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Je ne comprendrai jamais l'intérêt qu'a cet idiot pour ces machines du « futur ».
La technologie est de plus en plus évoluée, et je trouve ça de plus en plus triste. L'être humain y est véritablement devenu dépendant, ça fait peur à voir.
Quel mal y a-t-il à ça ? Nous passons 95 % de notre temps accrochés à des appareils électroniques. Un repas en famille, une sortie entre amis, toutes ses activités se passent avec les yeux de chacun vissés sur leurs téléphones respectifs. Je suis sûr que s'ils ont besoin de se dire quelque chose, c'est de manière virtuelle qu'ils feront passer le message.
C'est vraiment désolant. Le contact humain est en train de disparaître petit à petit et personne ne fait rien pour arranger ça, au contraire, plus les avancées technologiques se font et mieux c'est.
Si je me permets ce genre de constatation, c'est parce que je ne suis pas ce genre de personne. Je passe une petite heure, tous les jours, à regarder ce que j'ai pu rater sur les réseaux sociaux, ensuite mon téléphone ne me sert plus qu'à répondre à mon entourage ou à regarder l'heure.
J'ai été élevé avec ma grand-mère parce que mes parents étaient souvent absents avec leurs travails, ça m'a sûrement aidé d'être avec elle, cela m'a permis de ne pas devenir accro à ce genre de futilité.
Mon grand-père lui est décédé quand j'avais cinq ans et je suis vraiment content d'avoir pu épauler la femme qu'il a laissé en partant. Je n'ai pas été élevé dans la pauvreté mais heureusement pour moi, grâce à elle, j'ai appris que l'amour avait cent fois plus de valeur que l'argent. Elle est mon trésor, la femme que je chéris le plus au monde, mon plus beau cadeau sur cette terre.
Malheureusement, ça va déjà faire huit mois qu'elle m'a dit au revoir, sans un mot, sans une larme. Elle m'a laissé seul, comme une coquille vide. Elle a enfin rejoint son époux, et j'espère sincèrement qu'ils profitent de leurs retrouvailles comme il se doit.
Sa maison a été vendue, et il était hors de question pour moi d'aller là-bas.
Dans cette maison qui m'est inconnue, celle qui n'a jamais été la mienne. Celle de mes parents.
Ils n'ont jamais été présents pour leurs propres parents, et encore moins pour leurs fils.
Ce n'est pas que je ne les aime pas, mais après tout, comment développer des sentiments pour des gens qu'on ne voit jamais ?
L'adjectif le plus correct serait indifférent. C'est ça... je suis indifférent.
Le problème c'est que depuis sa mort, ce côté de ma personnalité s'est agrandi, ayant ainsi d'intérêt pour encore moins de chose qu'avant.
Pendant un long moment, je n'ai vu que très rarement mes amis. Ceux-ci me l'ont d'ailleurs quelques fois reproché, ils me disaient que je leur manquais, qu'ils étaient tristes de me voir me renfermer et déprimer, et ce, sans jamais demander une quelconque aide. Ils ont insisté pour que je m'appuie davantage sur eux, mais je n'ai jamais vraiment réussi à le faire. Ils n'ont cependant pas abandonné et au fond de moi, je les remercie énormément pour ça.
Je ne veux pas être seul, ce n'est pas ce que je souhaite, cela m'effraye même un peu quand j'y pense. J'ai beau tenter de faire des efforts, ça ne marche pas énormément. Mais je continue d'essayer, durement. J'essaye de les voir le plus souvent possible pour profiter correctement du temps libre qui m'est offert, de guérir de cette absence qui me manque tant, de réapprendre à sourire sincèrement et profiter correctement de la vie.
J'essaye, mais c'est difficile. Bien trop difficile.
Je n'ai jamais été un garçon très enjoué. Je souriais lorsque j'étais heureux, je rigolais lorsque je passais de bons moments. Je savais m'amuser, mais je restais quelqu'un de discret, quelqu'un de plutôt silencieux, vous savez, celui qui écoute ses amis parler et commente de temps en temps plutôt que celui qui démarre et anime une conversation...
Mes amis apprécient ma personnalité, ils savent qu'au fond je suis toujours le même et que je serai toujours là pour les soutenir. Je serai là pour les écouter quand ils n'iront pas bien, leur frotter le dos lorsqu'ils finiront les jambes entourées autour des toilettes à remettre toutes les consommations de la soirée ou encore pour les serrer dans mes bras lorsqu'ils se feront jeter par leurs petites amies.
Redevenir quelqu'un qu'on a déjà été mais qu'on a plus l'impression d'être, ce n'est vraiment pas quelque chose de facile.
Le parcours que prend une vie permet de changer une personne, directement ou indirectement, la plupart du temps ces changements se font sans que l'on ne s'en aperçoive et quand on commence à le remarquer, souvent, il est trop tard. Changer une personne juste parce qu'il le faut est quelque chose de pratiquement impossible à faire, si une personne doit changer, c'est parce qu'elle aura de nouveau évolué dû au chemin qu'aura pris son quotidien...
C'est ainsi que du haut de mes 24 ans, j'ai pris la décision de louer un appartement, seul, loin de cette gigantesque maison vide qu'on souhaitait m'offrir.
Ils n'ont pas insisté beaucoup et ont accepté immédiatement.
De toute manière, il fallait bien que je m'émancipe un jour ou l'autre.
Après quelques visites pas très convaincantes, c'est celui-ci qui m'a le plus attiré. Au sixième d'un bâtiment moderne constitué de sept étages, j'ai enfin trouvé mon bonheur. Ce dernier comporte un parking souterrain et une cour arrière qu'on peut facilement considérer comme un parc. Un petit étang adorable, quelques bancs entourés d'arbres, un vrai paradis de calme et de sérénité, c'est sans hésité mon endroit préféré, j'y passe énormément de temps. Le bâtiment n'abrite pas de famille avec enfant par choix personnel du propriétaire alors il est souvent vide, ce qui me permet de profiter pleinement de la brise légère, assis sur un banc, et ce, pratiquement sept jours par semaine, le soir en général. Je préfère la nuit au jour, les lumières lorsqu'il fait noir sont tout simplement parfaites, le calme y est plus prononcé et puis la lune et les étoiles sont si belles à regarder. Les admirer m'emplit d'une fine tristesse, cela m'amène indirectement à penser à mes grands-parents. Le ciel obscur est aussi beau et pur que l'amour que je leur porte.
Mon appartement quant à lui est moyen. Il peut faire vivre deux personnes aisément. De toute manière, j'imagine que même s'il avait été plus petit, la solitude se serait quand même ressentie...
Le salon est ouvert sur une belle salle à manger ainsi qu'une spacieuse cuisine. Le canapé d'un beau cuir brun peut accueillir jusqu'à quatre personnes, me permettant ainsi d'inviter mes amis pour regarder un film ou jouer aux jeux vidéo sans avoir peur d'être à l'étroit. La salle de bain offre une très belle douche italienne que j'affectionne tout particulièrement. La chambre elle aussi est pourvue d'un grand espace, me permettant d'avoir un lit gigantesque, ce qui est pratique quand on veut étaler de tout son long ses 1m83. L'appartement possède également un bureau que j'utilise assez souvent puisque depuis quatre ans mon métier n'est autre que celui d'écrivain. Ce travail est naturellement complémentaire à ma personnalité et je suis extrêmement reconnaissant envers mes lecteurs d'aimer ce que je publie et à mon éditeur pour avoir su déceler mon potentiel.
Même si ce métier ne permet pas d'avoir de réelles planches horaires, je m'en fixe malgré tout, pour profiter moi aussi de mes week-ends, et m'accorder ainsi plus facilement avec mes amis pour d'éventuelles sorties.
Un long soupir sort de mes lèvres et après toute cette réflexion inutile, je me décide enfin à sortir de mon lit. On est samedi, il est 11 heures et je suis déjà lassé de savoir que je n'ai rien de spécial à faire aujourd'hui.
Ah, on dirait que quelqu'un a entendu mon désespoir.
Mon téléphone sonne, vibrant fortement sur la table où je bois mon chocolat chaud. Je décroche rapidement, souriant en remarquant que c'est encore et toujours mon fidèle meilleur ami.
- Hi Seokkie ~
- Hi Wonnie ! chantonne mon ami au bout du fil
- On est samedi, d'habitude tu dors jusque midi, qu'est-ce qu'il se passe ? m'amusé-je à lui demander
- J'ai reçu un appel, elle arrive dans l'après-midi ! crie-t-il dans mon oreille, la voix emplie de joie et de stress
- J'imagine que tu parles de ton animal de compagnie, soufflé-je en levant les yeux au ciel
- Oui ! répond-il, ne perdant pas son excitation. Je veux que tu sois là dans l'heure qui suit, tu dois être là quand elle arrivera !
- Pourquoi tu veux absolument que je sois là ? soupiré-je
- Parce que je ne veux pas être seul, et puis, ça me stresse un peu, mes parents sont parti chez ma tante ce week-end, on pensait qu'on ne l'aurait que lundi mais ça a été plus vite de prévu, me dit-il tout triste
Je soupire silencieusement. Ce gars passe une heure par jour dans une salle de sport, il est très musclé et paraît très viril, mais sa personnalité est le total opposé de ce qu'il renvoie comme image. Un enfant dans un corps d'homme fort, voilà ce qu'il est. Je soupire une seconde fois, le sourire aux lèvres, m'amusant de ce type que j'adorais. Il est mon opposé en tout et pourtant il est la personne avec qui je me sens le mieux. L'amitié est quelque chose d'inexplicable.
- Je termine ma boisson, je me change et j'arrive, réponds-je simplement
- Gentil garçon ! À tout de suite ! s'amuse-t-il à dire en raccrochant
- C'est ça, ajouté-je dans le vide
C'est donc 45 minutes plus tard que je me retrouve dans cette belle villa reculée du centre-ville, assis sur un gigantesque canapé, en train de regarder la télévision pendant que mon ami arpente le salon de long en large.
- Viens t'asseoir, quand le camion sera là tu le sauras vite, tu pourras stresser à ce moment-là. Viens ici ! râlé-je
- O-Ok ok...
Alors qu'il allait s'asseoir, un camion se parque devant le jardin, faisant se redresser en un millième de seconde cet idiot. Il coure vers la porte, l'ouvre rapidement, et se rue sur la grande barrière protégeant la bâtisse.
Je me lève lentement, et m'avance ainsi jusqu'à être planté sur le perron, attendant que les deux déménageurs amènent l'énorme boîte à l'intérieur.
Hoseok, tout excité, tournoie autour du colis tandis que l'un des hommes m'offre un fascicule.
- Tout ce qu'il y a à savoir pour le démarrage se trouve là-dedans, n'hésitez pas à téléphoner au numéro qui se trouve en couverture si vous avez le moindre problème ou la moindre question. Au revoir, termine l'inconnu après avoir récupéré quelques papiers signés par la personne impatiente à mes côtés
Ils quittent ensuite la maison, nous laissant seuls, tous les deux, enfin, tous les trois, j'imagine...
Mon ami ouvre rapidement le carton, le jette de l'autre côté de la pièce, nous montrant désormais une boîte rectangulaire, cartonnée à l'arrière et transparente à l'avant, un peu comme les emballages des poupées pour enfant dans les magasins.
Mais après tout, n'est-ce pas qu'une simple Barbie que nous avons nous aussi devant les yeux ?
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