DANS L'OMBRE

By fantalll

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«La contrée de la mort est ressentie comme le royaume des ombres, où l'ombre s'entrelace avec l'invisible, le... More

Avant propos
Prologue

Chapitre 1: Un nouveau foyer

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By fantalll

2010, Sud Africa
Pretoria

Aussi loin que je me souvienne, la solitude avait toujours été ma fidèle compagne. Abandonnée très tôt, j'ai du apprendre à me débrouiller seule, ce qui a sans doute déclenché cette relation solitaire. Mais curieusement la solitude m'avait apporté beaucoup. Elle m'avait permis de me connaitre davantage, de me découvrir en profondeur. J'ai appris à écouter mes pensées et mes émotions, à développer une relation avec moi-même. Cette introspection m'avait aidé à comprendre mes forces et mes faiblesses, mes désirs et mes aspirations. Puis d'ouvrir les yeux sur les autres. Derrière les sourires factices et les masques soigneusement arborés, j'avais commencé à percevoir l'anxiété et le désarroi qui tapissaient dans l'ombre chez les individus que je croisais.

La solitude m'avait octroyé le don de l'empathie, de ressentir et de comprendre la détresse des autres. Néanmoins elle m'avait aussi rappelé l'importance d'etre présent pour eux, de leur offrir ne serait-ce qu'un simple sourire ou une oreille attentive. Parce que parfois, même derrière les plus beaux sourires, se cachaient des douleurs insoupçonnées.

Cependant, malgré cette acceptation de la solitude et la croissance personnelle qui en découlait, il se passait des moments où la douleur de l'isolement se faisait sentir. Dés fois j'eus l'impression que je m'engouffrai dans un abysse de ténèbres infini. Ça m'entravait, me consumait, et puis subitement l'étau se resserrait, me laissant immergé de tout ce sentiment de vide. Sensation qui m'étouffait, d'ailleurs, de jour en jour. Je ressentis parfois un besoin profond de partager des moments de joie et de connexion avec d'autres individus. Par moment je réagis comme si j'étais dépourvue de tout cet atmosphère de bienveillance et chaleureuse, un cocon familial en somme, même si je fus loin d'en manquer . J'avais une famille, une famille qui m'a été brutalement arrachée, me plongeant dans un gouffre infernal.

Mais tout cela fut avant.

Avant d'immerger involontairement dans les ténèbres, engloutissant les âmes errantes, celles-ci semblèrent attendre un phare lumineux, qui pourrait dissiper les ombres qui les enveloppaient. Leur présence énigmatique suscitait en moi une intrigue insatiable, m'invitant à plonger au plus profond de cet univers mystérieux. Leurs silhouettes portaient le fardeau de secrets insondables, désireuses de trouver une délivrance. Leurs yeux reflétaient la détresse et l'espoir, faisant naitre en moi une volonté irrépressible de percer leur mystère. Telle une exploratrice avide de vérité, j'avais continué à m'enfoncer dans l'obscurité, à la recherche de ce phare lumineux qui guiderait ces âmes égarées vers la sortie. Chaque pas que je franchissais révélait un indice, une parcelle de leur histoire qui se dévoilait peu à peu.

Dans cette aventure fascinante, j'avais découvert bien plus que des âmes perdues. J'avais trouvé ma propre lumière intérieure, celle qui illuminait le chemin des autres.

Ce fut un jour, une matinée qui restera encrée dans ma mémoire. Je me rappelais de chaque détail, chaque infime particule de mots échangés.

- Malia, accompagne-moi au bureau.

Cette annonce me prit au dépourvu, brisant ma concentration. En relevant les yeux de mon livre, j'aperçu Madame Meyer , la directrice de l'orphelinat. La cinquantaine se reflétait dans ses traits délicats, défiant le temps. Son chignon impeccable retenait ses cheveux grisonnants, et sans cela , il aurait été difficile de deviner son âge avancé. Bien que je voulais me plonger dans les détails de cette annonce, je fus curieux d'en savoir davantage sur ce sujet.

Je décidai alors de la suivre sans émettre la moindre protestation. Cependant, une inquiétude grandit en moi quant à la raison de sa convocation. Jusqu'à ce jour je me suis toujours comportée exemplairement, alors qu'aurait-elle à me parler ? Des questions se bousculaient dans mon esprit, m'obligeant à envisager divers scénarios. La perspective de devoir affronter les conséquences d'une quelconque faute de ma part me remplissait d'appréhension, mais je devais néanmoins rester calme et attendre de pouvoir prendre connaissance du motif de cet appel.
Soudain, comme si elle avait intercepté les tréfonds de ma pensée , droit devant moi, elle crut bon d'ajouter :

- Quelqu'un souhaite te voir, m'informa t-elle d'un ton platonique.

Pendant que ses paroles flottaient dans l'air, elle se mit en mouvement, s'éloignant déjà de quelques pas. L'énigme de cette visite imminente éveilla ma curiosité, laissant planer une tension anticipée dans l'atmosphère.

Qui était-ce ? Pour être honnête , j'en avais aucune idée car je connaissais personne -même pas  un proche-susceptible de venir, pour me tirer à l'occasion de ce lieu où je me sentis de moins en moins à ma place. Je n'insinuais pas que cet « établissement » manquait de bienveillance, au contraire le personnel- qui évaluait nos comportements pour établir une bonne approche entre nous- , respirait la convivialité, la gentillesse et les enfants orphelins, avec qui j'avais aucune animosité, étaient sans encombres. Bien évidemment, le fait d'être démunis d'une chaleur familiale, y contribuait fortement.

Après plusieurs parades de couloirs, nous voilà enfin arrivées devant une porte, apparemment le fameux bureau de Madame Meyer. Cette dernière entra en première, me faisant signe d'une tête d'en faire même, ce que je fis. Ma première vision s'eclaira sur un homme d'âge mûr , tout de noir vêtu dans un smoking. Il respirait la richesse et arborait une prestance, au premier coup d'oeil. Par contre son visage me disait rien, ce qui me confortait dans l'idée que je ne le connaissais pas alors qu'est ce qu'il pourrait bien me vouloir ? Contrairement à moi, son visage ne semblait pas surpris de me voir. J'avançai timidement dans le bureau, essayant de cacher mon malaise. Madame Meyer se tenait à coté de lui, un sourire encourageant aux lèvres.

La quadragénaire se leva de son siège en cuir et tendit la main pour me saluer. Je lui serrai la main, essayant de dissimuler ma nervosité. Son regard d'un marron pénétrant semblait percer au plus profond de mon être.

- Mademoiselle, je suis ravi de vous rencontrer, dit-il d'une voix douce, avisant sûrement ma réaction, je m'appelle Kamil Yilmaz , et.... j'étais un très vieil ami de ton père.

En scrutant attentivement les contours de son visage, je décelai une expression de chagrin melée à une certaine forme de nostalgie. Cette observation me conforta dans l'idée qu'il parlait sincèrement. Il avait des liens avec mon père, mais cela souleva en moi une interrogation persistante ; comment se faisait-il que je n'aie aucun souvenir de lui ? Était-il un ami lointain, découvrant tardivement le départ de mon père, laissant derrière lui une enfant livrée à son destin ?

Je partis très loin dans mon esprit. Ce qui dut se lire sur mon visage, couvert de questionnement , voilà pour quoi, il poursuivit :

- Tu ne dois probablement pas me reconnaitre. La dernière fois que nous nous sommes croisés, tu n'avais que quatre ans, annonça t-il avec un petit rictus empreints de souvenirs , sache que ton père et moi étions presque comme des frères. Les circonstances de vie d'adulte, sûrement, ont fait que nous étions amenés à nous voir rarement mais ça n'empêchait pas que le lien entre nous restait fort, continua t-il son regard plongeant dans une rétrospection temporelle. La vie nous a tracé des chemins différents, mais il y'a quelque chose d'indélébile dans les liens qui nous unissent. Ton père parlait souvent de toi, même si le temps et la distance semblaient séparer nos mondes. 

Toutes cette révèlation, m'enveloppa dans une sorte de torpeur, l'entendre parler de mon paternel ainsi remua quelque chose que j'aurais cru jusqu'ici morte.

- Tu as grandi sans nous, mais cela ne signifie pas que tu doives continuer ton chemin seule, poursuivit-il d'un ton empreint de solennité, ainsi tu comprendras que je ne pourrais pas te laisser ici. Ta place n'est pas dans ce passé lointain, mais auprès de nous, dans ta nouvelle famille. Les liens qui nous unissent transcendent le temps et l'espace. Nous sommes prets à t'accueillir , à t'offrir une nouvelle histoire, un nouveau départ. C'est-ce que ton père aurait voulu et c'est-ce qu'il m'a retranscrit avant sa disparition.

Il marqua délibérément une pause, laissant ses paroles se répandre dans l'atmosphère, une révélation qui réveilla un tourbillon d'émotions en moi, une effervescence indéchiffrable. Entre une vague de bonheur et une appréhension lourde face à sa proposition, mes sentiments se mêlaient dans une danse complexe. Au fond de moi, une joie sincère émergeait, car quitter cet orphelinat était un voeu quotidien. Chaque soir, mes prières se formulaient dans l'espoir de m'échapper de ces murs bien avant mes dix-huit ans. Cependant, la réalisation rapide de ce souhait me surprenait. Avant cette journée, je croyais etre dépourvue de tout lien familial. Aucune tante, aucun oncle même éloigné, ni frères ni surs ne semblaient faire partie de mon histoire. Alors, découvrir qu'un ami de ma famille d'autrefois surgissait soudainement pour m'offrir un nouveau foyer, le foyer que j'avais tant rêvé d'avoir, dépassait largement mes attentes. Néanmoins une pensée persistante murmurait en moi que tout cela était peut-être trop beau pour être vrai.

Bien que ses paroles révélaient des liens étroits avec mon paternel, je restais prudente. La confiance ne naissait pas instantanément, même si une opportunité de quitter cet endroit morne et découvrir une chaleur familiale se dessinait grâce à sa déclaration. C'était une chance d'explorer un monde au-delà de ces murs, une lueur d'espoir que je n'avais pas imaginée auparavant.

- Veux-tu bien nous rejoindre et découvrir ce que l'avenir peut te réserver au sein de cette famille qui, d'une manière ou d'une autre , a toujours été la tienne ?

Il s'interrompit, laissant le poids de ses paroles se déployer dans l'air, une vague d'émotion palpable. Mes pensées tourbillonnaient, cherchant désespérément le regard de Mme Meyer, jusqu'alors silencieuse comme moi. C'était comme si, dans son mutisme, elle était mon ancrage, une source de réconfort face à cet homme que je venais de découvrir etre mon oncle d'alliance. Son assurance rayonnait, présageant qu'il restait attaché à sa décision tel un prédateur patientant au pied de l'arbre, attendant sa proie nichée dans les hauteurs.

Le besoin de réaliser la dernière volonté de son ami semblait être une motivation pressante pour lui, une quête d'apaisement sans doute. C'était cette raison qui semblait le pousser à vouloir m'emmener avec lui. Je finis par croiser le regard de la directrice, ses yeux m'incitant à saisir cette opportunité unique d'avoir une vie normale. Il était évident que tous deux avaient déjà eu cette discussion avant de m'y convier, élaborant peut-être un plan pour ma sortie dans cet orphelinat et me donner une chance réelle du bonheur.

Le dilemme entre le regard encourageant de la directrice et l'ombre déterminée de M. Yilmaz m'aider de déterminer la source de mon impulsion face à sa proposition. Une voix intérieure insistante me rassurait, affirmant que c'était une chance unique de m'évader de ces murs oppressants. Prête à embrasser un univers différent, à ouvrir une nouvelle porte vers un monde inexploré, je me sentais prête à accueillir la vie qui m'était destinée. C'est ainsi, dans un geste affirmatif, que je hochai la tête, offrant une réponse claire à cet homme qui venait de chambouler le cours de mon existence.

***

Ça faisait déjà une bonne heure que nous avions pris la route, et je demeurais tout aussi ébahie par la splendeur du paysage défilant à travers les vitres de la voiture. C'était une expérience totalement différente de tout ce que j'avais pu admirer en Afrique du Sud. La profusion de verdure, les reliefs du paysage, les gratte-ciel s'élançant vers le ciel, et l'air frais qui me faisait frissonner contrastaient grandement avec le décor magnifique de mon pays natal.

La chaleur apaisante qui enveloppait l'Afrique du Sud laissait place à une fraîcheur vivifiante, créant une atmosphère nouvelle et stimulante. Les rues animées de la ville, les lumières étincelantes des bâtiments, tout cela constituait une métamorphose saisissante par rapport à mon environnement habituel. Mes sens étaient en éveil, capturant chaque détail de ce nouvel univers qui se déployait devant moi.

Les États-Unis !

Les rues s'étendaient comme des artères pulsantes, et les lumières de la ville dansaient dans la nuit naissante. C'était un tableau urbain éblouissant, loin du calme paisible de l'Afrique du Sud. Je me demandais ce que cette nouvelle vie avait en réserve, tout en contemplant avec fascination la transformation du paysage qui m'entourait.

Après la visite de M. Yilmaz, lors de laquelle il s'attela à remplir des documents cruciaux pour devenir officiellement mon tuteur, nous nous étions préparés pour notre départ. Quatre jours plus tard, nous nous étions envolés vers le sol des États-Unis. Selon ses explications, notre destination était son domaine en Californie, un endroit dont il m'avait parlé brièvement. Le vol aérien promettait une transition vers un nouveau chapitre de ma vie, empli d'anticipations et de découvertes.

Je sortis de ma torpeur, perturbé par le bruit metalique d'une portail qui s'ouvrit subitement pour  permettre la voiture de s'engouffrer à l'intérieur d'un villa. La beauté de celui-ci est à couper le souffle. Kamil paraissait riche au premier impression, mais je n'avais pas imaginé qu'il était autant fortuné. En Afrique, dès que nous apercevions un homme de couleur blanc, nous avions tendance à penser hâtivement que sa situation économique devait être florissante. Mon père nous racontait jadis  cet anecdocte moult fois lorsqu'il avait fraichement débarqué dans le sud du continent Africain. Ça me faisait toujours rire ce préjugés envers les blancs. Par contre je n'avais pas eu ce jugement sur M. Kamil, car il ne fut pas difficile de savoir qu'il était stable financièrement vu son apparence soigné et ses tailleurs sur mesure à l'allure hors de prix.

- J'espère que tu t'entendras bien avec les enfants.

La voix de celui-ci me fit rendre compte que la voiture s'est arrêtée devant la bâtisse du maison. Il m'aidait à ouvrir pour m'extirper du véhicule et se mit à ma hauteur. En assimilant ses derniers mots, je bifurquais sur le fait qu'il avait des enfants. Bien sûr que si, il a l'air typiquement d'endosser le rôle d'un père de famille. J'espérais juste qu'ils auront le même âge que le mien.

Je lui fis un sourire timide , hochant la tête en guise de réponse à sa déclaration. Moi aussi je l'espérais

- Et j'en suis sûr , approuva t-il étirant les lèvres dans un sourire muet.

Nous avancions vers l'entrée du manoir. Malgré quelques jets de lumières filtrés, je n'arrivais pas à percevoir globalement ce qui m'entourais dans la cour. Excepté un jardin verdâtre qui semblait être entretenu tous les jours.

Ça avait l'air magnifique. Il manquait juste la lumière du jour pour en faire un beau contraste.

Arrivée à l'intérieur du demeure , je vis une femme qui devait avoir le même âge que mon « oncle ». Elle devait être son épouse, me disais-je. Ma théorie se concrétisais lorsqu'il s'approcha pour enlacer la dame dans un geste intime.

- Malia, je te présente mon épouse, Griselda, annonça t-il, et Griselda voici Malia, la fille de Patrick dont je vous parlais.

La dame riva ses yeux sur moi avec un sourire rayonnant, sondant mon visage d'une expression chaleureuse. S'approchant à ma hauteur, elle m'entoura d'une étreinte pleine de chaleur. Dans ma maladresse, je lui rendis l'étreinte, cherchant à exprimer ma gratitude et mon attachement naissant à ce nouvel environnement accueillant.

- Sois la bienvenue chez nous, Malia, commença t-elle d'une voix douce et apaisante en se détachant doucement de notre embrassade. Tu constateras que nous prendrons bien soin de toi. Désormais, tu es pleinement intégrée à notre famille. Nous sommes impatients de t'accueillir dans notre quotidien et de partager de nombreux moments ensemble. Cette maison est dorénavant la tienne, et nous espérons que tu t'y sentiras chez toi, finit-elle sur un ton empli d'affection.

Comme toujours je gardais le silence, ce qui n'est pas si nouveau que ça. Je savais pas comment me comporter avec toutes cette subite gentillesse, bienveillance. Tout cela est nouveau pour moi. J'avais peur qu'il finisse par croire que j'etais muette.

Mon attention fut captivée par la teinte vert émeraude de ses yeux, une splendeur simplement magnifique. Ce n'est qu'à cet instant que je pris conscience de leur pouvoir hypnotique, clairs et translucides tels une précieuse gemme scintillante. En la contemplant, une aura d'élégance, de distinction, et de prestige semblait l'envelopper, conférant à Griselda une beauté indéniable.
Vêtue d'une robe d'un rouge profond, qui se moulait parfaitement à sa morphologie, ses cheveux blonds vénitiens reposaient délicatement sur ses épaules. Son allure était vraiment remarquable, évoquant une présence à la fois saisissante et raffinée. Malgré ma proximité, déterminer son âge précis semblait une énigme, car son apparence dégageait une jeunesse intemporelle, ajoutant un mystère intrigant à sa personnalité.

- Ah ! Les garçons vous voilà, s'exclama oncle Kamil, enthousiasme de voir à ce qu'il parait les nouveaux arrivants.

Mon regard se dénoua solennellement de Griselda pour pouvoir le diriger vers les silhouettes fraîchement apparues derrière moi.
Je me rendis sur le moment compte que nous nous situons sur ce qui semble une salle de séjour, très sophistiqué avec une blancheur aveuglante.

En me retournant, ma vision tomba sur trois garçons, plus âgé que moi.

Mon regard croisa en premier celui qui surpassait les deux autres en taille. Ses yeux d'un marron foncé semblable à ceux de son père, étaient perçants, intensément captivants me rappelant les feuilles d'automnes, une image que j'avais rencontrée lors de mes explorations littéraires et cinématographiques. Avec une observation approfondie, il était évident que c'était l'ainé. Sa maturité évidente contrastait avec son apparence juvénile. Ses cheveux d'un noir de jais, soigneusement coiffés, s'harmonisaient parfaitement avec ses traits délicats. En dépit de son air impassible, je percevais une profondeur émotionnelle, une réserve qui rendait difficile la lecture de ses sentiments quant à mon arrivée dans leur demeure.

Le deuxième adolescent me détailla d'un il intrigué et surpris, son expression me laissant perplexe quant à la source de son étonnement. Peut-être était-il surpris de voir une fille débarquer sans préavis dans leur demeure. Cependant, je ne pouvais ignorer la frappante ressemblance entre lui et le premier garçon. Aucun doute, ils étaient indéniablement frères, mais la question se posait : étaient-ils simplement des frères, ou bien des jumeaux ? Ma dernière hypothèse prenait forme, alimentée par l'identité frappante de leurs yeux, de leurs nez finement ciselés et de leurs visages quasi identiques.

Le troisième jeune homme, que je présumais être le cadet, me salua d'une manière que je considérais comme particulièrement expressive. Son accueil semblait bien plus chaleureux, et son visage reflétait une joie évidente à ma venue. Ses yeux, d'une splendide nuance de vert héritée de sa mère, se démarquaient nettement de ceux de ses frères. C'était comme contempler un héritage visuel qui ajoutait une touche unique à son charme. L'éclat de son regard trahissait une ouverture et une curiosité qui m'encourageaient à penser que notre cohabitation pourrait être marquée par une convivialité naturelle.

- Les garçons, voici Malia.

Kamil entama une séance solennelle de présentation. Ainsi l'attention est davantage portée sur moi.

- Malia, comme tu le vois, ce sont mes enfants, énonça t-il en s'approchant chacun d'eux pour mieux m'aider à capter leurs prénoms, voici: Ayden

le premier que je supposais être l'ainée. Puis il vint sur celui avec les yeux verdâtres, le plus petit.

-  Je te présente Sirius. Et lui c'est Erin, conclut-il en posant une main protectrice sur les épaules du jeune homme, dont le regard médusé était depuis plusieurs minutes dirigé vers moi.

Une chevelure brune capta de manière fortuite mon attention. Je voyais une fille, à peu près mon âge descendre les escaliers, se situant à l'extremité du salon.

- Chérie ! s'exclama de nouveau le maitre des lieux, heureux de revoir la petite fille.

Elle se retrouva instantanément dans les bras de l'homme se délectant de leur retrouvaille.

- Malia, elle c'est Lexa notre fille, annonça cette fois-ci Griselda, d'une nuance affectueuse. Puis se tourna vers ladite Lexa pour le meme discours de présentation.

Nous nous engagions dans un contemple empreint de curiosité sur l'un comme l'autre, essayant surement de marquer une naissante entente dans un joug discret. Elle était belle, ses yeux étaient tout aussi verts comme Sirius. En plus ses cheveux ont l'air si soyeux et si doux rien qu'en regardant.

- A partir de maintenant, vos chemins se croiseront au quotidien, figura M. Yilmaz à mon sujet en se tournant vers ses enfants, mettant fin la présentation, et je mets toute ma confiance en vous pour créer un environnement accueillant ou elle se sentira comme chez-elle. Comme je vous l'ai dit plutôt, Malia est la fille de votre oncle Patrick qui était en Afrique du Sud. De ce fait j'aimerais que cette maison soit un espace ou chacun contribue à rendre l'expérience de l'autre enrichissant...

Il fit une pause abrupte dans son discours, fronçant les sourcils avec un visage empreint d'interrogations. On aurait dit qu'il venait de réaliser un oubli crucial à cet instant précis. D'un geste furtif, il se tourna vers ses fils, cherchant des réponses dans leurs regards, comme s'il attendait qu'ils comblent le vide de ce souvenir égaré.

- Où est Kai ?

Un silence assourdissant s'ensuivit, après cette question enveloppant la pièce dans une atmosphère pesante. Les regards échangés entre les membres de la famille exprimaient une perplexité partagée. Dans cette pause troublante, on pouvait presque percevoir l'écho du questionnement qui flottait dans l'air, créant une tension palpable au sein de la pièce.

- Il est absent depuis hier soir, répondit enfin après quelques minutes la voix assurée de Ayden

- Ce gamin, murmura t-il en laissant retomber sa paume sur son visage, comme s'il était accoutumé à ce genre de situation. La lassitude transparaissait dans son geste, suggérant que ce n'était pas la première fois qu'il se trouvait face à une telle absence. Bref, continua t-il sur sa lancée, s'adressant à moi dans un sourire, tu fais désormais partie intégrante de cette famille, et nous sommes ravis de t'accueillir dans notre quotidien. Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à le partager avec nous.

                                              ***

Le lendemain matin,

Il était bien loin dans mes souvenirs le dernier moment où j'avais goûté à un sommeil aussi profond, enveloppée dans un cocon de douceur et de moelleux . Dès les premiers instants du réveil, une légèreté insoupçonnée m'envahit, comme si les soucis s'étaient évaporés pendant la nuit, comparable à celle d'une plume portée par une brise apaisante. La tranquillité de cette nuit était une oasis, m'offrant un répit bienvenu loin des bruits tumultueux du foyer.

La chambre qui m'avait été allouée semblait presque aussi vaste que mon ancien dortoir, partagé avec plusieurs compagnes d'internat. Ses dimensions généreuses reflétaient l'ampleur de cette maison imposante. À l'aurore , je m'adonnais à une exploration des lieux, cherchant à mieux appréhender ce nouvel environnement qui serait désormais le mien. L'occasion m'était échappée la veille, engloutie par un dîner copieux, mais aujourd'hui, je me laissais porter par la curiosité, découvrant chaque recoin de cette demeure qui promettait de dévoiler ses mystères au fil du temps.

Je me trouvais, après plusieurs marches, dans une pièce ou devrais-je dire dans le royaume des livres. Cet endroit ferait le plus grand bonheur des amoureux de bouquins, tellement que c'était spacieux et semblait être un havre de paix et d'isolation dans un monde ou l'imagination et le rêve faisait écho. C'était fou ils ont même une bibliothèque dans cette baraque.

Pourtant, mon désir de contempler plus attentivement les détails de cet endroit fut abruptement interrompu par un bruit aigu provenant d'un coin que je distinguais à proximité. Intriguée, je m'approchai, et c'est avec étonnement et ravissement que mes yeux se posèrent sur un chat d'une blancheur éclatante, tel un flocon de laine délicat. Son apparition soudaine, dans toute sa magnificence, évoquait un charme hermétique qui ajoutait une touche de magie à cet instant d'exploration. Le félin se tenait blotti sur lui-même presque comme une oeuvre d'art vivante au milieu de la pièce. Ses yeux d'une teinte bleue semblait contenir une sagesse insondable, tandis que son pelage soyeux évoquait une douceur qui invitait à la caresse. Son air noble ajoutait une aura enchanteresse à la scène.

Était-il perdu ? A qui appartenait-il ? Peut- être que c'était le chat de Lexa.

Pourtant il n'était pas là hier soir.

Ebahie par cette rencontre inattendue, je m'approchai doucement, craignant de rompre le charme qui émanait de ce chat majestueux. j'avais peur qu'il soit agressif à mon encontre mais ce ne fut pas le cas à mon grand bonheur. Ainsi je pris le soin de le prendre délicatement dans mes bras pour le sortir de là et par la suite trouver son propriétaire. Chose pas du tout facile, vu que je ne trouvai personne dans la maison, malgré que je me sois réveillée tôt cette matinée, je croyais y trouver une âme déjà levée.

- Archie !

Arrivée en bas des escaliers qui conduisaient à la bibliothèque, le silence paisible de l'endroit se rompit subitement par une voix mélodieuse, créant une harmonie inattendue au cur de la quietude.

Dirigeant mon regard vers le sommet des escaliers, je tentai de localiser l'origine de cette voix qui semblait résonner de là-haut, cherchant sûrement quelqu'un. Une lueur d'interrogation éclaira mon visage, captivée par la musicalité de ce timbre qui volait dans l'air comme une mélodie en quête de son destinataire. Intriguée je remontai les marches avec précaution, guidée par la curiosité de découvrir l'origine de cette voix tamisée.

J'apercevais une ombre se mouvant gracieusement, dans le lueur du soleil, qui s'échappait à travers des corridors à l'allure masculine qui s'illuminait au fur et à mesure.

En m'arretant à la chambranle des escaliers, mes yeux se posèrent sur la silhouette qui émergeait de l'ombre, révélant un garcon, enfin un jeune adolescent, me surplombant de deux tetes. Il était grand, sa présence me captiva mais je ne m'en focalisais plus, car ce fut la couleur envoûtante de ses yeux bleus qui m'absorba totalement. ça faisait une hormonieuse contraste avec ses cheveux sombres. J'étais hypnotisée par cette teinte unique que je n'avais jamais vue auparavant. Distraitement, je réalisai qu'il se tenait juste devant moi, à deux marches d'escaliers de distance. Étrangement, à ce moment-là, il me semblait presque être une créature issue d'un monde surréaliste. Oui c'était insensé je l'avouais, cependant son identité demeurait un mystere pour moi.

Sa voix coupa net mes pensées :

- Ah, Te voilà toi, murmura t-il et je savais pas à qui cette phrase était destinée.

A vrai dire, la quête du destinataire de ces mots ne m'effleurait même pas. Mes pensées, à nouveau captivées, me plongèrent plus profondément dans un océan de givre, où chaque vague semblait émaner de sa voix envoûtante. Ses yeux, véritables émeraudes de mystère, semblaient avoir le pouvoir de percer l'âme de quiconque osait s'aventurer dans leur profondeur. Ils étaient bien plus que splendides, le mot juste était fascinant. Leurs reflets hypnotiques me retenaient prisonnière, me plongeant dans un état d'émerveillement glacé où le temps semblait suspendu.

Nos regards s'étaient juste posée en une instant mais ce que j'y décelais semblaient durer une eternité.

J'avais toujours entendu cette citation répandue affirmant que "le regard est le reflet de l'âme". En scrutant les siens, je me retrouvais incapable de décrire précisément ce que renfermaient ces yeux. Ils semblaient à la fois révélateurs, dévoilant des émotions manifestes, mais aussi gardiens d'histoires profondément enfouies.

- Tu permets ?

A nouveau, j'étais tirée dans mes songes. Tout en sortant cette demande avec une politesse, les yeux du garçon était rivés sur ce que j'avais sous les bras. Et j'avais complètement oublié le chaton qui était entaché sur moi.

On dirait que j'avais fini par trouver son propriétaire. Entre temps, il avait réduit les deux marches qui nous entravaient. Et sa main fut dirigée dans la direction du chaton dans l'optique de le récupérer.

C'était bien à lui. Pourtant J'aurais juré que ça appartenait à Lexie.

Soudainement, une sensation de stupidité m'envahit, car il était évident qu'il attendait une réaction prompte de ma part pour lui restituer le félin. Cependant, je tardais, absorbée par la question persistante de l'identité de ce garçon. En retour, il devait sûrement se demander pourquoi j'étais là, dans ce lieu, créant un échange silencieux de curiosités mutuelles qui planait entre nous.

Sortie de ma transe, je lui rendis avec maladresse son chaton, en bafouillant:

- D...Désolée...

- Je suppose que c'est toi Malia, amorça t-il en calant avec douceur le chaton sous son bras, mon frère Orin, m'a touché un mot sur ta venue vu que j'etais pas là. Moi c'est Kai, enchantée.

C'était alors un autre fils de M. Yilmaz et c'était aussi lui, le fameux Kai dont ce dernier se questionnait sur son absence.

Les mots me manquant, je lui adressai un léger hochement de tête en guise de réponse. En retour, un petit sourire éclaira son visage. Il était difficile de déterminer si c'était une tentative pour dissiper ma crispation ou simplement une invitation à me sentir plus à l'aise, mais parmi tous les garçons de la famille, il était le seul à m'avoir déjà témoigné ne serait-ce qu'une once de sympathie. Peut-être était-ce dû au fait que je n'avais pas encore eu l'occasion d'avoir une véritable conversation avec eux.

C'était le cas.

Toutefois Kai possédait une manière singulière de captiver les individus, une sorte d'art propre à lui.

Son charisme, une émanation mystérieuse, était une force magnétique qui attirait les regards et captivait les esprits. Chaque mot prononcé par Kai était comme une mélodie envoûtante, et ses gestes dégageaient une aura de grâce qui laissait une empreinte durable. On aurait dit qu'il possédait le pouvoir de sculpter des souvenirs, de les modeler avec la simplicité d'un sourire énigmatique ou la profondeur d'un regard pénétrant.

C'était comme s'il connaissait les secrets de la connexion humaine, jouant avec les émotions des autres comme un virtuose avec son instrument. En sa présence, on se sentait à la fois vulnérable et captivé, comme si on se laissait emporter par un courant d'émotions qui transcendaient le banal pour atteindre une dimension plus profonde.

Ainsi, la fascination pour Kai dépassait le superficiel, creusant des sillons dans l'âme de ceux qui croisaient sa route. Il était bien plus qu'une figure marquante; il était une énigme à déchiffrer, un poème vivant qui s'écrivait à chaque instant, laissant une trace indélébile dans le livre des rencontres humaines.

Je sais maintenant.

Ainsi pour clôturer son monologue en tournant les talons, il avança d'une voix pleines de promesses :

- Ah j'oubliais, bienvenue parmi nous, Malia.

Et maintenant je sais.

Ma vie avait commencé ce jour-là.

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