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_ Et voilà mon chez-moi ! m'écris-je, en m'écartant de l'entrée, pour le laisser passer.
_ Merci. C'est simple et chaleureux, comme je m'y attendais, dit-il, la tête bougeant dans tous les sens.
_ Fais comme chez toi, insisté-je. Tu as encore des vêtements de rechange ?
_ Oui ne t'inquiète pas, merci, répond-il, en posant son sac à l'entrée du séjour.
_ Tu peux aller prendre ta douche si tu veux, c'est la première porte à droite, moi je vais commander les pizzas, suggéré-je, en pianotant déjà sur mon téléphone, debout dans le salon.
_ Je vais faire ça, merci, acquiesce-t-il, en fouillant dans son sac. Une spéciale pour moi.
_ Ça marche !
Le bruit de l'eau qui coule me gargouille étrangement l'estomac.
Ça fait vraiment bizarre d'avoir quelqu'un chez moi.
Bizarre, mais tellement agréable.
Moi qui n'aime pas la solitude, ce soir, Hyunwoo est un cadeau.
Tout en se séchant les cheveux, un t-shirt et jogging revêtu, il observe les cadres photo placés sur le mur derrière le canapé où nous sommes assis en train de manger.
_ Ton appart est vraiment beau, souffle-t-il, en tournant la tête dans tous les sens, la bouche pleine.
_ Merci, souris-je, flatté. Je voulais quelque chose entre le grand et le petit. Je suis assez difficile, je l'admets, mais la douche italienne a su me faire dire oui, soufflé-je du nez.
_ Et c'est tout à fait légitime, répond-il, avec le même ton. C'est si agréable d'avoir de la place quand on se lave. Ça détend vraiment.
_ Et crois-moi qu'une grande douche, c'est pas pratique que pour ça, soufflé-je, d'humeur narquoise.
_ Connaissant ta vie trépidante, je n'en doute pas, rit-il, en mordant dans sa troisième part de pizza.
_ Es-tu déjà monté au septième ciel autrement qu'avec un avion Hyunwoo ? posé-je soudain, sans gêne ni discrétion, tout en mangeant.
_ Honnêtement, je ne sais pas Hoseok, bafouille-t-il, distrait.
_ Tu es si traditionnel, soufflé-je, effaré. C'est effrayant.
_ Traditionnel ? C'est un adjectif peu commun pour décrire une personne, s'amuse-t-il à dire, incertain.
_ Avoir une douce et gentille femme, qui tient une maison de manière irréprochable, avec des ovules productifs, et l'envie de fonder une famille rapidement. Être un mari irréprochable, avec une bonne situation, et l'envie d'avoir une belle descendance, pour rendre ses parents fiers, énuméré-je, en avalant ma quatrième part. Tu es si, normal. Et ta vie semble si triste, murmuré-je pratiquement, en partant dans la cuisine pour ensuite revenir avec des boissons. Tiens, une bière, dis-je, en la lui tendant.
L'air neutre, mais peiné, il répond après avoir ouvert sa canette et avalé sa première gorgée.
_ Tu sembles bien trop franc ce soir.
_ Mais comme on dit toujours, c'est la vérité qui fait le plus mal, pas vrai ? soupiré-je, désolé d'avoir dépassé les limites du savoir-vivre.
_ Je suis triste et heureux de savoir qu'on pense la même chose, dit-il, résigné, en levant sa canette. À nos vies trépidantes, s'écrie-t-il, en faisant taper nos boissons l'une à l'autre.
Il avale une grande gorgée d'alcool, et grogne pratiquement de bonheur, en la reposant sur la table basse.
_ On échange de vie Seok ? Seulement pour quelques jours, demande-t-il, un sourire triste sur sa frimousse adorable.
_ C'est quoi que tu aimerais changer ou essayer concrètement ? posé-je, malicieux. Tu veux que je couche avec ta femme ? Que je me confronte à elle et que je te fasse divorcer, ou alors c'est surtout toi qui veux apprendre à vivre pour toi et à apprendre ce qu'est réellement le plaisir ?
_ Coucher avec ma femme serait inutile, soupire-t-il, en buvant de nouveau à grande rasade.
_ Tu sais qu'une fois qu'on a goûté à la chaire masculine, on ne peut plus s'en passer ? le titillé-je, fasciné par les changements de comportement de mon ami depuis les tourbillons de sa vie.
_ Ça fait quatre ans que tu m'expliques en détail tes relations intimes, confie-t-il, en terminant sa canette. Même si au début je trouvais ça bizarre à écouter, maintenant, ça ne fait qu'attiser ma curiosité. À t'entendre, je n'ai rien vécu de ma vie et je n'ai jamais réellement joui. Ça m'énerve et me frustre bien trop, conclut-il, en terminant cette fois-ci sa pizza.
_ Aurais-je déridé le plus hétéro de tous les hétéros avec mes histoires romantiques ? ris-je.
_ Romantique, répète-t-il en riant, le dos appuyé de tout son poids contre le dossier du canapé.
_ On ne peut pas échanger de vie Hyunnie, placé-je ensuite, sérieux, mais tu peux affronter ta femme, et ensuite entrer dans un bar gay. On ne peut pas savoir tant qu'on n'a pas essayé, terminé-je, en haussant les épaules, bien trop nonchalant sur le sujet.
_ C'est une phrase que j'ai balancée comme ça, ne prend pas ça au sérieux, conclut-il rapidement, en se grattant le ventre par-dessus son t-shirt.
_ Les choses balancées comme ça, sont la plupart du temps le reflet de la vérité, essayé-je de lui faire comprendre. Continue à te voiler la face Hyunwoo, mais ce qui s'est échappé de ta bouche pour moi veut tout dire.
_ Je ne serai jamais gay, intervient-il, de manière un peu trop rude. Je n'ai jamais été excité par un homme en vingt-huit ans d'existence, ça n'arrivera donc jamais. Et qu'est-ce qui veut tout dire exactement ? pose-t-il, perdu et stressé d'entendre la réponse bien trop franche que je pourrais avoir.
_ Que tu dois quitter ta femme et te redécouvrir, dis-je, impartial. Enfin, te découvrir.
_ Ça fait sept ans qu'on est marié et huit ans qu'on sort ensemble. Ce n'est pas aussi facile que tu le penses, soupire-t-il, en se frottant énergiquement le visage.
_ Je ne veux pas insister plus sur ce sujet, commencé-je, d'un ton calme et doux, parce que je ne connais pas votre couple et que je ne veux pas me mêler de chose qui ne me concerne pas. Je t'ai déjà dit la majorité de ce que je pensais. Maintenant, c'est à toi de voir. Si tu es heureux comme ça, alors moi je le suis aussi, souris-je, avec sincérité, et ma porte te sera toujours ouverte si jamais tu décidais de venir t'y réfugier un jour de temps en temps, ou même de manière un peu plus longue, si tu décidais de prendre une pause, le réconforté-je.
_ Une pause ? souffle-t-il, les sourcils froncés.
_ Si tu ne veux pas divorcer, mais que tu n'es pas sûr de savoir lui pardonner, ni de savoir quoi faire de manière générale, tu peux lui proposer de faire un break. Comme ça, ça te laisse le temps de te changer les idées, de réfléchir à tête reposée, et d'essayer de trouver la meilleure solution à adopter. Savoir ce qui serait le mieux pour vous, pour toi. Vous restez ensemble, mais vous prenez de la distance et vous prenez le temps de vous poser. Tu peux rester ici le temps de trouver les réponses à tes questions, ça ne me dérange pas, au contraire, de la compagnie fait toujours plaisir, et en plus, j'ai une chambre d'amis, terminé-je, avec un sourire que j'espère chaleureux.
_ Ce n'est pas une mauvaise idée, semble-t-il réfléchir intensément. C'est un compromis entre la rupture, et le pardon, marmonne-t-il. J'irai sans doute lui parler demain, je te tiendrai au courant.
_ On fait comme ça, souris-je, avec douceur. Allez ! Au futur nouveau Hyunwoo ! m'élancé-je, en levant ma canette presque vide.
Il sourit, amusé et perdu à la fois, et fait de nouveau claquer sa canette à la mienne.
La soirée s'est ensuite calmée. Les discours francs et remises en question se sont stoppées, et nous avons pu profiter d'une soirée tranquille devant la télé, comme on aurait pu le faire dans les hôtels où nous nous arrêtons habituellement.
✈️
Debout dans le cockpit, appuyé contre la porte, un café dans une main, et l'autre dans sa poche d'uniforme, mon collègue profite de son temps libre avant de démarrer une journée de travail chargée.
_ On a quoi aujourd'hui, monsieur le secrétaire ?
Assis sur mon siège attitré, la fiche de vol dans les mains, je soupire avant de lui répondre, amusé de sa nonchalance.
_ Tu ne liras donc jamais ta feuille ? dis-je, en levant les yeux au ciel. Six vols. Des nationaux pour la plupart.
_ Ok, c'est parfait, conclut-il, un fin étirement des lèvres calé sur le visage. On n'aura pas mal de pause entre les trajets, je ne serai pas trop fatigué ce soir.
_ Envois-moi un sms si tu reviens chez moi, comme ça je sais, dis-je simplement, en souriant de manière réconfortante.
_ Oui, aucun souci, merci.
_ Tu es stressé, pas vrai ? soufflé-je, triste de le voir dans un état qu'il essaye de faire discret.
_ Oui, assez, avoue-t-il, résigné, en s'asseyant. Je ne veux faire souffrir personne, mais je sais qu'elle, elle n'a pas réfléchi à la douleur qu'elle allait me faire en me trompant, soupire-t-il, la tête pleine de brouillard. J'essaye de me répéter que je dois penser plus à moi, mais c'est vraiment difficile. On avait en tête de faire un enfant, soupire-t-il, en fixant le fond de sa tasse, ce n'est quand même pas rien.
Je me lève alors de mon siège, le coeur douloureux de voir mon ami ainsi, et lui frotte timidement le dos, un sourire compatissant aux lèvres.
_ C'est pour ça que tu dois prendre le temps de te poser. Tu as raison, la situation est complexe et demande réflexion et courage. Vous devez prendre du recul, et chacun de votre côté, pour ne rien fausser.
_ Oui, tu as raison, une pause est vraiment ce dont j'ai besoin. J'ai besoin de distance, soupire-t-il à nouveau, bruyamment.
_ Tu n'avais plus envie de rentrer chez toi, insisté-je. Si tu ne prends pas cette pause, c'est voué à l'échec.
_ Mmh, acquiesce-t-il, presque boudeur. Osaka ce matin ? pose-t-il ensuite, histoire de penser à autre chose.
_ Osaka, conclus-je, en retournant m'asseoir.
_ Tout est bouclé, on peut y aller, déclare officiellement l'hôtesse, venue si discrètement qu'elle m'a fait sursauter.
_ Parfait, j'attends l'accord de la tour de contrôle, et on y va, signale le pilote assis à mes côtés.
_ Parfait, conclut-elle en s'en allant.
_ Au fait, s'avance-t-il, tu lui as déjà dit qu'elle ne t'intéressait pas ?
_ Dit ça à qui ? demandé-je, interrogateur.
_ À l'hôtesse qui te drague depuis environ deux ans, pouffe-t-il, en faisant un signe de tête vers l'arrière.
_ Non, réponds-je alors, et je compte bien ne rien dire. Je sais qu'elle aimerait juste s'envoyer en l'air avec moi, et donc que ses sentiments ne sont pas à ménager.
_ Pourtant elle n'est pas moche.
_ Je ne couche pas avec tous les gens que je trouve beau Hyunwoo, pouffé-je. Cependant, tu as raison, elle est jolie, mais je suis dans une passade ou je préfère les hommes. Je crois même que je ne changerai plus d'avis, déclaré-je, plutôt pour moi-même que pour mon collègue.
_ Tu aimes être chouchouté, dit-il, comme pour conclure ce que je venais de dire.
_ Exactement, souris-je comme un idiot. Tu me connais trop bien.
_ En même temps, ce n'est pas faute de louper les monologues sur ta vie personnelle, pouffe-t-il.
_ Ça ne t'a jamais dérangé plus que ça, ris-je à mon tour.
_ Non, c'est vrai, je trouve ça amusant, avoue-t-il. J'aime la façon dont tu racontes ça.
_ Si je peux te divertir alors je suis encore plus content ! Je vais essayer de te trouver de nouvelles histoires intéressantes, souris-je, amusé.
_ Prends ton temps surtout, dit-il, toujours autant hilare.
_ Ne t'inquiète pas pour moi, souris-je, plus posément. On a l'autorisation de décoller, placé-je ensuite.
_ Ok, let's go !
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