Ce matin, le réveil est très pénible. J'ai la gorge en feu, à force d'avoir toussé toute la nuit.
Je suis quasiment aphone. Alors c'est décidé, j'irais chez mon médecin en fin de journée.
Je me lève et je me prépare du mieux que je peux. J'ai le visage tout gonflé au niveau des mâchoires et les yeux vitreux.
Environ une heure plus tard, je suis prête à partir au boulot. J'ai sortie Hudson et j'ai avalée au moins trois tasses de café.
J'enfile une veste et je sors dans le froid. Heureusement pour moi, mon corps se réchauffe à chacun de mes pas.
Lorsque j'arrive à la librairie, Mélanie me salut tout en me tendant une tasse de café fumante.
C'était son tour de faire l'ouverture cette semaine.
- Merci.
Dis-je, tout en saisissant la tasse de café.
Mélanie fronce les sourcils.
- T'as vraiment pas bonne mine.. Et t'as presque plus de voix, rentre te reposer Lexa.
- Non, ne t'en fais pas. J'irais chez le médecin ce soir.
- Tu as le visage enflé, Lexa. Tu ne devrais pas attendre.
Mélanie me scrute attentivement.
Joe apparait au même moment, il m'offre un large sourire.
- Salut, Lexa.
Il s'avance et me prend dans ses bras.
- Salut, Joe.
Il fronce les sourcils en m'examinant.
Qu'est-ce qu'ils ont tous à faire ça aujourd'hui..?
J'ai une envie folle de lever les yeux au ciel, mais je m'abstiens.
- Est-ce que ça va? Tu n'as pas l'air en forme..
Me demande Joe.
- Ah! Tu vois?! Joe aussi l'a remarqué. Vas chez le médecin, Joe et moi on s'occupe de tout.
Cette fois je sens bien qu'aucune négociation ne sera possible. Pas avec Mélanie.
- Mais..
- Pas de mais! En tant que demi patronne, je te renvoi chez toi pour la journée, c'est un ordre.
Mélanie place ses mains sur ses hanches pour accentuer son effet "autoritaire".
Je me mords la lèvre pour m'empêcher de rire et je vois que Joe en fait de même.
- Ok, t'as gagnée..
Mélanie affiche un sourire victorieux.
- Je vais aller chez le médecin, il va me prescrire des médicaments, mais après je reviens.
Elle fronce les sourcils.
- Et en tant que demi patronne, c'est non négociable!
J'ajoute avec un sourire.
Mélanie lève les yeux au ciel.
- Ok, ok.. Maintenant file. Je veux plus te voir tant que tu n'auras pas vue un médecin!
- Bien chef. A plus dans ce cas.
Dis-je, tout en faisant un salut exagéré.
Nous nous mettons tous les trois à rire, mais mon rire se mue en une quinte de toux incontrôlable.
Mélanie retrouve son sérieux et me pointe la porte du doigt.
- J'ai compris.. J'y vais, à plus tard.
Joe et Mélanie me salut, tandis que je sors de la boutique.
L'attente chez le médecin me paraît durer une éternité. Il faut croire que toute la ville est tombée malade ce lundi matin et a décidée de venir chez le médecin à 9h, exactement comme moi.. Je pousse un soupir et je m'enfonce dans ma chaise.
Plus qu'une personne et après ce sera mon tour. Pour passer le temps, j'observe les affiches qui tapissent les murs de la salle d'attente. En l'espace de dix minutes, je suis limite devenue hypocondriaque et j'ai l'impression d'avoir attrapée toutes les maladies du monde.
Heureusement pour moi, le docteur Boyon ouvre la porte de la salle d'attente et m'accueil chaleureusement.
- Bonjour, Lexa.
- Bonjour, docteur.
Il me sert la main et me fait signe de passer devant lui.
Je longe le couloir et j'entre dans son cabinet. Il referme la porte derrière nous et m'invite à prendre place sur la chaise. Il contourne son bureau et s'assoit face à moi.
- Alors, Lexa, qu'est-ce qui t'amène ce matin?
- Je crois que j'ai attrapée froid. Je n'arrête pas de tousser et j'ai très mal à la gorge.
Le docteur se penche un peu en avant pour m'observer de plus près.
- Je vois que tu as un gonflement, ça peut être dû à des ganglions. Installe toi sur la table d'examen, je vais t'ausculter.
Je lui offre un sourire et je me dirige jusqu'à la table en question.
J'enlève mon tee-shirt et je m'allonge sur celle-ci. Pendant ce temps, le docteur Boyon prépare son matériel.
Je me suis toujours sentie bien ici. Il faut dire que le docteur Boyon s'occupe de moi depuis ma naissance, ainsi que de tout le reste de ma famille. C'est lui qui a soigné tous mes rhumes et m'a fait tous mes vaccins. J'ai énormément confiance en lui, et c'est quelqu'un de très gentil et de très consciencieux dans son travail.
Il passe un brassard autour de mon bras et il prend ma tension. Puis, il me redresse pour m'écouter respirer avec son stéthoscope. Ensuite, il termine par un examen de ma gorge, de mes oreilles, puis une palpation de l'abdomen.
- Tu peux te rhabiller, Lexa.
J'acquiesce et je remets mon tee-shirt avant de le rejoindre à son bureau.
- Il semblerait que tu aies une rhino-pharyngite. Je vais te prescrire de la cortisone et des antibiotiques. D'ici quelques jours, tu devrais être guérie. Concernant le gonflement, je vais te prescrire une echographie, mais c'est probablement dû à l'infection. Toutes fois je préfère vérifier qu'il ne s'agisse pas d'autre chose.
- Et de quoi il pourrait s'agir d'autre?
- Difficile à dire, il peut y avoir toutes sortes de raison, mais la plus probable reste l'état infectieux lié a la rhino-pharyngite.
J'acquiesce, et le docteur Boyon s'affaire à imprimer mes ordonnances.
Pendant ce temps, j'établis le chèque pour régler la visite.
- Si jamais l'examen révèle autre chose, tu me passes un coup de téléphone et je te réserverai un rendez-vous, d'accord?
Dit-il, tout en me tendant les ordonnances.
- D'accord, merci.
Il m'offre un sourire et me rend ma carte vitale.
Je lui tend le chèque et le docteur me remercie.
Puis, je me lève et le docteur Boyon me raccompagne jusqu'à la porte.
- Au revoir, Lexa. Soigne toi bien.
- Merci docteur, au revoir.
Nous nous serons la main, puis je sors de son cabinet et je me dirige jusqu'à la sortie.
Je décide de passer directement à la pharmacie pour récupérer mes médicaments, puis je rentre à la maison et je les prends sans attendre.
J'en profite aussi pour sortir Hudson, puis une fois de retour, j'appelle le laboratoire pour prendre rendez-vous pour passer l'échographie que le médecin m'a prescrit.
Finalement, je parviens à avoir un rendez-vous pour dans une heure. Un vrai miracle, car en général cela peut prendre plusieurs jours, mais il faut croire que la chance est avec moi pour une fois. La dame m'a dit qu'un rendez-vous venez de s'annuler au dernier moment.
Je décide de boire un énième café avant d'aller au rendez-vous.
Une fois l'heure venue, je récupère ma voiture et je me rends au laboratoire.
Je procède à l'enregistrement, à l'accueil, puis je prends place dans la salle d'attente. Quelque minutes plus tard une dame apparait.
- Mademoiselle Benson?
Je me lève de ma chaise et je m'avance vers elle.
- Bonjour.
Dis-je d'une petite voix rauque.
La dame me sert la main, puis elle me dit:
- Bonjour, veuillez me suivre s'il vous plaît.
J'acquiesce et nous marchons jusqu'à son cabinet.
Elle me désigne la table d'examen et me demande d'enlever mon haut.
- C'est votre première échographie?
- Oui.
Elle m'offre un sourire tout en saisissant un tube.
- Il faut que vous enleviez votre collier et vos boucles d'oreilles, s'il vous plaît. Je vais appliquer du gel sur votre coup et au niveau de votre mâchoire. Grâce à ce gel, je pourrais observer ce qu'il se passe et comprendre ce qui a pu causer ce gonflement.
- D'accord.
Dis-je, tout en enlevant mes bijoux que je glisse dans la poche de mon jean.
- Ça risque d'être un peu froid.
Dit-elle, avant d'étaler le gel sur ma peau.
J'ai un bref sursaut au contact du gel frais et la dame m'offre un sourire d'excuse.
Elle étale le gel en passant l'appareil sur ma peau. Elle exerce une pression légèrement désagréable mais supportable. Elle explore les deux côtés de ma mâchoire et tapotent des trucs incompréhensible sur son clavier, et qui s'affiche sur l'image qui est à l'écran.
- Votre médecin avait vue juste, je pense que c'est bel et bien dû à votre infection. Logiquement, le gonflement ne devrais pas durer. Le traitement va rapidement agir et d'ici un à deux jours, vous ne devriez plus rien avoir.
- Tant mieux..
Dis-je d'une petite voix.
La dame descend légèrement son appareil pour le passer au niveau de mon coup et je la vois froncer les sourcils.
Elle tapote à nouveau quelque truc à l'ordinateur et le seul mot que je lis et que je comprends c'est "nodule".
Elle fronce d'avantage les sourcils en insistant un peu plus sur la zone du coup, d'un côté puis de l'autre.
- Il y a quelque chose d'autre..
Elle tapote encore son clavier et cette fois, elle prend ce qui ressemble être des mesures sur l'image.
La pièce est silencieuse et j'ai l'impression que mon coeur bat dans mes tympans.
- Qu'est-ce qu'il y a?
Je finis par demander d'une petite voix.
- Il semblerait que vous ayez un micro-nodule de 4,4 millimètres au lobe thyroïdien droit.
- Et c'est grave?
Je demande, de plus en plus angoissée.
- Cela signifie que vous avez probablement un problème de thyroïde. Mais je ne peux rien affirmer pour l'instant. Je vais imprimer vos résultat et vous allez devoir retourner voir votre médecin et faire une prise de sang pour déterminer exactement le problème.
Donc il y a bien un problème..
Je pâlis et j'hoche la tête pour acquiescer. Je suis incapable de demander d'avantage d'explications.
Je sors du laboratoire, mes examens à la main, et je me dirige jusqu'à ma voiture.
Je reste un long moment à observer les images avant de me décider enfin à démarrer. Je roule machinalement jusqu'à chez moi, mais mon esprit est ailleurs. Toutes sortes de questions et d'inquiétudes traversent mes pensées.
Lorsque j'arrive à la maison, je m'affale sur le canapé. J'ai les larmes au bord des yeux et je fais tout mon possible pour dédramatiser.. Après tout, rien n'est confirmé. Ce n'est peut être pas grand chose.
Quelque minutes plus tard, je jète un rapide coup d'œil à la pendule et je constate qu'il est déjà temps de partir faire ma prise de sang. Une fois que ce sera fait j'irais directement chez mon médecin.
Je me lève en poussant un profond soupir. Je récupère mes affaires et je me dirige vers la porte, quand soudains mon téléphone se met à sonner. Je l'extirpe de ma poche, le nom de Mélanie s'affiche à l'écran.
"Allô..?"
Ma voix est rauque. Mélanie s'en rend immédiatement compte.
"Lexa, qu'est-ce qui ne va pas? Qu'est-ce que le médecin t'as dit?"
Elle est angoissée, ça s'entend clairement.
"Il y a un problème.. Ce n'est peut être pas grand chose, mais il semblerait que j'ai un problème de tyroïde.. Je dois faire une prise de sang, puis retourner chez mon médecin avec les résultats de l'échographie que je viens de passer."
J'essaie de toutes mes forces de contenir les larmes qui risquent de me submerger à nouveau.
"C'est pas vrai.. Bon sang.. Il est hors de question que tu affrontes ça toute seule. Je vais demander à Joe de garder la boutique et je t'accompagne."
"Non, reste. Joe ne pourra pas tout gérer tout seul. Ne t'en fais pas pour moi, ça va aller.."
"Lexa.."
La voix de Mélanie est un murmure et elle manque de me faire chavirer à nouveau.
Je me mords la lèvre. Il faut que je raccroche tout de suite, autrement je ne n'arriverais plus à me contenir et Mélanie voudra venir me réconforter c'est certain..
"Je t'appelle plus tard, d'accord?"
"Attend.. Je dois te dire un truc avant.."
"Mel, je dois vraiment y aller.. J'ai rendez-vous dans quinze minutes."
"Matt est passé."
Lâche Mélanie comme une bombe.
"Quoi?!"
Je m'étrangle.
"Ouais.. Il voulait voir la boutique et prendre un café avec toi.. J'ai du lui expliquer pourquoi tu n'étais pas là. Je suis désolée Lexa, mais tu sais à quel point il est têtu.."
Je pousse un soupir.
"Ouais, ça je sais.."
"Enfin bref, je crois qu'il est en route pour te trouver. Il était super inquiet pour toi.."
"Merde. Je ferais mieux d'y aller dans ce cas. Je ne veux pas le rajouter au milieu de tout ça, je ne veux pas qu'il sache.."
Je termine ma phrase dans un soupir, tout en glissant mon sac à main sur l'épaule.
"Merci de m'avoir prévenue, Mel. A plus."
"A plus, et n'oublie pas de me tenir au courant."
"Sans fautes. Bisous."
Je raccroche et j'essuie d'un revers de la main les larmes qui se sont échappées.
J'ouvre la porte avec l'appréhension de trouver Matt derrière. Finalement je relâche mon souffle en constatant que le couloir est désert. Mais étrangement mes larmes se mettent de nouveau à couler. Je ne contrôle vraiment plus rien aujourd'hui.
J'arrive dans le hall d'entrée et subitement la grosse porte en bois s'ouvre et je tombe nez à nez avec Matt.
Il me détails attentivement, les sourcils froncés. Son regard est pleins d'inquiétudes.
Il s'avance lentement vers moi, hésitant. Son regard pénétrant me boulverse. Lorsque Matt se retrouve à seulement un mètre de moi, les larmes se déversent de plus bel et il se précipite pour me prendre dans ses bras.
Je me laisse aller et je me cramponne à lui de toutes mes forces. C'est comme-ci il parvenait à aspirer une partie de ma peur et de mon angoisse. La connexion entre nous est si forte, que je ne veux surtout pas prendre le risque de briser cet échange. J'en ai besoin, peut importe où en est notre relation. J'ai besoin de lui et de ses bras.
Je ressers d'avantage mes bras autours de lui et j'enfouis ma tête au creux de son coup pour respirer pleinement son odeur.