Perle grise - nuages d'automn...

By naely_W20

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D'aussi loin que je m'en souvienne, cela a toujours fait partie de ma vie, de mon quotidien. Je possède ce qu... More

Sweet sweet little dream...
1 - Apparence
3 - Faucheuse au souvenir lointain
4 - L'alcool n'est pas de l'eau
5 - La bibliothèque
6 - Le grand chêne dans la nuit

2 - Les couleurs du vent

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By naely_W20

Observant les étoiles depuis le rebord de ma fenêtre, mes pensées se mêlent dans un tourbillon. Les souvenirs du passé se mêlent au présent, chaque expérience étant liée à des émotions et des sensations qui ont façonné notre être dès leur création. C'est ainsi que nous pouvons revivre ces moments, qu'ils soient heureux ou douloureux, qu'ils soient emplis de joie ou de peine, ils sont toujours présents dans notre esprit.

Je souhaitais être une nouvelle personne, je désirais tout sauf revivre les moments passés. Pourtant, ce sont l'ensemble de ces souvenirs qui construisent notre présent. Prenant une profonde inspiration, je me détache de ma position pour retrouver mon portable posé sur mon lit d'étudiante. Cela n'a pas toujours été ainsi.

Tout a commencé pendant mon adolescence. Au début, je me sentais unique et heureuse, mais peu à peu la peur s'est installée. J'étais terroriser d'être utilisée comme cobaye, voire pire, de devoir subir des expérimentations ou des tortures pour tester l'étendue de mon contrôle météorologique.

Au départ, je ne comprenais pas vraiment comment cela fonctionnait. Un sourire, une danse, un moment de bonheur figé pouvaient provoquer plusieurs rayons de soleil. Une fatigue mentale ou physique, au réveil ou au coucher, engendrait une brume naissante ou un ciel gris au-dessus de ma tête.

Pleurer ou ressentir de la tristesse pour quelqu'un ou quelque chose pouvait déclencher des averses plus ou moins intenses. La colère pouvait me faire perdre le contrôle. Pourtant, une simple note de positivité dans ma journée pouvait créer un magnifique ciel bleu ou un coucher de soleil époustouflant. Était-ce une coïncidence ? C'est ce que je me disais au début, mais après de nombreuses observations, j'ai commencé à croire que j'étais ce que la science appelle une "atmokinesis".

La définition simple était la suivante : « Capacité à manipuler, contrôler ou influencer la météo et les conditions atmosphériques en utilisant des pouvoirs psychiques. »

La définition plus complexe expliquait : « Ce pouvoir permet d'influencer les conditions météorologiques et se manifeste généralement à la puberté, étroitement lié aux émotions. Lorsqu'une personne dotée de ce pouvoir ressent de la colère, le temps tend à refléter son état d'esprit, provoquant souvent de violentes tempêtes, qu'elle le veuille ou non. Ce pouvoir est difficile à maîtriser, tout comme il est difficile pour ces personnes d'apprendre à contrôler leurs émotions. »

Merci Internet.

Ce phénomène peut sembler amusant en apparence, mais il est en réalité complexe et profond. J'ai continué mes recherches sur de nombreux sites divers et variés, accumulant au fil du temps une bibliothèque d'informations qui suscite plus de questions que de réponses...

Une question revenait sans cesse : « Pourquoi moi ? »

Le lendemain, malgré une journée qui s'annonçait classique, je décidai de faire une halte à la salle de sport après les cours pour me changer les idées. Notre université en possédait une, un petit coin de détente apprécié par de nombreux étudiants, qu'ils soient sportifs ou non.

En entrant, je reconnus quelques visages de ma filière, courant sur le tapis de course comme Melissa, ainsi que les jumelles dont je ne connaissais pas l'identité. Je m'installai sur l'un de ses engins, mis mes écouteurs Bluetooth et commençai ma séance. Au fur et à mesure des allées et venues des étudiants dans la salle, mon attention fut attirée par un homme aux cheveux gris poivrés, une serviette sur l'épaule, et dont le corps était légèrement sculpté. Son t-shirt était taché de poudre noire, il en dégageait une odeur de brûlé.

Il s'installa sur un banc avant de se lever pour prendre une paire d'haltères. Pendant ce temps, je poursuivais ma séance, décidant de changer d'exercice. J'enfilai des bandes autour de mes mains et de mes poignets, augmentai le volume de ma musique, puis me défoulai sur le sac de frappe. Laissant les émotions, bonnes ou mauvaises, naître et se dissiper au contact de mes poings sur le sac. J'essayais de vider mon esprit, de me convaincre que j'étais forte et que tout était sous contrôle.

Inconsciemment, mon esprit prit un aller simple pour l'Allée des Embrumes, là où résidaient mes souvenirs les plus enfouis, que j'aurais préféré oublier. Je me suis revu au milieu de mon adolescence, boutonneuse à souhait, quittant mes parents et le domicile familial pour ma journée de cours au secondaire. Si j'avais su ce qui allait se passer, je n'y serais jamais allé. Je ne les aurais jamais quittés.

Tout était de ma faute. C'est depuis ce jour que tout a véritablement basculé dans ma vie. Son visage était empli de remords, pendant que le mien était tourné vers l'après plutôt que vers le présent.

J'aurais dû partir avec eux... Mais je suis partie avec elle, et cela s'est produit.

Ma rencontre avec la mort.

Soudain une violente bourrasse de vent me fouetta l'arrière de mon corps. Sursautant, je m'arrêtant net dans ma pratique. Calmant ma respiration tout en baissant le volume de ma musique, détournant mon regard vers le sol. Quelques instants plus tard je fis volte-face, un souffle glacial s'engouffra à l'intérieur des fissures des tôles d'ardoise qui nous servaient de plafond.

Passant une main dans mes cheveux en ravalant lentement ma salive. Je quittai les lieux immédiatement. L'inconvénient de ce pouvoir était qu'il était facile à activer, mais difficile à éteindre.

Continuant ma marche sur le campus, je fis une pause dans un endroit frais, m'installant dans un fauteuil en essayant tant bien que mal de me détendre, le cellulaire à la main. Malheureusement, cela fut de courte durée.

— Excuse-moi, c'est toi la fille qui frappait dans le sac à la salle de sport ?

Levant les yeux vers la personne qui me parlait, j'ai été quelque peu surprise de voir l'une des jumelles que j'avais croisées plus tôt. Cheveux blonds et les yeux vairons, un doré et l'autre noisette.

— Oui, pourquoi ?

La deuxième arriva avec deux cafés dans les mains et tendit l'un à sa sœur.

— Avais-tu beaucoup de colère à évacuer ? Se demanda la deuxième.

— Pas... spécialement... répondis-je, détournant le regard vers mon téléphone.

Elles se regardèrent toutes les deux avant de surenchérir.

— En tout cas, tu avais l'air...

— ... combative, conclut l'autre.

—Merci ? ajoutai-je, grimacant légèrement, ne sachant pas quoi répondre d'autre.

— Moi, c'est Geneviève, annonça celle de droite.

— Trixie, lâcha sa sœur.

Haussant les sourcils avec un sourire gêné. Et moi, c'est merci à plus tard, pensai-je.

— Et toi ? reprit la première.

... C'était inévitable.

— Rashel, répondis-je avec un sourire forcé avant de prendre une gorgée de ma boisson.

J'attendais tant bien que mal qu'elles disparaissent de ma vue, mais cela tardait à arriver. Je bus mon moka d'une traite et feignis aussitôt d'avoir un rendez-vous pour les semer.

— Je m'excuse, je dois y aller, bye !

Je m'enfuis aussi rapidement que l'éclair hors de la salle. Craignant qu'elles me suivent, je coupai court au parc de la veille.

Le parc Brébeuf.

J'évitais de nouer trop de liens amicaux ou de connaissances avec les gens du coin. Je ne me sentais nulle part en sécurité. Aussitôt le calme et la tranquillité retrouvés, j'aperçus au loin un magnifique coucher de soleil accompagné d'une douce brise d'air frais, observant l'événement depuis un banc près de la rivière des Outaouais. Je pris quelques instants pour savourer ce moment figé dans le temps.

Les couleurs du ciel se mêlaient avec le reflet de l'eau, aucun nuage ne venait gâcher le paysage. La couleur rosée se mêlait au bleu saphir, réchauffant mon petit cœur. J'adorais plus que tout au monde perdre mon regard dans cette immensité qui nous entourait à chaque instant de notre vie. Je l'observais depuis ma fenêtre, mon balcon ou encore à travers les yeux de mes proches. C'était mon petit péché, mon jardin secret, ce qui me permettait de continuer à vivre chaque jour qui s'écoulait depuis cette date.

M'agenouillant près de là, je me surpris à fredonner une mélodie qui me trottait dans la tête, tout en glissant mes doigts sur le rebord de l'eau. C'est alors qu'une plume blanche vint à ma rencontre, voguant sur le rivage. Je la saisis avant de la tendre en direction du soleil couchant.

Être aussi légère qu'une plume. S'envoler au gré du vent, ne pas se prendre la tête, vivre aussi simplement... doit être une incroyable aventure...

Dans une grande inspiration, tout en la posant dans le creux de ma main, j'y fis un vœu. D'un coup, d'un souffle fort et bref, elle s'envola aussitôt dans les airs. L'observant s'éloigner petit à petit, de plus en plus loin à chaque seconde qui passait et s'effaçait.

C'est alors que je vis sur la rive opposée une silhouette sombre. En y regardant de plus près, cela ressemblait à un jeune homme d'une vingtaine d'années tout au plus. Il portait un blouson noir et des vêtements blancs, ainsi que des lunettes de soleil noires sur le nez. Intriguée, mon regard se dirigea vers l'objet qu'il tenait dans sa main droite.

Un avion en papier.

Il glissa ses lunettes sur le bout de son nez avant de les ajuster. Soudain, d'un mouvement de poignet, il laissa l'avion de papier s'envoler dans ma direction. Suivant sa trajectoire du regard, je fus soudain éblouie par les rayons de soleil, ce qui m'obligea à détourner la tête. Perdant de vue la cible.

Lorsque j'ouvris à nouveau les paupières, la rive opposée était déserte. Rebroussant chemin vers le campus, j'eus cette étrange et constante sensation qu'un regard était posé sur moi. Utilisant mon téléphone portable comme un miroir, mon sang ne fit qu'un tour. Une silhouette sombre se trouvait à quelques mètres derrière.

La nuit commençait à engloutir tout sur son passage, rendant de plus en plus oppressants chacun de mes pas dans l'obscurité grandissante. Un sentiment de malaise prenait racine à l'intérieur de mon être. Mon cœur rata un battement, j'accélérai le pas doucement. L'envie de devenir cette petite plume si légère, pour disparaître au gré du vent, me prit soudain aux tripes.

Mais je savais au fond de moi que c'était impossible.

Très bien c'est moi qui me fais des idées, tout cela est peut-être qu'une simple coïncidence, rien de plus. Cette personne veut juste aller dans ma direction...

Dans une longue expiration, je repérai un banc dans un coin de lumière. Décidant de m'y arrêter, avant de m'asseoir, je fis mine de passer un appel sur mon téléphone portable. Il était désormais à cinquante mètres, tout au plus, de moi. Je me répétais en boucle que c'était une coïncidence, rien de plus, mais ma tête me criait de m'enfuir, mon corps se pétrifiait à chaque seconde qui s'écoulait.

Toujours à la même allure. La silhouette dans l'ombre se rapprochait, doucement. Au même moment, une brise d'air frais commença à m'encercler.

Trente mètres...

Plus il se rapprochait, plus je commençais à me sentir telle une brebis égarée, attendant le coup fatal du loup qui viendrait l'achever. Tout à coup, la fine brise d'air commença à se transformer en bourrasse de vent violent.

Discrètement, je composai le 911, tremblante.

... Quinze mètres.

Je ne voyais rien à part une masse sombre devenir de plus en plus grande au fur et à mesure des secondes qui s'écoulaient. Commençant à avoir du mal à respirer, je ne voulais pas qu'il me fasse du mal... Mais le combiné sonna dans le vide. Regardant autour, je ne vis que les ténèbres m'entourer. Seules les feuilles s'envolaient dans tous les sens, m'emprisonnant dans un léger tourbillon.

... Cinq mètres.

Une forte odeur d'après-rasage se fit sentir. Des larmes commencèrent à perler au coin de mes yeux. Des rafales de vent glacial me frappaient le visage en même temps que quelques gouttes de pluie.

J'avais peur pour ma vie. Mais j'avais encore plus peur de connaître son identité.

... Trois mètres.

Soudain, une voix se fit entendre au bout du combiné. Mais sans même avoir le temps de répondre, une tempête éclata entre nous. Le téléphone tomba immédiatement au sol, tandis que l'ombre s'arrêta quant à elle au seuil du cercle lumineux du réverbère.

Soudain, une piqûre à l'arrière de mon cou se fit ressentir. Je ne réagis pas tout de suite, trop pétrifiée par la peur, j'imagine. La silhouette qui me faisait face rebroussa chemin. Prise de tremblements, je fondis en sanglot dans les secondes qui suivirent. Apposant mes mains sur mon visage, il me fallut un moment avant de me décoller du banc où j'avais trouvé refuge.

Une sueur froide glissa le long de ma nuque. Je me mis alors à courir à toute vitesse en direction de mon logement étudiant, toujours dans un état de malaise, ma vision commençant à me jouer des tours. Poussée par la tempête naissante du Canada, j'arrivai en deux temps à la porte de ma colocation.

J'ouvris grand la porte avant de la refermer violemment derrière moi, activant toutes les sécurités à proximité : verrou, chaise, parapluie, tout y passa. Montant les escaliers quatre à quatre pour arriver dans le salon commun, j'y retrouvai Phoebe en train de manger une glace devant le film culte d'horreur des années 80, "Shining".

—Ça va Rashel ? Tu as l'air pâle comme un linge, dit-elle en enfonçant une cuillère pleine de glace dans sa bouche.

—Je vais bien, je suis juste partie faire une petite course, le sport c'est important, tu sais, répondis-je en hochant la tête, tout en savourant ma victoire face à la peur.

— A cette heure-ci ? ajoute-t-elle en désignant la nuit tombée dehors.

Faisant un sourire gêné à ma colocataire, je ne savais pas quoi dire. Un long silence s'installa. Phoebe mit le film en pause, croisa les bras et m'obligea à répondre.

— Il y avait un superbe coucher de soleil au parc Brébeuf, je ne pouvais pas louper ça.

— Tu veux me faire croire que tu es allée exclusivement au parc pour y voir le coucher de soleil ? Elle marqua un temps d'arrêt avant de me dévisager du regard. Excuse-moi, mais tes paroles ne collent pas avec ton état actuel.

Affichant un sourire forcé, j'essayais de retrouver mes esprits le plus rapidement possible afin de pouvoir répondre le plus calmement possible.

— Eh bien, tu n'es pas la seule à avoir tes petits loisirs nocturnes, répondis-je en passant une main dans mes cheveux, anxieuse.

— OK. Rashel, tu me caches quoi au juste ? Surenchérit Phoebe en se redressant pour me faire face.

— Rien, qu'est-ce que tu imagines ? Dis-je dans un mouvement de recul.

La demoiselle aux cheveux grenat enfonça son regard dans le mien. Cela me fit perdre instinctivement mes moyens. C'était bien la première fois qu'elle se comportait ainsi avec moi. C'est alors que, sans comprendre pourquoi, je crachai le morceau.

— Quelqu'un me suivait.

— Rashel, pourrais-tu me le décrire ? Enonça-t-elle paniqué.

— Non, j'en serais incapable. Il faisait sombre. Tout ce que j'ai vu, c'était une... masse noire.

Sentant l'émotion monter, ma voix commença à trembler. Je voulais couper court à la conversation en prétextant devoir me doucher. Cependant, Phoebe s'approcha de moi et m'enlaça dans ses bras. D'un coup, je sentis un froissement de papier contre mes vêtements. C'était le pliage de tout à l'heure. Ma colocataire me le tendit, m'indiquant qu'il était accroché à ma veste. En dépliant le papier, un message était inscrit entre les lignes.

« Perle grise, nuage d'automne. Un air enfantin pour un pouvoir divin. Seule, tu ne feras pas le poids. Laisse-moi t'aider et tes démons tu vaincras. »

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©naely_W20, 2020 Wattpad

Réécriture, 2023 Wattpad

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