Participations au concours d'...

By madelydel

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Chaque chapitre posté correspond à une participation au concours d'écriture du Discord de Tiboudouboudou. More

Tokyo
La chanson de la mariée
A toi qui vis tant d'années plus tard
Uskoks tenez-vous fiers et braves
Maintenant je sais qui je suis
La première femme
Ana
Le genre de fille qu'on enchaîne
Une marche, puis une autre, puis une autre
L'amour de ma vie
Je veux jouer Cyrano
L'affrontement final

Je vois de la neige

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By madelydel

Le thème (approximatif) : Vous rencontrez un personnage fictif. Mon personnage ici est Jack Frost, esprit de la neige, espiègle et proche des enfants.

Je suis épuisée. Cette journée a été plus difficile que la précédente. En fait... Chaque jour est plus difficile que le précédent on dirait... Est-ce la même chose pour les autres ? Ou bien suis-je différente à ce point ? Moi je ne me suis jamais sentie exceptionnelle. Pourtant il faut bien constater que les autres ne sont pas comme moi. Ils ne voient pas eux. Ils ne voient pas la réalité. Je me demande comment ils font pour être heureux sans voir... Moi ça me fatigue d'avancer seule.

J'ai chaud, je me sens lourde, trop ancrée dans le plancher. Mais peu importe. Maman m'a dit d'aller dormir, elle ne va pas tarder à monter vérifier que je suis bien dans mon lit. J'éteins la lumière et me glisse sous les draps encore froids en frissonnant à leur contact. On croirait s'allonger dans la neige. Une neige encore immaculée, la neige du petit matin, quand le monde est encore gris et sans couleur. A cette heure-là, si on se glisse dehors sans chaussures ni bruit, on peut surprendre cette neige absolue sans qu'elle s'en rende compte, se glisser dans la paix et la chaleur qu'elle dégage et s'y lover, en oubliant les imperfections qui dorment encore dans la nuit vacillante et attendent que les rayons du Soleil viennent les réchauffer et leur donner l'énergie de souiller la neige. La neige...

J'entends ma porte grincer et devine le regard de ma mère posé sur moi à travers l'obscurité. Oui maman, je m'endors, n'aie pas peur pour moi. J'ai déjà un peu plus chaud dans mes draps de neige et mon corps entier se détend. Je fonds dans la tiédeur qui m'embrasse.

Ah ma tête !! Je sens mon oreille vibrer comme sous les coups d'un marteau sur l'enclume ! Je bondis hors de mon lit malgré moi. Mon corps est en alerte, fini l'assoupissement délicieux. Les coups continuent. Mais qu'est-ce qui se passe ?! Je veux dormir ! Je dois dormir ! Maintenant ! Derrière la vitre de ma fenêtre, les volets tremblent sous les coups qu'on leur assène. Je me précipite vers eux, maman va s'inquiéter si elle entend ce vacarme !

J'ouvre la fenêtre et pousse de toutes mes forces les battants des volets qui finissent par céder dans un craquement sourd et viennent fracasser les murs de briques de la maison. Il fait un froid glacial et le vent du Nord vient chatouiller ma peau. Je me penche au bord de la fenêtre. Mais il n'y a rien. Rien que le trottoir deux étages plus bas, recouvert d'une fine pellicule translucide qui réfléchit la lumière de la pleine lune. Mes yeux s'écarquillent, je ne rêve pas, c'est de la glace ! Je sens mes lèvres s'étirer de ravissement et découper mon visage d'une oreille à l'autre. Je tends prudemment une main vers l'extérieur et sursaute. Un minuscule flocon, comme un diamant, s'est écrasé sur mon doigt qui vire déjà au bleu. Il neige ! Mon esprit pousse un cri de joie. Chaque fois c'est la même chose. Je redeviens une enfant. Une enfant qui veut courir dans la maison en criant « Il Neige ! Il neige ! ». Ca a fait rire mes parents la première fois, mais peu à peu, leurs rires ont disparu. Alors je ne cours plus dans la maison et je ne crie plus qu'il neige... Ca vaut mieux pour tout le monde. Mais dans mon cœur, la joie tambourine dans mes yeux les étoiles s'allument, je les sens se réfléchir sur ma rétine.

Mais... S'il neige et gèle juste ici, devant ma fenêtre, ça doit vouloir dire qu'il est là ?

« Jack ! Jack Frost ?! »

Ma voix émerveillée résonne et se perd dans le ciel noir au-dessus de moi, elle fait des ronds dans l'air et se disperse au-dessus de tous les toits de ma ville endormie, si paisible, ignorant tout de la fête que Jack lui offre ce soir.

« Salut ma lady ! »

Son visage lumineux surgit à l'envers face à moi. Je lève les yeux, il plane à l'envers juste au-dessus de la fenêtre. Il sourit déjà, il sourit toujours, avec cet air provocateur et charmant qui me fait rougir. Je parviens à me reprendre et pose mes mains sur mes hanches avec un air qui tâche d'être sévère :

« Ca fait une éternité que tu n'es pas venu !

-J'y peux rien ma lady ! Ca dépend de toi.

-Si ca dépendait de moi tu serais là bien plus souvent. »

Un air bien triste passe soudain dans ses yeux bleus. Je passe la main sur sa joue pour approcher son visage et mieux lire dans son regard cristallisé dans la glace.

« Jack... Qu'est-ce que tu as ?

-Tu m'as manqué. »

Un petit rire s'échappe de ma poitrine malgré moi. Je porte vivement les mains à ma bouche pour l'étouffer ce qui fait éclater de rire mon ami planant. J'ai l'air idiote. Mais peu importe si ça l'amuse.

« Tu veux jouer ? »

J'ouvre la bouche pour répondre lorsqu'un craquement me fait sursauter dans le couloir. Je me tourne vivement vers la porte. Pourvu que ça ne soit rien ! Pitié ! Le temps reste en suspens un long moment, attendant qu'il se passe quelque chose. Mais personne n'entre, aucune lumière ne s'allume derrière le battant. Je fais tout de même un pas vers la porte à côté de ma table de nuit.

Jack me retient vivement par le bras. Je me retourne vers lui sans comprendre.

« Reste là..., murmure-t-il, en alerte.

-Je vais juste voir par la porte s'il n'y a personne de réveillé. »

Il a l'air perdu... Et tellement triste que je me sois éloigné ne serait-ce que d'un pas. Je tente de jeter un dernier coup d'oeil vers l'intérieur de la chambre mais il pose sa main glacée sur ma joue pour me faire le regarder. Ses grands yeux bleus m'hypnotisent. Eux qui sont toujours si joueurs, ils semblent ce soir très incertains, comme s'ils guettaient une menace partout. Comme si c'était leur dernière chance. Mais leur dernière chance pour quoi ? Jack Frost... L'esprit de l'hiver, le maitre du vent du Nord, de la neige et du givre qui me grisent tant. Celui qui fait jouer les enfants et emplit leurs yeux et leurs voix de rires comme des clochettes. Ce soir, et pour la première fois depuis mon enfance, malgré son flegme, il est mal assuré, il a peur. Peur de quoi ? Que je m'éloigne ? Je déteste le voir ainsi alors je lui souris et abandonne l'idée de m'enfoncer dans ma chambre obscure et tiède :

« Je reste là, ne t'inquiète pas.

-J'suis pas inquiet ! » affirme-t-il avec un détachement effronté. J'hausse un sourcil dubitatif. Il en a pourtant un peu l'air...

« Nan !, se défend-il en riant., C'est juste que... Ca fait vraiment longtemps, qu'on ne s'est pas vu.

-Oui je sais. Je comprends pas,à quoi c'est dû d'après toi ? »

Il détourne les yeux et je crois comprendre en apercevant mon reflet dans la fenêtre de la maison d'en face. J'ai grandi. Cette fille en face de moi, de l'autre côté de la rue, n'est plus une enfant. Mon corps a changé, est-ce que mon esprit est en train de le suivre ? Non jamais ! Je refuse !

« Tu as peur que je grandisse...»

Il ne répond pas. Mon cœur accélère dans ma poitrine. Non ça n'arrivera pas !! Pourquoi ça devrait d'abord ?! Je ne changerai pas ! Jamais ! Je veux voir moi ! Je veux continuer à voir la réalité ! A voir toutes ces créatures enchanteresses qui ont bercé mon enfance ! A le voir lui !! Puisque c'est ça qui me rend heureuse ! Les autres sont fous de l'ignorer !

« Je ne changerai pas !! Jamais !! »

Ma voix tremble, j'ai peur, moi aussi ce soir. Comment puis-je lutter ? Quelqu'un a-t-il déjà réussi cette prouesse ? Ne pas grandir... Jamais. Peter a réussi. Je lève mes yeux emplis de larmes vers lui et ma voix se brise :

« Je ne veux pas... »

Il s'approche et me prend dans ses bras, posant ma tête contre sa poitrine. Ses doigts glacés caressent mes cheveux et y déposent d'infimes gouttes d'eau et de cristal, le froid de son corps s'immisce dans le mien alors que mon cœur ralentit. Je sens son souffle glacé murmurer à mon oreille :

« J'ai peut-être une solution... »

Je m'éloigne brusquement pour le regarder dans les yeux, pleine d'espoir :

« Quoi ? »

Il hausse les épaules et se met à faire les cent pas sur le rebord de ma fenêtre.

« Eh bien... Peut-être que tu pourrais partir avec moi...

-Vraiment ?

Les étoiles se rallument dans mes yeux.

« Tu m'emmènerais avec toi Jack ? Partout où va l'hiver ? »

Il laisse échapper un sourire et se laisse tomber sur les genoux pour être à ma hauteur.

« Ouais exactement ma belle !, m'annonce-t-il fièrement., Tu voudrais ? »

Son visage est à quelques centimètres du mien et ses yeux de glace me transpercent avec leur espoir. Mais quelque chose en moi me gêne. Une douleur, juste à côté du cœur, cette envie de regarder à nouveau vers l'intérieur de ma chambre... Je dois vérifier quelque chose, mais quoi ? Sa voix me tire de mon trouble.

« Le temps joue contre nous ma lady. Le Monde joue contre nous. Ils sont en train de nous éloigner. Tous ces gens autour, et tout ce monde autour ! »

Je fronce les sourcils, sans comprendre. Il s'approche encore un peu alors que son ton s'emballe comme ma respiration :

« Ils veulent t'enfermer ici ! Ils te veulent pour eux tout seuls ! Pour toujours ! Loin de la neige, du vent ! Loin de moi... Et ce soir c'est sûrement ta dernière chance de te libérer ! De ne pas perdre la réalité de vue ! Pars avec moi ! »

Il me tend sa main sans me quitter des yeux. Je ne sais pas... Peut-être ! Ou peut-être que non. Je penche légèrement mon visage de côté pour mieux l'observer. Il me sourit avec tant d'exaltation. Et cet éclat dans ses yeux... Il veut être avec moi, il veut que je parte avec lui. Que je lui fasse confiance. Et je veux vivre dans cet émerveillement. Alors pourquoi douter ?

J'ai malgré moi une pensée pour ma mère. Et si elle rentrait à cet instant ? Mon histoire changerait du tout au tout sans doute. Mais pour le meilleur ? Ou pour le pire ?

Le vent souffle soudain alors dans mes cheveux alors que je me penche de plus en plus à la fenêtre. Il apporte avec lui cette odeur de courage qui me manquait. Je saisis la main de Jack et me lève pour me tenir debout sur le bord de cette fenêtre, dos à cette chambre que je laisse derrière moi sans regret, puisque j'ai choisi de voir moi, à travers ces yeux-là, pour l'éternité. Je me tourne vers Jack, il sourit toujours. Ma respiration s'accélère brusquement alors qu'il se glisse derrière moi et pose ses mains sur ma taille. Il murmure à mon oreille :

« Tu es prête ? On décolle d'ici avec le vent du Nord ! »

J'hoche la tête, j'ai choisi. Je veux voir cette réalité-là. Tant pis pour les autres.

Le bord de ma fenêtre disparaît de sous mes pieds et je ferme les yeux pour savourer la gifle du vent sur mon visage. Il est froid, glacé, il me grise et mon cœur ne cesse d'accélérer. L'hiver est fou, l'hiver est rude. Mais je me sens vivante. Chaque parcelle de mon être existe à cet instant. Chaque infime centimètre de ma peau sombre frémit à sa manière face à la rudesse du froid mordant. J'ai mal, mais je vis.

J'ai atteint les nuages je pense. La morsure du vent s'est brusquement arrêtée, me coupant le souffle et je ne sens plus rien. Je pourrais rouvrir les yeux pour vérifier, mais c'est inutile. Au toucher, les nuages sont comme de la neige immaculée, parfaite. La neige du petit matin que j'ai toujours tenté de saisir alors qu'elle est encore pure. Mon corps est lourd tout à coup, trop lourd pour mon esprit. Je le laisse s'enfoncer dans l'épaisse couche de cette neige céleste. Son froid réconfortant m'endort, mon corps se détend, s'anesthésie. Je fonds dans le froid subtil et entier. Je ne fais qu'un avec tout. Je ne sens plus mes doigts, je ne sens plus ma peau. Je ne sens plus rien.

Au-dessus de moi, le ciel noir. Je savais que je n'aurais pas dû ouvrir les yeux. Maintenant j'ai mal. J'ai mal et je sens un serpent de froid insidieux s'insinuer sous mes seins. J'hurle. Je ne peux pas. Je n'ai plus de voix. En fait... Je crois que je n'ai plus de corps. Pourtant je souffre, pourquoi ?!

Son visage trop lumineux surgit à l'envers face à moi, ses mèches blanches m'effleurent. Il sourit toujours. Son sourire me coupe le souffle. Plus celui d'un farfadet. Un sourire carnacier, le sourire de l'ange de la mort. Mon cœur devrait accélérer. Mais je ne sens rien. Où est mon corps ? Et où sont passé les flocons. L'air est désespérément tiède, c'est son sourire cruel qui me glace. Dans cette chaleur se cache le froid le plus mordant que j'ai jamais ressenti. Et je comprends, alors que je n'arrive même plus à inspirer. C'est ça le froid absolu, le froid de la mort. La chaleur du Soleil me manque tout à coup. Où est-il ? Le monde est sans couleur à cet instant entre la nuit et le jour, je veux le voir se colorer sous les rayons du Soleil de mon pays. Où est-il ?

*************************************************

Le Soleil brûlant se leva enfin pour réchauffer le sol de la ville de Kingston et le premier habitant dehors poussa un hurlement qui réveilla toute la rue. Mrs Sight se rua à la fenêtre, pour régler le problème avant que les cris ne réveillent sa petite fille. Cette enfant devait dormir, pour protéger l'équilibre fragile du monde qu'elle commençait à se reconstruire. Mais en se penchant à sa fenêtre, Serena Sight comprit que c'était son Monde à elle qui venait de s'effondrer. 

Elle aurait pu se figer, elle aurait pu tomber à genoux en hurlant son incompréhension. En hurlant à l'absurdité et en accusant une quelconque puissance supérieure d'avoir été injuste et cruelle. Mais Serena Sight courut jusqu'à la chambre de sa fille et s'immobilisa face à sa table de nuit, juste à côté de la porte. La petite assiette était toujours bien en place. Avec à l'intérieur, la pilule et le verre d'eau. Elle ferma les yeux et laissa retomber sa tête sur sa poitrine. Le psychiatre l'avait prévenu, il suffisait d'une fois. D'un oubli, pour que Kristen perde à nouveau le contrôle.

Elle se demanda pourquoi elle n'avait pas allumé la lumière la veille, en vérifiant que Kristen était bien au lit. Elle aurait vu que le cachet était toujours là. Et puis elle se demanda si sa fille l'avait fait exprès. Elle qui était si morose depuis le début de son traitement des années plus tôt. Elle avait hurlé sans relâche la première semaine. Elle hurlait que ses amis lui manquaient, que Jack Frost lui manquait et qu'il viendrait la chercher. Elle hurlait qu'elle détestait sa mère, et Serena avait encaissé. Parce que c'était pour le mieux, parce que ça aurait fini par passer. Et ça avait fini par passer. Ou du moins c'est ce qu'ils avaient tous cru, même Kristen par moments y avait cru. Elle s'était remise à étudier, elle s'était même fait quelques réels amis. Même si parfois, Serena voyait bien à quel point sa fille était épuisée. A quel point leur réalité l'épuisait.

Alors voilà... Kristen avait dit la vérité. Jack Frost, l'esprit de la neige était revenu la chercher. Et la jeune fille l'avait suivi sans hésiter. En refermant la fenêtre de la chambre de sa fille, Serena se demanda ce qu'elle avait bien pu voir, toutes ces années, que les autres n'avaient jamais vu. Elle se demanda si la réalité de sa fille, celle qui l'avait tuée, valait le coup qu'on en meurt. Et si les morts avaient pu parler, Kristen lui aurait répondu que non. Que l'imaginaire ne devait pas quitter sa place. Que la réalité des autres n'était pas si mal telle qu'elle était, et que si elle avait pu, elle s'en serait bien contentée.

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