À Jamais Plus De Cinq Cents M...

By bookishwitcher

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COVER REVEAL !
Prologue
Chapitre 2 (Version Édité)
Chapitre 3 (Version Édité)
Chapitre 4 (Version Édité)
Chapitre 5 (Version Édité)
Jour de sortie + Cover Reveal tome 2 !
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Chapitre 1 (Version Édité)

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By bookishwitcher

Eliza

— Eliza ? As-tu terminé tes cartons ?

Assise au milieu d'un tas de boîtes, je lâche un rire nerveux. Si j'ai fini ? Je me noie sous une pile de vêtements qui refusent d'entrer où que ce soit. Ma trousse de maquillage, trop précieuse pour aller dans une valise, est aussi trop lourde pour mon sac de transport. Je ne trouve plus mes Converse préférées que Roxanne m'a offertes à mon anniversaire. Une catastrophe !

Toutefois, je prends une grande inspiration. Comme Papa le disait souvent, dans ce genre de moment, il faut voir le bon côté des choses. Je ne suis pas seule pour affronter ce désordre.

— Eliza ? Ma puce, tu...

Maman se fige dans l'embrasure de la porte, éberluée, et laisse tomber au sol le bouquin qu'elle tenait entre ses mains. Elle le ramasse avant de me faire les gros yeux.

Contente ou pas, ma mère reste une femme formidable. Oui, même si elle ne le croit pas toujours. Selon elle, je suis celle qui l'a aidée à se relever après la mort de mon père. « Une chose qu'une jeune fille ne devrait jamais faire... », répète-t-elle chaque fois que je tente de la convaincre du contraire. À mes yeux, cependant, elle a tort. Car malgré la profonde dépression qu'elle a traversée, elle a su aller chercher de l'aide et se relever grâce à la thérapie. Le plus beau cadeau qu'elle ne m'ait jamais fait. Dieu sait comment combattre une épreuve aussi dure peut être difficile.

— Bon sang, Eliza ! On ne va jamais y arriver, murmure-t-elle en observant le fouillis dans ma chambre.

— C'est certain qu'en disant une chose pareille, ça ne va pas aider.

Elle cligne des paupières, déplaçant son regard cristallin entre les nombreux cartons encore vides et les piles de pulls et de jupes envahissant mon vieux bureau de travail défraîchi. Puis, d'un geste nerveux, elle glisse frénétiquement une mèche de ses longs cheveux bruns derrière son oreille avant de lâcher un profond soupir.

— Attends, je vais chercher nos munitions.

Je lève un pouce en l'air. Cette idée est plus que bienvenue. Nous allons avoir besoin de carburant afin de survivre à ce désastre.

À peine quelques minutes plus tard, elle entre à nouveau dans ma chambre, deux chocolats chauds extra crème fouettée entre les mains. Oh, et avec des guimauves. Il ne faut jamais oublier les guimauves.

— Prête ? me demande-t-elle en me tendant une tasse.

— Carrément ! Il nous reste combien de temps ?

— Environ une heure.

Nous nous dévisageons mutuellement en silence, avant d'éclater de rire à l'unisson.

— Prions Papa... pour qu'il... nous lance un miracle, balbutié-je, le corps secoué par les soubresauts de mes épaules.

Ma mère, une main nouée autour de son chocolat chaud, acquiesce d'un signe de tête, et se rapproche un peu pour bousculer mon épaule de la sienne. Elle sent le miel et le citron. Je me demande si, dans notre nouvelle maison, son parfum changera, lui aussi. J'espère que non, car il me rappelle les années que nous avons passées ici, à n'être rien d'autre qu'une famille heureuse et unie, même durant l'hospitalisation de Papa. Enfin, cela reste relatif, dans les circonstances. Cependant, jamais il n'a laissé paraître quoi que ce soit. Mon père souffrait, avait sans doute peur de la mort – qui n'a pas peur de mourir ? Mais il continuait à voir la vie du bon côté sans se départir de son sourire malgré les difficultés de ses traitements. Un modèle que j'ai commencé à suivre dès le jour de son enterrement.

Pour Maman.

Pour moi.

Pour lui.

— Ça va aller ?

La voix douce et mélancolique de ma mère me tire de mes pensées.

Je hoche la tête.

— OK. Finissons-en au plus vite, alors. Les déménageurs viennent chercher toutes les boîtes dans..., elle prend une pause, scrutant sa montre du regard : cinquante-cinq minutes !

***

Papa a dû répondre à nos prières, car nous bouclons les derniers paquets alors que le camion se gare devant la maison.

Hier, nous avons passé la soirée à faire nos adieux à cet endroit. Ce dernier renferme mes plus beaux souvenirs d'enfance, mais je suis fin prête à changer d'air. Le destin m'appelle ailleurs, j'y vais la tête haute. Ce que j'ai accompli ici, dans ce quartier modeste de Portland, restera à jamais gravé dans ma mémoire. Même si je quitte ce lieu, les sentiments qui bercent ces murs ne me déserteront pas. Ils sont là, bien au chaud dans le creux de ma poitrine. Et puis, si jamais je sombre dans la nostalgie, j'aurai toujours mes albums photo.

— Stefen !

Maman hurle en se jetant dans les bras de son copain. À ses yeux, c'est un jour très émotif. Non seulement ma mère laisse derrière elle notre « chez nous », mais elle recommence à zéro. Une nouvelle vie, un nouveau départ. Voilà ce que le vingt-deux septembre représentera à jamais dans sa mémoire. Cette matinée, plutôt ensoleillée pour un début de journée si près de l'automne, signe le commencement d'un second chemin qui se trace devant elle. Et tout cela, nous le devons à Stefen.

Après l'avoir enlacée, il s'avance vers moi. Fidèle à son habitude, ses cheveux grisonnants sont impeccablement domptés par du gel, et sa chemise blanche n'arbore pas un seul pli, mis à part sur son bras gauche, là où ma mère a déversé un torrent de larmes. Dans un geste à mi-chemin entre la familiarité et la gêne, il pose une main sur mon épaule.

— Tu es prête, Eliza ?

Je fais volte-face pour jeter un dernier coup d'œil à la devanture bleue et jaune de mon foyer. Même si j'ai toujours détesté cette couleur, elle va tout de même me manquer. Ça me fait bizarre... si bizarre. Pourtant, tout au fond de moi, je sais qu'il s'agit de la meilleure décision que Maman et moi n'ayons jamais prise depuis que nous sommes seules.

— Oui, allons-y, acquiescé-je en me retournant vers lui, un sourire triste aux lèvres.

Il me dévisage longuement, l'air compréhensif. Son côté paternel me fait penser à Papa. Maman ne pouvait pas trouver un meilleur homme pour la combler de bonheur.

— Liam n'est pas en mesure d'aider, alors ? lâche cette dernière avant d'appuyer les doigts devant sa bouche, réalisant l'horreur qu'elle vient de dire.

C'est bien du Anastasia Bright, ça. Ai-je dit qu'elle était tête en l'air ? Eh bien, voilà que sa maladresse sans nom – dont je n'ai pas hérité, à mon plus grand bonheur – revient à la charge aussi vite qu'un taureau.

— Chérie, tu sais bien qu'avec son bracelet électronique, il ne peut s'éloigner à plus de cinq cents mètres de la maison...

Chaque fois que Stefen parle de son fils, Liam, il a cet air mécontent placardé sur le visage. Crispés par ses sourcils froncés, ses traits en disent long sur ce qu'il ressent. Cela ne doit pas être facile d'avoir un rejeton sorti tout droit de prison. Pourtant, selon ma mère, il garde son calme. Peut-être est-ce parce qu'il ne veut pas laisser transparaître ses émotions et plomber davantage l'ambiance. Ou alors, il a peur de laisser libre cours à sa fureur.

Après, s'il le faisait par inadvertance, je comprendrais. Son gamin n'a rien d'agréable. Mais je dois avouer qu'il est intelligent... très intelligent. Liam était haut placé au sein d'une organisation criminelle pendant des années avant de se faire emprisonner pour je ne sais quel crime. Maintenant, il n'est rien d'autre qu'une souris suffocante dans un piège à rats. Si je ne le détestais pas, j'aurais presque pitié de lui.

Je l'ai rencontré pour la première fois il y a deux mois, en juillet. Stefen avait organisé un dîner dans un restaurant très près de son lieu de résidence pour nous permettre de faire connaissance avec son fils, qui venait tout juste de s'ajouter au portrait familial. Il ne devait pas être libéré avant un long moment, mais Liam a réussi à négocier un deal avec la Cour après trois ans d'incarcération... ou plutôt son père, en engageant des avocats affreusement bien rémunérés qui ont su plaider sa cause. Il semblerait que sa bonne conduite en prison et les circonstances atténuantes entourant son crime nébuleux lui ont valu une liberté précoce – si l'on considère être assigné à résidence comme un semblant de liberté. Moi qui rêvais d'une vie de château, je me retrouvais avec le dragon juste au-dessus de ma chambre.

Mais je n'ai pas d'autre choix que de faire avec. Et puis, nous avons conclu une trêve dans le parking du restaurant, lorsque les oreilles de nos parents se sont trouvées hors de portée : il ne me posera pas de problèmes tant que je me tiendrai loin de lui et de ses manigances. Ça me semblait équitable, j'ai donc accepté avec joie, surtout après les menaces qu'il m'a crachées à la figure, cette soirée-là, pour la simple et bonne raison que j'existais. Je ne lui avais rien fait, et ça a paru lui suffire. Cependant, ça ne me dérange pas. Même si son père et ma mère ne semblent pas s'en rendre compte, moi je reste certaine que ce type est un véritable psychopathe. Ce n'est pas parce qu'il est de retour au bercail qu'il est devenu un agneau tout blanc. Plus il fera les choses de son côté, mieux je me porterai.

Je me souviens encore de la réaction de Roxanne l'après-midi où je lui en ai parlé. En parfaite « agente » du FBI, elle a fouiné les moindres recoins de Facebook. Quelle n'a pas été ma surprise lorsqu'elle s'est mise à vanter le physique avantageux de Liam, ce « beau type bronzé et tatoué », si je reprends ses paroles exactes. Puis, elle m'a confié qu'elle espérait qu'il ne préférait pas les hommes aux femmes, car ce serait une perte pour la gent féminine – ou pour elle, surtout. Encore une fois, tout cela ne change pas grand-chose. Tant qu'il ne se mêle pas de mon année de rêve, je m'enfiche qu'il ramène des filles ou des mecs à la maison.

Mais il y a un détail qui me laisse perplexe : cette histoire de bracelet électronique.

Est-il véritablement coincé dans le manoir, vingt-quatre heures sur vingt-quatre ?

— Eliza, viens ! Nous partons, me signale Stefen en prenant place dans sa Lamborghini Aventador blanche.

— Et Maman ?

— Elle embarque avec le camion de déménagement. Elle sait combien tu aimes les voitures, répond-il avant de me lancer un clin d'œil.

— Je pourrai la conduire, la prochaine fois ?

Je retiens mon souffle tandis qu'il me dévisage, l'air amusé.

— Bien sûr, Eliza.

— Lizie. Appelle-moi Lizie.

Il acquiesce, m'observant en biais, puis fait ronronner le moteur dès que j'attache ma ceinture. Cette voiture est une bête, je n'en reviens pas d'être assise à l'intérieur ! Avec mon père, nous allions souvent au Salon de l'auto pour nous extasier devant ces monstres à quatre roues et rêver d'en posséder une un jour. Je dis bien rêver, car le prix de ce genre d'engins est juste démentiel.

— Accroche-toi, m'avertit mon beau-père avant d'appuyer sur l'accélérateur.

Presque aussitôt, mon corps s'enfonce dans le siège en cuir noir, cloué par la vitesse, et nous passons la demi-heure suivante à zigzaguer entre les véhicules. Il faut admettre que peu de gens ont envie d'endommager ce type de bolide ; la plupart des automobilistes s'écartent donc de la voie de dépassement, nous laissant le champ libre. Mais dès que nous entrons dans les zones résidentielles, Stefen perd toute sa témérité et ralentit considérablement afin de respecter les limites. Il tourne à gauche, ensuite à droite, et au fur et à mesure que la voiture approche du quartier où il habite, les villas semblent doubler de superficie.

Je n'ai jamais visité la maison de mon beau-père avant aujourd'hui. Ça peut paraître étrange, mais j'avais le sentiment de trahir Papa. Ma mère a toujours respecté ma décision ; c'était soit lui qui venait, ou elle qui allait passer le week-end dans son manoir de rêve. Cependant, après plusieurs mois, j'ai fini par me faire à l'idée. De toute façon, je suis certaine que mon père ne voudrait pas que nous restions seules dans notre vieille maison et qu'aucune de nous deux n'avance après tant d'années. Il est grand temps que Maman trouve le bonheur de son propre chef. En plus, ce déménagement lui permet de se rapprocher de son boulot. D'une pierre deux coups !

— C'est ici, me signale Stefen.

Lorsqu'il gare la Lamborghini dans l'allée, je saute à l'air libre et pose la main au-dessus de mes yeux pour ne pas être aveuglée par le soleil. La demeure, d'au moins deux étages au premier regard, est juste... immense. Et même là, le terme ne semble pas assez grand ni élogieux. Les poutres blanches, soutenant le toit noir de l'entrée, me rappellent celles qui supportaient la devanture de la fraternité dans laquelle j'ai habité, l'an dernier. Trois ans à tourner en rond dans un programme ne me convenant pas, pour l'abandonner à un an de l'obtention du diplôme. Au moins, j'ai beaucoup appris de toute cette expérience : je sais maintenant que le domaine de la finance, c'est loin d'être pour moi. Ou alors, les chiffres ne m'aimaient pas assez pour m'aider à décrocher de bons résultats.

— Tu vas voir, tu te sentiras vite chez toi, ici.

Stefen, les clés en main, me fait signe de passer le seuil après avoir déverrouillé la porte d'entrée.

À l'intérieur, je continue de me confondre entre les « oh » et les « wouah » devant tant de grandeur. Avec ses plafonds démesurément hauts, nous laissant entrevoir les paliers des deux étages, il est difficile de ne pas avoir le souffle coupé par l'architecture de cet endroit. Non seulement le design est raffiné, mais il ne paraît pas pour autant exagéré, ce que je peux apprécier. L'entrée, si spacieuse que ma voix résonne en de petits échos, débouche sur plusieurs pièces à aires ouvertes. C'est ingénieux, j'ai l'impression que la lumière traversant les baies vitrées de la salle à manger à gauche noie la maison en entier. L'escalier en marbre me laisse, lui aussi, bouche bée : imposant et lustré à souhait, il brille de mille feux. Sans m'arrêter, je passe alors dans la cuisine, éclatante et blanche – un peu comme la chemise de Stefen –, puis continue vers la salle à manger, et le salon, dans lequel je repère immédiatement l'écran géant rêvé pour regarder toutes ces séries qui m'attendent sur Netflix.

— J'en déduis que ça te plaît ?

Le propriétaire de cette villa luxueuse me suit à la trace, riant dans sa barbe chaque fois que j'ouvre de grands yeux en observant les alentours.

— Oui, c'est vraiment magnifique. Merci de nous accueillir chez toi, et...

— Ne me remercie pas, Lizie. Sauf que tu dois dire « chez nous » maintenant, et non « chez moi ».

Tandis que je le dévisage avec l'envie de le prendre une fois de plus dans mes bras, le klaxon du camion de déménagement résonne à l'extérieur. Évidemment, avec sa voiture démente, nous sommes arrivés bien avant ma mère et le reste de nos affaires.

— Allons les aider... Liam, descends ! hurle-t-il à l'intention de son fils, probablement en train d'échafauder un plan diabolique à l'étage.

Toutefois, je ne me laisse pas abattre ; avec la fameuse trêve fondée lors de notre première rencontre, notre cohabitation devrait se faire dans le calme. S'il évite de m'insulter, je ne chercherai pas à lui causer le moindre ennui.

Tout va bien se passer.

***

Aaaaah, la nostalgie de vous réécrire à la fin d'un chapitre ! Je suis si heureuse de pouvoir enfin vous reposter les cinq premiers chapitres finaux !

Sachez que j'en posterai un chaque deux jours, alors, ça va nous laisser le temps de discuter un peu à la fin de chapitre chapitre !

Dites-moi, comment s'est passé vos vacances ? Votre retour à l'école ou au travail ?

Sur ce, bonne journée ! xxx

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