Le Cristal Pur ~ Tome 1 ~ TER...

By Maristochats

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Erine est une jeune Contrôleuse, ce qui veut dire qu'elle a la capacité de créer et contrôler les quatre élém... More

Avant propos
Suivi de la réécriture
Illustrations des personnages
Prologue
Chapitre 1 : Le tournoi
Chapitre 2 : La Sphère de vent
Chapitre 3 : le cours de façonnage
Chapitre 4 : retrouvailles
Chapitre 5 : L'infirmerie
Chapitre 6 : L'opéra d'Orfey
Chapitre 7 : L'attentat
Chapitre 8 : Entrainement et confessions
Chapitre 9 : Les elemartistes (Partie 1)
Chapitre 9 : Les elemartistes (partie 2)
Chapitre 10 : Vent Fatal
Chapitre 12 : L'hôpital d'orfey
Chapitre 13 : Magie ou science ?
Chapitre 14 : Encore un
Chapitre 15 : Père ou professeur
Chapitre 16 : Le petit village
Chapitre 17 : La serre (partie 1)
Chapitre 17 : La serre (partie 2)
Chapitre 18 : La tempête de neige (partie 1)
Chapitre 18 : La tempête de neige (partie 2)
Chapitre 19 : Apparaitre et disparaitre (Partie 1)
Chapitre 19 : Apparaitre ou disparaitre (partie 2)
Chapitre 20 : Le cercle élémentaire (partie 1)
Chapitre 20 : Le cercle élémentaire (partie 2)
Chapitre 21 : Le stade suivant (partie 1)
Chapitre 21 : Le stade suivant (partie 2)
Chapitre 22 : La Bibliothèque (partie 1)
Chapitre 22 : La Bibliothèque (partie 2)
Chapitre 23 : Un service (partie 1)
Chapitre 23 : Un service (partie 2)
Chapitre 24 : Infiltration
Chapitre 25 : Novlia (Partie 1)
Chapitre 25 : Novlia (partie 2)
Chapitre 26 : Test de sphères (Partie 1)
Chapitre 26 : Test de sphères (partie 2)
Chapitre 27 : Les bas-fonds (partie 1)
Chapitre 27 : Les bas-fonds (partie 2)
Chapitre 27 : Les bas-fonds (partie 3)
Chapitre 28 : Affrontements (partie 1)
Chapitre 28 : Affrontements (partie 2)
Chapitre 29 : A quoi tu penses ? (partie 1)
Chapitre 29 : A quoi tu penses ? (partie 2)
Chapitre 30 : Le passé (partie 1)
Chapitre 30 : Le passé (partie 2)
Chapitre 31 : La reserve
Chapitre 32 : Prise de decision
Chapitre 33 : Lui, il l'aurait fait (partie 1)
Chapitre 33 : Lui, il l'aurait fait (partie 2)
Chapitre 34 : L'élaboration du plan
Chapitre 35 : Je te sauverai
Chapitre 36 : La parade (Partie 1)
Chapitre 36 : La parade (Partie 2)
Chapitre 37 : Le tulle rouge (Partie 1)
Chapitre 37 : Le tulle rouge (Partie 2)
Chapitre 38 : La cité blanche (partie 1)
Chapitre 38 : La cité blanche (partie 2)
Chapitre 39 : Tehren
Chapitre 40 : L'histoire
Chapitre 40 : L'histoire (partie 2)
Chapitre 41 : Les grottes
Chapitre 42 : La poursuite (partie 1)
Chapitre 42 : La poursuite (partie 2)
Chapitre 43 : Loan
Chapitre 44 : Ce n'est que le début
Le mot de la fin
21 SOLSTICES
⚠️ à lire : Nanocamp avril 2022 : Réécriture n°2

Chapitre 11 : Nouvelles mesures

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By Maristochats

💧🔥🌪🌿


Loan ouvre les yeux, haletant. Un stress comprime sa poitrine. Il s'attend à ce que la tension redescende maintenant qu'il est réveillé du cauchemar dont il n'a pas de souvenir, il n'en est rien. Conscient, l'oppression, l'angoisse et la peur se font de plus en plus pressantes. La seule source de lumière dans sa chambre est la lueur qui filtre par dessous la porte. Il discerne sans mal les formes d'Aven et Tilho, ses colocataires, tous deux immobiles et profondément endormis dans leur lit.

Loan se frotte les yeux, il fouille sa mémoire à la recherche des images que son inconscient a pu projeter dans son sommeil. Il a beau visionner les pires souvenirs qu'il a, rien ne semble s'être joué récemment dans son esprit endormi. Les secondes s'égrainent et l'anxiété ne diminue pas. Un cœur tambourine, mais quand il pose la main sur le sien, ses battements sont réguliers. Réveillé, plus lucide, Loan comprend que ces sensations lui parviennent de l'extérieur, cet état n'est pas dû à quelque chose qu'il a vécu. Mais réalisant cela, c'est belle et bien sa propre peur qui s'empare de son esprit. Précipitamment, Loan se lève, envoie valser ses couvertures, saute sur la porte de la chambre. La lumière dans le couloir se répand dans la chambre.

— Oh ! Qu'est-ce qui se passe ? entend-il Aven l'interpeller.

Mais il ne prend pas le temps de lui répondre et s'élance en courant. Il perçoit rapidement des bruits de pas dans son dos et comprend que ses deux camarades sont partis à sa suite. Il dévale quatre à quatre les marches de l'escalier et arrive rapidement dans le hall. La porte de l'internat est grande ouverte. Un petit groupe, dehors, se tient devant et au milieu, il aperçoit vite Erine. Immédiatement, il ralentit, soulagé de la voir sur ses deux jambes. Se pinçant l'arrête du nez, il souffle pour faire ralentir son rythme cardiaque. Erine tourne la tête et semble le remarquer. Quand ses iris croisent celles de son amie, il y lit toute sa détresse. Il ne se demande pas plus d'une seconde ce qui a bien pu se passer. Il s'approche et voyant Miolaine et Déanna debouts, puis l'ambulance, il comprend.

Les yeux mouillés de larmes, Erine se rue tout contre lui. Elle n'éclate pas en sanglots, mais il la sent trembloter et renifler. Il referme ses bras autour de son amie, enserre ses épaules et caresse doucement ses cheveux. Il regarde les secouristes finir de remballer leur matériel dans le véhicule. Ils saluent les quelques personnes et claquent la porte. Cette dernière se referme sur Anaiel dont Loan ne devinait que les cheveux blonds. Le véhicule démarre et Loan sent les ongles d'Erine se crisper sur son t-shirt. Déanna et Miolaine viennent s'accrocher à cette étreinteet le voilà cerclé de trois jeunes femmes en pyjama, tremblantes de peur et de froid.

— On la reverra, hein ? murmure Erine.

Loan observe le véhicule, silencieux, jusqu'à ce que celui-ci franchisse les grilles de l'école et ne soit plus qu'un petit point lumineux. Il hoche la tête et dépose un baiser sur le front de son ami, incapable de lui affirmer qu'elle la reverra. Normalement, oui. Jusqu'ici, seul un mort est à déclarer parmi les élèves. Deux dans les rangs militaires de la Ligue, mais ça, il se garde bien de le lui dire.

Il voit Aven attirer Miolaine et Déanna à lui, puis les pousse vers l'intérieur de l'internat :

— Rentrons.

— Je vous laisse vous occuper d'elles ? s'enquiert l'infirmière auprès des trois garçons.

Loan et ses deux meilleurs amis hochent la tête. La nurse adresse un sourire compatissant aux trois jeunes femmes dont les larmes coulent désormais à flot et file en direction de son infirmerie. Il sait que le personnel médical de l'école est très sollicité ces derniers temps : les nuits d'ordinaire calmes sont désormais rythmées par les dégâts du dérèglement des pouvoirs.

***

Loan se frotte les yeux, le brouhaha du réfectoire et la forte lumière du soleil pénétrant par les larges baies vitrées agressent ses sens. Depuis le moment où il s'est réveillé paniqué et a découvert l'ambulance emmenant Anaiel, il n'a pas retrouvé le sommeil. Erine était bouleversée et il n'a pas eu le cœur à la renvoyer dans sa chambre. Il l'a donc gardé près de lui toute la nuit. Il est habitué à dormir avec elle depuis l'enfance, même dans les lits plutôt étroits de l'internat, et dort plutôt bien à ses côtés. Mais là, la tristesse et la peur pour son amie l'ont maintenu éveillé longtemps et les quelques heures où elle s'est assoupie, son sommeil agité a empêché Loan de trouver le sien.

Il porte une part de gâteau à sa bouche et mâche mollement. De temps à autres, ses yeux parcourent la cantine. Les apprentis Contrôleurs déjeunent dans la bonne ambiance habituelle. L'odeur sucrée qui embaume l'espace fait frémir les papilles de tous et certains n'hésitent pas à se disputer les petits pains tout chauds qui sortent du four, pendant que d'autres se contentent de ceux qui ont refroidi. Ils sont évidemment moins bons et Loan appartient à ceux qui se battent pour en avoir un encore fumant. Certains mets, notamment les gourmandises du petit-déjeuner, sont en libre service et ne dépendent pas du menu délivré par les robots. Parmi les élèves attroupés devant l'étal de viennoiseries, Loan voit passer une rouquine. Noreen n'hésite pas à jouer des coudes pour se frayer un chemin et attraper plusieurs pains à la confiture dont un qu'elle fourre directement dans sa bouche. Ses dents pénètrent la mie et un filet rose lui coule le long du menton. C'est dans une position inconfortable, une main tentant de tenir les pâtisseries et une autre empêchant le liquide de couler et tacher son uniforme, que Loan l'observe rejoindre la table.

— Ai...oi ! s'exclame-t-elle.

Noreen lâche trois petits pains sur la table et Loan attrape celui qu'elle a dans la bouche. Elle se précipite sur une serviette et essuie le filet de confiture pendant que Loan s'imagine une autre manière délicieuse de lui l'enlever.

— Merci ! Vous avez une sale tronche !

Noreen s'assoit sur le banc à côté de Loan qui soupire en reportant son attention sur son assiette. Il voit Aven grimacer. Tilho, qui débarque à son tour, tire une tête de six pieds de long et c'est non pas à ses amis qu'il dit bonjour, mais à sa tasse de café. Loan a conscience qu'il a, lui aussi, peiné à retrouver le sommeil.

— Anaiel a été embarquée à l'hôpital, apprend Loan à son amie.

— Oh non, murmure Noreen, navrée.

— Ne nous demande pas comment, mais Loan en a rêvé...

— Je n'en ai pas rêvé, coupe-t-il Aven. J'ai juste su qu'un truc clochait.

Exactement comme lorsqu'Erine a découvert les sphères élémentaires en mouvement et qu'une petite voix lui a crié de redescendre. Et ce n'était pas la première fois. Il a, parfois, cette intuition, cette sensation inexplicable qu'il ressent ce qu'elle ressent et qui lui permet de la rejoindre quand elle en a besoin. Il sait, tout comme elle, qu'une connexion particulière les lie : cet attachement fou, inconditionnel, qu'ils ont l'un pour l'autre depuis l'enfance. Avoir grandi ensemble, si proches, se connaître si bien, leur a sûrement permis de développer la capacité de percevoir les émotions de l'autre même lorsqu'ils sont à des kilomètres.

Loan se frotte une nouvelle fois les yeux, repensant à cette angoisse oppressante qui l'a tiré du sommeil. Une chose est certaine, ses amis autour de la table ne sont pas capables de comprendre.

— Rêvé ou ressenti, peu importe, reprend Aven. Il nous a réveillés en sortant en trombe de la chambre...

Loan prend ce pic pour lui. Aven ne le blâmera pas pour avoir laissé les filles dormir dans leur chambre, mais il aurait sûrement apprécié ne pas être tiré de son sommeil aussi brutalement.

— En bas, on a juste eu le temps de voir le véhicule partir et l'infirmière nous a refilé les trois gamines en pleurs.

— Vous avez eu des nouvelles d'Ana ? s'enquiert Noreen.

Loan répond par la négative.

— Et les filles, elles sont...

— Elles se préparent pour aller en cours.

— Elles le vivent comment ? continue Noreen.

— Comme tu le vivrais si tu avais vu les ambulanciers emmener ta meilleure amie inerte, gelée et à deux doigts de mourir, lui lance Aven.

Après avoir arrêté de pleuré et trouvé une place confortable dans la chambre des garçons, Erine et ses amies ont expliqué tout le déroulé des opérations : de comment elles ont découvert Anaiel avec la bille élémentaire jusqu'au moment où les portes de l'ambulance ont claqué. Même au petit matin, les paumes de mains d'Erine et Miolaine portaient encore les irritations des longues minutes passées à utiliser le feu pour maintenir la température d'Anaiel. Un récit qu'Aven répéta à sa cousine.

Loan l'écoute d'une oreille distraite quand une courte sonnerie retentit depuis sa carte de communication. Il tire la fine plaquette de la poche interne du blouson de son uniforme et lit le message qui s'y affiche. Ses amis semblent avoir reçu le même. Une convocation immédiate dans le bureau du directeur les soustrayant à leur cours de la matinée. Loan voit d'autres étudiants de sa classe assis un peu plus loin se lever aussi, leur carte à la main. Les mêmes que lors de la convocation en soirée quelques jours plus tôt, laissant penser au jeune homme que le dérèglement des éléments sera à l'ordre du jour.

Noreen, qui a à peine eu le temps de grignoter un premier petit pain, en attrape deux qu'elle mangera sur le trajet. Aven et Tilho remplissent leur tasse de café et partent déjà en direction de la porte. À l'entrée, ils croisent Erine et Miolaine dont les petits yeux rougis témoignent de leur courte nuit. Passant devant les deux jeunes femmes, Noreen, en grande sœur exemplaire, pose un baiser sur le front de chacune d'elle et s'arrête quelques secondes pour prendre des nouvelles. Loan ne lui laisse pas le loisir et l'attrape par la main pour l'attirer vers la sortie. Dans la fraîcheur matinale, elle noue ses doigts aux siens, y cherchant sûrement un peu de chaleur. Ils terminent tout juste leur petit-déjeuner quand ils pénètrent le bâtiment de la direction.

Le directeur Sorven et plusieurs des professeurs dont le Capitaine Malcombe attendent leurs apprentis dans l'un des salons où les dirigeants de l'école ont pour habitude de mener leurs réunions. À son image, Loan remarque vite que le directeur fait grise mine. L'homme à la tête de l'établissement depuis dix huit ans invite ses élèves à s'installer sur et autour des différents canapés. Un luxe que Loan trouve surprenant. Il a l'impression de ne plus être traité comme un étudiant, mais comme un membre du corps enseignant ou de la Ligue. Il aurait bien mis ce traitement sur l'obtention de sa certification, mais plusieurs de ses camarades présents ne la possèdent pas.

Pendant que les derniers conviés à cette assemblée entrent et prennent place sur les différentes assises, Loan apprécie la vue. Comme toujours à Laorelon, le bâtiment est presque entièrement vitré, permettant à la lumière de s'infiltrer et réchauffer agréablement l'espace. Depuis cette pièce, la vue donne sur la verrière de l'internat, cette partie de la bâtisse où s'épanouit une flore et une faune dont s'occupent les apprentis spécialisés en soin de la nature par les éléments.

Le directeur Sorven, dans son habit gris sur lequel sont brodées des représentations des quatre éléments, se place au milieu du cercle que forment les canapés au tissu beige. L'assemblée est composée d'étudiants de dernière année, des Contrôleurs Absolus et Innés qui possèdent tous la maîtrise du feu. Il s'y trouve également plusieurs professeurs, ceux qui cumulent le statut d'agent de la Ligue et d'enseignant, l'une des infirmières, Madame Cuore, et le surveillant en chef de l'internat. Que du beau monde pour faire le point sur la situation de plus en plus difficile de l'école.

— Bienvenue à tous et merci d'être présents à cette réunion bien matinale, débute le directeur. Je vais aller droit au but, je vous prie de m'excuser d'avance pour mon manque de tact, mais vous savez tous ici que le dérèglement des éléments prend de l'ampleur et que la situation, ici, à Laorelon, commence à nous échapper.

Debout derrière Noreen, les bras appuyés sur le dossier d'un canapé, Loan l'écoute, impassible. Pour l'instant, il n'apprend rien. La direction a perdu le contrôle dès le premier cas de dérèglement. Le premier élève touché était l'avertissement, le deuxième était de trop. Lors de la précédente réunion, il a été demandé aux étudiants plus âgés de garder un œil sur leurs camarades plus jeunes tout en conservant le secret sur ce qu'il se passait. Laorelon et sûrement la Ligue, espéraient trouver un moyen d'endiguer la progression du mal sans avoir à alarmer les élèves, visiblement, ils ont échoué puisque les cas n'ont fait qu'augmenter.

— Rien que sur la journée d'hier, nous déplorons douze nouveaux cas, trois cette nuit ...

Le visage du directeur s'assombrit considérablement.

— Dont un mort, annonce-t-il.

Des chuchotements s'élèvent dans l'assemblée. L'onde de choc est palpable. Loan crispe ses doigts sur le dossier en tissu du canapé et Noreen, affichant la même mine bouleversée que lui, se retourne. Loan sent un poids énorme peser sur sa poitrine, l'étouffe presque. Il prie intérieurement pour qu'il ne s'agisse pas d'Anaiel, il ne s'imagine pas devoir annoncer le décès de son amie à Erine. Le cœur battant, il fixe le directeur, pressé qu'il en dise plus.

— Une fillette de deuxième année qui n'a pu être prise en charge à temps, déplore le directeur.

C'est tout autant dramatique, mais Loan et ses amis ne peuvent retenir un soupir de soulagement. Deuxième année signifie que l'enfant ne devait pas avoir plus de huit ans. Les moins de dix ans dorment dans des dortoirs collectifs, surveillés par des nounous à qui le moindre bruit n'échappe pas. Loan se souvient encore des bêtises avortées en pleine nuit à cause des sens aiguisés des surveillants.

— Cette petite fille est la plus jeune victime du dérèglement, poursuit le directeur. Son cas, j'en ai peur, ne sera pas le dernier. Il nous a fait prendre conscience que les jeunes ne résistent que quelques minutes à la déferlante des éléments. Les secours n'ont pas eu le temps d'arriver...

Le directeur baisse la tête. Un léger soupir s'échappe de sa bouche, il est visiblement très affecté par cet événement. Loan ressent une immense peine. Monsieur Sorven a-t-il déjà annoncé ce drame à la famille de l'enfant ? Laorelon, tout comme Erine le dit souvent, est l'endroit le plus sécurisé au monde. Les apprentis Contrôleurs y sont choyés, or, ce qu'il s'est produit cette nuit démontre bien que les barrières sont tombées. Une chute de la sécurité que le directeur vit sûrement comme un échec personnel.

— Cet après-midi, nous annoncerons officiellement ce qu'il se passe à tous les élèves, reprend monsieur Sorven. Nous avons failli à les préserver, maintenant chaque personne dans cette académie doit participer à sa protection. Les élèves doivent veiller les uns sur les autres. C'est là que vous intervenez...

Le directeur Sorven pointe Loan et ses camarades du doigts :

— Il y a quelques jours, on vous a demandé d'ouvrir l'œil, maintenant, on veut que vous participiez à la lutte contre le dérèglement.

Loan n'entend plus aucun bruit autour de lui. Ses compagnons n'osent plus respirer en attendant que le directeur leur révèle leur mission exacte.

— Nous n'avons pas souhaité faire intervenir des forces extérieures, la situation va déjà être suffisamment stressante pour les élèves, précise l'homme. Ce pourquoi, vous serez nos soldats à l'internat.

Loan inspire lentement et très silencieusement. Il est toujours appuyé sur le dossier du canapé et attend la suite, partagé entre la joie d'être ainsi nommé soldat de la Ligue ou la tristesse que cela soit dans de telles circonstances.

— Vous, ici, êtes soit capables d'aider vos camarades en attendant les secours, notamment les pyromanes purs en maintenant la chaleur corporelle des victimes, et les quadri-manipulateurs grâce à votre affinité avec les éléments en détectant leurs mouvements.

Loan arque un sourcil. Le directeur ne les surestime-t-il pas un peu ? Oui, en tant que Contrôleur Absolu, Loan, ainsi que ses amis, sentent la présence des éléments, peuvent percevoir la moindre vibration de l'air ou l'humidité, mais cela demande une immense concentration. Certains Contrôleurs aguerris sont spécialement formés à la détection élémentaire, mais ce n'est pas du haut de ses vingt-et-un ans que Loan peut identifier un élément en agitation à plusieurs mètres de lui.

Quelques murmures s'élèvent parmi les étudiants. Certains formulent à voix haute ce que Loan pense tout bas, d'autres exultent, arguant qu'ils seront à la hauteur. Pour une fois, l'assurance de Loan ne ressort pas. Là où il se sait et se vante d'être le meilleur de sa classe, il n'ose pas fanfaronner sur un sujet aussi délicat. Là, ce que l'école fait, c'est placer la vie des élèves entre ses mains. Une responsabilité que ses camarades n'ont sûrement pas encore intégrée.

— Vous tous, ici, comptez vous orienter vers des études qui vous mèneront dans la Haute Armée de la Ligue, considérez que votre service débute plus tôt que prévu.

Loan discerne comme un appel au secours dans le regard de son directeur. Ça ne dure pas plus d'une seconde et monsieur Sorven encourage ses apprentis d'un sourire. Le jeune Contrôleur comprend pourquoi on fait appel à eux. Les professeurs ne peuvent pas assurer sur tous les fronts et comme l'a précisé leur chef quelques secondes auparavant, faire pénétrer des soldats dans l'enceinte de l'école traumatisait les élèves. Déjà qu'ils vont l'être en découvrant l'horreur qui sévit depuis quelques semaines, il est inutile d'en rajouter.

— Je sais que je vous en demande beaucoup, mais vous êtes invulnérables. Toutes les personnes à Laorelon qui ne maîtrisent pas le feu sont des victimes potentielles, qui auront besoin de votre aide. Vos professeurs vont vous expliquer en quoi consistera votre travail pour les semaines à venir. Sachez que votre engagement dans cette lutte contre le dérèglement des éléments et par conséquent, pour la préservation de vos semblables, sera valorisée dans votre dossier scolaire.

Ce dernier point sera assurément une motivation supplémentaire pour certains élèves.

Le directeur s'éclipse après avoir adressé quelques mots à son corps enseignant. Un silence de plomb s'abat durant plusieurs secondes sur la salle de réunion toujours baignée dans le soleil levant. Les meubles clairs reflètent les rayons au point que l'infirmière va descendre les persiennes.

Le surveillant en chef de l'internat prend la parole en premier pour expliquer le déroulement de leur future mission. Loan l'écoute avec attention, tout comme ses camarades. Ils sont vingt étudiants de dernières années réunis dans ce bureau et par groupe de dix, ils vont désormais se relayer une nuit sur deux pour être les sens de l'internat. Les yeux, les oreilles et la perception, à l'affût de la moindre anomalie.

— Cette décision ne fera pas l'unanimité, mais à partir de ce soir, un couvre feu sera instauré à l'internat avec l'interdiction formelle d'en sortir après le dîner, expose le surveillant, ce qui nous permettra de concentrer notre surveillance sur un seul endroit. De plus, toutes les portes des chambres demeureront ouvertes pour que les élèves puissent être plus facilement repérés.

Cette décision là, en plus de ne pas faire l'unanimité, va provoquer une rébellion, se dit Loan. Déjà qu'ils étaient mille cinq cent à vivre en permanence sous le même toit, les priver de leur seul espace intime ne va pas plaire.

— Euh... Nikol, quand tu dis, portes ouvertes pour mieux les surveiller, tu veux dire, toutes les portes, même celles des Pyro-manipulateurs ?

Loan tourne la tête vers le jeune homme blond assis quelques places plus loin. La mine un peu contrariée, il s'adresse au responsable de l'internat sans se soucier des familiarités.

— Toutes les portes, oui, Astin !

— On manipule tous le feu dans ma chambre, continue d'arguer Astin.

Loan soupire.

— Pas de traitement de faveur, intervient Malcombe de son ton autoritaire. S'il y une valeur que nous nous efforçons de vous inculquer dès votre plus jeune âge, c'est l'entraide et la solidarité. Alors par solidarité pour vos camarades, vos portes resteront ouvertes à partir d'une certaine heure. Vous aurez qu'à avancer à plus tôt toutes vos activités qui nécessitent d'avoir la porte fermée.

Loan s'amuse presque du regard appuyé que son parrain lance aux étudiants. La plupart baissent les yeux sans plus oser protester.

— Bon courage pour faire avaler ça aux autres... entend murmurer Loan.

Soit Malcombe n'a pas entendu, soit il fait semblant, mais l'énonciation de leurs nouvelles missions reprend.

— Les Contrôleurs quadi-manipulateurs auront pour mission de surveiller l'internat, de plus, vos camarades accepteront plus facilement votre intrusion que la nôtre.

Il marque un point.

— Vous devrez être l'affût des mouvements et de l'appel des éléments. Il sera donné pour consigne aux élèves de l'école de ne plus utiliser leurs dons à partir du couvre feu, afin que chaque vibration dans les éléments puisse être considérée comme une anomalie et donc traquée et stoppée.

Loan hoche la tête.

— Nous vous avons dit que les sphères sont le principal vecteur par lequel les éléments déréglés affectent leurs victimes. Cependant, même sans ces billes, ils peuvent être perturbés et létaux... Dès cet après-midi, ceux parmi vous qui seront affectés à la détection suivront un entraînement particulier assuré par le Capitaine Malcombe, le professeur Taimer et deux autres spécialistes qui exercent à l'université de la Ligue. Avant que vous ne sortiez d'ici, Madame Cuore vous indiquera quelle procédure appliquer quand un élève ou même, tout autre personne, est touchée par le dérèglement.

Cette fameuse procédure, Loan la connaît, Erine l'a répétée plusieurs fois la nuit dernière et ses mains en portent encore les traces. Il a compris que le plus important est de maintenir la température corporelle des victimes au-dessus de vingt-huit degrés.

— Est-ce que vous comprenez l'enjeu ?

La voix franchement sèche de Malcombe fait frissonner Loan. Là, ce n'est plus à ses élèves que le Capitaine s'adresse, mais ses soldats. Une fois debout en pleine nuit à arpenter les couloirs de l'internat, ils n'auront pas droit à l'échec ou ils devront assumer d'avoir la mort de quelqu'un sur la conscience.

Loan et ses camarades hochent la tête.

— Est-ce que quelqu'un préfère se rétracter ? Il n'y pas de honte à ça. Je préfère vous savoir dans votre lit ou je ne sais où, qu'en train de laisser mourir à jeune parce que vous êtes tétanisés ou que vous vous êtes assoupis au bout du couloir !

Personne ne lève la main. 

💧🔥🌪🌿

Voici un chapitre tout beau (enfin j'espère), tout neuf, un pur ajout de cette réécriture. Un chapitre du point de vue de Loan. Que pensez-vous de ces ajouts ? Des retours sur ce chapitre ? 

Hâte de Savoie ce que vous pensez de ce récit du point de vue de Loan 😃

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