Gatsby le magnifique

By grand-brillant

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Jeune homme issu d'une famille aisée du Minnesota et diplôme dé l'université de Yale, Nick Carraway s'install... More

Chapitre 1
Chapitre 1 II
Chapitre 1 III
Chapitre 1 IV
Chapitre 1 V
Chapitre 2
chapitre 2 II
Chapitre 2 III
Chapitre 3
Chapitre 3 II
Chapitre 3 III
chapitre 3 IV
Chapitre 3 V
Chapitre 4
Chapitre 4 II
Chapitre 4 III
Chapitre 4 IV
Chapitre 5
Chapitre 5 II
chapitre 5 III
Chapitre 5 IV
Chapitre 6
Chapitre 6 II
Chapitre 6 III
Chapitre 7
chapitre 7 II
Chapitre 7 III
Chapitre 7 IV
chapitre 7 V
Chapitre 7 VI
Chapitre 7 VII
Chapitre 8
Chapitre 8 II
Chapitre 8 III
Chapitre 8 IV
Chapitre 9
Chapitre 9 II
Chapitre 9 III
Chapitre 9 IV
Chapitre 9 V

Chapitre 7 VIII

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By grand-brillant


  Il regarda pendant que les deux hommes les plus rapprochés se consultaient du regard et entraient avec répugnance dans la pièce. Tom alors referma la porte sur eux et descendit la marche, en évitant de regarder l'établi. En passant près de moi, il chuchota : « Sortons. »

  Conscients de la curiosité générale, nous nous frayâmes un chemin, grâce aux bras vigoureux de Tom, à travers la foule qui n'avait cessé de croître, et croisâmes un médecin qui arrivait, fort affairé, trousse en main. On l'avait appelé, une demi-heure plus tôt, avec je ne sais quel espoir extravagant.

  Tom conduisit lentement jusqu'au prochain tournant, puis son pied appuya à fond, et le coupé fila dans la nuit. Bientôt j'entendis un sanglot bas et rauque et vis que les larmes débordaient sur son visage.

– Le salaud, le capon ! pleurnicha-t-il. Il n'a même pas arrêté sa voiture !

  La maison des Buchanan flotta soudain vers nous à travers les sombres arbres bruissants. Tom stoppa devant le perron et leva les yeux vers le premier étage où deux fenêtres brillaient parmi la vigne vierge.

– Daisy est rentrée, fit-il.

  Quand nous descendîmes, il me regarda et fronça légère-ment les sourcils.

– J'aurais dû te déposer à West-Egg, Nick. Il n'y a plus rien à faire ce soir

  Un changement s'était produit en lui. Il marchait avec gravité, avec décision. Tout en marchant vers le perron, sur le gravier éclairé par la lune, il régla la situation en quelques phrases brèves.

– Je vais téléphoner pour qu'un taxi vienne te prendre. En attendant, toi et Jordan, vous ferez bien d'aller à la cuisine pour vous faire donner à souper – si vous avez envie de manger.

  Il ouvrit la porte : « Entrez. »

– Non merci. Mais je te serais obligé de faire venir un taxi. J'attendrai dehors.

  Jordan posa la main sur mon bras.

– Vous ne voulez pas entrer, Nick ?

– Non, merci.

  Je me sentais un peu malade et voulais être seul. Mais Jordan s'attarda un instant.

– Il n'est que neuf heures et demie, fit-elle.

  Que le diable m'emporte si je voulais entrer. J'en avais assez pour la journée, d'eux tous, Jordan comprise. Elle dut percevoir une ombre de mes sentiments sur mon visage, car elle s'éloigna brusquement, gravit très vite le perron et disparut dans la maison. Je m'assis quelques minutes, la tête dans mes mains, restant ainsi jusqu'à ce que j'eusse entendu le valet de chambre décrocher le téléphone à l'intérieur et appeler le taxi. Alors je m'éloignai lentement de la maison par la grande allée, avec l'intention d'attendre près de la grille.

  Je n'avais pas fait vingt mètres, quand j'entendis mon nom. Gatsby sortit d'entre deux buissons et s'avança vers moi. Je devais être dans un bel état mental, car il me fut impossible de penser à autre chose qu'à la luminosité de son complet rose sous la lune.

– Que faites-vous ici ? lui demandai-je.

– Oh ! rien, j'attends, vieux frère.

  Je ne sais pourquoi, cela me fit l'effet d'une occupation méprisable. Pour tout ce que j'en savais, il allait peut-être cambrioler la maison. Je n'aurais pas été surpris de voir des figures sinistres, les figures des « gens à Wolfshiem » derrière lui, entre les buissons sombres.

– Vous avez vu un accident sur la route ? demanda-t-il au bout d'un instant.

– Oui.

  Il hésita.

– Morte ?

– Oui.

– Je m'en doutais. Je l'ai dit à Daisy. Il vaut mieux que la secousse vienne tout d'un coup. Daisy l'a supportée assez bien.

  Il parlait comme si la répercussion que la catastrophe avait eue sur Daisy était la seule chose qui eût de l'importance.

– Je suis allé à West-Egg par un raccourci, et ai laissé la voiture dans mon garage. Je ne crois pas qu'on nous ait vus, mais, bien entendu, je ne saurais l'affirmer.

  L'homme m'était devenu si antipathique que je ne crus pas nécessaire de le détromper.

– Qui était cette femme ? demanda-t-il.

– Elle s'appelait Wilson. Son mari est propriétaire du garage. Comment diable est-ce arrivé ?

– Ma foi, j'ai essayé de redresser le volant... Il s'arrêta net et, soudain, je devinai la vérité.

– C'est Daisy qui conduisait ?

– Oui, fit-il après un moment, mais naturellement je dirai que c'était moi. Voyez-vous, quand nous quittâmes New-York, elle était très nerveuse et elle pensa que de conduire ça la calme-rait, et cette femme s'est précipitée vers nous au moment même où nous croisions une autre voiture. La chose se fit en une seconde, mais il me semble qu'elle voulait nous parler, qu'elle croyait que nous étions des gens qu'elle connaissait. Alors Daisy donna un coup de volant vers l'autre voiture pour éviter la femme, puis elle perdit la tête et redonna un coup de volant dans le sens opposé. Au moment même où ma main touchait le volant, je sentis le choc – il a dû la tuer sur le coup.

– Il lui a ouvert le corps.

  Il tressaillit.

– Je vous en prie, vieux frère. D'ailleurs Daisy appuya sur l'accélérateur. J'essayai d'obtenir qu'elle arrêtât, mais elle ne pouvait plus. Alors je mis le frein à main. Elle tomba en travers de mes genoux et je pris sa place au volant.

– Elle sera remise demain, reprit-il. Moi, je vais attendre ici pour veiller à ce qu'il ne la tracasse pas au sujet de la scène de cet après-midi. Elle s'est enfermée à clef dans sa chambre, et s'il se montre brutal, elle éteindra la lumière et la rallumera.

– Il ne la touchera pas, fis-je. Il ne pense pas à elle.

– Je me méfie de lui, vieux frère.

– Combien de temps allez-vous attendre ?

– La nuit entière, s'il le faut. De toute façon jusqu'à ce qu'ils soient couchés tous.

  Un nouveau point de vue s'ouvrit à moi. Supposons que Tom découvre que c'était Daisy qui conduisait. Il pourrait s'imaginer n'importe quoi. Je regardai la maison ; il y avait deux ou trois fenêtres éclairées au rez-de-chaussée et la lueur rose de la chambre de Daisy au premier.

– Attendez-moi ici, fis-je. Je vais aller voir si on entend le bruit d'une dispute.

  Je marchai sur le bord de la pelouse, traversai doucement le gravier et montai les marches de la véranda sur la pointe des pieds. Les rideaux du salon étaient tirés et je vis que la pièce était vide. Passant par la véranda où nous avions dîné un soir de juin, trois mois plus tôt, j'arrivai devant un petit rectangle de lumière que je devinai être la fenêtre de l'office. Le store était tiré, mais je découvris une fente dans l'allège.

  Daisy et Tom étaient assis en face l'un de l'autre à la table de cuisine, un plat de poulet froid et une bouteille de pale-ale entre eux. Il lui parlait avec chaleur par-dessus la table et dans son animation sa main s'était posée sur celle de Daisy, qu'elle recouvrait toute. De temps à autre, elle levait les yeux et hochait la tête en signe d'assentiment.

  Ils n'étaient pas heureux ; ni l'un ni l'autre n'avait touché au poulet ni à la bière, et pourtant ils n'étaient pas malheureux non plus. Cette scène avait un air d'intimité auquel il était impossible de se méprendre. On aurait dit qu'ils conspiraient en-semble.

  En m'éloignant sur la pointe des pieds, j'entendis mon taxi qui s'avançait avec des hésitations sur la route obscure, vers la maison. Gatsby attendait dans l'allée, à l'endroit même où je l'avais laissé.

– Tout est calme là-bas ? demanda-t-il avec anxiété.

– Oui, tout est calme.

– Vous feriez mieux de rentrer avec moi, pour dormir un peu.

  J'hésitai.

  Il secoua la tête.

– Je veux attendre ici jusqu'à ce que Daisy ait éteint. Bonne nuit, vieux frère.

  Il plongea les mains dans ses poches et se remit avec ardeur à examiner la villa, comme si ma présence gâtait le caractère sacré de sa veille. Je m'éloignai donc et le laissai là, debout au clair de lune – guetteur veillant sur le néant.

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