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Miolaine et Erine sont dans le train qui les ramène de l'hôpital. Elles ont pris l'habitude de s'y rendre régulièrement afin de voir Anaiel et de s'assurer elles-mêmes qu'elle est entre bonnes mains. Leur amie ne se porte pas trop mal. Cependant, les calmants qu'elle prend et la vie feutrée à l'hôpital arrivent, tout doucement, à lui faire perdre le sens de la réalité. La jeune blonde, hospitalisée depuis plus d'une semaine, est très bien entourée, à la fois par le personnel médical de l'hôpital ainsi que par les autres élèves de l'école victimes de la maladie. Tous sont regroupés dans un même service de l'hôpital où ils peuvent circuler librement. Une grande salle a été aménagée afin qu'ils puissent plus ou moins retrouver les mêmes conditions de vie qu'à l'internat, même si les règles demeurent beaucoup plus strictes. Les autorités redoutent que certains élèves, principalement les plus âgées qui se sentent parfois en forme, ne s'enfuient. De ce fait, plusieurs fois par jour, les déréglés doivent pointer auprès des infirmiers.
Quelques personnes extérieures à l'académie ont également été contaminées. Ces dernières, installées dans une autre aile de l'hôpital, non loin de celle où sont les élèves de Laorelon, viennent souvent en aide aux soignants pour divertir les enfants pour qui les journées semblent parfois longues. Erine a eu à plusieurs reprises l'occasion de constater le divertissement que ses visites procurent à tous les jeunes patients.
Comme promis, Miolaine a apporté ses livres de cours à Anaiel, mais ayant accepté l'idée qu'elle ne serait pas de retour à l'école pour passer ses examens, elle a rapidement renoncé à potasser. Dans les moments où elle se sent plus en forme, elle fait la classe ou lit des histoires à ses camarades.
Lors de ses visites, Anaiel prend un long moment pour raconter ses journées à Erine. Un instant que la Contrôleuse appréciait au début, mais redoute désormais car arrive toujours le moment désagréable où son amie lui cite les noms des comateux ou des morts du jours. Erine peut alors lire dans ses yeux une certaine douleur. Le fait de vivre des moments si intenses en si peu de temps rapproche les malades. Tous partagent des émotions que personne d'autre ne peut comprendre. Anaiel décrit à chaque fois les morts du jour, leur racontant leurs histoires et qui ils étaient. Des élèves qu'Erine n'a, pour la plupart, jamais rencontré ou alors simplement croisé dans un couloir sans savoir et sans vouloir savoir qui ils étaient. Ce moment est le plus difficile de la journée. Tout ceci a pris énormément d'importance aux yeux d'Anaiel et Erine ne s'estime pas le droit de la couper dans ses récits. Alors elle l'écoute en essayant de ne pas trop prêter attention et tentant de refouler son malaise.
Erine et Miolaine arrivent rapidement au terminus du train. Il se vide et tout un groupe de personnes se dirige en direction de Laorelon. L'internat se trouve à une dizaine de minutes de marche. Les premiers murs qui entourent l'école sont rapidement franchis et les deux amies traversent toute la partie d'habitation qui borde l'établissement. C'est là que loge son personnel et leurs familles. Avec ses petites maisons posées ici et là, le lieu a un air de petit village familial. Toutes les habitations sont entourées d'un jardinet et des petites allées menent aux différents endroits de l'école. Ce hameau n'est pas luxueux, mais il est agréable à vivre. Actuellement, les maisonnettes sont à peine visibles sous la neige, mais durant la saison chaude, les sols sont recouverts de fleurs aux mille couleurs, d'une herbe douce et chaude et on peut entendre des petits ruisseaux dont l'eau court jusqu'au petit lac en contrebas de l'internat.
La fin de journée approche et peu à peu, les gens rentrent chez eux et les rues sont animées à cette heure. Des gamins s'en retournant de l'école jouent dans la neige. De nombreux employés de Laorelon sont des sans pouvoir, travaillant dans les services administratifs, à la cuisine ou dans les différents domaines d'entretiens de l'école. Leurs enfants, sans pouvoir, vont dans d'autres écoles de la Ligue qui se situent hors des murs entourant celle des Contrôleurs.
Accompagnée de Miolaine, Erine marche lentement, prenant le temps de regarder les familles. La nuit tombe, mais ça n'empêche pas les gens de se retrouver pour discuter, tout en laissant les enfants jouer. La vie ici est bien différente de celle qu'elle mène à l'internat. Les enfants de ce village ne sont pas menacés par la maladie et leurs parents les préservent de tout le mal.
La traversée de ce village est le seul endroit de Laorelon où tous les enfants se croisent. Nombreux de ces jeunes ne sont jamais venus jusqu'aux bâtiments de l'école ou de l'internat où entre ces murs, la distinction entre les Contrôleurs et les sans-pouvoir est nette. Les petits ne sont jamais mélangés et les grands sont envoyés dans un établissement à l'autre bout de l'Enceinte. Les jeunes se retrouvent seulement lors d'activités extérieures à l'académie, au grand lac situé au sud de l'Enceinte, au cabaret ou café juste à côté.
Au travers des fenêtres, Erine espionne les familles. Elle ne peut s'empêcher de les regarder vivre à chaque fois qu'elle passe par là. Dans l'une des maisons, elle voit des enfants se mettre à table, alors que leur mère remplit leurs bols d'une soupe fumante. Erine la connait. C'est elle qui, chaque jour, avec trois autres collègues, prépare les différents repas servis à l'internat. L'une des petites mains de l'ombre qui rend la vie des élèves de l'école si simple et qui s'occupent d'eux sans jamais rien leur demander en retour. Ces personnes qui, chaque jour, se lèvent aux aurores pour que les apprentis Contrôleurs ne manquent jamais de rien. Devant l'une des maisons, se tient un jeune garçon emmitouflé dans un manteau plus gros que lui, qui tente tant bien que mal d'avancer vers son père accroupi devant la porte. L'un des nombreux informaticiens qui maintiennent les services digitaux sous tension constante. Et encore tant d'autres. Des visages qui ne sont pas inconnus à Erine, mais des personnes qu'elle ne connaît pourtant pas.
Erine n'est pas mécontente lorsqu'elle arrive à l'internat. Le froid et la neige l'ont glacé jusqu'aux os. Elle monte rapidement dans sa chambre afin de retirer ses vêtements humides. En sortant sa carte de la poche interne la veste de son uniforme, son œil est attiré par un point rouge, le signe qu'un message l'attend. Elle presse son pouce sur la surface lisse et transparente et l'écran apparaît, rendant la carte opaque. Le message s'affiche, il s'agit d'une convocation pour un cours particulier avec le professeur Malcombe. Erine soupire et balance la carte sur le lit le plus proche. Elle atterrit juste à côté de Déanna qui s'empresse d'en lire à son tour le contenu.
— Pourquoi tu réagis comme ça ? l'interroge son amie. Je croyais que ça c'était bien passé.
La première leçon d'Erine avec son professeur particulier, celui qui est aussi son père, visant à lui apprendre à maitriser plusieurs éléments à la fois s'est tenue trois jours plus tôt. « Bien passé », c'est ce qu'elle a dit ses amis lors de leurs retrouvailles pour la pause de midi. Elle a volontairement occulté la première partie où son géniteur a fait preuve d'autant de maturité qu'un enfant de huit ans mis face à ses bêtises.
— Oui, sur le plan scolaire, ça s'est bien passé ... jusqu'à ce que Loan s'en mêle.
Erine grimace. Elle n'a pas retravaillé les exercices depuis la dernière fois et ne veut pas se ridiculiser une nouvelle fois. C'est plus ça qui l'embête. Être en présence de son père n'est pas tant un problème. Elle a appris à le considérer comme un adulte, un professeur parmi tant d'autres, cependant, une part d'elle ne veut surtout pas lui montrer qu'elle n'a pas travaillé. Est-ce digne des Malcombe d'arriver à son second entraînement en reproduisant les mêmes erreurs qu'au premier ? Son père lui a dit être fier d'elle et elle désire l'entendre à nouveau.
Quelques minutes plus tard, tout le groupe d'amis est au réfectoire. Désormais, ils ne peuvent plus s'asseoir où ils le souhaitent. Chaque tranche d'âge est regroupée dans une partie de la salle. Les enfants de la troisième à la septième année mangent sous haute surveillance du personnel et d'une infirmière, dans le cas où l'un d'entre eux se ferait contaminer. Étant les plus vulnérables, ils doivent pouvoir être secourus dans les plus brefs délais. Les plus grands sont divisés en deux autres groupes. Les adolescents de treize à dix-sept ans s'amassent dans la partie la plus proche des grandes portes et le reste, les jeunes adultes de treizième, quatorzième, quinzième et seizième année, sont regroupés sur l'espace mezzanine, sans aucun professionnel pour les surveiller. On leur a fait comprendre depuis longtemps qu'ils doivent veiller les uns sur les autres et assurer leur propre sécurité. La direction les a estimés suffisamment matures pour ne pas se laisser bêtement hypnotiser par l'un des éléments dangereux.
Erine s'assoit en face des grandes baies vitrées qui donnent sur le parc de l'école. Par la fenêtre, elle regarde les flocons de neige virevolter. Le repas touche doucement à sa fin et la jeune femme commence à s'ennuyer. Elle est prête à se lever et quitter la table lorsqu'elle voit surgir Loan accompagné de son meilleur ami, Aven. Comme ils affichent tous deux un air assez enjoué, Erine reste dans les parages, curieuse d'entendre ce qui les met de si bonne humeur
— Vous venez à la compétition interclasses ce soir ? lance alors Loan.
Erine est surprise par sa question. Depuis les chamboulements climatiques, ils ont dû arrêter les tournois et les combats. Seuls les amateurs de compétitions requérant davantage les méninges que les muscles continuent à s'affronter. Cependant, elles n'intéressent pas énormément les étudiants, manquant beaucoup trop d'action.
— Tout dépend ce qu'il y a de prévu, répond son frère, Sehan.
— Les élèves en nature et biologie ont aménagé la serre pour que tout le monde puisse en profiter.
La serre est un bâtiment assez grand, entièrement fait de vitres, où s'épanouissent de nombreuses espèces de plantes et des petits animaux divers et variés. L'endroit est parfaitement entretenu par des élèves passionnés par la nature et qui aiment en étudier les différents aspects. La serre est attenante à l'internat et la direction la considère comme une salle commune. Les élèves peuvent donc s'y rendre à loisir. Erine et ses amis s'y rendent rarement, préférant les doux canapés et le feu crépitant dans la cheminée de leur salon habituel.
— Ils y organisent une compétition interclasses et ont prévu des animations pour le reste de la soirée, les informe Loan.
— Un vrai tournoi, comme avant... le bordel ? s'enquiert Sehan.
Erine observe Loan et Aven acquiescer de concert, visiblement ravis de la distraction qui s'annonce. Le sérieux et l'austérité qu'ils affichent depuis plusieurs jours, dus à leur nouveau rôle de surveillants, s'est mué en une excitation enfantine.
Sehan jette un œil vers ses colocataires assis en face de lui à la table. Erine le voit afficher le même sourire que son grand frère. Voilà un moment qu'ils n'ont plus eu une si belle opportunité de démontrer leurs talents de contrôleur absolu face à un public.
— Et vous faites quoi du couvre-feu et l'interdiction d'utiliser nos pouvoirs passées une certaine heure ? demande Miolaine.
Erine voit Sehan lui lancer un regard noir pour avoir osé poser la question qui fâche.
— On joue la compétition avant la mise en place du couvre-feu, lui répond gaiement Aven.
Miolaine arque un sourcil. Erine la voit pincer ses lèvres alors que sa cuillère est plantée à la verticale dans sa mousse au chocolat.
— C'est dangereux, j'ai du mal à croire que la direction laisse faire ça, poursuit la blonde.
Sehan souffle. Erine attend qu'Aven continue de déballer ses arguments en faveur du tournoi.
— Le directeur a convenu que les compétitions sont un très bon moyen de s'entraîner et de créer de la cohésion entre les étudiants, explique Aven.
— Et, c'est nous qui sommes chargés de la sécurité, il en va de notre responsabilité que tout aille bien, ajoute Loan.
— La direction de l'école est d'accord ? semble vouloir se faire confirmer Miolaine.
— OUI ! clament Loan et Aven en chœur.
— Dans ce cas, d'accord, dit calmement Miolaine, reportant son attention sur son dessert.
Erine glousse, que Miolaine soit d'accord ou non, Aven et Loan participeront à la soirée. Plus tard, alors que les plus jeunes regagnent les espaces communs ou les dortoirs sous les yeux bienveillants des surveillants, Erine et ses amis se faufilent à travers les couloirs pour rejoindre la serre.
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Hello Hello, beaucoup de blabla, de descriptions et de présentation dans ce chapitre ! L'avez-vous trouvé un peu long et inutile ou ça va ? J'attends vos retours avec impatience pour pouvoir améliorer ce passage 😉