Journal de bord du capitaine – Date stellaire... Alors là. J'ai perdu la notion du temps et puis... qui s'en fout ? Moi.
Moi, Arsène Flamingo, le magnifique, le merveilleux, l'extraordinaire, le majestueux capitaine du SS-Barbara a failli mourir. Failli. Peut-être suis-je mort ailleurs ? Dans une autre timeline ? Qui sait ? En tout cas j-
« ARSÈNE PUTAIN DE FLAMINGO ! Ouvre cette porte ! »
Le capitaine du SS-Barbara sursauta en manquant de renverser des perles de tapioca de son bubble tea sur sa tablette. Une soudaine envie de fuir gagnant tout son corps en entendant le poing de Niki sur sa porte.
— Ouvre ! s'écria-t-elle à nouveau.
— Étrangement, je n'ai pas envie d'ouvrir.
— J'ai furieusement envie de ton corps !
— Ah ben il fallait le dire tout de s-
Arsène eut le malheur de croire Niki car à l'instant où il ouvrit la porte, à peine habillé d'un boxer noir et de l'un de ses t-shirts col roulé jaune « F*CK THE C-404 UNIVERS », il se mangea un coup dans le ventre l'expulsant au pied de son lit.
Niki n'en avait plus rien à faire de la blessure infligée bien plus tôt, elle ne désirait qu'une chose : faire sortir sa rage.
Et avoir des explications, au passage.
Le capitaine se caressa la tête en tirant la grimace avant de lever les mains au ciel pour faire preuve de son innocence, peu importe la raison rendant l'ex-lieutenant en colère.
— Il faut qu'on parle, déclara Niki en croisant les bras et en appuyant son pied sur la jambe d'Arsène pour lui montrer qu'elle n'était clairement pas d'humeur.
— Tu commences toujours tes discussions en frappant t- aie aie aie ! J'ai compris ! Qu'est-ce qu'il se passe ?! Tu voulais un bubble tea toi aussi ? Ce n'est pas ma faute si j'ai eu le dernier, vois ça avec Robbie.
— Tu es vraiment stupide. Et narcissique. Et égoïste. Et menteur. Et pas croyable.
— Et Magnifique ? Et Fabuleux ? Et Merveilleux ? Tu as oublié plein d'adjectifs, chaton. Par contre, tu ne peux pas me retirer ma franchise donc je ne comprends pas le « menteur ».
— Ta déclaration, c'était du vent ! Du pas frais ! Ça datait d'il y a longtemps !
— Ça ne veut pas dire que je mens.
— Et ta relation avec María Maria aka Esperenza ? Tu es bien comme je le pensais. Comme tous les hommes que je croyais important, tu n'as que des sentiments fugaces !
— L'histoire avec Esperenza, ce n'est pas ce que tu penses. Et je te dis que je ne mens pas.
— Tu vas me le prouver.
Lorsqu'Arsène se releva, Niki en profita pour attraper le col de son t-shirt, le fixant avec haine avant de le pousser en arrière pour qu'il retombe au sol. Le capitaine irrité par cette jalousie non justifiée ne se laissa pas faire et, d'un coup de jambe bien placé, la fit basculer avec lui.
Ce dernier serra les dents lorsque sa tête cogna le sol mais c'est voir la rage de Niki remplacée par une soudaine inquiétude sur son visage qui le surprit encore plus.
« Alors j'utilise ma question. Celle que tu m'as offerte après être revenu de l'univers C-404. Arsène Flamingo, est-ce que tu m'aimes sincèrement ? Et je te parle d'amour, pas d'amitié. Je veux savoir ce que tu ressens au plus profond de toi. Si cette tension entre nous, lorsque nous avons quitté la Terre, n'était dû qu'à la chaleur étouffante ou parce que tu allais vraiment m'embrasser. »
Arsène ouvrit grand les yeux à ces mots, ne sachant quoi répondre alors que la sonnerie de son téléphone se mit à résonner dans toute la pièce. Niki roula des yeux avant de se relever, d'attraper le portable pour voir s'afficher le nom de Cox, et de jeter l'engin contre un mur pour le faire taire.
Geste assez violent mais malin car en un appel même manqué, le hacker aurait pu avoir accès au microphone de l'appareil et aurait pu entendre toute leur conversation. Ce qu'il voulait clairement faire.
Le capitaine en profita pour se redresser et s'adosser au pied de son lit, observant Niki toujours debout et visiblement aussi agacée que gênée.
Jusqu'à ce qu'il se mette à rire.
Un rire qui l'interloqua tant il était soudain et incompréhensible. Elle voulait des réponses et lui, il riait.
« Depuis le jour où tu as crié mon prénom devant tout le monde. Où je t'ai vu sur ce parking, ta robe noire, tes cheveux soufflés par la rafale créée par mon vaisseau sur le départ. Toi sortant d'une tuerie dans ce restaurant d'Aphrodisia-69, de ce rencard raté avec ton ex. Ce moment où je me suis retenu de quitter la passerelle pour voir quelle expression ton beau visage pouvait avoir en m'appelant... Depuis cet instant précis, j'ai la certitude d'être amoureux de toi, Niki Brown. »
Son cœur se mit subitement à tambouriner dans sa poitrine en entendant la déclaration du capitaine tant il était sincère. Ses yeux marron et noisette la regardant avec tellement d'affection qu'elle avait l'impression de rencontrer un nouvel homme. Une facette d'Arsène Flamingo qu'elle avait à peine effleuré.
— On fait un pierre, papier, ciseaux ?
— ...Quoi ?
— Une manche. Si je gagne, tu m'offres ton cœur.
Niki n'eut pas le temps de répondre qu'il disait déjà « Pierre, papier, ciseaux ! » et qu'elle faisait « ciseaux » alors qu'il avait fait « pierre ». Le résultat finalement peu surprenant en prenant en compte l'artefact de chance de Flamingo.
Mais Arsène avait conscience qu'en ce mardi pizza, la chance aurait pu être capricieuse et que ce coup-ci, il l'avait joué au pur hasard. Priant de tout cœur qu'elle perde.
Ce dernier se releva, faisant face à une Niki désemparée et la main formant toujours une paire de ciseaux.
« Alors ? Il est où ce cœur que tu me dois ? » déclara-t-il de sa fameuse voix de charmeur lorsque cette dernière attrapa à nouveau son col pour mieux le frapper dans le ventre... Ce qu'elle ne réussit pas à faire.
Un petit coup de poing, hésitant et mou, pendant que ses yeux étaient perdus dans ceux du capitaine lui faisant fièrement face, son sourire provocateur aux lèvres. Cachant sa peur d'être à nouveau rejeté par la femme qu'il désirait tant.
— Never gonna give you up. Never gonna let you down.
— Never gonna run around and desert you.
— Never gonna make you cry. Never gonna say goodbye.
— Never gonna tell a lie and hurt you.
Soudain, comme si en murmurant chacun leur tour les paroles de cette chanson si importante dans leur relation, quelque chose se débloqua. Les doutes et la peur entre eux s'envolèrent pour laisser place à une tension qu'ils avaient déjà touchée du doigt et qui, de par la proximité de leurs corps, finit de les achever.
Niki portant le coup de grâce en chuchotant ces mots :
« Tu l'as déjà volé, stupide flamant rose. »
Sa main lâcha le col roulé du capitaine pour se coller à sa nuque, son autre main glissant contre sa mâchoire avant de s'échouer dans ses cheveux noirs alors que ses lèvres rejoignaient enfin celles de l'homme qu'elle avait aimé détester.
Et que maintenant, elle détestait aimer.
⭐⭐⭐
« Ça fait plus de douze heures qu'ils sont enfermés là-dedans... Tu crois que Niki a tué Arsène et qu'elle essaie de se débarrasser de son corps ? »
Cox faisait les cent pas dans le couloir du vaisseau alors que sa sœur bâillait à s'en faire décoller la mâchoire. Robbie arriva en roulant sans bruit jusqu'à eux, leur tendant deux tasses de café.
— Allez, on va rater le journal du matin si on ne bouge pas... murmura Almyra en buvant une gorgée. Au pire si elle a tué Arsène, elle nous l'avouera au déjeuner.
— C'est super louche. Tu crois qu'ils... ?
Les deux jumeaux se regardèrent avant de sourire et de pousser un gros « NAN ! » en baissant leurs mains en même temps. Pour eux, l'éventualité qu'Arsène et Niki aient fini par coucher ensemble était beaucoup trop improbable tant cette dernière avait souvent répété qu'elle aurait préféré mourir.
— Cox, soit tu toques à sa porte, soit on y va.
— Bon d'accord ! All-
C'est lorsqu'ils furent à deux doigts d'aller vers la cuisine que le bruit de porte automatique de celle d'Arsène les fit sursauter. Ils se retournèrent lentement dans sa direction, surprenant leur capitaine ne s'attendant pas du tout à les voir ici.
« Ahhhhh... Salut les loulous ! » s'exclama-t-il en caressant sa nuque, ses yeux les fuyant en fixant le plafond.
Les deux kratzoriens n'eurent pas à observer longtemps le corps à moitié nu du capitaine pour comprendre ce qui s'était passé : Arsène Flamingo et sa peau toute blanche étaient marqués de traces rouges, parfois même violettes, ainsi que de griffures et de bleus.
Tout ce qui indiquait aux deux asexuels des signes de lutte entre lui et Niki.
Mais s'il sortait de la pièce, cela voulait dire que l'ex-lieutenant avait perdu le combat et ce fait inquiéta simultanément les jumeaux poussant leur capitaine sur le côté pour entrer dans sa chambre.
« Déj-aaaaah !? » s'écria Niki en voyant Cox et Almyra débarquer.
La pièce était dans un état pas possible, confirmant qu'un combat avait eu lieu... Jusqu'à ce que leurs yeux s'arrêtent sur une Niki à peine couverte d'un drap cachant sa peau nue. Le corps tout aussi marqué que le capitaine du SS-Barbara.
« Oh merde... » chuchotèrent simultanément les jumeaux en comprenant enfin la situation.
Arsène et Niki ne s'étaient pas battus. Ils avaient simplement passé une très longue nuit ensemble. Vraiment très longue.
Le capitaine se racla la gorge, signalant aux kratzoriens que leur présence dans la chambre n'était pas souhaitée, jusqu'à ce qu'il referme la porte en laissant Niki l'attendre dans son lit. Les jumeaux attendirent un mot de Flamingo jusqu'à ce que ce dernier se décide à lâcher en toute simplicité :
— J'étais juste sorti chercher de l'eau et des capotes. Pas de quoi en faire un drame.
— Quoi ?! s'exclama Cox. Mais Arsène, vous n'êtes pas allés un peu vite ?!
— Oh ça va hein ! Ça fait depuis le premier chapitre que je veux coucher avec elle alors ce n'est pas quand elle me saute enfin dessus que je vais m'abstenir !
— Mais vous êtes ensemble ?!
— Je n'en sais rien moi ! C'était déjà compliqué d'avouer nos sentiments, tu ne vas pas en plus nous demander d'officialiser !
— Votre eau et vos capotes, déclara Robbie en arrivant vers Arsène.
— Ah ben enfin un qui ne pose pas trop de questions.
— Est-ce que, comme vous êtes mon maître, Niki va devenir ma maîtresse ? Ou ma maman ?
— Oh putain...
— Je ne serais pas ta maman, Robbie ! s'exclama Niki en ouvrant la porte de la chambre, ses sous-vêtements cachant un peu mieux son corps mais toujours à la limite de l'indécence.
Le petit robot eut l'air déçu avant de recevoir une petite tape réconfortante sur sa tête par Niki. Les deux kratzoriens toujours choqués de la voir dans cet état, le furent encore plus lorsqu'Arsène l'attrapa par la taille pour la coller à son corps et l'embrasser sans aucune gêne.
Et que cette dernière répondit à son baiser avec autant de passion.
— Sœurette, j'ai l'impression qu'on a changé d'univers sans s'en rendre compte...
— Je commence à comprendre ce que ressentent les robots quand ils buguent, répondit Almyra en fixant les deux amants.
— Et du coup... Vous êtes ensemble ou pas ?
— On n'en sait rien ! s'exclamèrent Arsène et Niki ensemble.
*BIDUP BIDUP BIDUP*
Le signal d'urgence du vaisseau se mit à résonner partout, coupant court au moment gênant entre les membres de l'équipage et les pressant vers le cockpit. Arsène toujours en boxer et marqué par les suçons sauta presque dans son siège de capitaine pour reprendre les commandes de son vaisseau.
Les jumeaux prirent place suivis de Niki et Robbie lorsque Cox décela enfin la raison de ce bruit infernal dans leurs oreilles.
« C'est le BS-Pandora, le vaisseau amiral de la Confédération qui vient de nous retrouver ! Capitaine, votre ex Barbara Karenalistika tente d'entrer en contact avec vous ! »
Arsène Flamingo soupira avant de sortir d'un compartiment de son siège une paire de lunettes de soleil qu'il enfila malgré le fait qu'il soit encore à moitié nu. Il accepta la communication et fit face à la surprise de Barbara Karenalistika, encore plus grande que celle des jumeaux.
— Je te dérange peut-être, Flamingo ?! s'époumona-t-elle, les joues rouges.
— Oui, clairement.
— Ah ! Eh bien tant pis pour toi ! Livre-moi les deux fugitifs Almyra et Cox Bram et je te laisse retourner à ta partie de jambes en l'air avec ta cible du jour.
— Alors d'une, MDR. Comme si le capitaine que je suis allait te livrer ses meilleurs équipiers ?
— « MDR » ?
— Et de deux, ma « cible du jour », elle t'emmerde. Tiens, montre-lui que tu l'emmerdes.
— Je t'emmerde ! s'écria Niki en se montrant en sous-vêtement, faisant un doigt d'honneur à la générale manquant de perdre l'équilibre.
Niki s'appuya sur le dossier du siège du capitaine, son air toujours menaçant sur le visage alors que son menton venait caresser la chevelure noire d'un Arsène souriant fièrement.
— C'est ELLE ta copine ?! Tu n'es pas sérieux ?!
— Ce n'est pas ma « copine » mais si, entre Niki et moi, c'est du sérieux. Dorénavant, je ne veux qu'elle dans mes bras et mes draps. Alors sois jalouse pour une énième fois, poursuis-nous jusqu'aux confins de l'univers mais je t'avertis que quoique tu tenteras, tu ne pourras pas me séparer à nouveau de la femme que j'aime et de mes amis. L'équipage du SS-Barbara est une famille à laquelle tu n'as clairement pas l'étoffe de t'attaquer.
Sur ces mots classe as fuck, le capitaine Flamingo interrompit la connexion avant de saisir les commandes de son vaisseau et de démarrer à pleine puissance. Effectuant des manœuvres audacieuses pour éviter les tirs du BS-Pandora et rappelant à tous ceux le regardant qu'il était le meilleur pilote de l'univers.
À deux doigts de passer en hyperespace, il se retourna pour regarder son équipage. Les jumeaux Almyra et Cox lui donnant toute la puissance dont il avait besoin pour réussir ce qu'il entreprend.
Niki lui souriant avant d'embrasser son front et de partir s'installer dans un siège à quelques mètres de lui, le petit Robbie sur ses genoux.
L'artefact de la chance brillant dans son œil, pierre qui l'avait mainte fois sauvé.
Cette famille qui lui avait redonné confiance et un sens à sa vie.
« On passe en hyperespace, direction la liberté ! Let's fucking go ! »
Moi, Arsène Flamingo, le magnifique, le merveilleux, l'extraordinaire, le majestueux capitaine du SS-Barbara, je suis très loin d'être un homme parfait mais dans cette histoire, je serais à jamais éternel. FLAMINGO OUT !
FIN.
Efface ce point final car tu sais très bien que tant que je serais en vie, Arsène Flamingo sera condamné à mourir autant de fois que je le désirerais. J'ai peut-être échoué cette fois-ci mais ce n'était que le début de la fin. Flamingo, je réduirais vos existences à néant et ce n'est pas un livreur de pizzas qui m'en empêchera.
Maintenant, ouvre une nouvelle page vierge et prépare-toi à écrire, Grande Créatrice.
Gloire à WeCare et gloire à Dream Reaper.
FIN... ?
À suivre dans le tome « Le premier flamant rose ».
Publication sur wattpad le 08 mars 2018 // Fin de publication le 25 février 2020.
[Correction du 6 décembre 2020]
Musique ♫ Flamingo Theme crée par Sarushimae