Taekook fête la fin d'année ⛄️

By gosaeng

43.8K 3.3K 2.6K

Quoi de mieux que de célébrer Noël et la nouvelle année en voyageant à travers le monde grâce à ces 13 différ... More

Présentation
Venise
Londres
Phuket
Montréal
Amsterdam
Laponie
Séoul
Tokyo
Sydney
New York
Dubaï
Paris

Los Angeles

4.1K 365 290
By gosaeng

Omg tenez vous prêts on parle de l'os de harrylaqueen kgkfldldlflffl, l'impatience me rend fébrile, allons-y

Bonne lecture les zozos ⛄️

Bonsoir bonsoir ! J'espère de tout cœur que ce OS vous plaira, je vous souhaite à tous de merveilleuses fêtes de fin d'année, prenez soin de vous et surtout soyez heureux





Suivre mon père à l'autre bout du monde, deux jours à peine après Noël n'entrait clairement pas dans mes plans. Je n'étais déjà pas fan d'avance à l'idée de voyager à l'étranger. Ça n'a jamais été quelque chose que je considérais avec sérieux de près comme de loin. Je n'imaginais pas quitter mon cher et tendre pays adoré étant la Corée du Sud de si tôt. Et pourtant, je n'ai apparemment pas eu mon mot à dire lorsque mon père m'a intimé de boucler mes valises et de sauter dans le premier avion disponible pour l'Amérique du Nord en sa compagnie.


Je n'ai bien entendu pas pu décliner, même si l'envie ne manquait absolument pas. Je n'avais tout simplement aucun autre endroit où squatter lors de son absence jusque là encore indéterminée, c'était un énième voyage d'affaires. Et j'en avais déjà ma claque.


Il voyageait assez souvent, d'aussi loin que je m'en souvienne ça a été en partie la raison pour laquelle mes parents sont à l'heure actuelle divorcés. Il ne voyait que par son travail et elle ne voyait que lui. Au bout d'un moment à essayer, à vouloir recoller les morceaux inlassablement, ils ont décidé de s'arrêter là pour de bon au lieu de s'entêter. C'est de cette manière que j'ai grandi. À passer du logement de mon père à celui de ma mère, à changer d'école de temps en temps et d'amis aussi. Même si ça m'a énormément perturbé à cette époque, j'avouais que les voir tous les deux épanouis chacun de leur côté m'aidait à me faire à l'idée qu'ils ne risquaient plus jamais de se remettre ensemble -même si c'était toujours compliqué à intégrer totalement-.

Ils ont vécu de beaux et inoubliables moments, certes mais il est temps pour eux de passer à autre chose. Et ça n'a pas manqué. Si mon père continue toujours à être obnubilé par son job qu'il affectionne tout particulièrement (presque autant que moi, son unique fils), ma mère de son côté s'apprêtait à se remarier. La nouvelle ne m'a, bien entendu, pas grandement enchanté. Surtout que l'homme en question, qui s'apprêtait donc à partager la vie de ma mère définitivement (à moins qu'un second divorce n'advienne, on ne sait jamais à ce stade là) ressemblait trait pour trait à mon pire cauchemar. Une figure masculine souhaitant tout contrôler et s'autoproclamant chef de famille du jour au lendemain. Autant dire qu'il avait encore pas mal de chemin à faire pour ne serait-ce m'impressionner positivement, sa fausse autorité ne fonctionnait sans grand suspense pas sur moi.


Je n'avais pas la moindre idée de si mon père était au courant ou non, je n'osais pas réellement en parler. Il réussissait très bien sa vie seul et peut-être que c'était pour ça qu'il voulait être aussi libre que l'air. Je le comprenais.


Ne pouvant pas monopoliser ma chambre chez ma mère car les préparatifs du mariage sont tout ce dont ils parlent à longueur de journée, mon père m'a gentiment invité (il m'a plutôt forcé) à l'accompagner lors d'un de ses voyages. Ce n'était pas des vacances, loin de là. S'il se déplaçait c'était exclusivement pour le travail et rien d'autre. Ses supérieurs hiérarchiques, bien qu'ils soient peu, en profitent bien souvent d'ailleurs. Car ils savent très bien que rien ne retient mon père en Corée. Pas de famille handicapante, pas de femme, pas d'animal de compagnie, seulement un gosse de dix-huit ans un peu chiant, présent une fois sur deux et pas très bavard.


C'était presque logiquement et le sourire aux lèvres qu'il a accepté de voler jusqu'à Los Angeles durant les fêtes de fin d'année. Surtout après Noël. Ce n'était pas comme si le paysage risquait d'être dégueulasse, je le savais parfaitement. Mais je ne pensais pas moi aussi m'envoler en sa compagnie quand il m'en a touché deux mots au téléphone.


Mais il semblait heureux d'enfin pouvoir passer un véritable moment avec moi. Et je me sentais un peu mal d'avoir tant râlé en apprenant la nouvelle. Il est vrai que ça doit faire depuis leur divorce que je n'ai pas passé de temps dévoué pleinement à mon père.


J'essayais de faire des efforts pour ne pas trop tirer la tronche mais c'était bien plus fort que moi, je le savais. J'avais tendance à me rappeler dans l'immédiat qu'il était supposé travailler durant ce séjour et qu'une fois sur le sol américain, il allait me délaisser pour ses tonnes de paperasses habituelles.


Si voyager me rendait sceptique d'avance, c'était bien entendu sans compter l'avion qui se dressait entre le point de départ et celui d'arrivée. Un obstacle de taille, en effet. Je ne savais pas véritablement à quoi m'attendre, n'ayant jamais quitté le pays une seule fois de toute mon existence. Mais je m'étais accroché très fort -peut-être même trop- aux extrémités confortables de mon siège lors du décollage en première classe. Si l'on m'avait dit, deux semaines plus tôt que j'allais m'envoler pour l'Amérique du Nord, je ne l'aurais jamais cru. Ça me semblait tout à fait inenvisageable. Et pourtant, c'était la réalité.


Malgré mes premières réticences, j'étais tout de même fier de moi. D'avoir osé dire oui (je n'avais pas pu dire non). J'étais convaincu que le déplacement de mon père en cette fin d'année allait faire bonne impression. Il m'en avait parlé plusieurs fois sur la route de chez lui à l'aéroport d'Incheon. La mobilité est vivement recherchée par son entreprise et il avait entendu plusieurs femmes en discuter dans les couloirs de la boîte lors de la pause café. Beaucoup d'employés profitent des fêtes pour poser les jours de congés non utilisés et précautionneusement récoltés au cours de l'année afin de pouvoir passer de petites vacances avec leur famille. Mon père n'avait pas spécialement ce problème, notre famille n'en était plus une et nous avions perdu le goût aux fêtes depuis bien longtemps.


C'est d'ailleurs le lendemain -du jour où il a surpris deux collègues en parler- qu'on l'a accosté en lui offrant un aller-simple en première classe pour Los-Angeles. J'étais l'exception. Bien sûr, je n'entrais pas de le tarif mais ça importait peu selon mon père. Tout ce qu'il souhaitait -d'après ses yeux pétillantes que je n'avais pas revu depuis des années au moins-, c'était passer un petit peu de temps avec son « fils adoré ».


Même si les conditions n'étaient décidément pas les meilleures et que le vol n'a été que panique totale du décollage à l'atterrissage même, j'étais désormais bien plus qu'heureux d'avoir de nouveau les pieds sur terre. Décidément, je n'avais pas la moindre idée de comment j'allais bien pouvoir remonter dans cette machine infernale pour faire le voyage inverse. Ça risquait d'être un grand moment. Voler n'était décidément pas fait pour moi du tout. Et pourtant, mon père continuait à prétendre que c'était seulement l'effet de la première expérience, la première fois. J'étais sceptique.


Comme mentionné dans ses papiers qu'il a relu des centaines de fois, l'entreprise s'est occupée de tout ce qu'il fallait sur place. Rien n'était à sa charge (à part ce qui me concerne). Ainsi son propre billet d'avion, sa chambre d'hôtel et le déplacement de l'aéroport au lieu de rendez-vous ici à Los Angeles étaient au crédit unique de l'entreprise pour laquelle il travaille rudement depuis bien trop longtemps maintenant.


Ce n'est que plus tard dans la journée, la tête encore partiellement dans les nuages pour ma part que nous arrivâmes à l'adresse de l'hôtel. Je n'étais pas spécialement curieux mais j'ai tout de même fait des recherches sur le lieu en entendant mon père signaler qu'il en a déjà entendu parler à de nombreuses reprises dans sa carrière. Et effet, les organisateurs de ce voyage n'ont pas fait les choses à moitié. Ça surpassait même toutes les attentes que je m'étais inconsciemment fourrées dans le crâne avant de venir.


Nous allons loger pour une durée encore indéterminée, je tenais à le rappeler, au Four Seasons Hotel. Cet établissement dont le nom fait déjà saliver, possède cinq étoiles à son actif. Et pour moi, ça annonçait déjà largement la couleur. Je n'étais pas prêt du tout.


En arrivant ici, à Los Angeles, je m'étais surpris à penser que c'était une véritable chance de voyager ainsi dans le cadre du travail. Son entreprise m'épatait un peu, c'est vrai. Une chose était sûre et certaine et j'en aurais certainement mis ma main à couper : mon père allait se dépasser pour ne pas les décevoir de lui donner cette chance de bondir de pays en pays plusieurs fois par mois. Il se dépassait toujours, tout le temps, surtout maintenant qu'il avait la possibilité de ne penser qu'à ça -et un petit peu à moi aussi-.


La route de l'aéroport à l'hôtel ne fut pas si longue que ça. J'ai passé l'intégralité du trajet à regarder curieusement par la fenêtre pour ne rien manquer du spectacle que j'avais devant les yeux. Chose que je n'avais, bien entendu, pas pris le risque de faire à l'intérieur de l'avion de malheur. Souffrant de vertige, j'étais persuadé que ce n'était à ce moment là pas la meilleure chose à faire. Même si je doutais que la vue devait être démentielle.


Armé de ma valise fétiche vert sapin, nous sommes accueillis à la réception de l'hôtel par deux hommes en costard, l'un plus petit que l'autre au niveau de la taille. Ils étaient très élégants, après tout ils sont essentiellement payés pour l'être. Par réflexe purement stupide, je m'étais courbé avec respect devant eux. Mon père n'avait aucunement réprimé son fou rire en balbutiant entre deux bouffées d'air des salutations et des explications dans un anglais frôlant la perfection.


Quel crâneur celui là.


Avec tout ce remue-ménage de l'enfer, le changement de pays -donc de culture- et le décalage horaire, je ne savais plus où m'en donner de la tête. Sans compter la fatigue qui commençait tout doucement à m'assommer. C'était le pompon.


Les deux majordomes nous guidèrent jusqu'à nos chambres respectives. Je les suivais au radar, les paupières pratiquement closes et le cerveau à moitié éteint -heureusement que mon père s'occupait du blabla-. Je n'avais pas la tête à traduire quoi que ce soit. Sans mentionner mon pauvre niveau en anglais.


Plus nous passâmes du temps à sillonner les longs couloirs, plus je me suis intimement persuadé que nous n'aurions jamais pu arriver a nos chambres sans l'aide de ces deux jeunes hommes qualifiés -ils étaient quand même plus vieux que moi-. Sans connaître l'endroit d'avance, ça aurait été une véritable catastrophe. C'était gigantesque ici. Bien plus que je ne l'avais imaginé et j'avais beaucoup d'imagination.


Ils nous donnèrent une genre de carte magnétique colorée permettant l'accès ou non aux deux chambres réservées en notre nom. Elles étaient bien entendu, face à face. Ça me rassurait un petit peu d'avoir une carte, j'avais une forte tendance à perdre mes clés depuis toujours. Même si au fond, détenir une carte tout aussi fine et petite n'était pas moins discret et facile à perdre. Pourtant en la regardant briller légèrement dans la paume de ma main, je me convins tout seul de ne pas m'en égarer plus de cinq minutes consécutives sous peine de ne jamais pouvoir la retrouver. J'étais incapable de la rembourser de toute manière, mes économies se résumaient à pas grand chose.


Ce n'était qu'une carte de verrouillage de porte, certes mais elle provenait d'un hôtel de luxe et ça faisait -justement- toute la différence. Mon père me laisserait ici et je tenais tout particulièrement à mon pays, à mes amis et à mon lit surtout pour mettre en péril mon prochain retour sur le sol coréen.   


L'un des hommes qui avait insisté pour porter nos valises communes entra à l'intérieur de la chambre, celle de mon père. Le second referma la porte derrière nous pour plus de tranquillité. Je tenais à préciser que l'endroit était si silencieux que c'en était presque préoccupant. La chambre était très lumineuse, les murs étaient recouverts d'une douce couleur Champagne qui donnait l'impression de se trouver à l'intérieur d'un énorme paquet de chocolat noir praliné que l'on offre généralement lors des grandes fêtes. Sans compter l'imposant lit deux places immanquable, j'aurais d'ailleurs aimé avoir le même à la maison. J'étais même convaincu, en le regardant plus attentivement, que mon corps entier pouvait sans problème  y tenir allongé à la verticale tout comme à l'horizontale.


« Monsieur Jeon, commença t-il en se tournant vers mon père, votre chambre bénéficie d'une porte-fenêtre donnant accès à un large balcon privé avec une table et plusieurs chaises, il est notamment partagé avec la chambre voisine. Les chambres sont climatisées mais nous doutons sérieusement que cette option vous sera utile lors de votre séjour, les températures sont raisonnables. »


En effet, il n'avait pas tord. Les températures ne laissaient planer aucun suspense au niveau de la période de l'année que nous occupions. C'était bien connu dans le monde entier, si le mois de Décembre était le plus chaud de l'année ils ne seraient pas tous si couverts de la tête aux pieds. Et j'étais bien content d'avoir emmené avec moi mon gilet gris chiné préféré. C'était un vêtement à priori comme un autre mais dans lequel je me sens particulièrement à l'aise. Ce sont des coups de cœur qui arrivent à tous secrètement, pour un certain tissu, une couleur ou encore une sensation agréable contre la peau. Puisque je m'apprêtais à changer de pays pour la première fois de mon existence, j'avais pris soin de le fourrer dans ma valise pour me sentir chez moi même si loin de l'appartement de mon père à Séoul.


« L'hôtel dispose également d'une bibliothèque variée, d'une salle de sport équipée si nécessaire et d'un spa à service complet. Vous pourrez également savourer vos repas dans votre chambre, le room-service sera à votre écoute sans interruption mais sachez que nous possédons un restaurant spécialisé en cuisine italienne au rez-de-chaussée. De même un bar se trouve à quelques mètres à peine de la réception où nous nous sommes rencontrés, on y sert de nombreux cocktails de différents pays. »


Bizarrement, en écoutant bien attentivement les propos récités parfaitement par l'un des majordomes je me demandais si tout ça ne s'avérait donc pas être des vacances. Il était pourtant clair dans mon esprit que ça ne l'était pas, du moins pas pour mon père. Mais l'énorme télévision suspendue au mur, la baignoire îlot dans la salle de bain spacieuse, les spots lumineux un petit peu partout et la vue sur la piscine extérieure portaient sévèrement à confusion. Je n'arrivais pas à y croire. C'était dingue. Ce n'était donc pas un étoile cinq étoiles pour rien.


Ils continuèrent à parler pendant une bonne dizaine de minutes pendant lesquelles je fis le tour de la chambre, les yeux émerveillés. Si la chambre de mon père était semblable à la mienne, de l'autre côté du couloir, peut-être que rester ici serait envisageable finalement.














Ma chambre était tout aussi belle que celle de mon père, peut-être même plus. Elle était son parfait sosie à part les murs qui n'étaient pas couleur Champagne comme dans la sienne mais plutôt d'un grenat chaud que j'aimais tout particulièrement. Les draps du lit étaient foncés et j'aimais d'autant plus cet aspect assez mystérieux que ça donnait à la pièce. Mon père en serait presque jaloux.


Nous sommes le 28 Décembre et ma première nuit a été un véritable succès. Les couvertures sont chaudes et me donnent l'envie de me rendormir dès que j'ai ouvert les yeux, vers 9h à peu près. Comme je l'avais imaginé dans un coin de ma tête, mon père s'est enfermé dans sa chambre hier soir pour commencer à travailler et préparer ses documents pour le lendemain. De ce fait, j'ai mangé seul dans la mienne en commandant au room-service. Ce n'était pas si mal que ça, vraiment pas. La nourriture était délicieuse. Mais j'espérais seulement naïvement que nous pourrions passer plus de temps tous les deux.


Tout était parfait autour de moi mais la seule chose dont j'avais véritablement besoin ici, c'était d'une présence, d'une compagnie. Je me sentais déjà suffisamment seul le restant de l'année pour l'être dans un autre pays, à des milliers de kilomètres de mes deux maisons (si on pouvait les considérer ainsi). Et même si mon père se trouvait à quelques mètres à peine de moi, c'est comme s'il était beaucoup trop loin pour que je puisse l'atteindre.


J'étais seulement habillé de mon boxer surplombé d'un peignoir fin blanc lorsque j'ouvris la double porte donnant sur le balcon privé. Le ciel était relativement couvert au point où il m'était impossible de discerner le soleil à travers les nuages épais. Il faisait bien froid aussi pas de là à me geler les côtes non plus mais le vent s'empressa de venir embrasser mon cou découvert, ce qui me fit frisonner désagréablement.


Si mon père avait une vue sur la piscine extérieure, moi j'avais une vue spectaculaire sur un nombre encore flou de bâtiments. J'avais déjà hâte que la nuit tombe pour pouvoir observer ce beau monde briller dans l'obscurité. J'étais bien trop fatigué la veille pour ne serait-ce prendre en compte la beauté exacte du lieu. Mon téléphone sonna subitement, me faisant sursauter.


Ma main vint piocher l'appareil fourré au préalable dans l'une des poches du peignoir et mon nez se retroussa en intégrant le contact affiché sur l'écran lumineux. Mince, j'avais oublié de l'appeler plus tôt. Mon doigt tapota sur ce dernier avant que je ne le colle à mon oreille, prêt à me faire réprimander par ma très chère mère.


« Il est à peine dix heures ici, je n'ose même pas calculer quelle heure il est à Séoul. Qu'est-ce que tu fais encore debout ? Fis-je en fronçant les sourcils, remonté.

-J'attendais que ton père me donne des nouvelles mais apparemment même ça, il ne sait pas le faire.

-Ne le blâme pas, j'aurais dû t'envoyer un message pour te dire que tout s'est bien passé mais j'étais bien trop fatigué en arrivant à l'hôtel. »


Si mon père semblait insensible à la séparation amoureuse qu'il a traversé, il fallait l'avouer ça remontait maintenant à quelques longues années, ma mère continu    ait à témoigner une certaine amertume envers lui. Surtout lorsque je me trouvais en sa présence, encore plus à l'autre bout du monde. Ne pas savoir ce que je fais, ça la rendait folle.


« Tu ne manges pas de cochonneries au moins ? Questionna t-elle alors que l'environnement dans lequel elle se trouvait était d'un calme plat. Ton corps a besoin de protéines, tu as les qualifications de basket en Janvier.

-Maman, je n'ai plus douze ans. Grognai-je en secouant la tête négativement, agacé par son comportement. »


C'était toujours comme ça. Elle en faisait bien trop, tout le temps. Et c'était épuisant à la longue. Même pour moi, son propre fils. Elle ne s'occupait dans tant que ça de moi, seulement quand je me trouve chez mon père. Comme si finalement elle se rendait compte de mon existence quand je suis loin d'elle. Et c'est frustrant, terriblement frustrant. Quand je suis là, elle n'a d'yeux que pour son nouveau mari et son mariage à la noix. Mais voilà qu'une fois sur le sol américain, elle reste éveillée jusqu'à 3h du matin en prétextant se soucier de moi.


« Tu peux aller te coucher, tout va bien ici.

-S'il y a quoi que ce soit, tu peux m'envoyer un message n'importe quand. Elle souffla doucement de cette voix gorgée d'attention que je n'entendais pratiquement jamais. Si ton père est odieux avec toi tu peux toujours...

-Papa s'occupe très bien de moi, tu n'as pas à t'en soucier. Je vais devoir raccrocher. »


Après avoir échangé quelques paroles dont je me serais évidemment passé -la plupart à propos de mon cher et tendre père-, mon téléphone glissa de nouveau dans la poche de mon peignoir doux et agréable. Je pris une grande bouffée d'air en fermant les yeux, épuisé de me retrouver dans cette situation. C'était la même chose à chaque fois que je me rendais chez lui. Ma mère me rappelait à quel point il était doté d'un nombre presque immensurable de défauts en pensant naïvement que ça allait impacter sur ma perception de son image. Mais ça faisait bien longtemps que je réfléchissais par moi-même. Plus jeune, je me sentais assez piégé par cette situation. Mais maintenant avec bien plus de recul après le deuil de leur relation passée, j'étais en âge de pouvoir comprendre ce qui se tramait autour de moi.


Mon père continuait à vivre comme avant en se dévouant à son travail et la haine de ma mère à ce sujet n'en démordait pas. Mais le schéma se répétait, mon père était bien trop obnubilé par ses papiers pour ne serait-ce se rendre compte du petit manège de ma mère. Et moi j'étais là, toujours au milieu.


Heureusement que j'avais appris à faire la part des choses.


La ville était vachement animée et je trouvais ça vraiment drôle de voir les voitures se suivre sans jamais s'arrêter. Le ballet semblait interminable et perpétuel. Mes yeux continuaient à suivre cette danse incroyable lorsque j'entendis le coulissement familier d'une porte, c'était celle d'à côté. Si ma chambre était le sosie presque parfait de celle de mon père, elle bénéficiait également d'un balcon privé partagé avec la chambre adjacente.


Hier soir, je pensais que la chambre voisine était inoccupée puisque je n'avais rien entendu présageant une quelconque présence humaine. Mais voilà que je m'étais visiblement trompé ou que les murs étaient tout simplement bien isolés.


Un jeune homme un peu plus vieux que moi fit quelques pas francs sur le balcon, les pieds nus. Il venait potentiellement de sortir de la douche puisque sa chevelure d'un rouge vif était encore trempée. Quelques gouttes glissaient dans sa nuque découverte alors que sa chemise noire cintrée était entièrement déboutonnée, dévoilant une peau relativement mielleuse malgré ses origines visiblement coréennes, comme moi. Il portait un pantalon lui aussi noir qui descendait sur ses hanches, il ne m'avait pas encore vu. Une cigarette était coincée derrière son oreille décorée de divers piercings argentés dont je ne connaissais pas même les noms hallucinants. Gêné de ne plus être seul mais maintenant en présence d'un véritable inconnu tout aussi couvert que moi, je me raclai la gorge pour attirer son attention avant qu'il ne sursaute à ma vue.


Ce qui, au passage, fonctionna.


Il leva systématiquement la tête vers moi, ses traits tirés me semblaient étrangement très familiers. Son regard charbonneux et étiré croisa le mien et nous restâmes une bonne minute à ne rien faire, il s'était même arrêté de réajuster le bas de sa chemise déboutonnée à l'intérieur de son pantalon. Les bras en suspension totale. Une bourrasque de vent me fit grimacer et il prit la parole en premier, voyant que je n'étais pas décidé à le faire à sa place.


« T'es pas le fils de Jeon par hasard ? Demanda t-il curieusement en esquissant un sourire moqueur. »


Mes sourcils se froncèrent d'incompréhension, il connaissait mon père ? Donc cet homme travaillait logiquement dans la même entreprise, ce qui expliquait pourquoi j'étais presque convaincu de le connaître. Il m'arrivait de passer au travail de mon père après les cours, peut-être que nous nous sommes déjà croisés auparavant. Mais en y réfléchissant plus sérieusement, si j'avais ne serait-ce qu'effleuré cet individu à la chevelure colorée je m'en serais certainement souvenu.


« Qu'est-ce que ça peut te faire ? Répondis-je de manière crue sur la défensive, mes doigts serraient la ceinture en tissu doux de mon peignoir.

-Je suis le fils de son Boss si ça t'intéresse, pointa t-il en haussant les épaules nonchalamment, alors si j'étais toi je ferais attention à ce que je dis. »


Quel curieux personnage.


Alors que le vent continuait à me fouetter avec pur plaisir le visage, je me recroquevillai un peu plus suite à cet échange refroidissant avec à priori mon nouveau voisin de chambre. Celui-ci attrapa la cigarette coincée derrière son oreille percée avant de la glisser entre ses lèvres. Il l'alluma ensuite à l'aide d'un briquet coloré aux reflets « Néon ». Il en inspira une première bouffée en fermant lentement les paupières, je le vis de profil. Et même si je n'y suis clairement pas habitué, je devais forcément avouer qu'il était très beau.


Il coinça la cigarette entre son majeur et son index puis tourna la tête vers moi.


« Je déconne, mec. Enchaîna t-il après un petit moment silencieux. J'en ai rien à foutre que tu sois le fils de Jeon, j'espère juste que t'es pas aussi gnian-gnian et relou que lui.

-Gnian-gnian ? Répétai-je, incrédule.

-Ouais, il est toujours là à lécher les bottes de mon père en permanence depuis qu'il l'a fait monter en grade. Putain si seulement tu le voyais, c'est ridicule. »


Je n'appréciais pas du tout sa manière de parler, son intonation et cette drôle d'expression qu'il arborait. N'était-il pas bien trop à l'aise pour une première conversation ? Après tout, il ne me connaissait pas le moins du monde et je ne le connaissais pas non plus.


Comment pouvait-il se montrer si détendu en balançant de tels mots comme si de rien était ?


« Donc on est voisins, génial. Marmonna t-il en passant sa main libre dans ses cheveux flamboyants. J'suis là que depuis hier mais je me fais déjà royalement chier, je compte sur toi pour rattraper le truc parce que là, j'me tâte sérieusement à sauter de ce balcon pour en finir.

-Pourquoi tu es là alors si ça ne te plaît pas ?

-Parce que tu veux vraiment me faire croire que t'es heureux d'être ici ? »


Il venait de viser juste par je ne sais quel moyen. Pouvait-il lire dans mes pensées ? Si c'était le cas, il allait être servi. Je n'étais pas spécialement content d'être là, c'était certain mais j'ignorais que quelqu'un d'autre que moi pourrait potentiellement se sentir dans le même état. Qui était-il au juste ? À part le fils du patron de mon père ?


Je ne répondis pas et un petit rire moqueur me parvint aux oreilles un instant plus tard. Je sentais aussi son regard aiguisé et lumineux sur moi, c'était pas mal désagréable. N'avait-il donc aucune gêne ?


« Taehyung. Lâcha t-il de but en blanc en tirant sur le mégot de sa cigarette. Je m'appelle Taehyung. Mais Tae ça sonne mieux, c'est pour les intimes par contre.»


Il semblait s'être calmé et les racines de ses cheveux commençaient à sécher lentement. Mais son intonation demeurait tout aussi joyeuse. Mon ventre grogna comme pour essayer de me tirer de cette situation bien plus que gênante à mon simple avis alors que je ne sentais presque plus mes joues.


« Jungkook. Répondis-je en lançant un regard perdu vers les hauts bâtiments autour de nous.

-C'est stylé comme prénom.

-Huh...Je papillonnai des yeux, surpris. Merci ? »


Un petit sourire orna de nouveau ses lèvres légèrement pulpeuses, il y avait de la lumière dans ses yeux. Apparemment je venais tout juste d'illuminer sa journée, on dirait. Il semblait relativement de mon âge et savoir que je n'étais pas totalement seul ici, à l'autre bout du monde, me rassurait un petit peu aussi.


Même si son comportement m'a relativement surpris, peut-être que le courant passera finalement. Du moins, je vais essayer de faire des efforts. Après tout, je n'ai pas grand chose à perdre à part du temps jusqu'au retour encore flou en Corée.


« À plus alors. Chuchotai-je maladroitement en lui tournant le dos.

-Ouais, à plus Jeon. »

















L'après-midi était déjà bien entamée lorsque mon père m'appela. Bien entendu, ce n'était pas pour me proposer d'aller faire un tour pour explorer les alentours de Los Angeles en sa compagnie. Ça aurait été trop beau pour être vrai et je m'en voulais d'y avoir cru ne serait-ce qu'une seule et unique seconde. Il prenait seulement de mes nouvelles, il s'assurait que j'aille bien pendant son absence, que je n'avais pas brûlé l'hôtel. D'après ses dires, il enchaînait les réunions importantes depuis huit heures ce matin. Il était surchargé de travail et me racontait qu'il avait un petit peu de mal à suivre le rythme. S'il était de nature assez speed, ça semblait aller au dessus de sa limite de vitesse. Alors pour le rassurer, je lui avais chuchoté quelques mots, quelque chose comme : « t'es le meilleur, papa », « tu vas y arriver », « je crois en toi ». Je l'avais alors entendu rire légèrement de nervosité, ça me prouvait donc qu'il était touché par mes mots. Nous n'étions pas du genre à faire de grandes déclarations d'amour, ça n'arrivait même jamais. Mais je savais, au fond, qu'il avait aussi besoin qu'on le soutienne dans les moments difficiles.


Avant de raccrocher, alors que je faisais les cent pas dans l'immense chambre d'hôtel, il ajouta :


« Mon patron, M.Kim, a également amené son fils et il a à peu près ton âge il me semble. Je peux te mettre en contact avec lui pour que tu ne sois pas tout seul quand je ne suis pas là pour te tenir compagnie, je sais que tu voulais que l'on passe davantage de temps ensemble en arrivant ici... je suis vraiment désolé.

-Papa... Tu n'as pas à t'excuser.

-Alors, tu veux que je me renseigne pour vous mettre en relation ?

-Huh... Balbutiai-je en tournant sur moi-même, les lèvres pincées. On verra, je vais y réfléchir. Mais pour l'instant ne fait rien, d'accord ?

-D'accord, d'accord. Huma t-il et je savais qu'il souriait légèrement. Je dois y retourner, je te rappelle plus tard. »


Mon bras retomba mollement le long de mon corps alors que la télévision géante instaurait un léger fond sonore agréable réglé par les différentes télécommandes qui jonchaient le buffet en bois vernis. Je ne m'intéressais pas du tout à ce qui passait, c'était un film en anglais je crois mais ce dont j'étais sûr c'est que je ne comprenais pas même le moindre mot. Mais j'aimais bien déranger le silence, ne pas le laisser prendre le dessus et gagner.


Alors que je demeurais immobile, perdu dans mes pensées, un coup me fit brusquement sursauter. Mes mains se positionnèrent instinctivement sur mon cœur qui battait comme un dingue dans ma cage thoracique. Quelques mèches de cheveux sauvages retombaient sur mon front. Comme si cette fois-ci les murs étaient aussi épais qu'une feuille en papier et qu'il avait visiblement entendu qu'on parlait de lui au téléphone avec mon père deux petites secondes plus tôt, Taehyung était juste là derrière ma propre porte vitrée. Il était cette fois-ci habillé correctement de la tête aux pieds, un manteau beige assez long habillait ses épaules sculptées.


Moi aussi j'étais maintenant habillé convenablement ça contrastait par rapport à ce matin mais je ne l'étais pas aussi bien que lui. Je ne portais pas réellement de marques, ce n'était pas trop mon truc. J'étais persuadé que la marque, peu importe laquelle, ne faisait pas la qualité d'une tenue. Je n'avais pas trop de goût concernant la mode et ma garde de robe se résumait à du blanc, du noir et parfois du gris mais j'évitais au possible les fautes d'accords entre les couleurs (ce qui était relativement difficile étant donné ma pauvre panoplie de couleurs).


Un petit col roulé gris chiné et un jean noir faisaient largement l'affaire pour aujourd'hui. Je n'avais pas prévu de sortir de toute manière, puisque mon père travaillait toute la journée à l'extérieur de l'hôtel. Je n'étais même pas certain de pouvoir le voir en rentrant ce soir, de pouvoir l'attraper avant qu'il ne s'enferme dans sa chambre comme la veille.


Un soupir enfreint la barrière de ma bouche alors que je levais les yeux au ciel en traînant les pieds jusqu'à la baie vitrée. Je ne m'attendais vraiment pas à le voir de si tôt. Ou à le revoir tout court finalement suite à notre première entrevue plutôt catastrophique à mon goût. Apparemment ce n'était pas son avis puisqu'il venait déjà toquer à ma porte, le jour même, à peine quelques heures plus tard.


Son poing tapa de nouveau la vitre avec amusement et pour le taquiner un peu, je m'arrêtai juste devant la poignée en penchant la tête sur le côté. Il haussa l'un de ses sourcils garnis, appréciant ce petit jeu qui n'en était pas un. 


« Qu'est-ce que tu veux ? Articulai-je pour qu'il puisse comprendre. »


Ses yeux sombres s'orientèrent vers mes lèvres qu'il jaugea avec attention afin de comprendre ce que je disais. Les extrémités de sa propre bouche s'étirèrent alors qu'il continuait à m'observer même une fois avoir terminé de parler. Gêné par son regard, je me mordis l'intérieur de la joue pour atténuer cette drôle de sensation qui grouillait dans mes doigts.


Il mima le fait d'ouvrir la porte toujours sur le balcon, m'ordonnant en silence de faire de même de mon côté pour communiquer comme des êtres humains relativement civilisés. Je n'avais pas la tête à me battre avec lui ou à l'ignorer puérilement -ce que j'aurais très bien pu faire ne temps normal- et ça me faisait intérieurement chaud au cœur qu'il soit venu de son propre grès. Alors qu'on ne se connaissait pas le moins du monde. Ça me faisait plaisir, de ne pas être seul.


Alors du bout des doigts, j'ouvris précautionneusement la baie vitrée de seulement quelques centimètres, assez pour qu'il puisse y passer son visage mais pas son corps. S'il pensait pouvoir entrer, il se mettait le doigt dans l'œil. Mais apparemment, il ne chipota pas la dessus. Taehyung avait visiblement d'autres plans en tête. 


« Rendez-vous dans 10 minutes à la réception. T'as pas intérêt à être en retard, j'te préviens.»


Ses cheveux étaient désormais complètement secs, les mèches qui épousaient son front bouclaient légèrement et je trouvais ça assez charmant au grès du vent encore présent à l'extérieur. Ses piercings aux oreilles brillaient un peu à contre-jour. J'avais tendance à beaucoup le regarder. À vrai dire, il était compliqué de ne pas le regarder. C'est comme si mes yeux étaient aimantés.


« Pourquoi ? Bégayai-je en papillonnant des yeux, j'entendais à peine la télé dans mon dos. Qu'allons nous faire ?

-On va aller se promener. »


Sans que je ne le remarque, il avait ouvert un petit peu plus la baie-vitrée pour s'y reposer. Son épaule écrasée contre cette dernière, il avait les bras croisés contre son torse et attendait visiblement une réponse. Voyant que je mettais un petit peu trop de temps à son goût pour répondre, il claqua sa langue contre son palais, impatient.


« On ? Répétai-je hébété en sentant mes joues chauffer un petit peu.

-Ouais on, toi et moi. Tu vois quelqu'un d'autre ici ou ?»


Même si son intonation semblait être un reproche, l'expression de son visage laissait transparaître que mes réactions continuaient à l'amuser. Cependant, sa voix ne collait pas du tout. J'avais comme l'impression de l'irriter mais c'était peut-être dû au fait que sa voix était penchée vers les graves donc je n'arrivais pas très bien à la cerner. Et je doutais un petit peu, n'était-ce pas bizarre comme proposition ?


« Mais, on ne se connaît pas du tout... Pourquoi j'irais me promener avec toi ?

-Pour apprendre à se connaître peut-être ? S'il te plaît, tu peux réfléchir un petit peu ? Ça t'arrive de temps en temps ?»


Bien plus près de moi que je ne l'imaginais, il tendit son bras et son index jugeur tapota mon crâne. Je fis un pas vers l'arrière en lui jetant un mauvais regard, vexé. Se moquait-il de moi, encore une fois ? Mais pour qui se prenait-il ?


Alors que je m'apprêtais à l'envoyer voir ailleurs puisqu'il m'avait humilié, il me devança les sourcils désormais froncés et l'air bien plus sérieux :


« Écoute, on est à Los Angeles. C'est une putain de ville de malade, tu ne vas quand même pas passer tout ton séjour enfermé dans ta chambre d'hôtel de luxe. Si t'es seul comme moi, ce qui est le cas puisque nos pères nous oublient dès qu'ils ont le nez dans la paperasse, autant qu'on se tienne mutuellement compagnie pour ne par crever d'ennui. »


Au fond, il n'avait pas spécialement tord. Bien au contraire même. Nous étions tous les deux incroyablement seuls dans un pays étranger. Je devais au moins me montrer reconnaissant de tomber sur quelqu'un de la même nationalité et de la même tranche d'âge que moi à l'autre bout du monde. Surtout que d'après ses dires, nous étions tous les deux particulièrement ennuyés. Et ce n'était que notre premier jour ici. Ça annonçait la couleur.


« Sinon tu me le dis directement et je saute du balcon comme ça c'est vite fait. Il ricana en passant une main dans ses cheveux colorés, les peignant allègrement. Et au cas où tu le prendrais au sérieux, là aussi je déconne. »


Il avait levé les yeux au ciel pour agrémenter ses propos. Il était vraiment très expressif comme garçon, je l'étais beaucoup moins. Mais d'après ce que je voyais devant moi, il se servait de tous les muscles rassemblés dans son visage pour communiquer.


Je fis craquer mes doigts avec nervosité, ce n'est pas que la proposition me déplaisait, loin de là même. Elle me plaisait énormément. Je voulais sortir et découvrir Los Angeles. J'étais seul alors j'avais repoussé l'idée en début d'après-midi. Mais maintenant que j'avais un possible compagnon, l'idée de me promener à ses côtés me gênait plus qu'autre chose.


« Et on va faire quoi dehors petit génie ? Questionnai-je en l'imitant, les bras croisés contre mon torse.

-Y'a un café plutôt sympa à quelques rues d'ici, on peut aller y faire un tour. Après on avisera en fonction du temps.»


Il était toujours appuyé contre la baie vitrée. Cette limite entre nous n'en était désormais plus une, il l'avait détourné si rapidement que ça m'avait partiellement échappé. Et maintenant, il semblait très déterminé à ce que l'on sorte voir du pays. Après tout, je n'avais rien d'autre à faire non plus.


« C'est d'accord. Lâchai-je en levant doucement les yeux vers lui.

-Ça marche, maintenant il te reste 6 minutes. »

















Taehyung m'avait menti.


Le café ne se trouvait pas à quelques rues de l'hôtel mais à plusieurs pâtés de bâtiments. Résultat, nous avons marché une bonne heure avant d'y parvenir. Ça l'avait visiblement amusé puisqu'il riait à n'en plus pouvoir à chaque fois que je me plaignais. À quoi bon marcher si les taxis jonchent les rues ? Il avait refusé, bien entendu. Et après réflexion, je le remerciais mentalement. Les rues de Los Angeles étaient vraiment jolies et j'avais le temps de les  observer en marchant.


Mon voisin avait pris plusieurs photos, prétextant vouloir les poster sur Instagram plus tard dans la soirée. Alors je m'étais métamorphosé en photographe, capturant plusieurs clichés de lui à divers endroits. Il m'avait remercié en ébouriffant mes cheveux et je l'avais frappé à l'épaule, tout en rougissant.


Taehyung était vraiment très tactile.


Ça semblait être un trait de caractère chez lui. Il avait tendance à toucher mes cheveux à répétition, à se tourner vers moi et à s'approcher très près de mon visage pour parler. Cette proximité me mettait mal à l'aise. Je n'avais pas l'habitude.


Habituellement, je faisais particulièrement attention à mon espace personnel. Mais il s'y était inséré sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Un petit peu comme tout à l'heure, avec la baie vitrée de ma chambre. Il agissait en silence et avec délicatesse, ce qui m'empêchait de lui hurler dessus.


Il était malin.


Même si j'étais totalement épuisé en arrivant au dit café tant recherché, l'établissement était magnifique. Tout autant de l'intérieur que de l'extérieur. C'était très coloré et les banquettes étaient très agréables. Nous étions près de la fenêtre à regarder les gens passer. Taehyung s'amusait à imaginer à quoi pouvait bien ressembler leur vie et j'étais plié de rire en face de lui. C'est qu'il en racontait des conneries à la minute. Il fallait être là pour le voir, l'entendre surtout.


« Et elle sur le trottoir d'en face avec son écharpe jaune à pois, fit-il en pointant du doigt une jeune femme de trente ans, elle trompe sûrement son mari avec son meilleur-pote.

-Taehyung arrête une seconde. Répondis-je en essuyant le coin de mes yeux, humide. Je n'arrive plus à respirer.

-Sauf qu'en réalité, son mari la trompe déjà avec ce fameux pote. »


J'avais commandé une part de gâteau à la fraise et Taehyung une gaufre au chocolat surplombée de chantilly. C'est dire qu'on l'avait vraiment mérité. Il était largement temps pour moi de reprendre des forces.


Il était vraiment bon, la crème fondait contre mon palais. Je sentais le regard de Taehyung sur moi. Il fixait beaucoup et c'en était d'ailleurs excusé sur le trajet. Balbutiant que c'était plus fort que lui, ou quelque chose dans le même genre. Je n'avais pas trop compris.


Nous mangeâmes dans le silence et dire que ça n'était pas agréable après tant d'exercice serait mentir. J'avais prévenu mon père que j'étais parti en excursion pour découvrir un petit peu la ville, omettant que Taehyung m'accompagnait. Je ne voulais pas qu'il le sache.


D'ailleurs, le beau garçon aux cheveux de feu avala un morceau de gaufre avant de me regarder. Il y avait quelque chose qui brillait dans ses yeux mais je n'arrivais pas à savoir ce que c'était. Le problème, c'est que quand j'essayais de mettre la main dessus je finissais par m'y perdre. Et ça faisait un peu peur.


« Pourquoi ton père t'a emmené ? Il demanda curieusement en avalant une gorgée de son smoothie aux fruits rouges. Habituellement, il vient toujours seul en déplacement. Ça m'a pas mal surpris.

-Mes parents sont divorcés. Je grimaçai légèrement en regardant par la vitre. Ma mère est trop occupée avec son nouveau mec dont-elle est raide dingue alors je n'ai pas vraiment eu le choix. »


Il hocha pensivement la tête sans jamais regarder ailleurs. Je me demandais s'il me comprenait, à quoi il songeait aussi. Ma cuillère entre les mains, je jouais maladroitement avec les restes de mon gâteau que je n'allais de toute évidence pas terminer.


« Et toi ? Je relevai la tête alors qu'il continuait à boire son smoothie appétissant. Ça n'a pas l'air d'être ta première fois. Enfin... on dirait que tu es habitué à voyager.

-Je suis mon père comme son ombre depuis des lustres. Il ricana en paraissant peu amusé par ma question, sûrement était-elle déplacée. Apparemment je fais bien trop de conneries pour qu'il prenne le risque de me laisser seul sans surveillance à l'autre bout du monde.

-Alors tu es plutôt du genre casse-cou ? »


Il avait sa paille entre les dents et je vis même le bout de sa langue rose tourner autour. Son sourire s'accentua lorsqu'il remarqua les rougeurs évidentes sur mes joues.


J'avais chaud, d'un coup.


« On peut dire ça comme ça... »


Sa voix était taquine alors que je m'étais pratiquement jeté sur mon milk-shake pour tenter de calmer le feu ardent qui embaumait désormais mon visage tout entier. J'aimais énormément les milk-shakes. Mais j'étais sur le point de siroter le mien en trente secondes top chrono sans même l'apprécier à sa juste valeur. De quoi être malade juste après sur le chemin du retour. Génial.


« Et en ce moment même il serait certainement en train de faire une syncope s'il me voyait ici avec toi.

-P... Pourquoi ? Nous ne faisons rien de mal.

-Je sais. »


La paille entre les lèvres, je continuais à boire pour me refroidir et faire redescendre la température de mon corps. Et Taehyung souriait, encore, toujours. Il souriait beaucoup mais ce n'était pas si énervant que ça finalement.


Il avait même un très beau sourire.


Son bras tonique et long se tendit vers moi puis il caressa de nouveau mes cheveux qui sentaient encore le shampoing, avec plus de douceur que tout à l'heure. La paille glissa alors de mes lèvres par inadvertance.


« Je suis content de ne pas être seul. Avoua t-il en fourrant ensuite ses deux mains baguées dans ses poches de pantalon.

-Moi aussi. Fis-je, gêné. Merci d'être là et de m'avoir proposé de sortir. Tu n'étais pas obligé...

-Y'a pas de quoi. »


Et nous passâmes le reste de l'après-midi dans ce même café, à faire connaissance et à s'étouffer de rire de temps en temps. Entre deux anecdotes totalement tirées par les cheveux, Taehyung continua à me regarder avec ses yeux lumineux dont j'étais maintenant incapable de me séparer.


Il m'hypnotisait. 

















C'est tout naturellement que j'ai passé les deux jours suivants en sa compagnie, puisque de toute manière nous étions seuls tous les deux. Comme il l'avait si bien dit, valait mieux en profiter plutôt que de s'ennuyer et rester enfermés dans nos chambres d'hôtel respectives. Taehyung était vraiment attachant, prétendre le contraire serait mentir. Même si ça ne faisait qu'à peine quelques jours que je l'ai rencontré, ça s'apparentait curieusement à des semaines entières tant nous sommes restés scotchés l'un à l'autre durant des heures et des heures. C'en était sûrement inquiétant vu de l'extérieur. Mais personne ne nous voyait, personne ne nous remarquait, personne n'en avait quelque chose à faire de nous. Nos pères demeuraient fidèles au travail.


Nous étions sortis plusieurs fois pour découvrir les rues pleine de surprises de Los Angeles. C'était vraiment dingue. J'ai beaucoup aimé. Les journées passaient si vite à ses côtés que je n'avais pas même le temps de me morfondre sur ma petite vie triste. Il l'égayait en un battement de cil. On avait beaucoup mangé et beaucoup rigolé aussi -alors j'imaginais que ça compensait.


J'étais vraiment heureux de l'avoir rencontré.


Taehyung s'était rapproché davantage avec lenteur, passant parfois son bras par dessus mes épaules tout en continuant à caresser mes cheveux de temps en temps. Je ne l'avais pas repoussé, car c'était agréable. Ça l'était vraiment. Je n'étais pas tant habitué que ça aux contacts mais je m'y étais, malgré moi, peut-être déjà habitué. J'aimais beaucoup la sensation de son corps près du mien, de sa chaleur aussi.


Après avoir passé l'intégralité de l'après-midi avec Taehyung à la bibliothèque de l'hôtel, nous étions chacun repartis de notre côté pour nous préparer. Nous étions le 31. Ce qui rimait avec dernier jour de l'année. Je n'étais pas encore certain d'être prêt à dire au revoir à 2019 mais j'aimais penser qu'encore mieux m'attendait. Le patron de mon père avait, pour l'occasion, organisé un repas d'entreprise au restaurant italien de l'hôtel. Il avait également mentionné que le repas était offert, ce qui laissait penser qu'ils étaient bien obligés de s'y rendre sans chipoter.


Je trouvais ça un petit peu triste de passer le Réveillon entouré de collègues de travail à mon père, j'aurais aimé sortir avec lui et dîner quelque part. Taehyung m'avait montré pas mal d'endroits sympas.


« Est-ce que tu es prêt ? »


Mon père toqua à la porte de la salle de bain et je fis un bon, me rendant compte que j'étais immobile depuis ce qui me semblait être le plus proche d'une minuscule éternité. D'un geste maladroit j'enfouis le bas de ma chemise blanche à l'intérieur de mon pantalon cintré.


« J'arrive, deux petites minutes s'il te plaît.

-Nous allons être en retard, ne traîne pas. »


Mon père était stressé. Il l'était depuis qu'il m'avait annoncé la nouvelle, la veille. Pour lui, c'était un réel honneur de passer la transition d'une année à une autre en compagnie de son patron. C'était limite plus précieux qu'une soirée avec son propre fils. Je ne lui en voulais pas, j'étais habitué. Et au fond, je savais qu'il m'aimait. Il avait seulement du mal à le montrer.


Et moi aussi je t'aime, papa.


Mes cheveux étaient coiffés différemment, ils étaient assez longs alors j'avais la possibilité de les ramener vers l'arrière. Ce que j'avais fait ce soir. Mon front était dégagé, je m'étais débarrassé de ma frange trop épaisse et encombrante. J'avais l'air un petit peu plus sérieux, je crois. Enfin, ce n'était qu'une impression. Je n'avais pas non plus changé de visage, je restais moi. Jeon Jungkook.


Il était à peu près vingt heures lorsque nous quittâmes ma chambre d'hôtel. Mon père s'était mis sur son 31, mauvais jeu de mots. Son costume était magnifique, bien plus que celui qu'il portait à son propre mariage. Mais je m'étais retenu d'en faire la remarque, pensant que ma petite blagounette risquerait de ne pas être appréciée à sa juste valeur. Et puis, il était suffisamment stressé comme ça. Je ne voulais pas en rajouter.


Je le suivais dans les couloirs de l'hôtel, peu importe le temps passé ici, je n'allais jamais pouvoir m'y habituer. Je n'avais aucun sens de l'orientation et cet endroit ressemblait bien plus à un labyrinthe qu'autre chose. Alors je m'étais contenté de le suivre, comme je suis habituellement Taehyung.


En parlant de Taehyung, je me doutais qu'il serait là lui aussi. Puisque son père était avant tout le patron, sa présence devait être automatiquement requise. Du moins, c'est ce que je m'étais mis en tête. Et c'était aussi peut-être pour cette même raison que j'étais resté un peu plus longtemps que d'habitude dans la salle de bain.


Je voulais être aussi beau que lui.

Ça risquait d'être compliqué.


Nous croisâmes un collègue à mon père dans l'ascenseur sur le chemin vers le restaurant italien et l'ambiance sembla se détendre un petit peu grâce à lui. Les épaules de mon père étaient moins crispées alors qu'il discutait joyeusement avec le cinquantenaire à ses côtés. Mon téléphone vibra dans la poche de mon pantalon et avant même que je puisse y jeter un coup d'œil, la discussion s'orienta brusquement vers moi.


« Il te ressemble vraiment beaucoup, qui sait il suivra peut-être tes pas un jour ! S'exclama t-il en me regardant de ses yeux plissés et légèrement ridés, il avait l'air enchanté d'être ici.

-Jungkook est très intelligent, je n'en doute pas. Répondit mon père en me massant la nuque délicatement de ses doigts. Je veux juste qu'il fasse ce qui le rend heureux, le reste n'a aucune importance. »

















La table était incroyablement longue et déjà de nombreux hommes et femmes étaient installés. Nous n'étions pas pour autant en retard, je crois. Je n'avais pas même été renseigné par rapport à l'heure du dîner mais mon père était une horloge à lui seul alors j'étais presque convaincu qu'en effet, nous n'étions pas en retard. Il s'installa à mes côtés, lui près de la tête de table là où le patron allait certainement s'asseoir d'ici peu.


Je m'étais courbé un nombre incalculable de fois devant ses collègues par peur de paraître mal élevé. De ce fait, je m'étais chopé un mal de dos du tonnerre. Mais le dossier de ma chaise rembourré aidait à atténuer la douleur. Mon père commença à bavarder avec trois hommes à proximité et le voir sourire de toutes ses dents me rendit heureux. Il était sans l'ombre d'un doute bien trop impliqué dans son travail le restant de l'année mais c'était ça, qui lui procurait du bonheur. Ma mère et moi ne l'avions pas remarqué à l'époque, pensant égoïstement qu'il préférait se dédier à son métier plutôt qu'à notre vie de famille. Sa discussion avec le cinquantenaire dans l'ascenseur me revint.


Taehyung arriva peu de temps après en compagnie de son père. C'était un homme plus vieux que le mien, habillé d'un costume qui semblait valoir énormément d'argent. Taehyung marchait derrière lui, les sourcils froncés et la mâchoire contractée. Il portait un pantalon similaire au mien, quoique, plus large. Sa chemise était orange, proche de la peau et son col légèrement déboutonné. Il ne se courba pas, n'adressa aucun sourire aux personnes attablées et ne jeta pas même un regard à son propre père en s'installant sur la dernière chaise libre, celle en face de moi.


Quelque chose n'allait pas ?


Le dîner commença et j'avais déjà envie de parler à Taehyung. Je voulais lui demander s'il allait bien, s'il voulait qu'on aille faire un petit tour en attendant que les plats soient distribués. Mais j'étais légèrement effrayé à l'idée d'entamer la conversation. Pourtant je savais qu'il n'y avait pas de quoi.


Ses cheveux colorés ondulaient légèrement et je trouvais ça incroyablement séduisant. La couleur était un petit peu moins vibrante que lors de notre première rencontre et sous les lumières tamisées de la salle, il ressemblait à un coucher de soleil vivant.


Soudain, mon attention se braqua sur le père de Taehyung qui venait de reposer son verre de vin sur la table. Son autre main s'était logée sur l'épaule de mon père, à sa droite. Il commença d'une voix assez rocailleuse et grave :


« Voici mon fils, Taehyung. »


Taehyung leva la tête vers mon père et se courba un minimum. Son regard croisa ensuite le mien pendant de longues secondes avant que les mains de mon père ne saisissent mes épaules à la hâte, me penchant volontairement vers son patron. Je ressemblais clairement à un trophée que l'on brandit après une victoire bien méritée.


« Oooh excusez-moi, je vous présente mon fils Jungkook.

-Enchanté M.Kim. »


Je m'étais alors courbé à mon tour devant le patron de mon père, celui qui le faisait travailler si durement. Celui qui l'épuisait. Je savais qu'il était puéril de lui en vouloir. Mon père ne faisait que son travail, que ce qu'on lui disait de faire mais c'était plus fort que moi. S'il avait été plus raisonnable avec lui, peut-être que nous serions tous réunis ce soir.


« Tu devrais prendre exemple sur lui, Taehyung. Cingla le plus vieux sans même le regarder.

-Bien sûr. Ricana t-il en échange en attrapant son verre d'eau fraîche. »


Il y avait une certaine tension palpable entre eux. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait mais même mon père sembla la détecter. Taehyung m'avait vivement parlé de son père, comme quoi leur relation s'était détériorée il y a quelques temps. Mais il ne m'avait aucunement mentionné la raison. Je n'avais pas insisté, pensant que c'était sans l'ombre d'un doute un sujet encore sensible. Et je n'avais pas tord en voyant devant moi les deux Kim prêts à se sauter à la gorge devant tout le monde.


Comme pour calmer l'ambiance, mon père intervint en riant nerveusement :


« Vous devriez apprendre à vous connaître les garçons, vous avez à peu près le même âge non ? »


Le patron se crispa sur son siège en zieutant mon père de biais, apparemment, il n'appréciait pas tant que ça son intervention. Mais Taehyung se mit à sourire sans retenue, son visage se tourna vers son père d'une manière taquine. Il déposa ses avant-bras sur la table sans se prétexter des regards des autres employés. Sa langue caressa le temps d'un instant ses lèvres.


J'avais louché dessus.


« C'est vrai ça, on pourrait faire plus ample connaissance, n'est-ce pas Jungkook ? »


Je ne comprenais pas trop à quoi il jouait. Pourquoi agissait-il comme si nous ne nous connaissions pas ? C'était étrange mais d'un sens, j'aimais beaucoup jouer à ce petit jeu car jusque là j'avais moi aussi agi comme si nous étions de parfaits inconnus. Je n'eus pas même le temps de me fondre dans le personnage que je sentis une chaussure caresser ma cheville. Mes yeux s'arrondirent aussitôt en me rendant compte que c'était lui, c'était Taehyung qui me faisait du pied sous la table. Ce qui expliquait son sourire si étiré.


Sa chaussure grimpa le long de mon mollet à toute vitesse mais en même temps si lentement. J'ai bruyamment avalé ma salive lorsque mon père me donna un petit coup de coude dans les côtes, m'incitant à lui répondre.




« Euh.... euh oui. Oui bien sûr, pourquoi pas. »


Nos plats arrivèrent plus vite que prévu et je m'étais presque jeté sur mes spaghettis pour éviter le regard si joueur de Taehyung. Il est arrivé que mon propre pied vienne caresser sa cheville quand il s'attaqua à sa propre assiette, ce qui le fit sourire davantage. Nos pères discutaient ensemble, toujours par rapport au travail, ce n'était plus si étonnant que ça.


Sous la table, Taehyung et moi continuâmes à nous chamailler jusqu'à la fin du repas.

















Alors que minuit approchait dangereusement, Taehyung se leva promptement de sa chaise. Il s'ennuyait ici, je l'avais discerné à ses traits tirés. Il est vrai que ce n'était pas si amusant que ça de rester attablé avec de « grandes personnes ». Nous étions jeunes et entendre parler de dossiers n'était pas réellement notre tasse de thé commune. Il me remarqua en attrapant sa veste jusque là sur le dossier de sa chaise et son sourire fit de nouveau son retour.


Qu'est-ce qu'il manigançait encore ?


« Je le ramène à sa chambre M.Jeon. »


Il gagna rapidement l'attention de mon père qui hésita quelques poignées de secondes. Son regard s'était tourné vers moi, sûrement pour savoir si oui ou non il pouvait lui donner la permission. Et ça me faisait légèrement plaisir de savoir que de si petites choses comptaient pour lui. C'était mon papa.


« Bien, filez les garçons. Je te garde une part de gâteau, Jungkook.

-Merci ! »


Taehyung, en passant à côté de son père, déposa sa main sur son épaule d'une manière assez brusque. Celui-ci ne cligna pas même des paupières en serrant un peu plus son verre de vin dans sa main.


Je n'ai pas osé parler du père de Taehyung sur le chemin du retour. Ça ne semblait pas être le bon moment pour traiter du sujet. Et depuis que nous étions rien que tous les deux, il semblait bien plus rayonnant qu'au rez-de-chaussée. Son bras s'était sans attendre enroulé autour de mes épaules, comme il l'avait si souvent fait plus tôt dans la journée.


Il m'a raccompagné sans faute à ma chambre comme il l'avait si bien signalé à mon père au restaurant. Mais il n'était pas sagement resté à l'extérieur dans le couloir, je l'avais invité à entrer à la place.


Taehyung se laissa tomber sur le matelas en soupirant, sa tête se nicha dans l'oreiller sur lequel je dormais depuis mon arrivée. Il bascula ensuite sur le dos et déboutonna quelques boutons de sa chemise, elle semblait désagréablement l'embêter. De mon côté, je m'étais occupé des rideaux car il faisait bien noir dehors.


« Putain, ton lit est bien plus confortable que le mien.

-Je suis certain que tu mens pour rester ici cette nuit.

-Peut-être. »


Un petit rire de ma part embauma la pièce alors que je fis le tour du lit pour allumer la lampe sur la table de chevet. À mon tour, je pris place sur le rebord du matelas. Taehyung se redressa sur ses coudes, ses cheveux légèrement décoiffés :


« Eh Kook, tu veux que je te confie un secret ? Il demanda en souriant en coin.

-Oui ?

-Approche-toi deux secondes alors, pour que personne ne l'entende. »


Nouveau ricanement, qu'est-ce qu'il racontait encore ?


« Tae, il n'y a personne d'autre que nous. Tu peux très bien me le dire à haute...

-Allez, approche. »


J'étais incapable de ne pas me pencher vers lui car j'étais curieux et il le savait. Ce pourquoi il ne s'était pas arrêté de sourire. Mais il était d'autant plus beau, comme ça. Et il était allongé sur mon matelas, en plus.


Pour m'encourager à agir plus rapidement, il tendit le bras et sa main se nicha dans ma nuque. Ses doigts attrapèrent au passage mes cheveux, poussant mon visage à approcher dangereusement du sien. Je sentis même son souffle battre contre mes joues.


Ses yeux trouvèrent les miens et cette lueur à l'intérieur brillait toujours autant si ce n'est pas plus. Ce n'est que lorsque 00:00 s'afficha sur le réveil, que les premiers éclats des feu d'artifices résonnèrent qu'il scella nos lèvres entre elles. Assez surpris, je n'avais pas tout de suite réagi. Ce n'est que lorsque ses dents taquinèrent malicieusement ma lèvre inférieure que je pris enfin part à l'échange. Mon corps se réchauffa à une vitesse considérablement. Je n'avais pas tant d'expérience que ça en la matière mais Taehyung me guida.


Son autre main s'aventura dans mon dos alors qu'il me faisait basculer, se hissant au dessus de moi avec une certaine aisance. Ma tête s'enfonça un petit peu dans l'oreiller, son parfum s'y était déjà incrusté.


Le baiser était très intense, je sentis même sa langue danser avec la mienne à un moment donné. Je ne pensais plus à rien, seulement à lui. Ses caresses redoublèrent sur la peau de mon corps, il s'était glissé sous ma chemise pour découvrir mon torse.


Il me dévora ensuite le cou avec passion, me faisant frissonner et haleter bruyamment sous lui. Je ne donnais pas cher de la couleur de mes joues à ce moment là. Nos corps se pressaient l'un contre l'autre avec envie, avec désir. C'est à peine si je me rendais compte que j'en demandais encore, j'en demandais plus et je le sentis rire contre ma peau brûlante.


C'était donc vrai,

j'étais tombé amoureux de lui.

















En me réveillant le lendemain matin, j'étais seul et totalement nu sous les draps. J'avais le corps tout en compote et la tête qui tournait un peu, comme si je me remettais d'une soirée bien arrosée. Pourtant, je n'avais pas bu une seule goutte d'alcool.


Mon téléphone sur la table de chevet, mon père m'avait envoyé plusieurs messages et avait tenté de m'appeler plus d'une fois. Il était un petit peu plus de neuf heures mais je n'avais pas beaucoup dormi cette nuit. Apparemment, notre avion pour Séoul nous attendait pour 13 heures. Et cette nouvelle m'attrista considérablement. Autant que m'être réveillé tout seul.


Enroulé dans la couette, mon regard se figea sur le second oreiller du lit. Il y avait un petit papier arraché et plié dessus. Je le pris rapidement en sentant encore le parfum réconfortant de Taehyung planer dans l'air, comme s'il était toujours là.


L'écriture de Taehyung était plutôt soignée sur le papier, le crayon était sur le buffet près de la télévision éteinte. En lisant ce qu'il m'avait laissé avant de partir, mes joues s'empourprèrent et mon cœur se remit à battre comme un dingue.


« On se retrouve avec plaisir à Séoul, j'ai d'autres secrets à te confier;)

-Taehyung. »








Continue Reading

You'll Also Like

165K 9K 171
Dans les rues animées de Los Angeles, où chaque appel d'urgence peut changer le cours d'une vie, une connexion unique brille entre deux hommes : Buck...
249K 7.4K 54
⸻bienvenue à l'ère taisho demon slayer x reader headcannons 𝐏𝐎𝐔𝐑𝐅𝐄𝐍𝐃𝐄𝐔𝐑𝐒 𝐕𝐄𝐑𝐒. demon slayer appartient à koyoharu gotoge. ( ! ) co...
53.9K 5.2K 61
Tous les personnages (ou presque) vivent dans le même immeuble. Entre les voisins qui font du bruit toute la nuit, ceux qui ne sortent jamais de leur...
51K 1.4K 68
"Des souvenirs plein la tête, j'aime pas quand tu fais la fête sans moi, t'es tellement belle, j'sens la pression des regards sur toi, c'est la magie...