« Notre priorité : votre bien-être. Votre priorité ? Assurer votre bien-être. Chez WeCare, nous faisons tout pour vous. Tant que vous avez de quoi payer. WeCare est bon, WeCare est juste, WeCare vous aime. Gloire à WeCare. »
Une publicité passant sur tous les écrans de la planète QG de la société neutre la plus capit- parfaite du multiunivers. Une publicité provoquant des relents désagréables dans les bouches d'Arsène, Barbara, Cox, Almyra et Jim.
Le petit groupe, habillé en uniformes blancs et verts volés à leur arrivée, tentait de se fondre dans la foule d'employés ayant un sourire forcé et une démarche trop joyeuse.
L'environnement design futuriste et épuré autour d'eux leur donnait l'impression d'être dans un Ikea Planète, une dictature contrôlée par WeCare dont les seules couleurs autorisées étaient le blanc, le vert et un peu de bleu.
— On se sépare comme prévu. Barb, Jim et Almyra, vous passez par l'entrée est. Cox et moi, par l'entrée ouest.
— Espérons que pour une fois un de tes plans ne dérape pas... dit Almyra en donnant une arme miniature à son frère qu'il glissa à sa ceinture.
— Ne sous-estime pas la chance d'Arsène Flamingo.
— Arrête de parler à la troisième personne, intervint Barbara en soupirant. On reste en contact par oreillette.
— N'oubliez pas de sourire, ajouta Jim Aukanai, il y a énormément de fanatiques de WeCare et autant d'esclaves dont on a lavé le cerveau. La Confédération n'a jamais voulu s'investir dans les affaires de cette société...
— Pourquoi ça ? demanda Cox.
— Parce que c'est WeCare qui finance le mardi pizza.
— Ah. Oui c'est... logique.
— Bon allez, séparation !
— Arsène, attends.
Barbara fit signe à Jim et Almyra de prendre de l'avance et Cox comprit immédiatement qu'il fallait laisser leur intimité au duo Martin.
— Petit renard, commença Barbara en caressant la joue de son frère, je ne le sens pas sur ce coup-là. Ça sent le moisi.
— C'est le premier coup qu'on fait ensemble et tu ne le sens pas ? Fais confiance à ton frangin ! La chance, Barb !
— Je ne sais pas... j'ai l'impression que des éléments m'échappent depuis quelque temps et ma croyance en une forme supérieure maîtresse de notre avenir est ébranlée.
— Encore cette histoire de croyance... bref. Ne t'inquiète pas, je suis bon dans les situations extrêmes.
— Ne fais pas preuve de stupidité.
Arsène embrassa la joue de sa sœur avant de faire son plus beau sourire, éternel à jamais, et de retirer ses lunettes de soleil pour les ranger à l'intérieur de son uniforme de travailleur.
Il se tourna vers Cox en arquant un sourcil avant de déclarer :
« Let's Fucking Go ! »
C'était ça, Arsène Flamingo. De la classe en barre, un sourire sur le visage peu importe la situation et la braguette malheureusement ouverte, cassant sa démarche totalement badass jusqu'à ce que Cox le lui fasse remarquer.
⭐⭐⭐
« Jour 1 - 11h30 – Moi, le magnifique, fab-... pardon. Moi, Arsène Flamingo est accompagné de Cox Bram depuis une heure sur la planète QG WeCare...
Et nous nous sommes paumés.
Nous devions entrer dans la tour principale du siège mais l'un de nous a eu la brillante idée de couper en ligne droite à travers la pelouse au lieu de suivre le chemin indiqué clairement par les flèches blanches au sol.
Oui, Cox a fait preuve de stupidité et je l'ai déjà puni avec une tape sur sa géante tête verte. »
Cox ignora royalement son capitaine, ses doigts pianotant sur un clavier portable branché à un des écrans publicitaires de WeCare.
À ce moment précis, une pub pour de l'eau pétillante WeCare passa et un rapide coup d'œil lui permit de reconnaître un visage étrangement familier.
— Euh capitaine ? Ce ne serait pas Sweetwhisper ?
— Qui ça ? Ah mais oui ! C'est la copine du comte Fl-
« AAAAAH ! »
Les trois hommes, oui trois, s'exclamèrent ensemble avant de se pointer du doigt de façon très exagérée pendant d'interminables secondes.
— Arsène Flamingo !
— Comte Flamingo ?! s'écria Cox.
— Géant vert ! répondit le comte.
— Le vieux ! intervint enfin Arsène. Qu'est-ce que tu fous ici ?!
— J'ai suivi le scénario de la Grande Créatrice.
— Plus sérieusement ?
— La Coalition m'a mis au courant de ta mission et j'ai suivi ton vaisseau en me disant que si tu partais sauver ton chaton, je pourrais aussi sauver le mien.
— Vous parlez d'elle ? intervint Cox en montrant l'écran.
— Oh ma Sweetie ! Mon étoile ! Ma divine !
— Comment tu fais pitié... Aïe !
Arsène se prit sans surprise un coup sur la tête de la part de son vieux lui.
Le comte Flamingo était habillé du même uniforme qu'eux mais avec un chapeau vert à plumes bleues, le rendant encore plus excentrique... Et très peu discret.
Ce dernier leur raconta sa vie depuis leur dernière rencontre, comment sa Sweetie avait disparu du jour au lendemain et n'était jamais revenue avec son soda à l'orange. Comment il avait déprimé avant de partir à sa recherche pour finalement recevoir un message de Félix Chaton l'informant de la présence des Whisperers chez WeCare.
Car même s'il avait quitté il y a bien longtemps la Coalition, le comte Flamingo était très proche de ses capitaines et ils allaient régulièrement faire des parties de paintball sur une planète qu'ils réservaient tous les trois mois pour l'occasion.
Le trio improbable, pendant le déballage de la vie du comte, continuait sa traversée dans les allées bordant le siège de WeCare alors que Cox s'arrêtait toutes les deux minutes en regardant son téléphone.
— ...Et c'est comme ça que je me suis retrouvé ici, dans cet uniforme immonde.
— Ok cool mais je m'en battais les couilles en fait.
— Qu'est-ce qu'il fout Hulk ? Il attend un message de la part de son livreur de chez Ninzza Hut! ?
— Je rentre dans le système informatique du bâtiment, répondit Cox concentré à observer le moindre détail autour de lui.
— Oua t'as l'air de vachement rentrer dedans ! se moqua le comte. Est-ce qu'un gars avec ton gabarit peut pénétrer toutes ses défenses ?
— Ouais.
— Ah donc tu as l'outil qu'il faut... Ce n'est pas trop gros ? Il ne faudrait pas que les sirènes se mettent à crier.
— Non.
— Franchement, tu m'aurais dit, je serais venu avec le mien et à deux, on aurait pu entrer comme papa dans maman.
— De quoi ?
— Je crois que Cox n'a pas saisi toutes tes allusions, intervint Arsène avant de tous les stopper d'une main levée. Ça y est, on est à l'entrée administrative. Je compte sur toi Cox. Pour le reste, je gère avec mon charisme.
Le capitaine du SS-Barbara passa une main dans ses cheveux noirs, les rendant presque sauvages avant de secouer la tête, passer ses pouces sur ses sourcils et de faire son sourire de charmeur en entrant dans le bâtiment avec les deux hommes à sa suite.
Leurs chaussures blanches couinaient sur le sol brillant du hall d'entrée gigantesque du siège administratif de WeCare alors que les employés se hâtaient de terminer leur tâche pour aller déjeuner.
Arsène, d'une démarche nonchalante, arriva jusqu'au bureau des réceptionnistes tous robots sauf une femme à la peau blanche au milieu et dont le nœud papillon vert menthe était aussi gros que sa tête.
De la même espèce que son ex-copine Barbara Karenalistika, la jeune femme avait de longues cornes aussi immaculées que sa peau et qui tombaient dans son dos comme des cheveux. Sûr de lui, le capitaine posa son bras sur le comptoir du bureau en arquant un sourcil et en déclarant d'une voix chaude :
— Hello there.
— Gloire à WeCare, répondit machinalement la réceptionniste avant de lever les yeux vers lui. Est-ce que je peux vous renseigner ?
— Oh mais j'espère bien... Mes collègues et moi-même sommes nouveaux chez WeCare et nous cherchons... Oua.
— Qu'y a-t-il ?
— Vos yeux sont tellement beaux que je me suis laissé happer et j'en ai perdu le fil de mes pensées.
La femme fronça les sourcils avant de baisser la tête vers son clavier, ignorant royalement le charme d'Arsène Flamingo qui choqué, mit sa main sur sa poitrine avant de défaillir tel un drama king.
Le comte Flamingo prit sa place, le même sourire charmeur que son double plus jeune, et joignit ses mains jusqu'à son menton.
— Excusez l'attitude de mon fils, très belle demoiselle, mais auriez-vous l'amabilité de nous renseigner ? Nous cherchons à rejoindre le service marketing... Pourriez-vous nous en autoriser l'accès s'il vous plait ?
— O-Oui, bien sûr, répondit la femme aux joues rougissantes.
— Merci, vous êtes vraiment adorable.
La femme tapa frénétiquement sur son clavier alors qu'Arsène regardait d'un air dégoûté son vieux double haussant les épaules en chuchotant : « Le charisme des hommes mûrs, tu ne peux pas test. »
Elle leur demanda leur matricule d'employé et Cox répondit en donnant une série de chiffres rentrée au hasard dans la base de données primaire qu'il venait de faire craquer. Les trois lurons réussirent à entrer dans un des immenses ascenseurs du siège, les menant directement au service marketing.
— C'est la première fois, hors Niki, que tu échoues à draguer une femme.
— Je n'ai pas échoué, répondit Arsène à Cox. Si le comte Flamingo a réussi, j'ai réussi. Nous sommes les mêmes, CQFD.
— Mais non c-
— J'AI RÉUSSI Cox. Ne retiens que ça. Bon, pourquoi le service marketing ? Nous dans notre plan de base, on devait aller au service informatique pour que Cox donne tous les accès à notre équipe.
— Moi, je veux juste retrouver Sweetie et si elle fait des pubs, elle est dans ce service. Vous n'avez qu'à reprendre votre route, je me débrouillerais seul.
— N'oublie pas que t'es vieux hein ? Ce n'est pas parce que tu as fondé les Flamingo que tu es tout puissant et immortel. Des gens comptent encore sur toi là-bas.
— Et toi, ne fais pas preuve de stupidité. Et pour information, je n'ai pas fondé les « Flamingo », j'ai simplement suivi le premier flamant rose.
— Ça n'a aucun putain de sens.
— Peut-être mais... Ah ! On est arrivés à mon étage. À plus dans le bus les mioches !
Le comte Flamingo sortit en moonwalk de l'ascenseur le faisant débarquer à l'étage marketing de WeCare avant de s'exclamer : « Ah oui n'oublie pas, c'est MARDI PIZZA ! »
Arsène et Cox se regardèrent dubitativement avant de hausser les épaules par pure incompréhension et de continuer à monter jusqu'au service informatique.
★Du côté de Barbara, Almyra et Jim Aukanai★
— On n'est pas déjà passés de ce côté ?
— Non, c'est juste que tous les foutus couloirs de ce foutu bâtiment se ressemblent.
— Barbara. Tu n'aurais pas un problème d'addiction ?
La brune se tourna vers Jim en arquant un sourcil, sa bouche remplie d'une énorme sucette Chupa Chups lait-fraise qu'elle suçait avec avidité, provoquant des bruits de bouche très gênants dans les couloirs vides que le groupe traversait.
La sœur d'Arsène ne répondit pas, préférant esquiver le sujet de façon maline comme son petit frère en touchant les points sensibles :
« Et vous deux alors ? Vous êtes ensemble, c'est ça ? »
Le célénien et la kratzorienne se regardèrent rapidement avant de bafouiller mille fois « non », affirmant clairement de cette façon qu'ils étaient visiblement bien ensemble mais qu'ils n'arrivaient pas à l'assumer.
Almyra, tentant de ne pas céder à ses sentiments d'affection purement liés à sa race, retourna le sujet aussi habilement que Barbara en lui demandant si la brune avait quelqu'un dans sa vie.
— Je n'ai pas le temps d'avoir quelqu'un.
— Et ce « Martin » ? C'était juste pour la blague et ne pas révéler ton nom de famille ou tu as vraiment eu une histoire avec un Martin ?
— Les deux. Je n'ai même pas envie d'en parler tellement c'est honteux. C'est du même niveau qu'embrasser un mec en ignorant qu'il fait partie de votre famille... ahahah.
— Euh... d'accord.
— Et le capitaine avec qui tu es en mission ? demanda Jim. Celui dont a parlé la Coalition.
— C'est un inaccessible. Je lui parle de temps en temps mais je ne l'ai jamais eu face à moi. Il n'y a que Niels qui...
— Niels ? Niels Pearl ?
— Chut.
Barbara s'arrêta net en entendant des bruits métalliques. Elle regarda le symbole sur la porte à côté d'elle avant d'y voir marquer « Toilettes pour robots », se demandant en quoi des toilettes pouvaient servir à des robots.
Mais l'heure n'était pas à la discrimination.
Elle poussa doucement la porte et entra en faisant le moins de bruit possible malgré le léger couinement de ses chaussures sur le carrelage blanc. Une seule des cabines était fermée et, lorsque Barbara décida sans pudeur de l'ouvrir, elle tomba nez à nez avec un petit robot assis sur la cuvette en train de secouer ses bras métalliques.
« ROBBIE ?! » s'écrièrent Almyra et Jim avant que Barbara par réflexe presque surhumain, ne les pousse dans la cabine et ne la referme, emprisonnant les trois compagnons.
Au moment où la porte de la cabine se referma, celle des toilettes s'ouvrit sur deux grands robots gris avec le logo WeCare collé sur la tête. Barbara fit mine d'être surprise, son instinct ayant bien réagi aux bruits des dits robots avant leur arrivée.
— On recherche un petit robot nommé RB-13, modèle d'aide de vie et soigneur. Qu'est-ce qu'un être humain fait dans ces toilettes ?
— Oh... Vous ne voulez pas le savoir. Vraiment.
— Dites-le nous et si vous cachez le robot en question, nous all-
— Je fais « le guet ».
— Erreur. Je ne comprends pas l'utilisation de ce mot dans cette situation et ce lieu.
— En fait, commença-t-elle à chuchoter, vous arrivez au plus mauvais moment. Dans la cabine derrière moi, il y a deux collègues en train de batifoler en secret, si vous voyez ce que je veux dire.
— Quel est l'intérêt de batifoler dans les toilettes pour robots quand WeCare a un grand parc pour se livrer à moult opérations de divertissement ?
— J'avais oublié que les robots avaient besoin de précision... Ils sont en train de coucher ensemble. De ken. De faire la bête à deux dos. De frotter leur corps chaudement.
Barbara donna un coup de coude dans la cabine, incitant le célénien et la kratzorienne à jouer la comédie en simulant des bruits semblables à une étreinte chaude et sexuelle entre eux... Alors que leurs deux espèces étaient asexuelles.
Le capitaine Blue Dragon et la folle savante Almyra Bram tentèrent tant bien que mal de pousser des cris très gênants ne ressemblant en rien à de la jouissance à cause de leur inexpérience sur le sujet. Et malgré tout, les robots tombèrent dans le panneau.
— C'est inapproprié sur un lieu de travail, déclara l'un d'eux.
— Oui je sais mais que voulez-vous ? répondit Barbara. Nous les êtres vivants sommes très inférieurs à vous et nous avons besoin de rapports bestiaux pour coexister. D'ailleurs je m'en vais les rejoindre et ensuite je leur dirais de venir vous aider à chercher votre petit robot, c'est d'accord ?
— Non non non non, bugua légèrement l'autre robot, nous nous en chargerons seuls. Au revoir, humaine. N'oubliez pas de nettoyer après votre passage et gloire à WeCare.
— Ouais ouais, gloire touça touça.
Les deux robots quittèrent les toilettes et Barbara attendit de longues minutes avant d'ouvrir la cabine et de s'adosser au mur devant eux, un grand sourire aux lèvres et égal à celui de son frère.
« Il n'y a pas à dire, c'est bien la sœur de son frère. » pensèrent Almyra et Jim en sortant de la cabine avec le petit Robbie ayant seulement compris qu'ils venaient de le sauver. Le robot échappant à une nouvelle tentative de rebootage pour le soumettre à la volonté de WeCare.
Heureux de retrouver Almyra, il se mit à tout lui raconter : son départ sans Arsène de Céléne, son errance et son envie de mourir toujours plus grande jusqu'à travailler dans une supérette WeCare avant de rencontrer Niels. Ce dernier qui effaça ses pulsions suicidaires de sa mémoire de robot conscient grâce à l'artefact gagné lors du concours de talent.
Un élément sur lequel Barbara tilta en fronçant les sourcils avant de jeter le bâtonnet de Chupa Chups de sa bouche et d'en ouvrir une nouvelle.
— Attends, petit robot... commença-t-elle. Tu as rencontré Niels il y a quelques semaines, c'est cela ? Et il t'a effacé ce sentiment comme ça ? Avec sa fourchette magique ?
— Robbie, tel est mon nom. Mais oui, Niels Pearl m'a libéré avec son artefact. C'est un gentil garçon. Je l'aime bien.
— C'est pas faux.
— Mais on doit se dépêcher ! s'agita-t-il soudain. J'ai vu Niki et elle est en danger ! Elle saignait de la bouche et du nez ! Ils ont mis un code dans sa tête pour la forcer à faire des choses et puis il y avait Dream Reaper qu-
— DREAM REAPER ?! s'exclama Barbara en attrapant Robbie et en le secouant dans tous les sens comme si cela pouvait l'aider à en dire plus.
— Oui, le méchant qui a torturé mon capitaine. Il était là, en hologramme, face à l'autre méchant tout gris qui contrôlait Niki.
— Shadowhisper... murmura Almyra en colère. Il faut qu'on l'arrête. Je sais que c'était déjà prévu mais j'ai la rage si quelqu'un se met à contrôler ma seule amie.
— Et moi je détruirais bien le bâtiment avec une de tes armes chaotiques pour la libérer, s'exclama Jim en tapant du poing sur le mur qu'il fissura légèrement.
La seule personne dans le vague était Barbara PopGun. Comme si elle laissait le temps à son cerveau d'enregistrer une nouvelle information mais surtout, de faire les liens entre tout ce qu'elle savait et que l'équipage du SS-Barbara, Jim Aukanai voire même les lecteurs ignoraient.
Dream Reaper s'était montré, en hologramme certes, mais il était apparu devant Robbie et Niki... Et cela ne pouvait que présager le pire.
Il était proche, bien plus proche d'eux que toutes les fois où elle l'avait pourchassé.
Il était proche car la fin était proche.
C'est à ce moment-là que les paroles très lointaines du capitaine TK lui revinrent en mémoire :
« Arsène Flamingo va mourir et tu ne pourras rien y faire. Lorsque tu t'en rendras compte, il sera déjà trop tard. »
Le capitaine TK de la Coalition était ce même capitaine qui avait fait le lien entre elle et Niels Pearl, aka Niels Martin, pour les lecteurs n'ayant toujours pas fait le lien depuis le précédent chapitre.
Niels Martin, ce jeune garçon dont elle sentait qu'ils avaient des liens de parenté rien que par ses yeux aussi verts que les siens mais que le capitaine TK avait volontairement caché pour ne pas embrouiller l'esprit de Barbara.
Mais à ce moment précis, tout prenait sens. Tout était lié. Entre l'histoire que lui avait racontée Niels, celle du capitaine TK et bien d'autres événements, elle venait de comprendre qu'elle avait fait la plus belle bourde de sa vie : se séparer d'Arsène.
— Oh bordel de merde... jura-t-elle en se laissant tomber sur le carrelage et en lâchant sa sucette.
— Quoi ?! s'écria Jim inquiet. Il faut qu'on aille retrouver Niki ! Ce n'est pas le moment de faiblir B-
— C'est déjà trop tard... Sauf si Niels... Non. Putain...
— Mais quoi ?!
— Arsène Flamingo va... Non, même pas. Mon frère est déjà mort. C'est trop tard.
★ Du côté d'Arsène Flamingo et de Cox ★
*ATCHOUUUM !*
— À tes souhaits capitaine.
— Merci... On doit encore parler de moi. C'est dingue comme je suis populaire !
Cox roula des yeux en souriant, fatigué mais bien plus heureux de passer un moment comme celui-ci avec son meilleur ami. Lui piratant un système informatique et Arsène ne pouvant s'empêcher de se vanter sur lui-même.
Comme leurs missions à l'ancienne avant que toute cette histoire ne devienne trop compliquée.
Ils étaient passés par le service informatique et, profitant du MARDI PIZZA créant une effervescence sans nom mais également une désertification au sein de l'entreprise, le hacker n'avait eu aucun mal à récupérer ce qu'il voulait.
Le hacking du système de gestion très complexe de WeCare lui prenait énormément de temps mais grâce à des codes récupérés dans le service, il sentait qu'il arriverait à retrouver la position exacte de Niki sur la planète QG grâce à la dernière utilisation de son badge.
« Trouvé ! » s'écria le kratzorien en levant les bras en l'air, « Niki se trouve... dans le bâtiment de recherche. C'est un bâtiment relié par de nombreuses passerelles dont une à notre étage. Ensuite on prendra un ascenseur et on arrivera jusqu'à elle. »
Satisfait de bientôt retrouver son chaton, Arsène Flamingo ne perdit pas de temps et entraîna Cox avec lui dans sa course à travers les couloirs et sur la passerelle reliant l'administration du pôle de recherche.
Ne se demandant pas une seule seconde pourquoi elle se retrouvait là-bas et ne comptant que sur sa chance pour affronter le pire des imprévus.
Arrivé dans l'ascenseur, son oreillette se mit à vibrer et il appuya d'un doigt dessus pour entendre la voix étrangement inquiète d'Almyra :
— Capitaine ?! Ça va ?! Cox est encore avec toi ?
— Crie moins fort Almyra, dit-il en faisant une grimace, on va bien oui. On est en route pour l'une des salles de recherche où Niki pourrait potentiellement se trouver. Tu veux que je lui fasse coucou de ta part ?
— Non ! On a retrouvé Robbie et-
— Robbie ? Sérieux ? La chance est vraiment avec moi aujourd'hui !
— NON JUSTEMENT ! s'écria Barbara en prenant la place d'Almyra. Aujourd'hui c'est MARDI PIZZA Arsène ! J'avais complètement oublié mais la chance ne peut p- Brrrrrrrrr.
— Barb ? Almyra ?... Connexion en carton. Tente de les appeler pour voir ?
— ...Aucune réponse, répondit Cox alors que l'ascenseur descendait chaque étage avec lenteur. Qu'est-ce qu'elles voulaient ?
— Je ne sais pas, des pizzas je suppose. On passera à la cafétéria après avoir récupéré Niki et qu'elle ait accepté mes sentiments. Je sens que je vais bientôt sortir de la friendzone !
Le petit air enjoué d'Arsène fit sourire Cox qui frotta son crâne vert en se rappelant toute l'évolution dans la relation de son capitaine et de l'ex-tueuse. Passer du mépris à l'amitié puis l'amour, c'était quelque chose.
Il fixa son téléphone, scrollant dans ses fichiers vidéo et audio et ne put retenir un rire que Flamingo interrompit en le fixant avec attention.
— T'es en train de te foutre de ma gueule, Cox ? Tu veux que je retrouve José la patate pour te remplacer au rang de meilleur pote ?
— Hein ? Non non ! Non... Je viens juste de tomber sur un enregistrement de toi que j'avais gardé au cas où tu n'arriverais pas à te déclarer à Niki.
— Quel enregistrement ?! s'écria Arsène. Je le savais ! Tu es un traitre ! Tu me fais une Nixon* !
— Mais non... Quand tu étais bourré. Tu m'avais même vomi dessus. Tu t'étais énervé en envoyant le pire message de la décennie à Niki avant de m'avouer à ta façon qu'elle t'attirait. Sur le coup, j'ai tout enregistré et je trouvais ça beau, magnifique même.
— Quel traitre ce géant vert ! T'as pas intérêt à ressortir cet enregistrement. D'ailleurs...
Subitement, Arsène Flamingo se mit à sautiller pour attraper le téléphone de Cox et supprimer ledit enregistrement collector. Cox fit une mine entre le choc et la déception alors que le capitaine fier de son coup, passait les portes de l'ascenseur arrivé à l'étage où devait être Niki.
Les deux camarades traversèrent un long couloir blanc dont les lampes LED agressaient leurs yeux et dont le sol carrelé faisait couiner leurs chaussures WeCare. Devant eux, au bout du couloir, une grande porte en verre teinté et automatique s'ouvrant à leur arrivée et les faisant entrer dans une salle plongée dans le noir.
— Ça pue le piège, chuchota Cox.
— Les pièges ne sont pas siiii évident dans la vraie vie C-
Le capitaine s'interrompit en prenant une grande inspiration avant de masser sa paupière gauche de son pouce et son index. Son œil, ou plutôt sa « chance », était devenu soudainement brûlant pendant quelques secondes avant de retrouver sa température normale.
Alors qu'il s'interrogeait mentalement sur ce qu'il venait d'arriver à son artefact personnel, la salle s'éclaira d'un coup avec des centaines de petites LED en forme d'étoiles pourpres et blanches.
Faisant apparaître une personne très bien connue du capitaine et du hacker.
« Chaton ! » s'exclama Arsène, ignorant son oreillette vibrante mais également son téléphone. Cox, lui, était également réjoui, mais sentait quelque chose de louche dans l'environnement.
« Une salle éclairée étrangement, un miroir teinté dans le fond et Niki seule, debout au milieu de la salle et les yeux fermés... » pensa le kratzorien en se frottant le menton.
« Niki chaton... » commença le capitaine en se rapprochant doucement d'elle, « Tu ne peux pas savoir à quel point tu... Enfin... Bon, je suis le capitaine Flamingo et je n'ai pas l'habitude d'avouer aux gens qu'ils m'ont manqué mais... bref. J'aurais voulu te retrouver plus tôt mais tu me comprends, tu as dû te douter que je devais être au plus mal ces derniers mois... OK ! Je l'avoue ! Tu as dû le voir dans la presse mais j'ai eu une aventure avec Esperenza, l'actrice dont Cox est fan hystérique. Mais ce n'était rien... Enfin... Ce n'est jamais « rien » quand on passe dans mes draps mais... bref ! Tu me fais perdre mes moyens et... Niki ? »
Par instinct, Arsène glissa sa main sur son pistolet laser, Cox l'imitant avec l'arme temporairement miniature que sa sœur lui avait conçue.
Leurs respirations s'accélérèrent lorsqu'un bruit strident retentit et que le miroir teinté s'éclaira pour laisser voir... Shadowhisper et l'hologramme de la créature la plus détestable de l'univers pour Arsène Flamingo : Dream Reaper.
Les deux compagnons n'eurent ni le temps de comprendre la situation, ni de réagir que Shadow venait de murmurer dans son micro diffusé par haut-parleur dans la pièce :
« Niki, ordre numéro 404. Code : Brooklyn »
En une fraction de seconde, les yeux de Niki Darkwhisper s'ouvrirent et son corps bougea avec une rapidité déconcertante pour se retrouver presque collé à celui d'Arsène Flamingo. Cette dernière expira doucement, la tête près du cou de cet homme si précieux pour elle, avant de chuchoter dans le creux de son oreille :
« Tu es déjà mort. »
Ce n'est qu'en entendant ces mots que la main d'Arsène voulant caresser la joue de son chaton s'arrêta net. Ses yeux s'ouvrirent en grand, fixant le sourire mauvais de Dream Reaper et c'est grâce à son reflet dans le miroir à côté de sa némésis qu'il remarqua une chose étrange : sa chance ne brillait plus. Son œil gauche était terne.
Le temps était comme suspendu. Sa bouche s'ouvrit doucement alors que son visage n'arrivait plus à cacher la douleur vive infligée par son cœur.
Niki venait de le poignarder le cœur.
Tant au sens figuré que littéral.
Une larme roula sur la joue de cette dernière, la ramenant à la réalité après son ordre accompli et soutenant le corps du capitaine du SS-Barbara tombant au sol.
« ARSÈNE ! » s'écria-t-elle en retirant la dague alors que le rire de Dream Reaper emplissait la pièce.
Le capitaine, une main sur la poitrine, fixa intensément Niki en pleurs lorsqu'il se mit à sourire et à lui chuchoter :
« Je t'aime. »
Arsène Flamingo était mort.
Définitivement.
FIN.
...de l'arc « Gloire à WeCare ».
Ne criez pas victoire : Arsène Flamingo est bien mort et ce n'est pas parce que c'est la fin d'un arc et que l'histoire va se poursuivre qu'il va revenir à la vie. Non. Arsène Flamingo est mort.
Je vais me nourrir de vos larmes et de votre haine pendant une bonne semaine avant de revenir avec le demi-chapitre faisant directement suite à cet événement tragique et annonçant l'arc suivant très très riche en révélations.
J'espère que malgré tout, ce chapitre vous a plu et que j'ai pu rendre assez dramatique la fin de mon héros favoris. Dites moi ce que vous en pensez et n'hésitez pas à donner votre avis sur la suite.
On se retrouve mardi prochain pour le chapitre 49.3 (oui, 49.3) et en attendant...
FLAMINGO OUT.
Musique ♫ Deltarune - Legend - Tudd Chillwave Remix