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Grognons, comme à son habitude ces temps-ci, mon nounours s'évertue à ne pas vouloir se lever.
Des grognements me répondent lorsque j'essaie de le sortir de sa tanière.
_ Pas envie d'aller travailler, râle-t-il, étalé en étoile sur le ventre, la tête pratiquement enfoncée dans le coussin.
Je lui frotte le dos en riant, un genou appuyé sur le matelas.
_ Tu n'as pas le choix bébé, murmuré-je, attendris, debout, on va être en retard sinon.
_ Bébé veut pas, grommelle-t-il. Bébé bien là.
_ Bébé va se bouger, sinon bébé sera sorti de force, souris-je, amusé.
_ Bébé trop lourd.
Que sous-entends-tu Hyunwoo ?
Serait-ce un challenge ?
Pris d'un instinct joueur, je gonfle le torse, inspire fortement, et glissent les mains sous ses bras nus. Avec toute la force dont j'arrive à faire preuve, je le soulève, et tout en râlant, il s'assied au bord du lit.
_ Très bien, tu as gagné, boude-t-il, les yeux fermés, les sourcils froncés, et la bouille enfantine et ensommeillée adorable.
À contre-coeur, il finit part se lever pour rejoindre ce que j'imagine être la salle de bain ou la cuisine.
Un sourire vainqueur au visage, je me trouve pris au dépourvu lorsqu'il passe à côté de moi, tout en me claquant gentiment la fesse, avant de déposer un quart de seconde ses lèvres sur les miennes.
Mon regard larmoyant l'observe partir vers l'extérieur de la chambre, l'estomac tordu de surprise et de bonheur.
Il va vraiment me tuer un jour.
Est-ce qu'il faisait tout ça avec sa femme ?
Pendant huit ans, elle a eu droit à ça ?
Jamais je ne pourrais rêver mieux.
Rêver qu'un jour, il puisse aimer plus que la sensation de nouveauté et la satisfaction d'avoir répondu à sa curiosité.
Pouvoir l'aimer librement, qu'il puisse m'aimer librement.
Qu'il puisse avouer à tout le monde sans honte qu'il est avec moi, et qu'il en est fier.
Avouer à ses parents qu'il n'a pas su faire fonctionner son mariage, mais qu'il est bien plus heureux maintenant qu'il ne l'a jamais été auparavant.
Mon Dieu. Ces rêves sont tellement beaux.
Mais bon. Les rêves sont faits pour l'être.
Quand je pense qu'il m'a offert une fellation hier soir.
Rien que d'y penser, ma poitrine se soulève atrocement vite.
C'était si parfait, si enivrant, si jouissif.
Il était si beau, là, entre mes jambes, à me dominer même de cette manière.
Ses doigts dans ma bouche, son regard incandescent glissé dans le mien, sans jamais le quitter, ses lèvres moelleuses autour de moi.
J'ai l'impression que tout ça n'était qu'un rêve, encore une fois.
Depuis un mois, je pense être dans le coma, tant toute cette situation me semble irréelle.
Hyunwoo apprécie mon corps, et a trouvé la force de faire quelque chose qui le terrorisait et sans doute le dégoûtait rien que d'y penser.
Il a changé pour beaucoup de choses.
On commence à faire les choses de manière naturelle, comme-
Comme un couple.
C'est déroutant, bien trop.
Il ne me demande plus de l'aider, il prend des initiatives, devient entreprenant, envieux.
Il commence à prendre lui-même les décisions, comme il devrait toujours le faire.
Il pense à lui, à son plaisir, son bonheur.
Et de penser que son bonheur consiste entre autres à me savoir heureux, à me faire plaisir, ça suffit à me donner l'envie de pleurer.
Est-ce qu'il a pris sa décision après son discours avec sa femme ?
Étais-ce une façon de rompre définitivement avec elle ?
Tout ça est encore tellement flou.
Je ne sais même pas ce à quoi il pense.
Ce qu'il pense de nous, d'eux deux, de lui-même.
Est-ce qu'il l'aime encore ? Est-ce qu'il m'aime ? Est-ce qu'il envisage de rester avec moi après son divorce ? Est-ce qu'il va rester avec elle ?
Il faut que je prenne un médicament, mon crâne va exploser à force de ressasser ces idées tristes.
_ Tu as pris ta douche avant de me réveiller, j'ai entendu le bruit de l'eau couler, dit-il, en sortant de la salle de bain, alors que j'enfilais ma chemise d'uniforme dans le salon.
_ Oui, je voulais te laisser dormir le plus longtemps possible, souris-je, en enfilant ma cravate.
_ Je devais quand même prendre ma douche, tu aurais dû la prendre avec moi, boude-t-il, en s'asseyant à table, où tout était déjà préparé pour manger.
Le sourire aux lèvres, et l'estomac serré, je le rejoins, la cravate encore détachée.
_ Ne sois pas triste Hyunnie, promis, je ne le ferai plus, souris-je chaleureusement, amusé de son côté câlin que je ne lui aurais jamais soupçonné.
_ Mmh, marmonne-t-il, en dévorant son repas.
Nous ressemblons vraiment à un petit couple, c'est si bizarre, et génial à la fois.
J'adore cette sensation.
_ Viens ici, soupiré-je, en agrippant son col de veste mal mit, après avoir terminé le petit-déjeuner.
Je réajuste ce dernier, le sourire aux lèvres, et entoure ensuite son cou de la cravate, que je noue et ajuste correctement. J'époussette finalement ses épaulettes, et recule de quelques pas, pour pouvoir admirer ce chef-d'œuvre.
L'uniforme lui va si bien, mon Dieu.
Debout dans le salon, la tête penchée et un fin sourire aux lèvres, il me regarde avec innocence et tendresse.
_ Je suis beau ?
_ À couper le souffle, murmuré-je, abasourdis devant sa beauté.
Il rit timidement et s'approche de moi, pour venir déposer ses lèvres sur mon front, en un baiser chaste et délicat.
_ Tu l'es bien plus que moi Seokkie, souffle-t-il, en m'embrassant le bout du nez.
Le noeud dans mon estomac me titille agréablement et désagréablement à la fois, et je le regarde mettre ses chaussures, avant de faire de même, le rouge aux joues.
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_ J'ai envie de prendre des vacances, souffle-t-il d'un coup, alors que le silence perdurait depuis bien plus d'une heure dans le cockpit.
_ Comme ça, d'un coup ? pouffé-je. C'est une bonne idée, tu prends rarement des congés, il faut que ça change.
_ Prends-les en même temps que moi.
_ Moi ? Pourquoi ? posé-je, étonné.
_ Parce que je veux partir quelque part avec toi, claque-t-il, comme une évidence.
_ Oh, soufflé-je, étonné et très ému.
_ Tu ne veux pas ? demande-t-il, tout piteux.
_ Mmh, je ne sais pas, il faut que j'y réfléchisse, essayé-je de plaisanter, le coeur au bord de l'arrêt cardiaque.
_ Tu n'as pas le choix, déclare-t-il ensuite, tout en buvant une gorgée de café. Tu es obligé de suivre mes demandes égoïstes.
_ Dit donc jeune homme ! m'écris-je. Il me semble qu'on abuse de plus en plus de son pouvoir !
Il me sourit à pleines dents, et mon organe vital fond plus encore que les instants précédents.
_ Ne me regarde pas comme ça, c'est bien trop éblouissant, plissé-je les yeux, en me cachant le visage de mes mains.
Il rit sans gêne, et se reconcentre sur son travail.
_ Tu voudrais qu'on parte quand ? demandé-je alors, enjoué.
_ J'aurais aimé partir le plus tôt possible. Aujourd'hui, demain, peu importe, explique-t-il, en fixant le ciel à perte de vue devant nous.
_ Si pressé, pouffé-je. Mais, tu es pris ce week-end, murmuré-je, en regardant mes doigts posés sur les commandes.
_ Oh, c'est vrai, dit-il, peu enchanté.
Il soupire bruyamment, et ne dit plus rien durant tout le reste du trajet.
Nous n'avons pas pris de congé, et la semaine est passée très vite.
Les trajets étaient lointains et nombreux, et dès que la chambre nous était disponible, nous foncions nous doucher, pour ensuite dormir.
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_ Le déjeuner est servi, chuchote quelqu'un à mon oreille, alors que je suis encore bien emmitouflé dans la couette.
_ Mmh, grondé-je, en me retournant.
_ Ça va refroidir, insiste-t-il, en mordillant mon lobe. Debout marmotte.
Je me redresse après avoir râlé encore un peu, et le suis gentiment jusqu'à la salle à manger, où je m'assieds face à lui.
Ses lèvres gonflées, ses cheveux en bataille et ses petites lunettes le rendent si mignon, que je me retiens comme un fou de ne pas littéralement le croquer.
À la place, j'engloutis ce qu'il a préparé avec je l'espère, amour.
Mais au vu du réveil romantique et chaleureux que je viens d'avoir, comment pourrait-il en être autrement ?
Ce n'était peut-être qu'un rêve ça aussi.
Comment je me suis réellement réveillé ?
Je n'en sais vraiment rien.
_ Bien dormi ? demandé-je, après avoir avalé la première bouchée.
_ Mmh mmh, acquiesce-t-il. Comme toujours, et toi ?
_ Pareil, souris-je, en fixant ses petits yeux rieurs à travers ses lunettes.
_ Parfait, parfait, sourit-il de la même manière.
_ Tu fais comme la dernière fois ? Tu pars après avoir mangé ? posé-je, sans trop vraiment le vouloir.
_ Je ferai ça demain, décrète-t-il. Je préfère profiter de mon samedi, et réfléchir encore un peu, comme je ne travaille pas, ça va être plus simple.
_ Oh, soufflé-je. Tu as bien raison, pose-toi et prends le temps de peser le pour et le contre.
_ Je ne fais que ça depuis des jours tu sais, soupire-t-il, en engouffrant une bouchée de son repas.
_ J'imagine bien Hyunwoo, comment penser à autre chose ? dis-je, tristement. Ce n'est pas quelque chose de facile.
_ J'y arrive, mais seulement quand tu es là, avoue-t-il, le regard rivé sur sa tasse de café.
_ Ne dis pas des choses comme ça Hyunnie, marmonné-je, après avoir longuement inspiré, le coeur douloureux.
_ Pourquoi ?
_ Pourquoi ? répété-je, en soupirant. Parce que entre hommes, il n'y a pas que le sexe qui existe.
_ Comment ça ? ose-t-il, complètement perdu.
_ Peu importe. Repose-toi, et prends le temps de réfléchir, conclus-je, en souriant.
_ Mmh, cède-t-il.
Il n'a pas l'air dans son assiette.
Il avait l'air si enjoué ce matin. Il a préparé le repas, et m'a réveillé de manière si douce et amoureuse.
Et moi, qu'est-ce que j'ai fait ?
J'ai ressassé de mauvaises choses, tout en étant d'une humeur exécrable.
Il y a vraiment des fois où je m'empêche de justesse de me gifler.
Cette histoire m'angoisse tellement il faut dire. Je n'arrive à rien contrôler.
J'ai si peur.
_ Tu veux en discuter ? murmuré-je alors, un sourire fin et désolé sur les lèvres. Ça peut peut-être t'aider à réfléchir plus facilement.
_ Qu'est-ce que tu en penses toi ? pose-t-il comme réponse, en s'appuyant lourdement contre le dossier de sa chaise, les mains posées sur ses cuisses.
_ Ah non, ça ne marche pas comme ça, soufflé-je du nez. Seul ton avis compte. Dis-moi, est-ce que tu l'aimes ? tenté-je, doucement.
_ Je suis avec elle depuis huit ans, dit-il, après un fin soupir. Bien sûr que j'ai des sentiments pour elle.
Évidemment.
Comment pourrait-il en être autrement ?
_ Est-ce qu'ils sont aussi forts que tu le penses ? dis-je, hésitant.
_ Je-je ne sais pas trop, souffle-t-il, pris au dépourvu.
_ Est-ce que tu y réfléchis parce que tu as peur de te jeter dans le vide ? Peur de l'inconnu ? Peur de décevoir tes parents ? Ou est-ce parce que tu réfléchis vraiment à lui pardonner parce que tu l'aimes et qu'elle le mérite ? lâché-je, la poitrine en vrac.
_ Un peu des deux, sans doute, hausse-t-il les épaules, totalement paumé.
Est-ce que tu te sens mieux lorsque tu es à mes côtés, ou à ses côtés ?
_ Est-ce que tu penses que ça va changer si tu retournes auprès d'elle ? Est-ce qu'elle fera attention à toi ? Est-ce qu'elle prendra tes sentiments et envies en compte ?
_ Elle avait l'air de vraiment vouloir essayer, marmonne-t-il, penaud.
Eh merde.
Je te connais trop bien.
Foutu Hyunwoo.
_ Et tu penses qu'elle ne se force pas par peur de te perdre ? De tout perdre ? Combien de temps tu crois que ça va durer ? deviens-je plus insistant.
Le regard bloqué sur sa tasse de café, il ne sait plus quoi dire. Ses sourcils sont froncés, ses doigts cramponnés à sa boisson.
Il semble si perdu.
Ça me torture de le voir ainsi.
Je veux le voir sourire à nouveau.
Je veux qu'il arrête de souffrir, et qu'il soit juste apaisé et heureux.
Il ne mérite pas tout ça, pas lui. Il mérite qu'on le choie, qu'on le dorlote, qu'on ne fasse attention qu'à lui, qu'on le protège, qu'on l'aime.
Son Hyunwoo mérite le monde sur un plateau d'or.
_ Je vais me préparer et y aller, plus vite c'est fait, mieux c'est, claque-t-il soudain, en se levant.
Après un sursaut incontrôlable, je le regarde marcher en direction du couloir, les larmes au bord des yeux.
_ Tu sais quoi faire ? posé-je, timidement.
_ Non, souffle-t-il, mais j'aviserai. Je sais qu'agir sur un coup de tête n'est pas l'idéal, mais si j'attends encore, je vais devenir fou. Il faut que cette situation bouge, et maintenant.
Que veut-il dire par là ?
Hyunwoo, par pitié, arrête de me torturer ainsi.
_ Est-ce que je t'attends pour manger ce soir ? essayé-je, les larmes menaçant de céder d'un moment à l'autre.
_ Je n'en sais rien Hoseok, mais dans le doute, ne m'attends pas, d'accord ? soupire-t-il, d'un sourire contrit, en revenant vers moi. Merci encore pour tout, dit-il, en embrassant mon front, avant de partir dans la salle de bain.
Ça sonnait plutôt comme un adieu ça, non ?
Non, non, non.
Arrête de dire des conneries Seok.
Il avait l'air sûr de lui. Il lui a fait comprendre que c'était fini la semaine dernière.
Il ne peut pas avoir changé d'avis.
Non. C'est impossible.
Mais même en admettant qu'il divorce, il va sûrement vivre dans une maison ou un appartement, seul.
Il ne m'aime pas comme moi j'ai commencé à l'aimer.
Je pensais que ça allait être aussi simple qu'avec Changkyun. Qu'on allait simplement se faire plaisir. Mais ça ne s'est pas passé comme je le voulais.
Mes sentiments sont devenu plus fort et je ne peux pas les contrôler.
Il n'aime pas les hommes, et surtout, ne m'aime pas moi.
Sa curiosité le ronge, et je suis en train de l'assouvir petit à petit. Quand il aura trouvé la force de me baiser, il aura tout testé, et pourra s'arrêter le coeur léger.
Et moi dans cette histoire, je n'ai fait que penser aux autres, penser à lui. Comme d'habitude.
N'y a-t-il aucun juste-milieu ?
Une relation où l'on pourrait penser à l'autre et à soi-même de manière égale ?
Je ne suis qu'un abruti.
Un idiot qui a peur de perdre son collègue, ami, et amant.
_ J'y vais, confie-t-il en revenant, me faisant lourdement retomber sur terre.
_ À bientôt, soufflé-je, en essayant de sourire sincèrement, alors que mes yeux humides me trahissent bien trop facilement.
Il m'embrasse à nouveau le front, et alors qu'il allait partir, j'agrippe son pull de manière possessive, à moitié lever de ma chaise.
Mes lèvres se collent aux siennes, et je le regarde après m'être éloigné, les yeux larmoyants.
_ Reviens vite, soufflé-je, d'un ton suppliant et totalement lamentable.
Il me sourit timidement, déstabilisé par mes faits et gestes, et part sans un mot de plus.
Les minutes et les heures paraissent alors durer une éternité.
Mais je n'ai d'autres choix que de l'attendre.
Il est revenu la dernière fois, et je n'étais pas là.
Je ne veux pas que ça se reproduise.
Il va revenir, et je serai là pour l'accueillir.
Je vais refaire quelques courses, quelques heures de sport, regarder la télé, et téléphoner à Changkyun en soirée, si Hyun n'est toujours pas revenu et que l'envie de me jeter par la fenêtre me viens.
Si je ne peux pas aller voir le plus jeune parce que je ne veux pas quitter l'appartement trop longtemps, je peux au moins l'appeler.
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