Scrap Metal.

Від janarouze

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Scrap Metal met en scène le fils d'un ancien pilote de Formule 1 enlevé et vendu à une secte à l'âge de 5 ans... Більше

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2-2
Chapitre 3
Annonce🔥
Série terminée

Chapitre 2 -1

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Від janarouze


HOPE

En riant, j'observe mon père qui en fait de même.

Nous sommes au bord d'une crise majeure lui indique mon sourire. Au Blue bar, deux cent personnes l'attendent impatiemment dans un cercle plus privé permettant plus d'échanges, et elles méritent chaque minute que papa voudra bien leur consacrer. Beaucoup n'ont pas compté leur temps et leur argent pour le faire élire. Alors qu'ici, deux garnements déchaînés ne le voudraient que pour lui.

On tire sur ma main.

– Hopi, est-ce que Papa va dîner avec tous ces gens ?

Je détache mon regard ému de celui de notre nouveau maire, bouleversée qu'il ait tenu à associer maman à son succès avec cette chanson, pour l'abaisser vers la ravissante petite bouille tracassée levée vers moi.

Qui, elle, s'en moque éperdument.

– Apparemment, réponds-je en voyant mon père et ma belle-mère sortir de la salle pour faire face à leurs obligations.

– Ça va être long, se plaint ma petite sœur.

C'est le maître mot : obligations. La première étant de se souvenir que si on est arrivé là ce n'est pas seul. Chacun de nous préfèrerait rentrer à la maison mais c'est impossible. Dans ces cas-là, nous rions toujours des blagues débiles que Papa et GG ramènent de leurs soirées. Les blagues débiles, c'est un truc que nous partageons avec eux depuis le début de la campagne. 

Du coup, je nous dirige vers l'endroit que j'ai repéré depuis vingt bonnes minutes en pestant de ne pas avoir été plus rapide. Là aussi, il y a foule. Je ne sais pas pourquoi il existe une «fracture sexuelle» devant les toilettes. Est-ce que l'envie de pisser agit par discrimination ? Ou bien est-ce une contrainte anatomique immuable ? File d'attente chez les femmes. Fluidité chez les hommes. Pourquoi diantre tant d'inégalité ?

Seulement la direction imposée ne plaît pas à tout le monde.

– Et nous alors ! proteste ma petite sœur en se plantant devant moi.

Je ris car elle pointe le menton bouche pincée et imite sa mère quand elle est furax contre mon père. Les chiens ne font pas des chats.

– Papa avait prooomis de manger une glace avec moi s'il gagnait, ajoute-t-elle fièrement. Il dit que Ben & Jerry c'est komerkitable.

Je m'abaisse à sa hauteur pour lui chuchoter à l'oreille :

– Tu n'as pas envie de faire pipi ?
– Non ! t'y restes troooop longtemps, braille-t-elle à qui veut l'entendre.

Gênée qu'elle ait dit ça à voix haute, je lève les yeux au ciel.

– Si j'y reste longtemps, c'est parce que je me lave les mains, en profité-je. Tu te souviens pourquoi il faut se laver les mains, n'est-ce pas ?

– Même pas vrai ! Il te faut une heure pour poser ton sac et encore une autre pour savoir si tu vas t'asseoir ou pas, réplique-t-elle d'un air buté tout aussi fort.

Patience... Au bout de la patience, il y a le ciel.
Ou les toilettes.

Cinq ans, c'est l'âge où elle copie les gestes des adultes et essaie de changer leurs règles. L'âge du merveilleux et de l'affabulation où elle revit le vécu à sa manière. Billy tente de lui barrer le passage en s'insérant entre elle et moi.

– Commerce équitable, banane ! lui hurle ce dernier en pleine face avec un temps de retard indiquant qu'il a encore dû commettre une bêtise.

Je regarde autour de moi pour évaluer les dégâts mais je ne vois rien. 

Sept ans, c'est tout le contraire. C'est l'âge où mon frère se réfère à l'adulte et commence à perdre son naturel. Il n'a plus besoin de prouver qu'il sait s'habiller ou manger seul, il a besoin de justice et d'indépendance relative. Et c'est bien ça le drame. La sienne n'a rien de relatif. Il veut TOUT. Tout de suite. Je l'écarte avant qu'il lui marche sur les pieds et qu'elle se mette à pleurer pour ses sandales neuves.

– Sors de là, Billy, ordonné-je en le tirant en arrière par le bras.

– Au secours, au secours, elle me frappe, s'écrie le petit monstre à qui veut l'entendre en simulant la douleur.

– Il a marché sur mes saussures, Hopi, s'écrie sa sœur de son côté.

Billy regarde soudain vers les toilettes et esquisse un sourire. Qu'est-ce ...?

– Je suis maltraité par mes parents, ils me frappent et me laissent aller tout nudans la maison, en rajoute haut et fort le petit sacripant pour le groupe de femmes indignées de la file d'attente, et j'éclate de rire.

Quel comédien !

– Parfois j'ai envie de tout dire à la police... mais je peux pas car mon papa est le maire de la ville et j'ai sept ans...

OK, je dois arrêter l'hémorragie et mettre fin à leur calvaire et au mien le plus rapidement possible. Ces enfants n'en peuvent plus. Moi non plus. Une chose est sûre, ils méritent qu'on les tire de là. Je me penche vers Tara :

– Tu voudrais rentrer avec moi, pipounette ? Nil peut nous ramener.

L'idée de quitter la fête n'a pas l'air de l'emballer, alors j'ajoute :

– Comme ça on ne serait que trois pour le dernier pot de Cookie Dough' Wich. Quand Papa est là, il engloutit tout. Tu veux vraiment partager ?

Cette fois, Tara me lance un regard réfléchi. Je sais, c'est moche, mais la légendaire crème glacée entre deux cookies moelleux aux pépites de chocolat est son dessert préféré. Je sais qu'elle évalue son choix. Papa ou la crème glacée ? Pas facile pour elle. Je crois qu'elle aime autant les deux. Alors que son frère, bras croisé sur sa petite poitrine, tape du pied en rythme pour m'indiquer qu'il n'est pas dupe de ma supercherie. Nous nous regardons et de nouveau. 

Il esquisse un sourire et tente de passer devant moi à toute allure.

Je le rattrape par le bras.

– Toi ! Ne bouge plus ! l'avertis-je.

Ses iris gris s'allument sous ses boucles brunes.

– Elle bluffe, Tara, se venge-t-il. J'ai entendu maman et la bonne se demander cet après-midi comment il était possible de mettre encore plus de cookies dans Cookie Dough. Edith a fait les courses.

Un nuage Dior me dépasse. Guillemine.

– Ta maman a bien raison, mon lapin, s'exclame alors la plus proche collaboratrice de mon père, alarmée par les cris de mes frère et sœur.

Elle s'agenouille devant Billy.

– C'est impossible d'en mettre plus, lui affirme-t-elle avant de s'adresser à moi : Mon Dieu que ces enfants sont adorables.

En dépit de l'envie pressante que je tente d'ignorer, je ne peux m'empêcher de rire. Elle a raison. Ma petite sœur qui est la plus adorable des petites filles de cinq ans aux joues bien rondes que je connaisse, creuse des fossettes depuis une heure au moins en souriant à chaque personne qui la complimente sur sa robe d'été afin de cacher ses dents de devant perdues récemment. Tandis que mon petit frère au teint mat de pirate et à la frange trop longue grimpe sur les chaises pour la faire rire aux éclats avec ses pitreries en espérant justement qu'elle les montre.

– Hopi Hopi veut faire pipi, scande à tue-tête le petit monstre devant la file d'attente, ce qui bien entendu fait retourner toutes les femmes élégantes vers moi et il recommence : Hopi Hopi veut faire pipi.

Oh non ! Elles croient que c'est fait exprès pour me laisser passer.

– HOPI HOPI VEUT FAIRE PIPI...

Je n'ai pas le temps de m'expliquer auprès des regards indignés qu'une autre voix féminine, inconnue celle-ci, me parvient de derrière :

– Docteur Brenner ? Puis-je vous parler ?

Pitié Seigneur. Je ne sais pas encore combien de temps ma vessie va tenir. 

Du coin de l'œil, j'aperçois une femme blonde sculpturale, aux cheveux effilés en carré court stylé arrivant vers moi d'un pas leste. Son carré bouge autour d'elle pendant qu'elle marche, mais c'est son tailleur-pantalon en velours noir qui m'interpèle car peu habituel à Miami, même en cette saison. Qui est-elle ? Une journaliste de Washington à l'affut d'un gossip ?

 Pourquoi ai-je le sentiment soudain que je dois me méfier ? 

Je suis encore à moitié tournée vers elle par dessus mon épaule à me le demander, quand Guillemine me propose gentiment :

– Voulez-vous que je m'occupe des petits quelques minutes ? Vous aurez le temps pour aller vous soulager et répondre à cette personne.

Mon inconfort se voit donc autant que ça ?

Je pince les lèvres dans une moue contrariée. Toutefois j'hésite, car je n'aime pas confier mes frère et sœur à une étrangère au beau milieu d'une foule. Pas que je n'ai pas confiance en Guillemine — La soixantenaire travaillait pour mon père avant leurs naissances — mais un instant d'inattention est si vite arrivé.

Comment savoir qui en profitera et pour quoi ?

– Hope, je ne les quitterai pas des yeux, semble comprendre l'intéressée. Preuve que la paranoïa de mon père a aussi déteint sur elle.

– Je vais les emmener manger un morceau en cuisine, au calme, ça va les détendre, dit-elle. Je pense même qu'ils auront de la glace. Prenez votre temps.

– Merci.

Je vais peut-être pouvoir faire pipi en paix finalement. Un des inconvénients avec ces deux-là est qu'on est plus jamais seule. Genre jamais. Or, ma vessie qui n'en peut plus est prête à tout laisser derrière moi pour un petit moment seule.

Du moins le temps d'expédier l'intruse.

– Est-ce que nous nous connaissons ? je lui demande.

En même temps, j'en doute fort. J'ai beau habiter Miami depuis ma naissance, notre petite communauté de la côte Est ne perd plus son temps précieux à venir parler à la muette. Quand on veut approcher mon père, c'est à Giselle qu'on s'adresse où à Peter Black, son attaché de presse, un ancien militaire de la Défense redoutablement efficace. Tout est organisé par branches autour de papa et Peter n'hésite pas à utiliser tout l'arsenal de la loi pour contrôler sa communication. Par ailleurs cette femme n'a pas du tout le look de mes collègues de labo donc... Je penche pour un tabloïd.

– Mon nom est Caitlin. J'ai téléphoné à votre université car je ne suis que de passage à Miami et on m'a dit que je pourrais vous rencontrer ici. Je souhaitais vous parler de vos travaux avant de quitter la ville, m'explique-t-elle.

Soulagée, je m'avance pour lui serrer la main. 

– Enchantée, Caitlin. 

Poigne de fer. Regard droit. Je la laisse me jauger pour en faire autant pendant qu'un serveur nous présente un plateau garni de boissons que nous refusons.

– Je ne vais pas y aller par quatre chemins, abat-elle lorsque le serveur disparaît. Je suis ici pour vous proposer un stage en milieu pratique.

Un stage ? Elle a compris que j'étais diplômée ? J'ouvre la bouche pour lui dire que mes stages sont loin derrière moi mais elle me coupe :

– Attendez avant de refuser !

Surprise par ce ton d'autorité que je maîtrise mal, je laisse le brouhaha des invités nous entourer pendant que son regard agité semble chercher quelqu'un. Cette femme tranche ici, et pas que par son tailleur d'hiver. 

– Vous avez déjà entendu parler de Scrap Metal Race ?

Et comment ! Brendt me saoule avec ça.

– L'écurie de formule1 ?

Un sourire triomphant éclaire son visage.

– L'écurie appartenait à mon père et à mon oncle, qui eux-même la tenaient de leur père. Le fondateur. Je la dirige aujourd'hui.

Je cligne des yeux, intriguée.

– D'accord. Mais quel rapport avec moi ?

Son regard vagabonde encore autour de nous.

– Venez dehors, exige-t-elle.

Pourquoi je la suis ? Et pourquoi se comporte-t-elle comme si elle était un agent du KGB sur le point de me révéler un secret ? Enfin de la CIA. Une fois la baie vitrée franchie, une vague d'humidité lourde désagréable me saute au visage. Miami. Toujours dans ses pas, je m'avance au milieu des clients installés sur les transats et je constate qu'elle nous éloigne de l'eau cristalline de la piscine et des éclairages afin de rejoindre la partie engazonnée du jardin donnant sur la plage. Avec pour seule clarté, celle de la lune.

– Ici, décrète-t-elle en retirant ses chaussures à talons.

Ma foi, de cet endroit, une douce brise, encore empreinte de la chaleur tropicale de la journée pluvieuse agite les feuillages. La nuit sera chaude. J'inhale le doux parfum des bougainvilliers mêlé aux embruns salés, et tout de suite l'odeur me rappelle le cimetière où est enterrée ma mère. Pour ne plus y penser, j'essaie de me concentrer sur le modèle de sandales Gucci en velours noir pendues à sa main gauche en me disant que moi j'aurais choisi une couleur plus pétante au lieu de coller au look de son tailleur-pantalon.

Quand soudain, les Gucci tombent au sol.

– Oh que ça fait du bien, miaule Caitlin en étalant ses orteils dans le gazon humide, sans se soucier de moi.

Ça commence à bien faire.

– Vous m'avez fait venir jusqu'ici pour vous regarder soulager vos pieds de vos Gucci dernier cri ? sifflé-je un peu énervée maintenant.

Elle réplique avec un soupir de lassitude :

– Ce ne serait pas stupide. Je ne sais pas vous, mais moi, je n'arrive pas à m'exprimer comme il faut quand mes pieds me font souffrir.

Moi, c'est la peur de ne plus parler du tout qui m'effraie. Pas seulement quand j'ai mal aux pieds. Mais elle n'a pas besoin de le savoir.

– Je sors d'un enterrement et je porte ces chaussures trop petites depuis ce matin, voyez-vous, explique-t-elle. J'ai dû me tromper de taille italienne quand je les ai commandées. C'est chiant leur conversion de chaussures.

Compatissante je hoche la tête.

– Que savez-vous de Scrap Metal Race ?

– Rien, avoué-je. Juste le nom.

– Scrap Metal n'est pas une écurie de course traditionnelle, prône-t-elle. Nos recrutements sont... on va dire quelque peu... originaux.

Ne voulant pas être impolie, je lui demande en quoi.

– Nous recrutons tous nos éléments auprès des sectes, affirme Caitlin en scrutant ma réaction. Ceux qui en sont sortis, bien sûr.

– Vous intégrez des sectateurs !? Wouah. Réellement ?

– Oui, réellement, pouffe-t-elle d'aise devant mon air émerveillé.

– Mince. Comment est-ce possible ? Ces gens-là ne s'intègrent pas. Les statistiques sont formelles : ils se suicident, se prostituent, ou retournent à la secte.

Une lueur de soulagement traverse ses yeux.

– Je suis heureuse que le sujet vous passionne, opine-t-elle d'un air satisfait. Ils n'ont en effet que trois options possibles. Nous avons connu quelques suicides et quelques départs. La prostitution, nous fermons les yeux dessus par nécessité.

Je survole l'info pour suivre mon idée :

– C'est étonnant, je croyais qu'ils étaient incapables de garder un emploi. Ce qui rendait leur intégration quasiment impossible.

C'est justement cet outil du travail qui permet aux immigrés classiques de s'intégrer aux autres. C'est pourquoi tous les psychologues misent là-dessus. Mais eux.... 

Les sectateurs ont leur propre organisation du travail, sans rémunération, guidé par la mission divine et l'intérêt supérieur, et ils ne se mélangent pas. Comment le pourraient-ils ? Les sectateurs sont des animaux de caste, comme les loups entre eux. En dehors de la horde, point de rapport. Même sexuel.

Caitlin secoue la tête lentement, par dénégation.

– Tout notre personnel est composé de sectateurs, et je peux vous assurer qu'ils travaillent avec ardeur, les pilotes, les techniciens, l'administratif, l'intendance, tous... exactement comme ils travaillaient dans leur communauté. La différence est que nous les payons. Ils ont un salaire et une couverture sociale.

Qu'ils aient réussi ça, je n'en reviens pas !

– C'est incroyable. Comment avez-vous fait pour les convaincre ?

Au lieu de me répondre, Caitlin détourne la tête vers la plage. Son regard flotte un instant dans le lointain, comme si elle hésitait à en dire plus. Je devrais poser des questions, relever le « nous », mais je ne dis rien.

Trop intéressée, je me contente de boire ses paroles.

– En fait, c'est un choix que nous avons fait en comprenant que la mixité n'était pas possible, argumente Caitlin avec prudence. C'est ça le problème. Ils ne veulent pas avoir affaire à nous.

Je cligne des paupières.

– Mais... Vous avez dit que l'écurie existait avant...

Ses muscles se crispent aussitôt et ses yeux se vident en répondant à ma remarque, comme si une foule de souvenirs lui revenait.

– Nous avons licencié les gens de l'extérieur qui étaient là du temps de mon père et de mon grand-père. Ce fût dur, injuste, mais nous n'avons gardé personne. 

Je lâche dans un souffle incrédule :

– Et ça marche ?

– Ça marche, confirme-t-elle avec fierté. Bien sûr, nous avons encore trop de déchets récalcitrants et des suicides. C'est pourquoi nous avons besoin de vous. 

La question fuse, tellement c'est incroyable :

– Mais comment avez-vous fait pour les convaincre au départ ? 

Caitlin dégage la question de la main.

– S'il vous plaît. Venez observer Scrap Metal quelques semaines et dites-nous comment nous améliorer. Nous avons besoin de vous à ce stade.

À cette pensée, une brusque chaleur a envahi ma poitrine sans que je sache si c'est de fierté ou d'appréhension. Quoi qu'il en soit, je suis prête. Je pourrais sauter sur place tellement l'expérience est unique. Personne n'est jamais entré dans une secte en observateur. Personne n'a jamais plongé dans leur monde avec leur autorisation et les pires informations circulent. Aucun psychologue n'a pu le faire. Et pour cause, la plupart du temps, les psychologues, alertés par les juges sur des cas très précis de négligence, de mauvais traitement ou d'abus sexuel, sont incapables de comprendre ces communautés dont le langage est volontairement différent pour brouiller les pistes des autorités. La seule façon, serait d'avoir l'aide des sectateurs eux-mêmes, ce qu'ils refusent. Tous. Systématiquement. Or là...

Mon Dieu, l'occasion est unique. Je n'en aurai pas d'autre.

– Il faut que j'en parle à Brendt Rowland. C'est mon chef de département à l'université et mon patron, claqué-je. Je ne peux pas m'absenter sans son accord.

La blonde stylée tique et sa posture se rigidifie. 

– Vous pensez qu'il peut refuser ?

Pendant qu'elle s'inquiète, mon cerveau se met en marche. Nous ne sommes pas que des collègues de travail, Brendt et moi. Nous sortons ensemble depuis deux ans, ce qui rend les choses un peu plus compliquées. Il a d'abord été mon professeur. C'était le plus jeune prof de l'université et toutes les filles lui couraient après, mais il n'y avait rien entre nous. À peine me voyait-il. Après mon Master toutefois les choses ont radicalement changé. J'ai tout naturellement postulé dans son labo et, une chose en entraînant une autre, nous sommes sortis ensemble. De directeur de thèse, il est devenu mon petit ami. Brendt ne va pas aimer me savoir loin de lui. Surtout après sa demande en mariage à laquelle je n'ai toujours pas répondu.

 Il va penser que je m'éloigne sciemment. 

Ce qui n'est pas totalement faux. C'est ma faute si je ne me sens pas d'emménager avec un homme qui ne me connaît pas. J'aurais le sentiment de le tromper avant de commencer.

Je m'adresse à la femme blonde :

– Je vais lui parler. Où puis-je vous contacter ?

Caitlin glisse la main dans son sac et me tend un bristol représentant un drapeau à damier avec, en son centre, un Bulldog rose. Je lève les yeux vers elle.

– Un molosse rose ? Vous êtes sérieuse ?

Si c'est leur mascotte, elle craint !

– Celui de mon associé est vert, m'annonce-t-elle comme si c'était évident. Ça permet de distinguer nos numéros de téléphone plus rapidement sans indiquer nos noms. L'adresse de l'écurie est au dos du drapeau à damier.

Je retourne la carte et l'adresse est bien là.

Scrap Metal Race

50°20'23.40" N -122°28'23.39" W 

Vancouver, BC

Puis je me rappelle qu'elle a indiqué diriger l'écurie familiale.

 – Votre associé ?

Est-ce qu'il est au courant de sa démarche ?

– Le fils de mon oncle, réplique-t-elle d'une voix plus tendue. C'est un sectateur. C'est ce qui a motivé papa à changer notre recrutement à son retour.

Cette fois, je comprends mieux.

– Je me demandais aussi comment vous aviez fait.

– Si vous connaissez l'histoire de Red Bull, vous verrez que nous ne sommespas les seuls à innover de la sorte, argue-t-elle sans s'étendre davantage. Red Bull recrutent ses sportifs dans les quartiers défavorisés. Nous, dans les communautés sectaires. Il y a trop de riches dans la F1. Il faut que ça change !

– D'accord. Accordez-moi quelques jours et je vous téléphone.

Malgré ma réponse favorable, elle n'a pas l'air de vouloir s'en contenter.

– Vous n'allez pas vous défiler ?! me somme-t-elle.

Agacée, je recule d'un pas en arrière pour mieux la regarder.

– Ce n'est pas mon genre, l'avertis-je poliment.

La blonde hésite un instant, regarde vers le large, mâchoires crispées. Cette fille est un pittbull. Que va-t-elle faire ? M'obliger à la suivre contre mon gré ? En quoi est-ce une urgence ?

– Nous partons dans quelques jours à Abu Dhabi pour le dernier Grand Prix du championnat. Ce serait bien que vous veniez avant, justifie-t-elle. 

L'argument se tient.

– Je vous appelle demain. Ça vous va mieux comme ça ?

– Parfait. À demain.

Satisfaite, elle ramasse ses Gucci et s'éloigne pieds nus. Non pas vers l'hôtel, mais vers le portillon qui donne sur la plage, m'adressant un petit signe joyeux avec l'un d'eux. Je la regarde l'ouvrir et disparaître dans la nuit. Malgré son entêtement agaçant, elle m'a l'air sympathique. Elle est directe et efficace. Je pense m'entendre avec ce genre de femme. Avant de repartir vers les miens, je hume l'air ambiant, l'océan Atlantique, le ciel constellé d'étoiles.

J'aime cette nuit et ce qu'elle m'apporte.

Alors pourquoi as-tu la sensation d'un coup de tonnerre dans un ciel serein ?

––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Voici donc Hope ! Enfin le début ;-) 

Ce chapitre 2 étant très long et constitué de plusieurs scènes faisant intervenir plusieurs personnages,  j'ai décidé de le couper en deux parties pour Wattpad, afin de ne vous présenter que sa rencontre avec Caitlin.

Que pensez-vous d'elle pour l'instant ? 

Ce n'est pas une jeune fille naïve. Elle est chercheur.  Elle travaille dans un laboratoire. Elle a un homme dans sa vie et une demande en mariage qui l'attend. Demande à laquelle, par honnêteté, elle n'a pas encore répondu car il faudrait qu'elle en dise plus sur elle à son fiancé. Chose qu'elle ne se résout pas à faire. 

Elle cache un truc, non ? 

Vous en saurez plus sur elle à la fin du chapitre. 

Ce passage vous apprend aussi ce qu'est Scrap Metal : une écurie de Formule1. 

Vitesse. Danger. Ego surdimensionné des pilotes. Jet-set. Spectacle. Luxe. 

On ne pouvait pas imaginer plus éloigné des communautés sectaires comme univers, tant ces deux mondes sont opposés l'un de l'autre par nature. 

Vous sentez l'intrigue se mettre en place ? 

Sauvage voulait l'enlever. Caitlin s'assure que Hope vienne d'elle-même rejoindre l'écurie, mais le piège se referme quand même.

Comment va-t-elle réagir quand elle s'en rendra compte ? 

Quelles sont les intentions de Sauvage à son égard ? 

Est-ce uniquement la vengeance qui le motive ?

...

Voili voilou, j'espère que ce passage vous a plu. 

N'hésitez pas à commenter et à voter après lecture. Je lis tous vos commentaires.

À plus d'impatience pour la suite avec Hope, son père, et le fameux Brendt

Jana




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