Le Temps Des Sortilèges - Tom...

By Blandine2611

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Sortant d'un coma aussi long que mystérieux, Natacha refait lentement surface dans le monde qu'elle avait qui... More

Rappel
I
II
III
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
XIX
XX
XXI
XXII
XXIII
XXIV
XXV
XXVI
XXVII
XXVIII
XXIX
XXX
XXXI
XXXII
XXXIII
XXXIV
XXXV
Tome 3

IV

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By Blandine2611

Après s'être lavée, peignée, séchée et habillée chaudement, Natacha se glissa épuisée dans les draps de son lit. Mais avant de tomber finalement dans les bras de Morphée, elle sortit du tiroir de sa table de chevet le mystérieux objet pour de l'observer attentivement. C'était un tout petit coffret de métal sombre très simple, de forme rectangulaire contenant visiblement autre chose puisque l'on pouvait distinguer une sorte de tintement à chaque mouvement qu'elle effectuait. Mais, alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la boîte, quelqu'un frappa quelques coups à sa porte.

Cachant précipitamment sa trouvaille sous les draps, elle répondit un vague "entrez" avant de voir apparaitre sa mère sur le seuil de sa chambre. Celle-ci s'avança et vint s'assoir prêt du lit de sa fille avant de commencer à parler:

"Ma chérie... Je suis désolée de m'être emportée ainsi tout à l'heure... mais tu dois comprendre que tu nous as réellement fait peur en disparaissant ainsi. J'ai cru... J'ai cru que tu nous avais été enlevée ... Encore une fois...

-Maman... Soupira la jeune fille avant de se faire interrompre.

-Non attends ! Je sais que c'est difficile pour toi, tu as disparu pendant quatre mois, tu as perdu la mémoire, tu te sens confuse, tu cherches des réponses et c'est normal. Mais il faut nous parler, sinon personne ne pourra t'aider. Je peux comprendre que tu ne désires pas parler de ce qu'il s'est passé aujourd'hui, alors je ne poserai pas plus de question. Mais en échange, tu dois me promettre une chose... Promets moi de ne pas retourner dans cette forêt.

- Mais...

-S'il-te-plaît... supplia Ingrid. J'ai besoin de te savoir en sécurité loin de cet endroit...Si il a un quelconque rapport avec ta disparition, vaut mieux ne pas t'en approcher.

-Mais, je ...

-Natacha Zoya Irina Andreï, je te le demande une dernière fois... Promets le moi. Insista sa mère en employant son nom complet pour lui faire comprendre qu'elle n'avait finalement pas vraiment le choix.

-C'est d'accord... Finit par céder la demoiselle sans trop de conviction mais au grand soulagement de sa mère.

Celle-ci finit par quitter la pièce en lui souhaitant bonne nuit, rassurée. Mais dans ses mouvements, Natacha sentit bien qu'elle n'avait pas cessé et ne cesserait pas de s'inquiéter à son sujet de si tôt.

Après s'être assurée que plus personne ne viendrait la déranger, une fois sa porte fermée à clef, elle ressortit le coffret et s'empressa de l'ouvrir pour découvrir son contenu. La boîte ayant visiblement traversé de nombreux âges, semblait avoir été scellée il y a bien longtemps par une sorte de cire noirâtre et par les aléas du temps. L'ouverture fut donc plus difficile que prévu, laissant Natacha s'acharner dessus avant que le couvercle ne finisse par céder sous ses assauts répétés. La première chose qui se présenta à elle, fut une sorte de vieux parchemin où des lignes, écrites dans un dialecte qui lui était inconnu, avaient été tracées. Préférant ne pas perdre son temps sur un déchiffrage qui lui serait inutile de toutes façons, elle se concentra sur le reste du contenu et découvrit une sorte d'objet de forme ovoïde interrompue.

Elle comprit que ce n'était rien d'autre qu'un vieux bracelet en bronze à l'intérieur duquel des lettres dans la même langue mystérieuse que le message avaient été gravées. Le dernier objet qu'elle y trouva était une sorte de pièce ronde en bois sur laquelle une forme s'apparentant à celle d'un poisson simplifié était gravée.

Ce symbole lui était étrangement familier bien qu'elle soit quasiment certaine de ne l'avoir jamais vu avant. Toutes ces impressions de déjà-vu qui s'enchaînaient à n'en plus finir commençaient à lui donner la chaire de poule.

"Calme-toi enfin... Ce ne sont rien de plus que des bijoux. Très vieux, certes, mais des bijoux quand même ! Ce n'est pas comme si tu avais trouvé des instruments de torture... Essaya-t-elle de se rassurer tant bien que mal.

Elle posa sa précieuse découverte sur sa table de chevet et se promit de faire ses propres recherches quand elle le pourrait. Ces derniers temps, elle trouvait que son état était particulièrement instable. Un jour, tout allait bien, elle retrouvait une joie de vivre et le désir de agir pour s'intégrer de nouveau à un quotidien normal... puis le lendemain il lui semblait que le ciel lui tombait sur la tête, que son existence n'avait aucun sens à cette époque. Elle avait l'impression d'avoir un yoyo comme directeur de ses humeurs; qui pouvait passer d'un espoir soudain à une mélancolie sans fin. Elle déglutit et éteint rapidement sa lampe de chevet, pressée de trouver un sommeil réparateur.

***

Natacha ouvrit les yeux, réveillée par un étrange mélange de sons semblables à des craquements, des clapotis et des chuchotements. La pièce humide et bizarrement instable, était plongée dans une obscurité quasiment totale. La panique gagna rapidement la demoiselle qui comprit sans peine qu'elle était loin de se trouver dans le lit où elle s'était endormie. Ce fut d'abord l'odeur forte des lieux qui la surprise. Un parfum entêtant qui lui fit froncer le nez et chercher dans sa mémoire si elle l'avait déjà sentie auparavant. Elle tenta de se lever mais le sol qui tangait dangereusement sous ses pieds lui fit immédiatement regagner sa place initiale. À tâtons, elle tenta de trouver un objet susceptible de l'aider à se relever mais ne trouva rien d'autre que des sortes de grosses et lourdes chaînes de fer solidement fixées sur une longue barre de métal. Poursuivant ses recherches, elle constata que les murs arboraient une forme curviligne et semblaient être faits d'un bois tendre mais vieillis sous ses doigt.

C'est avec un mélange d'horreur et de fascination qu'elle comprit qu'elle était enfermée dans la cale d'un bateau. Les étranges clapotis n'étant autres que le bruit provoqué par les vagues s'écrasant sur la coque, et l'odeur, celle de l'air iodé marin. Refusant de céder à la panique comme son corps avait tendance à le faire ces derniers temps, la jeune femme se concentra sur son entourage à la recherche d'une issue potentielle. Son ouïe se focalisa alors sur les petits chuchotements qu'elle avait certainement entendu auparavant mais sans les écouter ou y prêter une quelconque importance. Prudemment, elle avança dans le noir en s'appuyant contre la paroi pour éviter d'être déséquilibrée par la houle et la cadence de l'engin maritime. Elle se dirigea lentement vers la source des sons, partagée entre une folle envie de se recroqueviller dans son coin, et un besoin irrépressible de découvrir où s'était-elle encore retrouvée.

Au fur et à mesure qu'elle s'approchait, les murmures furent plus distincts et Natacha entendit la voix d'une jeune enfant. La petite, certainement adossée contre la paroi de la cale, fredonnait un air inconnu, entrecoupé de légers sanglots à fendre l'âme. Prise de pitié, elle chercha à toucher la petite fille, mais l'obscurité de l'endroit rendit la chose presque impossible.
Soudain la trappe située sur le plafond non loin d'elles deux s'ouvrit avec brutalité, laissant quelques rayons de lumière illuminer la pièce jusqu'à lors plongée dans la pénombre. Cette visite inattendue laissa juste assez de temps à la blondinette pour trouver la petite d'un regard circulaire. 

Comme elle s'y était attendu, celle-ci était en effet recroquevillée dans un coin, calée entre le mur de bois et sa poutre la plus épaisse. De lourds cordages tombaient du plafond, faisant naître autour d'elle un étrange paysage junglesque. Elle portait une robe à l'aspect étrange et au couleur terne, propre mais usée. Son petit corps tremblait de peur et de froid, et son visage demeurait caché parmi les mèches presque blanches de sa chevelure.

Lorsque l'inconnu qui avait ouvert la porte entama sa descente dans la pièce, l'enfant commença à dévoiler son visage pour révéler ses traits harmonieux et si familier à Natacha.

" Gabriell" Souffla-t-elle.

***

"Naaaaaaaaatttttttaaaaaaaccccchhhhhaaaaaaa debout !!!! Hurlèrent en harmonie deux petites tornades vénitiennes qui avaient entamé une salsa endiablée sur le lit de leur grande sœur.

Celle-ci ne tarda pas à émerger d'un sommeil agité, sous l'assaut matinal des jumeaux visiblement au sommet de leur forme.

- Sortez d'ici tout de suite !! Vous n'avez plus quatre ans. Hurla leur aînée avec une voix aussi forte que son sommeil agité lui permettait.

Elle fit fuir les deux monstres qui ne se privèrent pas d'éclater de rire en sortant de la chambre tels deux furies en quête d'une proie à torturer. Lorsqu'elle trouva enfin le repos, elle tenta de remettre ses idées en place car, avant de se faire arracher de manière peu délicate de son sommeil, elle était persuadée d'avoir rêvée de Gabriell. Le plus étrange était d'avoir vu sa Gardienne enfant alors que jamais n'était arrivé auparavant. Lorsqu'elle y songeait plus, ce drôle de rêve s'apparentait plus à une sorte de souvenir mais sans qu'elle ne parvienne à comprendre pourquoi il lui avait été donné de le voir maintenant. Une nouvelle question sans réponse qui commençait à sérieusement taper sur le système de la jeune femme. C'est ce moment qu'Ingrid choisit pour pénétrer dans la chambre de sa fille, récupérer le linge sale qu'elle avait laissé en plan dans sa salle de bain la veille au soir.

"Dépêche toi ma chérie, ton père t'emmène au lycée dans trois quart d'heure. Commença sa mère tout en remplissant un sac avec les loques de sa fille.

L'intéressée mit un temps à comprendre l'information et à l'assimiler. Quand elle comprit qu'elle se faisait entourée comme une gamine de 10 ans, cela suffit à la faire sortir de ses gongs pour la première fois depuis bien longtemps, oubliant totalement son rêve et les questions qu'il suscitait. 

- Mais maman, je n'ai pas besoin d'être accompagnée ! Ça fait plus de huit ans que papa ne l'a pas fait ! Pourquoi aujourd'hui ?! Protesta la demoiselle à présent tout à fait réveillée, dont l'humeur semblait s'être considérablement dégradée par l'indignante nouvelle. C'est à cause d'hier c'est ça ?! On n'avait dit qu'on oubliait cette histoire !!

- De un, nous avions convenu de ne plus en parler, jamais "d'oublier". Je suis ta mère et tant que tu n'es pas majeure, c'est encore moi qui décide. Ton père t'accompagne, fin de la discussion ! Répliqua implacablement l'élégante femme.

- Quelle discussion au juste ?! Marmonna Natacha qui commençait à en avoir assez de recevoir des ordres. Ne pas avoir son mot à dire n'a rien d'une discussion !

- Surveille ton Insolence,  jeune fille... Nous t'avons visiblement laissé trop de liberté... La prévint Ingrid peu amène de se disputer de si bon matin.

- MAIS EST-CE QUE QUELQU'UN SUR CETTE TERRE PEUT ME COMPRENDRE ?!! Vous êtes tous là à agir comme si j'allais me briser sous vos doigts, à me regarder avec pitié, comme si j'étais folle et maintenant, vous me surveillez ? J'aurai dû peut-être disparaître pour toujours au moins j'aurai eu un peu de paix ! Explosa la blondinette furibonde dont les mots dépassaient la pensée mais qui ne pouvait plus supporter de ne plus être traitée normalement.

A ces mots, la main de sa mère s'abattit sur la joue de sa fille avec puissance. Le silence s'installa dans la chambre, brisé par la seule respiration presque haletante des deux personnes présentes. S'en était trop pour Natacha... Relevant la tête elle toisa durement sa mère qui regretta immédiatement son geste consciente d'avoir été trop loin. La demoiselle regrettait elle aussi ses dures paroles, mais la pression, le stress et les personnes de son entourage ne l'aidant en rien, tout semblait s'être accumulé pour la faire craquer. Sans compter qu'elle n'allait certainement pas pardonner si facilement la gifle magistrale qu'elle venait de recevoir.

Sans un mot, elle s'habilla avec une rapidité fulgurante, se saisit de son sac de cours et quitta le domicile familial sans un regard pour le reste de sa famille qui avait plus ou moins suivi l'échange  depuis la cuisine. En passant devant la vitrine d'un magasin, la demoiselle en colère s'arrêta quelques secondes pour observer son reflet et eut du mal à se reconnaître. Ses traits, d'habitude doux et élégants, étaient à présent durs et tirés. Des cernes ornaient ses yeux plus sombres qu'à l'accoutumée, ses cheveux ressemblaient à un champ de bataille et sa peau avait pris une teinte cadavérique. Mais c'était sans parler de son humeur explosive, qu'elle avait semblait-il, du mal à maîtriser en ce moment.  Elle qui avait l'habitude de prendre son mal en patience, d'écouter, de prendre soin des autres, elle était à présent irritable, irréfléchie et bien moins joviale. Il n'y avait pas de doute sur le fait que ce voyage dans le temps l'avait transformée...

A présent, elle s'en voulait d'avoir réagi ainsi devant avec sa mère. Tous, depuis son retour était aux petits soins avec elle, mais avait-elle, elle-même, prit seulement le temps de savoir par quoi ils avaient pu passer pendant son absence ? Sa disparition avait certainement causé chez eux aussi des traumatismes déchirants. Son égoïsme la glaçait... Visiblement même à des siècles de différence, l'influence du péché suprême semblait toujours présente...

En prenant machinalement la route du lycée, son téléphone portable vibra discrètement dans sa poche. Elle consulta rapidement les messages qu'elle avait reçu. Sans réelle surprise, elle lut un petit mot d'excuse de sa mère auquel elle ne préféra ne pas répondre à chaud, de peur d'aggraver les choses. Elle continua à faire défiler distraitement sa messagerie avant de se cogner contre quelqu'un et de faire tomber l'appareil. 

Le jeune homme qu'elle avait bousculé se baissa aussitôt pour le ramasser, et lui tendit avec un sourire charmant. Elle le remercia en bafouillant les premiers mots d'excuses qui lui vinrent à l'esprit, sans oser croiser son regard. Elle fit mine de reprendre son chemin, mais il interpella:

" Natacha c'est ça? Demanda-t-il, sans avoir l'air de vouloir la laisser filer.

- Oh, oui. Confirma la demoiselle en le regardant cette fois droit dans les yeux. Elle fut un instant déstabilisée par la taille de son interlocuteur, qui lui rappela vivement celle de son amour perdu. On se connait ? 

- Non, enfin moi si, je suis arrivé au lycée pendant... Ton absence et il faut dire que tu es plutôt du genre populaire. Sourit-il jovialement, l'air détendu. De plus on habite quasiment à côté, alors je me disais qu'on aurait pu faire un bout de chemin ensemble.

Elle le détailla un instant, passant son regard miel sur les yeux verts émeraudes du jeune homme en face d'elle. Son teint hâlé contrastait avec la clarté de ses cheveux, ce qui le rendait plutôt charmant, il fallait l'avouer. Mais la jeune femme ne faisait pas réellement attention à ses traits, focalisant davantage son esprit sur le soudain intérêt que cet inconnu semblait lui porter. Était-il un descendant des sept Péchés Capitaux qui venait pour l'assassiner? 

" Pourquoi tu me regardes avec ces yeux suspicieux ? Rigola-t-il, dévoilant d'adorables fossettes creusées dans ses joues bronzées. 

- Pour rien. Je suis un peu tendue en ce moment désolée...S'excusa-t-elle platement, ne sachant pas trop comment réagir.

- Tu es d'accord donc? 

Elle hocha la tête et lâcha un " si tu veux " avec une certaine indifférence qui parut davantage amuser le lycéen. Ils firent donc un bout de chemin dans le plus grand silence. Natacha tourna les yeux vers lui pour le surveiller discrètement. Était-il payé par sa mère pour la surveiller au lycée? Même si elle doutait un peu de ses théories farfelues, elle ne pouvait pas les ignorer. Décidément, elle avait la vague impression de développer une sorte de paranoïa vis à vis des personnes qui entraient subitement dans sa vie.

" Tu sembles perplexe. Fit-il remarquer au bout d'un certain temps. 

- Ah ouais, peut-être...D'ailleurs, tu t'appelles comment ? S'enquit-elle presque aussitôt en réalisant qu'elle ne savait toujours pas à qui elle avait à faire tout en ignorant sa remarque.

-  Alban, pour te servir principessa !

La demoiselle leva les yeux au ciel devant sa tentative ratée d'imiter l'accent italien, tout en hochant vaguement la tête. Ils se séparèrent en arrivant devant les portes du lycées. Le jeune homme était en spécialité musique, autrement dit, les cours qui lui étaient dispensés, étaient à l'autre bout de l'établissement. La blondinette n'avait aucune idée de la façon dont elle devait interpréter cette soudaine rencontre. Était-elle chamboulée à ce point pour ne plus savoir comment faire la connaissance d'une personne décemment? Elle n'eut pas le temps d'aller plus loin dans ses pensées que Charlie l'interpellait déjà avec de grands signes de l'autre côté de la cours. 

" Naty! Je rêve ou tu viens de débarquer au bras de mister beau gosse du lycée?

- Au bras ? De qui ? 

- Bah... tu sais bien Alban, c'est le nouveau qui...ha oui, c'est vrai, tu n'étais pas là quand il est arrivé. Se rappela la brunette. Enfin, t'as rien à savoir de précis; juste qu'il fait craquer tout le monde avec son visage d'ange et ses manières de gentleman...

- Il m'a proposé de faire le chemin jusqu'au lycée ensemble, lui annonça la jolie demoiselle d'un air suspicieux.

- Paaaardon?? Je crois que je vais faire un petit détour chez toi tous les matins et tous les soirs alors ! 

- Quoi ? Fit Natacha, la main posée dramatique sur le cœur et l'air faussement indignée. Notre amitié est-elle si superficielle pour que tu le préfères à moi ?

Elles éclatèrent de rire ensemble avant de prendre doucement la route vers leur classe. Charlie était sincèrement heureuse de voir sa meilleure amie si joviale, et en profita pour la faire rire en lui racontant toutes sortes d'anecdotes. Natacha ne put s'empêcher de penser à quel point son amie avait un effet bénéfique sur son humeur, toutes traces de colère s'étant dissipées. Lorsqu'elles furent tranquillement assise à leur place, la brunette osa la question qui lui brûlait la langue: 

-Alors, tu ne t'es pas trop faite engueulée hier ?

- Si...Et ma mère voulait que mon père m'accompagne au lycée ce matin...Tu le crois ça ?

- Pas cool...

Charlie fouilla dans son sac pour en sortir sa trousse. Puis, subitement, elle s'arrêta en plein milieu de son geste, et tourna brusquement la tête vers Natacha, signe d'une soudaine illumination:

" Mais attend... Alban ? 

- Figure toi que j'y ai pensé...Mais je me suis dit que je devais être trop tordue, pouffa la petite blonde, un brin soulagée du fait qu'elle n'ait pas été la seule à avoir une telle pensée.

- Un beau gosse agent secret qui veille à la protection de la jeune femme portée disparue jusqu'à quelques semaines... Le tout à la solde de ta terrifiante Maman. Souffla énigmatiquement la lycéenne en brassant l'air de ses doigts. Il faut croire que nous avons l'esprit aussi tordu.

- Que veux-tu, qui ce ressemblent s'assemblent ! Ma mère est sûrement derrière tout ça et si jamais c'est le cas...

- Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir. Rétorqua la brunette en lui lançant un regard lourd de sens. Il va falloir qu'on enquête... Mais avant, j'ai une nouvelle à t'annoncer !! Monsieur Vergan n'est pas là !!!!!

- Et ? Fit Natacha en la regardant d'un air circonspect, sans comprendre le sous-entendu.

- Comment ça "et" ?! S'exclama la brunette devant le manque de réactivité de sa meilleure amie. S'il n'est pas là ça veut dire qu'on n'a pas cours les deux heures avant midi, donc l'enquête pourra officiellement commencer !!!

La jeune fille pouffa devant l'enthousiasme de son acolyte et sentit le poids qui pesait sur ses épaules s'alléger quelque peu face à ce débordement de bonne humeur. La sonnerie raisonna dans la cour bondée de lycéens et les deux jeunes filles se dirigèrent vers leur premier cours. L'anxiété de Natacha laissait peu à peu place à la bonne humeur, soulagée qu'elle était de se sentir soutenue et comprise par Charlie. Elle n'en aurait pas attendu moins d'elle par le passé, mais depuis qu'elle était partie, elle avait l'étrange impression de ne plus la connaître aussi bien.

***

"Ahhhhhh ! Je te jure que si je n'étais pas en terminale pour ma dernière année de lycée, j'aurai transformer cette vieille bique de prof de sciences en tapis. Et encore c'est une offense pour les tapis... S'exclama Charlie, en proie d'une sorte d'agonie, à l'adresse de son amie, suite aux deux heures qu'elles avaient passé dans une salle pour étudier les trajectoires. Non et puis sérieusement, à quoi ça va bien me servir d'étudier la courbe d'un caillou qu'on lance en l'air ?!

- Tu exagères un peu Madame Valle n'est pas si horrible, elle est simplement...

- Aigrie ? Acariâtre ? Méchante ? Elle me déteste, je le sais !! Tu as déjà vu comment elle m'observait avec ses petits yeux de serpent à chaque fois que je parle ?

Natacha observa la brunette continuer sa liste interminable de récriminations, avant de s'en désintéresser et porter son regard vers la colline qui se détachait du paysage, là où se tenait les ruines de son cœur. Une main s'agita soudainement devant ses yeux l'arrachant brusquement à sa rêverie.

- Eho !! Tu m'écoutes quand je te parle ? S'indigna Charlie les mains sur les hanches.

- Je... Non... Enfin si... Mais je... je... réfléchissais...

- Nat' ... Tu sais que tu peux tout me dire... Depuis que tu es rentrée, j'ai pris mon mal en patience et j'ai attendu pour te poser des questions, mais là je vois bien que quelque chose ne va pas ! Tout le monde prétend que tu as perdu la mémoire mais je suis persuadée que tu te rappelles de quelque chose.

"Si seulement tu savais... "se désola intérieurement la blondinette.

-Tu ne me croirais pas ... Laissa échapper Natacha sans le contrôler.

Soudain Charlie se saisit des épaules de sa partenaire avant de la secouer tel un prunier, avant de soudainement se stopper et de plonger son regard dans le sien.

"Je crois que tu n'as pas très bien saisi qui j'étais, Natacha ! JE suis ta meilleure amie, je te connais mieux que tu ne te connais toi même... Tu pourrais me raconter que c'est un poisson unijambiste qui t'a enlevée pour te vendre comme esclave au peuple des hommes grenouilles que je te croirais !

La blondinette fixa son amie dans les yeux avant de lâcher un large sourire nostalgique. Peut-être que finalement, c'était elle qui n'était pas prête à raconter son aventure, et non les autres qui ne souhaitait pas l'entendre. La franchise de Charlie lui allait droit au cœur, si bien qu'elle eut une soudaine bouffée d'affection pour la grande brune. Elle l'enserra de ses bras et la pressa contre elle:

- Je sais...Laisse moi encore un peu de temps alors. Je veux vraiment être prête pour te raconter tout ça. Soupira-t-elle, le visage perdu dans les cheveux ébènes de sa meilleure amie.

- Il va nous falloir un bon chocolat chaud et des petites pâtisseries alors, fit son interlocutrice avec gourmandise, ce qui ne manqua pas de faire pouffer sa comparse. Non, sans rire, j'attendrai le temps qu'il faudra. Mais ne tarde pas trop s'il-te-plait. Tu sais à quel point c'est difficile pour moi de te voir dans cet état et de ne rien pouvoir faire. 

Elles restèrent longuement serrées l'une contre l'autre avant qu'Alban ne vienne briser l'harmonie de la scène en s'exclamant sans vergogne:

" Eh ! Natacha, tu as finis les cours?

- Oui, répondit la brunette à sa place l'air charmeur, en jetant un coup d'œil entendu à sa meilleure amie. 

Sans voir leur regard de connivence, Alban attrapa le sac de Natacha et l'envoya sur son épaule d'un geste fluide. La journée était passée tellement vite que la jolie demoiselle ne l'avait pas vue filer, si bien qu'elle fut un peu étonnée de la tournure plus ou moins précipitée que prenait les choses. Devait-elle interroger le blondinet à propos du soudain intérêt qu'il développait pour elle ? Non, elle devait agir moins directement, pour ne pas éveiller ses soupçons.

- Bien, allons y alors ! Trancha le jeune homme avec un sourire qui fit apparaître ses fossettes. 

- Tu ne voudrais pas m'accompagner moi aussi ? Il se fait tard et j'habite bien plus loin que Nat' Se plaint Charlie avec une moue boudeuse. Je risque beaucoup seule...

- Justement. Tu habites bien trop loin ! Et surtout à l'opposé de la forêt. Répliqua goguenard le jeune homme. Je vais donc me concentrer sur la princesse qui habite près de chez moi...

- Tu habites vers le château ? S'étonna Natacha ? Dont l'attention semblait toujours se porter vers ce lieu.

- Oui, dans une maison un peu à l'écart, mais pas très loin de la tienne comme je te l'ai dit ce matin. Expliqua-t-il, visiblement heureux de pouvoir parler de lui à la jolie jeune femme. En fait, je suis chez mon oncle, Alexandre Dubois.

- Quuuuoooi ? Cette vieille loque humaine est ton oncle ? Mais attend...alors le musée de Cheralye est dans ta famille ? L'interrompit Charlie, surprise.

- Une loque humaine ? Tu y vas un peu fort, plaisanta-t-il, Il est peut-être un peu rigide au niveau des règlements, mais sinon, il est... supportable. 

Le musée de Cheralye. Natacha songea qu'elle avait totalement oublié cette option. Elle aurait dû y aller depuis le début, elle y trouverait certainement des indices concernant l'histoire de la ville. Elle se redressa, essayant de réprimer tant bien que mal son amusement face au du regard énamouré que Charlie envoyait au dit " mister beau gosse du lycée". 

Hola !

Bon, ben toujours les mêmes bails, hein...on espère que le chapitre vous ait plu, blablabla, que vous vous demandez toujours comment la situation va évoluer, blablabla, qui est ce petit blondinet sorti de nulle part qui vient draguer notre héroïne, blablabla...Bref, et pour nous en faire part, une seule chose -> Les commentaires.

Alors n'hésitez pas :)

A très bientôt

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