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Après une journée et demie de voyage, Erine est heureuse de poser le pied au sol. C'est les yeux émerveillés et un peu éblouis par le soleil qu'elle apprécie la vision de La cité Blanche, le lieu secret où Loan et Aven ont prévu de faire une halte pour recharger les batteries de l'appareil. Du sol jusqu'au toit des maisons qui s'amassent sur une coline, tout est blanc. La jeune femme se voit contrainte de mettre ses mains devant ses yeux. Après la grisaille qui assaille Orfey depuis plusieurs semaines, elle n'est plus habituée à tant de clarté. L'air chaud se propage dans tout son corps, lui assèche instantanément la gorge au point qu'elle en tire la langue.
— Cet endroit n'a pas l'air d'avoir été affecté par le dérèglement climatique, souligne alors Miolaine.
— Détrompe-toi ! la reprend Aven. La cité Blanche est tout autant affectée que Rohen, mais à l'effet inverse, la température se réchauffe constamment.
Pendant que Loan et Aven vont à la rencontre des équipes qui prendront soin du vaisseau de tourisme pendant les prochaines heures, Erine court enfiler des vêtement plus légers. Maintenant, elle comprend pourquoi Loan a insisté pour qu'elle mette habits fins dans sa valise lorsqu'il l'a vu la faire. Elle passe une courte robe blanche légère et souple et parfait sa tenue en nouant un foulard dans ses cheveux. Elle prend un immense plaisir à apposer un baume légèrement rosé sur ses lèvres, une frivolité qu'elle ne se donnait plus la peine de faire à Laorelon.
Malgré la chaleur, l'atmosphère est loin d'être étouffante grâce à une petite brise qui se faufile sous la robe d'Erine et soulève ses cheveux. Ainsi, la grimpette dans les niveaux supérieurs de la cité, là où se trouvent les activités, se fait agréablement. L'endroit ne démérite pas de son nom de Cité Blanche. Tout est immaculé, même les bancs de pierres ou les pots de fleurs. Seuls quelques arbres et plantes par-ci, par là, apportent un peu de couleurs. Les petites rues sinueuses qu'ils doivent parfois emprunter offre à Erine et ses amis un peu d'ombre. Toute la ville s'articule en paliers dont le point culminant, le sommet de la colline en est le centre touristique. La place principale grouille de vie. Une vaste agora circulaire entourée de commerces et terrasses ombragées chapote la cité. De nombreuses personnes en habits légers sont installés autour de tables garnies de fruits et mets colorés ainsi que de boissons rafraîchissantes. La gorge sèche d'Erine se rappelle à la vue de tous ces délices. Décidant de remettre à plus tard l'exploration de l'esplanade, le petit groupe se dirige vers l'une des échoppes, recommandé par Aven qui n'en a lu que du bien dans un guide avant leur départ.
Sourire au lèvre, Erine prend place dans un fauteuil au coussin moelleux.
— Oh, c'est frais, s'exclame Miolaine.
Effectivement, les assises et la table sont froides, ce qui n'est pas pour déplaire à Erine.
— Il fait chaud d'ordinaire, ici, alors la station est équipée de rafraichisseurs, tout le mobilier s'adapte à la température ambiante pour qu'une fois installés, les visiteurs soient parfaitement à leur aise, explique Aven.
— Tu l'as lu dans ton guide, ça aussi ? lance Miolaine.
— Oui, répond-il, fier.
Un serveur débarque et dépose un large plateau de fruits et jus frais au milieu de la table. À peine a-t-il le temps de retirer ses mains qu'Erine attrape un verre rempli à rabord et trempe ses lèvres dedans. Le liquide justement sucré coule dans sa gorge en feu et tout son corps est saisi d'un frisson. Elle a la sensation qu'on lui déverse un seau de glaçons sur la tête. Mais ça ne l'empêche pas de boire une seconde gorgée et d'apprécier les saveurs nouvelles de ce cocktails.
— Si vous désirez davantage de mets, mon équipe et moi-même sommes là pour vous servir, les informe le serveur.
Erine le gratifie d'un sourire et il s'éclipse. Chacun se saisit d'un verre et d'un même mouvement, ils les lèvent au dessus d ela table pour trinquer :
— À la réussite de ce voyage ! lance Sehan.
Les autres le suivent en chœur.
Erine se régalent de tous ces fruits, cueillis du jour. Ça apparaît comme un repas léger, pourtant, elle se sent rapidement repue.
— Les fruits représentent l'activité économique principale de cette planète, les informe Sehan en bouquinant un guide que leur a remis le serveur. Ce sont eux qui suppléent à la demande en fruits de plus de la moitié de la galaxie.
En même temps qu'il dit cela, il croque dans une large tranche d'un fruit orange dont Erine ignore le nom. À la table à côté, un couple en est à son deuxième plateau. Le personnel est au petit soin et veille à ce que les verres ne soient jamais vide et que les clients n'aient jamais trop chaud.
— Cet endroit est magnifique, s'exprime Erine, on dirait même un cristal pur géant.
Ses amis acquiescent.
— Cela serait bien trop facile, soupire Aven, notre quête serait bien moins intéressante s'il suffisait de venir jusqu'ici, ramasser quelques cailloux par terre et repartir chez nous.
Le ton dramatique qu'il emploie leur arrache un gloussement. Erine espère être agréablement surprise par Tehren. Elle ne s'attend pas à ce que des serveurs les choient et leurs servent les spécialités locales sur un plateau d'argent, mais ses paysages particuliers peuvent avoir un charme.
Après ce très bon repas, Erine se sent revigorée pour partir explorer la cité. Ses amis à ses côtés, elle effectue un large tour de la place et puis ses pas la conduisent jusqu'au grand marché en retrait. En passant l'arche en roche blanche qui indique l'entrée du bazar, elle ouvre de grands yeux. Et puis ce sont ses narines qui s'écartent pour inspirer les senteurs sucrées. Le brouhaha des commerçants cherchant à attirer les visiteurs est rapidement entêtant et lui donne envie d'aller d'un étal à l'autre. Elle saisit tous les morceaux qu'on lui tend et les engloutit sans même les macher. Cette fois, il y a aussi des baies, des fruits à coque pressés pour en extraire le lait. C'est avec une grosse noix percée dans la main qu'elle pénètre dans une nouvelle partie du marché. Tout en sirotant une boisson dont elle ignore totalement le nom, elle contemple les présentoirs chargés d'accessoires et bijoux fabriqués par des artisans locaux.
— Vous avez un bien joli pendentif, mademoiselle ! lui lance une vieille dame tenant un stand de bracelets et colliers de perles.
Erine porte les doigts sur la petite pierre autour de son cou, un cadeau de Loan. Le pendentif rouge vif à cet instant, ressort vivement sur sa robe. Elle gratifie la femme d'un sourire poli avant de poursuivre son chemin.
— Puis-je le voir de plus près ? la prie de la dame, poliment.
Erine a un instant d'hésitation, ne désirant en aucun cas retirer son collier. Il a une énorme valeur affective et elle craint qu'elle ne le lui vole. Mais lui trouvant un air sympathique, elle s'approche au plus près de l'étalage. La bijoutière place des petites loupes devant ses yeux et bien qu'elle approche ses doigts relativement près de l'objet, ne le touche pas.
— C'est un modèle rare et extrêmement précieux, l'informe-t-elle.
Erine zieute en direction de Loan. Posté à quelques mètres et faisant mine de contempler une série de tableaux, elle sait que la plus grande partie de son attention est vers elle. L'artisane suit le regard d'Erine et elle repère la pierre rouge jumelle au poignet de Loan. Un sourire attendri plisse un peu plus la peau ridée de son visage.
— Ne la perdez jamais !
De plus en plus mal à l'aise, mais percevant la bienveillance de son interlocutrice, Erine lui adresse un nouveau sourire poli. Avant de partir, alors que Loan se rapproche, elle leur propose de choisir un bijou parmi ses créations. Il leur choisit à chacun un bracelet de fines perles rouges s'accordant à leurs pendentifs, puis remerciant gracieusement la dame, ils repartent bras dessus, bras dessous. Mais Erine sent les pupilles de la commerçante les suivre jusqu'à ce qu'ils bifurquent dans une rue nouvelle allée. Là, ils s'arrêtent et que Loan lui attache les perles autour du poignet, Erine tire sur sa boisson.
— La dernière fois que tu m'as enfilé un bijou, je ne l'ai jamais retiré, dit-elle faisant référence aux petites pierres rouges qu'ils portent.
— Ces perles sont de la camelote qui se détacheront d'elles-mêmes d'ici quelques jours, marmone-t-il. La pierre que nous portons est plus solide et précieuse.
— C'est ce que cette femme m'a dit, où les avais-tu trouvées ?
— Je ne me souviens pas très bien, dit-il en tirant une grimace, j'étais petit.
Bien qu'elle ait la sensation qu'il se souvient plus que ce qu'il ne veut bien en dire, Erine n'insiste pas. Elle noue à son tour les perles au poignet de Loan et satisfaite de leur nouveau lien, elle met leur poignet côte à côte. Marchant main dans la main, ils reprennent la découverte du marché. Cette dernière se termine encore et toujours devant une boutique de friandise où Aven offre à chacun un sorbet fait maison.
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Un peu de voyage dans le chapitre d'aujourd'hui ☀️