~Eden~
Aujourd'hui, c'est le grand jour. Ce samedi, en soirée, je vais enfin faire face aux personnes qui connaissent une partie de mon passé. Bien sûr, j'appréhende ces rencontres.
Ces personnes vont-elles me poser des questions indiscrètes ? Vont-elles simplement ignorer la vérité et faire comme si rien ne s'est passé? Combien de temps vont-elles encore feindre l'ignorance ? Un jour, je l'espère, elles vont éventuellement prendre conscience que le monde ne se révèle pas seulement être noir ou blanc. Il est pourvu de nuances. Là où réside le bonheur, un malheur lointain se cache et trépigne d'impatience de se manifester. De même, comment connaître le bonheur sans rencontrer aussi des malheurs? Cette question est indubitablement difficile à être expliquée. Elle se révèle être une question fondamentale comme «Comment les humains ont-ils été créés. »
En conséquence, nous nous efforçons de croire en notre propre réponse selon les croyances et les dires que nous avons adoptés ou que nos relatifs nous ont endoctrinés.
Que pourrais-je porter pour ce bal? En dépit de mon envie minime de me rendre à cet événement, je veux être présentable. Je veux montrer au monde qu'Eden Andrews est une battante. Selon les informations que j'ai reçues par Denise, le bal ne possède pas de thème ni de code vestimentaire précis, mais il faut tout de même être sobre et classique.
Je suis donc à présent dans un magasin exposant, dans sa vitrine, un grand nombre de robes de soirées. J'espère vraiment que les prix de ces tenues ne sont pas exorbitants.
Si je ne rentre pas dans le magasin, je ne le saurai jamais. Je pousse la porte d'entrée et c'est une jeune femme aux cheveux blonds qui m'accueille chaleureusement.
— Bienvenue chez The Phœnix dress. Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez pas à me le dire. Me salue-t-elle tandis que je m'oriente vers les robes de soirées de couleurs noires. J'aime cette couleur. Elle reflète mon état d'esprit. Je caresse délicatement la tenue entièrement confectionnée de soie. Avant d'acheter, j'aime d'abord sentir la matière.
— Si je peux me le permettre, mademoiselle, j'aimerais vous conseiller une autre couleur.
Quand j'entends la recommandation de la dame qui tient le magasin, je me retourne, étonnée de sa manifestation.
— Ah bon? Pourquoi ça?
— Et bien. Me dit-elle en s'approchant de moi. Je ne sais pas dans quel genre d'événement vous désirez vous rendre, mais permettez-moi de vous recommander la robe bleue exposée en vitrine.
Je pivote pour voir de quelle tenue la jeune femme parle. Effectivement, elle est plutôt jolie. Celle-ci est longue et également fabriquée de soie. Le seul problème est que c'est une robe dont le décolleté est en forme de bustier.
— Vous ne pensez pas que le bustier n'est pas adapté pour moi? Je lui demande, perplexe.
— Au contraire, je pense que ça vous irait parfaitement. N'hésitez pas à l'essayer avant, pour le voir de vous-même.
Bonne idée. Je prends alors les deux robes et m'oriente vers les cabines d'essayage. Comme il est difficile d'enfiler ce type de robe. Premièrement, j'enfile la robe noire. Il est vrai qu'elle ne me va pas aussi bien que je le pensais. De ce fait, j'enfile la suivante. Celle que la dame m'a conseillée de porter.
Et bien, cette femme semble être extrêmement douée pour déceler les tenues appropriées aux clientes qu'elle reçoit. Cette robe bleue s'assemble parfaitement avec mon teint plutôt pâle. Même le bustier n'est pas trop extravagant ni trop classique. La tenue est parfaite.
Je sors de la cabine d'essayage et me dirige joyeusement vers la caisse.
— Vous voyez? Je vous l'avais dit qu'elle vous plairait. Se réjouit la dame.
— Oui, c'est étonnant, car d'habitude ce n'est pas le genre de tenue vers laquelle je me dirigerai en premier. Merci pour votre conseil.
— De rien. Je suis là pour ça après tout. Me répond-elle en scannant le code de la robe.
Merde, j'ai oublié de vérifier le prix. Si elle m'annonce que la robe est trop chère, je vais devoir faire semblant d'avoir oublié mon portefeuille dans la voiture en laissant la tenue sur le comptoir et ensuite je partirai discrètement.
— Très bien. Cela vous fera 60 $.
Ouf! Je ne vais pas être dans l'obligation de m'enfuir comme une voleuse.
Je paye la dame et ressors du magasin avec une tenue. Au moins, physiquement, je serai présentable. Le serai-je aussi mentalement? J'en doute fortement.
...
Je rentre de ma petite virée de shopping et en ouvrant la porte, je ne vois personne dans le salon du chalet.
— Jake? T'es où encore?
Je m'achemine vers la cuisine, mais il n'est pas là non plus.
— Tu as quel âge? Sérieux. T'es toujours occupé de jouer à cache-cache.
Toujours pas de réponse. Tant pis. Je rentre dans la chambre et pose la robe emballée dans un sac plastique sur le lit.
Tout va bien se passer, Eden. Que peut-il arriver de pire que ce que ton père t'a déjà fait?
— Bouh!
Je sursaute de peur en me retournant et qui vois-je ? L'enfant qui aime jouer à cache-cache.
— T'es sérieux? Il faut que tu arrêtes de me faire peur à chaque fois.
— Petite nature. Me répond-il en s'étalant de toute sa longueur dans le lit.
— Imbécile, fais attention à ma robe! Je le réprimande en le tirant par le bras dans l'optique de le dégager du lit, mais Jake persiste.
— Tu parles de la robe de merde à côté de moi? Pourquoi tu t'obstines à en acheter une? Tu n'as qu'à y aller toute nue.
— Tu plaisantes? Je lui demande en arquant un sourcil.
— Je ne plaisante jamais avec ce type de sujet. De toute façon, c'est pas comme-ci je ne t'avais jamais vue. Me nargue-t-il en me débauchant un clin d'œil provocateur.
J'abandonne. Je laisse tomber son bras et Jake s'allonge encore plus en posant ses mains derrière sa tête.
— Je pourrais aussi aller à poil. On parlerait que de nous.
— Le but est d'être le plus discret possible, pas de faire un spectacle.
— Dommage. Boude-t-il. Tu vas empêcher un tas personnes de profiter d'une vue magnifique.
Je lève les yeux aux ciels. Je commence à m'habituer à son narcissisme. Après tout, c'est ce qui fait partie aussi de son charme.
— Plus sérieusement. Me dit-il en quittant le lit et en se rapprochant pour me faire face. Comment tu te sens?
— Bien. Pourquoi je me sentirai mal?
Je ne vais pas lui dire que je crains la soirée comme jamais. Je suis fatiguée de me montrer faible.
— Laisse-moi réfléchir. Me dit-il en posant son pouce et son index sur son menton. Peut-être parce que ton taré de père, ton dégonflé de frère et tous les tordus qui n'ont pas dénoncé ton cher papa seront aussi là.
Ses paroles donnent à réfléchir. Je suis consciente qu'il sera difficile pour moi d'affronter tout le monde, mais je suis décidée. Et tout le monde sait que je suis têtue. Peut-être que mon entêtement me vouera à l'échec? Je n'en sais trop rien. Tout ce dont je suis certaine, c'est que je ne serai pas seule à la soirée. Jake sera là lui aussi.
— Qu'est-ce qui pourrait m'arriver de pire?
Je le questionne en me dirigeant vers la salle de bain pour me préparer.
...
Je me stationne sur le parking devant le grand hall de la base militaire qui fera office de salle de bal.
La base est située dans un lieu retiré de la ville. Mais elle est entourée par des maisons, des centres d'entraînements, etc. En fait, elle ressemble à une petite ville perdue au milieu d'un endroit désert.
J'ai été un nombre incalculable de fois dans ce hall. Quand la base organisait des réceptions, j'étais toujours présente. Je connais tous les recoins de la grande salle.
— Tu es sûre de vouloir y aller? Me questionne Jake. Tu peux toujours faire demi-tour.
Il est vêtu d'un costard. Il va probablement neiger. C'est la première fois que je le vois habillé d'un accoutrement aussi classique.
Si je pèse le pour et le contre, il est évident que le contre l'emporte. Les hypocrites seront réunis autour d'un buffet. Mon père jouera le parent parfait et mon frère sera...Mon frère. Je vais aussi probablement être jugée dès mon entrée.
— Oui. Plus que jamais.
Nous entrons dans la salle qui est décorée de ballons blancs attachés au plafond. Les tables rondes sont disposées de manière à ce qu'il y ait de l'espace pour danser. Le buffet et le bar sont situés dans un recoin stratégique pour inciter les personnes à aller se servir. La pièce est d'origine de couleur blanche, mais cette fois, elle est décorée de rideaux bleus qui donnent à celle-ci un aspect plus théâtral.
Un DJ occupe également une place sur le podium. On pourrait se croire dans un film. Dans tous les cas, je ne veux pas être la reine du bal.
— Au lieu de rester debout comme des pingouins, on irait pas s'installer à une table? Se manifeste Jake en se chamaillant avec sa cravate qu'il a mal ajustée.
— Putain, j'en ai marre de cette cravate de merde. Je vais l'enlever.
Je compte pendant un instant protester, mais à quoi bon? Il ne m'écoutera pas. Jake retire sa cravate et déboutonne légèrement sa chemise ce qui laisse entrevoir son collier doté d'un pendentif en forme de croix et de son tatouage qui révèle un château de cartes qui s'effondrent. Il est discret, mais original.
Peu importe ce que Jake porte, il est toujours remarquablement beau. Et je ne suis pas la seule à le penser. Quelques filles qui passent devant nous ne peuvent pas s'empêcher de le regarder. J'ai envie de leur faire avaler leurs sourires aguicheurs. Voilà maintenant que je pense comme une fille jalouse. N'importe quoi!
Au fond, je le suis.
Ces sentiments qui grandissent en moi me font peur. Je veux toujours être aux côtés de Jake et je suis jalouse. Cela révèle déjà bien assez l'emprise qu'il a sur moi. Je suis effrayée par cette constatation.
Et si ce n'était pas réciproque?
— Eden. Je suis content de te voir.
Mon père me salue en s'approchant d'un pas prudent vers moi. Juste en entendant sa voix, j'affiche une expression contrariée. Je suis en colère contre lui et je ne compte pas lui faire penser le contraire.
— J'aimerais te dire que c'est réciproque, mais ça serait mentir.
— Eden. Essaye mon père de capturer mon attention en posant sa main sur mon épaule.
Jake fronce les sourcils en voyant la scène qui se déroule devant ses yeux, mais cette fois, c'est moi qui vais agir.
— Ne me touche surtout pas. Je gronde en retirant sa main d'un geste vif.
Face à mon comportement, mon père se racle la gorge et ne trouve rien de mieux à dire que:
— Très bien.
Pendant quelques secondes qui semblent durer une éternité, aucun de nous ne prend la parole. Mon père affiche un regard désolé, Jake affiche une expression hermétique, comme à son habitude et moi, je tue mon père du regard. La soirée commence déjà bien.
— Papa, Eden. Nous interpelle Ian qui est vêtu également d'un costard bien ajusté à sa taille. Vous venez à table?
— Je suis désolé de te dire ça, mais il est inconcevable pour moi de m'asseoir à la même table qu'un dégonflé qui ne portent pas ses couilles en mains. Objecte Jake, les mains croisées derrière le dos pour montrer son assurance.
— Et je suis désolé de te dire ça, apprenti chanteur, mais tu n'as pas le choix. Nos places ont été désignées.
Jake s'avance alors vers Ian, mais je les interpelle avant qu'il y ait une confrontation.
— Ok. C'est bon. On va venir à la table avec vous.
Mon frère affiche un rictus vainqueur et mon père sourit. Quant à Jake, il me lance un regard interrogateur. J'attends que les membres de ma famille dysfonctionnelle s'éloignent pour prendre la parole.
— Je t'ai dit que je ne voulais pas de scandale. J'ai pas envie d'attirer l'attention des autres.
— Donc ça veut dire que je vais devoir passer la soirée en face de ces deux crétins?
— J'en ai bien peur.
— Dans ce cas, il va me falloir un verre. M'annonce-t-il en s'éloignant vers le buffet pour se servir.
Pendant que Jake prend bien son temps pour choisir la boisson qui lui fera plaisir, je décide de déjà aller m'installer à table.
Dès que je suis assise, mon père prend la parole.
— Eden, j'aimerais te dire que...
— Eden, ça fait longtemps. Une dame coupe la parole de mon paternel et s'assoit à notre table. Je ne savais pas que tu serais là aujourd'hui.
Je me souviens d'elle. Bien sûr, pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt, c'est la mère de Denise. Deux personnes la rejoint aussi vite et s'assoient à notre table. Un homme à l'allure impeccable et aux yeux noisette, accompagné d'une autre femme que je présume être sa compagne, car ceux-ci se tiennent la main quand ils s'installent.
— Comment tu vas, Eden? Me demande l'homme aux cheveux bruns.
Pourquoi me pose-t-il cette question? Il ne me connaît même pas. Serait-il au courant de mon histoire et c'est pour cette raison qu'il me pose cette question?
— Bien, merci. Je lui réponds formellement.
— Tu as quel âge, maintenant? Me demande la mère de Denise.
— Vous devez le savoir, non? Je rétorque en ne daignant pas la regarder.
— Pardon?
— Vous devez le savoir. Je répète, cette fois-ci en la mitraillant des yeux. Après tout, mon père vous à raconté tous les détails de ma vie, non?
Mon père et mon frère échangent des regards inquiets, mais n'émettent pas un mot. Je pense qu'à présent, ils savent que je ne suis plus inoffensive.
— Je ne vais pas te mentir, je suis au courant. M'affirme-t-elle en affichant une moue désolée.
— Il me semblait bien. Pourquoi? Je la questionne en exhibant une expression écœurée.
— Pourquoi vous n'avez rien dit ? Pourquoi vous n'avez rien fait pour tenter de le punir?
— Eden. Me répond-elle en baissant la tête.
— Pourquoi? J'insiste sur chaque syllabe tout en rapprochant mon visage du sien. Vous êtes aussi pathétique que lui.
— Que voulais-tu que je fasse? Daigne-t-elle me répondre. Je suis désolée, mais il était déjà trop tard pour agir.
— Et vous? J'interroge les deux autres personnes installées à notre table. Vous étiez aussi au courant?
Je n'ai pas besoin d'entendre leurs réponses, car ceux-ci oscillent du regard entre moi et mon père. Ensuite, ils baissent également la tête. Jake a raison, ce sont tous des dégonflés.
— La vodka est excellente ici! Nous interrompt soudainement Jake. Il se tient derrière moi et porte son verre à sa bouche.
— Oh, j'interromps votre conversation? Nous interroge-t-il en posant sa main sur le dossier de ma chaise.
— Ne vous occupez pas de moi. Continue-t-il en s'installant sur une chaise libre. Faites comme si j'étais pas là.
Aucun d'entre nous n'émet un son, même pas mon frère qui entretient une relation hostile avec Jake. Il est évident que mon père ne répondra pas aux attaques de Jake. Il veut se faire pardonner... À sa façon plus que maladroite.
Jake avale rapidement le liquide versé dans son verre et le dépose brusquement sur la table qui émet un bruit aigu.
— C'est votre spécialité. Pas vrai? Ignorer les faits et continuer votre vie comme si les autres ne souffraient pas. Jake élève la voix.
La mère de Denise et le couple paraissent déconcertés. En même temps, cela se révèle tout à fait normal. Ils ne connaissent pas Jake. À leurs yeux, c'est un parfait inconnu qui se donne en spectacle.
Quand l'homme aux prunelles de couleur noisette se décide enfin à ouvrir la bouche, Jake lui empêche rapidement en le pointant du doigt tout en tenant son verre vide.
— Pas la peine de répondre. C'était une question rhétorique.
— Eden, viens. On va danser. Il tend sa main que je prends et nous marchons jusque la piste de danse.
Nous nous retrouvons rapidement au milieu d'une piste peuplée de personnes dansant en rythme sur la musique Single Ladies de Beyoncé.
— On devrait pas attendre que le DJ passe une autre chanson pour commencer à danser? Je questionne Jake en regardant tout autour de moi. Les personnes qui m'entourent ne semblent pas prêter attention aux autres. Ils s'amusent et c'est ça qui compte.
— Pourquoi?
— Parce que je te vois mal danser sur une chanson de Beyoncé. Et encore moins Single ladies.
— Tu me sous-estime un peu de trop. Rétorque-t-il en enlevant sa veste de costard et en la jetant sur une chaise inoccupée d'une table située non loin de la piste.
Quant à moi, je reste plantée au milieu. Il ne va pas le faire?
— Depuis quand tu danses, toi? Je l'interroge une nouvelle fois en le voyant se préparer à s'adonner à une activité à laquelle je n'aurais jamais pensé qu'il s'adonnerait un jour.
— Je suis un artiste complet, ma chère.
Suite à ces mots, il trottine pour se mettre au milieu de la foule et entame la danse. Comme Beyoncé, il entreprend une chorégraphie propre. Les autres le suivent. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire en le voyant se concentrer pour ne pas rater un seul pas de la chorégraphie mythique.
C'est ironique: Jake est parfois énigmatique et entretient des propos dignes d'un philosophe. Et dans des moments comme celui-ci, il ressemble à un enfant. Quelques fois, j'ai l'impression que ce garçon est doté du syndrome de Peter Pan.
Finalement, la soirée ne se déroule pas si mal que je ne le pensais.
...
Cela fait maintenant au moins une demi-heure que Jake et moi dansons tels des enfants insouciants, mais il est temps pour moi de m'éclipser dans la pièce qui fait, ce soir, office de vestiaires, car j'ai oublié mon téléphone dans mon sac à main.
— J'ai oublié mon téléphone dans mon sac, je vais aller le chercher. Je préviens Jake qui hoche la tête en guise de réponse et je m'éloigne.
Les vestiaires se situent à l'étage supérieur. Je m'oriente donc dans le fond de la salle et monte rapidement les escaliers qui mènent à la pièce.
Une fois à l'intérieur, je suis perdue. Personne n'est présent pour surveiller nos affaires. Donc, si un individu décide de voler, personne ne pourra l'empêcher. Je regarde partout autour de moi à la recherche de mon sac à main et après quelques minutes d'investigation, je distingue le mien enfouit dans un casier. Je me dirige dans le coin ou celui-ci est situé, agrippe le sac et entame, à présent, une recherche afin de trouver mon téléphone portable parmi tous les objets qui occupent mon sac à main. Il est impératif que je pense à ne pas mettre autant de choses dedans la prochaine fois. Plus mon sac est espacé, plus je dépose des objets inutiles dedans comme par exemple des lunettes de soleil alors que je sais pertinemment que nous sommes au soir et qu'elles me sont inutiles.
Enfin, je trouve mon portable.
—Salut.
J'esquisse un sursaut tout en me retournant quand j'entends une voix inconnue retentir derrière moi.
En face de moi, se tient John Harper, le futur mari de Denise.
— John. Je le salue timidement.
— Désolé, je voulais pas te faire peur. S'excuse-t-il en s'approchant d'un pas suspicieux dans ma direction.
— C'est pas grave.
L'ambiance est malsaine. Pourquoi s'approche-t-il de moi de cette façon? Il se tient devant moi à présent. Pour détendre l'atmosphère, je lui demande:
— Comment va Denise?
— Très bien. Me répond-il en m'analysant entièrement.
Sa voix est étrange. Elle est pourvue d'une sonorité vicieuse.
— Bien. Je tente de l'esquiver en effectuant une embardée sur le côté, mais John me bloque le passage.
— Pourquoi tu fais ta timide? Me dit-il en ne bougeant pas.
— Je te demande pardon? J'essaye une nouvelle fois de m'écarter de lui, mais il s'empare de mes deux bras et les serre abruptement. Instantanément, mon instinct protecteur se réveille.
— Lâche-moi. Qu'est-ce qui te prend? Je me débats, mais son emprise est bien trop forte pour réussir mes tentatives.
— Tu étais plus docile la dernière fois.
Qu'est-ce qu'il raconte? Quelle dernière fois? Les seules occasions où je l'ai vu étaient à la base.
— De quoi tu parles? Je parviens enfin à me dégager de son emprise.
— Tu ne te souviens pas? Me questionne-t-il en caressant la peau de mon bras. Je frissonne de peur.
— Je ferai mieux d'y aller. À la suite de ces mots, je trottine vers la porte, mais celle-ci s'ouvre avant que je ne l'atteigne. Un garçon rentre dans la pièce. Il se stoppe, oscille son regard entre John Harper et moi et esquisse un sourire tout aussi vicieux que celui de John.
Il faut que je m'en aille. Je tente de passer à côté du garçon aux cheveux blonds pour ouvrir la porte, mais celui-ci agrippe habilement mon bassin et me pousse contre lui. Et là, je me paralyse. C'est une réaction que je n'avais jamais eue auparavant et celle-ci apparaît au mauvais moment. J'ai la forte impression d'avoir déjà vu cette scène, d'avoir déjà vécu ce moment.
— Elle se souvient de rien, Harper? Questionne le blond à John Harper. Et moi, je soutiens son regard qui est dirigé tout droit vers John.
— Apparemment pas. Répond Harper en se rapprochant également pour se poser derrière moi. Il dépose ses mains sur mon bassin.
Réagis, Eden!
— C'est normal. On l'a bien droguée ce jour-là. Rétorque le blond aux yeux bleus en rigolant.
À ce moment-là, la réalité me frappe en plein visage. Je ne me suis pas trompée. Mes cauchemars ne sont pas anodins. Les flashbacks qui m'ont terrorisés plus d'une fois ne sont pas le fruit de mon imagination.
John Harper est l'inconnu sans visage!
2 ans plus tôt
— Allez, juste un.
— Non. Je rigole face à la demande de John Harper. Celui-ci veut m'offrir un verre, mais je refuse, car je suis déjà bien soûle.
Mon père, miraculeusement, m'a autorisée de venir à la soirée de la base avec mon frère. Je pense qu'il a accepté parce que lui aussi il est bourré.
Quand je suis arrivée dans la salle, John m'a directement accaparée et mon frère s'est volatilisé avec ses amis. John m'a invité à prendre un verre que j'ai bien pris soin de payer. De fil en aiguille, nous avons parlé et bu plus que je ne le pensais.
À présent, c'est lui qui veut m'en offrir un, car il estime que je suis une très bonne compagnie et il veut me «récompenser »
— S'il te plaît. C'est pas un verre en plus qui va tout changer.
Après tout, il a raison. Ce n'est pas un peu d'alcool en plus qui va me faire du tort.
— D'accord. Mais un seul. Je l'avertis en souriant et en posant mes coudes sur le bar.
— Parfait!
Et il commande un autre verre. Nous sommes dans une soirée où les boissons alcoolisées ne sont normalement pas permises, mais étant donné que cette fête a été organisée en dernière minute, personne n'est présent pour nous réprimander. C'est comme à l'université, dans les fêtes de fraternité.
John reçoit les deux verres et me donne le mien.
— Trinquons à notre amitié! Me recommande-t-il.
La soirée s'annonce être amusante.
....
Je suis accoudée sur le comptoir du bar, la tête posée dans mes mains. Je ne me sens pas très bien. Je ne sais pas ce qu'il se passe. J'ai l'impression que mon corps a abandonné mon esprit. L'alcool que John m'a offert était-il si fort?
— Ça va? Me demande le concerné.
— Je ne me sens pas très bien. Je lui réponds, les yeux à moitié clos.
— Viens, on va dehors. On va aller prendre l'air.
J'ignore la raison pour laquelle je le suis sans objecter, mais je le fais. Il s'accapare de ma main et m'entraîne avec lui. Nous nous éloignons du groupe et John ouvre une porte. Nous nous ne retrouvons pas dehors, mais dans une pièce pourvue d'une lumière tamisée.
— Heu...On est pas dehors, là. Je lui fais remarquer en rigolant. Je n'ai plus la notion du temps. Je n'exerce plus aucun contrôle sur mon corps et mon esprit. Je suis désorientée.
Soudain, trois autres garçons apparaissent dans mon champ de vision. C'est le signal d'alerte! Je devrais m'enfuir, mais je n'y parviens pas. Mes jambes sont trop lourdes et mon esprit divague.
John me tient par les bras. Ma tête est baissée, car j'ai l'impression qu'elle pèse une tonne.
Je la relève malgré tout. Ma vue est également troublée, mais parmi les trois autres garçons, je distingue que l'un d'entre eux possède une chevelure blonde. Il tient une caméra dans ses mains. Celle-ci est directement pointée vers moi.
Ils m'ont droguée. Et mon corps m'empêche de prendre la fuite. Mon destin funeste se manifeste.
— Vous m'avez mis quoi dans mon verre? Du GHB? Je réussis à poser la question.
— On t'a mis la substance adéquate pour que tu sois disons plus...Docile. Répond John.
Et soudainement, il arrache mon t-shirt avec force.
Empêche-le, Eden. Fuis!
Pourquoi je n'arrive pas à bouger? Je sais à présent que je vais être témoin d'un viol.
Le mien!
John m'allonge à terre. Seules les larmes qui coulent sur mes joues témoignent de ma peur. Intérieurement, je suis terrorisée. Mon corps ne manifeste aucun signe. Très vite, John descend mon pantalon et je me retrouve en sous-vêtements devant lui. Ensuite, il enlève ma culotte avec brutalité. Il presse durement son corps contre le mien. Je pleure à présent à chaudes larmes.
Ce n'est pas possible. Ça ne peut pas m'arriver à moi. Je pensais que le viol ne pourrait jamais m'atteindre. Et à présent, je me rends compte qu'il me détruit.
John se presse à nouveau de manière plus violente. Je suis bloquée, paralysée et je me crispe pour tenter de m'éloigner de son sexe turgescent.
Je suis dégoûtée de mon être. Je me maudis de ne pas avoir la force de bouger pour fuir.
Il enfonce un doigt en moi.
—Non. Je proteste en gémissant de tristesse et de douleur.
À ces mots, il introduit un deuxième.
Mon âme se meurt petit à petit.
Malheureusement, ce n'est pas assez pour lui et il me pénètre. Il me déchire. Il ravage mon corps avec des mouvements brusques. Je tourne le visage pour ne pas le voir pendre du plaisir et j'aperçois les autres filmer le crime en souriant.
Je me sens sale et détruite. Il n'a pas uniquement violé mon corps, il a également violé et anéanti ma conscience. Je ne serai plus jamais la même.
Je serai éteinte pour toujours.
Aujourd'hui
— C'était vous! Je crie tandis que le blond me tient fermement par le bassin et John, toujours placé derrière moi, agrippe mes épaules.
J'ai peur. Je tremble, je pleure, je sanglote, mais je n'esquisse aucun mouvement. Je suis toujours paralysée.
— Et si on jouait encore une fois.
À la suite de ces mots, je m'effondre à terre et le trou noir apparaît.
.....
Je me réveille lentement. Je suis désorientée. Que s'est-il passé?
J'ai mal à la tête. Je me redresse et aperçois une ombre assise sur la chaise placée à côté de mon lit. J'allume très vite la lampe et aperçois Jake affichant un regard pensif et surtout rempli de colère.
Et je me souviens. Pour une raison qui m'est inconnue, je ne pleure pas. Je ne manifeste aucun signe de tristesse. À l'instar, je demande à Jake:
— Qu'est-ce que tu as fait?
Jake, penché vers l'avant et les coudes posés sur ses genoux pour se soutenir ne cille pas des yeux. Il semble être immergé dans un autre monde.
— J'ai rendu justice.
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Hello la compagnie.
Pfiou ce chapitre a été compliqué et surtout éprouvant à écrire.
L'intrigue principale dans ce chapitre est tragique. Malheureusement, ce genre d'événement touche un grand nombre de la population de la gente féminine (et masculine). Alors si certaines personnes qui lisent ce chapitre ont vécu des événements traumatisants, sachez que le but n'est pas de vous attrister.
Voici quelques numéros qui pourraient amener de l'aide aux personnes victimes:
Pour la France: 0.800.05.95.95
Pour la Belgique: 02/534.36.36
—Qu'avez-vous pensé du chapitre ?
Bien évidemment, cette révélation choquante engendrera des conséquences.
À bientôt pour un nouveau chapitre. ❤️❤️
Mallo et Marie 😘
📸Instagram @mdreamer21author
N'hésitez pas à nous suivre pour plus d'infos.