Gatsby le magnifique

By grand-brillant

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Jeune homme issu d'une famille aisée du Minnesota et diplôme dé l'université de Yale, Nick Carraway s'install... More

Chapitre 1
Chapitre 1 II
Chapitre 1 III
Chapitre 1 IV
Chapitre 1 V
Chapitre 2
chapitre 2 II
Chapitre 2 III
Chapitre 3
Chapitre 3 II
Chapitre 3 III
chapitre 3 IV
Chapitre 3 V
Chapitre 4
Chapitre 4 II
Chapitre 4 III
Chapitre 4 IV
Chapitre 5
Chapitre 5 II
chapitre 5 III
Chapitre 5 IV
Chapitre 6
Chapitre 6 II
Chapitre 6 III
Chapitre 7
chapitre 7 II
Chapitre 7 III
Chapitre 7 IV
chapitre 7 V
Chapitre 7 VI
Chapitre 7 VII
Chapitre 7 VIII
Chapitre 8
Chapitre 8 II
Chapitre 8 III
Chapitre 8 IV
Chapitre 9
Chapitre 9 III
Chapitre 9 IV
Chapitre 9 V

Chapitre 9 II

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By grand-brillant


  Je crois que ce fut le troisième jour qu'un télégramme signé Henry C. Gatz arriva d'une ville du Minnesota. Il disait simple-ment que l'expéditeur partait sur-le-champ et qu'il fallait retarder l'enterrement.

  C'était le père de Gatsby, un vieillard solennel, très ahuri, très abattu, matelassé d'un ulster à bon marché contre la chaude journée de septembre. Ses yeux perdaient l'eau sans arrêt par l'effet de la surexcitation et quand je l'eus débarrassé de son sac et de son parapluie, il se mit à tirailler sa barbe rare et grise avec tant d'assiduité que j'eus peine à lui ôter son pardessus. Comme il paraissait prêt à s'effondrer, je l'emmenai dans la salle de musique et le fis asseoir en attendant qu'on lui apportât à manger. Mais il ne voulut point manger et le verre de lait se répandit, tant sa main tremblait.

– Je l'ai lu sur le Journal de Chicago, dit-il. C'était écrit sur le journal de Chicago. Je suis parti de suite.

– Je ne savais où m'adresser pour vous atteindre.

  Ses yeux, qui ne voyaient rien, parcouraient la pièce sans arrêt.

– C'était un fou, dit-il. Il devait être fou.

  Je le pressai :

– Voulez-vous un peu de café ?

– Je ne veux rien. Ça va, maintenant, monsieur...

Carraway.

– Bien. Ça va maintenant. Où c'est-y qu'on a mis Jimmy ?

  Je le conduisis au salon, où son fils était étendu, et le laissai seul. Des petits garçons étaient montés sur le perron et regardaient dans le vestibule ; quand je leur eus dit qui était le visiteur qui venait d'arriver, ils s'éloignèrent à regret.

  Au bout d'un instant, M. Gatz ouvrit la porte et sortit la bouche béante, le visage légèrement enflammé, les yeux perdant des larmes isolées et tardives. Il avait atteint un âge où la mort n'a plus sa qualité de saisissante surprise et quand il regarda au-tour de lui pour la première fois et vit la hauteur et le luxe de la galerie et les vastes pièces qui s'ouvraient sur d'autres pièces, sa douleur commença à se mêler d'un respectueux orgueil. Je l'aidai à gagner une chambre à coucher, en haut ; tandis qu'il ôtait sa veste et son gilet, je lui dis que tous les arrangements avaient été suspendus jusqu'à son arrivée.

– J'ignorais quelles seraient vos intentions, monsieur Gatsby.

– C'est Gatz que je m'appelle.

– ... Monsieur Gatz. J'ai pensé que vous voudriez peut-être emporter le corps dans l'Ouest.

  Il secoua la tête.

– Jimmy s'est toujours mieux plu ici dans l'Est. C'est dans l'Est qu'il s'est élevé à sa situation. Vous étiez un ami de mon garçon, monsieur...

– Nous étions intimes.

– Il avait un bel avenir, vous savez. Ce n'était qu'un jeune homme ; mais il avait beaucoup de puissance, ici.

  Il se toucha le front d'un air pénétré et je hochai la tête.

– S'il avait vécu, il serait devenu un grand homme. Un homme dans le genre de James J. Hill. Il aurait contribué à exploiter le pays.

– C'est vrai, fis-je, gêné.

  Il tirailla le dessus de lit à fleurs qu'il voulait enlever et s'étendit tout raide – s'endormit instantanément.

   Cette nuit-là quelqu'un, en proie à une terreur manifeste, téléphona, exigeant de savoir qui j'étais avant de dire son nom.

– Je suis M. Carraway.

– Ah ! fit-il avec soulagement. Ici M. Klipspringer.

  Moi aussi j'éprouvai un soulagement, car cela semblait promettre la présence d'une autre personne à la tombe de Gatsby. Ne voulant pas que la cérémonie fût annoncée dans les journaux, ce qui aurait attiré une foule de badauds, je m'étais con-tenté de téléphoner moi-même à un nombre limité de personnes. Elles étaient très difficiles à joindre.

– Les funérailles ont lieu demain, lui dis-je. Trois heures, ici, à la maison. Je vous serais obligé d'en informer tous ceux que cela pourrait intéresser.

– Certainement, fit-il avec précipitation. Bien sûr, je n'ai guère de chances de voir qui que ce soit, mais si cela se trouve, comptez sur moi.

  Le ton me donna des soupçons.

– Je n'ai pas besoin de vous demander si vous viendrez ?

– Je ferai mon possible. Je téléphonais, c'est pour demander si...

  J'interrompis.

– Un instant, dites-moi d'abord que vous viendrez.

– Mais... le fait est... la vérité est que je demeure pour l'instant chez des gens, ici à Greenwich, et qu'ils comptent sur moi pour demain. En fait, ils ont organisé un pique-nique, ou quelque chose de ce genre. Il va sans dire que je ferai de mon mieux pour m'esquiver.

  Je lâchai un « hum ! » d'incrédulité qu'il dut entendre, car il reprit avec nervosité :

– Je téléphonais au sujet d'une paire de souliers que j'ai laissée là-bas. Pourrais-je vous prier de me les faire envoyer par le valet de chambre. Voyez-vous, c'est des souliers de tennis et je me trouve perdu sans eux. Mon adresse est : Aux soins de B. F...

  Je n'entendis pas la suite, car j'avais raccroché.

  Après cela, j'éprouvai une certaine honte pour Gatsby – un monsieur à qui je téléphonais me laissa entendre qu'il n'avait que ce qu'il méritait. D'ailleurs, c'était ma faute, car c'était un de ceux qui avaient coutume de ricaner avec le plus d'amertume au sujet de Gatsby, tout en puisant courage dans la liqueur de leur hôte. J'aurais dû avoir le bon sens de ne pas m'adresser à lui.

  Le matin de l'enterrement, je me rendis à New-York pour voir Meyer Wolfshiem ; il semblait qu'il était impossible de mettre la main dessus par un autre moyen. La porte que je poussai, sur les indications du groom de l'ascenseur, était marquée « The Swastika Holding Company », et d'abord je crus qu'il n'y avait personne. Mais quand j'eus crié plusieurs fois « Hello ! » en vain, une discussion éclata derrière une cloison et bientôt une ravissante juive apparut par une porte intérieure et m'examina avec de noirs yeux hostiles.

– Il n'y a personne. M. Wolfshiem est parti pour Chicago.

  La première partie de son allégation était évidemment fausse, car quelqu'un s'était mis à siffler – faux – le Rosairedans l'autre pièce.

– Veuillez lui dire que M. Carraway veut le voir.

– Je ne peux pourtant pas le faire rentrer de Chicago.

  À cet instant une voix, sans doute possible celle de Wolfshiem, appela « Stella ! » de l'autre côté de la porte.

– Laissez votre nom sur la table, fit rapidement la juive. Je le lui remettrai quand il rentrera.

– Mais je sais qu'il est là.

  Elle fit un pas en avant et se mit à glisser les mains sur ses hanches, d'un geste d'indignation.

– Vous autres jeunes gens, vous croyez que vous pouvez vous introduire ici n'importe quand, gronda-t-elle. On commence à en avoir assez. Quand je dis qu'il est à Chicago, c'est qu'il est à Chicago.

  Je mentionnai Gatsby.

– Oh ! oh !

  Elle me regarda de nouveau.

– Voulez-vous... Quel est déjà votre nom ?

  Elle disparut. L'instant d'après Meyer Wolfshiem, debout sur le seuil de sa porte, me tendait ses deux mains avec solennité. Il m'attira dans son bureau, en me faisant observer d'une voix chargée de respect que ces moments étaient bien tristes pour nous tous, et m'offrit un cigare.

– Ma mémoire remonte aux premiers moments où je l'ai connu, fit-il. Un jeune major à peine démobilisé et couvert de médailles qu'il avait gagnées à la guerre. Il était si fauché qu'il portait encore l'uniforme, ne pouvant s'offrir des frusques comme tout le monde. La première fois que je l'ai vu, c'est quand il est entré au billard de Winebrener, 43e rue, pour de-mander un emploi. Il n'avait rien mangé depuis deux jours.

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