Je lui tends une tasse de café et m'assois à ses côtés sur le canapé. Elle s'est enroulée dans mon plaid et me remercie.
Je frotte la tasse de mes mains et prend la parole.
- Alors qu'est-ce que tu as bien pu faire ? Tu me fais peur.
Elle m'a vraiment fait peur. Arriver comme ça à l'improviste et me dire ça ! Elle n'est même pas maquillé et aussi joyeuse qu'à son habitude. Et ça m'inquiète.
Elle soupire et me sourit nerveusement.
- Alors... Comment te dire... Heu...
Elle regarde le liquide dans sa tasse. La tête baissée.
- Tu peux tout me dire, tu sais.
Je l'encourage.
- J'ai couché avec Hoseok.
Elle dit ça rapidement, comme si ça lui brûlait la langue de dire ça.
Je ne dis rien pour autant. Juste un sourire qui étire simplement mes lèvres. Elle le remarque et me tape le bras.
- Ne souris pas ! Ça n'aurait jamais dû arriver !
Je rigole devant sa mine gênée. C'est vraiment la première fois que je la vois sans toute cette confiance en elle.
- Il n'y a rien de drôle Liana ! Aide moi !
- Commence déjà par m'expliquer comment c'est arrivé, avant de m'agresser.
- Tu veux vraiment tout savoir ? Parce que ça peut être gênant.
- Si ça te permet de ne pas être seule à porter tout ça. J'écouterais jusqu'au bout.
Elle prend une gorgée et dépose doucement la tasse sur la petite table basse.
- Alors par où commencer...
- Par le début peut-être.
Je pouffe et elle me montre du doigt, m'interdisant de me moquer.
Et c'est ainsi qu'elle commença son long discours auquel j'absorbais tout les moindres détails.
- Alors comme tu t'en doutais déjà, il était prévu qu'il me montre un film. Donc j'arrive chez lui tranquillement. J'ai apporté quelques petits trucs à grignoter. Normal quoi. Donc j'arrive, il m'accueille comme à son habitude et il m'explique qu'on sera seuls parce que tout le monde avait des choses de prévu ce soir-là. Rien de plus. On se cale sur le canapé et on grignote devant le film. On rigole de temps en temps et on le commente quand ça nous fait rire. Le pire, c'est que le film était vachement bien !
Je rigole quand elle s'exclame comme ça. Puis elle reprend.
- Donc le film passe. Tout va bien. Puis il se termine sur une note excellente, tu vois ? Donc on décide de zapper les chaînes parce qu'on ne savait pas vraiment quoi faire. Il zappe, il zappe et boom, tu ne sais pas quoi ?
À fond dans son histoire, je la regarde la bouche entrouverte.
- Coupure de courant ?
Et frappe des mains et me regarde.
- Non ! Un film d'amour et on tombe pile-poil sur la scène de cul !
Je rigole face à son air complètement hilarant.
- Donc y a vraiment eut un gros blanc. Genre limite, on était gênés ! Dans ma tête c'était plutôt un truc du genre "Mon Dieu qu'est ce que je fais ?!", je te jure, on était dans une ambiance trop bizarre. Comme ça, d'un seul coup !
Elle claque des mains brusquement et cris un boom.
- Et la, je tourne la tête et je tombe nez à nez avec lui ! J'ai bien vu qu'il était gêné lui aussi, mais il a retourné cette faille contre moi ! Il m'a souri en me disant un truc du genre "Bah comme ça, on est gêné ?" Là, j'me suis dit "putain le con", déjà parce qu'il était très proche et parce que lui aussi, il l'était !
Elle me fait rire avec son air choqué, je remarque quand même un semblant de sourire quand elle parle. Mais je me concentre sur son histoire, bien trop intéressante.
- Donc là, mes yeux, ils font des vas et viens entre les siens et sa bouche. Comme on dit, sexe tension. Parce que j'avais qu'une envie sur le coup. C'est de l'embrasser et mon dieu pourquoi je dis ça !
Elle se claque les joues. Comme pour se remettre les idées en place.
- Et tu l'as embrassé ?! Je demande complètement hystérique sur le coup.
C'est vraiment la première fois que j'entends quelques choses en rapport avec l'amour sans que ce soit dans un de ces films à l'eau de rose.
- Non ! Elle s'exclame. C'est lui !
- Wow, et après ?
-Hé, bah, j'me laisse faire hein... Je ne vais pas mentir. J'en avais quand même un peu envie. Sur le coup. Puis, il embrasse bien cet idiot. Mais au bout d'un moment, je l'ai repoussé.
Je tape mes genoux.
- Pourquoi ?
- Attend attend. Donc je le repousse et il me regarde. Là, je dis sans m'en rendre compte un "pourquoi je fais ça ?" Pourtant, ma petite conscience m'a susurré de foncer donc j'me suis dit, "Hé puis merde." Et je l'ai chopé par le t-shirt pour l'embrasser. Et je me suis retrouvée couché sur le canapé.
Il y'a un sourire béat sur mon visage et sur le sien.
- Donc après, dans le mood, je fais le premier pas et je l'attrape par la manche et monte les escaliers. Bien sûr, je trébuche et j'ai failli me casser la figure sévère ! On s'est vraiment éclaté de rire. Je sais pas si ça a casser l'ambiance ou si ça a rajouter un truc à mon envie.
Je rigole, je l'imagine tellement en train de tomber dans les escaliers.
- On rentre dans sa chambre et il ferme la porte derrière pour ensuite continuer à m'embrasser. Comme dans les films. Sérieusement. En y pensant, c'est embarrassant. Et c'est là qu'on passe aux choses sérieuses. Tu veux vraiment avoir les détails ? Enfin pas trop détaillé non plus.
J'affirme de la tête. Bien sûr que je veux tout savoir ! C'est la première qu'on me parle d'une aventure sexuelle !
- Hé bien. Je vais quand même faire court parce qu'en reparler, ça me fait bizarre. Donc il m'allonge sur le lit. Même si j'ai failli casser une latte. Mais on va passer outre ça. Ahah. Puis il retire son haut. Je suis vraiment resté figé sur son torse. Ce mec est putain de bien foutu. T'y crois ça ! Puis il me sort en voyant que je le regarde un vieux "Je sais que je suis beau tu veux toucher ?" Non mais ce gars...
Je hausse les épaules le sourire aux lèvres. Comment je pourrais savoir. Puis il me fait bien rire, c'est drôle de savoir comment il est en dehors de la facette qu'il nous montre.
- Je me suis un peu foutu de lui sur le coup, mais ce n'est pas grave. Donc bref, on se déshabille dans une ambiance toujours aussi sensuelle. Et on commence nos affaires. Mon dieu si tu savais les mains qu'il a !
Je rougis, rouge de gêne. C'est vrai qu'elle ne met pas de limites sur ses mots.
- Enfin bon pour finir. J'ai passé une bonne nuit. Vraiment. Il est doué. C'est ça le pire.
Je cligne des yeux.
- Hé ? Pourquoi tu es venu comme une folle en ayant l'air d'avoir fait la plus grosse connerie de ta vie ? Si c'était bien ?
- C'est ça le souci ! C'est que j'ai aimé ! Avec lui ! Comment je vais faire pour le regarder en face moi ?
- Je ne doute pas de toi. Ni de lui. Je suis sûr que ca ne changera rien. Enfin, j'espère.
Elle hoche la tête. Puis finis sa tasse.
- Assez parler de moi et de mes conneries, parlons de toi ma petite Liana. J'ai appris que tu travailles avec Suga. Tu n'as pas cédé la colère j'espère ?
Je me gratte la tête. Et lui sourit pour lui faire comprendre que si.
- Ne t'inquiète pas ma biche. Tu vas t'y faire.. Mais qu'est-ce que je vois là ?
Elle montre du doigt le sac de vêtement que j'ai acheté tout à l'heure.
- J'ai acheté ça avec Jungkook ce matin. Je sais, j'ai craqué...
Elle réfléchit deux minutes. Et marmonne dans sa barbe.
- La colère, l'avarice... Dit donc !
Elle s'exclame plus fort.
- Hein ? Quoi ?
- Tu es en train de céder aux fameux péchés ma belle. Regarde, toi qui était si peu dépensière et ne t'énervais jamais. J'ai bien l'impression que tu prends plus sur toi. C'est bien !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Ça n'a rien à voir avec les péchés. Retire-toi cette idée dans ta tête.
Je frappe gentiment sa tête en même temps.
- Tu verras. J'en suis sûre ! La nouvelle Liana est en route.
Je souffle du nez. Elle dit n'importe quoi. Et puis quoi encore. Comme si j'allais changer pour des trucs futiles comme ça.
Faux. Les sept pêchés dépassés. L'inconscience aura pris le dessus sur l'innocence.
La sonnette retentit.
Je me fige.
Oh mon dieu.
Je chuchote à Hyun Hae quelques chose.
- C'est ma mère ! J'avais complètement oublié qu'elle venait !
Elle écarquille les yeux et se remet droite comme un bâton.
Je me dirige vers la porte à pas méfiants.
Puis l'ouvre.
Je tombe bien évidemment sur les yeux parfaitement maquillés de ma mère.
Elle se stoppe et me regarde haut en bas.
Puis remarque la présence de mon amie. Qu'elle méprise à son tour.
- Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Et qui est cette fille ?
...
Étonnamment. Je remarque pour la première fois cet aspect de ma mère.
La méprise.
Et ce n'est que le début d'une longue remise en question.