" Demain, je vais m'absenter avec quelques élèves pour accompagner Alyssia voir sa mère. Carter et Armande nous accompagneront pour pouvoir être en sécurité. "
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Naïa me rejoignit quelques secondes plus tard.
- Le directeur a dit que nous devions nous entraîner dans une salle à part pour éviter qu'on soit dérangées car il a dit que notre partenariat était celui qui comptait le plus et qui avait le plus de possibilité d'aboutir à une énorme coopération, même si je ne comprends pas vraiment comment ça pourrait être possible puisque je suis une sorcière et toi un mage.
Je hochai simplement la tête. C'était aussi sûrement pour éviter que le traître ne puisse apprendre qu'un mage pouvait décupler ses pouvoirs à l'aide d'une sorcière. Il avait pensé à tout.
Je fis signe à Naïa de me suivre. Je me dirigeai vers la salle que j'avais utilisé une fois avec Mia lorsqu'on essayait de mettre à profit mes talents de guérisseuse sur un animal modélisé. Une fois que la porte fut fermée derrière nous, j'expliquai à Naïa comment elle pouvait m'aider.
- J'ai appris grâce au premier mage ayant possédé ma magie qu'une sorcière pouvait canaliser l'énergie d'un mage pour pouvoir en multiplier l'impact. Métaphoriquement, je suis un boulet et tu es le canon. Grâce à tes pouvoirs tu peux diriger ma magie en évitant les pertes inutiles dans l'air, ce qui permet de rendre mes attaques beaucoup plus puissantes.
- Comment as-tu parlé au premier mage ? En cours, ils ont dit qu'il n'en existait plus aucun.
Je lui racontai alors rapidement la découverte du carnet d'Athanatos, sans entrer dans les détails. Elle avait l'air étonnée par cette nouvelle mais cela l'excita de pouvoir tester quelque chose que personne encore vivant aujourd'hui n'avait testé.
On ne savait pas réellement comment s'y prendre étant donné que nous n'avions aucun manuscrit pour nous guider. Par quoi fallait-il commencer ? Quel sortilège était nécessaire pour canaliser mon énergie ? La tâche s'annonçait beaucoup plus compliqué que prévu.
Pendant deux bonnes heures on testa plusieurs sortilèges que Naïa inventait sur le tas pour essayer de répondre à nos attentes grâce à ses connaissances. Elle créait des sortilèges pouvant potentiellement multiplié ma force magique, comme l'avaient fait les sorcières à l'époque.
Mais pour l'instant, aucun d'eux n'avait fonctionné et on commençait à fatiguer car l'utilisation de la magie n'était pas sans effort. Alors qu'au début nous étions motivés et déterminés, à présent nous avions le moral dans les chaussettes et nous étions en train de déprimées. N'allions-nous jamais y arriver ?
Je lançai ce fameux boulet de canon qui était en réalité une simple boule d'énergie lumineuse et Naïa devait en décupler la force mais ma boule ne changeait pas de caractéristiques malgré les sorts de Naïa. On commençai à désespérer et le cours du soir touchait à sa fin.
- On tente une dernière fois ? proposai-je à Naïa.
On transpirait toutes les deux à grosses gouttes à cause de l'effort que demandait l'utilisation de la magie en continu depuis plusieurs heures. On était exténuées. Je n'avais qu'une envie à présent : aller dormir. Naïa accepta et on recommença une dernière fois.
Je lançais cette fameuse boule d'énergie à travers la salle et ma soeur employa un nouveau sortilège qu'elle venait à nouveau d'inventer. La soirée avait dû être plus éprouvante pour elle que pour moi.
J'entendis alors une énorme explosion. Je tournai la tête vers la source du bruit et le mur avait été transpercé par ma magie pour la première fois de la soirée. J'ouvris de grands yeux et je regardai Naïa avec étonnement. Elle avait la même expression que moi sur son visage. L'étonnement se transforma en soulagement puis joie.
On sauta dans les bras de l'une et l'autre. On avait réussi à le faire ! On tenait notre début ! Il ne restait plus qu'à affiner les sortilèges pour qu'on puisse mieux les maîtriser mais on avait déjà avancer d'un pas ! Mon coeur se sentit soudainement plus léger.
Andrew entra en trombe dans la pièce, sûrement averti par le bruit qu'avait produit ma magie lorsqu'elle avait rencontré le mur. Il nous regarda d'abord nous enlacer puis le mur. Il comprit alors.
- Vous avez réussi ?
Je hochai vigoureusement la tête, excitée par cet exploit. Lui aussi eu l'air soulagé. C'était un premier pas vers la victoire anéantissante de Nicolas.
- Vous nous rejoignez, j'ai quelque chose à vous annoncer à tous.
On le suivit lorsque le directeur quitta la pièce. Je savais déjà quelle nouvelle il allait annoncer mais Naïa ne le savait pas. Lorsqu'on arriva dans la pièce principale, les élèves s'étaient déjà rassemblés auprès de M. Herrigan qui n'attendait qu'Andrew pour annoncer la nouvelle.
Le silence s'abattit sur la pièce lorsque le directeur se gratta la gorge pour demander l'attention des élèves. Je rejoignis mon groupe d'amis. Carter haussa un sourcil pour demander où est-ce que j'étais et ce que je faisais. Je lui fis comprendre que je lui expliquerai après. Il pourrait tout aussi bien lire dans mon esprit s'il n'avait pas la patience d'attendre mes explications.
- Demain, je vais m'absenter avec quelques élèves pour accompagner Alyssia voir sa mère. Carter et Armande nous accompagneront pour pouvoir être en sécurité. Je compte sur vous pour vous auto-discipliner et ne pas causer de problèmes durant mon absence.
... C'était la seule information que j'avais à vous communiquer. Vous avez fait du bon travail ce soir, je vous félicite, vous pouvez aller vous coucher et prendre le repos dont vous méritez. Je vous dispense ce soir des rondes car demain elles seront intensifiées dues au fait que je ne serai pas là.
Le brouhaha reprit et les élèves quittèrent la salle petit à petit.
- Pourquoi est-ce que tu vas voir ta mère tout à coup ? me demanda Tegan lorsque nous avions regagnés le hall d'entrée.
- Je ne suis pas allée la voir depuis qu'elle est décédée. Elle me manque.
Il hocha la tête et on se sépara au premier étage. Carter était allé discuter avec Andrew à la fin du cours du soir, sûrement pour demander plus d'explications sur notre petite excursion du lendemain. Je regagnai donc ma chambre lentement, espérant qu'il me rejoindrait sur le chemin. Il faisait nuit noire et les couloirs étaient sombres et avaient l'air terrifiant.
Je pénétrai dans ma chambre et je fermai la porte derrière moi sans prendre la peine d'allumer la lumière. Je jetai un coup d'oeil par la fenêtre pour admirer le paysage si paisible : les conifères qui s'étendaient à perte de vue avec la pleine lune qui permettait d'illuminer le tout. Le silence, la nature, ça avait quelque chose d'apaisant.
Je me retournai pour aller prendre un pyjama dans mon armoire lorsque je vis une silhouette dans ma chambre. Elle avait les cheveux noirs, les yeux noirs et je reconnus immédiatement le tatouage placé au-dessus de son sein : un cercle avec une tête de mort à l'intérieur. Il s'agissait de Zara.
Je fis un pas en arrière pour tenter de m'éloigner d'elle. Elle continuait de me terrifier. Elle s'approcha de moi au fur et à mesure que je reculai. Mais arriva le moment fatidique où je me cognais contre la fenêtre derrière moi et où je ne pouvais plus reculer. Elle continua de s'approcher et elle leva les mains comme pour m'étrangler.
Je me mis à hurler de toutes mes forces. J'étais terrorisée. Pourquoi est-ce que les fantômes venaient me rendre visite durant mon éveil ? Comment était-ce possible ? Ils ne le faisaient pas avant. Je me recroquevillai en boule, la tête cachée par mes bras pour me protéger.
- Fais attention à toi, entendis-je Zara murmurer à mon oreille.
Je me bouchai instantanément les oreilles et je hurlai de plus belle. Je voulais qu'on me laisse tranquille. Pourquoi est-ce que ce genre de chose n'arrivait qu'à moi ? Des larmes commençaient à tracer leur chemin le long de mes joues. J'étais terrorisée. Je voulais que tout ça s'arrête. J'en avais marre de ces fantômes qui venaient m'effrayer constamment. Laissez-moi tranquille !
La lumière remplaça l'obscurité et j'entendis des pas s'approcher de moi. Zara allait finir par me tuer par un arrêt cardiaque. J'étais en train de trembler de peur et je répétais en boucle "Va-t-en", comme si j'étais une malade mentale. Quelqu'un prononça mon prénom en posant sa main sur mon épaule et je me mis une nouvelle fois à crier en donnant un mouvement de bras pour retirer la main. Je ne voulais pas qu'on me touche. J'en avais assez !
J'ouvris par la même occasion les yeux et je tombai nez à nez avec Carter. Il avait l'air inquiet. Je me sentis soulagée instantanément en le voyant : j'étais en sécurité à présent. Je le regardai dans les yeux et je me mis à pleurer une nouvelle fois. Il ne dit rien et se contenta de me serrer dans ses bras, tous les deux assis par terre. Aujourd'hui, j'avais l'impression d'être une éponge gorgée d'eau qui débordait dès qu'on la pressait. Et bien entendu, les fantômes étaient les personnes qui la pressaient.
Lorsque mes sanglots furent calmés, il me fit me lever pour aller m'asseoir sur le lit, bien plus confortable que le parquet froid de ma chambre. Il prit place à côté de moi. Il caressa mon dos de haut en bas pour me montrer son soutien.
- Tu veux me parler de ce qu'il s'est passé ? me demanda Carter avec une voix rassurante.
- Je deviens folle, répondis-je simplement après quelques secondes.