Les nymphéas de l'autre monde

By Amina80000

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Issue d'une famille de classe moyenne, Eva est une jeune fille de nature réservée et dotée d'une rare beauté... More

Prologue

Chapitre 1 : L'invitation

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By Amina80000

I

l y avait tout juste une semaine qu'elle venait de fêter ses dix huit ans, non sans mal, on lui avait imposé une fête d'anniversaire en compagnie de ses proches et de ses amis. Eva dut supporter de se retrouver au centre de l'attention, tout en gardant le sourire.

- Je ne voulais pas de fête et je crois vous l'avoir fait comprendre! Rétorqua t-elle.

- Nous ne sommes pas nombreux, juste la famille. Allez descends Eva. Insista sa mère. Altair regardait la scène avec beaucoup de plaisir.

- Ne t'inquiète pas maman, nous te rejoignons dans une minute. Lança Altair un grand sourire aux lèvres. Sa mère obtempéra et descendit accueillir ses convives.

Ce jour là, tout le monde avait répondu présent à l'invitation, les sœurs d'Eva avaient même tout préparé dans le jardin.

- Allez Eva cesse de faire ta capricieuse! Une petite fête pour te changer les idées, ce ne devrait pas être un calvaire. De plus je viens de voir Marissa avec son frère Kasil!

Eva leva enfin les yeux vers son frère. Marissa était là! Elle pourrait peut être faire un effort. C'était décidé, elle restera juste le temps de saluer tout le monde et regagnera aussitôt sa chambre. Elle ne pouvait supporter d'être entourer d'autant de personnes, cela l'a rendait mal à l'aise.

- Gentille fille, c'est bien! Je m'assurerai de te retrouver en bas dans cinq minutes, sinon je reviendrais te chercher. Lança Altair plein d'entrain en voyant sa sœur se coiffer.

- Qu'est ce que tu peux être ennuyant ! Soupira Eva en lui priant de la laisser se préparer tranquillement. Résigné à fêter son propre anniversaire, Eva avait soudainement mal au ventre.

La chaleur était insupportable ce qui écourta à son plus grand soulagement les petites festivités. En effet, le soleil ne manquait jamais dans la ville de Maroubila. Ses rayons étaient particulièrement assommants et dérangeants. Néanmoins, la pluie assez abondante offrait un paysage des plus verdoyants, de grandes plaines parsemées d'arbres divers venaient courber le panorama. Les forêts de Maroubila étaient d'autant plus mythiques, l'une d'elle tout prés de la maison d'Eva était la plus prisée du pays, ce camaïeu de vert glorifié par ce soleil si particulier caractérisait cette immense forêt de plus de dix mille hectares. Elle était également très connue pour les impressionnantes chutes d'eau qui ruisselaient jusqu'au terres habitables. Ce qui était une bénédiction pour l'agriculture de ce pays aux terres arides. La population pouvait ainsi jouir de cette précieuse eau douce toute l'année.

La famille Ashimine était très appréciée en ville, réputée pour sa joie de vivre et sa bonté, mais elle l'était d'autant plus pour la beauté unique de leur fille Eva, la benjamine. Le père de celle-ci était un assistant de bas ordre, il avait pour mission de s'occuper du bon fonctionnement et de l'organisation de l'Antichambre des Hauts Dignitaires. Celui-ci prenait son métier très au sérieux et se voyait honoré de servir le très Grand Souverain Nassim-Habiri.

Bien que socialement aisée, la famille Ashimine n'était pas riche, ils vivaient avec les quelques cent renies par mois en essayant un tant soit que peu de subvenir au besoin de tous. Chaque membre de la famille avait droit a cinq renies par mois, jamais personne ne s'en était plaint, les parents d'Eva faisaient preuve de beaucoup de bonté envers leurs enfant mais aussi envers les plus démunis.

Cette famille atypique était composée de quatre filles et d'un seul garçon Altaïr, que Dieu le garde, il était la fierté de la famille. D'une rare beauté, toujours souriant, le cœur sur la main, il avait toutes les qualités souhaitées chez un homme.

Il affectionnait particulièrement sa petite sœur Eva et tous deux s'adonnaient à diverses occupations au grand regret de leurs sœurs qui se sentaient délaissées par leur unique frère. Altaïr les aimait aussi, mais aucune complicité semblable à celle partagée avec Eva, ne pouvait faire qu'il soit plus proche avec ses autres sœurs.

Madame Ashimine était une femme très joviale, elle aimait rire et ne se prenait pas au sérieux, elle aimait par dessus tout ses enfants et les regardait grandir plus vite qu'elle ne l'espérait.

Le printemps avait fait fleurir de jolies fleurs un peu partout dans le jardin des Ashimine. Celui ci entourait leur maison, une battisse moyenne, bien située qui leur avait été vendu à un très bon prix grâce au travail de leur père.

Ce jour là, les filles Ashimine s'adonnaient à une sieste dans la salle de séjour, après avoir passées leur après-midi à coudre et à peindre. Eva debout devant la fenêtre, admirait le paysage ensoleillé de sa ville natale. Ses magnifiques forêts toujours aussi verdoyantes en été comme en hiver, ses paysages montagneux, pour rien au monde elle n'aurait aimé habiter dans une autre ville. Soudain lorsque Eva regarda vers l'enclot de la maison, elle vit son frère courir vers la porte d'entrée, il courait et criait à tue tête : « Les filles! Les filles! Vous n'allez pas en croire vos oreilles ! ».

Toutes, se réveillèrent, se recoiffèrent par peur qu'il ne soit accompagné, Altaïr était un frère imprévisible. Il arriva brusquement au séjour une lettre à la main: «Chère mère, chères sœurs, ouvrez bien vos oreilles, nous sommes invités au grand dîner royal ! Celui organisé le 15 avril de chaque année au Palais royal de sa Majesté Nassim-Habiri ! Celui dont vous avez toutes rêvées »

Les filles étaient toutes excitées, elles s'embrassèrent de joie et de satisfaction tellement elles n'en revenaient pas. Ce dîner, elles n'avaient jamais eu l'honneur d'y être conviées, la bassesse de leur rang ne permettait pas aux Ashimine de se fondre parmi les privilégiés de la Cour. Mais depuis que leur père avait été nommé à l'antichambre des députés, toutes les portes leurs étaient désormais ouvertes, au grand bonheur de madame Ashimine, qui selon elle être invité au grand dîner royal, était comme ci ses filles avaient déjà trouvé un époux.

Celle-ci alla tout de suite annoncer la nouvelle à son mari et décréta que se jour était béni. Ainsi, elle décida qu'il fallait fêter cela et pria son fils d'inviter l'oncle Souliane, sa femme, Marissa et son frère Kasil pour le soupé. Son frère Souliane était beaucoup plus démuni, il fallait bien rendre à Dieu le bonheur qui leur avait envoyé en cette invitation, c'était le minimum qu'elle pouvait faire.

Eva n'était pas si euphorique que ses sœurs à l'idée d'aller à ce dîner, elle n'aimait pas la foule, ni se retrouver entourée de personne qu'elle ne connaissait pas. Toute cette noblesse, toute cette hypocrisie, le temps d'une soirée, elle allait devoir s'en accommoder, à cette idée Eva se sentit mal et décida d'aller prendre l'air dans le jardin.

L'heure du soupé était venu, Souliane et sa famille avaient répondu à l'invitation. Le sujet principal de cette soirée fut évidemment l'invitation au dîner royal, Mme Ashimine l'annonça dégoulinant de plaisir à son frère, qui très déçu de ne pas être invité à son tour, lui fendit un sourire de façade. Seule la famille de Ledoni Ashimine pouvait être invitée, cependant, ils décidèrent en commun d'inviter Marissa, une jeune fille pleine de vie qui vouait une amitié sans borne à sa cousine Eva. Souliane accepta résigné tant elles le supplièrent. Eva était très contente, pensant feindre un malaise durant le dîner royal, sa cousine allait désormais l'accompagner, ainsi, c'est ensemble qu'elles supporteront cette longue soirée. De plus, l'absence d'un membre de la famille aurait été considérée comme un affront vis à vis de la Cour, toute la famille devait répondre présente.

Dix jours avant le dîner royal, madame Ashimine et ses trois filles avaient proclamées qu'elles seraient les plus belles femmes de la soirée; et qu'au moins une d'entre elle allait repartir la bague au doigt, une bague en or massif, sertie de diamants rares et coûteux.

En effet, ses grandes cérémonies officielles, étaient des moments fatidiques pour ses jeunes filles de Maroubila. Tout en respectant la bienséance, elles rencontraient des maris potentiels des quatre coins du pays. Les mères, les tantes, les sœurs et les cousines en guise de guide matrimonial, rien ne leurs échappaient. Elles connaissaient tout ce qu'il fallait savoir, la famille, la richesse, le patrimoine, la réputation de chaque prétendant. C'était ensuite que la tache se compliquait : entrer en action et faire en sorte que la cible choisisse « la » jeune fille, car seul l'homme pouvait décider de la femme qu'il épouserait. Cela ne démotivait pas ces entremetteuses expérimentées, bien au contraire. Avec biens des stratagèmes, elles faisaient tout pour influencer dans le choix de la future épouse sans que personne ne s'en rende compte. Ces femmes suivaient les codes « des rencontres matrimoniales » comme leurs mères, leurs grand-mères et même leurs arrière grand-mères faisaient. Tel un dont qui se transmettait de mère en fille, dont seule les plus aguerries connaissaient parfaitement les règles de ce qui n'était en fait qu'un jeu complexe et divertissant.

Dans une ville telle que Maroubila, élever quatre filles était un lourd tribu à porter pour une famille, le mariage avec un bon parti était une façon de se libérer de ce fardeau. Ainsi madame Ashimine avait décidé de passer à la vitesse supérieure et de présenter ses filles à ce beau monde. Surtout après les mariages de ses trois nièces l'an passé, désormais le tour de ses filles étaient arrivées. Mme Ashimine allait lancer son filet le plus loin possible à l'appât du poisson idéal pour ses précieuses mais néanmoins filles.

Eva se sentait distraite ses jours ci, elle était pensive et peu bavarde, en fait Eva se souciait de son avenir, elle pensait au mariage. Serait-ce la seule issue pour être heureuse et satisfaire les siens ? Et si c'était le cas, trouverait elle un homme qui saurait l'aimer ? Aurait-elle la chance de le choisir ? Où devait-elle se marier juste pour jouir de ce statut? Des questions auxquelles elle pensait de plus en plus. Chez elle ce sujet était récurent, on ne parlait que de cela, ses sœurs ne rêvaient que d'alliances et de cérémonies mielleuses. Comme si elles étaient destinées et créées pour se marier. Comment ne pas penser à cela dans ce cas, qui plus est, en matière de connaissances masculines, Eva étaient très limitées, elle ne pouvait se résoudre à épouser n'importe qui juste pour satisfaire les siens. De nombreuses questions se bousculèrent dans sa tête tandis qu'elle s'adonnait à la couture de son gilet en laine bleu foncé, dont plusieurs boutons étaient tombés la veille, durant sa promenade matinale à la forêt voisine.1

On frappa soudain à la porte, le temps de prier d'entrer, qu'elle aperçut la silhouette imposante de son frère Altair, qui la fixait le sourire malicieux accrochait aux lèvres:

- Bonsoir chère sœur ! Tu ne dors pas ?

- Non, pour ta gouverne, il n'est que dix neuf heure trente, tu as perdu la notion du temps ? Où est-ce tout ce temps que tu passes chez les Herat qui te rend ainsi? Répliqua Eva.

- Vois-tu j'ai souvent tendance à ne pas voir le temps passer, par exemple je ne puis me résigner à savoir que tu as déjà 18 ans! Que le temps passe vite... je me souviens de toi avec tes couettes, toujours à bouder...

- Je t'en prie, le coupa t-elle, épargne moi les détails de tes souvenirs d'enfance, je me souviens parfaitement de tout ça merci ! dit-elle agaçait.

- Très bien, très bien... on dirait que tu es de mauvaise humeur ! sache que tu étais beaucoup plus accueillante il y a dix ans, maintenant tu es si sérieuse. Tu devrais changer un peu où tu deviendras cynique et aigrie plus vite que tu ne le crois. Tu ne veux pas que l'on te compare avec tante Myriam, la pauvre, seul son chat daigne encore lui rester fidèle et encore pour ne pas mourir de faim ! lui lança t-il en farfouillant sur le bureau.

- Ne t'inquiète pas pour moi ! Dit-elle cinglante.

Altair observa sa sœur pendant un instant, ses yeux se posèrent ensuite sur une petite feuille de papier pliée en quatre. Il prit le papier chiffonné sur le bureau en bois d'olivier, des motifs orientaux de fleurs de jasmin et des losanges dorés ornaient le meuble de valeur, il avait appartenu à sa grand-mère. Eva ne le regardait pas, elle était assise sur son lit un livre à la main, en guise de marque page, elle tenait avec son doigt la page où elle s'était arrêtée. Altair déplia le papier, les yeux écarquillés il ferma la porte de la chambre à clef et s'approcha d'Eva.

- Qu'est ce que c'est ? lui demanda doucement son frère interloqué, son visage s'était détendu, il souriait.

Eva leva son visage parfait et se figea.

- Ce n'est rien ! Rend le moi ! Elle se leva brusquement et tenta de reprendre le papier.

- « J'ai tout essayé, je n'arrive pas à l'oublier... » Altair avait lut ses quelques mots griffonnées il y a longtemps par Eva alors qu'elle s'ennuyait. Celle-ci était affreusement mal alaise, son cœur battait à tout rompre, tandis qu'elle essayait désespérément de détruire les preuves.

- Altair tu n'as pas le droit ! Arrête ça tout de suite, rend l'a moi! dit elle tout en essayant d'attraper la feuille, Altair avait levé son bras en l'air afin que sa sœur ne puisse l'attraper. Eva était folle de rage, il l'a dépassait de deux têtes tout au plus et s'amusait avec ses nerfs, ce qui l'a poussa à bout.

Les joues d'Eva avait viré au rouge, elle savait exactement à quoi faisait référence les mots qu'avait récité son frère à voix haute. Il n'allait pas laisser passer cette occasion d'en savoir plus sur elle. Eva se sentie gênée et idiote, mais elle n'allait pas abandonner, Altair n'avait qu'à s'occuper de ses affaires et de celles des Herat en même temps !

- Altair rend moi cette feuille tout de suite ! Tu n'as pas le droit de fouiller dans mes affaires, je t'ordonne de me rendre ce fichu bout de papier ! Hurla Eva tellement fort que son frère se raidit, cette fois, elle était furieuse, elle n'avait pu se contenir, jamais elle n'avait parlait ainsi à son frère.

- Calme-toi Eva ! Je veux juste que tu me dises qui est cet homme dont tu parles avec tant d'amertume? Je ne savais pas que tu avais eu le cœur brisé ? J'espère que ce n'est pas la personne à laquelle je pense... son frère la regardait à présent avec insistance, il voulait la confronter, savoir s'il s'agissait bien de cet homme à qui il songeait avec dégoût. Il serra les poings, chiffonna la feuille en boule et la jeta à terre. Eva avait désormais virée au pourpre, ses joues en feu, elle baissa les yeux, résignée.

- Altair je te hais ! Son frère la fixa, tandis que ses larmes au bord des yeux la piquaient.

- Je n'arrive pas à le croire ! Tu es encore...

La poignée de la porte grinça, soudain une voix se fit entendre.

- Eva c'est moi, ouvre ma chérie ! avait dit sa mère d'une voix extrêmement et anormalement douce.

- C'est maman ! Ouvre-lui! Vite ! Eva ravala ses larmes et ramassa la boule de papier qu'elle cacha sous son oreiller. Son frère obtempéra, leur mère apparut dans la chambre, intriguée.

- Mes chéris pourquoi avez vous fermé la porte ?

- Euh... et bien... Eva ne sut trouver les mots et rougissant de plus belle.

- Vois-tu maman, Eva et moi tentons ardemment de réfléchir au cadeau que nous pourrions offrir pour l'anniversaire de Marissa. Dit son frère sans mal, avec une décontraction étonnante.

- L'anniversaire de votre cousine n'est que dans trois mois, je ne vois pas pourquoi s'en souciait aussi tôt ? Leur mère regardait ses deux enfants, les yeux écarquillés.

- Nous voulons juste trouver des idées communes, dés lors à Maroubila centre, nous n'aurons plus qu'à acheter le présent ! ajouta son fils de plus belle.

Leur mère n'ayant pas décelé une trace de mensonge dans ces dernières paroles, elle acquiesça, leva les yeux vers son fils et le pria de la laisser seule avec Eva. Derrière sa mère, Altair sourit à sœur d'une étrange manière, comme s'il lui montrait qu'il n'aurait pas aimé être à sa place. Il ferma doucement la porte et s'éclipsa.

- Eva il faut que je te dise quelque chose d'important.

Sa mère contempla les yeux miel de sa fille qui fixaient la porte en bois.

- Maman je comptais prendre mon bain maintenant on en reparlera à un moment plus opportun. Dit Eva qui n'avait aucune envie de parler à sa mère, elle savait très bien que cela allait être gênant et qu'il était rare que sa mère la prenne en aparté pour des broutilles.

- Ma fille, ça ne va prendre trop de temps, vois tu ma robe n'est pas encore prête pour la cérémonie, il me manque les dorures. D'après ta sœur Feryel seule la couturière des Herat en possèdent encore, après l'annonce officielle du dîner royal tout le monde s'est empressé chez le tailleur Sediki. Maintenant il n'y a plus un morceau de tissu dans toute la ville. Ma robe ne sera jamais complète sans ces dorures, j'aimerais donc que demain à dix heures tu ailles apporter ma robe chez les Herat afin que la couturière finisse le travail.

Sa mère la regarda dans les yeux, l'a suppliant avec un grand sourire.

- Et pourquoi ne pas demander à Altair? Je n'ai nulle envie de rendre visite au Herat ! Ils sont si hautains avec moi, jamais ils ne m'accueillent aussi chaleureusement qu'Altair où je ne sais qui ! et je suis prise à cette heure je dois aller acheter ma robe chez Sediki, ils possèdent toujours des robes en stock pour les moins coquettes. Soupira Eva pour conclure. Hors de question d'aller chez les Herat et de devoir encore une fois faire l'hypocrite afin de montrer qu'elle les appréciait. Eva n'avait jamais compris pourquoi les Herat la regardaient toujours avec autant de méfiance, comme si elle s'apprêtait à les attaquer avec des sabres et des lances, c'était absurde.

- Altair ne saurait formuler exactement ce que je désire à la couturière, il n'y connaît rien et tu sais que tes sœurs plus âgées n'ont rien à faire chez les Herat ou chez qui que ce soit sans une invitation au préalable. Allez ma fille soit gentille et rend moi ce service s'il te plait.

Eva fit entendre un long soupir, résignée, elle ne pouvait refuser cette requête de sa mère et hocha la tête en guise d'acquiescement.

- Merci ma fille, donc demain dix heures, je te laisse je dois aller préparer le thé, la femme de Souliane me rend visite aujourd'hui, dommage qu'elle ne soit pas invité la pauvre. Dit sa mère soulagée d'être cette année parmi ces privilégiés conviés au dîner royal.

Elle se leva et quitta la pièce laissant la porte entrouverte comme à son habitude. Eva se leva pour aller la fermer, lorsqu'elle se rendit compte que sa mère l'avait prié de se rendre chez les Herat d'une drôle de manière. Pour si peu, elle aurait pu l'annoncer devant Altair sans problème. Quelque chose de louche se cachait derrière l'attitude anormale de sa mère, elle voulait que sa fille se rende chez les Herat mais pas pour rendre visite à leur couturière, plutôt à un membre de leur famille, s'interrogeait Eva perdue dans ses pensées. Elle tourna la poignée de la porte lorsque brusquement Altair bondi devant elle :

- Tu es fou ! tu m'as fais peur ! Eva avait sursauté, surprise comme si elle pensait être seule dans la maison.

- Salut sœurette ! alors que voulais maman ?

- Et bien je dois me rendre chez les Herat pour finir sa robe, dit Eva lasse et agaçait rien qu'a l'idée de revoir le visage de Rayane, le fils cadet des Herat. Altair réagit étrangement, il leva les yeux en l'air et ricana doucement.

- Génial ! ça fait un bon moment que tu ne leur as pas rendu une petite visite amicale, ils vont être très content de te revoir. Son frère la regarda avec un large sourire moqueur, Eva fit la grimace.

- Le plaisir ne sera pas partagé je te le confirme. Tu parles ! ils ne me supportent pas, toujours à m'ignorer ou à me snober, c'est leur manière de m'adresser leur hospitalité je pense ! dit elle en se pinçant les lèvres.

- Les Herat t'aiment beaucoup et je sais de quoi je parle. Mais j'ai une chose beaucoup plus importante à te dire. Eva le fixa longuement.

- Je t'écoute. Dit-elle sans sourciller.

- Et bien... il hésitait. J'avais oublié de te dire... la famille Corbouss est également invitée au dîner royal ? Dit-il en serrant les poings. La mâchoire crispée il n'osait pas croiser le regard de sa soeur. Celle-ci resta silencieuse trente secondes.

- Euh... Oui... je savais, comme chaque année... cela m'importe peu. Menti Eva non sans mal. Cette fois son frère la fixa longuement.

- Et bien, à titre informatif, pour ne pas que tu sois étonnée si tu l'apprends par quelqu'un d'autre... et bien... il hésita encore, puis se reprit et ajouta sèchement, on entend partout dire que durant le dîner seront annoncé les fiançailles d'Anis avec Sirheen Habiri.

Dés lors, ces derniers mots prononcés, Eva s'empourpra, confuse et désorientée. Elle eu pourtant la force de répondre à son frère pour ne pas laisser transparaître ses émotions. Le feu brûlait en elle, le désespoir de l'avoir perdu une bonne fois pour toute.

- Ah bon... je... je... ne savais pas... heureuse pour eux.

Eva se tut un instant les yeux fixés sur ses mains moites. Elle ne croyait pas un mot de ce qu'elle venait de dire. Elle se mordit la lèvre inférieure, le visage figé par cette nouvelle inattendue. Eva aurait tout donné pour se retrouver seule à cet instant. Elle allait craquer d'un moment à un autre. Malheureusement Altair n'en avait pas fini, les yeux rivés sur sa sœur, il avait mal pour elle et détester la voir ainsi.

- Eva... je suis désolé. Bien qu'Anis ait mal agit, il était mon ami et je peux t'affirmer que l'amour n'a rien à voir dans tout ça. Il n'avait jamais remarqué Sirheen auparavant et puis ils se sont rencontrés chez les Herat. Décidément cette famille ne lui apportait rien de bon. Et puis elle est tombée follement amoureuse et à jurer ses grands dieux qu'elle n'épouserait que Anis. Sa majesté en personne a donné sa bénédiction à cette union. Il ne savait pas où il mettait les pieds, maintenant il s'est résigné à se marier avec la nièce de notre souverain.

- Peu m'importe désormais. Merci de m'avoir prévenu, maintenant peux tu me laisser seule, il faut que je finisse de coudre mon gilet. Eva cherchait à couper court à cette conversation déplaisante. Elle ne pouvait plus retenir ses larmes, cependant elle se devait de faire bonne figure devant son frère et le raccompagna à la porte. Celui-ci n'avait pas bronché, il n'avait jamais abordé ce sujet avec sa sœur depuis qu'Anis avait annoncé qu'il rompait ses fiançailles avec Eva. Il se retira discrètement laissant à contre cœur sa sœur faire face à ses démons.

Eva était anéantie, Anis et elle se connaissait depuis l'enfance, ils avaient grandi ensemble jusqu'à ce qu'elle fut en age de se marier. Tous deux étaient liés depuis le berceau, Anis ne passait pas une journée sans voir Eva, la femme qu'il désirait depuis toujours. Depuis des mois qu'ils ne s'étaient pas croisés, il était facile pour Eva de se remémorer exactement tous les détails de son visage ; ses traits fin et raffinés, sa peau douce, sans imperfections apparentes. Une beauté basanée renversante, ses yeux vert-jaune étaient uniques en son genre, pénétrant et insistant lorsqu'il posait les yeux sur elle. Il ne lui restait que des souvenirs maintenant, Anis allait se marier avec Sihreen, la fille d'Aquil, un homme qui ne reculait devant rien. Outre ce mauvais choix de futur beau père, Anis allait se marier avec une autre qu'elle et à l'idée qu'elle puisse vivre avec la rendait malade, la nausée lui monta soudain à la gorge.

Tout le monde connaissait bien l'unique frère du souverain Aquil, un homme cruel et mesquin. Il collectionnait les maîtresses à la pelle et cela aux yeux de tous. Sa femme était morte à la naissance de leur fille Sirheen. Six mois plus tard il se remaria, mais telle une malédiction, celle-ci mourut un an après des suites d'une crise cardiaque. Ainsi, il ne lui restait que sa fille, son bijou l'appelait-il, à qui il ne refusait jamais rien. Sirheen était donc une fille immanquablement riche et gâtée. Se marier avec Anis, fils d'un haut dignitaire nouvellement promut, était pour elle l'ultime caprice.

Sirheen était une jeune fille de 18 ans, le visage rond, de grands yeux noisette, elle était charmante. Mais pas assez jolie pour qu'une horde de prétendants se bousculent au portillon, elle avait reçu plusieurs demandes, justifiées simplement par son appartenance au sang royal. Eva et Sirheen s'étaient rencontrées à plusieurs reprises chez les Herat, une famille dont elle était proche, puisque Sinar le fils aîné des quatre frères Herat avait épousé sa cousine Zina. Les Herat comme les Habiri étaient des familles immensément riches, d'un coté une famille de marchands d'armes et de l'autre la famille royale. Sihreen n'avait jamais porté aucune attention particulière envers Eva, la saluant selon ses humeurs, elle ne l'a considérait que dans la mesure où elle était la sœur d'Altair. Un bon ami d'Anis qui avait repoussé à plusieurs reprises ses avances désespérées. Altair savait qu'il ne fallait pas s'approcher de la famille royale, qui plus est s'unir avec la fille de l'homme le plus redouté de Maroubila, Aquil Habiri.

En fait, Eva ne ferma pas l'œil de la nuit, lorsque la porte fut close, elle éclata en sanglot sans même s'en rendre compte. Ses larmes coulaient le long de ses joues, son drap recouvrait tout son corps. Elle était à présent anéantie, ayant perdu l'homme qu'elle aimait. Cette nuit fut la plus longue de son existence, elle n'avait fermé l'œil que trois heures durant lesquelles des cauchemars la hantaient. Elle marchait le long d'un pont non loin de la forêt, il faisait nuit, l'obscurité dominée l'environnement. Non loin de la foret, une lumière blanche et scintillante l'éblouit, attiré par cette lueur chatoyante elle s'en approcha à vive allure. Surgit de nulle part, derrière elle, Anis l'a retenue par le bras, « Eva je t'en prie ne fait pas ça ! » « Sauve-toi !» Trop tard, sortit de la puissante lumière, une femme au visage magnifique le plaqua au sol et le poignarda sauvagement. Eva hurlait, pleurait, mais elle ne pouvait rien faire, cette femme, l'enveloppa subitement dans son manteau de lumière et s'enfuit.

Huit heures sur l'horloge du salon, un léger carillon retentit, couverte de sueur, Eva se réveilla en sursaut, elle suffoquait. Mais que signifiait ce rêve absurde, la vie d'Anis était elle en danger? Eva se ressaisit, ce n'était que son imagination qui déraillait. Elle s'enferma dans la salle de bain s'affairant à sa toilette.

Afin de se changer les idées, elle sortit dans le grand jardin adjacent à leur maison, celui qui était relié à la forêt des Poudreuses sur l'immense terrain des Herat. Elle se promenait un panier à la main, c'était la saison des cèpes et chaque année à cette période, elle allait ramasser quelques champignons dans la forêt. Eva n'aimait pas trop s'aventurer au fin fond des bois. Dépourvue de tout sens pour l'orientation, ne sachant distinguer le Nord du Sud elle se cantonnait donc à l'entrer pour ne pas se perdre.

Ramassant quelques cèpes de ci de là, elle s'aperçut que le panier était plein et que cela suffirait largement pour ce soir, elle y retournera la semaine prochaine à la recherche de nouveaux terrains propices à la cueillette. Ainsi, Eva marcha vers un petit chemin feuillu du bois lorsque son pied heurta un objet :

- Aie ! Eva se baissa et examina son pied qui n'avait rien, chaussée d'une petite paire de spartiate en cuir marron, elle aperçu l'objet scintillant et le ramassa. C'était un bijou, une bague en argent ornée d'un magnifique rubis, celui-ci rayonnait étrangement. Lorsqu'Eva posa ses yeux plus profondément dans la pierre, elle remarqua une lueur captivante qui l'attirait de plus en plus à la contemplation. Ses muscles se détendirent, une chaleur agréable s'empara de tout son corps. Soudain, Eva sentie une présence derrière elle, détournant les yeux du bijou, des mains avaient recouvert ses yeux

- Bonjour ! Devine qui est-ce! dit une voix douce et amusée. Eva rangea le bijou dans sa poche.

- Euh ! Je ne sais pas... voyons voir... qui pourrait être cette personne que je vais tuer, tellement elle m'a fait peur ! Eva émit un petit rire, c'est bon Marissa je t'ai reconnue.

- Très bien! Tu pouvais faire semblant quand même ! Mais heureuse de t'avoir fait peur ! Résignée, Marissa fit face à sa cousine.

- Ta voix si particulière est reconnaissable entre mille ! À mon grand regret ! dit Eva le sourire aux lèvres. Toutes deux s'esclaffèrent.

- Je suis passée chez toi pour te rendre une petite visite, et ta mère m'a dit que tu étais allez à la quête aux cèpes, donc je me suis dit que j'allais te donner un petit coup de main !

- C'est gentil ! Mais j'ai déjà rempli le panier, si tu veux on peut aller prendre le thé à la maison ?

- Bien sur ! Mais je ne peux pas rester trop longtemps tu comprends ma mère à encore besoin de moi pour préparer des gâteaux.

- Ta mère fait des gâteaux ? Et pour quelle occasion ? Pourquoi ne va-t-elle pas en acheter chez le pâtissier ? Ce sera plus rapide. Dit Eva afin de conseiller au mieux sa cousine.

- Non, ce n'est pas une commande, maman donne juste un coup de main à une de ses amies, c'est pour les fiançailles de son fils ! avait annoncé Marissa indifférente.

Eva regarda sa cousine et ses yeux s'agrandirent.

- Ah bon ! C'est gentil de sa part... et... tu connais cette famille ? Eva bégaya un instant et se reprit.

- Euh... désolé Eva je ne me souviens pas de leur nom. Marissa baissa les yeux.

- Je t'en prie cesse donc la comédie! Tu sais pertinemment que c'est pour les fiançailles d'Anis!

- Eva! Je sais ce que tu ressens, mais je pense que tu dois passer à autre chose. Anis à déjà tourné la page. Les mots de sa cousine avaient dépassés sa pensée, Eva n'en fut bizarrement pas surprise.

Un silence pesant s'installa pendant quelques minutes. Eva baissa les yeux, ses traits s'étaient tendu, elle fit mine de s'occuper de son panier. Tout le monde savait à présent. C'était officiel, comment cela a pu arriver, pas Anis, pas celui avec qui elle imaginait passer le reste de sa vie.

- Eva ? Est ce que ça va ? dit Marissa inquiète.

- Oui... oui... Je ne pensais pas que vous étiez invités ? menti sa cousine.

- C'est le cas et c'est l'une des raisons de m'a visite, mais je ne voulais te le dire comme ça, je suis désolé.

- Et... tu comptes y aller ? dit Eva avec une curiosité mal cachée.

- Je ne sais pas... je n'ai personne avec qui y aller... toi tu veux y aller? je sais que tu ne souhaite pas le revoir mais cela te permettra peut être de faire face définitivement et de l'oublier une bonne fois pour toute.

- Non, je n'ai nulle envie d'assister à ces pseudos fiançailles. De plus, il est hors de question que je t'accompagne! Si ma mère t'entendait... « Aller à des fiançailles sans invitation...» et qui plus est celles d'Anis, je l'imagine déjà... Eva était partagée entre la curiosité de revoir l'amour de sa vie et le dégoût de le voir au bras d'une autre. Celle pour qui il l'avait quitté et de surcroît celle qu'il allait épouser sous peu.

- Pourquoi faut-il que tu compliques toujours les choses ! Nous sommes cousine et l'invitation et valable pour toute notre famille. Je ne vois pas pourquoi tu parles de « pseudos fiançailles », Anis est un très bon parti, c'est un garçon très poli, très intelligent et... très beau de surcroît... Sihreen a beaucoup de chance.

Marissa était plongé dans ses pensées «d'Anis l'homme idéal » sans prêter attention une nouvelle fois à la portée de ses mots. Eva ne savait pas que sa cousine éprouvait autant d'admiration envers lui, ni pourquoi elle ignorait délibérément ce que Anis représenté pour elle.

Eva n'avait pas parlée avec son ami d'enfance depuis tellement de temps, depuis cette fameuse journée où ils s'étaient croisés dans la forêt des Poudreuses il y a six mois, elle n'avait jamais eu l'occasion de le revoir auparavant. Cette après-midi là, Eva se promenait dans les bois vêtus d'une longue robe à bretelles en soie blanche. Dans ses bras un petit chaton que lui avait offert son frère Altair, elle l'avait baptisé Sissou, un adorable chaton noir et blanc qui ne l'a quittait jamais. Il faisait très beau ce jour là, les rayons du soleil traversaient les arbres avec puissance. Ils éclairèrent toute la forêt des plus verdoyantes. Eva sortait très peu en ville, elle adorait la nature et ne comptait pas les heures passait à marcher dans la forêt où à s'occuper du jardin. Il était tard, la nuit allait tomber, Eva voulut rentrer à la maison, mais Sissou s'était enfuit à l'affût d'un rongeur, il courait tellement vite, qu'elle ne put le rattraper.

- Sissou ! Sissou ! allez reviens ! s'il te plait !

Eva l'appela mais en vain, elle décida de le chercher avant que la pénombre ne l'y empêche. Il était bien 17 heures et la nuit tombait très vite. Eva suivit les traces de son chaton. Rapidement, elle se retrouva vite entourée d'arbres identiques, des arbres à perte de vue. Elle commençait à paniquer un peu, elle était bel bien perdue dans cette immense forêt de dix milles hectares. Eva s'arrêta et regarda autour d'elle. Soudain, elle entendu un bruit de crépitement de feuilles et de branches derrière elle.

- Salut Eva, c'est ce cascadeur que tu cherches ? dit une voix grave et suave. Eva se retourna brusquement et aperçu son interlocuteur, son cœur faillit s'arrêter de battre. Cependant elle fit mine de ne pas lui prêter d'attention. Elle observa son chaton, résigné le corps recouvert de feuilles et de terre, emprisonné par de grandes mains, les pattes ballantes au dessus du sol.

- Sissou tu es tout sale ! qu'est ce qui t'es arrivé ? le chaton la regarda et miaula.

- Je pense qu'il ne te répondra pas ! il se mit à sourire. Je l'ai retrouvé dans un trou de taupe, le pauvre miaulait tellement fort que je l'ai entendu de l'autre côté de la forêt. Je t'ai également entendu, ce qui m'a encourager à retrouver ce vilain vagabond. Son sourire se marqua encore plus, ses dents étaient d'un blanc éclatant.

- ... Euh... merci Anis... je ne l'aurais jamais trouvé toute seule. Eva avait désormais les joues en feu, elle ne pu contenir sa gène.

- De rien très chère, à ton service ! un silence s'installa, pour détendre l'atmosphère il ajouta. Comment vas-tu depuis tout ce temps ? toujours aussi magnifique. Anis lui tendit le chaton tout en la regardant dans les yeux, Eva rougit encore plus, son cœur battait à tout rompre.

- Je vais bien merci... et toi ? elle balbutia et fit mine de ne pas avoir entendu le compliment.

- Tout va bien de mon côté... merci de t'en souciait. Il l'a gratifia d'un large sourire enjoué, pensant qu'elle ne prendrait pas la peine d'en savoir plus sur lui. Tout deux gênés, le silence s'installa de plus belle durant plusieurs longues minutes

- Eva... Il faut que je sache ! ...pourquoi es tu si distante avec moi, autrefois nous étions si proches, si complices... tu me manques... Il regardait désormais le ciel mélancolique, la mâchoire serrée. Eva ne put s'empêcher de l'admirer, aussi beau que dans ses souvenirs, aussi grand que dans ses rêves. Sa chevelure couleur châtain clair était coiffée naturellement vers le haut, sa carrure d'athlète était la même. Ses muscles saillants mettaient en valeur un t-shirt bleu marin et un pantalon en toile noir.

- Je penses que nous nous sommes tout dit Anis... je... je ne puis continuer à faire comme si nous étions amis, tu sais ce que je pense de tout ça, maintenant je te prie de m'excuser on m'attend chez moi. Elle le toisa quelques secondes et se dirigea vers le chemin de la sortie du bois.

- Attend Eva ! Il l'agrippa par le bras. Je sais que tout a mal tourné pour nous et j'en suis navré, je m'en veux tellement si tu savais ! Il regardait le sol.

- Anis je t'en prie, inutile de ressasser le passé. Dit Eva les mains tremblantes, elle ne le regardait pas, dos à lui, une rage indescriptible l'a submergea, des souvenirs de leurs jours heureux lui vinrent à l'esprit.

- Eva je pense sans arrêt à toi, je me remémore constamment tous ce que nous avons vécu... notre avenir gâché ... je m'en veux tellement... Ces yeux s'étaient assombris, il parlait avec souffrance. Eva se tourna face au jeune homme le regard noir.

- Si tu y tiens Anis, je vais te dire les choses pour la dernière fois ! Celui-ci fronça les sourcils. Ne t'imagine pas une seconde qu'il aurait pu avoir un avenir commun entre nous, tu m'as trahi, blessé et comme si ce n'était pas suffisant, devant toute ma famille... si ta culpabilité te ronge à ce point cesse de penser à tout ça... arrange toi pour ne plus jamais me revoir... Eva était empli de rage, le revoir, l'entendre prononcer ces mots l'a faisait souffrir énormément.

- Tu... tu me suggères donc de quitter la ville, Eva ? de ne plus te revoir ?

- Je ne suggère rien, toi seul es en mesure de savoir ce qui est le mieux pour toi. Tête baissée, Eva senti Anis la fusiller du regard, se contentant ainsi de regarder ses sandales pour ne pas l'affronter.

- Tu penses donc que j'ai eu le choix ! de braver ta famille et la mienne ! les convenances ! les qu'en dira t-on ! afin que tu sois mienne et ensuite te repousser et te déshonorer devant les tiens ! Eva si tu savais tout ce que j'ai enduré, tout ce que j'ai dû supporter... Anis serra la mâchoire, les poings fermer il fixait encore le ciel.

- S'en est trop ! je ne puis écouter l'ampleur de ta souffrance et tes excuses incessantes! je suis désolé Anis, quand bien même ta souffrance serait telle que tu en mourrais, jamais je ne pourrais te pardonner, au grand jamais ! maintenant je dois rentrer. Eva le regarda une dernière fois, elle savait que ses paroles étaient les plus blessantes qu'elle n'avait jamais proférées et qu'Anis en serait blessé. A ce jour elle n'avait plus rien à perdre, peut être voulait elle regagner sa dignité qu'elle avait perdu à cause de lui.

Elle tourna les talons et s'en alla, Sissou dans les bras, il miaulait doucement, elle ne se retourna pas et se martela dans la tête pour garder son sang froid : « il ne s'est rien passé, il ne s'est rien passé ».

Ce fut les derniers mots qu'elle prononça à son ancien ami, à son ancien amour, elle regrettait pourtant de s'être emporter autant. Fallait t-il l'ignorer, rebrousser chemin sans lui parler, Eva ne voulait pas agir ainsi, pas comme une enfant. Ne voulant pas lui montrer toute l'importance qu'il avait pour elle, l'indifférence était sa seule arme. Mais ce jour là, il lui avait parlé en premier, elle ne pouvait faire autrement et puis il avait retrouvait Sissou. Ce souvenir, elle le ressassait constamment nuit et jour, chaque détail l'avait marqué, la façon dont il lui avait parlait, sa démarche, son sourire toujours aussi ravageur. Et puis ce visage, si beau et si triste à la fois.

Arrivée devant le pallier de la maison, Eva et sa cousine parlaient et rigolaient à voix basse.

La première ouvrit la porte et entrèrent toutes deux dans le couloir qui donné directement dans le salon. Son frère Altair était assis, sur le divan en velours beige, il riait à gorge déployée, avec deux jeunes hommes à ses côtés. Le premier était brun, les yeux marron foncés, bien en chair il était en train de parler. Le second était mate de peau, un hale doré mettait en valeur ses yeux bleus, celui-ci ne lui était pas inconnu. Les deux jeunes filles s'approchèrent un peu plus, elles ne pouvaient regagner directement la cuisine autrement. Tous les regardèrent longuement, celles-ci ne disaient rien, elles baissèrent les yeux, Altair se leva d'un bond et s'approcha de sa sœur.

- Eva ! te voila enfin ! je te cherchais partout ! Je te présente Mehdi, il habite la ville voisine de Kaleà. Eva s'avança vers les deux hommes et leur fit un signe de tête en guise de salutation.

- Bonjour... elle rougit un peu et tourna les talons vers sa cousine, celle-ci les avait saluée de loin.

- On y va. Dit-elle doucement, d'une voix à peine audible. Maman m'attend.

- Maman est chez Souliane avec les filles, il faut croire qu'elle n'a pas eu la patience de t'attendre... dit-il en ricanant légèrement. Et si vous restiez avec nous ? Plus on est de fou plus on rit! Non ? Son frère attira sa sœur par le bras et pria sa cousine de prendre place sur le fauteuil d'en face, ce qu'elle fit avec ravissement. Eva ne pouvait refuser sous le regard des invités, elle déposa son panier sur la table de la cuisine et prépara des boissons fraîches pour ses hôtes.

Cinq minutes plus tard, Eva réapparut un plateau à la main, elle le déposa sur la table basse du salon devant le divan. Elle prit place sur le fauteuil voisin de sa cousine qui attendait quelque peu gênée de se retrouver seule avec trois jeunes hommes.

- Je te remercie Eva. Dit Altair chaleureusement.

- Alors Mehdi, raconte nous la fin ? Altair regarda son ami d'un air dés plus intéressé.

- Où en étais-je... ah oui ! Elle m'avait donc donnée une part de gâteau que j'avais refusé gentiment, elle insista j'ai donc goûté par politesse. Il était infect ! Toute la famille me regardait manger avec autant d'attention, je ne savais plus où me mettre. C'est alors, que son père m'invite à fumer le narguilé, j'ai refusé poliment. L'ambiance était bizarre, on dirait qu'on assistait à une transaction secrète, son père me dit:

« Alors, qu'a tu décidais mon fils? Ma fille est belle, intelligente, bonne ménagère et elle sait cuisiner ! Tu ne trouveras pas mieux dans tout Maroubila»

- Alors moi je ne comprenais rien de ce qu'il me disait, je pensais être venu pour lui acheter des chevaux, comme me l'avait dit mon père. Je me suis retrouver au beau milieu d'un piège matrimonial, cet homme voulait me refourguer sa fille ! Eva regarda le jeune homme parler, son histoire la faisait rire, d'où son sourire marqué. Son ami Rayane écoutait impassible, son visage était fermé. Seuls les rires de son frère Altair détendaient l'atmosphère étrange qui s'installait.

- Ah ! mon pauvre Mehdi ! mais qu'est ce que tu es allais faire là bas, tout le monde sait que Moncef est un rustre, il t'aurait offert sa fille gracieusement pour une poignée de cacahuètes ! Avec huit filles sur les bras, il en à plus qu'assez ! Altair se moquait de son ami tout en regardant sa sœur du coin de l'œil.

- A peine avait il appelé sa fille pour me l'a présenter, que je me suis enfuit. J'ai prétexté un soudain malaise et qu'il fallait d'urgence que je rentre. Le jeune homme se mit à rire.

- Peut-être que c'était la femme de ta vie, qui sait ? renchéri Rayane moqueur sans sourcillé. Tous s'écaffèrent.

Eva regardait ce trio complice avec envie, Altair avait le don de se faire de vrais amis, il était si attachant que ceux qui le connaissaient lui vouaient une amitié sans borne. Même Anis l'adorait, jusqu'au jour où celui-ci vienne demander la main de sa sœur.

Altair était fou de rage, il n'était pas d'accord quant à cette union, il disait qu'Anis n'était pas un bon parti, qu'il ne montrait jamais son vrai visage. Pour si peu ses parents n'avaient pas jugés cela très grave et quand bien même, il changerait après le mariage. Eva était donc fiancée depuis quelques jours que son futur époux fit marche arrière. Il s'était rendu avec sa mère et ses deux sœurs annoncer la nouvelle des plus surprenante. Les Corbouss étaient très mal à l'aise, la mère annonça à la famille Ashimine que leur fils ne voulait plus épouser leur fille car il ne se sentait pas prêt. Anis baissait la tête, la honte l'empêchait d'affronter les regards qui le foudroyaient.

- C'est son choix et nous le respectons. Eva est très jeune, elle aura d'autres propositions, ce n'était pas écrit. Dit monsieur Ashimine calme, les yeux rivés sur le jeune homme qui ne levait toujours pas la tête.

- Je... je vous présente mes excuses les plus sincères Ledoni, mon fils a fait preuve de précipitation et de stupidité. Je ne puis contenir m'a gène, vous êtes une famille respectable et je suis consciente que ce revirement de situation fera beaucoup de bruit dans le quartier. Dit la mère d'Anis, le visage serré, elle tenait un mouchoir de soie qu'elle ne cessait de tripoter nerveusement.

Eva était dans la cuisine, la porte entrouverte, ses quatre sœurs étaient cachaient derrière. Elles écoutaient la conversation avec attention, tandis que leur sœur des plus concernée faisait la vaisselle.

- Mais laisse moi de la place Feryel, tu m'écrases les pieds ! dit Sania en chuchotant nerveusement.

- Je suis désolé, mais je ne vois rien avec ta touffe de cheveux !

- Chut ! toutes les deux, on va vous entendre, déjà que c'est mal barré, restez discrète ! Leur intima leur sœur aînée Milha, d'une voie cinglante.

Eva ne leur prêta aucune attention, le visage fermée, elle fixait au loin par la fenêtre les arbres de la forêt, tout en essuyant la vaisselle. Une fois finie, Eva ouvrit la porte de la cuisine brusquement. Tous dans le salon se retournèrent un à un et ses sœurs démasquées s'enfuirent dans la cuisine, honteuses. Leur sœur, nerveuse marcha indifférente vers l'escalier. Elle n'avait même pas prit la peine de saluer les invités, ni même de remarquait qu'Anis s'était levé lorsqu'elle avait surgi. Montant les marches deux par deux, elle atteint rapidement sa chambre et s'enferma à clef. Elle ouvrit la fenêtre, s'accouda sur le rebord et prit une grande bouffée d'air. En début d'après-midi, il faisait lourd, le soleil tapait fort, aucuns nuages n'étaient visibles pour adoucir ce climat caniculaire. Eva, regardait au loin sans intérêt, obnubilée par la présence de ces ôtes. Anis était chez elle, non pas pour rendre visite à sa fiancée comme tout jeune futur époux. Non, il était là pour l'humilier devant toute sa famille. Sans être prévenu au préalable, Eva ne savait pas qu'il avait changé d'avis, qu'il ne voulait plus d'elle. Elle aurait put être sous le choc, pleurer même, mais étrangement cela ne venait pas, elle ne savait pas pourquoi la nouvelle ne l'avait pas autant heurtée. Cela cachait sûrement un dysfonctionnement en elle, voulait elle inconsciemment refouler cet événement, qui tel une bombe à retardement allait exploser d'un moment à l'autre.

Altair était rentré à la maison, il salua rapidement les invités, intrigué par ces visages dépités. Lorsqu'il apprit la nouvelle, une rage indescriptible s'emparât de lui, il n'avait pu se contenir ce jour ci. Face à Anis, il l'avait plaqué contre le mur, le poing menaçant. « Comment ose tu venir chez moi et annoncer cela sans aucune gène ». Ses parents et ses sœurs l'avaient retenu, Anis n'avait même pas essayé de se défendre, les bras le long du corps, la rage de son ami s'amplifiait encore plus. « A partir de ce jour je ne veux plus te voir traîner ici, oublie ma famille et ne t'approche plus jamais de ma sœur ». Depuis Anis avait déserté le quartier, le revoir dans la forêt avait était un pur hasard, ou voulais t'il l'a revoir ? Eva ne savait plus ce qu'elle devait croire, il fallait qu'elle l'oublie au plus vite pour ne pas souffrir à nouveau.

Eva reprit ses esprits, suivant Rayane du regard, il s'était levée brusquement, son visage s'était transformé.

- Je dois y aller Altair, j'espère te voir bientôt... tu peux passer quand tu veux à la maison. Rayane salua ses amis d'une poignée de main , il avait l'air embarrassé une pâleur se remarquait sur ses traits.

- Déjà ! mais tu viens à peine d'arriver, c'est tellement rare que tu passes... allez ne te fait pas prier, reste dîner à la maison avec Medhi et ma cousine. Altair le pris par l'épaule amicalement.

- Désolé vraiment... je ne peux pas rester. Rayane regarda Eva, d'un œil noir. Je ne me sens pas très bien... je ferais mieux de rentrer. Il salua ses deux amis de la tête, tourna les talons vers la porte.

- Tu ne vas pas utiliser mes propres répliques pour t'extirper d'une mauvaise situation ! lui lança Medhi gentiment. Des rires retentirent avec éclat.

- Je n'oserai pas, ce n'est pas mon genre, vraiment... j'ai mal au crâne. Il regardait Eva la mâchoire serrée.

- Eva s'il te plait apporte lui de l'eau, je ne veut pas qu'il me fasse un malaise. Rayane assied toi un instant!

Eva s'afféra à la cuisine, prit trois feuilles d'absinthe dans un des tiroirs. Elle les fit bouillir une minute dans de l'eau et laissa refroidir, puis versa l'infusion dans un grand verre. Elle le déposa sur un plateau en inox et se dirigea dans le salon. Rayane était désormais blême, la tête entre ses mains, il marmonnait des mots incompréhensibles. Eva s'approcha, lui tendant le verre.

- Voici pour toi, j'espère que ça ira mieux. Rayane leva les yeux, il fronça les sourcils, sa douleur s'accrut soudain. Malgré cela, il tendit la main pour prendre la boisson, ses doigts en contact avec ceux de Eva, il s'écroula sur le divan comme si il fut électrocuté. Tous s'étaient précipités autour du malade, Altair s'accroupit et tapota les joues de son ami.

- Rayane ! réveille toi ! Rayane ! celui-ci ne bougeait pas. Eva occupe toi de lui, je vais chercher de l'aide. Celle-ci obtempéra sur le champ, elle s'asseya prêt de lui. Sa cousine avait apportée des serviettes trempées dans de l'eau glacée. Le front du malade en fut recouvert aussitôt, sentant des gouttes qui dégoulinaient le long de son visage, celui-ci ouvrit les yeux doucement. Eva le regardait, elle lui prit la serviette pour l'échanger avec une autres beaucoup plus fraîche.

- Ça va aller, Altair est allé chercher de l'aide. Dit Eva d'une voix douce et rassurante.

- ... hum... Ne me touche pas !... j'ai tellement mal! Rayane hurlait tellement la douleur était insupportable. Eva s'écarta d'un bon, il l'avait repoussait d'un revers de la main.

- Je suis désolé, je ne voulais pas... Eva était inquiète pour lui, mais ne comprenait pas son agressivité envers elle. Il lui prit soudain la main, d'une voix à peine audible, lui murmura à l'oreille.

- C'est toi Eva ! tu me fais tellement mal ! ce contact fut tel un électrochoc, il relâcha son emprise et sombra de plus belle. Altair réapparut accompagné des trois frères de Rayane, ils s'empressèrent à son chevet.

- Que c'est il passé ? interrogea l'un des frères, il s'était adressait à Eva, la plus proche du souffrant.

- Il se sentait mal... et je lui ai apportait un remontant qu'il n'a pas bu... quand il s'est évanouit. Eva était gênée, elle ne se sentait pas à sa place autour de tout ce monde au regard accusateur. Oussim toucha le front de son frère, il était brûlant.

- Ça lui arrive souvent ? demanda Medhi inquiet.

- ... Euh... Non, pas du tout. Répondit Oussim hésitant.

- A-t-il avalé quelque chose ? A-t-il dit quelque chose? dit un autre de ses frères, Sinar était le cadet, plus grand, plus imposant que les autres.

- Non, rien du tout. Répondit Medhi. Mais il à parlait à Eva, je ne sais pas se qu'il à put lui dire, je crois qu'il délire ! Tous la regardèrent, celle-ci baissa la tête.

- Qu'a-t-il dit Eva ? lui demanda son frère Altair, empressé.

- ... Il n'a pas tous ses esprits... J'ai l'impression qu'il divague... il n'a rien dit d'important ! Eva se sentit mal, des gouttes de sueur perlaient sur son front, l'atmosphère était pesante.

- Peu importe ! je veux savoir ce qu'il t'a dit ! Altair cria sans s'en rendre compte, sa sœur fit un pas en arrière.

- Inutile de t'énerver... Il m'a juste dit que je lui faisais mal... Mais tous pourront te dire que je n'ai absolument rien fait ! je ne comprends rien ! Les larmes aux yeux, Eva était à bout de nerf. Soudain Rayane reprit conscience, tous se détournèrent d'elle pour accueillir le malade.

- Rayane ! c'est Oussim ! comment te sens tu ?

- ...hum...hum... j'ai mal à la tête, tellement mal... Rayane était au bord d'une rechute lorsqu'il ajouta. C'est ta sœur Altair... sa présence me fais souffrir... Eva croisa tous ces regards en même temps qui l'a fusillaient. Les larmes coulaient sur son visage délicat, en courant elle regagna l'étage et s'enferma dans la salle de bain.

- Tu es sérieux? Eva n'a pourtant rien fait ! remarqua Altair. Son ami avait reprit des couleurs et put s'asseoir sur le divan.

- ... Je ne sais pas ce qui s'est passé, une douleur abominable dans ma tête au seul contact de ta sœur. J'ai voulu vérifier en lui prenant la main et une douleur encore plus intense me frappa. C'est étrange... ça ne m'était jamais arrivé auparavant. Ses frères écoutaient avec attention. Le plus jeune d'entre eux s'approcha de lui, le prit par les épaules afin de l'aider à marcher. Ils remercièrent Altair et les autres pour leurs aides et rentrèrent chez eux le visage méfiant et accusateur.

Marissa avait rejoint sa cousine, elle toqua à la porte doucement.

- Eva c'est moi, ouvre sil te plait. Personne ne répondit, on entendait le bruit de l'eau qui coulait.

- Je t'en prie ouvre moi, les Herat sont rentrés chez eux. Ce n'est rien Eva, Rayane va mieux. Marissa parlait à travers la porte ; sans bruit Altair se posta derrière elle. Il toqua à la porte brutalement.

- Eva ouvre ! tu fais la tête? allez cesse de faire l'enfant ouvre moi ! Toujours aucune réponse, il toqua de plus belle.

- Laissez moi tranquille ! cria Eva en pleur.

- Tu pleurs ? Eva ouvre moi sil te plait ! je ne voulais pas m'énerver tout à l'heure, mais la situation était critique, j'ai vraiment eu peur pour lui. Je me suis emporté... pardonne moi.

- Ce n'est rien... j'aimerais être seule maintenant. Dit Eva qui avait baissée la garde.

- Très bien. Si tu as besoin de quoi que ce soit appelle moi. Dit son frère rassuré qu'elle ne lui ai tenue rigueur pour son comportement un peu brusque.


(Image : Léon Comerre (1850-1916))

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