les chiens aboyer. Quelques fois, un papillon voletait près d'elle, avant de s'éloigner gracieusement. Le soleil commençait à se coucher, diffusant une douce lueur orangée sur le parc. Les arbres, dont le feuillage était fourni en cette période estivale, agitaient doucement leurs branches au gré du vent léger qui soufflait. Le regard levé vers le ciel, Sara sentit le regard de sa meilleure amie peser sur elle comme un poids sur une balance.

« Tu devrais mettre des lunettes de soleil, la mit en garde celle-ci pour la millième fois depuis qu'elles se connaissaient. Le soleil va t'abîmer les yeux. Ce qui serait bien dommage..., soupira-t-elle.

-          Je n'ai pas besoin de lunettes de soleil. Mes yeux vont très bien, mais merci de t'en préoccuper.

-          Comme tu voudras ! De toute façon, tu es têtue comme une mule. »

Sara esquissa un léger sourire en reportant son regard bleu persan sur sa meilleure amie. Cette dernière s'extasiait toujours face à son regard aussi magnifique que rare. D'une nuance penchant entre le bleu et le violet, il faisait la fierté de Sara. A défaut d'avoir des formes généreuses comme c'était le cas d'Aly, elle possédait un regard qui transperçait chaque personne sur lequel il se posait. Il ressortait d'autant plus grâce à ses cheveux châtain foncé, qu'elle laissait tout le temps lâchés. Depuis toujours, son regard avait intrigué tous ceux qu'elle avait croisé. Il fallait bien avouer qu'une couleur pareille ne pouvait pas passer inaperçue...

« Nous ferions mieux de rentrer. Adélia doit m'attendre pour manger.

-          Tu oublies Ragnor. Ce chat a toujours l'air de t'attendre derrière la porte lorsque tu arrives. Comme s'il savait à quelle heure précise tu allais rentrer.

-          C'est peut-être le cas. J'ai toujours trouvé ce chat extrêmement intelligent. »

Ragnor était le chat de sa tante. Aussi loin que Sara pouvait se souvenir, il avait toujours fait partie de sa vie et l'avait vue grandir, au fil des années. Le matou doré large d'épaules, au regard d'un vert éblouissant, semblait ne pas vieillir, contrairement à elle, qui voyait les années défiler sous ses yeux comme un vieux film mis sur pellicule. Il n'avait pas pris une seule ride. Et chaque fois que Sara lui parlait, elle avait l'impression qu'il la comprenait. Ce qui n'était peut-être pas si étonnant que ça, en fin de compte. Les bêtes, contrairement à ce que leur nom laissait sous-entendre, étaient loin d'être bêtes. Certains d'entre eux étaient même plus intelligents que la plupart des hommes...

Les deux jeunes filles se levèrent et se prirent dans les bras l'une de l'autre avant de se séparer pour rejoindre leurs maisons respectives. Elles habitaient malheureusement à des directions complètement opposées, ce qui les empêchait de marcher côte à côte pour rejoindre leur domicile. Cela n'était pas vraiment dérangeant puisque, de toute façon, elles se voyaient très souvent, quand bon leur semblait.

Au bout d'une dizaine de minutes à peine, Sara parvint dans le lotissement où se trouvait la maison de sa tante. Celle-ci se démarquait au milieu des autres maisons du quartier, qui semblaient bien ternes à côté de celle des Bellio. En effet, Adélia, la tante de Sara, avait pris soin de planter des parterres de fleurs et arbustes fleuris en tout genre sur chaque parcelle de leur terrain. Même la façade de la demeure était fleurie, égayant le simple crépi beige de celle-ci. Leur maison respirait la vie.

« Je suis rentrée ! » s'annonça Sara lorsqu'elle se retrouva dans l'entrée, après avoir refermé la porte derrière elle.

Sans grande surprise, Ragnor, le beau maine coon auquel Adélia tenait comme à la prunelle de ses yeux, se tenait assis à quelques pas devant l'entrée, sa queue sagement enroulée autour de ses pattes musclées. Sara s'accroupit pour venir le caresser entre les oreilles. Le matou se mit aussitôt à ronronner et se frotta à sa main.

« Je t'ai manqué, on dirait. Tu as mangé ? »

Comme réponse, Ragnor poussa un petit miaulement en levant ses grands yeux mordorés vers elle.

« Si tu l'écoutais, il mangerait toute la journée, ce glouton ! s'écria une voix depuis la cuisine.

-          Heureusement que ce n'est pas le cas : imagine si on devait le faire rouler pour le faire avancer.

-          Par pitié, ne m'en parle pas ! Déjà que le porter dans les bras cinq minutes est difficile... »

Un rire fusa d'entre les lèvres de Sara, mais elle ne saurait dire s'il faisait suite à l'air indigné de Ragnor ou à la petite plaisanterie de sa tante. Elle avait toujours vécu chez cette dernière, depuis toute petite. D'après ce que sa tante lui avait raconté, ses parents l'avaient abandonnée, pour son propre bien. Bien qu'elle soit toujours restée relativement vague sur le sujet, malgré les nombreuses questions de sa nièce, cette dernière n'arrivait pas à comprendre comment des parents pouvaient abandonner leur enfant, soi-disant « pour son bien ». Un enfant ne pouvait être plus heureux que lorsqu'il grandissait auprès d'eux. Quoique dans son cas, ce n'était pas totalement vrai. Elle avait certes un peu souffert de l'abandon de ses parents, mais le fait qu'elle ne les ait jamais connus atténuait sa peine. Elle avait grandi auprès d'Adélia, qui l'avait élevée et aimée comme sa propre fille. De même, Sara la considérait indéniablement comme sa mère biologique, bien que ce ne soit en réalité pas le cas. 

Elle rejoignit sa tante dans la cuisine et, voyant que celle-ci avait presque terminé de préparer leur repas, qui consistait en une petite salade rafraîchissante, elle se chargea de sortir les assiettes, verres et couverts soigneusement rangés dans les placards. Elle les apporta ensuite à la salle à manger, sous le regard attentif de Ragnor. Elle venait de disposer les assiettes sur la table lorsqu'un grondement sourd retentit. Elle leva alors la tête et regarda dehors, à travers la baie vitrée donnant sur le jardin. Le ciel s'était couvert : le soleil éblouissant qui avait illuminé cette belle journée avait cédé la place à d'épais nuages noirs menaçants. Le bleu du ciel n'était plus du tout visible.

« C'est bizarre... Il faisait encore beau, il y a dix minutes, murmura Sara.

-          Un orage est vite arrivé, surtout après une journée aussi chaude que celle d'aujourd'hui, la contredit sa tante, qui venait de la rejoindre et avait entendu ses paroles.

-          C'est vrai. »

Malgré son affirmation, Sara n'était pas si convaincue que ça. Elle n'ajouta cependant rien, et se contenta de terminer de mettre la table, tandis que le tonnerre grondait une nouvelle fois, au loin. Tout comme la plupart des gens, elle avait toujours détesté l'ambiance pesante qui régnait lorsqu'un orage approchait. Lorsqu'elle était enfant, par temps orageux, elle se réfugiait toujours sous sa couette, qu'elle remontait jusqu'à son front. A 19 ans, elle ne faisait plus cela, mais elle redoutait toujours autant le bruit du tonnerre et les éclairs qui suivaient.

Bien malgré elle, elle sursauta lorsqu'un grondement, plus proche que les précédents, retentit. Quelques secondes à peine plus tard, un éclair illuminait la nuit noire qui régnait désormais, en raison de l'heure, mais surtout en raison du manque de clarté dû à l'orage. Sara hoqueta violemment lorsqu'une silhouette humaine se dessina dans le clair-obscur. Elle recula d'un pas et manqua trébucher, les yeux agrandis par la peur. Une main se posa soudain sur son épaule droite. Elle sursauta.

« Tout va bien. Ce n'est qu'un petit orage de rien du tout. Il va bientôt passer, tu verras. »

Les paroles rassurantes d'Adélia ne suffirent pas. Sa nièce resta tendue, le regard rivé sur l'extérieur. Ragnor se mit soudain à grogner. Sa queue balaya le sol parfaitement propre de la salle à manger. Sara lui jeta un regard et remarqua que ses pupilles étaient réduites à deux fentes. Un deuxième éclair transperça la nuit. Cette fois, deux yeux rouges brillèrent, à quelques mètres de la baie vitrée. Le matou de la maison feula et courut jusqu'à la large fenêtre.

« Ragnor ! Qu'est-ce qui t'arrive ? s'alarma Adélia en le rejoignant. Tu n'as pas peur de l'orage pourtant, d'habitude.

-          J'ai vu quelque chose dehors. »

Adélia tourna la tête vers sa nièce, qui venait de parler. Les bras le long du corps, elle fixait l'extérieur, tout comme Ragnor, qui continuait de grogner. Soudain, les néons brillant au-dessus de leurs têtes clignotèrent, avant de brusquement s'éteindre. Sara sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine. Elle entendit sa tante pousser un profond soupir.

« Je vais chercher des bougies et une boîte d'allumettes. Ragnor, reste avec Sara. »

Le chat tourna brièvement la tête vers sa maîtresse et grogna. Son regard se reporta ensuite sur l'extérieur. Le tonnerre retentit de nouveau, presque au-dessus de leurs têtes. Sara retint son souffle, dans l'attente d'un nouvel éclair. Elle lâcha un profond soupir de soulagement lorsque la lumière de celui-ci éclaira seulement les branches des arbres et les feuilles secouées par le vent des buissons. Il n'y avait rien dehors. Ni personne. Elle avait certainement dû rêver. Quant à Ragnor... Peut-être avait-il vu un chien ou un autre chat, dissimulé dans les fourrées. Son esprit tentait tant bien que mal de se raccrocher à des hypothèses réalistes.

Elle secoua la tête et finit par se détourner de la baie vitrée. Sa tante revenait, une boîte d'allumettes et deux bougies à la main. Sara prit les deux cierges et les disposa à chaque extrémité de la table. Sa tante les alluma ensuite à l'aide d'une allumette, qu'elle avait préalablement frottée contre la surface rouge et rugueuse du paquet. Une fois cela fait, elle reposa le paquet sur le côté et s'installa à table. Sara en fit de même, de l'autre côté de la table. Elle tournait désormais le dos à la baie vitrée, et c'était tant mieux. Ainsi placée, elle n'aurait plus la possibilité d'imaginer et de voir des choses insensées à travers la fenêtre.

Les deux femmes se servirent chacune à leur tour, en silence. Tandis qu'elle se servait, Sara vit sa tante jeter un bref regard inquiet derrière elle, vers l'extérieur. Elle ne put s'empêcher de se demander si sa tante ne lui cachait pas des choses... Mais que pouvait-elle lui cacher ? Après tout, elle n'était pas Thor, elle ne contrôlait donc pas la foudre. Voulant oublier son comportement étrange, elle commença à lui raconter sa journée avec Aly. Adélia l'écouta alors attentivement, reportant toute son attention vers elle. De temps à autre, Sara se faisait couper par le tonnerre, ou par les grognements et feulements furieux de Ragnor. A ces moments-là, elle perdait l'attention de sa tante, qui ne pouvait s'empêcher de regarder dehors.

Une fois leur repas terminé, elle se leva et récupéra leurs assiettes sales. Elle déclara qu'elle allait chercher des glaces et s'éclipsa, laissant sa nièce seule. La pluie se mit soudain à marteler la vitre. De grosses gouttes venaient s'écraser contre la solide baie vitrée. Le tonnerre s'était éloigné, les éclairs avaient cessé. Ragnor se tenait enfin tranquille, bien qu'il soit toujours assis devant la baie vitrée. Sara l'observa longuement. Qu'avait-il bien pu voir, qui ait pu le mettre dans cet état-là ?

La jeune fille frissonna. Un courant d'air froid circulait dans la salle à manger. Elle tourna la tête et chercha sa source du regard. Tout à coup, Ragnor se leva et courut en direction de la cuisine, où sa tante s'était rendue. Elle le regarda s'éloigner. Le matou venait tout juste de bifurquer à l'angle du mur et de pénétrer dans la cuisine lorsque les bougies s'éteignirent brusquement. Un frisson parcourut Sara de part en part. Et il n'était pas dû au courant d'air qu'elle avait ressenti, quelques instants plus tôt.

« Génial... », marmonna-t-elle.

Elle se leva de sa chaise et chercha à tâtons la boîte d'allumettes, que sa tante avait laissée sur la table. Sa main cogna contre la carafe d'eau et la fit basculer. Heureusement, Sara parvint de justesse à la rattraper et à éviter que l'objet ne s'écrase sur le sol en mille morceaux épars. Elle reposa délicatement le pichet au centre de la table et souffla sur une mèche de ses cheveux auburn, qui lui était tombée devant les yeux.

Ses doigts butèrent finalement sur un petit objet carré. Elle promena son index sur le côté pour vérifier qu'il s'agissait bien de ce qu'elle cherchait. Elle prit ensuite la boîte dans sa main droite et l'ouvrit pour en sortir une allumette. Puis elle referma la boîte et frotta le petit bâton effilé sur la surface rugueuse qu'elle venait d'effleurer du bout des doigts. Une flammèche s'alluma au bout du bâtonnet, et Sara l'approcha alors de la bougie éteinte. Avant de pousser un cri d'épouvante.

Juste devant elle, à quelques centimètres à peine de son visage, venaient de se matérialiser les deux yeux rouges qu'elle avait vus à travers la baie vitrée. Les mêmes que ceux qu'elle avait vus le soir où elle s'était sentie suivie. Elle recula de plusieurs pas et trébucha, l'allumette à la main. Heureusement, elle parvint à se rattraper à un meuble de sa main libre, et l'agrippa fermement. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, elle regardait la chose avancer vers elle, dans le plus grand des silences. Qu'est-ce que c'était que ça ? Et pourquoi est-ce qu'elle les voyait aussi souvent, ces derniers temps ? Que lui voulaient-ils ?

Sara se souvint soudain d'une chose. Depuis le début, elle n'avait pu observer ces apparitions effrayantes qu'une fois la nuit tombée. Cela voulait-il dire qu'elles craignaient la lumière ? Elle baissa les yeux sur l'allumette qu'elle tenait toujours à la main, et qui était désormais brûlée de moitié. Il fallait qu'elle allume la bougie. Ni une ni deux, elle s'élança vers la table. Dans un même mouvement, la créature se jeta sur elle. Elle l'évita de justesse, mais sentit un froid glacial effleurer son bras. De quoi étaient faites ces choses ? Pas de chaleur en tout cas, c'était certain.

Elle avait pris un tel élan qu'elle percuta de plein fouet la table de la salle à manger. Le bord du meuble s'enfonça dans son ventre et lui coupa la respiration. Toute tremblante, elle tendit le bras vers la bougie, l'allumette en main, au moment-même où la créature tendait son bras vers elle. Un cri lugubre et strident retentit derrière elle au moment où une flamme se mit à danser sur la bougie, avant de s'élever un peu plus haut. Ne voulant pas se retourner pour voir ce qu'il se passait, Sara se précipita sur la deuxième bougie, disposée à l'autre extrémité de la table. Elle eut tout juste le temps de l'allumer avant que la flammèche au bout de l'allumette ne s'éteigne.

Sara laissa tomber le bâtonnet sur la table et se retourna enfin pour voir où était la créature, et si son idée avait fonctionné. Elle fut soulagée de constater que la chose n'était plus là. Elle recula d'un pas dans un soupir rassuré, jusqu'à ce que son dos ne se cogne contre la table. Le souffle court et le cœur battant, elle tourna la tête et posa son regard sur la bougie se trouvant sur sa droite. Elle n'avait jamais cru que le feu la sauverait un jour, elle qui n'appréciait pas particulièrement cet élément...

Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle s'était mise à fixer longuement la flamme vacillant au bout de la mèche de la bougie et qu'elle s'imaginait des choses, ou s'il s'agissait d'un effet d'optique, mais il lui sembla soudain que la flammèche grossissait à vue d'œil. Comme hypnotisée par le balancier qu'elle effectuait au bout de la mèche, elle se tourna et se pencha au-dessus de la bougie, en veillant tout de même à ne pas se brûler les cheveux. Ses yeux suivaient chaque mouvement de la flamme, qui vacillait de plus en plus, comme un bateau pris en pleine tempête, qui tanguerait sur la houle.

Sans qu'elle ne puisse réellement le contrôler, sa main se leva d'elle-même et s'approcha lentement de la flamme. Cette dernière se mit à grossir. Sara sentit sa douce chaleur effleurer ses doigts. Elle avait conscience qu'elle pouvait se brûler, mais c'était plus fort qu'elle : tout comme elle ne pouvait détacher son regard de la flamme, elle ne parvenait pas non plus à retirer sa main, comme toute personne sensée l'aurait fait.

C'est alors qu'une chose incroyable se produisit, sous ses yeux ébahis. La flamme vint lui lécher les doigts, frôlant sa peau sans la brûler. Une douce chaleur irradia le corps entier de la jeune fille, qui n'osait plus bouger, fascinée autant que pétrifiée. La flamme grossit un peu plus, puis remonta lentement sur sa main. Elle remonta encore, à la manière d'un serpent, et vint s'enrouler autour de son avant-bras. Elle poursuivit ensuite sa course, et Sara frissonna en entendant le crépitement du feu tout contre son oreille droite lorsque la flamme remonta jusqu'à son épaule.

La flamme s'arrêta près de son visage, caressant sa joue à l'aide de son agréable chaleur. Un sentiment de profonde quiétude envahit Sara. Elle sursauta lorsque la flamme se retira brusquement, brisant cette bulle de sérénité qui l'avait entourée l'espace de quelques précieux instants. Plus rapidement qu'elle était remontée le long de son bras, la flamme redescendit en sens inverse et regagnât la bougie sur laquelle elle se trouvait à l'origine. La mèche de la bougie s'enflamma à nouveau, mais plus vivement que précédemment.

La flamme monta dans les airs, comme si on l'avait attisée pour la faire brûler plus intensément encore. Désormais, sa taille dépassait la tête de Sara de plus d'un mètre. Sous les yeux pétillants de celle-ci, une silhouette légendaire apparut au milieu des flammes. Le bec pointé vers elle, l'oiseau de feu étendit majestueusement ses ailes de chaque côté de son corps. Sara aurait voulu le toucher, tout comme elle avait touché les flammes quelques minutes plus tôt. Cependant, quelque chose l'en empêchait. L'oiseau mythique dégageait une aura respectueuse qui aurait dissuadé quiconque de s'en approcher d'un peu trop près. Pourtant, Sara se sentait attirée par lui, comme le serait un aimant à un bout de fer.

Tout aussi brusquement qu'il était apparu, le phénix disparut. Sara regarda la flamme redevenir normale au bout de la mèche de la bougie, et cesser de vaciller. Bien que l'oiseau de feu ne soit plus là, elle ne parvenait pas à détacher son regard de l'élément qui lui avait donné vie. Elle n'arrivait pas à en croire ses yeux. Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Devenait-elle folle ?

Elle n'eut pas le temps de s'interroger plus. Des bruits de pas précipités retentirent derrière elle, et elle se retourna pour voir Adélia, précédée de peu par Ragnor, revenir dans la pièce, trempée des pieds à la tête. Sa tante s'approcha d'elle et posa une main sur son épaule. Au fond de son regard d'un bleu sombre, Sara put discerner une pointe d'inquiétude.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu vas bien ? Je t'ai entendue hurler.

-          Oui... Oui, ça va, ce n'est rien. J'ai juste cru... voir quelque chose. Mais tout va bien, j'ai dû l'imaginer, la rassura-t-elle en tentant elle-même de reprendre progressivement ses esprits. Où étiez-vous passé tous les deux ? 

-          J'ai entendu du bruit dehors, alors je suis allée voir ce que c'était. Ragnor m'a rejoint, ce filou, je lui avais pourtant dit de rester avec toi ! Enfin bref, ce n'était qu'un chat qui fouillait dans nos poubelles. Pas de quoi s'alarmer. »

Sara hocha la tête et tenta de dissimuler son air dubitatif du mieux qu'elle le put. Des choses étranges étaient en train de lui arriver. Et quelque chose lui disait qu'elle avait de quoi s'alarmer...

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