Je n'arrive pas à croire que je vais vraiment partir. Mais après tout, pour moi c'est la seule solution. Si je veux oublier tout ça et aller mieux, il faut que je parte. Je sais ce que vous devez penser de moi.
Vous devez sûrement vous dire que j'en fais un peu trop et tout le reste, mais ma vie est tellement merdique que je préfère partir et tout recommencer à zéro. Après ce que j'ai vécu ici, je crois que ce serait bien mieux pour moi et pour tout le monde.
Maria : j'ai bientôt terminé. Tu es sûre de ne rien avoir oublier ?
Je regarde aux alentours. Je ne sais pas.
Moi : j'en sais rien.
Maria est en train de me faire ma valise. Je pars ce soir.
Maria : d'après ta tante, il y fait froid.
Moi : je sais, Maria.
Maria : j'aimerais vraiment que tu prennes tout ce dont tu as besoin. N'oublies rien.
Moi : c'est ce que j'essaye de faire. Mais tu me stresses à me poser toutes ces questions !
Maria : excuse moi. Seulement je suis un peu triste que tu t'en ailles.
Maria me connaît depuis que je suis enfant. Elle va me manquer aussi, ça c'est sûr. Elle ne sera plus là pour me faire ses merveilleux petits plats et pour s'occuper de moi comme elle à l'habitude de le faire.
Maria : je sais que je ne devrais pas, mais est-ce que tu as prévenu tes amis ?
Moi : non. Ils n'ont pas besoin de le savoir.
Maria : tu en veux à Ethan, pas aux autres..
Elle n'a pas tord.
Du coup je me rends compte à quel point j'ai été distante avec les autres. Mais j'étais déprimée, c'est à cause de ça.
Moi : tu as raison.
Je soupire. Vu que j'ai lancé mon téléphone contre le mur il y a peu de temps, il s'est cassé donc je n'en ai plus. Mais je vais utiliser le téléphone fixe de la maison pour appeler Brandy. Elle fera passer le message à Lola.
Je sors donc de ma chambre pour aller dans le salon. Depuis que je me suis disputée avec ma mère, je ne l'ai pas revu.
Elle passe ses journées enfermée dans sa chambre. Je me sens mal pour ce que je lui ai dit. Mais je vais aller m'excuser avant de partir.
Je prends le téléphone et compose le numéro de Brandy. Elle répond aussitôt.
- Allo ?
- Brandy ?
- Kim ?
- oui, c'est moi...
- Je suis tellement contente que tu m'appelles. J'étais inquiète pour toi. Je suis passée chez toi mais on m'a dit que tu ne voulais voir personne. Je t'ai écrit des mails aussi mais tu n'y répondais pas.
- je suis désolée. Je n'avais pas trop envi de parler.
- je vois. Tu vas bien ? Enfin je veux dire est-ce que ça va ?
- je te laisse deviner.
Elle reste silencieuse un moment.
- il t'aime Kim.
Je serre les dents pour ne pas pleurer.
- il m'a fait du mal.
- c'est pas ce que tu crois, Kim...
- parce que tu le défends en plus ?
- non... Bien sûr que non.
- si je t'appelle, c'était pour te dire quelque chose de vraiment important.
- je t'écoute.
- je vais partir.
- partir ? Comment ça ? De quoi est-ce que tu parles ?
- je pars ce soir.
- tu plaisantes ? Où est-ce que tu t'en vas ?
- Je vais à Londres. Je prends l'avion ce soir.
- ne pars pas Kim.
- je suis désolée. Je... Je ne peux pas rester ici.
- Si tu t'en vas, c'est que tu es vraiment une lâche. Quand j'ai rompu avec Sam, tu m'as dit d'être forte. Je voulais partir, tu m'as retenu et tu m'as dit que ce n'était pas une fatalité. Tu t'en souviens de ça au moins ?
J'inspire un bon coup puis je ne dit pas un mot pendant dix secondes.
- c'est différent.
- rien n'est différent Kim. Je suis là pour toi, et toi tu me rejettes. Et maintenant tu pars. Tu me dis ça quelques heures avant. Qu'est-ce que je suis censée faire ?
Elle n'a pas tord. Dit comme ça j'ai l'air d'un monstre.
- je suis désolée Brandy.
- Oui, moi aussi.
Elle raccroche.
Elle doit vraiment m'en vouloir, mais je la comprends. Je m'en veux aussi de toute façon. J'ai été tellement stupide de tomber amoureuse.
C'est tellement douloureux.
Je pose le téléphone. Cette conversation va me hanter pour le reste de mes jours. Et puis qu'a-t-elle voulu me dire par " ce n'est pas ce que je crois " ?
J'ai des yeux, j'ai reconnu le numéro de Ethan et vu les conversations. Ils avaient l'habitude de s'embrasser, et puis il voulait me faire mal.
Ça je ne peux pas du tout l'oublier, alors ça jamais !
En me retournant, je vois Clara debout devant les escaliers.
Elle me regarde.
Elle n'a pas école aujourd'hui parce qu'elle est un peu malade : La grippe.
Clara : alors tu t'en vas vraiment ?
Moi : oui, Chouquette...
Clara : tu m'avais promis de ne jamais me laisser.
Moi : je sais.
Je vais vers elle et je m'agenouille devant elle.
[ Lire cette partie en écoutant " Elastic heart " de Sia ]
Clara : tu avais dis que tu serais toujours là pour moi.
Moi : pleure pas, s'il te plait.
Clara : reste avec moi.
Moi : je ne peux pas...
Clara : pourquoi ?
Moi : parce que c'est très difficile pour moi de rester ici.
Clara : c'est pas vrai !
Elle hurle presque. Je lui tiens le bras, elle me repousse violemment.
Clara : t'es qu'une menteuse. T'es comme tout le monde, tu ne tiens jamais t'es promesses.
Moi : non, ne dis pas ça...
Clara : je te déteste ! T'es comme papa et tout le reste. Tu laisses tomber les gens. Tu tiens jamais tes promesses.
Moi : mon bébé, je t'en supplie ne crois pas ça.
Clara : je regrette que tu sois ma sœur. Je te déteste.
Elle monte les escaliers en courant avant de s'enfermer à double tour dans sa chambre. Je me sens à présent encore plus mal. Des larmes coulent sur mes joues tout doucement. Je m'assois sur les escaliers en me tenant les mains.
Je viens de tout perdre en même temps : l'amour de ma vie, ma meilleure amie, ma sœur. Tout... C'est comme si le monde s'écroulait autour de moi. Je n'ai plus rien, plus personne non plus.
Je retourne dans ma chambre. Maria fait toujours ma valise qui est posé sur le lit. Après avoir supplié ma tante, elle a finalement décidé de m'envoyer a Oxford, en Angleterre. Maintenant je me dis que ce serait mieux pour moi. Je partirai et je recommencerai tout à zéro.
Maria : je crois que j'ai terminé.
Je ne lui réponds pas.
Maria : tu pleures ?
Moi : non...
Maria : tu n'as pas besoin de me mentir, cariña.
Moi : Maria, je veux partir...
Maria : ton avion est dans deux heures.
Moi : je sais...
Maria : tu devrais prendre une bonne douche en attendant. Tu te sentirais sûrement mieux après.
Moi : Clara m'en veut. Elle croit que je suis une menteuse et une lâche. Brandy aussi...
Maria : c'est une mauvaise passe.
Moi : c'est trop douloureux.
Je tourne la tête. Il y a toujours cette photo de moi et Ethan sur ma table de chevet. Je les ai toutes retiré sauf celle-là. Je n'ai pas réussis à l'enlever. Cette photo représente tellement de chose pour moi. Pour nous...
Moi : je peux rester seule ?
Maria : je n'ai pas terminé.
Moi : je vais le faire. Merci.
Maria : d'accord.
Elle me sourit avant de sortir. Je m'enferme et prends la photo dans mes mains. Je dois réfléchir. J'aime encore Ethan, c'est clair mais il m'a fait trop de mal. Je n'ai d'ailleurs pas cessé de me demander ce que cette fille peut bien avoir de plus que moi et je n'ai, jusqu'à lors, pas trouvé de réponse concrète.
C'est une fille banale, rien de plus.
Je pose la photo contre moi et je me remets à pleurer allonger sur mon lit. Ethan... Je n'arrête pas de penser à lui. Pourquoi est-ce que je l'aime autant, hein ? Pourquoi est-ce que ça me fait tellement mal ? Des tas de questions auxquelles je n'ai bien sûr aucune réponse.
- Narration : Brandy Moore -
Je n'arrive pas à croire que Kim s'en va. Je ne la comprends pas. Je me sens trahi, délaissée. Je suis là pour elle tout le temps, et elle, n'en a rien à faire de moi et de mon aide. Mais c'est ma meilleure amie.
Je ne veux pas qu'elle parte. Je ne veux pas qu'elle s'en aille loin de moi.
Et bien sûr, je ne connais qu'une seule chose qui puisse la faire changer d'avis : Ethan.
Je prends mon potable et compose son numéro. Dès qu'il répond, je me lance.
- Brandy ?
- elle s'en va Ethan !
- qui ? Comment ça ?
- Kim. Elle part à Londres ce soir...
Il reste silencieux un moment comme moi tout à l'heure.
Je sens sa gorge se racler.
Puis il renifle tout doucement.
- elle me peut pas partir. Elle ne peux pas s'en aller loin de moi. Elle a besoin de moi, j'ai besoin d'elle.
- je sais.
- alors quoi ?
- retiens là !