Il serais temps, donc, de se rendre compte des choses, de se dire les choses, de livrer les coeurs, délivrer les âmes. Pour livrer ses larmes, pour sortir les armes, pour dénoncer la peur de vivre et d'aimer. Il serait temps de se retrouver, de se revoir, ensemble. Temps que nos trois protagonistes se disent les choses, tant qu'ils ne se blessent pas plus qu'ils ne l'ont déjà fait. Qu'ils ne se détruisent pas. Ils se détruisent, ensemble. C'est sûr et certain.
Et tandis que Maxime et Valentin terminent de se détruire mutuellement, un message sur le téléphone vient faire vibrer la table de nuit, vriller la terre entière.
"Valentin, t'es où ?"
Reçu, 7h37
Qu'est ce que tu veux ? T'as appris pour Théo, tu vas m'engueuler ? C'est bon Cyril. J'ai merdé.
Reçu, 7h45
Non, c'est pas ça, ça je m'en fou. T'es où putain ?
Reçu, 7h46
Avec Maxime.
Reçu, 7h53
Vu, 7h53"
Ben voilà. Voilà comment l'espoir meurt, comment les histoires d'amour blessent, parce qu'on a jamais le contexte, donc on s'invente n'importe quoi. Cyril est blessé, sait qu'en même temps il n'a rien à dire. Cyril rentre chez lui, chez eux.. Mais le coeur toujours vide, et en rentrant il croise sa bouteille, laissé la quelques heures plus tôt. Il croise sa bouteille et quoi de mieux que de l'alcool pour remplir un coeur ?
Il se remet derrière le comptoir. Recommence à boire, pitoyablement, certainement, tristement, évidemment. Recommence à faire n'importe quoi, comme il y a quelques heures. Il croyait avoir retrouvé espoir, au moment où il a cru sentir Valentin s'allonger à ses côtés. Mais il est repartie, pire encore il est repartie pour casser la gueule de Théo et trouver le lit de Maxime.
C'est qui, alors, le putain de fautif de l'histoire ? Le putain de con au coeur vide, qui brise tout sur son passage, comme une tempête. Qui donc, hein ? Qui ne sait pas gérer ses émotions ? Merde.
Cyril n'a jamais trompé Valentin. Cyril à merdé, c'était un jeu, un gage. C'était rien. Rien du tout. Et là, à la première occasion, Valentin tombe dans les draps de Maxime.
Mais en même temps Maxime mérite au moins ça..
C'est déséspéré, on aimerait qu'ils soient tous heureux, qu'ils aiment. Qu'ils s'aiment. Que Cyril et Valentin se retrouvent mais que Maxime puisse être heureux avec Valentin, que Théo paie puisque c'est lui la source de tout ce foutoir.
Mais vous savez la vie, ce n'est jamais juste et si c'était le cas ça se saurait. Les gens, les gens meurent bêtement, sur des malentendus bien souvent. Les choses vont trop loin et les gens périssent.
C'est triste, mais c'est la vie, plutôt la mort.
On n'en meurt pas forcément, non, on se vide, on se détruit, on n'est plus qu'une enveloppe charnel, mais, on ne meurt pas. Alors ça compte pas, alors ça va, hein ?
Cyril ne meurt pas, il s'empoisonne.
Valentin n'est pas mort, il se ment, il fait semblant, mais ne meurt pas.
Et Maxime non plus, Maxime saisis les occasions, Maxime prend conscience des risques que laisser ses sentiments parler engendre.. Mais Maxime prend ce risque.
À la fin de cette histoire les trois jeunes hommes seront bien plus détruits qu'au début, mais comme ce n'est pas physique, comme ce n'est pas visible, alors personne ne le saura jamais, personne ne le verra jamais.
Regardez autour de vous. Les gens sont tristes, le monde est triste et gris. Putain mais tout est gris. Tout le monde.
Le bonheur est éphémère et couvre uniquement la tristesse qui plane sur cette putain de planète, sur cette putain de vie.
L'argent, l'amitié, l'amour, tout ça ne sont que des caches misères, qui, si on n'en manque, nous pousse encore plus bas. On ne sait pas vivre, mais personne ne sait et tout le monde se détruit.
Cyril se détruit en buvant. Car il est vide.
Valentin détruit Maxime en couchant avec, car il est vide.
Maxime détruit Cyril en aimant Valentin, car il est vide.
Mais Valentin part, Valentin laisse Maxime ici, pour rejoindre Cyril. Il serait temps de choisir.
Tout le monde détruit tout le monde.
Et, info pratique, le monde nous détruit.
Se détruit lui même.