Un monde de blanc

By BrindIf

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Après la destruction du mur Maria, le gouvernement décide de procéder à une reconquête du territoire. En plei... More

1. Départ et tempête
Chapitre 2. Au clair de la lune
3. Quelque part au milieu de rien
Chapitre 4. Sans un regard
Chapitre 5. L'enfer ensemble

Chapitre 6. Les revenants

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By BrindIf

– Ils sont là !

C'était la voix de Gunther, et il ne sut comment identifier ce « ils » tandis que la monture d'Erd le rejoignait au triple galop.

– Erwin ?

Le soleil commençait à décliner. Assommé de froid et de fatigue, le major leva un œil perplexe vers Mike. En huit heures de traque, ils n'avaient retrouvé que deux cadavres, deux hommes, dont un très jeune, recouverts de neige. Deux hommes gisant aux côtés d'une monture qu'il connaissait bien, puisqu'il s'agissait de celle du Caporal chef Livaï. « C'est pas vrai... » avait marmonné Hanji. Trois titans avaient également croisés leur route – trois de moins – avant que le miracle n'ait lieu. Une trainée de fumée verte s'était élevée dans le ciel, signe d'une autre présence que la leur. Là quelque part, et pas si loin, quelqu'un était encore en vie...

– En avant ! » lança-t-il en reprenant ses esprits, laissant le paysage défiler sous ses yeux jusqu'à ce que les corps repérés par Erd et Gunther apparaissent enfin. Deux soldats, serrés l'un contre l'autre, dont une femme.

– Qu'est-ce que ça donne ? » demanda-t-il à Hanji qui mit pied à terre pour les examiner.

– C'est Petra et Auro ! Ils...

Sa voix s'étouffa, et il crut que son cœur à lui allait lâcher.

– Ils sont vivants... » poursuivit la chef d'escouade.

– Quoi ?!

Ils étaient faibles, frigorifiés, brûlants de fièvre et couverts d'engelures, mais ils respiraient. Ils respiraient tous les deux !

– Des couvertures ! » hurla Erwin. « Apportez des couvertures ! Faites chauffer de l'eau ! Vite ! »

Pendant que Nanaba et Mike s'exécutaient, il s'approcha des deux soldats et remarqua une profonde blessure au niveau de la jambe d'Auro.

– Qu'est-ce que c'est que ça ?

– On dirait une morsure », dit lentement Hanji. « Ils ont dû se faire attaquer. »

Avec une extrême précaution, Mike souleva le corps de Petra et l'enveloppa d'une couverture avant de l'allonger dans le chariot, et d'en faire de même pour Auro.

– Major... Erwin... » murmura faiblement la jeune femme.

Il réagit au quart de tour.

– Petra ! Que s'est-il passé ? Où est Livaï ?

Son regard était vitreux et son teint pâle comme celui d'une morte. Elle remua faiblement les lèvres, dans un souffle presque inaudible, et Erwin crut s'effondrer en saisissant le mot qu'elle répétait sans cesse.

« Mort ? »

– Major Erwin ! » tonna la voix de Gunther sur la ligne d'une crête. Il l'avait envoyé en éclaireur avec Erd. « On l'a retrouvé ! »

– Qui ?

Hanji comprit la première et partit au grand galop vers les deux cavaliers. De loin et dans la lumière de la fin d'après-midi, Erwin vit leurs trois silhouettes descendre le dénivelé de la colline et revenir vers eux au trot. Il y avait quelqu'un avec Erd. Quelqu'un qu'il fallait soutenir pour éviter qu'il ne tombe, et dont les cheveux noirs flottaient dans le vent. En mettant pied à terre, Hanji aida Erd à se décharger du corps et le porta elle-même jusqu'au major. Erwin n'en crut pas ses yeux.

– C'est bien lui » dit-elle. « Il est vivant. »

Couvert de sang, gelé jusqu'aux os, inconscient, aussi faible qu'un enfant malade... mais bel et bien vivant...

– Louées soient les déesses » souffla Erwin en lui passant la main sur le front. « Enveloppez-le lui aussi d'une couverture et donnez-lui de l'eau chaude. On rentre à la maison. »

***

J'avais rêvé que les murs s'avançaient tout seuls vers moi, à la lumière d'un crépuscule. Que le souffle d'Auro me chatouillait la nuque tandis qu'un vol d'oies sauvages nous dépassait.

J'avais rêvé de lui. De ses mains frigorifiées dans les miennes, et j'ai cru sourire et pleuré en même temps.

J'avais rêvé de visages que je connaissais sans me rappeler de leur nom. Du murmure de la ville et du roulis d'un chariot sur la pierre.

J'avais rêvé que nous rentrions tous à la maison, que nous étions vivants, et fermai les yeux en me souvenant que j'étais morte après avoir laissé le Caporal chef derrière moi, en serrant Auro dans mes bras, et en priant mes parents pour qu'ils me pardonnent.

Et je me dis alors que la mort était plus douce que je ne le pensais...

***

La dernière chose dont il se souvenait, c'était la couleur un peu délavée du ciel, les ténèbres qui l'avait englouti, et la lumière du visage de sa mère.

Ce visage qu'il avait oublié, et dont il ne gardait que le souvenir innommable d'un masque mortuaire. Ce visage lui avait alors souri, et il s'était demandé si tout ce temps, elle l'avait accompagné.

Est-ce que là-bas tu souriras toujours ? Est-ce que là-bas je me souviendrai de la chaleur de tes bras ? De la lumière de tes yeux ?

Est-ce que tu es là ?... Maman...

Il n'y avait plus de boue ou de cadavre sur le sol, juste la plaine et le ciel infinis, et ses mains dans celles de la femme aux cheveux noirs.

Elle lui parla lentement, et même s'il n'entendait pas le son de sa voix, il comprit les mots formés sur ses lèvres. Des mots d'amour et de bonheur, issus d'un monde qu'il n'avait presque pas connu.

Et lentement, elle se retourna, et porta une dernière fois sur lui ses yeux gris, les mêmes que les siens, avant de disparaître.

Dans les étoiles.

La première chose qu'il reconnut en ouvrant les yeux fut le bleu. Ce bleu limpide, presque agressif qui teintait les pupilles d'Erwin, et lentement, il se souvint de la chaleur du feu et du soleil, de la lumière de l'horizon, de ce pourquoi il avait choisi de rester en vie.

L'autre murmura quelques mots qu'il n'entendit pas. Il sut seulement qu'il connaîtrait encore le goût des larmes avant de trouver la paix. La vraie. Mais que la douleur, la solitude et la peur, il serait encore prêt à affronter tout ça.

– Merci... » souffla-t-il simplement, avant de s'endormir.

***

Ils n'avaient trouvé que trois autres cadavres. Il devait en rester des dizaines, dévorés ou frigorifiés, ceux qu'ils n'avaient pas eu le temps de ramener la première fois, et qui resteraient couchés là à tout jamais, puisqu'après tout, on ne sauvait pas les morts.

Le retour au district leur prit quatre heures. Mike, Nanaba et Gunther se chargèrent d'éliminer les titans qu'ils croisèrent pendant qu'Hanji et Erd s'occupaient des blessés.

Petra demeura silencieuse et hébétée, à peine consciente de ce qui l'entourait, et s'endormit lorsqu'ils franchirent enfin les murs. Livaï et Auro restèrent quant à eux inconscients, et Hanji s'assura que leur état reste stable avant qu'ils ne bénéficient de vrais soins.

Leur survie, Erwin avait du mal à la qualifier autrement que de miracle. Nul autre n'aurait pu survivre trois jours dans des conditions aussi extrêmes et avec de telles blessures. L'escouade ne méritait pas son nom pour rien, et il mesura la perte immense qu'aurait occasionné leur disparition.

Les corps retrouvés furent remis à la garnison qui les inhumerait, et les citadins de Trost se chargèrent d'exprimer la colère et la tristesse qui grondait en eux sans qu'ils ne puissent s'en libérer.

L'opération de reconquête s'était donc bien soldée par un monstrueux échec, un fiasco total, mais grâce auquel les populations restantes pourraient passer l'hiver sans souffrir de la famine. C'était le prix à payer.

Les trois soldats survivants furent amenés au dispensaire de Trost, où ils furent immédiatement pris en charge. Petra était celle qui s'en sortait le mieux, et à part l'épuisement, la faim, la soif et le froid qu'avait enduré son organisme ainsi que quelques engelures, son état n'était pas alarmant. Les médecins lui dirent qu'elle se remettrait en une semaine, et sans séquelles.

L'état des deux autres était en revanche plus inquiétant. La gangrène avait déjà bien attaqué l'un des pieds d'Auro. Il fut amputé de deux orteils. On put en revanche sauver sa jambe, où l'infection disparaîtrait lentement. Deux à trois semaines de rémission si la fièvre passait. Il n'y avait plus qu'à attendre. Quant à Livaï, les médecins s'étonnèrent qu'il soit toujours en vie. Ses blessures à l'épaule et au genou s'étaient gravement infectées. Ses côtes et ses hanches très endommagées le laisseraient cloué au lit plusieurs semaines durant. C'était un miracle que ses membres congestionnés aient survécu à la gangrène. Quelques engelures tout au plus, qui disparaitraient bientôt .

Pendant les soins, il reprit connaissance un bref instant, et son regard était celui de quelqu'un qui revient de très loin.

– Bienvenue chez les vivants », eu tout juste le temps de lui dire Erwin avant qu'il ne s'endorme de nouveau.

Et bon retour parmi nous...

***

On m'assura que je n'avais dormi que trois jours lorsque je me réveillai, mais il me semblait que mon sommeil avait duré cent ans.

Ma chambre donnait sur une cour intérieure où résonnaient parfois les jeux des enfants, le bruit des chariots et le rire des infirmières. Je réalisai que l'humanité ne m'avait jamais autant manqué.

Le major Erwin, ainsi que les chefs d'escouade Hanji et Mike passèrent me voir dès que les médecins leur en donnèrent l'autorisation, et la première chose qu'ils me dirent me fit fondre en larmes. Auro et le Caporal chef étaient en vie. Ils allaient bien. Ils iraient mieux.

Auro et le Caporal chef Livaï avaient survécu... Le reste m'importait peu. Ils avaient tous les deux survécu. Le monde aurait pu s'effondrer, ça me suffisait.

Ils me dirent que l'opération de reconquête avait échoué. Qu'on déplorait des centaines de pertes mais que pour une fois – peut-être la seule – le gouvernement n'en tiendrait rigueur à personne. Tout le monde savait après tout, et personne n'avait agi. Souffrir avec eux était le moins que nous puissions faire.

On m'autorisa à les voir le lendemain de mon réveil, lorsqu'on fut assuré que je pouvais tenir seule sur mes jambes.

Auro pleura en me voyant et m'agrippa les mains comme un enfant. Il se mit à rire en disant qu'il était désormais un éclopé des orteils, et pourrait se vanter d'être le seul soldat de l'humanité à buter des titans avec seulement la moitié de son pied gauche. Je ris avec lui, et le mis au défis de rattraper son score sur le mien lors de notre prochaine expédition. Il avait trois titans de retard. Il m'assura en levant le menton qu'il en tuerait dix pour se rattraper. Pari tenu.

Je n'osai rendre visite au Caporal chef qu'en début de soirée. Il était encore très faible, me dirent les médecins, mais il n'y avait plus de raison de s'inquiéter.

Sa chambre baignait dans la lumière incertaine d'une chandelle posée à côté de son lit. Dans la blancheur des draps, son visage semblait minuscule, et son corps celui d'un enfant. Jamais il ne m'avait paru si vulnérable, et je souris pour moi-même en me rappelant qu'il n'était pas si grand.

Une chaise, ainsi qu'une bassine remplie d'eau et des linges avaient été laissés à son chevet. En m'asseyant lentement, je trempai l'un des linges dans l'eau avant d'essuyer la sueur sur ses tempes et de le poser sur son front. Ses traits se crispèrent, et tandis que son torse se soulevait sous le coup d'une longue inspiration, ses paupières s'ouvrirent lentement.

Pardon... je vous ai réveillé...

Il sembla un moment perdu, comme s'il ne savait plus où il était, et ses yeux se posèrent finalement sur moi.

Petra ?...

***

Elle avait maigri plus que de raison. Ses joues faisaient des grands creux dans son visage. Il y avait des cernes sous ses yeux et des craquelures sur ses lèvres. Mais elle souriait, et quand Petra souriait, c'est que tout allait bien.

– Ils m'ont dit que tu t'en étais sortie... » souffla-t-il. « Comment vas-tu ? »

Le son de sa voix éraillée la fit grimacer, et la surprise passée, elle laissa échapper un petit rire.

– Bien. Très bien même ! » Exhibant ses mains bandées, « presque plus d'engelures. »

Retirant le linge qu'elle avait laissé sur son front, elle le trempa de nouveau et le passa doucement sur son cou, sa nuque et ses épaules. La sensation de l'eau fraiche lui fit un bien fou et il soupira d'aise.

– Et vous, comment vous sentez vous ?

– Mieux... j'imagine... Je ne me souviens pas vraiment des derniers jours. Tout se mélange dans ma tête.

Il se souvenait de la silhouette d'Erwin et de son souffle régulier qui avait rythmé son sommeil des heures durant, de mains inconnues qui palpaient ses blessures, qui lui faisaient mal parfois, mais qui l'apaisaient surtout, de la voix criarde d'Hanji et de celle de Mike qui lui disait de la fermer. Pendant une durée qu'il n'aurait su déterminer, son monde n'avait été qu'un théâtre d'ombres, de murmures et de fantômes qui passaient sous ses yeux, et l'effleuraient parfois sans le toucher vraiment. Comme si tout ce qu'il croyait voir et sentir n'était finalement qu'un rêve.

– Je crois que c'est la première fois que je me sens vraiment réveillé » marmonna-t-il. « Erwin t'a dit quelque chose ? »

– Que vous aviez dormi très longtemps. Que les médecins s'inquiétaient parce que votre fièvre ne baissait pas et qu'il avait eu peur de vous voir succomber à vos blessures...

– Quel crétin.

– J'ai parlé avec les médecins. Ils disent que vous êtes maintenant hors de danger, mais qu'il vous faudra beaucoup de temps pour récupérer.

– Combien ?

– Trois semaines, un mois.

– Tch.

Un moi cloué dans un lit, sans entraînement, baignant dans les odeurs de sueur et de maladie. C'était hors de question.

– Dès que la fièvre aura disparu, promets-moi de me sortir de là.

Et l'éclat de rire de la jeune femme fut la seule réponse qu'il obtint.

***

Avec son air renfrogné, ses lèvres pincées et son regard noir, j'avais bel et bien retrouvé mon Caporal chef. Nul doute qu'en deux semaines il serait sur pieds.

Tiens, aide-moi » marmonna-t-il une fois mon fou-rire passé.

En tendant le bras vers moi, il s'aida de mon appui pour se redresser et s'asseoir tout à fait tandis que je posai son oreiller contre le sommier pour qu'il y repose son dos.

Merci.

Vous avez faim ?

Ouais... soif surtout. Vraiment soif.

Ne bougez pas.

En bondissant de ma chaise, je sortis un moment, le temps de lui trouver un verre et une carafe.

Tenez.

Il engloutit quatre verres entiers d'une traite sans la moindre distinction, lui d'ordinaire si maniéré... Le temps qu'il apaise sa soif, je laissai mon regard s'aventurer sur les bandages qui entouraient son épaule et ses côtes, sur son torse dénudé aux muscles noueux, sa peau très blanche, et détournai les yeux.

Et la « reconquête » alors, qu'est-ce que ça a donné ?

Le rouge sur mes joues s'effaça.

Un fiasco. Beaucoup de civiles se sont perdus dans la tempête. Les équipes n'ont pas réussi à se coordonner et les titans ont pénétré nos rangs trop en avant. Huit escouades y sont passées dont deux de chez nous.

Un massacre en sommes.

Un massacre.

Et au niveau des pertes ?

On n'a pas réussi à totalement les dénombrer, mais elles s'élèvent à plusieurs centaines pour les civils, et quelques dizaines pour les soldats.

En si peu de temps ?!

D'après Erwin, la garnison aurait fait exprès d'égarer plusieurs groupes. Le but était d'en éliminer le plus possible et pour ça, le froid fut une véritable aubaine.

Son visage s'était assombri, et il arborait cette expression que je n'avais décelé que trop souvent chez lui, celle de la culpabilité et du poids des morts.

Caporal chef ?...

Et les civils de la cabane ? Ceux qui ont filé en douce ?

Cinq d'entre eux sont morts. On ignore ce que sont devenus les quatre autres. Erwin aurait aussi retrouvé le cadavre de votre cheval. Ils seraient morts de froid.

Le vieux aussi ?

Oui...

***

Encore un qui ne reviendrait pas. Un enfant laissé tout seul. Par leur faute.

En regardant brièvement par la fenêtre, Livaï vit qu'il s'était remis à neiger. Le blanc tombé du ciel comme du coton sur la pierre grise. Un voile de pureté sur la saleté du monde.

– Petra... » murmura-t-il, « je... je me dois de te remercier pour tout ce que tu as fait. » Plantant ses yeux dans les siens, « tu nous as sauvé la vie à moi et Auro. »

Elle rougit terriblement, et recula en agitant ses mains bandées avec un sourire gêné.

– Vous en auriez fait de même pour moi... Auro aussi.

– Sauf que ni lui ni moi n'en avons été capables.

Lentement, il posa sa main sur son épaule encore immobilisée, sa chair qui se réparait lentement, et se surprit à sourire.

– Merci pour tout...

***

Dehors il s'était remis à neiger. Un vent glacial faisait trembler les fenêtres et moi, je sentais comme quelque chose embraser ma poitrine.

Je ne l'avais jamais réalisé avant. Ce pourquoi j'étais si bien quand il était dans les parages, si anxieuse lorsqu'il allait mal. Pourquoi je redoutais de l'entendre crier dans la nuit, et faisais tout pour le faire sourire.

C'est vous qui m'avez donné la force d'aller jusqu'au bout » murmurai-je doucement. « Je... je suis contente que vous soyez sauf... »

Après tout ça, tu n'as pas intérêt à mourir bêtement. » Son regard d'acier se ficha dans le mien et ses traits se durcirent, tandis qu'il me tendait sa paume. « Promets-le. »

Je ne pus m'empêcher de sourire, et glissai ma main dans la sienne, encore partiellement rongé par le froid que nous avions enduré là-bas.

Promis », soufflai-je.

Et la neige tombait toujours avec la nuit. Sur les pavés et les toits, au-delà des murs, dans les plaines qui n'en finissaient pas. La neige tombait toujours, et sous son lit blanc la vie dormait doucement.

Dans le silence,

Des pas dans la nuit, un souffle, un nuage,

Et plus rien...

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