Je ne cesse de fixer le plafond blanc qui se trouve au dessus de moi. Je ne sais même plus l'heure qu'il est. J'ai perdu la notion du temps, à vrai dire je fais tout pour la perdre. Peut-être deux ou trois jours que je suis enfermée dans cette chambre. Je ne veux pas en sortir. Je ne veux pas affronter ce qu'il y a derrière cette porte. Je sonne comme un adolescent de seize ans mais au point où j'en suis, je m'en fiche royalement. Le seul moment où je sors de ma taverne c'est au moment de la douche, et encore, je fais au plus vite, je ne veux croiser personne dans le couloir.
Super la fin des vacances. Je ne pouvais pas espérer mieux.
Un petit cognement à la porte et je sais immédiatement qui se trouve derrière celle-ci. La porte s'ouvre doucement laissant apparaitre la tête de Gemma. Elle me fait un petit sourire que je réponds simplement par politesse. Elle pénètre complètement dans ma chambre, bien sûr avec un plateau du repas de ce midi.
- Harry.
- N'essaie même pas, soufflais-je en jetant une feuille que j'ai roulé en chiffon.
- Tu ne peux pas rester indéfiniment ici, répond-elle en déposant le plateau sur le bureau.
- J'ai dit non, Gem, râlais-je plus fermement, cette fois.
Je peux entendre ma soeur soupirer. Je sais qu'elle souffre de mon silence, de ma non réaction à tout ça. Je ne veux juste pas en parler, je ne veux pas, est-ce trop demander ? Je me relève doucement, poussant les crayons usés. Depuis que je suis enfermé dans cette chambre, je passe mon temps à dessiner. Tout et n'importe quoi, tout ce qu'il me passe par la tête. Je passe mes mains sur mon visage avant de me laisser tomber assit sur mon lit, telle une loque.
- Comment va-t-elle ? Questionnais-je en jetant un petit regard en direction de ma grande soeur.
- Je ne l'ai pas vu ce matin, juste aperçu, elle était dans la voiture. Sa mère est venue prendre des affaires. Ecoute, tu ne...
- Je suis désolé, la coupais-je.
Gemma s'avance doucement vers moi. Elle pose ses mains sur chacune de mes épaules. Je sais que peux compter sur ma grande soeur, elle a toujours été là, elle ne m'a jamais juger. Elle me comprend mieux que quiconque. C'est trop dur, je vais craquer. Je vais réellement craquer. Je ne pensais pas que c'était possible de sentir comme ça. Je ne pensais pas qu'il était possible d'être autant éprit d'une personne. Je ne pensais pas que ça allait m'atteindre autant. Je ne le pensais pas et j'ai l'impression que tout s'écroule sous mes pieds.
- Pourquoi tu t'excuses, Haz ?
- Pour avoir gâché les vacances, hoquetais-je.
- Tu sonnes comme un enfant Harry. Arrête, tu n'en es pas un. Arrête de t'en vouloir, ce n'est pas de ta faute, on ne contrôle pas ce genre de choses, Harry et tu le sais aussi bien que moi. Hey regarde moi, laisse leur juste le temps de digérer ce qu'ils ont apprit, okay? Ils accepteront avec le temps. Tu sais aussi bien que moi que maman est capable de comprendre ce qu'il se passe. Je pense juste que pour l'instant elle est auprès de son amie qui a son mari malade mais elle viendra te parler et je pense qu'elle ne te jugeras pas.
- Je ne voulais pas qu'ils l'apprennent comme ça, ils ne devaient pas l'apprendre comme ça, chuchotais-je, soufflant de fatigue.
- Ils l'auraient apprit un à moment de toute façon et ça aurait été pire Harry, assure ma soeur tout en le caressant l'épaule.
Des cris, des pleurs, des insultes, des mots injustes. Voilà tout ce que je retiens. Tout est allé si vite que je n'ai pas su anticiper les gestes de sa mère, ni les insultes qu'elle a eu envers sa fille. La seule chose que j'ai vu est le regard de Mia se briser en mille morceau. J'ai essayé de la défendre, j'ai essayé d'expliquer les choses, elle a essayer, nous avons essayer de nous défendre. Ce soir là, mon père m'a tiré par le t-shirt et m'a envoyé dans ma chambre. Je n'ai pas arrêter d'hurler en voulant faire comprendre que tout n'était pas juste une histoire comme ça. La mère de Mia, Denise m'a insulté mais ne s'est pas acharnée sur moi, Mia a tout prit et je m'en veux terriblement. J'ai essayé, j'ai essayé de voir Mia, j'ai essayé de l'appeler. J'ai tout essayé. Mais rien. Pas de nouvelles. Je ne pense pas que Mia m'évite involontairement, je pense que sa mère y est pour quelque chose et ça me tue. J'ai besoin d'avoir des nouvelles mais la seule chose que j'ai trouvé c'est de passer par Gemma.
Comment sortir ? Comment se sortir de quelque chose dont on a l'impression que tout se referme sur nous à chaque seconde qui passe ? Comment ?
Je relève la tête quand j'entends frapper à la porte, Gemma me jette un coup d'oeil puis elle s'éloigne de moi pour aller ouvrir. Je prie de tout coeur que ce soit Mia, j'ai besoin de la voir, j'ai besoin de la prendre dans mes bras, j'ai besoin de lui dire que je suis là, j'ai juste besoin de lui parler. Non. Je n'ai pas besoin de parler. J'ai seulement besoin de lui dire que je l'aime. Je suis vite déçu quand je vois son frère, Edward. Je me lève m'avançant doucement mais pas trop. Et s'il me frappait ? S'il m'en voulait ?
- J'ai besoin de comprendre...
Je le regarde, ne comprenant pas. Qu'est ce qu'il veut comprendre ? Gemma me jette un coup d'oeil avant de quitter la chambre et de nous laisser tout seul. Super, merci Gemma et s'il se met à me frapper, je fais quoi ? Je sonne comme un enfant mais je ne veux pas frapper le frère de Mia, je sais qu'elle m'en voudrait, et je ne veux pas.
- Comment s'est arrivée ? Dis moi comment c'est arrivée vous deux ? Répète-t-il en fermant la porte de ma chambre.
- Je ne... Je ne sais pas comment l'expliquer, avouais-je, baissant le regard.
- Harry, je ne cherche pas la merde, je ne comprends juste pas. Je ne comprends pas comment j'ai pu passer à côté de ça ? Comment j'ai pu ne pas voir que ma soeur est amoureuse ?
L'entendre dire ces mots me provoque une décharge dans tout le corps. Il a conscience que sa soeur est amoureuse de moi. Bordel de merde, ça me tord l'estomac de savoir que quelqu'un d'autre utilise ces mots pour nous définir Mia et moi.
- Elle va bien ? Osais-je demander.
- Non. Non elle ne va pas bien, dit-il en relevant la tête vers moi. Je ne l'ai jamais vu aussi mal. Elle n'adresse presque plus la parole à notre mère, elle n'arrête pas de me supplier de la laisser te voir. Je suis en colère.
- En colère ?
- Contre toi, contre Mia, contre ma mère, et contre moi. Elle est si jeune putain, mec tu as conscience de ça ? Tu as consciences que tu pourrais aller en prison pour ça ? Tu sais que, putain mais qu'est ce...
- Je suis amoureux de ta soeur, le coupais-je, fixant son regard.
- Tu...
- Je sais tout ce que ça engendre. Tu sais c'est même Mia qui est la plus lucide de nous deux concernant cette relation. Elle a plusieurs fois tenté de s'éloigner de moi, je te promets que je ne prends pas tout ça à la légère. Je souffle un bon coup, prêt à tout déballer. Je ferai tout pour ta soeur, je lui ,donnerai le monde entier si je le pouvais. Ouais, putain, je pourrai vraiment le faire, peu importe l'âge. Je l'aime, j'aime Mia. Putain oui je l'aime, et je...
- Tais toi, râle-t-il.
- Je ne veux pas...
- Vous n'avez rien fait rassure moi, dis moi que tu n'as pas couché avec ma soeur, Harry, elle est jeune et...
- Je n'ai pas couché avec ta soeur, je lui ai promis que j'attendrai, affirmais-je, avec fermeté.
- Tu es sûr de ce que tu veux ? Tu es sûr que c'est ma soeur que tu veux ? Tu pourrais très bien avoir des femmes de ton âge, qui pourrait t'apporter plus que ce que ma soeur t'apporte, balance-t-il en faisant les cents pas dans la chambre.
- On croirait entendre Mia, riais-je doucement, sentant le manque.
- Je ne plaisante pas, Harry.
- Moi non plus, Edward. Je ne peux pas te l'expliquer, mais c'est elle que je veux, je ne peux plus me passer de ta soeur. Je n'ai pas voulu que tout se sache maintenant, on ne voulait pas, on voulait garder ça pour nous, on voulait attendre. On savait que ça ne serait pas accepter.
- Je te jure, commence-t-il en avançant vers moi. Je te jure que si tu lui fais du mal, je t'éclate à la première occasion. Je ne comprends pas et je ne veux pas comprendre votre relation la seule chose que je sais c'est qu'elle est heureuse avec toi, mais si ça devient devient l'inverse, je ne serai pas aussi clément que maintenant, crâche-t-il d'une voix grave.
Je ne cesse de le fixer. Et je comprends. Il a peur pour sa soeur, et j'ai peur. Peur de ne pas être à la hauteur de Mia, elle mérite tant. Je me contente seulement d'hocher la tête tout en pinçant mes lèvres. Je ne sais pas si je dois sauter de joie pour tout ce qu'on vient de se dire ou si je dois pleurer. Peut-être les deux ? Mon coeur tambourine si fort dans ma cage thoracique que j'en ai presque mal.
- C'est clair, Harry ? Questionne-t-il.
- Je te le promets.
Edward se redresse légèrement puis s'éloigne de mon corps. Il quitte la chambre et je relâche toute la pression. Mes épaules s'affaissent et je passe mes mains sur mon visage soufflant. J'ai vraiment cru qu'il allait m'en mettre une. Je suis soulagé que son frère n'est pas plus hurler que ça. Je maintiens toujours ce que je pensais la dernière fois : il est capable d'encaisser. Je me décide de me mettre à ranger les feuilles qui trainent un peu partout, juste pour me vider l'esprit. Je me penche, ramassant les feuilles. Elles sont toutes gribouillées, des vinyles, les mains de Mia ornées de ses bagues, des paysages, et j'en passe. Parfois il ya le visage de Mia sur certaines feuilles. Je m'approche du bureau pour déposer le tas de feuilles sur celui-ci.
J'entends la porte s'ouvrir mais j'ai à peine le temps de me retourner que je suis percuté par un corps. Instinctivement, mes bras se referment autour de ce corps que j'ai tant attendu. Je plonge sans retenu ma tête dans son cou pour humer sa peau. Elle m'a tant manqué, bordel. Je la serre si fort contre moi, par peur de lapider à nouveau, je ne veux pas la perdre, je me refuse de la perdre. Je ne peux pas mettre de mots sur ce que je ressens, j'ai juste l'impressionne retrouver l'usage de mes poumons.
- Je t'aime.
Son visage se relève et je peux remarquer des cernes. Ses pupilles cherchent les miennes. Je crois que moi même je ne réalise pas ce que je viens de dire, mais je les ressens et c'est tout ce qui compte. Ses yeux pétillent et c'est la plus belle chose qui m'est été donné de voir jusqu'à présent. A ce moment précis, elle est à couper le souffle. Malgré ses cernes, son teint pâle et ses cheveux dans tous les sens, elle est magnifique.
- Répète le, susurre-t-elle.
- Je t'aime, soufflais-je en rapprochant mon visage du siens.
Ses lèvres percutent les miennes. Ses petits doigts jouent avec la naissance de mes cheveux au niveau de ma nuque. Ses lèvres m'avaient tant manqué, bordel. Je la pose sur le bureau et je glisse mes mains sous son t-shirt pour me rappeler la douceur de sa peau. Elle tire sur le col de mon haut me ramenant près d'elle. Dieu je vous jure, je suis incapable de me passer d'elle. Je m'écarte doucement pour reprendre mon souffle puis je souris. Je souris à m'en décrocher la mâchoire. Je peux l'entendre lâcher un petit rire ce qui me laisse partir à nouveau contre ses lèvres. Mia mordille ma lèvre inférieur, je peux sentir à quel point je lui ai également manqué et j'en suis putain de fier. Si seulement je pouvais rester accrocher à ses lèvres toute cette fin de journée.
- Et maintenant ? Demande-t-elle, relevant son regard vers moi.
- Comment va ton père ?
- Ermm... Il doit sortir dans deux jours, et nous rentrerons en Angleterre le lendemain, explique-t-elle en jouant avec le tissu de mon haut.
- Quoi ? Comment ça ? Dis-je, interloqué.
- Ma mère ne veut pas rester ici, elle ne veut pas que je reste dans la même maison que toi, souffle-t-elle, en baissant la tête.
- Mais c'est absurde! J'irai lui parler quand elle rentrera, lâchais-je, sur la défensive.
- Tout ce que tu lui diras, tombera dans l'oreille d'une sourde. J'ai déjà essayé Harry. Mia étouffe un pleur et frotte doucement ses yeux.
- Hey, non, jolie Mia, regarde moi, je saisie son menton pour que son regard remonte vers moi. Rien n'est perdu, regarde ton frère, il essaye de comprendre, je suis certain que ça va s'arranger.
- Je ne veux pas qu'une fois à Londres on ne puisse plus se voir.
- Je ne laisserai pas ça arriver, chaton, affirmais-je, tout en caressant sa joue. Ton père est au courant ?
- Non... Je ne lui ai pas encore dit et ma mère non plus je pense, sinon il m'aurait déjà posé des questions. Mia tourne la tête vers le tas de feuille et en saisie une. Tes parents en disent quoi ?
- Je crois que mon père m'évite et ma mère est beaucoup avec la tienne, je pense que pour l'instant elle veut laisser les choses se tasser et elle m'en parlera quand tout sera plus calme.
- Je n'aurai jamais du laisser ce soutif trainé, râle-t-elle. Enfin bref, le mal est fait.
- Tu penses que ton frère pourrait essaye de discuter avec votre mère ? Questionnais-je en caressant ses cheveux.
- Il en est hors de question.
Mia sursaute et je me retourne pour voir son frère se tenir dans l'encadrement de la porte. Il a les bras croisés et il me fixe. Je ne devrai pas en demander autant il est déjà clément avec moi, il aurait très bien pu me casser la figure sans discuter. Mia descend du bureau et s'avance vers son frère. Nous suivons tous les deux les gestes de sa soeur.
- Ed, s'il te plait.
- Mia, putain tu ne vas me demander de l'annoncer à papa, non plus ? S'énerve-t-il en jetant ses bras dans tous les sens.
- Ed, je ne te demanderai pas ça si ça n'était pas aussi important pour moi, supplie-t-elle, ce qui me fait de la peine.
- Mais putain Mia, qu'est ce que tu sais de l'amour ? Tu as dix-sept ans et Harry est très probablement ton premier petit-ami!
Je m'avance doucement vers eux pour intervenir plus rapidement si jamais ça dégénère. Je ne veux pas m'incruster dans leur conversation même si je suis concerné. Je les écoute et ça tout va trop loin, je stopperai les choses.
- Je le sais, c'est tout! Claque-t-elle fermement.
Je ne peux pas m'empêcher de la trouver irrésistible à ce moment précis. J'aime quand elle s'énerve et qu'elle montre qu'elle sait ce qu'elle dit et ce qu'elle fait. Elle m'épate toujours dans ces moments là, je me retiens de sourire.
- Tu me fatigues, bordel, grogne-t-il.
- Ça veut dire oui ? Se réjouit-elle avec un grand sourire.
- Je n'ai pas dit oui, Edward relève la tête vers moi. Harry doit l'annoncer à papa, avant.
- Quoi ?! S'écrions-nous en même temps.
- Si papa accepte, maman sera plus apte à vous écouter, explique son frère d'un ton non chaland.
- Mais tu veux que je me fasse tuer ? Râlais-je, fronçant les sourcils.
- Tu as ton compris, sourit-il.
__
[ Hello, hello.
Désolé de ce retard mais avec ma reprise d'étude j'ai été un peu débordé. J'espère que ce nouveau chapitre vous plaît, en tout cas je suis heureuse de vous retrouvez et de retrouver Harry.
Vous pensez quoi de la nouvelle couverture de la fiction ? S'il vous plaît j'ai besoin de savoir.
J'aimerai que les lecteurs invisibles se montre en votant ou commentant.
J'espère que ce vingtième chapitre vous plaît.
Dites moi votre avis. x
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