Déjà deux semaines où le repas a eu lieu, je suis heureux pour Eireann mais je suis un peu jaloux, je l'avoue. J'aimerais tant être à sa place, avoir une famille aimante pour moi. Ce soir-là on sentait bien que quelque chose se passait, mais on n'aurait jamais cru cela...
Pourquoi l'être humain ne peut pas s'empêcher d'être jaloux du bonheur des autres ? Je suis vraiment contente pour elle, c'est vrai! Elle va enfin avoir une vie de famille sans jamais avoir peur de retomber dans ses démons. Toujours quelqu'un là pour elle, se préoccuper d'elle, prendre soin d'elle. Moi ce n'est que temporaire une fois le bac, je serais de nouveau livré à moi-même. Ça vous arrive de vouloir crier, faire sortir au fond de vous cette ramequin vous bouffe les entrailles, mais qu'aucun son n'arrive à en sortir ?
Il y a deux jours, poil de carotte m'a raconté son passé, pourquoi elle est devenue une little. J'ai eu une boule au ventre, en connaissant certains détails, mon comportement d'envieux me dégoute, elle mérite tellement le bonheur.
Eireann est née dans une famille ce qui a de plus normal. Troisième de sa famille, un père qui la chouchoutait, une mère envieuse d'elle qu'elle soit la préférée. Son enfer a commencé très jeune, sa grand-mère paternelle la haïssait, pourquoi ? Tout simplement le fait d'être une fille, et surtout la fille d'une femme qu'elle détestait plus que tout au monde. À l'âge de 6 ans, elle fut abusée pour la première fois, chaque jour, chaque moment seul, chaque nuit, chaque vacance par un de ces frères de 9 ans son ainé. Elle ne m'a pas dit exactement ce qui se passait et je n'ai pas cherché à avoir des détails, ça a duré 4 ans. C'est à cette période qu'elle avait commencé à grossir, du coup sa mère lui rabâchait sans arrêt « tu es trop grosse ! Une fille ne doit pas être grosse ! » À cet âge-là ça peut être ravageur, et ça là été. Elle a toujours essayé de bien faire, d'être une bonne élève, mais ce fut difficile personne pour l'aider à la maison depuis qu'elle a huit ans elle avait l'habitude d'être seule chez elle, elle rentrait le midi se réchauffait le plat pour ensuite repartir à l'école. Les notes n'étaient pas fameuses, mais elle avait quand même la moyenne, elle prit des coups pour ne pas être meilleure.
Le jour de ses 10 ans elle faisait du roller, elle est tombée violemment sur le genou, sur les grilles pour chaussure en bas des appartements. Elle s'est ouvert profondément le genou, mais personne ne la emmener à l'hôpital se faire recoudre. Il fallut attendre deux semaines quand en tombant de nouveau, elle aggrava la plaie. À l'hôpital son père s'est fait passer un savon et il s'en prendra après elle dans la soirée. A partir de ce moment son père commencer à l'ignorer. Les années passes, jusqu'en troisième, elle sera une adolescente complètement effacée, seul dans son monde que personne ne comprend, pas même elle. Elle commence la mutilation sur les bras, puis sur les cuisses pour que personne ne le voit pour extérioriser na douleur interieur. Boulimie et anorexie se suivront, la seule chose qu'on lui dit quand elle pleure ou se sent mal, c'est " tu es folle" ou " tu as besoin d'un psy ma pauvre fille ! ". Elle fugue, on la retrouve on la bat ! Son père quitte le foyer à ses 14 ans, laissant à sa mère avec plus de cent mille euros de dette. Son père avait commencé à la critiquer sur son physique et manque de personnalité avant son départ. Son frère qui abusait d'elle devient alcoolique et versa toute sa rancœur sur elle, les coups de pied dans les côtes elle ne les comptes plus. Son autre frère devient un junkie et sa mère se tapa toutes les personnes possibles pour avoir de l'argent. Arrivés au lycée, croyant enfin respirer un peu, les problèmes empirent. « Tu me coûtes cher ! » lui répétait sans arrêt sa mère. Elle a commencé à aller au lycée en fraudant pour le train et le bus, se fit attrapée plusieurs fois, et due apprendre à mentir. Mais l'argent manquant elle dut trouver une solution, faire comme sa mère pour pouvoir continuer d'aller en cours... C'est là qu'ont l'à attraper. « Voilà, je n'en dirais pas plus!» m'a-t-elle dit avant-hier.
Comment peut-on survivre à une telle enfance ? La mienne est tellement joyeuse par rapport à la sienne, j'ai honte.
Aujourd'hui, je suis seule au centre. Eireann est au tribunal pour que l'adoption soit validée. Je suis en cours, mes notes remontent, je fais beaucoup de progrès d'après mes daddys. J'ai même eu le droit à un cadeau, un magnifique livre sur les planètes, mais est-ce que c'est pour mes bonnes notes, ou bien pour avaler le coup que ma poil de carotte a été adopté et a une famille rien qu'a elle ? Je soupire de nouveau, sur ma feuille, je ne suis pas concentré mais j'arrive à répondre à toutes les questions, sur ce devoir d'anglais.
La sonnerie sonne, c'est l'heure de la récréation. Je me retrouve assise sur ce banc avec Lily, mais sans Eireann ce n'est pas pareil. Je ne mange pas mon gouté et le donne à Lily qui ne se fait pas prier pour le manger.
- Alors comme je te disais mommy Milla elle m'a emmené au restaurant hier soir avec daddy Louis c'était trop bien, je me sens comme dans une vraie famille! Jamais, je ne voudrais la quitter.
- Mais on va la quitter un jour où l'autre Lily ! dis de mauvaise humeur.
Les cours reprennent, je suis aux abonnés absents en étant là physiquement, on me rappelle plusieurs fois à l'ordre, je ne peux m'empêcher de penser au bonheur de ma sœur... est-ce toujours ma sœur d'ailleurs ?
- Joshua ! dernière fois que je te rappelle ou alors tu vas au coin ! se fâche daddy Christopher
- Si ça peut vous faire plaisir...
- Qu'as-tu dis Joshua ? demande daddy Joseph qui était juste derrière moi.
- Rien !
- Est au moins le courage de répéter ce que tu as dit Joshua !
- Très bien ! (je me lève pour me mettre debout et être face à lui) j'ai dit si ça peut vous faire plaisir !
Joseph me domine d'une bonne tête, mais je ne flanche pas. Il décroise ses bras et me prend par le bras pour m'emmener dans le fond de la classe, dans un coin réserver à ceux qui font leurs fortes têtes. Je refuse et repousse son bras dans un geste brutal du mien.
- NON !
- Pardon je n'ai pas bien compris, tu peux me répéter ce que tu viens de me dire Joshua?
- NON! N.O.N, NO, NEIN, LAA, AWA, NEJ, KAORE, NIET, AYI!
Il pose le livre qu'il a dans la main sur la table la plus proche et m'empoigne les mains, mais refuse toujours d'avancer. En deux trois mouvements et sans comprendre ce qu'il m'arrive, je me retrouve en sac à patate sur son épaule. Je crie, je hurle pour qu'il me relâche, la seule chose que j'arrive à faire c'est obtenir une bonne claque sur les fesses, et elle n'est pas tendre ! Les noms d'oiseaux sortent de ma bouche automatiquement. Tout le monde me regarde dans la classe mais je m'enfiche. Je continue ma sérénade. Il me pose sur la chaise des littles puni, mais, je ne compte pas rester assis dessus, je me relève. Il fait une pression sur mes épaules, pour me rassoir. Cela fonctionne. Je me relève dès qu'il enlève ses mains de moi.
- ASSIS TOI IMMEDIATEMENT JOSHUA ! hurle Joseph.
- NON! N.O.N, NO NEIN, LAA, AWA, NEJ, KAORE, NIET, AYI!
Christopher arrive pour prêter main-forte à Joseph, mais je n'ai pas dit mon dernier mot ! C'est plus fort que moi, aujourd'hui c'est le jour où il ne faut surtout pas me chercher. Il arrive vers nous et pose ses mains sur ses hanches, pour voir si je vais continuer. Je suis debout face à eux, tous les regards vers moi. Mon regard doit être mauvais, je sens toute la colère, la jalousie, les frustrations monter en moi, une bombe prête à exploser.
- C'est quoi le problème, Joshua ? demande Christopher.
- Vous ne pouvez pas tout simplement me foutre la paix ?! Vous croyez qu'en étant un little, que je vais être aussi docile qu'un chien ? J'en ai marre de tout ça ! MARRE !!!
Joseph se rapproche de moi, et tend une main comme pour calmer une bête dangereuse, je n'en suis pas une putain !
- Ne me touche pas !
Les deux éducateurs se regardent et se disent oui d'un hochement de tête. Je soupire, sourit jaune et regarde derrière eux pour détourner l'intention. Je renverse la chaise et arrive in extremis à passer à côté de Christopher, contourner les tables, parvenir à la porte et l'ouvrir avant de me faufiler dehors dans le couloir. Je n'ai que quelques mètres d'écart avec eux, je dois faire vite! Mais pour aller où ? Dieu seul le sait ! Bravo Josh, encore une connerie de plus à ton palmarès !!!
- Joshua revient ici immédiatement ! hurle Joseph.
Je fais du bruit en courant plus leurs cris pour que je me stop m'angoisse, si d'éducateurs nous entendent, je suis coincé ! mais si je réfléchis correctement a la situation, je suis déjà coincé et j'aggrave mon cas. Les toilettes pour adultes ma dernière option. Dix mètres, huit mètres, cinq mètres, trois mètres, un mètre... la porte s'ouvre et je réussis à m'engouffrer dedans en fermant le verrou derrière la porte. Les éducateurs tambourinent à la porte, la panique me gagne ! Que faire? Quand Ekemona et Alexander vont apprendre ça, ils vont être déçus, oh mon Dieu... ils vont m'abandonner. Les larmes inondent mes joues, je suis fichu ! Je vais aller en prison !
- On va défoncer le port Joshua, si tu n'ouvres pas !
Je me retourne et vois grossièrement mon reflet flou dans le miroir dû à mes larmes, je ne peux le supporter et tape de toute mes forces contre le miroir. Je le brise une première fois, puis je continue tellement mon image m'insupporte. Un liquide rouge coule de mes mains... je regarde le morceau de verre qui est dans ma main, je desserre ma main dessus et l'empoigne en direction de mes poignet. Je ne peux plus supporter tout ca, d'un geste rapide j'entaille mon poignet droit. Plus rien autour a de l'importance, le bruit de mon cœur tape dans mes tempes. Un bruit, un son brutal au fond me parvient doucement aux oreilles, le visage de Joseph apparait devant moi. Je me sens soulever, ca bouge tout autour de moi, mes yeux sont lourds, très lourd... La dernière chose à laquelle je pense avant de sombrer dans le trou noir, c'est ce que daddy Ekemona a dit à Eireann ce fameux soir, au repas.
- Eireann, après avoir longuement réfléchis avec daddy Alexander, vu que t'es parents on perdu leur droits sur toi, on a décidé de t'adopter ma chérie !