Nous étions jeudi et je préparais le mariage à Samira. Entre le boulot et les préparatifs j’étais très chargée et très fatiguée. Adam et moi vivaient comme de parfaits inconnus, on ne se calculait pas et ça marchait très bien comme ça. Il avait enfin acheté un nouveau matelas et dormait à présent dans sa propre chambre. Samir mon petit frère était en Algérie depuis quatre jours. Ma mère le vivait mal mais restait forte. Mon père ne montrait pas beaucoup ce qu’il ressentait mais je savais que c’était aussi dur pour lui que pour tout le reste de la famille. Karim mon grand frère restait beaucoup avec sa femme en ce moment. Sa femme m’avait envoyé un message en me disant que le bébé allait bientôt arrivé. J’étais contente qu’elle apporte un peu de joie dans la famille et que celle-ci s’agrandissait petit à petit … Pour ma part je lutte pour surmonter ces épreuves du mieux que je peux. Je ne me prends plus la tête et ce que Dieu a écrit arrivera et puis c’est tout. Je ne suis pas fataliste mais réaliste. Je sais que maintenant tout n’est qu’épreuve et comme on dit : après la plus le beau temps, ce que j’espérais sincèrement.
Aujourd’hui, je terminais mon travail à 16h00. C’était assez tranquille de décrocher le téléphone et de parler avec des clients, je m’y plaisais assez. De plus je me suis faite de nouvelles connaissances très sympathiques : Aminata une sénégalaise, un peu folle mais tellement marrante, Sevda une turque très calme et souriante, et enfin Laura une italienne super belle, un peu narcissique mais très gentille. Un petit cocktail qui montrait que les origines ne voulaient rien dire et que la tolérance était tout.
Aminata m’avait déposé devant l’appartement de Samira et après l’avoir salué je montais chez elle.
« Selem ayleykoum benti ça va ? ». C’était la mère de Samira qui m’ouvrit la porte.
« Ayleykoum selem Tata Zoulikha ça va très bien al hamdoullah, où est la petite mariée ? »
« JE SUIS LÀ ! ALIYA LA NEGAFA M’A FAIT UN PLAN CARROTE ! »
Samira était au bord de la crise d’hystérie et paniquait. Punaise à la veille du henna elle allait pas faire ça ! Je la rassurais du mieux que je pouvais et moi-même je m’imaginais être à sa place. Même si mon mariage n’était pas un grand mariage et je n’étais pas du tout stressée je m’imaginais 5 secondes être à la place de Samira.
« Pas de panique Samira, il n’y a pas que elle ! Je vais appeler Amel elle a surement une copine qui peut l’aider »
« MAIS TU COMPRENDS PAS ? LA DECORATION DE LA SALLE ELLE DOIT SE FAIRE DEMAIN MATIN ! JE FAIS COMMENT MOI MAINTENANT ? »
« Mais c’est bon calme toi, arrête de t’emporter y’a Saliha qui connait des negafa je vais la voir. »
C’était la grande sœur à Samira, Mariame. Elle était rentrée juste après moi, à cause des cris on ne l’avait même pas entendu. Nous nous sommes toutes retournée d’un coup et Samira se calma un petit peut. Mariame avait posé le berceau de son fils Mehdi qui avait 6 mois sur le canapé, fit la bise à sa mère à Samira et à moi.
« Elle habite à quelques minutes d’ici je vais la voir, vous gardez Mehdi. Si il se réveil vous lui donnez le biberon, 3 cuillères de poudre de lait pas plus vous faites pas le biberon trop chaud … »
« Oui oui benti j’ai élevé 5 enfants je sais me débrouiller… Yallah va voir Saliha avant que ta sœur panique encore ». On a tous rigolé même Samira. Puis Mariame sorti de l’appartement.
Quelques minutes plus tard l’oncle à Samira entra avec sa femme et ses deux filles.
« Ababa, les bouteillages (embouteillages) heblouna wallah (nous ont rendu fous) ! Samira ! Lebess benti ? ».
L’oncle à Samira il me faisait toujours rire depuis toute petite, avec sa moustache touffue et sa petite taille. Il fit les bises à tout le monde et ne me reconnu pas tellement ça faisait longtemps qu'il ne m'avait pas vu. La mère de Samira lui dit que j'étais la petite Aliya qui rigolait toujours quand j'étais enfant et il me fit la bise encore une fois choqué du changement. Ca m'a fait plaisir. Sa femme c’était Aicha, aussi était sympathique, elle ne parlait pas beaucoup mais elle rentrait au cœur comme diraient les vieilles du bled.
« Ca va hamdoullah et toi Hémi (mon oncle) ? »
« Ca va hamdoullah. Camélia Rania embrassez votre cousine wech heda (c’est quoi ça ? ».
Camélia et Rania étaient les cousines à Samira et depuis toutes petites elles se détestaient. Ses cousines étaient vraiment des jalouses et très rancunières. De rien ils ne se parlaient pas depuis qu’elles avaient 14 ans !
Avec un faux sourire elles s’approchèrent de Samira et l’embrassèrent.
« Félicitations cousine »
« Merci inch’Allah votre tour »
« Ah non nous on préfère d’abord les études »
Samira releva la pique et lança avec tact :
« Ah faites attention pas que vous atteignez un âge où le mariage sera plus possible, les études c’est bon mais faut dire un stop à un moment »
« Oui t’inquiètes pas pour nous »
« Je m’inquiète pas je conseille mes cousines »
« Sympa. On pose où la valise ? »
« Farid va leur montrer ». Farid c’était le petit frère à Samira il avait 10 ans et passait par le salon pour rejoindre sa chambre.
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23h00 : Toujours chez Samira.
On avait mis tous les gâteaux dans les boîtes et on a compté et recompté plusieurs fois les babouches de dragées. On avait enlevé les meubles des trois chambres afin de faire de la place pour la famille de Samira qui venait de Nantes pour assister au mariage. Le petit appartement était tellement bondé que la voisine eu la gentillesse d’offrir une chambre pour ranger tous les gâteaux et les valises de la mariée. Puis elle ferma la porte à clé et la donna à Tata Zoulikha.
« Ben voilà, tu l’as ta Negafa », dit Mariame en s’adressant à Samira.
« Oui bon, maintenant faut voir si elle peut ratrapper le retard hein. », répondit celle-ci.
« Oh arrête d’être pessimiste comme ça wallah c’est pas bien. Tu vas te marier avec l’homme que t’aime ! Souris un peu »
Samira sourit puis répondit que c’était vrai.
« Aliya rentre, merci pour tout mais t’as un mari qui doit attendre pour manger »
J’allais lui répondre non mais la mère à Samira continua :
« Oui c’est vrai rentre chez toi. J’ai un peu de couscous, ramène lui pour manger. »
« Non Tata c’est bon je lui ferais quelque chose. »
« Pas de discussion viens dans la cuisine. »
Je fis les bises à Samira sa sœur, ses cousines, les copines, tout le monde quoi et j’allais sortir de la chambre quand Samira me dit :
« Oh oublie pas que le week end tu taffes pas alors tu dormiras demain chez moi hein ! »
« Oui insh’Allah hbiba, repose toi bien faut pas que t’attrappes de cernes pour les photos ! »
Elle rigola et m’assura que oui. Tata Zoulikha me donna une marmite de couscous, mais j’allais faire quoi avec tout ça ? Elles me tuent les mamans ! J’en donnerai aux voisins c’est pas grave. Je l’embrassai et embrassai aussi Aicha la tante à Samira puis sorti.
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Quelques temps plus tard : Dans mon appartement.
Adam était en train de parler avec quelqu’un au téléphone au salon. Quand il me vit rentrer il n’a même pas pris la peine de m’aider avec la marmite et alla s’enfermer dans sa chambre. Je n’ai pas calculé et je suis allée réchauffer le couscous. Une fois chose faite, je frappai à la porte du "Lion" il ouvrit et me regarda froidement le téléphone toujours à son oreille :
« Tu veux quoi ? », c’était les premières paroles depuis le fameux soir.
« Y’a à manger à la cuisine ».
Puis je me suis retournée et alla me coucher. Il n’avait pas dit un mot de plus non plus. Je l’entendis manger dans la cuisine. Il parlait encore au téléphone et rigolait comme si j’étais sa boniche de service. Aliya lui fait son casse-croûte (en tant que servante qui se respecte je me suis remise à lui préparer son casse-croûte avant de partir travailler, pourquoi ? Indéterminable). Aliya fait le ménage, Aliya nourri, Aliya fait les courses, Aliya est une esclave quoi. Et tous mes efforts ne servaient à rien, n’étaient même pas reconnus. Mahlich. Je me suis endormie une heure plus tard …
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Samedi : Mariage de Samira.
Le henna de Samira était magnifique. On avait tellement bien rigolé, tellement dansé, on avait tout oublié le temps d’une soirée. A présent elle était devant le maire debout avec son mari. Ils étaient splendides tous les deux. Après s’être dit oui tous les deux tout le monde lâcha des youyou. Son mari lui fit une bise au front et ils s’échangèrent les bagues. Puis il y a eu le cortège et enfin l’entrée à la salle. Une ambiance de fou régnait et tout le monde s’était mis à danser. J’avais mis une robe bustier rouge. Des talons noirs et un châle sur mes épaules. Pour mes cheveux j’avais opté pour les lâcher et faire de grosses boucles qui allaient vers l’arrière. Je dansais avec Samira et sa mère. Puis le mari à Samira la prit et dansa avec elle. Il y avait du bon son rebeu et tout le monde bougeaient leurs épaules. Je dansais comme une folle, car je kiffais ça et lorsque je me suis retournée en souriant je vis qu’Adam était là aussi. Il avait un smoking noir la barbe bien taillée et un dégradé. Lui aussi souriait et lorsque nos regards se sont croisés nous perdîmes notre sourire. On s’était fixé pendant un long moment et j’entendais même plus la musique qui résonnait. Puis, ses copains le prirent il reporta son regard sur eux et continua à danser. Je me suis aussi mise à danser. Mais vous connaissez les mariages orientaux, certains esprits mal intentionnés masculins qui en profitent pour se coller et danser avec des filles. Alors que je dansais avec Amel deux hommes nous séparèrent en ont commencé à bouger leurs épaules zehma. Le premier homme faisait le fou et ça m’a fait rire, j’ai rigolé et Amel aussi. Puis je suis repartie vers Amel et Camélia la cousine à Samira. Après dix minutes de chtah intensive.
Je n’en pouvais plus surtout avec les talons et je suis allée m’asseoir boire de l’eau. L’homme qui faisait le fou en dansant me suivit. Punaise il est lourd celui-là.
Il criait pour se faire entendre, car la musique était vraiment forte :
« Selem je suis Omar »
« Tu veux quoi ? », lui répondis-je froidement.
Il se gratta la tête et me dit :
« Euh rien, t’es toute seule ? »
J’allais lui répondre quand je vis Amel me faire les gros yeux comme pour me prévenir de quelque chose. Puis je vis qu’Adam s’approchait vers Omar le poing crispé. Voulant écarter une dispute, car je connaissais le caractère impulsif d’Adam, il devait s’imaginer que je draguais ou que j’aimais me faire draguer devant tant de monde et pour son "honneur" j’allais me faire éclater la tête contre un mur en rentrant.
« Omar, je suis désolée mais je dois aller aux toilettes »
Je pris ma pochette pailletée et me dirigeait vers la sortie de la salle de fête, les toilettes étaient juste dans le couloir. Enfin, difficile à décrire en entrant dans la salle il y avait d’abord un long couloir où il y avait des toilettes, puis au cœur de la salle, la salle de fêtes. Donc, je me suis précipitée vers la sortie de la salle. J’étais au couloir quand Adam me rattrapa. Punaise il allait me foutre la honte devant tout le monde. Je suis donc sortie dehors, j’avais trop froid. Adam me rattrapa à grande enjambée et dans un coin isolé (heureusement). Il était très énervé :
« QUAND JE T’APPELLE TU T’ARRETES ! »
« Ouais c’est ça , tu veux quoi ? »
Il me poussa vers le mur avec ses mains. Mais il est fou !
« J’veux que t’arrêtes de faire ta p*** devant tout le quartier ! »
Qu’est- ce que j’avais dit ? Pour l’honneur, toujours son honneur.
« D’où j’fais ma p*** wallah tu commences à m’énerver de me traiter de ce que je suis pas ! »
Il serra ses dents et cria :
« QUOI ? TU T’HABILLES COMME UNE P***, TU RIGOLES COMME UNE P***, TU PARLES A DES GARS TRANQUILLE : COMME UNE P*** EN GROS T’ES UNE P*** ! »
Alors c’était ça ? Il me considérait comme une péripatéticienne ? Sans savoir pourquoi je commençais à faire couler mes larmes. Je n’aurais jamais dû mais c’était plus fort que moi. J’étais tellement lasse et blasée …
« Zehma tu pleures maintenant. Allé remballe, tu danses plus. Va t’asseoir et tu parles encore une fois à Omar j’te défonce t’as compris ? »
J’essuyais mes larmes et rentra de nouveau dans la salle. Amel vint me voir :
« Adam comment qu’il voulait tuer le gars »
« Pourquoi ? »
« Ben t’es sa femme c’est normal non ? »
« Ouais pour l’honneur. »
« Non mais peut être qu’au début il t’aimait pas, mais je trouve qu’il tombe amoureux. »
J’ai rigolé parce qu’elle m’a fait rire. La pauvre si elle savait ce que je vivais avec lui. Enfin, ce que je ne vivais pas surtout.
« Wallah ce mec il est impossible à cerner Amel. »
« Il tombe amoureux, moi j’te le dis ». Au même moment Adam entra à la salle. Il s’installa dans une table avec ses copains. Puis il me lâcha un regard meurtrier.
« T’as vu son regard ? Ca c’est un regard d’un amoureux ? »
« Si il t’aimait pas il t’aurais même pas calculé »
« Ben c’est ce qu’il fait à la maison. »
« Oh vous saoulez franchement des gamins, même toi tu l’aimes Aliya j’le vois quand tu parles de lui t’es triste et si tu t’en foutais t’aurais rien ressenti »
« Va danser c’est mieux ! »
Elle me fit un sourire et retourna sur la piste …