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- N'importe quoi ! je souffle, exaspéré. Pourquoi auraient-ils peur de nous ? C'est aussi stupide qu'incompréhensible !
- Peut-être que c'est idiot, mais ils nous craignent vraiment. réplique Armin, sans se démonter. Sinon, comment expliques-tu que tout le monde te fuis ?
- Parce-que Célestine leur a raconté des conneries sur moi ! je rétorque vivement.
- Vraiment ? Et alors, pourquoi les autres me fuient, moi ? me demande-t-il. Je n'ai jamais parlé à Célestine. Et tout allait très bien pour moi jusqu'à ce que je dise à quelqu'un de ce lycée que je venais de Sina-sur-Marne.
Je le dévisage silencieusement pendant une seconde, avant de me remettre à dessiner, m'obstinant à trouver sa théorie complètement sotte.
- Écoute. reprend Armin. Je suis désolé mais Célestine n'a pas raconté des âneries à ton sujet, elle a juste dis que tu venais du village. Tu n'as donc pas remarqué qu'ils te lancent des regards effrayés ?
Je relève alors la tête, une idée venant de germer dans mon esprit.
- Levi vient aussi du village et il ne m'a rien dit là dessus. j'affirme.
- Tu n'auras qu'à lui demander, il te dira la même chose que moi. assure Armin en haussant les épaules.
- Tu le connais ? je demande, fronçant les sourcils.
Il éclate de rire pendant un court instant, avant de secouer la tête de droite à gauche, l'air ahuri.
- Bien sûr que oui ! dit-il. Tout le monde connaît Levi Ackerman ici !
- Il est populaire ? je lâche, surpris.
- Disons qu'il est connu pour avoir tabassé pas mal de gars. relativise Armin en soupirant légèrement.
J'ouvre des yeux ronds. Certes, j'avais conscience que Levi ne devait pas être la personne la plus douce de cette planète, mais je ne pensais pas qu'il était violent à ce point là !
- Mais... Non, ça ne doit pas être très grave puisqu'il ne s'est pas fait renvoyé. je me rassure à voix haute.
- Normal puisqu'il ne le fait pas dans l'enceinte du lycée. m'explique Armin. Il se bat dehors.
- Ah. D'accord...
- C'est une vraie brute, ce mec. lâche Armin en fronçant le nez, l'air dégoûté. Déjà qu'on est mal vu parce-qu'on vient de Sina, alors lui, il ne fait que terroriser les gens encore plus !
- Bon... Il a sans doute ses raisons. je tente, sans réellement savoir ce qui me pousse à le défendre.
- C'est sûr que fracasser le crâne de quelqu'un parce-qu'on a de bonnes raisons, ça rend tout de suite l'acte moins dramatique et grave. raille Armin.
Je lève les yeux au ciel et lâche un profond soupir, abandonnant cette conversation.
- J'imagine que tu es son ami. conclue alors Armin.
- On va dire que je l'apprécie. Ça fait pas longtemps qu'on se connait en même temps...
- C'est surprenant qu'il ne t'ait pas cassé quelque chose. remarque Armin.
- Je suis plutôt chanceux, j'imagine. je rétorque avec un léger sourire.
Un silence s'installe entre nous. Dans la classe, la professeur de SVT continue de nous expliquer ce que nous allons faire au cours de l'année sans que personne n'y fasse réellement attention.
Je me tourne alors vers lui et demande avec plus de légèreté :
- Et sinon ? T'aimes faire quoi ?
Un rictus amusé se peint sur les traits d'Armin.
- Tu veux faire connaissance malgré tout ? dit-il. Très bien. J'aime le tennis, les mathématiques et lire - principalement de la science-fiction - et voyager. Et toi ?
- Bah... J'aime écouter de la musique - surtout du rap, et dessiner. J'adore les mangas et le basket, même si j'ai rarement l'occasion d'en jouer.
- Tu dessines bien. admet Armin en regardant l'animal fantastique qui prend forme sous mes coups de crayon. T'habitais où, avant d'arriver dans le village ?
- A Paris. je réponds avec une once de nostalgie.
- Ça a du te faire bizarre. remarque-t-il. Tu étais dans la plus grande ville de France et tu te retrouves dans un bled paumé où le wifi passe une fois sur trois.
- Ouais. je confirme en hochant la tête. En plus, y'a même pas de Starbucks ici ! Comment je vais faire pour survivre ?
Armin fait alors une drôle de tête : à la fois dégoûté et horrifié ; c'est plutôt comique.
- Starbucks ? répète-il, toujours avec cette curieuse expression faciale. 'Me dis pas que tu vas à ce truc ! C'est comme Mac Do mais en pire !
- Désolé, mais leurs chocolats sont grave bons ! je réplique.
- Tu parles ! lâche Armin avec mépris. C'est 100% industriel, sauf qu'ils te font acheter ça super cher !
- Euh... nope. je rétorque. C'est pas du tout comme les trucs de la machine à café là-bas. C'est hyper bons et de qualité.
Armin me regarde avec des yeux ahuris avant d'insister :
- C'est industriel. Et en plus, les employés sont sous-payés. Starbucks, c'est Mac Do, mais en pire.
- Tu racontes que de la merde. je m'obstine, quelque peu agacé. Starbucks, c'est la vie. Et puis je suis sûr que t'y es jamais allé, alors arrête de juger sans savoir.
Armin me dévisage pendant quelques secondes silencieusement, avant de lâcher :
- T'es un peu con mais je vais essayer de m'entendre avec toi. De toute façon, j'ai pas trop le choix : tous les autres m'évitent.
Je le regarde un instant, silencieux, avant de me remettre à dessiner. Armin, quant à lui, se met à écouter notre professeur de SVT.
Nous nous occupons ainsi pendant cinq bonnes minutes, avant de nous remettre à discuter. Cette fois ci, nous nous cherchons des points commun. Une tâche qui s'avère extrêmement ardue. Au final, nous n'en trouvons que quelques uns : nous avons tout les deux Netflix (ou du moins, j'avais Netflix), nous aimons tout les deux la série Game of Thrones, nous détestons tout les deux le théâtre...
C'est tout ce que nous avons trouvé lorsque la sonnerie retentit enfin.
Nous rangeons rapidement nos affaires et sortons de la classe en lançant un rapide "au-revoir" à notre professeur. Une fois dans la cours de récréation, je me laisse tomber sur un banc. Armin s'y assoit aussi, mais avec un peu plus d'élégance.
Je cherche pendant quelques minutes le visage de Levi à travers la foule de lycéens qui bavardent dans la cour, mais je ne l'aperçois nul part. J'abandonne donc l'idée de lui parler maintenant et attends en silence que la cloche sonne pour retourner en cours.
Lorsque celle-ci retentit, moi et Armin nous dépêchons de trouver la classe où se déroulera notre prochain cours ; en l'occurrence, il s'agit d'un cours de Physique-Chimie.
Nous entrons dans la salle lorsque la professeur nous l'autorise, après quelques minutes d'attentes.
Puisque nous pouvons choisir nos places, je m'assois à côté d'Armin. Cette fois-ci, nous écoutons attentivement notre prof, sans parler ; il faut dire qu'elle explique bien et qu'elle a un humour phénoménal qui ne manque pas de faire pouffer toute la classe.
La sonnerie retentit une nouvelle fois, nous surprenant : nous n'avons pas vu l'heure passer.
Armin et moi filons au cours suivant.
Ce dernier dure, au contraire, une éternité.
Le professeur est d'une lenteur incroyable, à croire qu'il se drogue à la tisane, et il ne cesse de répéter en boucle les mêmes choses.
C'est avec ravissement que je quitte cette classe lorsque l'heure se termine enfin.
Comme il est midi, Armin et moi allons dans la cour de récréation.
- Tu manges avec quelqu'un ? je lui demande alors.
- Pas vraiment, non. me répond-t-il. Je peux manger avec toi ? Ou ça te dérange ?
- Non, t'inquiètes pas. Tu peux venir. Mais j'te préviens, y'a Levi et son groupe d'amis qui mangent avec moi.
Armin semble un peu moins enthousiaste en l'apprenant, mais il acquiesce tout de même.
Je fouille ensuite la cour du regard, cherchant Levi parmi tout ces lycéens. Je le vois alors, bousculant violemment les malheureux qui se trouvent près de lui et marchant à grands pas vers moi.
Il arrive rapidement près de moi et me dit immédiatement de sa voix la plus morne :
- Tu te grouilles, les autres nous attendent devant le self.
- D'acc' ! je m'empresse de lui répondre, avant d'ajouter d'un ton un peu moins assuré : Euh... Est-ce que Armin peut manger avec nous ?
Levi hausse un sourcil, se tourne vers Armin, puis pivote à nouveau pour me faire face. Il me répond alors sur le ton de l'évidence :
- Evidemment, du con. puis il dit à l'attention du blond : Par contre, ça m'étonne que tu veuilles manger avec des "racailles", Armin.
Ce dernier sourit avec amusement avant de répondre :
- Je vais m'y faire.
- Ou pas. réplique Levi. Je compte bien te donner à Hanji pour qu'elle nous laisse tranquille. Malheureusement pour toi, ça signe ton arrêt de mort, et dans d'atroces souffrances.
Un sourire étire mes lèvres alors que Armin pouffe discrètement.
- Je savais pas que t'avais de l'humour. je taquine Levi, amusé.
- J'en ai jamais eu et j'en aurais jamais. déclare-t-il. Ce n'était pas de l'humour. Bref, bougez vos culs. J'ai la dalle.
Il part sans nous attendre et nous nous empressons de le rattraper. Nous marchons d'un pas rapide jusqu'au self et, une fois devant, Levi nous entraîne vers un petit groupe de cinq adolescents qui semblent nous attendre.
En approchant d'eux, alors que ma nervosité ne cesse de croître à chaque pas, une fille aux cheveux attachés en une queue-de-cheval haute et aux lunettes triangulaires se rue sur moi. Elle approche violemment son visage du mien et s'arrête à seulement deux millimètres, un large sourire aux lèvres.
J'ai un brusque mouvement de recul, surpris et effrayé. Une fois calmé, je lui lance un regard à la fois ahuri et interrogatif : qu'est-ce qui lui a pris de faire ça ?
A ma grande surprise, elle part dans un fou rire démentiel qui résonne dans toute la cour. Celui-ci ressemble pas mal à ceux des méchants dans Disney : grave et tonitruant.
Grave ? Un peu trop même, on dirait la voix d'un garçon.
Surpris, je regarde un peu plus attentivement la fille qui est toujours en train de rire aux éclats. J'ouvre de grands yeux en me rendant compte d'une chose, ce n'est pas une fille, mais un garçon. Le fait qu'il porte une jupe m'a trompé.
Je m'assène une gifle mentale, me traitant d'idiot : si, c'est une fille. Si il veut en être une, alors il en est une. Donc c'est "elle", et pas "il".
Levi approche alors d'elle et lui donne un violent coup de poing dans l'épaule qui la fait chanceler et pousser une petite plainte de douleur. Elle fait une moue boudeuse, se tourne vers Levi et grogne :
- Mais euh... Ça fait vachement mal. Maîtrise ta force, Hulk.
- Ferme ta gueule. retoque ledit Hulk. Tu lui a fait tellement peur qu'il allait se pisser dessus. Putain, t'as encore oublié de prendre tes calmants, Hanji.
La dénommée lui tire puérilement la langue avant de se tourner vers moi, un immense sourire dévorant à nouveau la moitié de son visage.
- Salut ! s'écrie-t-elle en me serrant brutalement la main. Je m'appelle Hanji, et toi ?
- Moi, c'e-... ; je commence.
- Tu t'appelles Eren ! me coupe-t-elle immédiatement. Oui, je sais déjà !
- ... D'accord. je souffle avant de lui faire un sourire amical. Rassure moi, si tu connais mon prénom, c'est pas parce-que tu es une sorte de psychopathe qui me suit partout depuis ma naissance pour tout savoir sur moi et, le jour venu, m'éliminer ?
- Non ! nie-t-elle en gloussant. Je suis un peu folle, mais pas comme ça ! Par contre, ta supposition ferait un film d'horreur génial ! Pétra doit déjà t'aimer du coup ; rien que pour ça !
- Qui c'est, Pétra ? je lui demande.
- La nana rousse hyper belle et cool que tu vois là !
Et, pour illustrer ses propos, Hanji attrape par le bras la deuxième fille du groupe et la tire vers nous toujours en souriant.
En effet, elle est plutôt jolie avec ses cheveux roux clairs coupés aux épaules et ses grands yeux chocolat fondant, aussi doux et gracieux que ceux d'une biche.
Pétra semble habituée aux manières étranges d'Hanji puisqu'elle me fait un sourire rassurant et me dit avec espièglerie :
- Ne t'inquiètes pas, Eren. A part Hanji qui est folle et Levi un peu trop brutal, on est normaux.
- Levi ? Un peu brutal ? je répète sur le même ton. C'est un euphémisme, voyons. Armin peut le confirmer, Levi une véritable brute !
Armin semble un eu mal à l'aise que je répète ce qu'il m'a dit plus tôt, mais il ne proteste pas. Hanji éclate à nouveau de rire tandis que Pétra et les trois autres gars sourient d'amusement. Levi, quant à lui, lève les yeux au ciel en marmonnant une flopée d'injures toutes plus raffinées les unes que les autres.
- Eren, je te présente Auruo, Erd et Gunter. me dit Pétra en montrant d'un mouvement de la main chacun des trois garçons présents.
Le premier, Auruo, est châtain clair et à des yeux d'un marron morne. Il fait une moue un peu agacée en me regardant, et puis il passe un bras possessif autour des épaules de Pétra. Cette dernière lui lance un regard exaspéré avant de lui donner un petit bisous sur la joue droite. Auruo semble alors fondre sur place : son expression renfrognée se liquéfie sur place et un sourire béat étire stupidement ses lèvres.
- Auruo ! s'exclame Erd, un grand blond aux cheveux un peu trop long. Arrête un peu d'être jaloux, Eren ne va pas te voler ta copine !
- Moi, je trouve qu'il a raison d'être méfiant. plaisante Gunter, un géant aux cheveux brun très courts. Lorsque Pétra en aura marre de lui, elle ira peut-être voir ailleurs !
- Je vous emmerde ! s'exclame Auruo.
- Moi, j'aime bien quand il est jaloux. intervient Pétra, un sourire malicieux aux lèvres. Il est mignon avec son air boudeur, vous trouvez pas ?
- Absolument pas. se moque gentiment Gunter.
- Je confirme. lâche Levi.
- J'approuve ! s'exclame Hanji avec enthousiasme.
- Vous êtes chiants !! s'écrie Auruo en les fusillant du regard.
- Ouais, et on assume parfaitement !! rétorque Hanji.
- Bon, on peut aller manger ? intervient alors Armin.
- Ouais. accepte Levi. J'ai la dalle.
Et, sans rien ajouter, il s'éloigne de nous et se dirige à grands pas vers le self.
- Mais attends nous, Levi !! s'écrie Hanji.
- Grouillez-vous ! réplique celui-là sans se retourner.
Ils sont tous fous, mais je crois que je vais bien m'entendre avec eux. J'échange alors un regard avec Armin. Nous soupirons tout deux, amusés par cette joyeuses bande d'idiots marginaux.
Ces derniers se mettent à courir pour rattraper Levi et nous nous empressons de faire de même.