COMMENT JE SUIS VENU A BOUT D...

By OndoaKalara

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Le Probatoire est considéré depuis des dizaines d'années comme une perte de temps et d'argent monumentale... More

ABSTRACT
Chapitre 2: BALLE AU CENTRE
Chapitre 3 : MISE EN BOUCHE

Chapitre 1: ÉTAT DES LIEUX

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By OndoaKalara

© Ondoa Kalara, 2019

Première édition mars 2018

Illustrations de : Ondoa Kalara

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Prix du livre physique: 6 500 XAF (Cameroun) | 12 €, bientôt sur les plateformes monétisées

Téléphone auteur: +237678999447 (whatssap)



I

ÉTAT DES LIEUX

Le Cameroun hérite du sous-système scolaire français pour la partie francophone. Un système davantage prédestiné à former les fonctionnaires, cadres et auxiliaires d'administration.

Depuis bientôt soixante ans, des enfants du Char des dieux (1)*, sont encore dans l'enfermement. Des réflexions se sont tenues sans attaquer le mal à la racine. Je vous fais grâce des assises, foras, symposiums, colloques sur les réformes du système éducatif. Elles ont accouché d'une souris. L'épanouissement social d'un individu est tributaire de la qualité de la formation reçue. Les sociétés dites modernes s'en vantent d'ailleurs. Elles parviennent à vendre leur savoir-faire. Elles en font d'abord pour le bénéfice de leur communauté, puis, expriment leur hégémonie sur les pays du globe.

Ceci ne s'opère pas toujours sans anicroches. Les échanges entre les États demeurent des rapports de force. Le capitalisme dominant assortie de la technologie ; les armes à destructions massives, confèrent à certains, la civilisation de la violence et du sang. Malgré les efforts des gouvernants africains, on est bien dans le tableau des retardataires.

Le Cameroun s'est aussi arrimé à la donne Licence Master et Doctorat (LMD). Des doctorats professionnels querellés par des agrégés eux-mêmes. Ce capharnaüm ne donne pas à voir clair sans un examen minutieux de la situation.

À la vérité, notre système éducatif est improductif ; du primaire à l'université. Mais avant de discourir, au chapitre trois, sur le dilemme probatoire (2)* du sous-système éducatif francophone, il est opportun, en mon sens, de mener l'analyse à deux niveaux:

- L'aliénation culturelle

- Le déficit de seuil critique


L'aliénation culturelle

L'aliénation culturelle (3)* est l'ensemble de sous aliénations. La rupture avec notre ancestralité est la cause de la honte et du rejet de soi.

Je me suis souvent prêté à des exercices pour tenter de comprendre jusqu'à quel point la mémoire du Noir a été culturellement massacrée. Observons ensemble, par exemple, comment il est devenu légitime pour nos chères dames de se dépigmenter.

La mémoire des aliéné(e)s n'est pas laissée en repos. Le matraquage publicitaire des concepts de beauté, de mode et du blanchiment de la peau ont pour objet la projection des victimes sur les figures glorieuses stéréotypées. De ce fait, trouverons-nous encore des femmes ébène dans vingt ans ? Aurions-nous enfin des concours de beauté qui mettent en avant la vraie plastique de nos femmes ? On ne peut pas prétendre juger la beauté sur une critériologie standard.

En regardant la chaîne de télévision E, chaîne de télévision people américaine, je réalise le triste paradoxe.

La chirurgie esthétique a fait beaucoup de prouesses. Elle a permis le relooking de l'apparence physique chez bien de sujets. De plus en plus, les femmes noires ont recours à cette pratique, pour se donner l'illusion d'être plus glamour. Tandis que, des stars et people, sous d'autres cieux, payent des fortunes pour tenter d'avoir un fessier galbé, cambré et rebondi à l'africaine, d'autres ont recours aux culottes cambrées.

De mémoire d'enfant, je n'ai jamais vu une européenne ou une asiatique s'enticher de cheveux crépus ou à s'afficher avec des perruques pour noirs. Le rejet du cheveu crépu est d'abord fait par les principaux concernés.

Cet impérialisme culturel est devenu normal. Nous finançons l'achat des extensions dites indiennes, chinoises, péruviennes, brésiliennes, à hauteur des centaines de mille XAF, dans l'espoir de voir nos compagnes ressembler aux blanches.

Si tout ce qui est bien vient d'ailleurs, Juliette Sméralda (4)*, sociologue martiniquaise, dans une interview accordée à la journaliste Dany, développe le phénomène

de la psychologie des masses. Dans un exemple tiré du quotidien, Smeralda explique, par exemple, le pourquoi et le comment la petite fille noire rejette la poupée noire. Une falsification de l'histoire dont tous les dominés n'ont a priori pas conscience. Cependant, rien ne nous condamne aussi à rester dans cet embastillement mental. Que faire donc pour en sortir ?

Pour apporter une tentative de réponse à ce sempiternel questionnement, j'ai convoqué un autre érudit kamite Mbombog (5)* Mbog Bassong (6)* : « En cela, la recodification des savoirs endogènes et ancestraux, d'où la nécessité de la théorie de la spiritualité africaine ». Nous ne sommes visiblement pas en possession de nous-mêmes. Il est difficile de vous affranchir, dans la mystique, lorsque vous êtes devenu un valet. Les grands positionnements, en matière de gouvernance depuis l'époque coloniale jusqu'à nos jours, sont le fruit d'une machine qui opère avec un bras de fer dans un gant de velours. Par conséquent, on ne peut quasiment rien attendre de cette race de mauvais agrégés. En réalité, ce sont des fac-similés. Ceci s'explique par l'allégeance à des spiritualités d'emprunt. Ces spiritualités galvaudées dont l'accession au grade de grand maître relève de l'utopie pour celui qui n'a pas de filiation directe de la race.



Le déficit de seuil critique

Le déficit de seuil critique est une expression employée par le théoricien de haut vol Théophile Obenga, historien, égyptologue, professeur des études africaines à l'université de San Francisco, pour décrire l'incapacité mentale, morale, spirituelle, politique à défendre, à faire valoir et à rendre opérationnels ses propres paradigmes.

Obenga indique clairement : « le Commonwealth, la Francophonie, la France-Afrique sont de faux ensembles qui n'ont aucun avenir pour l'Afrique ». Il fustige « le manque de seuil critique théorique » des gouvernants africains qui se lancent dans des accords vides de sens comme le « Co-développement ». Il préconise la fin de l'africanisme au profit de l'ethnocentrisme.

À la première écoute de ce discours, j'ai trouvé que le professeur Obenga était excessif. Alors, pour contextualiser ce discours, je me tourne vers le Cameroun.

Le traitement des migrants africains en Lybie, au rang desquels, des camerounais, nous donne de constater la farouche détermination voire fatale à rejoindre l'occident. Le désamour manifeste de ces jeunes africains envers leurs pays traduit in extenso la quête d'un mieux vivre.

J'ai eu l'occasion de discuter hors antenne et de partager des plateaux radios avec quelques-uns. Ils évoquent le récit macabre des atrocités inhumaines dont ils sont victimes. Malgré les décès des migrants dans le désert et dans des embarcations en pleine méditerranée, je m'interroge : « Qu'est-ce qui continue à motiver des enfants, des femmes et des jeunes hommes à vouloir se rendre en Europe par tous les moyens ? » Les thèses - de chômage aigu; mauvaise gouvernance - sont mentionnées de part et d'autres.

En regardant quelques documentaires sur l'Aide et la Dette, on découvre la cruauté de la face cachée de la dette à travers le Nouvel Ordre Mondial (8)*. Presque tous les États africains sont largement endettés. Nos gouvernants sacrifient le peuple pour leurs intérêts nombrilistes. D'ailleurs, n'allez pas croire que l'Aide au développement est anodine. Dans la magie, rien n'est gratuit. La problématique de la fuite des cerveaux n'a pas fini d'alimenter les chaumières. C'est le cas, chaque mois, des centaines de jeunes camerounais qui, par voie légale ou non, foulent les tarmacs des aéroports occidentaux, américains et accostent les rives des océans étrangers via l'embarcation de passeurs. Mais encore, on a perdu toute vocation de développement durable originel : l'Homme au centre de tout développement. Sans compter les grandes réalisations annoncées à grandes pompes qui tardent à changer le panier de la ménagère. Tout ceci malgré le fait que les Gouvernements nous gavent avec des concepts inutiles : plan d'ajustement structurel ; point d'achèvement ; bout du tunnel ; chantiers structurants

pour ne citer que ceux-là. Ainsi, l'urgence des pays d'Afrique noire ne se situe pas au niveau industriel mais au niveau de la perte de son identité culturelle. Si elle définit son propre modèle de développement, en trente ans, l'Afrique rattrapera son retard technologique au point de devenir autant industrialisée que beaucoup de pays occidentaux, voire plus. D'ailleurs, Honoré de Balzac fait bien de dire qu' « il y a deux histoires, l'histoire officielle, menteuse. L'histoire secrète où sont les vraies causes des événements. »

Nous constatons qu'au Cameroun, on dénombre plus de sans-emplois que de chômeurs. Parler de chômage, revient à avoir en face de soi un individu sans travail avec une qualification pour un métier précis. Les grands chantiers du triangle national nous laissent un triste souvenir. Tout compte fait, le déficit de la main d'œuvre locale qualifiée - dans certains domaines techniques - nous a renseignés que les chaudronniers colombiers, pendant le Pipe-Line Tchad-Cameroun, ont résorbé le gap.

Je me suis posé la question sur le manque de proactivité des gouvernants. Aussi, pourquoi n'avoir pas ouvert des écoles spécialisées dans tous les domaines pointus, qui sont liés à l'ingénierie portuaire, notamment à toutes les filières de la technoscience qui nous éviterait à recourir à la main d'œuvre occidentale ? Malgré tout, je garde un bon souvenir des grandes figures de l'histoire du triangle tricolore telles que Ateba Eyene Charles Sylvestre, Felix Moumié. En lisant quelques ouvrages notamment l'Art et l'Artisanat Africains et Balafon de Mveng Engelbert (9)*, on découvre l'infinie richesse de la civilisation noire. Le macabre assassinat de ce grand esprit, nous a laissés sans voix, le vingt-quatre avril mil neuf cent quatre-vingt-seize. Les résultats des enquêtes liées à son décès le maintiennent non élucidé jusqu'à ce jour.

C'est ainsi que ma proximité avec l'église catholique m'a permis de découvrir qu'il est le père de l'inculturation. Un paradigme local devenu Ecclesia in Africa adopté et rendu actif par le Vatican.

Le livre est la mémoire de tout système éducatif. C'est également, un instrument où est consignée l'oralité d'une Culture. La langue et la spiritualité quant- à elle,

constituent les éléments fondamentaux de l'âme d'un peuple. Le patriarche Evembe (10)* me fait remarquer d'ailleurs : « le secret d'une langue se trouve dans la conjugaison ».

Comme autre échec criard à relever, l'oubli ou la méconnaissance par les jeunes de leur arbre généalogique encore moins l'expressivité de leur langue d'origine. Il est impérieux de s'approprier ces données. Ne pas le faire monterait la bosse sur notre visage et les voyeurs verront qu'on a un problème civilisationnel.


NOTES

(1)* Euphémisme du Mont Fako. Autre appellation valeureuse du Cameroun, contrairement à l'appellation péjorative de Rio dos Camaroes (Rivière des crevettes).

(2)*Texte révision du probatoire de l'enseignement secondaire. Camer.be/52819/30:27/cameroun-examen-le-probatoire-fait-toujours-debat-cameroun.html

(3)* Jean Philippe Omotunde et les Humanités classiques.

(4)* Identité culturelle ou identité biologique. Juliette Smeralda, docteure en sociologie : La Culture Kamite.

(5)* Initié, gardien de la tradition chez les Bassa.

(6)* Mbog Bassong : La question des religions en Afrique

(7)* Théophile Obenga – le déficit critique théorique des africains.

(8)* Projet de standardisation des valeurs et modes de vies à l'échelle mondiale, le tout sous l'égide d'un pouvoir centralisé, présenté comme le meilleur garant de la paix et de la sécurité sur Terre.

(9)* Historien, artiste plasticien, poète et prêtre jésuite. Auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier Moïse l'africain. L'inculturation consiste à louer Dieu dans sa langue, avec des usages locaux propres à sa tradition. Dans la symbolique de l'implémentation d'Eclesia In Africa, le pape Jean Paul II avait permis aux célébrants catholiques romains camerounais de la communauté Ekañ d'intégrer le rituel funeste de l'ESANI le vendredi saint.

(10)* François de Borgia Evembe, auteur du recueil poétique Sur Le Vent En Passant. Grand prix littéraire d'Afrique Noire 1967.

(11)* Expression employée par Emmanuel Macron, président français, lors de son discours prononcé à l'Université de Ouagadougou (Burkina Faso) le mardi 27 novembre 2017


FIN du Chapitre 1


ACTUS DE DIFFUSION du livre 

COMMENT JE SUIS VENU À BOUT DE CETTE ARNAQUE

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