Gatsby le magnifique

By grand-brillant

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Jeune homme issu d'une famille aisée du Minnesota et diplôme dé l'université de Yale, Nick Carraway s'install... More

Chapitre 1
Chapitre 1 II
Chapitre 1 III
Chapitre 1 IV
Chapitre 1 V
Chapitre 2
Chapitre 2 III
Chapitre 3
Chapitre 3 II
Chapitre 3 III
chapitre 3 IV
Chapitre 3 V
Chapitre 4
Chapitre 4 II
Chapitre 4 III
Chapitre 4 IV
Chapitre 5
Chapitre 5 II
chapitre 5 III
Chapitre 5 IV
Chapitre 6
Chapitre 6 II
Chapitre 6 III
Chapitre 7
chapitre 7 II
Chapitre 7 III
Chapitre 7 IV
chapitre 7 V
Chapitre 7 VI
Chapitre 7 VII
Chapitre 7 VIII
Chapitre 8
Chapitre 8 II
Chapitre 8 III
Chapitre 8 IV
Chapitre 9
Chapitre 9 II
Chapitre 9 III
Chapitre 9 IV
Chapitre 9 V

chapitre 2 II

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By grand-brillant

  On continua de rouler, traversant le Parc vers l'ouest. Par-venus à la 158e rue, le taxi s'arrêta devant un immeuble de rap-port qui, encadré d'autres immeubles identiques, avait l'air d'une tranche découpée dans un long gâteau blanc. Jetant au-tour d'elle le regard d'une souveraine qui réintègre son royaume, Mrs. Wilson rassembla son chien et ses autres emplettes et effectua son entrée avec hauteur.

– Je vais faire monter les McKee, annonça-t-elle dans l'ascenseur. Et puis faut pas que j'oublie de téléphoner à ma sœur.

  L'appartement était au dernier étage – un petit salon, une petite salle à manger, une petite chambre à coucher et une salle de bains. Le salon s'encombrait jusqu'aux portes d'une collection de sièges en tapisserie d'un format disproportionné, si bien qu'on y trébuchait à chaque pas sur de belles dames se trémoussant dans des escarpolettes aux jardins de Versailles. Une seule image au mur : une photo exagérément agrandie représentant, à première vue, une poule perchée sur un rocher estompé de brouillard. Avec un peu de recul, la poule se transformait en un bonnet et le rocher en un visage de vieille femme corpulente qui laissait tomber un sourire dans la pièce. Plusieurs numéros des Potins de New-York jonchaient la table, pêle-mêle avec un exemplaire d'un roman douceâtre et tout un assortiment de revues à scandale. Mrs. Wilson s'occupa en premier lieu de son chien. Non sans maugréer, le groom de l'ascenseur alla chercher un peu de paille et du lait, à quoi, de sa propre initiative, il ajouta une boîte de biscuits de chien – énormes et fort durs. L'un d'eux se décomposa apathiquement tout l'après-midi dans la soucoupe de lait. Entre temps, Tom avait sorti une bouteille de whisky d'un secrétaire fermé à clef. Je n'ai été ivre que deux fois dans ma vie. La seconde, ce fut cet après-midi-là. C'est pourquoi tout ce qui arriva me paraît recouvert de brume, bien que l'appartement fût inondé de soleil jusqu'à huit heures passées. Assise sur les genoux de Tom, Mrs. Wilson téléphona à plu-sieurs personnes ; puis il n'y eut plus de cigarettes et je sortis en acheter à la pharmacie du coin. Quand je revins, le couple s'était éclipsé. Je m'assis discrètement dans le salon et lus un chapitre du roman que je pris sur la table. Je ne sais si c'est parce que cette prose était du pur charabia ou parce que le whisky déformait tout dans ma cervelle, mais cela me fit l'effet de n'avoir ni queue ni tête.

  À l'instant même où Tom et Myrtle effectuaient leur rentrée (à partir du premier verre, Mrs. Wilson et moi nous nous interpellions par nos petits noms) les invités commencèrent à arriver.

  Catherine, la sœur de Mrs. Wilson, était une fille élancée, l'air averti, d'une trentaine d'années, aux cheveux rouges coupés courts de façon à former une masse solide et lisse et que la poudre dotait d'un teint d'une blancheur laiteuse. Ses sourcils épilés étaient peints selon une courbe qu'elle voulait plus affriolante, mais les efforts de la nature pour reconstituer le tracé primitif donnaient à son visage l'air d'avoir été estompé. Sa marche s'accompagnait du cliquetis d'innombrables bracelets en terre cuite qui glissaient sans cesse le long de ses bras. Elle entra avec la hâte d'une maîtresse de maison en jetant sur les meubles un regard de propriétaire, si bien que je me demandai si elle vivait dans l'appartement. Mais quand je lui posai la question, elle rit sans mesure, répéta ma phrase à voix haute et me dit qu'elle vivait à l'hôtel avec une amie.

  M. McKee était un être pâlot et efféminé qui occupait l'appartement au-dessous. On voyait qu'il venait de se raser, car une tache de savon était restée sur sa pommette. Il s'appliqua à saluer avec respect chacun des membres de la société. Il m'informa qu'il « s'occupait d'art » ; par la suite je compris qu'il était photographe et l'auteur du trouble agrandissement de la mère de Mrs. Wilson qui flottait sur le mur comme un ectoplasme. Sa femme était criarde, languide, belle et répugnante. Elle m'informa avec orgueil que son mari l'avait photographiée cent vingt-sept fois depuis leur mariage.

  Mrs. Wilson avait encore changé de vêtements. Elle portait maintenant une robe d'après-midi très ornée, en chiffon crème, qui froufroutait quand elle circulait dans la pièce de son allure décidée. Sous l'influence du costume, sa personnalité s'était modifiée. L'intense vitalité que j'avais remarquée dans le garage avait cédé le pas à une hauteur impressionnante. L'affectation brutale de son rire, de ses gestes, de ses affirmations alla croissant de minute en minute ; à mesure qu'elle s'épanchait, le salon se rétrécissait autour d'elle, si bien qu'elle finit par donner l'impression de tourner sur un pivot grinçant dans l'air fumeux.

– Ma chère, disait-elle à sa sœur d'une voix de tête aiguë et maniérée, la plupart des gens ne pensent qu'à vous rouler. Ils ne songent qu'à l'argent. La semaine dernière j'ai fait venir une femme pour m'examiner les pieds et quand elle m'a remis sa note, t'aurais cru qu'elle m'avait ôté l'appendicite.

– Quel était le nom de cette femme ? demanda Mrs. McKee.

Mrs. Eberhardt. Elle examine les pieds des gens à domicile.

– J'adore votre robe, fit Mrs. McKee. Elle est ravissante.

  Mrs. Wilson repoussa cet éloge d'un haussement dédaigneux de ses sourcils.

– C'est une vieillerie, fit-elle. Je ne la mets que quand ça m'est égal quelle tournure que j'ai.

– Mais elle fait un effet merveilleux sur vous, si vous comprenez ce que je veux dire, reprit Mrs. McKee. Si Chester pouvait seulement vous prendre dans cette pose, je crois qu'il ferait quelque chose d'épatant.

  Tout le monde regarda Mrs. Wilson en silence. Elle écarta une mèche de ses yeux et nous rendit notre regard avec un sourire éblouissant. M. McKee la contempla fixement, la tête penchée, en passant la main à plusieurs reprises avec lenteur devant sa figure.

– Moi, je changerais la lumière, fit-il au bout d'un moment. Je ferais ressortir le modelé des traits. Puis j'essaierais de prendre tous les cheveux de derrière.

– Moi, je ne toucherais pas à la lumière, cria Mrs. McKee, je trouve qu'elle...

  Son mari fit « chut ! » et tous nous regardâmes de nouveau le sujet. Là-dessus, Tom Buchanan bâilla de manière à être en-tendu et se leva.

– Vous, les McKee, vous allez boire un coup, dit-il. Myrtle, redonne de la glace et de l'eau minérale avant que tout le monde s'endorme.

– J'ai dit au groom pour la glace.

  Myrtle leva les sourcils, désespérée du peu de fond que l'on peut faire sur les sous-ordres : « Ces gens-là ! Il faut être tout le temps sur leur dos ! » Elle me regarda et rit sans motif. Puis elle se jeta sur le chien, l'embrassa avec extase et pénétra dans la cuisine, comme si une douzaine de maîtres queux l'y attendaient.

– J'ai fait plusieurs choses pas mal du tout à Long-Island, affirma M. McKee.

  Tom le regarda, ahuri.

– J'en ai encadré deux qui sont en bas.

– Deux quoi ? demanda Tom.

– Deux études. L'une je l'appelle « Montauk Point

– Les Mouettes », et l'autre je l'appelle « Montauk Point – La Mer ».

   Sœur Catherine s'assit près de moi sur le divan.

– Vous habitez à Long-Island, vous aussi ? me demanda-t-elle.

– J'habite West-Egg.

– Ah ! Vraiment ? J'y ai assisté à une fête il y a environ un mois. Chez un monsieur qui s'appelle Gatsby. Vous connaissez ?

– C'est mon voisin.

– Eh bien, on dit qu'il est le neveu ou le cousin du Kaiser. C'est de là que vient toute sa galette.

– Pas possible ?

  Elle hocha la tête.

– Il me fait peur. Pour rien au monde j'voudrais qu'il puisse mettre son nez dans mes affaires.

  L'énoncé de ces passionnants renseignements sur mon voisin fut interrompu par Mrs. McKee qui, montrant Catherine du doigt, s'écria tout à coup :

– Chester, je crois que tu ferais quelque chose de bien d'après elle.

  Mais M. McKee se contenta de hocher la tête d'un air ennuyé et concentra toute son attention sur Tom.

– J'aimerais travailler encore à Long-Island, s'il m'était possible de me faire présenter. Tout ce que je demande, c'est qu'on me mette le pied dans l'étrier.

– Demandez ça à Myrtle, fit Tom avec un court et bruyant éclat de rire comme Mrs. Wilson rentrait, chargée d'un plateau. Elle vous donnera une lettre d'introduction, pas vrai, Myrtle ?

– Je lui donnerai quoi ? demanda-t-elle, interloquée.

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