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Vingt-et-une heures trente.
Il faut que je l'appelle, sinon je vais pleurer et me ronger les ongles pendant encore des heures.
_ Hello, chantonne Kyunnie au bout du fil.
_ Salut salut. Ça va ?
_ Très bien, et toi ?
_ On va dire que ça va, marmonné-je, un sourire triste sur le visage.
_ Du coup, même si ça va, tu veux discuter un peu ? pose-t-il, inquiet.
_ Hyunwoo est parti rejoindre sa femme, lâché-je sans plus attendre, allongé dans le canapé, le bras posé sur les yeux.
_Tu veux passer ? Qu'on en discute plus facilement ? pose-t-il, de manière douce et calme. Oui Joo, soupire-t-il ensuite, et pour te serrer plus facilement dans nos bras, me répète-t-il.
_ Non, je ne préfère pas quitter l'appart, confié-je. Je veux être là s'il revient.
_ Il t'a parlé de ce qu'il allait dire ou faire ?
_ Elle est venue la semaine passée, soufflé-je, pour me libérer un peu du poids posé sur ma poitrine. Il lui a dit tout ce qu'il avait sur le coeur. Notamment qu'il voulait penser à lui et tenter de voir ce qui pouvait réellement le rendre heureux. Elle était en larmes, elle lui a demandé de réfléchir encore, en lui promettant qu'elle allait changer. Ce matin, il m'a dit qu'elle avait l'air sincère en disant ça. Pendant une semaine, j'ai cru qu'il avait pris sa décision, et là, murmuré-je, la voix craquant de plus en plus. Je suis perdu.
_ Hoseok ? appelle une autre voix de l'autre côté du téléphone. C'est Kihyun. Est-ce qu'on peut passer chez toi ? Ça te fera du bien d'avoir de la compagnie. Et puis, on pourra discuter plus facilement ainsi. J'aimerais te réconforter et t'aider comme je le peux, avoue-t-il, d'une voix si douce qu'elle ne peut qu'apaiser. Tu veux bien que je vienne avec Chan ?
_ D'accord, oui, venez, cédé-je, soulagé de ne bientôt plus être seul.
Il raccroche après m'avoir promis de ne pas traîner.
Je sais pertinemment que Changkyun meurt d'envie de me dire qu'il avait raison. Que depuis un moment déjà, mes sentiments se développent pour le plus vieux.
Mais je le connais bien, et je suis heureux de voir qu'il a préféré garder ça pour lui.
Je lui en suis extrêmement reconnaissant.
Et de voir que Kihyun s'inquiète aussi pour moi, alors qu'on ne se connaît pas depuis très longtemps, et qu'il est avant tout le meilleur ami de Hyunwoo, ça me touche énormément, et déjà ce petit détail suffit à me redonner le sourire.
🌆
_ On a pris du poulet et de la bière ! s'écrie Ki, en entrant dans l'appartement. Oh, je n'étais jamais venu, c'est très joli !
Il s'aventure plus loin dans le séjour, et je laisse entrer à présent Changkyun, qui me sourit de manière chaleureuse, suivit de Jooheon.
_ Mon ange ! hurle ce dernier, tout triste, et m'étouffant dans ses bras.
Je réponds à son câlin avec plaisir, et plonge la tête dans son cou, humant son odeur fruitée rassurante et réconfortante.
Il me frotte le dos et me chuchote que tout va s'arranger, et une fois détaché, j'aperçois les deux autres, déjà assis par terre, devant la table basse du salon, la nourriture et les boissons dispersées correctement pour nous quatre.
Nous les rejoignons sans plus tarder, et Kkung ouvre ainsi ma canette, sans me demander mon avis.
_ Mange poussin, ça va te faire du bien, sourit Kihyunnie, alors que Chan me tend un morceau de poulet avec ses baguettes.
Je souris doucement, et prends la nourriture qui m'est offerte, avant de boire quelques gorgées de l'alcool pétillant.
_ Vous croyez qu'il va revenir ? posé-je alors, en plombant le peu d'ambiance qu'il pouvait y avoir.
_ Je ne sais pas, commence Kihyun, en buvant une gorgée à son tour. Une part de lui est accrochée à ses principes, à sa manière de vivre depuis vingt-huit ans, c'est qui est une réaction humaine, avoue-t-il, tout en mangeant. Mais une autre part à pris goût au réel bonheur, à vivre pour lui et à apprécier les choses simples. Tu lui as fait comprendre bien des choses. Il serait vraiment idiot s'il renonçait à tout ça juste pour ne faire souffrir personne.
_ Ça n'arrivera pas dans tous les cas, intervient Changkyun. Soit Hyunwoo en souffre, soit elle, soit Hoseokkie. Dans tous les cas, rien ne va. La situation n'était déjà pas normale depuis le début, dit-il, cinglant.
_ C'est vrai qu'il ne faut pas se voiler la face, tu l'as un peu aidé à tromper sa femme, balbutie Joo, maladroitement, chose pour laquelle lui avait du mal à lui pardonner. C'est ironique vu comme ça. Mais votre vie n'est pas banale non plus, reprend-il, pour ne pas me culpabiliser. Sa vie n'est pas banale.
_ Non, je confirme, dit le plus vieux, d'un sourire triste. Il a toujours vécu pour les autres. Je hais de tout mon être la trahison et la tromperie, mais la situation de Hyunwoo je la connais personnellement, et même si c'est mal, je suis heureux que tu sois arrivé dans sa vie, avoue-t-il, en me fixant de manière douce et maternelle. Je suis heureux des changements que tu as faits en lui. Je ne lui dirai jamais, mais le choix du divorce est le meilleur. Je ne l'ai jamais vu aussi heureux que depuis qu'il habite avec toi.
Arrête.
Arrêtez.
Il ne faut pas dire ça.
Vraiment, ce n'est pas quelque chose à dire.
Ne me mentez pas, ne me faites pas plus de mal.
Et même si vous pensez que c'est la vérité, alors taisez-vous quand même.
_ C'est peut-être de faux espoirs Ho-jjang, murmure Kyun, mais c'est vrai qu'il a l'air très attaché à toi.
_ Il va revenir, moi j'en suis certain, sourit timidement Jooheon, en engouffrant un gros morceau de poulet dans sa bouche.
_ J'espère que vous avez raison, dis-je simplement, la voix tremblante et les yeux humides face à ma canette.
_ Allez, mange ! insiste Kihyun, avant de mettre Netflix.
Assis tous les quatre dans le canapé, on passe la soirée à regarder des films et séries débiles, tout en mangeant des cochonneries.
Les bières se sont accumulées, la nourriture aussi, et nous avons ainsi continué notre début de nuit, assis autour de la table basse, à se raconter des anecdotes et histoires sans importance, pour finir par aller se coucher, vers deux heures du matin.
Kihyun est allé dans la chambre d'amis, et Jooheon et Chan ont emprunté notre chambre.
Enfin, ma chambre.
Moi, j'ai insisté pour rester dans le canapé, pour pouvoir l'entendre si jamais il avait décidé de revenir.
Ils m'ont dit qu'il allait revenir, alors je l'attends.
C'est donc après cette soirée agréable et amusante, que je m'allonge dans le canapé, tout en fixant le couloir menant à la porte d'entrée, les larmes dépassants enfin la barrière de mes paupières.
Vers trois heures et demi, après avoir pleuré ce qui s'apparente à quelques litres d'eau salée, je tombe enfin endormis.
Une demi-heure plus tard, je me réveille en sursaut, non pas à cause d'un cauchemar, ou d'un bruit bizarre dans l'appartement, mais bel et bien à cause d'une porte qui s'ouvre.
Se déverrouille serait même plus juste.
Mon coeur bat à tout rompre dans ma poitrine, et je me redresse pour poser mes fesses sur le canapé.
Mes jambes tremblent bien trop pour envisager me lever.
Finalement, après une éternité, un grand corps musclé et imposant fini par dépasser du couloir.
Son grand corps musclé et imposant.
Je souris comme un idiot en remarquant que c'est bien lui qui est là, devant moi.
Mon sourire se flétrit néanmoins rapidement quand j'enlève le voile humide glissé devant mes iris.
Il a une sale tête, et même de loin, je peux clairement comprendre qu'il a fait un long détour vers un bar avoisinant.
L'alcool dans ses veines à l'habitude de s'y balader, ce qui l'empêche de marcher de travers. Ça démarche est presque assurée, mais l'on peux voir dans ses yeux injectés de sang, qu'il a dépassé de très loin la dose prescrite. Même si les larmes y ont fait pour beaucoup à mon humble avis.
Nos regards se croisent, le sien épuisé et triste, le mien soulagé et angoissé.
J'essaye de le réconforter avec un sourire chaleureux, tout en l'observant s'approcher de moi, les yeux à présent humides.
L'alcool, ça rend toujours triste, personne ne déroge à la règle.
_ Hyunnie, soufflé-je, abattu de le voir dans cet état.
Arrivé à ma hauteur, il me soulève sans une once de difficulté et sans en avoir le choix, je me retrouve debout, la tête de mon amant dans le cou, les bras enserrant ma taille avec désespoir.
Son souffle chaud à l'haleine désagréable se répercute sur ma peau sensible, et je frissonne malgré moi, les bras autour de sa nuque.
Je le sers comme si ma vie était en jeu, comme si mon objectif était de l'étouffer pour de bon.
Sa prise se ressert elle aussi, et même s'il est discret, je sais qu'il pleure, là, au creux de mes bras.
_ Tout va bien bébé, c'est fini maintenant. Tout va s'arranger. Laisse le temps au temps, soufflé-je tout contre lui, caressant ses cheveux tendrement.
Ses doigts agrippent l'arrière de mes cuisses, pour enrouler celles-ci autour de ses hanches. Tout en obéissant, je pousse un léger cri de surprise, les bras compressant son cou.
_ Jooheonnie et Kyunnie sont dans notre lit, marmonné-je, collé à lui tel un koala.
Il amorce un mouvement vers le couloir malgré mon avertissement.
_ Et Kiki est dans l'autre.
J'entends un soupir à fendre l'âme juste sous ma tête, et amusé, je le laisse me poser délicatement sur le canapé, pour finir par s'affaler dessus à son tour.
_ Déshabille-toi Hyun, tu ne vas pas dormir comme ça.
Il grogne les yeux fermés, et je tire sur sa manche, pour lui suggérer d'au moins retirer sa veste.
Il gigote et me laisse la lui enlever, et une fois fait, il enlève pressement son pantalon, son pull, et s'allonge de tout son long sur le sofa.
Je me fais ensuite tirer de manière tantôt brusque, tantôt douce, et ris discrètement quand il pose sa jambe sur ma hanche, le torse collé à mon dos, la joue collée à mon omoplate, et les bras enlacés autour de mon torse. J'essaye difficilement de poser le plaid sur nos corps encombrants et me réinstalle ensuite contre lui, le sourire toujours aux lèvres.
_ Bonne nuit petit bébé, murmuré-je, en lui caressant l'avant-bras. Merci d'être revenu.
🏙️
Qu'est-ce que c'est que ce bruit ?
Mon Dieu, la lumière est si forte.
Et son visage est si beau.
Sa chaleur et ses bras autour de moi ne me donnent aucune force pour envisager bouger.
Je caresse avec douceur sa joue de mon pouce, et glisse celui-ci sur ses lèvres bouffies.
D'un sourire amusé, je pose mes lèvres sur les siennes, profitant ainsi de l'aspect moelleux de ses parfaits croissants de chair.
Il sourit !
Seigneur tout-puissant, il sourit inconsciemment dans son sommeil, parce qu'il sent ma bouche contre la sienne !
Il a l'air d'aimer vraiment ça.
Il est magnifique.
Putain.
Je suis si amoureux.
Un autre bruit me fait tourner la tête, et de loin, dans la cuisine, j'aperçois Kihyun occupé à faire je ne sais quoi, un sourire heureux sur les lèvres lui aussi.
Alors que j'allais tenter de me lever, l'arrivée de Changkyun me fait stopper mes mouvements, et pour une raison que j'ignore moi-même, je ferme les yeux, et fais semblant de dormir, les bras engourdis toujours autour de la nuque de mon Hyunwoo.
_ Il est revenu, souffle le plus jeune, l'air soulagé.
_ Il avait plutôt intérêt, sinon j'lui aurais fait sa fête.
_ Quel tempérament mon Kiki.
_ Appelle-moi encore une fois comme ça, et je te fais vivre un enfer.
N'entendant aucune réponse, et stressé à l'idée d'être le témoin d'un meurtre, je me redresse en quatrième vitesse, et m'étends, dans des sons peu gracieux, histoire de bien montrer ma présence.
Ils se retournent dans la seconde, et me regardent, souriant de bonheur.
Je me lève difficilement, en essayant de ne pas réveiller la marmotte à mes côtés, et les rejoins dans la cuisine.
_ Bien dormi ? me demande Ki.
_ Du mal à m'endormir, mais après, c'était parfait, souris-je, enjoué.
_ On se demande bien à partir de quand ça a dû bien aller, pouffe-t-il, amusé et heureux.
_ Ça a été pour lui tu crois ?
_ Il est revenu vers quatre heures. Il a certainement passé sa soirée dans un bar, parce qu'il avait l'air d'avoir pas mal bu, soufflé-je, attristé. Il a sûrement beaucoup pleuré aussi, et a recommencé dans mes bras en revenant.
_ Je ne l'avais jamais vu aussi faible, soupire alors son ami, une tasse à la main, accoudé à l'îlot de la cuisine. Je le connais depuis dix ans, et je ne l'avais jamais vu pleurer. Sa vie a toujours été un long fleuve tranquille, et les remous de ces derniers mois l'ont secoué bien plus que je ne l'aurais cru.
_ Mais il avait besoin d'être secoué, radote le cadet. Ce gars vivait comme un moine depuis vingt-huit ans. Il n'a rien vécu de sa vie, rien d'amusant, de palpitant, d'excitant. C'est triste, mais vaut mieux tard que jamais. Il a pris la bonne décision.
_ Je pense aussi, entend-on depuis le salon, nous laissant sursauter et nous tourner, surpris.
Hyunwoo s'est redressé sur le canapé, il est assis, la tête en pagaille, les traits tirés, les yeux plissés, et le visage blanchâtre.
Le cerveau dans un état lamentable, je pars chercher assez rapidement un médicament pour son mal de tête dans la salle de bain, et le lui apporte, un verre d'eau à la main.
Il prend le tout avec un sourire discret, et l'avale rapidement.
_ Merci, marmonne-t-il de sa voix rauque du matin.
Je rejoins les garçons, et avale ma première gorgée de café.
Ça fait un bien fou.
Heureusement pour moi, on a été raisonnable sur l'alcool hier.
Il s'assied correctement, les pieds touchant le sol, et se gratte la tête sans ménagement, désordonnant ses cheveux plus qu'ils ne pouvaient déjà l'être.
Un sourire bienveillant sur le visage, je sirote une nouvelle fois à ma boisson.
_ Café ? suggère Kiki.
_ Mmh, acquiesce l'ours grognon.
_ Bien dormi ? demande-t-il ensuite, après lui avoir donné sa tasse, tous regroupés dans la cuisine.
Appuyé contre le plan de travail, il nous regarde à tour de rôle, les yeux toujours à moitié fermés, et hoche la tête.
_ Je n'ai jamais aussi bien dormi, dit-il simplement, me laissant affreusement rougir.
Je fixe ma tasse, et ne croise le regard de personne, pour me préserver un minimum.
_ Enfin, j'aurais mieux dormi dans mon lit, mais une petite abeille et un chaton ont piqué ma place.
_ Premier arrivé, premier servi, place juste Changkyun.
_ C'est pas faux, sourit-il, en avalant une grande gorgée de café.
_ Installez-vous à table, moi j'vais réveiller la belle au bois dormant, souffle le plus jeune, en s'éloignant.
_ Traîne pas, où il ne restera plus rien, prévient le petit aux cheveux rouges avant qu'il ne parte trop loin. Tu les connais les deux goinfres.
_ Garde-moi quelques trucs de côté, tu es un amour. Fais attention, ils mordent.
_ Parlez de nous sans gêne, ça ne nous dérange pas, dis-je, ironique.
_ Seule la vérité fait mal, pouffe Hyunwoo, assis face à moi.
_ Même lui l'admet ! rigole Kihyun, affalé sur sa chaise.
_ Hyungwon n'est pas jaloux de vous voir si proche tous les deux ? pouffé-je alors, narquois, en commençant déjà à manger. D'ailleurs, tu faisais quoi chez eux ?
_ Il sait pertinemment que je ne voudrais jamais d'un gamin aussi difficile, râle-t-il, l'air dégoûté de ne serait-ce que l'envisager. Chan m'a demandé de l'aide pour préparer un gâteau pour son père.
_ Je vois, je vois, souris-je, amusé par nos enfantillages.
_ Hyunwoo hyung ! chantonne Jooheon, en arrivant depuis le couloir, son air boudeur du matin passé en un millième de seconde.
Il s'accroche à son cou, dos à lui, et sourit niaisement, tout en me regardant, heureux comme un enfant à qui on offrait le plus beau des cadeaux.
Je lui réponds par le même sourire, tout en buvant une nouvelle gorgée de café.
_ Viens manger, on ne va pas tarder à partir, suggère le cuisinier de ce matin.
_ D'accord, se résigne-t-il, d'une moue tristounette.
Nous avons ensuite discuté de ce que nous avions fait la veille, répétant encore et encore à Hyunwoo qu'il avait vraiment raté quelque chose. Une fois l'estomac plein et les vêtements de la veille enfilés, nos amis sont partis, après nous avoir salué avec amour et bienveillance.
Sans oublier de féliciter Changkyun pour sa nouvelle relation, je les remercie une centaine de fois, avant de bel et bien les laisser partir.
Cette relation qu'il entretient avec le plus grand semble bien partie pour devenir stable, et je suis heureux de voir qu'il se pose enfin confortablement dans quelque chose de sérieux.
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