Le Succès du Malheur - PUBLIÉ...

By bookishwitcher

686K 22.6K 9.7K

Sous contrat d'édition ; paraîtra le 6 mai 2021 chez Nisha et caetera ! Splendide hasard ou coup du destin ? ... More

Préface
Playlist
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13 (partie 1)
Chapitre 13 (partie 2)
Remerciements
Disponible en librairie !
Nouveau Roman Wattpad

Chapitre 9

12.5K 1.4K 552
By bookishwitcher

Il est plus de dix-neuf heures lorsque je repousse mon ordinateur portable au bout de mes bras. Le chapitre treize m'agace. Je bosse dessus depuis une heure, mais rien ne fonctionne. Je commence à en avoir sérieusement marre.

Je relève la tête de mon manuscrit pour me changer les idées. Ce soir, le calme règne en maître à l'intérieur du café. Seuls quelques clients discutent près du comptoir, où une serveuse s'affaire à préparer leur commande. J'attends qu'ils s'éloignent avant d'aller chercher deux lattés. Quelques minutes plus tard, je retourne m'asseoir à notre table habituelle – parce que oui, Ella et moi avons une table attitrée depuis notre première rencontre, qui remonte à presque deux semaines - et tapote l'écran de mon smartphone.


Willem – 19h15

Je veux travailler un truc et j'ai besoin d'aide. Viens au café.

Ella – 19h18

Je ne suis pas un chien, arrête de me donner des ordres. Nous avons bossé presque chaque jour depuis notre entente, alors pas ce soir. C'est jeudi, tu sais que c'est ma soirée Netflix.


Elle me fait vraiment la tête ? Je l'avais averti que je comptais lui écrire chaque fois que j'en avais besoin. Elle déconne.


Willem – 19h20

C'est toi qui m'as dit de t'écrire.

Ella – 19h21

Oui, mais je ne pensais pas que tu le ferais chaque soir depuis deux semaines.

Deux semaines, bon sang !!!!

Willem – 19h22

Je ne t'écris pas les week-ends.


Ella ne répond pas tout de suite. À force de la côtoyer si souvent au cours des derniers jours, je commence à connaître ses habitudes. Elle fait exprès de m'ignorer, juste pour que je lâche l'affaire. Elle avait employé la même technique hier soir, avant que j'use de mon argument principal...


Willem – 19h26

OK. Comme tu veux. Mais si tu ne viens pas, ce sera à toi de lire un passage horrible, bourré de fautes d'orthographe que je ne corrigerai pas. Salut.


Je sais, je suis foutrement désespéré. Jamais personne n'avait pris la peine de m'aider avec mon manuscrit. C'est la première fois que j'obtiens l'avis approfondi d'un professionnel sur mes écrits, et même si ça me soûle de le reconnaître, ses idées sont fantastiques. Lundi passé, elle a amélioré le prologue du roman en m'incitant à réécrire deux paragraphes. Le mardi suivant, elle a décortiqué les trois premiers chapitres et aéré le texte en supprimant quelques organisateurs textuels et répétitions qui le polluaient. Hier, elle a trouvé ce qui clochait avec un passage descriptif que je n'arrivais pas à corriger. Cette fille est un génie dont je ne peux me passer.

Je regarde mon smartphone dans l'espoir d'y apercevoir une réponse, mais rien. Un grognement m'échappe.


Willem – 19h36

Merci pour ta coopération.


— Ça me fait plaisir.

Je relève brusquement la tête. Ella se tient devant moi, vêtue d'un sweat-shirt bourgogne et de leggings noirs : probablement son pyjama. Avec ses cheveux décoiffés, elle semble sortie tout droit du lit.

— Sérieux, ça suffit avec ça, marmonne-t-elle en s'asseyant. Préviens-moi, au moins !

J'ignore sa remarque et glisse vers elle un latté double édulcorant, comme elle les aime.

Ça va l'amadouer un peu.

Elle porte la tasse encore fumante à ses lèvres et ferme les paupières en savourant son goût légèrement amer.

— Comment tu sais que je le préfère sucré ? souffle-t-elle, les yeux écarquillés.

Je hausse les épaules.

— Tu mets toujours deux sachets dans ton latté. Et tu en bois tellement, difficile de pas le remarquer.

Elle paraît surprise, mais n'ajoute rien. Je lui fais signe de se pousser pour que je puisse venir m'asseoir à ses côtés et lui montrer le chapitre qui me casse les couilles depuis ce matin. Cette proximité entre elle et moi ne me dérange plus autant. Après toutes ces heures passées ensemble, j'ai fini par me détendre un peu en sa présence. Ella est très respectueuse ; elle fait attention pour ne pas me brusquer, s'excuse quand elle m'effleure le bras ou me sourit lorsque je fais des efforts pour me rapprocher. Ma première impression était erronée. Jay avait raison sur son compte ; cette fille est relativement sympa quand elle en a envie. Je vous le jure.

Je suis le premier surpris.

— C'est ce chapitre qui te pose problème ? me demande-t-elle entre deux gorgées.

J'acquiesce et lui explique ce qui cloche. Ella réfléchit à mes propos, puis replace ses lunettes sur le bout de son nez. La pulpe de son pouce heurte sans cesse sa lèvre inférieure. L'un de ses nombreux tics de concentration.

Soudain, elle tapote l'écran de l'index.

— Ici. Je crois que si tu retirais cette description, ça ferait moins « liste » comme effet. Tu peux répartir les infos sur la forêt dans le chapitre six et sept. Tu sais, quand les enfants s'enfuient pour rejoindre le pont ? Ça couperait moins l'action.

Je relis le paragraphe avant de me tourner vers elle, un sourire en coin.

— T'es géniale.

Elle s'étouffe avec sa gorgée.

— Un compliment ? Mon Dieu, je vais le noter dans mon calendrier !

Je lève les yeux au ciel tandis qu'elle renverse la tête vers l'arrière et éclate d'un rire sonore. Je suis faible, car quand elle s'amuse comme en ce moment, ça me donne envie de devenir son pote. Mais ça ne l'empêche pas de me tomber sur les nerfs quatre-vingt-dix pour cent du temps.

« Cette fille va t'aider, et pas qu'à percer dans le domaine de l'édition. »

Les paroles de Jay me reviennent à l'esprit. Hier après-midi, on s'est retrouvés à un bar sportif pour prendre une bière. Il avait besoin de défouler la pression énorme qu'il ressent à son boulot. Quand je lui ai raconté comment se déroulaient mes rencontres avec Ella, au bout de trois assiettes de nachos, ça n'avait pas l'air de le surprendre. Il était même heureux que je m'ouvre à elle. Selon lui, cette fille a le don de soulager les âmes en peine. Elle est brillante, drôle, et une amie en or. Sans sa témérité, il paraît que Viviane n'aurait jamais trouvé le courage de lâcher ses études en droit pour se tourner vers l'art. Plus je passe du temps en sa présence, plus je commence à croire qu'il a raison.

Lentement, mais sûrement, j'apprends à lui faire confiance.

— Tu penses quoi de ce passage ? lui demandé-je en pointant une figure de style dont je ne suis pas convaincu.

— Hum... je ne sais pas. C'est un peu lourd ? Essaie de changer le qualitatif que tu emploies.

Je hoche la tête. À cela, un petit gloussement lui échappe.

— Quoi ?

— Tu prends très à cœur mes conseils, dis donc. Je ne savais pas que tu m'estimais à ce point. Ta sollicitude me touche beaucoup.

Un rire narquois me quitte.

— C'est ça. Au fait, ça te va bien, une moustache.

Ella fronce les sourcils et pose un index au-dessus de ses lèvres. En apercevant la mousse blanche qui y reste collée, elle me lance un regard noir.

— Pourquoi tu me le dis juste maintenant ?!

Je hausse les épaules tandis qu'elle s'essuie du revers de la manche.

— Ça t'allait bien, pourtant.

Elle brandit un doigt d'honneur, auquel je réponds d'un sourire en coin.

— Si tu oses te moquer de moi, je te tue, je brûle ton manuscrit, et je réécris ton roman en entier rien que pour t'assassiner à nouveau à l'intérieur.

Le rire qui m'échappe se mue en une toux rauque et je l'étouffe rapidement dans le creux de mon poing. Si je la vexe le soir où je l'ai fait venir à la dernière minute, plus jamais elle n'acceptera de me rendre ce genre de service.

Je referme mon ordinateur portable sous ses yeux plissés.

— Ça tient toujours pour mercredi prochain ?

Ella semble hésiter entre m'envoyer promener ou céder à ma demande. Finalement, elle opte pour le second.

— Va pour mercredi. Il faudrait bientôt commencer à préparer ta rencontre avec mes supérieurs.

Je déglutis.

Nos rêves dépendent autant de mon roman que de ma capacité à retenir ma langue. Rencontrer son directeur d'édition signifie des poignées de mains, des critiques, de la pression. Toutes ces choses qui ont tendance à me faire craquer.

— Je vais t'aider, Willem. Tu n'es pas seul.

Devant mon silence, Ella se penche sur la table. Je baisse les yeux vers ses doigts qui s'agitent à quelques centimètres des miens. Chacun de mes muscles se tend. Mon corps est prêt à détaler au moindre faux mouvement.

J'inspire profondément et me force à me détendre.

Ce n'est qu'Ella, je me répète en boucle. Juste Ella.

— Dis, tu me fais confiance ?

Sa question me prend au dépourvu. Je lève les yeux vers son visage impassible. Son regard n'a pas quitté la table.

— Plus ou moins, pourquoi ?

Elle plisse brièvement les paupières, mais ne relève pas mon doute. Lentement, son bras se tend dans l'espace nous séparant. Je me raidis.

— N'aie pas peur, insiste-t-elle. Je veux juste essayer un truc.

Je fronce les sourcils tandis qu'elle pose sa main sur la mienne. Sa chaleur irradie jusque dans mon épaule. Mes doigts se crispent sur la surface de bois et elle attend quelques secondes avant de resserrer sa prise. Cela m'apaise autant que j'en souffre. Une drôle de contradiction. Seulement, sa délicatesse rend ce contact tellement plus intime, et je peine à le supporter.

— Comme je te l'ai dit, tu n'es pas seul. Je suis là pour t'aider, et même si je déteste quand tu me forces à rappliquer au moment où Laszlo Kreizler découvre enfin qui est le tueur en série de New York, je vais venir à ta rescousse. Promesse de scout.

Elle serre ma main une dernière fois avant de la lâcher. Je pousse un profond soupir. Le soulagement qui déferle en moi me fait l'effet d'une douche froide. Il calme la brûlure de sa peau contre la mienne. Au bout d'un moment, je retrouve l'usage de ma voix :

— Tu as fait partie des scouts ?

— Jamais de la vie, rigole-t-elle en m'aidant à ramasser mes affaires éparpillées partout sur la table. Mais il paraît qu'ils font un point d'honneur à respecter leur promesse.

Ella attrape mon sac et y glisse deux carnets de notes ainsi qu'un stylo bleu. Elle s'empare ensuite de nos tasses vides. Avant de les ramener au comptoir, elle me lance tout bas :

— Au fait, félicitations.

Je redresse la tête et la questionne du regard. Un sourire énigmatique flotte sur ses lèvres.

— Tu ne l'as peut-être pas remarqué, mais moi, si.

— Remarqué quoi ?

Elle continue de me dévisager sans se départir de son sourire. Je finis de ranger mon sac et lui réponds distraitement que je ne vois pas de quoi elle parle. Un murmure lui échappe tandis qu'elle s'éloigne. Mes mains se figent sur la fermeture Éclair. Pendant un long moment, je me demande si j'ai bien compris. Puis je réalise qu'elle a raison.

Je n'ai même pas cherché à fuir.

***

Hello ! ♥

Alors, comme vous l'avez remarqué, je fais de petits bons dans le temps (ici, on parle de deux semaines plus tard). En fait, comme ils se rencontrent presque chaque soir et qu'ils en ont pour au moins un mois, je ne vais pas non plus écrire chaque fois la même chose au même endroit (vous en auriez marre et moi aussi !). 

Mais j'ai une question : est-ce que cela vous dérange ? L'évolution dans leur relation est plus marquée, puisqu'ils ont passé deux semaines à se voir beaucoup, mais est-ce que vous trouvez cela trop rapide ? Ou, au contraire, trop lent ? 

M'enfin, ce serait vraiment très gentil de me faire part de vos impressions.

Merci d'avance pour votre aide en tout cas ! ♥

(haha, did you get it ?)

Continue Reading

You'll Also Like

766K 83.5K 36
Lorsqu'elle découvre le visage de celui qui est sur le point de détruire sa vie, Sienna est loin de s'attendre à faire face à un homme balafré et qui...
1.2M 27K 94
Je le détestais, il me détestais mais toute cette rancoeur c'est transformé en amour Gönlüm karalıktı, sen geldin لان قلبي مظلما وأتيت انت...
2M 19.3K 25
Moi c'est Zaineb, j'ai 16 ans et 3 gardes du corps, euh.. non j'voulais dire 3 frères.. Mon père est en prison depuis mes 5 ans, c'est donc ma mère...
7.8K 442 67
Quand Michaël Jeffrey intègre Ithaedle School et rencontre Jenn McCurty, le but qu'il espère atteindre depuis toujours se fait de plus en plus proche...