Si il y a bien une chose à savoir sur moi, c'est que je déteste les surprises. Petites, grandes, choquantes, attentionnées, peu importe, je hais ça. Je suis un homme préparé, j'aime ma routine, j'aime que tout soit à sa place à l'heure que je veux. Les surprises sont synonymes d'imprévus, désordre, débordements, drames, chaos. Les surprises m'angoissent.
Alors quand j'ai entendu le mot « surprise », ma réaction instinctive a été de crier.
- Oh putain, bandes d'*******.
C'était mon anniversaire il y a plus d'une semaine, et j'avais espéré que personne ne s'en souviendrait. C'était beaucoup trop demander de la part de mon frère et de ma meilleure amie apparemment.
Comment pouvait-on organiser un fête surprise dans un bar branché plein à craquer alors que le concerné était littéralement anti-social ? Allez poser la question aux deux seuls personnes avec qui je socialise justement. Je ne connais même pas les 99 % des gens présents ici !!!
21h16.
La musique est trop forte et si une personne bourré me frôle une nouvelle fois je crois que je vais littéralement péter les plombs.
Une rousse s'avance vers moi. Je suis fatigué d'avance. Si le bon Dieu existe, c'est le moment de se manifester mon pote.
- Qu'est ce qui t'arrive ?
JE ME FAIS CHIER, VOILA CE QUI M'ARRIVE. JE DÉTESTE CETTE SOIRÉE.
- Rien, pourquoi ?
- T'as l' air de t'ennuyer et c'est bizarre puisque c'est censé être TON anniversaire.
OUI JE M'ENNUIE PARCE QUE JE N'AIME PAS LES FÊTES ET QUE JE NE CONNAIS PERSONNE DONT TOI.
- Haha oui, c'est pas trop mon truc.
- Quoi, t'amuser ?
- On peut dire ça, oui.
- Je m'appelle Valérie et toi ?
- Stefan.
- Tu danses Stefan ?
- Franchement ? Non.
T'es pas tombée sur un de mes bon jours ma vieille.
- Je suis une amie de Lexi.
D'accord, Valérie. Merci, Valérie.
- Enfin, plutôt une collègue, je suis infirmière comme elle.
Et ?
- Cool.
- Tu veux un verre ?
Mais pourquoi elle me lâche pas la grappe? Elle voit pas que j'ai aucune conversation ?
- Non merci, ça ira.
- Et sinon ..
- STEFAN !
Putain c'est qui ça encore ?
21h23.
C'était Lexi.
Bourrée.
21h31.
Damon aussi est bourré.
Et les deux ensemble bourrés ?
Ingérable.
22h04.
Damon me parle depuis une heure d'une certaine Rose qu'il essaye de mettre dans son lit. Il ne voit apparemment pas que cette dite Rose roule des patins à sa copine depuis une bonne heure. Pauvre de lui, l'alcool lui réussit vraiment pas.
22h16
Oh mon dieu, est ce que c'est Hanna Spellman que j'aperçois au loin qui essaye de rentrer dans le bar?? Qu'est ce que fait cette élève de seconde fait dans ce genre d'endroits tout les soirs ??? Est ce que je dois appeler le service de protection des mineurs ?? Que font ces parents ???
22h43.
Damon s'est rendu compte que Rose n'était pas disponible et s'est rabattue sur Andie avec qui il a déjà eu un plan d'un soir il y a quelques mois.
Et je crois que Lexi a un peu désoûlée parce qu'elle est maintenant capable de se concentrer assez longtemps sur une conversation pour me casser les pieds.
- T'as rencontrée Val alors ?
- Val ?
- La blonde vénitienne, grande, jolie, avec une moue boudeuse ?
- Ah, Val, oui, je l'ai aperçut.
- Alors ??
- Ben quoi ??
- Tu la trouves comment, idiot?
- Attends, c'était un coup monté ?
- C'est ton style non ?
- Comment ça c'est mon style ? J'ai pas de style.
- Mais si tu as un style, t'aimes les filles lisses, pas compliquées, installées.
- Quoi, qu'est ce que tu racontes ?
- Je décris Elena.
- Rebekah était pas comme ça.
- Oui et tu l'as larguée en quoi, deux semaines ?
- Trois mois.
- Parce qu'elle te faisait peur.
- N'importe quoi.
- Bien sûr que si elle te faisait peur, elle te sortait beaucoup trop de ta zone de confort.
- J'avais pas peur, elle était juste beaucoup trop....
- Vivante ?
- Arrête, Elena était très vivante, t'as juste toujours eu un problème avec elle.
- C'est sûre qu'elle était pas fun.
- Et ça veut dire quoi « fun » pour toi, m'organiser une fête d'anniversaire que tu sais très bien que je veux pas ?
- Je voulais te faire rencontrer du monde, t'es toujours renfermé sur toi même, on dirait que tu veux finir seul.
- Je suis pas renfermé sur moi-même, j'aime le silence, j'aime être tranquille chez moi sans avoir à me forcer à converser avec 50 inconnus dont je me fous totalement !
- Tu es triste, oui.
- Ouais ben c'est comme ça. Et j'ai plus 6 ans Lexi, t'as pas besoin de t'occuper de moi !
- Tu t'en vas ?
- Oui, je m'en vais. Je retourne à ma vie pathétique comme tu aimes si bien le penser.
- Stefan, attends, il est 22h.
- Oui, 22h. Je vais sûrement me faire une camomille et dormir avant 00h comme les petits vieux.
- Stefan...
- Allez, salut !
23h31
Dix minutes que Lexi est dans l'appart et qu'elle tente de se connecter à moi par la force de son regard.
- T'es encore fâché ?
- Non.
- Je suis désolée.
- Tu voulais juste que je sorte, je sais.
- Et puis tu devrais te voir.
- Comment ça ?
- Ton regard de chien battu crie désespérément « Lexi, aide-moi ! »
- Tu divagues ma pauvre.
Lexi m'a lâchée un pauvre sourire.
- J'ai pas besoin d'une maman tu sais.
- Je sais, mais t'as besoin de moi quoi que tu en dises.
- Peut-être. Juste un peu alors.
Son sourire s'est élargit.
- Et d'une petite aventure?
- Lexi...
- C'était quoi le problème avec Val ?
- Rien.
- Bon, on va faire autrement, qu'est ce qui t'as attirée chez Elena ?
Qu'est ce qui m'a attirée chez Elena ?
- Je sais pas, elle était gentille.
- Gentille ? T'as passé 9 ans avec cette nana et tout ce que tu trouves à dire c'est gentille ? Mais qu'est ce qui va pas chez toi?
- Je suis pas doué pour parler, ok ?
- Creuse ! Comment ça gentille ?
- Je sais pas, quand j'étais avec elle je me sentais bien, j'avais pas besoin de faire semblant.
- Voilà c'est mieux. Semblant de quoi ?
- Semblant d'être normal ?
- Normal ?
- Oui, je sais, j'ai vingt six ans et je viens de sortir la phrase la plus cliché digne d'un ado de treize ans et demi.
- Tu n'es pas normal Stefan, c'est un fait, que tu sois avec Elena ou pas.
- Merci, je me sens très soulagée d'un coup Lexi.
Je peux devenir très ironique quand je le veux.
- Non mais tu t'es vu ?
- Quoi ?
- T'as aucune compétence sociale, tu passes ton temps à être là sans l'être, tu râles, tu te plains, tu boudes, t'es invisible Stefan et quand tu l'es pas t'as un sale caractère !
- Tu veux que je me suicide ?
- Non, je veux que tu comprennes qu'Elena, c'était une cachette, t'es resté neuf ans dans une cachette parce que tu as peur de vivre, vingt ans que je te connais et vingt ans que tu te caches, au début c'était derrière ton frère, puis derrière moi et enfin Elena ! De quoi est ce que tu as tant peur ?
- Je...Je sais pas.
- Tu devrais voir un psy.
Pardon?
- Attends, tu veux que j'aille voir un psy parce que je m'amuse pas en soirée ?
- Fais pas semblant de pas voir qu'il y a quelque chose de plus profond là dedans.
- Va te faire foutre !
- Stefan !
- Avant de me psychanalyser tu devrais te poser des questions sur toi !
- Qu'est ce que tu racontes ?
- T'adores que les gens aient besoin de toi Lexi ! Pire, tu penses que tout le monde à besoin de toi, tu tournes autour des gens en attendant qu'une chose, qu'ils tombent pour que tu puisses les rattraper! Ça donne sûrement un sens à ton existence pathétique de femme volatile !
- Mais ta gueule !
Je crois que je l'ai jamais vu aussi en colère, enfin si, mais jamais contre moi.
- Si moi j'ai un problème je peux t'assurer que t'es pas mieux que moi ma pauvre !
- Ta gueule.
Je crois que c'est des larmes que je vois couler. Des larmes. Sur les joues de Lexi. Une partie de moi a mal en pensant au fait que c'est moi qui l'ait fait pleurer, mais une autre partie, plus puissante et plus apeurée veut juste détourner le sujet à tout prix, oublier ce trou noir tout au fond, ne pas penser à ce qui se dessine dans mon esprit, ce que je sais être le commencement de tout. Je suis seul. C'est une vérité que je sais depuis le début. Une vérité qui s'impose une nouvelle fois à moi quand Lexi claque la porte sans même un regard vers moi.
Seul.