Mach 2 : une fille dans le vi...

By Loraline_Bradern

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Pilote d'exception, un brin frimeur, Nathaniel est l'archétype du beau gosse qui mène sa vie à toute allure... More

Casting
Questions
Infos éditoriales
Salon du livre de Paris
Suite de Mach 2
Cover Reveal
Dédicaces
Note de l'auteur (version éditée)
Prologue (version éditée)
2. Sortie entre filles ~ Alexandra (version éditée)
3. Bal du Bapt's ~ Alexandra (version éditée)
4. Bal du Bapt's ~ Nathaniel (version éditée)
5. Mises au défi ~ Alexandra (version éditée)
6. Mission repérage ~ Nathaniel (version éditée)
!!! SORTIE !!!
IL EST DISPO !!!
Sortie numérique
Promo Flash

1. Oubli ~ Alexandra (version éditée)

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By Loraline_Bradern

Éguilles, 4 novembre 2016.

Un bruit diffus me sort de ma léthargie. J'ouvre les yeux sur la rampe de spots en laiton juste au-dessus de ma tête. Qu'est-ce que je fous là ? Ah oui, j'ai dû m'endormir sur le canapé en rentrant. La musique qui monte crescendo m'agresse les tympans et je grogne de mécontentement.

Foutue musique ! Qui écoute Highway to hell à fond la caisse à cette heure-ci ? Un vendredi soir en plus ! Highway to hell ? Merdum, c'est Marion qui m'appelle !

Je me précipite sur mon sac, y plonge la main, tâtonne pour tenter d'en extirper mon smartphone. Mais ce satané téléphone est planqué je ne sais où. Énervée, je retourne le sac par terre, vidant tout mon bordel sur le tapis. J'écarte les clés, ma liseuse, le portefeuille puis farfouille sous les papiers divers qui jonchent le sol. Enfin, je mets la main sur mon Saint-Graal. Trop tard ! La sonnerie d'eteint brusquement. Saloperie de téléphone ! Il est passé sur répondeur ! Juste au moment où j'allais décrocher !

J'attends cinq minutes, le temps pour Marion de laisser son message et de libérer sa ligne, pour la rappeler illico. La sonnerie retentit à peine deux fois qu'elle décroche et m'invective aussitôt :

— Alex ? Mais qu'est-ce que tu fous ? J'essaie de te joindre depuis dix minutes !

— Hé, n'exagère pas non plus ! Tu viens à peine de m'appeler, tu ne m'as pas laissé le temps de décrocher !

— Pas le temps de décrocher ? Putain, qu'est-ce qu'il te faut ? Ça a sonné au moins dix fois avant que je sois balancée sur ta messagerie ! Tu es plus lente qu'un escargot, ma parole !

— Ça va, hein ! Je dormais, si tu veux tout savoir.

— Tu dormais ? Non, mais c'est une blague ! Quelle fille de vingt-sept ans dort un vendredi soir à 20 h ? Dis donc ma vieille, tu commences à te mémérisier !

— Me mémériser ? je répète sans comprendre.

— Ben oui, faire la mémé, la mamie !

— Écoute Marion, il va vraiment falloir qu'on parle sérieusement de ta sale manie d'inventer des mots à tout bout de champ. Ça ne le fait pas. Mais alors pas du tout ! À force, ça va te jouer un mauvais tour dans ton boulot.

Marion rit de mon sermon. Comme d'habitude, elle se fout de ce que je lui dis et continue de se moquer :

— Arrête de ronchonner, mamie !

— Et toi, arrête de m'appeler comme ça ! Tu es aussi vieille que moi, je te signale.

— Peut-être, mais moi, au moins, je ne perds pas déjà la mémoire. Tu es un peu jeune pour nous déclarer une démence sénile, tu ne crois pas ?

— Je ne perds pas la mémoire !

— Ah non ? Alors pourquoi t'es pas chez moi ? Je te rappelle qu'on avait rendez-vous !

— Rendez-vous ? je marmonne d'une voix peu assurée.

— Oui, rendez-vous ! Tu as oublié qu'on sort en boîte avec Solène et Camille ce soir ?

— Merdum ! J'ai complètement zappé !

— Qu'est-ce que je disais ! lance ma copine sur un ton suffisant.

— OK, c'est bon ! Pas la peine d'en faire tout un plat non plus ! C'est juste que je suis crevée.

— Bordel, Alex, tu n'as même pas trente ans ! Secoue-toi un peu ! C'est maintenant qu'il faut qu'on profite de la vie, pas quand on sera vieilles et décrépies !

— Je te rappelle que nous sommes vendredi et que c'est la fin de la semaine.

— Bah oui, c'est bien pour ça qu'on sort ce soir, bichette !

Sans prêter attention à son ton ironique, je continue :

— Et je viens de me taper une réunion de parents d'élèves.

— Aïe ! Mauvaise semaine ?

Je souffle bruyamment en repensant à la semaine pourrie qui vient de se terminer. Les gamins ont été insupportables. Il a plu tous les jours donc impossible de les sortir en récréation et ils étaient hyper excités. Bref, j'ai douillé !

— Oui. Totalement pourrie, les p'tits ont été infects.

— Tu nous raconteras ça tout à l'heure. Il y a plus urgent. Dépêche-toi de ramener tes fesses ! Camille et Solène arrivent dans moins d'un quart d'heure normalement.

— OK, je fais aussi vite que possible. À plus !

Je n'attends même pas la réponse de Marion pour couper la communication avant de me ruer dans ma chambre. J'ouvre mon placard, choisis à la va-vite une longue jupe noire fendue sur le côté et un débardeur turquoise. Une tenue simple, mais classe et légèrement suggestive. Enfin... pas trop quand même, car les fringues sexy, c'est pas vraiment ma tasse de thé.

Une fois ma tenue choisie, je fonce dans la salle de bain pour une retouche express de mon épilation et une douche rapide. Je ne suis pas une dragueuse et, bien que célibataire, je ne cherche pas spécialement à trouver un mec, mais mieux vaut ne pas ressembler à la femme yéti, sait-on jamais...

Je ne prends pas la peine de m'enduire d'un lait corporel ni de me sécher les cheveux. D'une part je suis pressée, car très en retard et d'autre part... je ne suis pas une accro du pomponnage. J'ai pourtant tout ce qu'il faut en crèmes, maquillage et autres produits de soin, mais je ne les utilise quasiment jamais. À chaque fois c'est la même chose, j'en achète en prenant la bonne résolution de m'y mettre. Je les utilise cinq jours durant, puis une fois par semaine avant de passer à une fois par mois, pour en arriver à une fois de temps en temps. Finalement, je me retrouve avec des produits tout juste entamés qui restent inutilisés dans mes tiroirs ou sur mes étagères et que je jette au bout de deux ou trois ans.

Encore un aspect de ma personnalité qui fait le désespoir de mes amies ; elles ne comprennent pas mon manque d'intérêt pour tous ces trucs de beauté. Seule Solène ne m'ennuie pas avec ça. Et pour cause ! Elle a trop souffert de l'excès de coquetterie de sa mère qui ne pensait qu'à séduire les hommes pour oublier son mariage désastreux et son mari infidèle. Ma copine a pris le contrepied de sa génitrice et ne prend aucun soin d'elle. Elle est encore pire que moi et ne fait aucun effort pour s'arranger. Il faut dire aussi que son métier ne l'aide pas non plus. Elle travaille dans une pépinière et passe ses journées à l'extérieur, les mains dans la terre ou sur des outils, alors forcément ça laisse des traces, que ce soit sur son corps ou sur ses vêtements. Quand Marion et Camille la houspillent à ce propos, Solène hausse toujours les épaules en répondant que son métier est un tue-séduction. Je comprends parfaitement ce qu'elle veut dire, car j'ai le même problème.

Comment voulez-vous que je sois séduisante avec des ongles teintés en bleu ou avec des taches d'encre magenta sur les mains ? Je ne vous parle même pas des petits doigts qui laissent leurs empreintes à l'acrylique jaune sur mon pantalon — peinture qui bien évidemment ne part pas au lavage sinon ça ne serait pas drôle — sans oublier les traînées de feutre Velleda sur mon tee-shirt. Quand je rentre d'une journée de classe avec mes trente petits monstres, et pour peu qu'on ait fait des arts plastiques — ce qui arrive quasiment tous les jours — je suis dans un état lamentable. Mes fringues ont autant besoin d'être récurées que moi.

D'ailleurs, ça fait belle lurette que je choisis mes vêtements en conséquence : des habits plus pratiques qu'esthétiques. Quand j'ai commencé à bosser, je m'habillais « bien ». Enfin, quand je dis « bien » c'est de manière plus classe afin de paraître un peu plus âgée et ne pas avoir de problème avec les parents d'élèves, trop curieux de connaître l'étendue de mon expérience. Comme si le nombre d'années, de rides et de cheveux blancs avait quelque chose à voir avec les compétences pour être enseignante ! Mais j'ai vite cessé de porter des robes, jolies jupes ou chemisiers quand je me suis rendu compte que mes petits élèves me bousillaient tous mes vêtements et que les dégâts étaient souvent irréversibles. Maintenant c'est jeans, tee-shirt et pull, comme ça j'ai moins de regrets quand les taches ne partent pas au lavage !

Mais ce soir, aucun risque de rencontrer une de mes petites terreurs donc j'en profite. Une fois douchée, j'enfile ma tenue, chausse une paire de bottines à talons et passe un coup de brosse dans mes cheveux que j'attache à la va-vite avec une barrette en attendant qu'ils sèchent. Mon blouson court sur une épaule, j'attrape mon sac à main dans lequel je jette smartphone, portefeuille et clés. Fin prête, je quitte mon appart en vitesse pour prendre ma voiture et aller chez Marion.

Pendant le trajet en voiture, je ne peux m'empêcher de ruminer les paroles de Marion. Elle estime que je ne profite pas assez de la vie et, même si ça m'arrache la bouche de le reconnaître, je dois avouer qu'elle a raison. Mon existence est réglée comme du papier à musique. Enfin, presque... Disons plutôt que, dans les grandes lignes, c'est toujours la même chose. Je suis généralement à l'école de 8 h à 17 h les lundis, mardis, jeudis et vendredis. Dès que je rentre chez moi, je grignote un petit encas puis je prends une douche, enfile une tenue confortable et je me mets à bosser. Une personne ne connaissant pas le milieu enseignant s'étonnerait et dirait « mais de quoi elle parle ? Elle vient juste de rentrer du travail ! ». Bah oui, mais mon boulot ne s'arrête pas à la porte de l'école. Hélas ! Les journées que je passe en classe avec mes élèves constituent uniquement le sommet visible de l'iceberg. La majeure partie de mon travail est invisible aux yeux du public.

Une fois que j'ai terminé de faire mon travail comme j'estime devoir le faire, il ne me reste plus beaucoup de temps libre. Mes loisirs se résument donc à... une peau de chagrin ! Je ne suis pas une grande sportive de nature — d'ailleurs les petits capitons sur mes hanches et mes cuisses sont là pour le prouver —, un peu de ski de piste l'hiver, de natation ou de VTT de temps en temps et à dose homéopathique. Cela dit, vu le nombre d'heures que je passe debout en classe ou le nombre de flexions que je fais pour me mettre à hauteur des petits sans me ruiner le dos, ça doit bien être équivalent à deux heures de sport intensif par semaine ! Mes seules activités, en dehors du travail, se réduisent à la télé, la lecture et beaucoup d'informatique. Et là encore, c'est essentiellement pour l'école. Je passe des heures sur l'ordinateur le soir, le week-end, et même pendant les vacances pour le boulot. En conclusion, je crois qu'on peut dire que toute ma vie tourne autour de mon métier !

Si on enlève tout ce qui est relatif à mon travail, j'ai aussi quelques contraintes à assumer. Comme tout un chacun, je dois me nourrir, m'habiller et donc je passe quelques heures par semaine — principalement le mercredi — à faire la cuisine, les courses, le ménage ou la lessive. Le week-end est souvent bien chargé puisque je rends visite à mes parents. Là aussi, ce n'est pas de tout repos ! Je les adore, mais ils sont un peu envahissants. Il faut dire que je suis fille unique, donc forcément je suis la prunelle de leurs yeux et il a fallu que je bataille dur pour prendre mon autonomie. Ça n'a pas été une mince affaire ! Surtout avec un père très protecteur et autoritaire, une conséquence — à ce stade-là le terme séquelle serait peut-être plus judicieux — de son passage dans l'Armée de l'air.

Tout ceci pour dire que ma vie n'est pas des plus palpitantes et ce quotidien routinier me pèse chaque jour davantage. Un peu d'aventure et d'inattendu pour briser cette monotonie ne serait pas pour me déplaire. Sans compter que même si je ne cours pas spécialement après, je ne serais pas contre le fait de rencontrer un mec « bien ». Quand je dis « bien », je ne songe pas au physique — même si je ne cracherai pas sur un beau gosse — mais à des qualités morales et affectives. À vingt-sept ans, ma vie sentimentale est loin d'être satisfaisante, car j'ai toujours le chic pour tomber sur des hommes qui n'en valent pas la peine. Je suis une vraie poissarde dans ce domaine !

Si la plupart de mes copines n'ont pas de problème pour rencontrer des garçons sur leur lieu de travail, ce n'est pas mon cas ! Les enseignants hommes sont extrêmement rares en maternelle et il se trouve que mes collègues sont toutes féminines. Les seuls spécimens de sexe masculin que je suis susceptible de rencontrer sont donc les pères d'élèves et j'estime qu'il ne serait pas très déontologique de sortir avec eux. A plus forte raison quand ils sont déjà mariés ! En résumé, depuis que j'ai commencé à travailler il y a cinq ans, ma vie est devenue un désert sentimental doublé d'un désert social, sauf... en ce qui concerne mes amies !

Alors même si je suis crevée, hors de question de rater ma sortie hebdomadaire avec mes copines ! Rien ne m'empêchera de passer un bon moment avec elles. Cette soirée du vendredi soir est ma bouffée d'air frais, l'oxygène nécessaire pour recharger mes batteries à la fin d'une semaine morne et harassante.

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