𝐍.𝐎.𝐒 | 𝙎𝙞𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙞𝙩...

By suncharme

111K 5.3K 233

« Simplicité est habit de perfection » Histoire courte, mignonne, légère et sans prise de tête juste de quoi... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Epilogue
BONUS
BONUS II

Chapitre 4

4.7K 215 10
By suncharme

juillet 2017


AMÉLIA

La porte s'ouvre sur Fatima qui me sourit avec toute la chaleur qui la caractérise. La femme qui, pendant mon enfance et mon adolescence, a pris une place maternelle dans ma vie se recule pour me laisser entrer dans leur appartement. Je la prend dans mes bras et lui embrasse le front quand elle me demande comment je me porte.

- Tout va bien, et toi ?

Sa réponse fait aussitôt tomber mon sourire, elle me répond qu'elle va bien avec une moue qui prétend le contraire.

- Nassim ne rentre presque plus à la maison, s'il le fait il dort toute la journée pour repartir le soir, m'explique-t-elle.

Elle s'assoit après avoir posé deux tasses de café sur la table, une devant elle et une pour moi. Elle se gratte la tempe devant mon expression qui lui intime de continuer.

- La dernière fois que j'ai vu ce comportement, c'était Younès.

Et je comprends sans qu'elle ne finisse sa phrase. Et on sait comment ça a fini, c'est ce que je me dis quand Fatima baisse la tête pour touiller le carré de sucre qu'elle a mis dans sa tasses.

- Est-ce que tu pourrais essayer de lui parler, s'il te plaît ? Me demande-t-elle.

Je soupire et bois une gorgée de liquide noir. Depuis que je suis revenue vivre à Evry et que j'ai vu à quel point Nassim avait grandi et pris en maturité, la peur qu'il veuille reprendre le flambeau de Younès m'effraie moi aussi. J'essaie de garder un œil sur lui, il est le premier visage que je cherche quand je rentre dans la cité. Et même si ça ne veut pas dire qu'il ne le fait pas, je ne l'ai jamais vu de mes propres yeux donner un pochon ou quoi que ce soit à quelqu'un.

Même fumer un joint, je l'ai surpris deux ou trois fois et me suis permise de lui faire la morale. Il soutenait que ce n'étais pas régulier et qu'il tirait sur les cylindres de ses potes selon l'ambiance mais qu'il n'en avait pas une consommation personnelle. J'avais donc orienté mon discours auxdits amis, que je connaissais depuis aussi longtemps et qui me considérait au même titre que Nassim comme la grande sœur de service. Ils avait hoché la tête comme des enfants sous entendant qu'ils n'en avaient rien à carrer de ce que je pouvais bien leur raconter.

- Tu sais, reprenais-je. Ça va faire quelque jour qu'il m'ignore et je suis pas sure qu'il veuille me parler.

En effet ça faisait trois semaines qu'il ne m'adressait plus la parole. Je sentais encore son regard sur moi quand je rentrais du travail, sur le chemin entre ma voiture et mon bâtiment. Mais quand je leur passais devant et les saluais, tous les gars me répondaient sauf lui. Je lui avait envoyé un message quelques jours après la venue de Sofiane pour qu'il passe me voir mais il n'avait jamais répondu et n'étais pas venu d'ailleurs. Alors j'avais laissé coulé en me disant qu'il se clamerait et viendrait me parler de son problème avec moi de lui même.

Ma vie avait continuée son cours de manière paisible, j'avais eu quelques nouvelles de Naya qui me disait qu'il fallait qu'on se refasse une journée ensemble avec Daniella et Yasmina qui m'avait beaucoup appréciée, il en était de même pour les autres avec qui j'ai avais parlé qui ne lui avait donné que des bons retours me concernant, apparement.

Je sentis mon cœur se serrer quand l'expression de ma deuxième mère se fissura pour afficher toute sa peine après mes mots. J'avalais la dernière gorgée de mon café avant de poser ma tasse sur la table et de poser mon autre main sur la sienne. Elle déplia ses doigts pour que je puisse glisser les miens à l'intérieur de sa paume et les referma.

- Je vais essayer, lui dis-je. Je promets rien, mais je vais essayer.

Je tentais un sourire maladroit pour la rassurer mais elle me le rendit avec une tristesse qui me transperça le cœur. Cette femme avait un courage incroyable, elle avait élevée seule deux garçons pas faciles à vivre pour être honnête. Elle travaillait dur et faisait des heures impossibles pour ramener ce qu'il fallait à ses enfants en refusant toute l'aide qu'on lui avait proposée.

- S'il lui arrive quelque chose, je m'en remettrais pas Amélia.

Je fermais les yeux pour essayer de retenir les larmes qui menaçaient de couler. Ma prise autour de sa main se raffermit pour tenter d'exprimer ce que je n'arrivais pas à dire, les mots étaient bloqués dans ma gorge par les sanglots. Il me fallu une minute pour me remettre et être capable d'aligner deux mots.

- Je vais essayer, répétais-je.

Finalement la femme forte que je connaissais avait repris le dessus et avait mis le malheureux sujet loin dans un recoin de sa tête pour laisser place à son enthousiasme habituel. On avait discuté pendant plus d'une heure avant que je ne retourne chez moi, dans la tour voisine. J'anticipais déjà en envoyant un message à Nassim pour réessayer de le faire venir chez moi. Le connaissant, il fallait d'abord qu'il le lise (ce qui pouvais prendre un temps fou), puis qu'il réfléchisse à la proposition et enfin qu'il se décide. Je faisais donc bien de prendre de l'avance pour qu'il ne débarque pas au milieu de la nuit, s'il voulait venir bien entendu. J'essayais d'être assez stricte dans mes mots mais assez douce pour qu'il ne se sente pas trop obligé. Donnez un ordre à Nassim et vous pouvez être sûr que dans quatre-vingt dix pour-cents des cas, il fera l'inverse. 

[ Amélia : Tu passes ce soir ? Il faut qu'on parle ♡ ]

Pendant ce temps, je pris une douche pour me rafraîchir et réfléchir. Dans l'éventualité où il viendrait ce soir, qu'est-ce que j'allais lui dire exactement ? Et surtout, comment j'allais le formuler pour ne pas qu'il se braque ? Je finis par trouver une idée qui n'étais peut être pas très bonne mais qui, je pense si elle fonctionnait elle fonctionnerait à la perfection. Donc en sortant de la douche je pris le temps d'envoyer un petit message à Naya en lui précisant que je lui expliquerais le pourquoi du comment plus tard, et si elle pouvait éviter d'ébruiter ma demande ça m'arrangerait.

Je me mis dans une tenue confortable devant la télé jusqu'à dix-neuf heures, quand quelqu'un frappa a la porte. Ça faisait deux heures que j'avais envoyé ce message à Nassim et j'espérais sincèrement que ce soit lui. Et effectivement c'est lui que je trouvais dans l'encadrement. Sa casquette vissée sur la tête et ses mains dans les poches pour compléter son allure nonchalante. Je me décalais pour le laisser entrer et lui embrassais la joue quand il passa devant moi. Il n'émit aucune réaction, ce qui me fit lâcher un petit soupire : ça s'annonçait compliqué. Il prit place sur une chaise dans la cuisine sans avoir ouvert la bouche, je savais qu'il attendait que je parle la première.

- C'est bien que tu sois venu, lui dis-je.

Il répondit par un simple signé de tête, son regard était lasse comme s'il était obligé d'être là contre sa volonté. Je ne lui avait pourtant pas mis le couteau sous la gorge. Je m'installais face à lui qui conservait cette posture qui disait « j'en ai rien à foutre de ce que tu vas me dire ». Hors je le connaissais par cœur et je savais que la moindre de mes paroles avait de l'importance pour lui, depuis toujours mais principalement depuis qu'il avait décidé de prendre une part de la place de Younès dans ma vie. La place qui m'ennuyait le plus, celle qui consistait à veiller sur moi et me protéger, ce que la plupart des mecs que je côtoyais ici avait tendance à faire de manière exagérée. Younès et Sofiane en faisaient parti et Nassim n'échappait pas à la règle non plus.

- J'ai vu ta mère cet après-midi, j'entrais dans le vif du sujet. Elle s'inquiète pour toi.

Il ricana d'une manière qui me fit presque froid dans le dos.

- Je sais, il dit simplement.

Il leva la tête pour me regarder dans les yeux et la pencha pour me regarder de travers.

- Si c'est tout ce que t'avais à me dire, il se leva. J'me casse.

Il s'avançait vers la sortie mais je le rejoint avec de grandes enjambées pour le retenir avant qu'il ne passe la porte.

- S'il te plaît Nas', je chuchotais presque. Reste pour qu'on discute, que tu puisses me dire ce que t'as en ce moment.

Je devais la tête pour le regarder et je vis les muscles de sa mâchoire rouler sous sa peau, son regard était fixé droit devant lui sur ma porte d'entrée. Mes mains encerclaient son bras depuis que je l'avais arrêté dans sa course et après quelques seconde je le sentis enfin se détendre dans un souffle. Le sentant prêt à me parler, je le traînais jusque dans le salon pour qu'on soit plus confortablement installés.

Il s'assit en posant ses coudes sur ses genoux, il jouait avec ses doigts. A cause de son regard baissé vers ses mains en plus de sa casquette, je ne pouvais pas ou presque pas voir son visage. Ça me frustrait mais lui se sentais plus rassuré.

- J'suis perdu Melie. Ça m'rend ouf de voir ma mère se casser le cul tous les jours et même pas vouloir que je l'aide. Et je sais qu'elle travaille pour ramener de la thune mais aussi pour éviter de rester à la maison ou tout lui rappelle mon reuf. Au début elle arrivait même plus à me regarder en face sans chialer, c'est pour ça que pour éviter d'lui faire du mal j'reste pas trop à la casa quand elle est là.

Je l'écoutais attentivement sans le couper dans sa lancée. Un Nassim qui parle autant en une seul fois c'était assez rare pour être souligné. Il fit cependant une petite pause pour passer ses mains sur son visage avant de reprendre sa position initiale.

- Y a un mec qui nous a approché avec les gars l'autre jour. Il nous a proposé de rentrer dans son biz et au début on était pas du tout chaud, mais quand il a commencer à parler avec des chiffres on a bégayé. Et depuis on hésite, tu sais aussi bien que moi à quel point j'pourrais aider ma mère avec ça, mais j'ai peur de prendre le risque que ça se retourne contre moi. Elle y arrivera une fois pas deux, j'veux l'aider pas la foutre dans une tombe.

À nouveau un silence et des soupires, ses mains qui se balade sur son visage et autour de son crâne sous sa casquette. Ma surprise éclate quand il reprend la parole et que je reconnais des sanglots dans sa voix.

- Et j'finis par détester mon frère, c'est comme s'il nous avait abandonné. Il nous a laissé avec toute la merde sur le dos et comme s'était lui qui gérait la baraque j'ai l'impression que maintenant c'est à moi, j'suis devenu le seul homme de la maison. Mais je sais que j'suis pas comme lui et que j'ai pas les épaules pour gérer putain !

Durant les dix-huit années pendant lesquels j'ai côtoyé Nassim, je ne l'ai jamais vu pleurer de cette manière. Enfaite, si on met de côté ses cinq premières années ou les enfants font des caprices pour un oui ou un non et font céder leur entourage avec des larmes, j'assure ne l'avoir jamais vu pleurer tout court. J'essaie d'étouffer mes propres sanglots quand il bascule dans mes bras. Je vire sa casquette pour passer ma main dans ses cheveux et tenter de le calmer comme quand il était enfant.

- En plus, il continue. Avec toi qui est en train de nous abandonner j'vais pas y arriver. Il m'a dit Sofiane qu'on te suffisait plus et que tu voulais voir d'autre gens mais tu peux pas. T'as pas le droit de faire ça Melie, t'as pas le droit de partir, t'as pas le droit de me laisser. J'ai d'ja perdu un frère, j'veux pas perdre ma soeur.

Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire par là mais je le laissais vider son sac et tout ce qu'il retenait une bonne fois pour toute. Je l'écoutais le répéter que je n'avais pas le droit de l'abandonner tout en réservant la prise sur ses épaules pour lui montrer que j'étais là et que je ne bougeais pas.

Continue Reading

You'll Also Like

397K 16.5K 116
Elle cherchait un endroit en marge de cette soirée où elle ne voulait pas venir. Lui voulait juste souffler et se ressourcer au calme. Ils se retrouv...
222K 8.1K 71
« Personne ne sait ni quand, ni comment l'amour ou la foudre vont tomber, mais tout ce qu'on sait, c'est que ça ne tombe jamais deux fois. » Charles...
224K 7.6K 68
Les planètes n'étaient pas alignées en leurs faveurs, mais le destin à bien fait les choses.
45K 1.2K 15
Jordan Bardella et Gabriel Attal, anciens amants et désormais rivaux politiques, se retrouvent lors de débats télévisés. Leur rupture douloureuse les...