Gatsby le magnifique

By grand-brillant

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Jeune homme issu d'une famille aisée du Minnesota et diplôme dé l'université de Yale, Nick Carraway s'install... More

Chapitre 1
Chapitre 1 II
Chapitre 1 III
Chapitre 1 IV
Chapitre 1 V
Chapitre 2
chapitre 2 II
Chapitre 2 III
Chapitre 3
Chapitre 3 III
chapitre 3 IV
Chapitre 3 V
Chapitre 4
Chapitre 4 II
Chapitre 4 III
Chapitre 4 IV
Chapitre 5
Chapitre 5 II
chapitre 5 III
Chapitre 5 IV
Chapitre 6
Chapitre 6 II
Chapitre 6 III
Chapitre 7
chapitre 7 II
Chapitre 7 III
Chapitre 7 IV
chapitre 7 V
Chapitre 7 VI
Chapitre 7 VII
Chapitre 7 VIII
Chapitre 8
Chapitre 8 II
Chapitre 8 III
Chapitre 8 IV
Chapitre 9
Chapitre 9 II
Chapitre 9 III
Chapitre 9 IV
Chapitre 9 V

Chapitre 3 II

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By grand-brillant

  Cela, c'était pour le match de golf. Elle avait perdu la semaine dernière dans les finales.

– Vous ignorez qui nous sommes, dit une des filles en jaune, mais nous vous avons rencontrée ici, il y a un mois.

– Vous vous êtes teint les cheveux depuis, fit remarquer Jordan.

  Je sursautai, mais les jeunes filles s'étaient paisiblement éloignées et le commentaire s'adressa à une lune prématurée, sortie sans doute, comme le souper, d'un des paniers du fournisseur. Le mince bras doré de Jordan posé sur le mien, nous descendîmes les marches et nous nous promenâmes dans le jardin. Un plateau de cocktails glissa vers nous dans le crépuscule et nous prîmes place à une table avec les deux filles en jaune et trois hommes, qu'on présenta tous trois sous le nom de M. M-m-m-m.

– Vous venez souvent à ces fêtes ? demanda Jordan à sa voisine.

– La dernière fois c'est quand je vous ai rencontrée, répondit la jeune fille d'une voix alerte et assurée.

  Elle se tourna vers sa voisine : « Et toi, Lucile, c'est pas comme ça pour toi ? »

  C'était comme ça pour Lucile.

– J'aime venir ici, fit Lucile. Comme je ne fais jamais que ce qui me passe par la tête, je m'amuse toujours. La dernière fois, j'ai déchiré ma robe après une chaise et il me demanda mon nom et mon adresse. Dans la semaine, je recevais un paquet de chez Croirier avec une robe de soirée, toute neuve, dedans.

– Vous l'avez gardée ? s'enquit Jordan.

– Moi ? Mais bien sûr. Je comptais la mettre ce soir, mais elle est trop large de ceinture, et il faut que je la fasse arranger. Elle est bleu gaz avec perles lavande. Deux cent soixante-quinze dollars.

– Il y a quelque chose d'étrange chez un homme qui fait une chose comme ça, fit l'autre fille avec conviction. Il ne veut pas avoir d'ennuis avec qui-que-ce-soit.

– Qui ça ? demandai-je.

– Gatsby. Quelqu'un m'a dit... Les deux filles et Jordan se penchèrent l'une vers l'autre confidentiellement.

– ... qu'il paraît qu'il a tué un homme dans le temps.

Un frisson passa sur nous tous. Les trois M. M-m-m-m. se penchèrent et prêtèrent l'oreille avec empressement.

– Je ne crois pas que ce soit tant cela, chicana Lucile avec scepticisme ; c'est plutôt qu'il faisait de l'espionnage pour les Allemands pendant la guerre.

  Un des trois messieurs hocha la tête en signe d'approbation.

– Moi je tiens cela d'un homme qui le connaît comme sa poche, qui a été élevé avec lui en Allemagne, nous assura-t-il d'un air profondément convaincu.

– Oh ! non, fit la première jeune fille, ça ne peut être ça, puisqu'il servait dans l'armée américaine pendant la guerre.

  Comme notre crédulité refluait vers elle, elle se pencha avec enthousiasme :

– Regardez-le pour voir quand il croit que personne ne l'observe. Moi, je parie qu'il a tué.

  Ses yeux se rétrécirent ; elle frissonna. Lucile frissonna. Nous nous retournâmes tous pour chercher des yeux Gatsby. C'était un véritable tribut au romanesque des suppositions inspirées par cet homme que rendaient ces gens en chuchotant à son sujet, eux qui en ce monde avaient trouvé si peu de choses dont ils crussent nécessaire de parler à voix basse.

On servait le premier souper – un autre devait suivre après minuit – et Jordan m'invita à me mettre à sa table, à l'autre bout du jardin. Il y avait là trois couples légitimes et le compagnon de Jordan, un tenace étudiant fort adonné aux insinuations violentes et manifestement convaincu que tôt ou tard Jordan finirait par lui accorder l'usufruit de sa personne à un degré plus ou moins complet. Au lieu de se disperser, cette société avait maintenu une homogénéité fort digne et assumé la fonction de représenter l'aristocratie sérieuse du pays – East-Egg condescendant à fréquenter West-Egg et prudemment en garde contre sa spectroscopique gaieté.

  Au bout d'une demi-heure gâchée en efforts assez peu adéquats aux circonstances, Jordan chuchota à mon oreille :

Plaquons ces gens ; ils sont trop distingués pour moi.

  Nous nous levâmes. Elle expliqua que nous allions cher-cher notre hôte : je ne lui avais pas encore été présenté et cela me gênait. L'étudiant hocha la tête d'un air cynique et attristé.

  Le bar, où nous jetâmes tout d'abord un coup d'œil, était plein de monde, mais Gatsby ne s'y trouvait pas. Jordan ne put l'apercevoir du haut du perron et il n'était point dans la véranda. Au hasard, nous poussâmes une porte d'aspect solennel et nous pénétrâmes dans une haute bibliothèque gothique, garnie de boiseries en chêne sculpté à l'anglaise et probablement transportée, tout entière, de quelque château en ruine d'au delà des mers.

  Un homme gras, d'âge moyen, portant d'énormes lunettes qui lui donnaient l'apparence d'un hibou, était perché, dans un état d'ivresse assez avancé, sur le bord d'une vaste table. Il regardait avec fixité et une concentration dépourvue d'assurance les rayons chargés de livres. En nous entendant entrer, il se retourna nerveusement et examina Jordan de la tête aux pieds.

– Qu'en pensez-vous ? demanda-t-il.

– De quoi donc ?

Il agita la main vers les rayons.

– De ça. Inutile de vérifier. C'est déjà fait. Ils sont vrais.

– Les livres ?

Il hocha la tête.

– Absolument vrais. Ils ont des pages et tout ce qui s'ensuit. Moi je croyais qu'ils étaient en carton. Eh bien, pas du tout. Ce sont de vrais livres. Pages et... Vous allez voir.

  Ne doutant pas un instant de notre scepticisme, il se précipita vers les rayons et revint chargé du tome 1 des Conférences de Stoddard.

– Vous voyez ! cria-t-il triomphalement. C'est pas du chiqué. J'ai été bien attrapé. Ce type est un metteur en scène de premier ordre. Quelle perfection ! Quel art ! Quel réalisme ! Et puis il sait où s'arrêter – n'a pas coupé les pages. Mais que voulez-vous ? À quoi pouvait-on s'attendre ?

  Il m'arracha le livre et se hâta de le remettre sur son rayon, en marmottant que si on ôtait une seule brique, la bibliothèque était capable de s'écrouler. – Qui vous a amenés ? s'informa-t-il, ou êtes-vous venus tout seuls ? Moi, on m'a amené. La plupart des gens qui sont ici, on les a amenés.

  Jordan le regarda, alerte, gaie, sans répondre.

– J'ai été amené par une femme qui s'appelle Roosevelt, continua-t-il. Mrs. Claude Roosevelt. Vous connaissez ? Je l'ai rencontrée la nuit dernière, quelque part. Je suis ivre depuis une semaine. J'ai pensé que ça me dessaoulerait de m'asseoir un moment dans une bibliothèque.

– Et ça vous a réussi ?

– Un tout petit peu, je crois. Peux pas encore me prononcer. Je ne suis ici que depuis une heure. Je vous ai dit pour les livres ? Ce sont de vrais livres. Ils sont...

– Vous nous l'avez dit.

  Nous échangeâmes gravement avec lui des poignées demain et retournâmes dans le jardin.

  On dansait maintenant sur le parquet de toile ; des hommes âgés poussaient devant eux des jeunes filles en traçant d'éternels cercles dépourvus de grâce ; des couples orgueilleux s'étreignaient tortueusement, suivant les rites de la mode, et tournaient dans les coins. Beaucoup de filles dansaient seules, avec personnalité, ou soulageaient quelques instants l'orchestre du labeur des banjos ou de la batterie. Vers minuit, l'hilarité avait grandi. Un ténor célèbre avait chanté en italien et un contralto notoire en jazz. Entre les numéros, des gens se livraient à des excentricités, un peu partout dans le jardin, tandis que des rafales d'un rire niais et béat s'élevaient vers le ciel estival. Un couple de jumeaux de théâtre, qui n'étaient autres que les jeunes filles en jaune, jouèrent un sketch habillées en bébés. On servait le champagne dans des verres plus vastes que des rince-bouche. La lune était plus haute et, flottant dans le détroit, il y avait un triangle d'écailles d'argent, qui tremblait un peu au sec friselis en fer-blanc des banjos installés sur la pelouse.

  J'étais toujours avec Jordan Baker. Nous étions assis à une table avec un homme à peu près de mon âge et une petite fille mal élevée, qui, sur la moindre provocation, s'abandonnait à un rire irrépressible. Je m'amusais à présent. J'avais bu deux rince-bouche de champagne et la scène s'était muée sous mes yeux en quelque chose de significatif, d'élémentaire et de profond.

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