Ces quelques jours en compagnie de ma famille avaient été magiques. Une sorte de parenthèse enchantée dans un monde rempli de ténèbres. Mes craintes de ne plus me sentir comme chez moi s'étaient vite dissipées. Ma sœur Maddy était toujours elle-même, trop curieuse, trop vive et trop plein d'énergie. Ma mère qui se remettait très bien de sa blessure, continuait de me traiter comme une petite chose fragile à protéger et mon père... il restait également le même. J'étais bien ici, loin de la capitale, loin du Bureau et loin du président.
Je n'étais pas beaucoup sortie pendant mon séjour, préférant rester au calme dans ma petite maison, à écouter ma sœur me raconter comment elle avait rendu toutes ses copines jalouses depuis que j'étais positive. j'avais également aidé mon père à son magasin, même si j'étais restée dans la réserve, préférant éviter les clients un peu trop curieux de croiser une positive. Le peu de fois où j'avais franchi les portes de ma maison afin de m'exposer au monde extérieur avait suffi à me refroidir. La tenue obligatoire que je devais porter attirer trop de regard. Les gens me dévisageaient comme si j'étais une bête curieuse.
Certains étaient admiratifs, d'autres craintifs, mais tous portaient sur moi un regard que je n'aimais pas.
J'avais toujours détesté être le centre de l'attention et que je sois un alpha ou non ça ne changeait rien.
Personne ne savait pour mod'ailleurs. Ils pensaient que j'étais une bravo affectée à la garde rapprochée du président. Je ne pouvais pas leur révéler la vérité ayant bien trop peur des conséquences. Ma sœur n'avait pas arrêté de me demander quelles étaient mes missions mais j'avais été incapable d'y répondre car je ne connaissais pas encore la réponse.
Qu'est-ce que le président allait me donner comme taches ? Qu'est-ce que j'allais réellement devoir faire ? Quelquefois je m'imaginais fuir cette ville et surtout le président. Renoncer à mes avantages et ma fonction et partir tout simplement. Mais si je partais, ma famille devrait le faire aussi et je n'étais pas sûre que ma proposition de fuite allait les enchanter. De quoi vivrons-nous ? Où allions-nous pouvoir nous cacher ? C'était dans ces moments-là que je repensais à Roman. Il avait lui aussi du profiter de quelques jours avec sa famille et je savais qu'il était avec la résistance. Je me demandais souvent comment il allait et si tout allait bien se dérouler pour lui. C'était plus fort que moi j'étais toujours inquiète pour lui malgré tout.
À présent c'était le dernier jour avec ma famille et nous avions décidé de pic niquer au bord de l'étang. C'était un endroit calme que j'adorais à l'époque. Pendant presque une heure j'étais restée assise sur l'herbe en silence, pendant que ma famille parlait de tout et de rien. Non pas que je n'avais rien à leur dire, mais simplement que j'appréciais le moment. Puis ma mère et Maddy étaient parties se balader, me
laissant seule avec mon père. J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne l'avais pas entendu
parler.
-Ambre ?
Réalisant que mon père me parlait depuis quelques secondes, j'étais revenue à la réalité.
-Pardon, j'étais...
-En train de penser. Tu fais ça depuis qu'on est arrivé ici. Dis-moi ce qui ne va pas.
Par où commencer . Avais-je pensé.
- Tout va bien papa. Je profite de cet instant c'est tout.
- Tu n'as pas l'air ravie d'être une bravo. On dirait que tu portes tout le malheur du monde sur tes épaules
Ambre.
Je savais que j'étais loin d'être la fille la plus heureuse actuellement.
-Je suis désolée. Je ne voulais pas gâcher l'ambiance.
-Tu ne gâches rien du tout Ambre. On est content de t'avoir avec nous mais tu sembles... ailleurs.
J'avais préféré ne rien répondre à cette remarque et il n'avait pas insisté.
- Dis-moi pour Alpha alors, tu as pu trouver ?
C'était vrai que j'en avais parlé à mon père mais ce dernier, n'ayant aucun souvenir, n'avait pas su me donner de réponse.
- Non mes recherches n'ont rien données.
Mon père m'avait alors lancé ce regard dont il détenait le secret. Le regard qui signifiait qu'il savait très bien que je mentais. Mais il s'était contenté de hocher les épaules.
-Hum... d'accord.
Je ne voulais pas l'impliquer dedans. Je ne voulais pas lui révéler que nouavions tous des puces que les
alphas peuvent contrôler. Je n'avais pas envie de lui dire que le bupremier du Bureau était de contrôler toute la population d'Illaria. Si je le lui disais, je le mettais en danger.
Je n'avais toujours pas trouvé de porte de sortie. Je ne savais toujours pas comment contre-carrer le plan du Bureau sans mettre ma famille en danger. Si je fuyais ma famille en subirait les conséquences et si je
partais avec elle, ma famille en souffrirait également. N'importe quel Alpha pouvait s'en prendre à ma
famille par distance. Tant que la puce était dans le cerveau je ne pouvais rien faire.
Le soir venu nous étions revenus à la maison et je savais que j'allais devoir les quitter. Un van envoyé par le Bureau devait venir me chercher dans moins de dix minutes. J'étais là, debout devant la porte à attendre. Je n'avais absolument pas envie d'y retourner, je n'avais pas envie de quitter ma famille. Ma famille attendait avec moi en me demandant quand j'allais revenir. Mais là encore je n'avais aucune réponse. Tout ce que je savais c'était que j'allais retourner à la capitale rejoindre le cabinet du président du Bureau. Un appartement allait m'être affecté ainsi que mes futures missions. Je n'en savais vraiment pas plus à l'heure actuelle. Lorsque le van était arrivé j'avais passé de longues secondes à prendre ma famille dans les bras.
- Tu nous écris tous les jours d'accord . Avait demandé ma mère
Quant à ma sœur 'j'avais droit à un enchaînement de questions de sa part.
- Je pourrai venir te voir dans la capitale ? Tu me feras visiter ton appartement ? Tu me montreras ton
boulot ?
Cette fois les aurevoirs étaient différents car je savais que je les reverrais rapidement. Après tout je n'étais plus à l'académie et je restais libre de mes mouvements à condition de respecter les missions qu'on allait me confier.
C'était ainsi que je m'étais installée dans le van pour retourner à la capitale. Le trajet était long, trop long pour moi. Le chauffeur ne parlait pas et je me contentais de regarder le paysage défiler à travers la vitre.
Sans même m'en rendre compte je m'étais assoupie et je me trouvais en plein rêve.
J'étais de nouveau à l'académie, mais pas en tant qu'élève mais en tant qu'alpha vu le costume que je
portais. Celui-ci était légèrement différent de d'habitude. Il restait noir et classique mais quelques brodures dorées venaient l'ornait. Il s'agissait probablement d'une tenue réservée aux réceptions. Je me trouvais dans une salle de réception bondée où le président était en train de donner un discours. C'était bizarre car je savais que je rêvais pourtant je n'arrivais pas à me réveiller. Tout paraissait si réaliste. Je voyais à la perfection les traits du Président qui s'adressait à l'assemblée. J'apercevais les gardes postés aux entrées de la salle. À travers les immenses vitres de la salle je me rendais compte que c'était la nuit.
Tous étaient sur leur trente et un et je comprenais qu'il s'agissait d'une soirée importante. Je n'entendais
pas vraiment de quoi parlait le président. J'étais simplement positionnée juste derrière lui à guetter les vas et viens dans la salle. Nayel était également là, à dix mètres de moi mais il portait son attention sur la foule comme si je n'existais pas.
Puis tout d'un coup une explosion. Un bruit assourdissant venait de l'extérieur et la salle s'était alors
figée. Personne ne comprenait réellement ce que c'était et aucun ne bougeait. Puis il y avait eu une seconde explosion mais cette fois-ci dans la salle où nous nous trouvions. Sans m'en apercevoir, j'avais été propulsée au sol non pas par l'explosion mais par Nayel qui s'était jeté sur moi pour me protéger. Un sifflement douloureux se rependait dans mes oreilles et pendant quelques secondes je ne comprenais plus rien. Je voyais les lèvres de Nayel qui bougeaient. Il me parlait mais je n'entendais pas puis...
- Ambre ? Ambre ? Est-ce que ça va ?
Je hochai péniblement la tête en Nayel m'aida à me lever. J'avais face à moi une scène qui me glaçait le sang. La toiture s'était effondrée, des débris étaient étalés un peu partout, les gens criaient la poussière se rependait tout autour de nous. Immédiatement après la garde rapprochée du président, dont je faisais partie, nous avait ordonné à Nayel et moi et les suivre.
-Vous deux venez avec nous.
On n'avait pas le temps de se poser plus de question qu'on était déjà en train de quitter la salle pour aller dans le couloir. En passant à côté des gens j'avais vu des blessés dont certains dans un grave état. Étaient-
ils morts ? Probablement. Cette vision me donnait des hauts le coeur. Pourtant je devais poursuivre mon
chemin avec les autres Alpha.
-Ils sont là-bas ! Avait crié l'un d'entre eux.
De qui parlait-il ? Que s'était-il passé? J'avais lancé à regard à Nayel mais lui non plus ne savait pas. Mais après avoir repris mes esprits j'avais faits le rapprochement. Nous avions dû être attaqué et la personne responsable avait dû prendre la fuite. On était ainsi parti à vive allure afin de rattraper le fuyard et notre course nous avait amenée à la forêt entourant l'académie. Les alphas s'étaient dispersés pour tenter de retrouver la piste de l'inconnu et je restais là sans savoir réellement quoi faire. Puis au bout de quelques minutes j'avais entendu quelqu'un crier.
-On en tient un !
Tous s'étaient rué vers la voix. Un alpha qui se trouvait à quelques centaines de mètres de moi avait réussi à arrêter un individu. Il se trouvait face au sol avec l'Alpha sur lui. Nous étions à présent tous réunis
autour des deux individus et je les regardais avec inquiétude. Qui était-il ? Pourquoi avait-il fait exploser l'académie ? Comment avait-il fait ? Les explosifs avaient également été interdits après la guerre. Puis le président était enfin arrivé. Il était sain et sauf mais son costume était entièrement recouvert de poussière.
La colère se lisait sur son visage mais également une pointe de joie. Il était probablement heureux d'avoir capturé le responsable.J'avais de nouveau reporté mon attention sur l'individu peu importe qui il était il avait commis un acte atroce. Il avait blessé des gens et probablement tué également.
- Relevez-le ! Ordonna le président.
L'alpha s'était alors exécuté et avait relevé l'individu qui cette fois nous faisait face. Lorsque je l'avais vu j'avais eu l'impression d'être figée sur place, incapable de bouger ni même de respirer. Son visage trahissait son inquiétude pourtant je voyais également dans ses yeux qu'il n'avait aucun regret. Il regardait le président avec un air de défi parfaitement conscient de ce qui l'attendait mais également heureux d'avoir accompli sa mission.
- Je ne suis guère surpris par vous M. Johnson.
Roman continuait de le regarder dans les yeux sans s'exprimer. Il n'avait plus peur du tout.
- J'avais toujours eu un doute sur vous mais j'avais mis ça sur le compte de votre côté orphelin. Un pauvre chiot perdu sans foyer qui cherche sa place coûte que coûte dans ce monde qui n'est décidément pas le sien. Néanmoins je dois avouer que vous avez réussi à me duper et rien que pour ça je suis
admiratif.
Au fur et à mesure de son discours il s'approchait de Roman, toujours tenu par un alpha. Puis le président avait tourné la tête vers moi.
- J'imagine que vous étiez au courant Mme Miller .
- Elle ne savait rien ! S'était empressé de répondre Roman afin de me couvrir. Elle ne savait ni pour moi ni pour cette attaque. Je suis le seul responsable alors allez-y tuez-moi !
Je regardais Roman d'un air suppliant. Non il ne pouvait pas dire ça. Il ne pouvait pas lui demander de le tuer. Mais le président continuait de me regarder sans lui prêter attention.
-Soyez assurée Mlle Miller que nous n'en resterons pas là.
Puis, sans même un regard à Roman, il adressa un ordre à l'alpha.
- Débarrassez-moi de lui immédiatement.
Je n'avais pas eu le temps de bouger ni de parler. La scène s'était déroulée en une seconde. Le temps de lancer un regard à Roman je l'avais vu tourner de l'oeil et s'effondrer en un instant au sol.J'étais restée là immobile pendant trois secondes sans comprendre. Puis mon regard s'était posé sur l'alpha qui souriait.
- Puce désactivée M le président.
Et là j'avais compris. En désactivant la puce on peut tuer l'individu qui le portait et Roman n'était pas simplement tombé, il était mort. Un cri strident était alors sorti de ma bouche. Un cri de douleur. J'avais essayé de me ruer vers Roman
mais ma route avait été barrée par Nayel
- Non !
J'essayai de me débattre mais Nayel était plus fort que moi et je n'arrivais pas à rejoindre Roman. Je restais figée à le regarder en espérant voir un miracle. Dans ma tête je hurlais à Roman de se réveiller. Pour moi c'était impossible. J'étais en train de rêver. Oui c'est ça je rêvais !
Et tout d'un coup je m'étais réveillée en sursaut dans le van. Il m'avait fallu quelques secondes pour reprendre ma respiration. Tout semblait si réel. L'attaque. Le président. Roman mort. Mais ce n'était qu'un cauchemar.
- Nous arrivons pile à l'heure Mlle Miller. Annonça le chauffeur
En regardant à travers la vitre je remarquais que nous arrivions à l'académie.
-Je croyais qu'on allait rejoindre le président.
- Oui c'est le cas. Mais à l'académie. Csoir il y a une conférence donnée par le président dans la salle de réception. Votre tenue se trouve juste à côté de vous. Le président veut que tous les bravos la porte.
En fixant le costume mon sang s'était encore une fois glacé. Il s'agissait de la même tenue que dans mon rêve. Et nous allions à une soirée, comme dans mon rêve. Tout d'un coup j'avais compris. Je n'avais pas imaginé tout ça. Ça allait bel et bien se passer ce soir.