Alors que le soleil se met à décliner dans le ciel, après une belle journée de discussions avec Damon et Elena, le couple finit par m'inviter dans le manoir des Salvador où ils vivent, où tous les membres de la famille vivent depuis des siècles. Un manoir que je connais donc très bien. C'est un bâtiment gigantesque, vieux d'un demi-millénaire, encore plus grand que celui où j'ai vécu en Nouvelle Orléans, mais bien moins beau. Par habitude, habitude prise au cours de mes nombreux voyages, j'étudie en détail l'environnement qui m'entoure, pour me faire une idée des menaces potentiels qui y résident et également de la façon dont je pourrai m'en aller si j'étais en danger. Stupide réflexe d'une proie. Je suis une hybride, et je me prend pour une proie, je sens une certaine appréhension dans mes tripes, car je ne connais pas parfaitement cet endroit, et que je sens que je n'y suis pas forcément en sécurité. Ils m'abandonnent, au milieu du salon d'époque, rempli de meubles plus vieux encore.
Soudain, une étrange odeur vient titiller mon nez de louve, une odeur piquante et désagréable, la même odeur que j'ai sentie plus tôt dans la journée, parce que c'est à cause de cela que j'ai mal au ventre depuis : il s'agit de la veine de Vénus. Il y a de la veine de Vénus dans cette maison. Des vampires ont de la veine de Vénus. C'est drôlement étrange tout de même. Intriguée, et animée par ma curiosité, je suis la senteur de cette plante jusqu'à une cave. Et il y a nombre de ces belles fleurs blanches, vraiment dangereuse pour un vampire. Rien que de les voir me donne des hauts-le-cœur.
Soudain, des voix résonnent à l'étage au dessus de moi.
- Qui est-ce ? demande la voix d'un homme que je ne reconnais pas sur le moment.
- Tu ne vas pas me croire si je te dis que...
Ça, c'est la voix d'Elena.
- Que ? répète l'homme.
- Que c'est ta soeur ?
Après ce mot, « soeur », je n'entend plus rien. Il n'y a plus un bruit dans le manoir, plus un seul. Pourtant, mon ouïe est d'une grande finesse. Mais pas un craquement de plancher, pas un frôlement de rideaux, pas une respiration, même pas un battement de cœur ne vient troubler le lourd silence qui règne dans l'immensité du manoir. En revanche, bien que mon ouïe ne perçoit rien, mon ventre lui, ressent quelque chose, comme un sixième sens. Car une étrange pressentiment vient me tordre les tripes, alors je me retourne brutalement, pour faire face à un jeune homme. Enfin jeune... c'est un vampire de presque deux siècles. Ma respiration se coupe lorsque je le vois.
- ... Stefan ?
- Je suis content de te voir Katya, déclare-t-il en m'adressant un sourire.
Avec un soupir de soulagement, je m'approche de lui.
- Je te fais peur ? me demande-t-il.
- Eh bien, tu as tué ton père, tu es celui qui a transformé Damon et tu as été le Boucher... et je pense être en capacité de te citer de nombreux autres exemples. Mais non, je n'ai pas peur de mon cher frère, je suis seulement incertaine sur la personne que tu es devenu. Et puis, la peur n'est qu'un sentiment que je ressens lorsque les événements s'y prête, or aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
Il me dévisage en penchant la tête, l'air plutôt surpris par cette dernière phrase.
- Toi aussi tu as changé Katya. Tu as dû vivre des choses difficiles.
Nous remontons à l'étage, et il s'assoit sur un canapé. Je m'assoie à côté de lui. L'odeur de la veine de Vénus pique toujours mon nez bien trop sensible, mais je ne vais pas faire la difficile alors que je viens de retrouver les deux personnes que je considère comme mes frères. Je me met donc à lui expliquer, à lui aussi, ma vie, depuis que nos chemins se sont séparés, après leur transformation. Cependant , certains détails sont toujours passés sous silence car ils doivent rester privée. C'est mieux ainsi.
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Après avoir discuté tout au long de la nuit, de nos histoires d'amour, de guerre, nous sortons de la maison, bras dessus bras dessous pour prendre un peu l'air. Quand soudain, Stefan vient me soulever comme une princesse pour me déposer sur une moto, garée devant le portail du manoir. Mon ancien petit frère se comporte aujourd'hui comme un grand frère, on échange de rôle. J'explose de rire en m'installant correctement.
- Tu rêves pour que je reste sur ce véhicule, je lui dis.
Il m'ignore pour venir s'asseoir devant moi et démarre brusquement la moto, avant même que je n'ai le temps de descendre. Le temps que je réalise ce qu'il se passe, elle file déjà à toute vitesse sur la route. Et il semble rouler de plus en plus vite. Je n'ai pas peur de la moto, en général, bien que ce soit un véhicule moderne qui tue tellement d'humain qu'à côté le nombre de mort dû aux vampires est ridicule. En plus, ma confiance en Stefan est assez limitée. Mais pourtant, étant courageuse (ce qui est facile lorsqu'on sait que la mort ne peut pas nous atteindre), je me met debout sur le siège du véhicule, mes mains appuyées sur ses épaules pour éviter de chuter. Le vent qui me fouette le visage fait voler mes cheveux dans tous les sens, ça aurait été intelligent de les attacher d'ailleurs parce qu'ils sont vraiment longs, avantage d'être un vampire. Et les avoir dans la bouche c'est assez désagréable.
- Tu es folle, constate-t-il.
- C'est l'adjectif avec lequel on me décrit le plus souvent depuis plus de cinq cent ans.
- C'est ainsi qu'on qualifie les vampires en général.
Effectivement, ce n'est pas faux. Mais en même temps, trois quart des vampires le sont. Vivre éternellement n'est pas sans contrainte, le temps, au fur et à mesure qu'il avance, et nous avec lui, finit par infliger à nos cerveau son douloureux supplice. La folie est irrémédiable lorsque tu te trouves être un vampire (ou autre créature surnaturelle), adepte de consommations sanglantes et présent sur terre pour l'éternité.
Nous nous faisons soudain doubler par une magnifique voiture décapotable aussi noire que la nuit. À cette vitesse, je ne pensais pas que cela était possible que quelqu'un puisse nous dépasser. Sauf que son conducteur n'est nul autre que Damon, ce qui explique tout. Mes deux frères ne sont vraiment pas plus équilibré mentalement l'un que l'autre. Ça doit sûrement être la raison pour laquelle nous nous entendions, nous nous entendons et nous nous entendrons toujours si bien.
- Tu montes ? crie le brun en penchant la tête vers le siège passager.
Je hoche la tête. En quoi il serait stupide d'accepter de passer d'une moto qui roule à deux cent cinquante kilomètres heures sur une autoroute, à une voiture qui roule encore plus vite ? Il ne m'est même pas nécessaire de prendre de l'élan, en un saut, je parviens à atterrir à genoux sur le siège de la voiture, face à Damon. Qui me dévisage avec un grand sourire sadique.
- On va bien s'amuser, déclare t'il d'un ton espiègle.
Il referme le toit de la voiture avant d'appuyer de toute ses forces sur la pédale d'accélération.
- Je commence à me demander si je n'ai pas fais une bêtise en montant.
Sans se débarrasser de son sourire, il dérape sur la route... Et la voiture se met à faire des tonneaux sur des dizaines de mètres.
Le pare brise se brise en mille morceaux de verres tranchants qui vienne nous déchiqueter la chair, les portes explosent tout comme les pneus dans un bruit assourdissant, et le moteur gronde comme un animal sauvage. Finalement, elle s'éclate violemment sur le bitume et vient prendre feu. Quant-à-moi, je fais un vol plané sur une douzaine de mètres avant de retomber lourdement par terre. Heureusement, pas un seul de mes os ne s'est cassé. Juste quelques égratignures. Égratignures très sanglantes qui, si j'étais humaine, m'aurait valu à coup sûr de mourir de multiples hémorragies. Couchée que le dos, à me remettre l'épaule en place, les yeux rivés sur les flammes qui envahissent à vu d'œil la route, j'explose de rire. C'était vraiment n'importe quoi. Damon apparaît dans la fumée et me tend sa main pour m'aider à me relever l'air ravi que je sois dans son délire.
- Ça va ?
J'époussette mes manches.
- Je voulais voir comment tu allais réagir. Elena et Stefen détestent ça. Alors si une personne peut apprécier ça, c'est bien ma soeur.
- C'était fantastique.
Il m'adresse un sourire étincelant, découvrant ses dent parfaitement blanches. Sourire qui s'efface rapidement lorsque la sirène des pompiers retentit au loin. Quelqu'un sur la route à dû les avertir de notre petit accident. Ce qui est bien dommage car on ne pourra en profiter plus longtemps.
- Allez, viens. J'ai pas envie de voir le shérif Forbes maintenant.
- D'accord.
Et nous disparaissons, aussi vite que nous étions apparus, voire même plus vite. Sans arriver à me contenir, je Metcalfe une nouvelle fois alors que je suis en train de courir, encore sous l'emprise de l'adrénaline qui est montée lors de cette expérience amusante de mon frère Malheureusement, ce petit instant d'inattention me distrait de ma route, et Damon, étant plus rapide que moi, n'est pas là pour m'empêcher de percuter quelqu'un avec une violence inouïe. Je trébuche et refait connaissance de bien trop près avec le sol. Ouïe... Mon coccyx... Je me relève vite en massant ma hanche, une grimace sur le visage. Mais au moment où je lève la tête pour observer dans quel genre de personnage je viens de foncer, un visage bien trop familier me fait face, rendant la situation encore plus désagréable qu'elle ne l'est déjà. Blonde, yeux bleus, peau blanche, athlétique, visage d'ange, mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines.
- Rebekah... Génial...
Dépitée, je roule des yeux en m'apprenant à partir. Il m'est tout à fait inutile de rester côtoyer cette traîtresse, j'ai déjà passé bien trop de temps à mon goût avec ce genre de personne. Sauf que pour m'empêcher de partir, sa main vient s'emparer de mon avant-bras.
- Je vis dans cette ville Katya. Mes frères sont encore à la Nouvelle Orléans, mais c'est ici ma maison.
- Et bien je n'avais pas prévu de rester très longtemps de toute manière alors je vais tout de suite aller me chercher un appartement en Corée, parce que si je sais que tu es là, je vais finir par me laisser tenter par le sucuide.
- Tu es rancunière, constate-t-elle.
- Non, je réplique sur un ton sarcastique. Ce n'est pas comme si je pouvais t'en vouloir de m'avoir conduite me faire tuer par un hybride plus puissant encore que tous les membres de ta famille réunis, pour la seule et unique raison que j'ai côtoyé d'un peu trop près ce cher Marcel.
- Je ne pouvais que lui obéir. Et tu le sais.
- Tu m'as trahi, je me suis faite tuée, donc je t'en veux et cela restera ainsi jusqu'à la fin des temps.
Une fois cette conclusion faite, je me débarrasse de sa poigne, pour ne pas rester en contact avec cette traîtresse.
- Ton putain de frère ne m'a pas seulement battue Rebekah, il m'a torturée et il m'a tué, fis je en lui lançant un regard assassin. Il m'a tué Bekah. Et c'est uniquement grâce à la protection de trois sorcières qui sont arrivés au bon moment de je-ne-sais-quelle-façon que je suis encore en vie. Et tu ne peux même pas t'imaginer ce que c'est que de mourir pour revenir ensuite.
- Que cela est dommage.
La voix tout aussi sombre, comme sortie d'outre-tombe, que mielleuse, qui vient de prononcer ces quatre petit mot est celle de quelqu'un que, malheureusement pour moi, je saurai reconnaître même si j'étais au bord de la mort. Une lourde présence se fait sentir dans mon dos, alors qu'un doigt glacial glisse le long de ma nuque pour descendre jusqu'au milieu de mes omoplates, ce qui semble stopper le temps momentanément. Mais aussitôt que je suis en capacité de reprendre mes esprits, d'un réflexe inouï, je me tourne vivement vers Nicklaus dans mon dos, pour le pousser de toutes mes forces de vampire.
- Ne me touches pas sale bâtard ! je hurle.
Et je disparais, aussi rapidement qu'il m'est possible de courir, d'enchaîner les pas. Car après avoir insulté un hybride Originel, il vaut mieux pour sa survie s'en aller extrêmement loin pour ne plus jamais le recroiser. Ou sinon, et bien il n'est pas difficile de deviner ce qu'il peut arriver. Sauf qu'étant une vampire que la chance semble fuir et le karma semble prendre un malin plaisir à embêter, je n'ai pas la chance de pouvoir m'enfuir sans qu'il ne finisse par m'attraper. Je fais une excellente proie b réalité, craintive mais facile à attraper, c'est étonnamment ce qui me décrit le mieux.
L'hybride au sourire narquois et aux boucles couleur blé apparaît devant moi.
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