Le souffle chaud de l'été claqua contre ma joue avec mollesse. Quitter la froideur de l'église pour se prendre en pleine gueule les relents de la canicule, c'était un coup à attraper la mort. Surtout qu'avec cette chaleur, le cadavre de ma mère allait vite envahir nos narines d'une odeur de putréfaction immonde.
Néanmoins, je n'étais pas mécontente de quitter l'église même si s'annonçait maintenant un dur moment : les condoléances. Déjà, des vieilles biques se précipitaient vers ma frangine - qui avait maintenant 17 ans - et moi avec des yeux larmoyants tout dégoulinants de khôl et nous bêlaient leurs plus sincères condoléances.
Certaines s'aventuraient même à tapoter la tête brune, bleue et bouclée d'Athéna avec un air désolé hypocrite en murmurant "pauvre petite, si jeune".
Si Athéna avait pu mordre, comme quand elle avait trois ans, les mains baladeuses, je suis certaine qu'elle aurait attrapé entre ses dents, les doigts fripés, chargés de lourdes bagues, gonflés pas le diabète et tordus par l'arthrose Une vision d'horreur!
Ma sur et moi avions toujours détesté l'hypocrisie.
Soudain, je sentis un bras s'enrouler autour de ma taille ronde, m'attirer contre un corps à la fraicheur bienvenue, et des lèvres venir se poser sur mon oreille, le mordiller légèrement tandis qu'une voix grave et chaude me chuchotait:
- Je déteste comme l'autre con te regarde!
Je me retournais vers Joshua, mon mec, et suivis son regard. Ses iris bleues assassinaient le fils du boulanger, un gros lourdeau du nom de Louis, qui avait tenu à me présenter ses plus sincères condoléances en regardant mes seins. Celui-ci me fixait maintenant, une lueur de convoitise allumant ses yeux couleur de glaires.
- Tu n'as pas à t'en faire, il ne fait pas le poids, susurrai-je à mon mec en l'embrassant.
Et c'était vrai! Comment ce gros mec tout pas beau pouvait-il rivaliser avec mon Joshua, tout en muscle et en malice? Le choix était vite fait!
Je m'apprêtai à approfondir ce baiser qui était pour l'instant bien trop chaste à mon goût : la dépouille à peine refroidie de ma mère devant refroidir les ardeurs de mon Apollon... Qu'il ne soit pas gêné, il fallait honorer les morts! Et si ma mère avait été vivante, elle nous aurait sans doute rejoint pour un plan à trois!
Mais déjà, une autre vieille chèvre s'avançait vers nous et Joshua se détacha de moi, un sourire d'excuse sur ses jolies lèvres, qui restaient bien trop désirables
Enfin, la cérémonie fut finie et il ne restait qu'une chose à faire : débarrasser la maison de mon beau-père de mes affaires et de celles d'Athéna, qui allait emménager dans notre colocation
Désolée @mllenananas17 ! Ne vois pas une insulte dans le prénom Louis, j'ai pas fait exprèèèèès!!!!
J'espère que l'histoire vous plait