Oh my hearts! {SeChanBaek} [T...

By MEMAXX17

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Baekhyun n'est jamais tombé amoureux, non pas qu'il soit trop exigeant, ou qu'il ne le veuille pas, bien au c... More

Chapitre 1: Coloc'.
Chapitre 2: Opposés.
Chapitre 3: Crise cardiaque.
Chapitre 4: Il.
Chapitre 5: Je suis pas ton pote.
Chapitre 6: Photographe.
Chapitre 7: Lucky in love?
Chapitre 8: Prêt à tout.
Chapitre 9: Entraînement.
Chapitre 10: Contrôle.
Chapitre 11: Événements.
Chapitre 12: BDE.
Chapitre 13: Oublié?
Chapitre 14: The first.
Chapitre 15: Le chiot.
Tag: Fr/Eng version
Chapitre 16: Deux à la fois.
Chapitre 17: Pourquoi toi?
Chapitre 18: Allô?
Chapitre 19: Croissant.
Chapitre 20: Réciprocité?
Chapitre 21: Doigt cassé.
Chapitre 22: Débarrassé de Luhan.
Chapitre 23: Je te déteste.
Chapitre 24: Prend moi/!\
Chapitre 25: Pulsions.
Chapitre 26: Ne t'approche pas.
Chapitre 27: Pardonne moi.
Chapitre 28: Deuxième fils.
Chapitre 29: Le bal.
Chapitre 30: Dance with me.
Tag
Chapitre 31: Sex under the moon /!\
Chapitre 32: Ma sœur.
Chapitre 33: Monster /!\
Chapitre 34: Poids.
Chapitre 35: Muffins.
Chapitre 36: Rain
Chapitre 37: Coupable.
Chapitre 38: Gémis mon nom. /!\
Chapitre 39: Alone.
Chapitre 40: Combat
Chapitre 41: Pacte.
Chapitre 42: Attente. /!\
Chapitre 43: Bus.
Chapitre 44: Le meilleur.
Chapitre 45: Incertitude.
Chapitre 46: Danse.
Chapitre 47: Parfum
Chapitre 48: Pourquoi toi?
Chapitre 49: Japon /!\
Chapitre 51: Chanyeol VS Sehun
Chapitre 52: Un dernier baiser.
Chapitre 53: Pourquoi?
Chapitre 54: Larmes.
Chapitre 55: Récupère-moi.
Chapitre 56: Sex-friend
Chapitre 57: Décision.
Chapitre 58: Au final...

Chapitre 50: Ta fierté et ton sang.

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By MEMAXX17


Point de vue de Chanyeol

Ca fait cinq minutes que je fixe avec remords mon téléphone sans être capable de rappeler Baekhyun. Une fois de plus, il a raccroché en pleurant. Je sais que ce n'est pas ma faute, mais que voulez-vous, je ne peux pas m'empêcher de penser que si je n'avais pas abordé le sujet épineux de Luhan, tout cela ne serait pas arrivé.

Sa voix me manque déjà. La natation est difficilement parvenue à contenir ma colère. Comment est-ce que battre des pieds et des poings dans l'eau, comme un poisson à-demi mort, pourrait vider ma poitrine de toute cette rage qui macère depuis tant d'années ? C'est simple, rien ne peut me libérer.

Après avoir contemplé pendant plusieurs minutes le ciel gorgé d'étoiles en pensant qu'à des kilomètres de là, l'amour de ma vie se fondait dans les bras d'un autre, je suis allé courir. En jean et en chemise. Je me suis barré de l'internat et me suis enfoncé sur les petits sentiers qui bordent l'est de l'école. Mes nouvelles chaussures sont couvertes de boue mais c'est pas grave parce que, j'en avais besoin. J'ai franchi la limite où la barrière rouillée tranchait la forêt et l'école et me suis enfoncé dans les bois. Un écureuil m'a suivi une bonne partie du trajet jusqu'à ce que je me retourne et qu'il flippe. Plus je progressais entre racines, branchages et fourrées, plus ma chemise me collait au dos comme une seconde peau. Je transpirais, je pantelais mais je n'ai pas songé un seul instant à m'arrêter. Je n'avais même pas soif. Ma gorge brûlait seulement.

J'ai accéléré, agrandi mes foulées et me suis mis à frapper sur tout ce qui passait, les troncs, les feuillages, les cailloux, je me suis déchaîné. La terre s'est infiltrée sous mes ongles jusqu'à ce qu'ils deviennent noirs. J'ai gratté le sol comme un chien en imaginant que c'était le visage de Sehun.

J'aurais pu lui arracher la peau.

J'ai détaché les écorces d'un chêne, suffisamment vieux, pour qu'elles s'arrachent d'elle-même en imaginant que c'était ses deux yeux que je sortais de leurs orbites.

Je me suis remis à courir jusqu'à l'arbre.

L'arbre où je me rendais la première année pour fumer tranquille et écrire dans ce carnet stupide quand ça n'allait pas. Je racontais mon histoire en me disant qu'un jour, quand je serais mort d'une balle dans la tête, parce que je ne survivrais pas toute une vie dans ces conditions, quelqu'un le trouverait et publierait ma vie pathétique.

L'arbre pour lequel je n'avais aucune affection quand je venais m'en griller, a maintenant des initiales gravées. En les voyant, mes yeux se sont voilés de larmes.

BBH

J'ai passé le bout de mes doigts dessus puis posé ma tête contre le tronc. Mes soupires étaient las et sans fin. J'ai regardé mes mains couvertes de terre tandis que le goût du sang baignait ma bouche et j'ai réalisé alors que... oui. Je suis un monstre. Et que non, Baekhyun, peu importe les illusions qu'il m'offre, ne m'a pas guéri. Dès qu'il n'est pas dans les parages, mes vieux démons resurgissent.

J'entends cette voix dans ma tête qui me crie de lâcher prise. Je suis si tenté de le faire mais si je craque, je perdrai le dernier souffle d'humanité qu'il reste en moi, la dernière brise de rectitude qui m'éloigne de la folie.

Un suicide ne prend pas beaucoup de temps. Il suffit que pendant une demie seconde il prenne le dessus et alors s'en sera fini. Combien de fois ai-je regardé les voitures en me demandant si le pare-chocs m'atteindrait avant que les roues m'écrasent, ou si j'allais carrément me faire projeter suffisamment loin pour que la personne dont je venais de gâcher la vie en même temps que j'avais supprimé la mienne, ait le temps d'apercevoir mon visage. Chaque fois que la voiture s'approchait je regardais le visage du conducteur et je pensais à tout ce que mon geste engendrerait. S'il n'était pas accusé d'inattention, de conduite en état d'ivresse ou d'homicide volontaire, j'aurais au moins réussi à gâcher sa vie en le faisant se sentir constamment coupable, en lui rappelant que s'il n'avait pas envoyé un texto à sa femme pour lui dire qu'il serait en retard au dîner des voisins, si elle n'avait pas jeté un coup d'œil dans son rétro, sur les nerfs, en hurlant aux deux gamins de se la fermer, que si elle n'était pas montée dans cette voiture après avoir rompu et qu'elle ne pleurait pas, que s'il n'avait pas accéléré pour ne pas rater le début du match, ils auraient pu m'éviter.

Mais je ne veux pas leur imposer cette souffrance quotidienne, ces cauchemars où ils reverront ma face écrabouillée sur le bitume. J'en fais déjà assez comme ça.

Je me suis assis dans la terre, les mains sur les tempes et ai repris mon souffle. Un souvenir a jailli et je me suis alors vaguement remémoré, avoir laissé mon cahier dans la cavité de l'arbre. J'ai fait l'effort de me relever, l'ai récupéré et me suis affalé sans plus aucune force.

La couverture était noire de terre et couverte de fourmis que j'ai chassées de ma main. J'ai observé les encoignures vieillies par tous les plis blancs, qui fendaient la reliure verte, et ai promené mes doigts sur le petit ruban, étonnamment intact, que j'avais glissé entre les deux dernières pages. Il faisait déjà nuit mais je suis tout de même parvenu à apercevoir la forme irrégulière de mon écriture qui couvrait les pages, sans laisser le moindre espace inoccupé. J'ai eu beau froncer les sourcils, j'étais incapable de déchiffrer la moindre lettre et me suis munis de mon téléphone pour activer la lampe torche et y voir quelque chose.

J'avais un message de Yoona mais je n'ai pas pris la peine de l'ouvrir. S'il n'était pas de Baekhyun ou de cet abruti de-... ou de Luhan, je n'en voyais pas l'intérêt.

Les premiers mots sont apparus et j'ai tout de suite senti le poids qui pesait sur le « moi » d'il y a un an. J'ai immédiatement compris que le désespoir gravé dans ces lignes, était un moyen pour moi de m'en débarrasser.

J'étais bien naïf.

Une part de moi, curieuse, était pressée de savoir quelle période de ma vie je traversais, qu'elle difficulté j'éprouvais, quelles pensées me submergeaient. Tandis qu'une autre, bien plus grande, avait peur de ce que j'allais y découvrir.

Mon cœur battait à vive à allure, pas comme quand je faisais du sport, ou je baisais. Non. C'était des battements d'angoisse, d'affolement. J'aurais sans doute dû refermer ce stupide carnet et m'en débarrasser mais j'ai continué de lire en sentant mes yeux se remplirent de larmes.

Aujourd'hui, j'ai encore cassé la gueule d'un pauvre type. J'sais même plus pourquoi j'fais ça. Ca me gave. J'en ai marre. Pourquoi s'est tombé sur moi ? Mark continue de m'affirmer qu'on a aucune pathologie dans la famille alors pourquoi ? Je sais qu'il faut bien que ça commence par quelqu'un mais... pourquoi moi ? Pourquoi pas ma sœur ou mon cousin ? Ça aurait tellement été plus simple... Je ne dors plus de la nuit. Je suis fatigué des chuchotements qui crient dans ma tête. De cette voix qui me dit quoi faire... J'ai le sentiment que si je l'écoute, j'aurais moins mal... Pourtant je ne peux pas m'y résigner.

Je me sens tellement seul...

J'aimerais qu'on m'aide.

Mark et Yoona sont là mais ça ne me suffit plus. J'ai envie de partir. Loin d'ici. Je suis à deux doigts de faire une connerie mais personne ne remarque mes S.O.S. Ici on a peur de moi, à la maison on m'évite, dans la rue on me juge. J'ai l'impression que je n'ai pas ma place dans ce monde. Que « lui » mérite d'exister bien plus que moi et qu'en naissant, je lui ai volé sa place. Peut-être que je devrais la lui rendre en le laissant reprendre le contrôle. J'entends encore sa voix...

Pitié sauvez-moi...

Quelqu'un...

N'importe qui... Aidez-moi...

J'ai refermé le carnet d'un coup sec en essuyant mes yeux. Je crois avoir trouvé cette personne et pourtant, ce n'est pas avec moi qu'elle est en ce moment. C'est avec un autre... Comment faire pour la récupérer ? J'en sais rien. Je manque d'idées. Je dois lui prouver que je suis bien plus méritant, que c'est à mes côtés qu'elle devrait se tenir mais quels arguments vais-je lui avancer ?

Je l'ignorais. Tout ce qui m'est venu à l'esprit était une liste interminable de mes défauts qui m'a fait comprendre à quel point j'étais pathétique.

Je voulais l'appeler. Je voulais entendre sa voix.

J'ai récupéré mon carnet et me suis enfuis en sens inverse, le cœur lourd, les yeux gonflés de larmes, je devenais fou.

***

J'en suis déjà à ma quatrième cigarette de la soirée. Je n'arrive pas à déstresser. J'ai du mal à déglutir, malgré l'air frais qui imbibe mes poumons, je me sens congestionné de l'intérieur, comme si un démon entravait le bon fonctionnement de mes organes. Yoona m'appelle pour la troisième fois et je refuse à nouveau son appel. Si je ne peux pas être avec Baekhyun, je veux au moins être seul et qu'on arrête de me prendre la tête.

Je croise mes bras et pose ma tête dedans en contemplant la forêt. Un nouveau message vient agiter mon cellulaire. Je perds patience et finis par rappeler Yoona. Il y a intérêt à ce que ce soit important.

J'allume une nouvelle cigarette, tire une taffe et soupire.

- Allô ?

- Enfin tu réponds ! T'étais où ? s'énerve-t-elle.

- Je t'en pose des questions ? Je suis majeur à ce que je sache. Qu'est-ce que tu veux ?

- Espèce d'abruti ! Je suis avec la maman de ton coloc ' !

- Et ? Qu'est-ce que je peux bien en avoir à faire ?

- Luhan est introuvable ! On a essayé de le contacter au moins dix fois, il ne répond pas ! Tout le monde est très inquiet ! Les jurés sont repartis à l'hôtel, mais tout le monde le cherche. J'ai remué ciel et terre, je suis même entrée au dortoir des garçons, on ne sait pas où il est ! Sa mère est à côté de moi, elle est super inquiète ! Tu n'as pas une idée où-

- Vous avez vérifié notre chambre ?!

Sans le réaliser, j'ai écrasé ma cigarette et me suis redressé, en alerte.

- Non ! On n'a pas ta clé et le gardien est en week-end ! Je ne me souviens même plus le numéro de ta chambre. Il y en a au moins trois-mille.

Je ne vais pas dire que la disparition de Luhan m'inquiète, mais elle me dérange un peu. J'essaye de relativiser. Il doit probablement être sous la douche avec ses girls-band à la con. A tous les coups, il n'entend pas son portable.

Oui mais... il pouvait à peine marcher en sortant de la représentation, me souffle une voix dans ma tête.

Jongin a dû l'aider, c'est probablement ça.

Peut-être qu'il avait trop honte et qu'il ne voulait pas affronter sa mère. Il doit probablement flipper de s'être ramassé devant les danseurs les plus prestigieux du monde. Est-ce que je lui en veux ? Ouais.

Il est tellement faible face à un type qui n'en a rien à foutre de lui.

Exactement comme toi.

Je ne comprends pas comment il peut continuer de prendre ses illusions pour des réalités. Ce type ne l'aimera jamais et ne portera jamais son attention sur lui. Il sait à peine qu'il existe.

Et toi comment peux-tu?

Il est tellement con.

Tu es tellement con.

Il est en train de gâcher sa vie à l'attendre, pour rien.

Tu détruis la tienne à rester passif.

Il faut qu'il ouvre les yeux et qu'il prenne conscience qu'il vaut bien mieux que ça ! Je ne supporte plus de le voir dépérir à cause de Sehun. Il pense cacher ses pleurs mais la nuit, je l'entends renifler.

Et lui t'entend te parler à toi-même. Il t'entend donner des coups de pied de ton sommeil et jurer dans ta barbe au réveil.

Je ne sais pas pourquoi mais mon instinct me pousse à passer par l'issue de secours pour prendre un raccourci. J'ai le sentiment que la situation est urgente alors qu'en fait, je vais juste le découvrir assis sur son lit avec sa gueule habituelle de chien battu qui aura raté sa vie. Je prends une grande inspiration parce que je sais que cette fois, je ne pourrai pas faire comme si je n'avais rien remarqué. J'étais là quand ça s'est passé. Je l'ai vu échouer de mes propres yeux. Alors je vais devoir l'écouter chouiner pendant un quart d'heure, jusqu'à ce qu'il s'endorme. J'aurais rempli mon devoir, je crois. Après tout ma capacité à faire passer mes besoins après ceux des autres, est bien la seule chose qui me distingue d'un animal. Il faut que je la conserve si je ne veux pas sombrer dans la folie.

En fendant le couloir, je me mets à détester Sehun encore plus que quelques minutes auparavant. Il m'arrache Baekhyun et anéantit Luhan rien qu'en existant. Même si je supporte à peine Luhan, je ne peux pas imaginer une seconde m'en prendre à lui, alors qu'un autre le fasse à ma place me rend dingue. Il est tellement vulnérable. Je lui ai volé son premier baiser et ça m'a suffi.

Au cas où vous n'auriez pas encore compris, Sehun est le connard de l'histoire.

Même si j'ai l'air probablement d'un calme immuable, un tonnerre de panique gronde en moi. Je n'arrive même pas à insérer la clé dans la serrure de notre chambre et quand je le fais, mes mains glissent trop pour que je puisse la tourner. Je les essuie à plusieurs reprises, mon carnet coincé sous mon bras et entreprends à nouveau de déverrouiller la porte. Cette fois, le clic sonore se fait entendre. Luhan ne ferme jamais la porte d'habitude... C'est d'ailleurs un de ses gros défauts. Je passe mon temps à lui répéter que je n'ai pas envie qu'on vole mon ordinateur et que s'il n'a pas envie que je vide ses tubes de cosmétique à la poubelle, il a intérêt à fermer correctement le porte : ce qu'il ne fait évidemment pas. Alors, je suis honnêtement surpris qu'il ait pris la peine de la fermer.

Peut-être qu'il n'est finalement pas revenu ici. Peut-être qu'il avait envie de prendre l'air et d'aller faire un tour.

Avec une cheville foulée ?

A l'intérieur, il fait noir et une odeur de putréfaction m'agresse le nez. Je grogne et me pinçant fortement les narines. Mais qu'est-ce qui pue comme ça ? J'ai pourtant laissé mes chaussures dehors... J'avance à l'aveuglette jusqu'à mon lit où se trouve l'interrupteur et presse mes doigts dessus pour éclairer la pièce.

La première chose que j'aperçois se trouve être les chaussons de danse de Luhan, complètement disloqués, posés négligemment à même le sol. Le tissu est arraché par endroits, la pointe est pliée en deux mais l'ensemble est tout de même en bon état, comme si on avait essayé de les détruire sans y parvenir. La première question qui me vient à l'esprit est : qu'est-ce qu'ils font là ? Luhan a pour habitude de les ranger religieusement dans une boîte, comme s'ils étaient précieux.

Mes yeux balaient frénétiquement le sol jusqu'à apercevoir les pieds nus de Luhan.

Derrière ses chaussons, sa silhouette m'alerte immédiatement. Il ne bouge pas.

Sa tête dodeline sur le côté et pendant un instant, lorsque mes yeux croisent ses bras striés de rouge, mon cœur cesse de battre. Mon corps tout entier se contracte face à cette vision d'horreur et la bile me monte à la gorge.

Des tas de questions, d'angoisses et d'hypothèse me viennent à l'esprit mais une seule ressort réellement. J'ose à peine me la poser. Est-ce qu'il est vivant ? Jamais dans toute ma vie, je n'aurais pensé un jour voir un être humain dans cet état. Le seul que j'aurais pu imaginer souffrir au point de vouloir en finir c'est moi. Mais pas lui.

Lui qui est si souriant. Si bruyant, si bavard... Je ne comprends pas.

J'ai envie de vomir et à la fois, les larmes de désespoir m'en empêchent. Je ne sais pas quoi faire. Je suis totalement désemparé. Mes genoux cèdent et je tombe au sol, la main devant la bouche. J'ai du mal à supporter cette vue inhumaine, qu'on ne voit que dans les films.

J'aurais préféré qu'il choisisse un rasoir au hasard mais ce qu'il tient dans sa main n'est pas sans importance car c'est avec mon couteau qu'il s'est fait du mal. C'est à cause de moi... Si seulement je ne l'avais pas laissé traîné... Peut-être que... J'ai l'impression d'être celui qui a précipité sa chute. Si la culpabilité de l'avoir laisser sans surveillance un instant, me tord les boyaux, celle de voir mon couteau dans sa petite main, achève de me rendre malade. Je me mets à vomir, juste un peu, sur un coin de la moquette, sans pouvoir détacher mon regard de sa peau diaphane.

Ses bras sont dans un état pitoyable. Le sang a fini par sécher entre les coupures encore fraîches, mais continue de couler par endroit. Sa chair scintille sous la lumière de la chambre qui lui donne un halo doré alors qu'en réalité il est pâle comme... comme un cadavre.

Je ne sais pas s'il a pleuré mais des tonnes de mouchoirs gisent à ses pieds. Je prends une seconde, entre deux inspirations névrosées, pour observer son visage et un cri effrayé quitte alors ma gorge.

- Luhan ! Non !

Il a l'air bien trop paisible, presque soulagé, pour quelqu'un d'aussi torturé que lui. Je ne veux pas pleurer car ce n'est pas le moment mais je ne peux pas m'empêcher de penser à sa mère... qui doit attendre que je rappelle... que je lui dise qu'il va bien, que je l'ai retrouvé qu'il est avec moi...

Je ne peux pas lui mentir. Pauvre femme. Je n'arrive déjà pas moi-même à réaliser ce que je vois, alors je n'ose pas imaginer la douleur qu'elle ressentira en apprenant que... que son fils a commis un acte aussi désespéré. Je repense à toutes ses fois où le héros d'un film n'a pas assez de cran pour sauver ses amis et que, sur mon canapé, je lui hurle de se bouger le cul. Je lui dis que moi, j'aurais tellement mieux fait. Moi j'aurais agi.

Sans savoir que le jour où ce héros, se serait moi, je serai incapable de garder mon sang-froid et de faire quelque chose qui pourrait lui sauver la vie. Sauver la vie de... de mon ami.

Bizarrement je n'ai pas de mal à ravaler ma fierté car je dois admettre que Luhan est mon ami. Je ne peux plus mentir là-dessus. Au fond, on se ressemble. On se déteste tous les deux si fort, qu'on n'a pas été capable de se rendre compte de nos ressemblances. Il est seul, il attend Sehun, je le suis aussi, et j'attends Baekhyun. Il a des rêves, celui de devenir danseur, je voudrais juste guérir. Il est brisé par son manque de confiance, je suis détruit par cette voix qui résonne dans ma tête. Sa gentillesse n'égalera jamais ma méchanceté mais son insolence dépasse ma colère et arrive même à me clouer le bec.

Il est peut-être le seul qui jusqu'ici a été authentique avec moi, tant dans ses mots blessants, que dans ses blagues pourries.

- Je ne veux p-pas que tu meurs...

Je ne pleure pas souvent mais là, je ne fais pas semblant. Ma vision est complètement brouillée par les larmes tandis que je m'avance vers lui à quatre pattes. Il faut que j'agisse.

Je ne supporte plus de le voir aussi loin. Mes bras s'enroulent autour de lui, pendant que je presse mon index son contre son cou. J'attends plusieurs secondes, sans respirer jusqu'à percevoir une faible pression contre mon doigt.

Boum-boum.

Son cœur bat. Il est vivant. Mais terriblement faible.

Ce constat me ramène à la raison et je pense alors à faire ce que j'aurais dû faire depuis le début. J'appelle les pompiers et m'exprime avec agitation pour leur expliquer la situation, agacé par leur manque de rapidité.

- Monsieur calmez-vous s'il vous plaît et répétez nous l'adresse.

- Je vous l'ai déjà dit, c'est à l'école sport-étude du troisième arrondissement ! Dépêchez-vous !

- Pouvez-vous me répéter la raison de votre appel s'il vous plaît ?

- Quoi ?! Mais vous êtes sérieux ?! C'est une blague ?! hurlé-je dans le combiné en pressant Luhan contre moi. Si vous ne vous bougez pas il va mourir vous m'entendez ?!

Un long silence s'en suit et je réalise alors que ma respiration est erratique, complètement enragée. J'ai l'air d'un lion prêt à l'attaque mais je suis seulement bouleversé. Je veux qu'il s'en sorte.

- S'il v-vous p-plaît sauvez-le... J-je veux p-pas qu'il m-meurt... C'est m-mon meilleur ami...

Les sanglots remplacent ma colère habituelle et je me laisse complètement allé, contre le corps inanimé de Luhan. J'ai du mal à parler mais après cinq minutes où le pompier me demande de me calmer et de respirer un bon coup, je parviens à lui réexpliquer la situation. En raccrochant, je me rends compte que je suis incapable de rester en place, là, bien tranquille à les attendre alors que Luhan doit probablement souffrir le martyr. Il a perdu beaucoup de sang et malgré son état de faiblesse intense, il est loin d'être froid comme pourrait l'être un mort. Au contraire, il est bouillant.

Je ne réfléchis pas, abandonne mon carnet le soulève pour me diriger à la salle de bain. Il a de la fièvre. J'en suis sûr. Mes mains sont couvertes de terre mais je ne peux pas m'empêcher de caresser son front pour empêcher ses cheveux de masquer ses yeux.

J'allume le robinet et fais couler de l'eau glacée puis, je déshabille Luhan. Je retire tout son costume, en le déchirant lorsque ses bras blessés m'empêchent de l'enlever. Je ne prends pas le temps d'observer son torse nu où ses cuisses sensuelles et le dépose dans l'eau avant de me dénuder pour le rejoindre.

Je me rince les mains avec du savon puis lave doucement son corps en le gardant tout contre moi. Sa bouche est entre-ouverte et sa tête renversée à l'arrière comme un bébé endormi. Je lave aussi ses cheveux. Même si l'eau gelée me fait claquer des dents, je continue de faire tremper ses bras en passant mon pouce sur les coupures les plus légères. Je ne l'avais pas remarqué mais... j'ai arrêté de pleurer. Je ne veux pas qu'un autre que moi le voit dans cet état de faiblesse. Il n'aurait pas aimé que les autres sachent qu'il souffre. Alors, j'essaie de le rendre beau en nettoyant son visage, ses lèvres sèches et blanches, ses pommettes hautes, puis son dos. Lorsque j'ai fini, je place ma main sur sa nuque et chuchote à son oreille :

« Ça va aller, tu vas t'en sortir. Je te le promets. »

La pièce est étrangement silencieuse. Je n'entends que ma propre respiration mais ça a quelque chose de rassurant. J'ai presque l'impression que Luhan est simplement endormi. Je ferme les yeux, le nez dans ses cheveux, les larmes au bord de mes paupières et me concentre sur ce que j'entends.

Au loin, j'entends quelqu'un frapper à la porte mais la voix familière qui résonne de l'autre côté me fait comprendre que je ne pourrais pas cacher plus longtemps la vérité.

- Chanyeol ! Ouvre !

C'est Yoona. Et la mère de Luhan.

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