Underground

By LaurenceCo

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Jennifer Akson, une adolescente maladroite à l'imagination débordante, était une de ces filles distraites et... More

Chapitre 1: Le gars du bus
Chapitre 2: Événement surnaturel
Chapitre 3: Souvenirs
Chapitre 4: Légère confusion
Chapitre 5: Insomnie et accident de voiture
Chapitre 6: Des questions peu de réponses
Chapitre 7: Le grand départ
Chapitre 8: Bienvenue à Alteran
Chapitre 9: Deux moutons
Chapitre 11: Le début des ennuis
Chapitre 12: L'Aube
Chapitre 13: Importantes découvertes
Chapitre 14: Mission de sauvetage improvisée
Chapitre 15: Dispute
NDA - Un gros merci!
Chapitre 16: Combats
Chapitre 17: Une bande d'oiseaux apprivoisés
Chapitre 18: Une lame à double tranchant
NDA - QUOI!!???
Chapitre 19: Une victoire ou une défaite?
Chapitre 20: Interrogations
Chapitre 21: Logique illogique
Chapitre 22: Coup bas
Chapitre 23: Un meurtre discret
Chapitre 24: Lourdes révélations
Chapitre 25: Mensonges
NDA - Bravo à vous!!! :D
Chapitre 26: La Lune reflète les rayons du soleil
Chapitre 27: Émeute
Chapitre 28: Une sérieuse discussion
NDA - Dites-moi que c'est un bug?!
Chapitre 29: Un plan fatal
Chapitre 30: Mettre de l'huile sur le feu
Chapitre 31: Pétrin
Chapitre 32: Lorsque tout va de pire en pire
Chapitre 33: Préparation
Chapitre 34: Le calme avant la tempête
Chapitre 35: Chaos
Chapitre 36: Fugitifs
Chapitre 37: Réconciliations
Chapitre 38: Un abri temporaire
Chapitre 39: Le début de la fin
Chapitre 40: Une question de vie ou de mort
Chapitre 41: Nouvelles cicatrices
Chapitre 42: Souffrances et silence
Lettre à Jennifer
Chapitre 43: Un soupir au milieu des pleurs
Chapitre 44: Chasse-poursuite dans la pénombre
Chapitre 45: Un dernier au revoir
Remerciements et sondage

Chapitre 10: Déchirée

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By LaurenceCo

J'ai à peine de le temps de me balader quelques minutes en solitaire dans la ville que Fabien m'intercepte, accompagné de trois de ses amis. Son grand sourire sur le visage, il me lance:

   - Hé, Jenn! Tu viens avec nous?

   Pour une raison ou pour une autre, j'ai l'impression de trahir Alex lorsque je parle à ce type. J'hésite donc pendant quelques instants. Et si je mentais? Je pourrais lui dire que je dois rejoindre Amé ou Anna, et il me laisserait tranquille. Je me fais tout un plan dans la tête. Seulement, Fabien a l'air tellement heureux de m'inviter à manger un morceau, que je craque malgré moi:

   - D'accord, si tu veux.

   Les quatre garçons et moi marchons à travers la féerique Alteran. Je rigole un peu avec eux, ils sont tous hyper sympa. 

   Nous arrivons à une jolie terrasse, où plusieurs autres Nouveaux et jeunes Natifs sont déjà entassés. Nous sommes accueillis par des cris de joie par eux; je tente d'ignorer ma certaine culpabilité et de vivre pleinement le sentiment de bonheur qui m'envahit présentement. Je suis entourée de tous ces gens de mon âge. Je me sens un peu plus normale. Enfin, si on peut toujours se considérer normale lorsqu'on est comme moi!

Je prends place à côté de Fabien à une table sur la terrasse et je bavarde un peu avec ses amis.

- Alors, comme ça, tu es arrivée hier? me demande un d'eux après quelques minutes.

- Ouais, réponds-je en essayant d'avoir l'air le plus naturel possible. Tu es Jacob, c'est ça?

- Exactement. Comment le sais-tu?

- Tu t'es battu avec Fabien, hier, répliqué-je moqueusement.

Sur ce, Fabien et Jacob éclatent de rire et se mettent à me raconter les mille et unes anecdotes qu'ils ont vécus depuis leur arrivée à Alteran. Je ne peux m'empêcher de joindre mon rire au leur; ils sont tout simplement tordants.

Après quelques minutes, une serveuse s'approche de nous avec son carnet pour prendre nos commandes. Je demande un cappuccino. Elle me dévisage alors de ses grands yeux violets:

   - Pardon?

   Fabien, sans me laisser répondre à la serveuse, prend la parole:

   - Un théralsvki pour la ravissante mademoiselle à mes côtés! Avec un peu de crème à la vanille sur le dessus. Merci bien!

   Sur ce, la serveuse va en direction de la cuisine. J'hésite entre deux questions à poser à Fabien: soit "Qu'est-ce qu'un théralsvki?" et "Tu me trouves réellement ravissante...?" Je dois avouer que cette remarque m'a plutôt flattée, mais à la fois vraiment embarrassée. Je pose la question la plus censée:

   - C'est quoi, un théralsvki?

   - Un délicieux breuvage alteran, commente Fabien avec son adorable sourire en coin. Un cappuccino, ça sonne trop n'importe quoi pour une Alteranne Native comme cette serveuse.

   Tous ensembles, nous continuons à bavarder de tout et de rien: école, musique, potins, blagues. C'est très agréable de mener enfin une discussion normale, sans le moindre mot incompréhensible ou fait surnaturel. Puis, la serveuse revient avec nos commandes. Le breuvage au nom qui sonne Russe s'avère excellent. Il a un goût sucré, un peu comme la tarte aux fraises. J'adore la tarte aux fraises. Surtout lorsqu'on met de la crème fouettée sur le dessus... Le seul dessert que je déteste, c'est le gâteau au fromage; ne me demandez même pas pourquoi. Pourtant, j'adore le fromage, et les gâteaux aussi...

   - Jenn, on te parle!

   Jacob attend visiblement quelque chose de moi. Je bredouille:

   - Q-quoi?

   - T'étais dans la lune, je suppose? rit-il. T'en fais pas, c'est une des caractéristiques des Alterans et des Étamiens; nous sommes tous très distraits. Bref, on t'avait demandé si tu avais déjà eu une relation amoureuse.

   Je balaie les gens autour de moi du regard. Ils ont tous un petit sourire flottant dans le visage: je suppose qu'ils sont hâte de m'entendre parler de ça, moi, la petite Jenn. Je hausse les épaules:

   - Une fois, à douze ans... rien de bien significatif.

   Les autres se mettent à rire.

   - Pas vrai! lance l'un d'eux. Je suis sûr que tu nous caches la vérité.

   - Dis-nous tout! crie un autre.

   Je suis un peu embarrassée, même s'ils ne font que plaisanter. Je suis sérieuse! Je n'ai jamais sorti avec quelqu'un. Bon, mis à part à douze ans, mais ç'a duré à peine une semaine. Ça ne vaut pas. Voyant ma gêne, Fabien tonne:

   - La ferme! Moi non plus, je n'ai jamais sorti avec quelqu'un!

   - Pas surprenant, avec ta face de m...

   Fabien frappe la nuque de Jacob en riant avant qu'il ne puisse finir sa phrase. Je rigole mois aussi, amusée par la scène.

   Les discussions s'enchaînent les unes après les autres. J'ai beaucoup plus de plaisir que prévu, heureusement ou malheureusement: je ne le sais pas trop pour l'instant.

   On finit par se dire au revoir vers le milieu de l'après-midi. Avant que je ne parte définitivement de la terrasse, Fabien me rejoint.

   - Hé, Jenn... On refera ça de temps en temps, c'était vraiment cool, me dit Fabien en me souriant.

   - Oui, compte sur moi, réponds-je, enjouée. Alors... À bientôt, dans ce cas.

   Et je quitte avec un sourire aux lèvres.

Près d'une heure passe. Je parcours Alteran à pied; c'est décidément un lieu unique en son genre. Les gens y sont très amicaux: tout le monde se salue, et je m'arrête même à plusieurs reprises pour discuter avec des passants (seulement des conversations très brèves; je ne suis pas la plus grande bavarde qui soit).

Je finis par rencontrer Alex sur les trottoirs de quartz du parc. Il a reprit vie: ses superbes yeux azurés semblent briller tel les rayons du soleil sur la mer en été, ses cheveux châtains foncés sont en bataille. Je me sens immédiatement très bien. Je suis aussi soulagée d'avoir eu le temps de manger avec Fabien avant de rencontrer Alex.

   - Jenn, me lance ce dernier, rayonnant. Ça va?

   - Très bien, oui, réponds-je. Finalement revenu de ta promenade extérieure?

   - Ouais, rit-il doucement. Tu as lu mon message?

   Je hoche la tête.

   - Super, dit Alex. Allons parler un peu: j'ai un tas de trucs a te dire.

Contre toute attente, il s'approche timidement de moi et me prend doucement la main. Le contact de sa paume est doux et chaud, comme celui des rayons du soleil lors des belles journées d'été. Mon cœur manque un battement, je sens un fourmillement le long de mon bras. Puis, Alex m'envoie un sourire. Je le lui rends, toute heureuse.

   Main dans la main, nous nous dirigeons au grand parc. Le sentier blanc semble s'illuminer sous nos pas. Le murmure de la chute d'eau s'intensifie alors que nous nous en rapprochons. Nous demeurons en silence. Pas d'un silence malaisant,  mais d'un où nous n'avons pas besoin de nous parler pour se comprendre.

   Nous nous arrêtons sous un grand arbre noir. Il a l'air mort, mais le fait qu'il soit constellé de petites pierres violettes et blanches le rend magnifique. Alex s'étend, adossé au tronc à l'allure féerique de l'arbre, puis je le rejoins. Après quelques secondes passées sans rien dire, mon ami prend la parole:

   - Les gens murmurent beaucoup, Jenn, et apparemment le Conseil ne t'aime pas vraiment.

Je fronce les sourcils. Que veut-il dire?

   - Qu'est-ce qu'il y a? lui demandé-je, confuse.

   - Ils n'aiment pas le fait que tu te tiennes avec moi, et trouvent que tu es un brin trop curieuse. Et différente.

   - Dans quel sens?

   - Par exemple, ton pouvoir. Bon sang, Jenn, t'as défoncé une voiture! Ça signifie que tu es très forte et résistante. Tu crois que c'est normal, ça?

   - Non, pas vraiment, avoué-je. Mais rien n'est normal pour moi, ces temps-ci...

   - Sois prudente. Si le Conseil juge que tu, disons, ne corresponds pas aux critères, il te fera échouer peu importe tes performances. Méfie-toi. On dit que certains Nouveaux jouent le rôle d'yeux pour le Conseil et te surveillent.

   Je secoue la tête. C'est absurde! Je me suis pliée à leurs règles depuis le début, pourquoi devrais-je payer pour un crime que je n'ai pas fait? Et puis, pourquoi certains Nouveaux comploteraient contre moi avec le Conseil? Je ferme les yeux pour tenter de calmer ma frustration. Doucement, Alex me dit:

   - Allez, viens mouton noir.

   Il se lève et se poste devant moi en me tendant ses mains. Je les prends pour me relever. Puis on marche ensemble. Je me sens bien avec lui. Seulement, je ne sais plus trop où j'en suis avec cette histoire d'amitié et d'amour. Ça va dépendre de lui...

   On a finit par se quitter au porche d'entrée du Toit. Il m'a souhaité bonne chance et bonne nuit, et m'a caressé la joue. Mais c'était plus qu'un geste amical. Je me sens si mal: c'est officiel, Alex m'aime, et pas seulement en ami. Je suis déchirée.

   Je vais rejoindre les autres Nouvelles dans la salle commune des filles. L'atmosphère est tendue. Personne ne rit ou ne crie. J'imagine qu'on est tous très nerveuses face à la journée de demain, mais d'une certaine façon, je crois que la seule personne ici qui a réellement raison de se morfondre, c'est moi. J'ai l'étrange impression que tous les yeux sont braqués sur moi, prêts à dénoncer mon moindre faux pas au Conseil. Que chaque Nouvelles dans la salle sont des espionnes qui me haïssent et souhaitent ma défaite. Que je ne suis qu'une personne frêle et peu talentueuse qui échouera sans aucun doute les tests des cinq prochains jours. D'ailleurs, qu'arrive-t-il lorsqu'on ne passe pas les tests? On nous bannie de la cité? On devient éboueur, concierge ou un truc du genre? Les deux alternatives me donnent des frissons.

   Plus loin dans le salon, Amé me fait signe de la main en tapotant la place près d'elle sur le sofa. Lentement, je vais la rejoindre.

   - Où sont Tess, Jess et Anna? demandé-je après quelques secondes de silence.

   - Jess et Tess sont allées faire un peu de shopping, répond-t-elle. Ouais, je sais, il fait pratiquement nuit et on est la vieille des fameux tests, et ces deux mesdemoiselles ne trouvent rien de plus intelligent à faire que d'aller dévaliser les magasins. Pour Anna, elle est allée se coucher, comme la plupart des Nouveaux, d'ailleurs. On veut être en forme pour demain.

   - Pourquoi es-tu toujours debout, dans ce cas? m'étonné-je.

Elle hausse les épaules:

   - Je t'attendais. Je ne voulais pas que tu arrives ici et que tu sois seule: c'est vraiment merdique quand ça arrive...

   Je ne l'écoute plus. Amé, la fille vulgaire et impulsive, se soucierait de moi? Ça ne fait aucun sens, du moins à mes yeux. Serait-elle...? Non. Je ne veux pas y penser. C'est impossible. Quoique... Peut être qu'Amé est une de ces fameuses pairs de yeux du Conseil? Oh mon dieu, je suis déjà entrain de virer paranoïaque. Comment puis-je douter de la fille à mes côtés, la première à s'être approchée de moi dès mon arrivée hier? Je suis dégoûtée par mon attitude...

   Elle se lève en un bond et me lance:

   - Allez, je vais dormir. Tu devrais en faire de même, car demain matin aux petites heures, je vais vous traiter de tous les noms: Anna elle-même m'en a donné la permission!

   Je rigole et souhaite bonne nuit à Amé alors qu'elle se dirige vers sa chambre. Après m'être préparée pour la nuit, je vais rejoindre Anna dans notre chambre. Elle ne dort pas. Elle fixe pensivement le plafond.

   - À quoi penses-tu? murmuré-je en m'installant dans mon lit.

   - Je ne sais pas trop, soupire-t-elle. À demain, mais aussi à hier.

   - Que veux-tu dire par là?

   - Hier ne reviendra pas, et il me manque un peu. Je parle du soleil, des oiseaux...

Je vais m'installer sous ma couette.

   - Tout le monde finit par se sentir comme ça, ne t'en fais pas, la rassuré-je. Pense à demain. Je suis sûre que tu seras très bonne, peu importe en quoi cela consistera.

   - T'es vraiment gentille, Jenn, rit-elle doucement. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, présentement. Ça fait du bien d'avoir une copine à qui je peux dire mes petits problèmes.

   Ça me fait sentir très bien, à moi aussi, de l'entendre me parler comme ça. Après quelques instants d'hésitation, je me décide à lui confier mon énorme secret:

   - Il paraît que le Conseil ne m'aime pas du tout. Ça me fait peur, tout ça.

   Silence. Je décide de continuer à parler:

   - On dit même que certaines Nouvelles seraient des sortes d'espionnes pour eux.

   - T-tu en es sûre? s'estomaque-t-elle, une teinte d'inquiétude dans la voix. Qui t'a raconté ça?

- Alex. C'est un ami.

- Ah, oui: l'Étamien. Mais... (Sa voix prend un ton très sérieux.) Jenn, je ne veux pas que tu t'en fasses pour ça. Les rumeurs sont des paroles qui se déforment et qui sont souvent vides de sens.

   J'hésite tout de même. Après quelques instants, j'insiste:

- Mais Anna, Alex n'est pas du genre à raconter des salades. J'angoisse sérieusement.

Elle soupire.

- Je ne sais pas quoi te dire... 

- C'est peut-être grave, m'entêté-je. 

- S'il te plait, Jenn, cesse de parler de ça, me coupe-t-elle durement. Je viens de te dire que je ne pouvais rien faire. Désolée. Maintenant, dormons.

   Je l'ai contrariée. Je ne sais pas trop comment, mais je l'ai contrariée. Tuez-moi quelqu'un, par pitié! Je ne suis décidément pas très douée pour entretenir de bonnes relations avec les autres. D'abord, ma meilleure amie disparaît. Puis, je déçois le gars que j'aime. Ensuite, même après un bonne journée ici, je n'ai pas tenté de retrouver ma grande sœur. Et, finalement, je viens de gâcher la soirée de ma copine de chambre.

   Une envie bizarre me prend. C'est par un mélange de panique, de peur, de regret, de culpabilité. J'ai extrêmement peur de demain. Moi aussi, hier me manque.

   Je retourne ma tête et plante mon visage dans mon oreiller. Ma gorge se noue, comme si un énorme poids pesait et s'amplifiait, prenant toute la place, bloquant ma respiration. Cette dernière commence à siffler doucement, parsemée de petits gémissements. Je ferme mes yeux très fort pour empêcher mes larmes de s'en échapper. Je sais ce qui se passe. Cette envie étrange est celle de pleurer.

   Tu me manques, hier. Ne laisse pas demain prendre la place. Je t'en prie.



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