Septième ciel ↬ ˢʰᵒʷᴴᵒ

By Niniegom

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_ Tu es si traditionnel. C'est effrayant. _ Traditionnel ? C'est un adjectif peu commun pour décrire une pers... More

Septième ciel
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Atterrissage
Joyeux Noël

Décollage

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By Niniegom


✈️

_ Hoseokkie ? pose soudain mon collègue, assis derrière ses commandes, dans le cockpit. Je peux te poser une question indiscrète ?

 

Assis à ses côtés, je souris, amusé par sa curiosité, et lui réponds.

_ Je t'en prie, fais-toi plaisir.

_ Dans tes relations intimes, tu es celui qui, hésite-t-il, la tête bien droite, enfin...

_ Ça dépend des partenaires, réponds-je sans plus de réflexion, voyant où il voulait en venir, mais la plupart du temps, j'aime qu'on prenne les commandes. Et toi ?

 

Il hoche la tête, enregistrant les informations petit à petit, puis fronce les sourcils.

_ Moi ? pose-t-il, incrédule. Je suis hétéro.

_ Ça ne veut rien dire ça, pouffé-je. Beaucoup d'hommes aiment que les femmes prennent les commandes durant leurs rapports, expliqué-je, tout en effectuant quelques manipulations sur l'appareil que nous conduisons.

_ Oui, marmonne-t-il, vu comme ça. Je ne sais pas trop dans ce cas.

_ Comment ça ? le questionné-je, perdu.

_ Je pense ne jamais avoir essayé.

 

Il dit ça de manière si neutre.

Nous sommes collègues depuis des années, et je l'ai toujours admiré pour sa façon d'être et sa vie qui me semblait si belle.

Un homme élégant, avec un métier classe, un uniforme qui lui va à la perfection, une vie calme et une famille aimante.

Il n'est pas du genre à parler énormément, mais même sans en connaître beaucoup sur sa vie privée, je l'ai toujours envié.

Pourtant aujourd'hui, ce n'est pas l'envie qu'il m'inspire.

_ Tu es du genre à ne penser qu'à ta partenaire, ça ne m'étonne même pas de toi, souris-je, chaleureux. Beaucoup de personnes envieraient la place de ta femme.

_ Y compris toi ? dit-il alors, en tournant la tête vers moi.

Son regard profond me détaille intensément, et inconsciemment, il me force à faire de même.

Il n'est peut-être pas le plus expressif des êtres humains, mais quelque chose ne va pas, je le sens.

_ Est-ce que tout va bien avec elle ? tenté-je alors, en le regardant à mon tour, inquiet de le voir si étrange aujourd'hui.

Un bien trop grand soupir passe la barrière de ses lèvres, et après ça, il boit une gorgée du café posé à ses côtés.

_ Elle m'a trompé avec son collègue de bureau, claque-t-il, d'un air semblant neutre.

_ Oh, soufflé-je, estomaqué, je suis désolé.

 

Je savais que quelque chose le tracassait, qu'il n'était pas dans son état normal, mais je ne m'attendais pas à une nouvelle aussi lourde.

_ Je suis bien plus souvent au travail qu'à la maison, explique-t-il, en haussant les épaules. Elle se sentait seule.

_ C'est des conneries ça, m'écris-je, énervé. Quand tu aimes quelqu'un, la patience est acquise. Je suis vraiment désolé, murmuré-je, réellement peiné. Tu es bien la dernière personne à mériter ce genre de mésaventure. Est-ce que ça va ? posé-je, maladroit.

_ Disons que la tension est assez palpable, soupire-t-il, en continuant de piloter, alors que le monde s'écroule autour de lui. Elle m'a demandé de lui pardonner son erreur, et sans vraiment y réfléchir, je lui ai dit ok, mais je ne suis pas certain d'en être capable.

_ Le temps va peut-être faire son travail, souris-je, en lui frottant doucement le dos. Je l'espère pour toi en tous cas. Tout ce qui compte c'est ton bonheur Hyunnie, pas le sien, confié-je, pour le réconforter quelque peu, surtout pas après t'avoir fait souffrir comme elle l'a fait. Si tu penses que tu te sentirais mieux en la quittant, alors fais-le. Ne te force pas, tu mérites d'être heureux. Il faut que tu penses à toi pour une fois.

 

Sa tasse à présent vide, il la repose sans énergie sur le petit plateau prévu à cet effet, et continue de fixer la vitre face à lui.

Mon regard attristé continue de l'observer, un sourire désemparé scotché sur le visage.

_ Tu pardonnerais ce genre de chose ? me demande-t-il ensuite, en se tournant vers moi.

_ Ce genre de trahison ? Non, je ne pardonnerai pas, claqué-je, impartial. Il est déjà bien trop difficile d'acquérir de la confiance en soi, ainsi qu'une confiance aveugle en quelqu'un, alors si cette confiance est brisée, elle ne pourra jamais se recoller. Pas d'après ma vision des choses.

_ Oui, souffle-t-il, après un moment de réflexion, c'est ce que je pense aussi.

_ Allez ! Ne te prends plus la tête avec ça, dis-je, plus enjoué, en lui tapant l'épaule, tu te fais du mal pour rien. Ce soir, on est à l'hôtel, on rentre à la maison demain, alors détends-toi. On va boire quelques verres en regardant la télé, ça va te faire du bien ! l'encouragé-je, pour lui changer les idées.

_ Mmh, acquiesce-t-il, sans entrain. On partage la même chambre ou on est séparé ce soir ?

_ Parfois, j'ai l'impression d'être ta secrétaire plutôt que ton copilote, soupiré-je exaspéré, le sourire au coin de la bouche.

_ Tu n'aimerais pas ? dit-il, les sourcils relevés, un air de chien battu sur le visage.

_ Ça paie moins bien, et les tenues sont moins jolies, pouffé-je, pour entrer dans son jeu. On est ensemble, mais les lits sont séparés, conclus-je finalement.

_ Je vois, souffle-t-il, merci.

_ Vous désirez autre chose ? demande soudain l'une des hôtesses, en passant la tête par l'entrée du cockpit.

_ Non, c'est gentil, merci, réponds-je, souriant.

_ Je veux bien un autre café, signale Hyunwoo, après lui avoir tendu sa tasse vide.

_ J'apporte ça de suite, sourit-elle, faussement sincère.

_ Au fait, Hoseok, place-t-il, après le départ de notre collègue. J'aurais une autre question indiscrète.

_ Je t'écoute, ris-je.

_ Qu'est-ce que tu aimes dans le fait d'être, d'être celui qui, hésite-t-il à nouveau, curieux mais très mal à l'aise sur le sujet.

_ Reçois ? soufflé-je du nez. N'aie pas honte de parler de ces choses-là, pas avec moi, souris-je, sans moquerie, je sais que tu ne me jugeras pas.

 

Il sourit à son tour, et bois une gorgée de sa troisième boisson chaude de la journée, tout juste apportée par l'hôtesse.

_ Les deux sont très agréables, mais les sensations sont différentes, commencé-je après avoir bu un peu d'eau. Je trouve ça bien plus intense et électrisant d'être le soumis, expliqué-je, en haussant les épaules, nonchalant. Ça dépend du caractère des gens surtout. Toi par exemple, en étant gay, tu serais le dominant. Ce sont des choses qui se ressentent, et quand on te voit, ça ne fait aucun doute. Mais bon, la plupart du temps, c'est bien plus difficile de le savoir, c'est juste que pour toi, c'est bien trop évident, dis-je, amusé.

_ Mmh, semble-t-il réfléchir, tu as sûrement raison.

_ J'ai raison, affirmé-je, narquois. Mais ça, on ne le saura jamais.

_ Sans doute, conclut-il, en manipulant quelques commandes ci et là autour de lui.

On dirait que la curiosité le ronge de plus en plus, c'est vraiment amusant de le voir ainsi.

J'espère malgré tout que sa situation va vite s'arranger.

Je ne l'ai jamais vu dans cet état, et je ne veux plus le voir ainsi. Je déteste ça.

✈️

_ Ça va mieux ? demandé-je, tout en démarrant à allure réduite le Boeing. Tu n'as toujours pas décuvé d'hier soir ? le titillé-je.

_ Si, si, marmonne-t-il, en buvant son café, tout en touchant à quelques boutons un peu partout. Juste encore un peu mal au crâne.

_ Tu as bien bu il faut dire, confié-je. Mais tu en avais besoin. Je vais gérer le plus gros des vols aujourd'hui, sois mon copilote, plaisanté-je, en avançant de plus en plus vite sur la piste.

_ Ok, on fait comme ça, pouffe-t-il, en posant sa tasse pour se concentrer un peu plus sur ce qui se passe devant lui. Merci.

_ Il n'y a aucun souci, souris-je.

Quelques heures plus tard, toujours assis au même endroit, un soupir bruyant parvient à mes oreilles.

_ Tout va bien ? posé-je, inquiet.

_ Mmh, affirme-t-il. J'ai juste, pas envie de rentrer, baragouine-t-il, en haussant les épaules, comme pour se déculpabiliser.

_ Tu veux venir à la maison ? proposé-je alors. Tu n'as qu'à lui dire que le trajet a pris plus de temps que prévu et qu'on fait une nouvelle halte cette nuit.

_ Ça m'embête de lui mentir, soupire-t-il, en se grattant la nuque.

_ Mais tu en meurs d'envie, souris-je, attristé. Qu'est-ce que je t'ai dit hier Hyunwoo ? insisté-je, les paupières plissées.

_ De penser à moi ? tente-t-il, en me regardant, incertain.

_ Pizza ce soir, conclus-je pour deux. En plus, mon immeuble dispose d'une salle de sport.

_ Ça gagne bien copilote d'après ce que je vois, plaisante-t-il. 

_ Bien payé, mais sans doute moins qu'un pilote, ris-je. D'ailleurs je trouve ça très triste, remarqué-je. En quatre ans à travailler ensemble, on n'a jamais fait aucune sortie en dehors du boulot.

_ Il faut dire qu'on est pratiquement plus souvent ensemble au travail, que séparé dans nos vies privées, pouffe-t-il.

_ C'est vrai, vu comme ça ! ris-je à nouveau.

_ Mais je suis content qu'on fasse d'autre chose ensemble, confie-t-il ensuite. Ça me fait du bien de sortir en dehors du travail et de penser à autre chose qu'à mes soucis personnels.

_ J'imagine bien Hyunnie, soufflé-je, compréhensif. Il faut dire que pendant ces dernières années, ta vie a toujours été sage et routinière.

_ C'est peut-être un mal pour un bien, qui sait ? essaye-t-il de se convaincre.

_ C'est malheureux, et honnêtement, je n'aurais jamais pu te souhaiter ça, mais si c'est ce qu'il te faut pour apprendre à penser à toi, et à ton propre plaisir, alors écoute, oui, c'est peut-être un véritable mal pour un bien, souris-je, contrit.

L'air songeur, il observe le ciel, la moue démoralisée.

_ Merci Hoseok.

_ Pour ? questionné-je, étonné.

_ Pour une fois, j'ai l'impression que quelqu'un pense à ce que je ressens. Ça fait du bien, dit-il, reconnaissant, en plongeant ses prunelles sombres dans les miennes.

_ Tu as été altruiste durant bien trop d'années, soupiré-je, en gardant ce contact tendre. Tu as aidé et soutenu bien des gens. Maintenant détends-toi, et n'hésite jamais à te reposer sur moi, d'accord ? placé-je, une main posée sur son épaule. On est des collègues, mais des amis aussi. Comment ne pas être amis, alors que je dors plus souvent avec toi qu'avec les personnes que je fréquente, le charrié-je.

_ Merci, dit-il, vraiment reconnaissant. C'est vrai que je me suis vraiment habitué à dormir avec toi, rit-il, presque de bon coeur. 

Son rire me contamine quelques minutes. Ça fait du bien.

Même si hier, après avoir bu quelques bières, nous avons rit tout autant, le voir rire a jeun est vraiment rassurant et réconfortant.

Reprenant soudain son sérieux, il sirote sa boisson devenue tiède, et continue de regarder le ciel, l'air songeur.

_ Est-ce que tu les fais partir ? demande-t-il abruptement.

_ Les personnes que je vois ? Pas à chaque fois, réponds-je, sur le même ton calme, mais la plupart me demandent de partir ou s'en vont d'eux-mêmes avant le matin, parce que je dis toujours clairement que je ne veux rien de sérieux.

_ Le sexe doit vraiment te plaire pour vouloir le faire autant et surtout sans sentiment, marmonne-t-il, en me regardant du coin de l'oeil.

_ Pardon ? Mais bien évidemment que le sexe me plaît, m'esclaffé-je. Tu sais, j'ai déjà fait l'amour avec des sentiments, et je peux te confirmer que c'est bien plus grisant, souris-je, déçu. Malheureusement pour moi, je semble difficile, ou alors c'est que ma malchance me fait toujours tomber sur des gens peu intéressants, soufflé-je, résigné de ma vie fatigante et répétitive.

_ Tu n'as pas l'air bien plus heureux que moi finalement, conclut-il.

_ Honnêtement, je ne peux pas dire que je suis malheureux, placé-je, en pleine réflexion intérieure, parce que dans le fond, j'aime ça. Même si c'est vrai que parfois, j'aimerais avoir quelqu'un à la maison quand je rentre, et surtout quelqu'un qui me sert dans ses bras quand j'en ai envie ou besoin. Mais bon, ris-je, à contrecœur, en dehors de ça, on peut dire que j'prends mon pied.

_ Ça me rend envieux malgré tout, marmonne-t-il, plus pour lui-même que pour moi.

Je souris discrètement, amusé de le voir réagir ainsi, et termine notre vol dans un silence apaisant et propice aux remises en question.

✈️

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