Annonce ton jeu

By Charly_yorel

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Harry est responsable d'un magasin de jouets et profite de son statut pour offrir un peu de bonheur aux enfan... More

Annonce ton jeu

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By Charly_yorel


« ... Quatre boîtes de poupées Barbie, deux nouveaux ballons de basket et trois de football, un nouveau kit de coloriage, les jeux de société sont... là ! Et pour finir, j'ai enfin reçu les nouveaux Playmobiles qu'Eden me demande depuis deux semaines ! ».

Je fais toujours un rapide contrôle à chaque fois que je vais voir les enfants. Tout simplement pour m'assurer que rien ne manque, sachant qu'on ne regroupe pas toujours tout au même moment. Je libère un peu de temps chaque soir avec mon responsable des achats pour voir ce que je pourrais prendre et on choisi des jouets que je n'ai pas encore apportés. Enfin, on essaie du moins parce qu'il n'y a pas souvent de nouveautés, mais on tente au moins de réapprovisionner les stocks.

Je fais un signe en direction de Valentin pour lui faire savoir que je m'en vais et emporte avec moi le carton que je viens de remplir. Tous les samedis après-midi, j'abandonne le magasin et pars retrouver la MECS qui se situe à deux rues de chez moi. C'est un établissement social qui est spécialisé dans l'accueil temporaire des mineurs.

Quand j'étais enfant, j'avais un jouet auquel je tenais énormément. A vrai dire, je n'avais que celui-là. Un jour je l'ai perdu et je me suis fait une promesse : « Si j'arrive à m'en sortir, je ferai en sorte qu'aucun enfant ne subisse ce que j'ai vécu ». Pour être honnête, je pensais pouvoir faire autre chose que mon boulot actuel. Je dirige un magasin de jouets. C'est un travail qui me plaît énormément mais... Dans le fond, il ne me passionne pas beaucoup.

Par contre, lorsque je vais rendre visite à toutes ces petites têtes au foyer, j'ai l'impression de revivre. Comme si je retenais mon souffle toute la semaine et qu'une fois arrivé le samedi, je respirais à nouveau. C'est peut-être ingrat de réagir comme cela quand on sait d'où je viens. Mon ami Pierre a du mal à me comprendre. Il travaille en tant que vendeur dans le magasin que je gère et il rêverait d'avoir mon poste. Alors il ne comprend pas pourquoi je ne suis pas satisfait avec ce que j'ai. Comment lui expliquer ce que je ressens ? Et est-ce que j'en ai réellement envie ? Personne n'a besoin de savoir.

« Harry est là ! Harry est là ! »

J'ai à peine le temps de pousser la porte avec mon pied que quatre marsupilamis me sautent dessus. J'avance avec difficulté vers la première table que je croise et dépose le carton. Ils se précipitent dessus pour voir ce que j'ai apporté.

« Hé, dites donc les mômes ! Vous n'avez pas oublié quelque chose ? »

Ils se regardent tous et l'une des demoiselles comprend.

« BONJOUR HARRYYYY ! »

J'ai le droit à une pluie de bisous collants et baveux dans la seconde qui suit. J'ai l'air de m'en plaindre dit comme ça mais ce n'est pas le cas, j'adore les enfants et ils me le rendent bien. Ce sont les seuls avec qui je me sens à l'aise, avec qui je peux être moi-même et sans avoir peur que l'on me juge.

Je laisse les enfants retourner à leur quête aux trésors dans la boîte que j'ai apportée et me dirige vers les animateurs présents aujourd'hui.

De là ou je suis, j'aperçois deux adultes en pleine discussion qui gardent un œil sur les enfants présents dans la pièce. Bethany m'adresse un grand sourire avant de m'inciter à venir vers eux. Cette demoiselle est magnifique, elle a de longs cheveux bruns, des yeux bleu-gris à couper le souffle et des courbes à faire jalouser toutes les femmes qu'elle croise. Ce que j'aime chez elle, c'est son naturel et sa simplicité.

« Salut beau brun, on n'attendait plus que toi. »

Je lui embrasse la joue et me retourne vers la personne à ses côtés et... Ah ouais... C'est qui ce nouvel éducateur ?!

« Harry, je te présente Louis. Il a fraîchement débarqué lundi et pour le moment, il n'a pas l'air de vouloir s'enfuir, » s'exclame-t-elle en riant.

Le dit Louis serre la main que je lui tends en m'offrant un sourire timide. Bon sang, qu'il est mignon ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un type aussi attirant. Il a l'air d'avoir un côté attendrissant et rebelle à la fois, tout à fait mon genre.

Bethany me sort de ma contemplation en expliquant à Louis ma venue dans ces bâtiments. Il ne fait aucun commentaire et change rapidement de sujet. C'est étonnant, en général je dois me cacher pour éviter de montrer mon malaise lorsqu'on me dit que c'est un don généreux de ma part, et lui, il ne dit rien. Bon, je ne vais pas m'en plaindre, ça me change pour une fois et je trouve même ça intriguant.

En général, lorsque j'arrive au foyer le samedi, je vais prendre un café avec les éducateurs présents et ensuite je vais faire un petit tour pour dire bonjour et voir si on a besoin d'un coup de main. Apporter mon aide pour un devoir de géographie ou d'histoire, ça c'est un truc qui me plaît encore plus. J'adorais ces matières quand j'étais encore au lycée, j'ai une mémoire photographique assez impressionnante et j'arrivais à retenir toutes les dates. Cette qualité plutôt cool m'a permis de gagner de nombreuses parties de jeux de société.

Cette dernière pensée me fait sourire et, en relevant le regard, j'aperçois Louis qui me jauge du coin de l'œil. Je tente de lui offrir un sourire, mais son sourcil gauche se hausse et il retourne admirer ses Van's qui ont déjà bien vécu en poussant un soupir. Je ne comprends vraiment pas son comportement, j'ai l'air de l'agacer alors que je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit de mal. C'est pas grave, on ne peut pas plaire à tout le monde, mais j'avoue que cela m'intrigue.

Bethany m'accompagne pour faire mon petit tour et j'en profite pour avoir quelques infos sur le nouvel arrivant.

« C'est moi ou il est étrange, le nouveau ? »

Elle me regarde de travers en replaçant ses cheveux derrière ses oreilles.

« Louis ? Pas du tout. Il est super sympa et il fait vraiment du bon boulot avec les mômes. »

« D'accord, bon si tu l'dis. Je l'ai senti un peu méfiant envers... moi. »

« Ah non, il donne cette impression à tout le monde mais je t'assure qu'il est adorable comme mec. Il vient d'arriver et il veut déjà mettre en place une activité sportive. »

Son sourire est communicatif. Bethany adore voir de nouvelles têtes et, quand elles sont pleines d'idées intéressantes et créatives, ça la botte encore plus.

« Vraiment ? Vous avez besoin de mon aide ? »

Elle me stoppe dans le couloir en me plaquant contre le mur. Bordel, je ne pensais pas qu'un si petit corps pouvait avoir autant de force.

« Oh, désolée ! »

Elle se recule et pointe son index vers moi.

« Non Harry, tu ne vas pas encore... »

J'attrape sa main et la regarde.

« Laisse-moi vous aider. Je suis certain que ce n'est pas grand chose. »

« Roh, t'es pénible ! Bon, on voit ça tout à l'heure. »

« Ouais, j'vais pas oublier. Compte sur moi. »



Deux semaines plus tard...


Je lance la musique et m'étale sur le canapé. La capsule de ma bière vole dans l'air alors que Kitty s'avance vers moi tel un lion prêt à bondir sur sa proie.

« Si tu crois que je ne te vois pas venir... »

Elle s'arrête et miaule de toutes ses forces. Elle fait ça constamment et, parfois, ça me fait vraiment flipper. Je ne sais pas pourquoi elle s'égosille comme ça. On m'avait prévenu quand je l'ai recueillie, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle me réveille en pleine nuit. Le troisième soir, elle est venue près de mon visage et a miaulé. Elle m'a réveillé en sursaut et j'ai bien cru que j'allais mourir tant mon cœur battait fort.

Je ferme les yeux et, comme à chaque fois depuis que je l'ai croisé, je revois les siens. Je ne comprends pas pourquoi je suis à ce point obnubilé par les yeux de ce type, il est tellement désagréable... Encore aujourd'hui, il me l'a bien prouvé.

Je suis allé donner un coup de main pour la future activité que Louis va pouvoir lancer. Son jeu s'appelle « La thèque », un genre de baseball rustique. Je savais que cet après-midi, Louis allait mesurer l'espace et mettre en place son projet alors j'ai voulu être sympa en apportant un tas de balles de tennis dont il avait besoin.

Quand il m'a vu, j'ai tout de suite remarqué la « joie » qu'il ressentait de me voir. J'ai légèrement haussé les sourcils et détourné le regard pour diriger mon attention autre part. J'ai eu envie de le provoquer un peu pour essayer de savoir quel était son problème mais bon, ce n'était vraiment pas mon genre de faire ça.

J'ai lancé un « Salut ! » joyeux et intéressé à Louis qui a simplement marmonné dans sa barbe en me tournant le dos.

« Je t'ai apporté les balles. »

Il a redressé la tête, a soupiré et m'a déclaré le plus « je m'en foutisme » du monde « Cool. » OK. Bon, là... Il commençait à me chatouiller les nerfs.

« Tu sais, c'est marrant parce que tout le monde dit que tu fais du super boulot et que t'es vraiment une personne formidable, attachante et drôle mais... Je n'arrive pas à la voir, cette personne. Je ne sais pas ce que je t'ai fait, parce qu'on n'a même pas eu une vraie conversation toi et moi, mais pour le bien de l'équipe, il faudrait qu'on agisse en adultes. »

Tout le long de ma tirade, je me suis concentré pour éviter de le regarder droit dans les yeux. A chaque coup d'œil sur son visage, je perdais mes moyens, et plus cela arrivait et plus ça m'énervait. J'avais pas envie de réagir de cette façon mais c'était comme incontrôlable. Le bleu de ses yeux m'hypnotisait totalement. Il a attendu que je termine pour ouvrir la bouche.

« Ok. Bah... Merci alors. »

« Hein ?! »

« Tu me sors ton grand discours pour que je te remercie pour le matériel, c'est pas ça ? Tu n'as pas envie qu'on te lance des fleurs toutes les dix minutes ? Le bien de l'équipe ? Mais tu bosses même pas ici ! »

« Que... Quoi ? »

C'était quoi ce délire ?! J'ai pas eu le temps de répliquer que les mômes sont arrivés en courant pour aider Louis. Son comportement a changé en un claquement de doigts. Même si j'étais toujours surpris par ses propos, je n'ai pas pu m'empêcher de le trouver... sympa. Enfin, avec les enfants.

Bethany est venue nous rejoindre et j'ai hésité à lui parler de la discussion que je venais d'avoir avec Louis. Parce que là, il n'avait visiblement aucune once de colère dans la voix ou dans le regard. Il avait donc uniquement un problème avec moi. Après réflexion, j'ai préféré attendre et me confronter directement à lui.

Et c'est ce que j'ai fait. Je l'ai coincé dans le vestiaire alors qu'il était en train de ranger les dossards des enfants.

« Au fait, Bethany a dit que tu devais venir avec moi pour récupérer les raquettes de tennis. »

« Bah voyons... »

Il a murmuré en descendant du banc. J'ai jeté mon sac contre le sol dans un bruit lourd et on a sursauté tous les deux parce que finalement, je ne pensais pas que cela allait faire autant de bruit.

« Mais putain ! C'est quoi ton problème ?! »

Il s'est redressé pour me faire face. Ses sourcils étaient froncés et il avait l'air vraiment... en colère. Non mais je rêve, c'est moi qui devait être énervé entre nous deux.

« Mon problème ? Mais j'ai pas de problème, pourquoi tu me gueules dessus ?! »

« Te fous pas de moi. Depuis que je t'ai rencontré, tu n'arrêtes pas de me juger et de me regarder de travers comme si j'avais volé ton chien ! Qu'est-ce que j't'ai fait ? »

Il s'est avancé davantage et j'ai eu l'impression de sentir son souffle contre ma peau tant il était proche de mon visage.

« J'aime pas les mecs comme toi. »

Il m'a regardé de haut en bas d'un air hautain et s'est éloigné.

J'ai rattrapé son bras mais il s'est dégagé de mon emprise.

« QUOI ? »

« Précise le fond de ta pensée. C'est quoi un mec comme moi ? »

« Un type qui a besoin de soulager sa conscience en offrant des cadeaux à des pauvres mômes à problèmes. Je n'aime pas les mecs dans ton genre. Ceux qui attendent des « Merci » et qu'on leur cède tout parce qu'ils apportent TELLEMENT ! J'aime pas les types comme toi, alors m'approche pas. »

J'étais... tellement sous le choc que je n'ai rien répondu. Moi ? J'étais ce genre de personne ? J'ai eu l'impression de prendre une grande claque en pleine poire. Et si c'était ce que pensaient les autres ? Que je ne faisais cela que par intérêt ?

J'ai mis du temps à revenir complètement à moi. Et là, maintenant alors que je suis dans mon salon, mon esprit me fatigue. Louis m'attire comme si c'était hors de mon contrôle, j'ai l'impression d'avoir été envoûté. Mais il m'insupporte, à cause de lui je suis en train de me remettre en question. Je suis perdu et je n'arrive plus à comprendre ce qui se passe.

Du coup, cette tête de mule n'est pas venue pour récupérer les raquettes.



Le mercredi suivant...



Quelqu'un frappe à ma porte et me sort de mon demi sommeil. Mais bordel, qui vient emmerder les gens à dix heures du soir ? Je me redresse et me dirige vers la porte d'entrée, j'ai aucune idée de qui cela peut être et franchement je m'en fous. J'ai simplement envie de l'envoyer bouler et de m'étaler dans mon lit. J'ouvre la porte lentement, comme si j'allais réveiller quelqu'un dans la maison.

« Wooh. Quel accueil ! »

Louis ? Mais qu'est-ce qu'il fout ici ? Et de quoi il parle ?! Devant mon air ahuri, il réagit et me pointe du doigt et... Oh, ça. Je suis tellement endormi que je n'ai pas réalisé les vêtements que j'avais sur le dos, c'est-à-dire un jean troué aux genoux et pas de tee-shirt. Louis n'a aucune gêne et laisse ses yeux magnifiques détailler le moindre de mes tatouages.

« Euh... Tu fais quoi ici ? »

Il redresse le regard et secoue la tête comme pour s'enlever des pensées qu'on s'interdit de garder dans le crâne.

« J'suis... J'suis désolé pour samedi. J'étais énervé, et euh... J'ai oublié les raquettes du coup. »

Ouais d'accord... J'ai compris. Il me sort des excuses pour récupérer le matériel et c'est qui le pourri maintenant ?

« Vas-y, entre. »

Il referme la porte et jette un œil à l'intérieur de chez moi. Il a l'air d'être étonné.

« Tu t'attendais à ce que j'étale ma montagne de fric ? Désolé de te décevoir. »

« Je... Non... Désolé. »

Dès que j'ai commencé à gagner de l'argent, j'ai remboursé mes dettes, placé à la banque et j'ai acheté ce dont j'avais besoin, sans superflu. Et finalement, j'ai continué de vivre de cette façon. Je n'avais jamais vécu dans le luxe et je ne comptais pas commencer un jour, alors Louis et ses préjugés viennent d'en prendre un coup. Chez moi, c'est simple. Des meubles récupérés, une grande bibliothèque, un tourne-disque et quelques photos par ci, par là. Je garde ce dont j'ai besoin pour vivre confortablement et le reste, j'en fais profiter les gens. Contrairement à ce que pense Louis, ce n'est en aucun cas pour alléger ma conscience.

Kitty miaule sur Louis qui manque de tomber sous la surprise.

« Putain ! »

« Ah oui... Je te présente Kitty. Je ne sais pas ce qu'elle a, elle hurle constamment. »

Je crois que mes oreilles ont ordonné à mon corps de me tourner pour détailler Louis, se tenant les côtes et mort de rire. Un rire si inattendu qu'il me donne envie de sourire.

« Ton... chat s'appelle... Kitty ? J'suis vraiment désolé, c'est la fatigue et puis... Je ne t'imaginais pas du tout du genre à appeler ton chat Kitty. »

Il retrouve peu à peu son calme alors que mes yeux se promènent encore le long de son corps. Faut vraiment que j'arrête ça.

« Elle est pas à moi en fait. Je la garde pour une des gamines de la MECS. Son père est décédé, il ne lui reste que sa mère et elle a atterri en prison, il y a deux mois. Quand Bethany m'en a parlé, je cherchais un animal alors... J'ai proposé mon aide. »

C'est drôle, la façon dont il me regarde à cet instant. Son expression semble avoir changé même s'il garde un petit côté arrogant placardé sur son beau visage.

Il a récupéré les raquettes et est parti en s'excusant. Je n'ai toujours pas compris.


***


« Ouais, j'arrive... Tu m'vois là ? Ok, à tout de suite. »

Bethany grimpe dans ma voiture et m'embrasse la joue. Cette fille baigne dans la lavande ou quoi ?

« C'est sympa de me récupérer sur le chemin. »

« Si je peux me rendre utile, c'est avec plaisir. »

On continue de parler de tout et de rien jusqu'à ce qu'on arrive à la MECS. Peu importe le sujet de conversation que j'aborde ces derniers temps, mes seules pensées sont toutes automatiquement redirigées vers Louis. Et ça commence à me rendre fou. J'essaie de me concentrer sur ce que Bethany me dit, mais c'est au moment où nous nous garons qu'elle a finalement toute mon attention. Elle s'empare de ma main.

« Eden a demandé à te voir hier. Ça te dérange de... »

« Non, bien sur que non. Je vais aller le voir. »

« Merci, c'est fou comme il te fait confiance. »

Un sourire triste se dessine malgré moi sur mes lèvres et, quand Bethany le remarque, son visage se crispe de douleur pour moi. Je ne lui ai pas dit, mais je pense qu'elle a deviné le plus gros de l'histoire.

« On se comprend. »

Après mon tour habituel, je me dirige vers la chambre d'Eden. Je cogne, un coup, deux coups, un coup.

C'est notre code.

« Harryyyy ! »

Il saute de son lit et se jette dans mes jambes. Cette petite bouille brune m'a émue dès ma première visite ici et, lorsque j'ai appris son histoire, j'ai compris pourquoi. Lui et moi, on a un point commun. On a la même peur parce que nos histoires se ressemblent.

« Comment tu vas mon grand ? »

Il hausse les épaules et me déclare calmement : « Couci-couça... »

Avec le geste de la main pour accompagner sa phrase.

« Tu veux m'en parler ? »

« Je sais pas. »

J'attrape le Playmobile de collection que j'avais glissé dans mon sac. On en parle depuis longtemps de cette pièce alors, lorsque je l'ai trouvée, je l'ai commandée toute de suite. Je l'ai depuis quelques jours mais j'attendais le week-end pour venir lui apporter.

« Je l'ai trouvé. »

Il relève le regard et je sais qu'il a compris de quoi je voulais parler. Ses yeux pétillent de joie, je ne l'ai jamais vu sourire autant.

« Ohh... »

« Tiens, il est pour toi. »

« Non, non Harry. Je n'ai pas le droit de te voler ton personnage. C'est à toi. »

« Ça me fait plaisir de te l'offrir. »

Il n'hésite pas plus longtemps et attrape l'objet dans ses petites mains. Puis, sans que je le voie venir, il me saute au cou pour me remercier. Je sens que ses « Merci » sortent sincèrement, il a l'air vraiment touché par mon geste. Ça l'aide à se détendre et à se confier.

« J'ai fait un cauchemar... C'était horrible... Il était... partout et je ne... voyais plus rien. »

Je resserre mon étreinte et commence à caresser son dos, lentement.

« Respire Eden, respire. »

Je sais à quel point ce genre de cauchemar peut nous déstabiliser. J'en fais moi même. C'est souvent par période mais, lorsque cela arrive, c'est violent. Et ça me gratte énormément.

« Mais je sais pas j'te dis. Je trouve ça simplement étrange ! »

« T'es grave, Harry est quelqu'un de génial. S'il fait ça, c'est parce que ça lui tient à cœur, pas pour une autre raison. »

Les voix s'éloignent et Eden se détache de moi.

« C'est le nouveau qui a dit ça ? C'est ça ? »

« Oui, Louis. Je crois qu'il ne m'apprécie pas vraiment. »

« Il est très gentil, et quand il vient me parler, il est toujours en train de faire des blagues. Et il parle beaucoup de toi, Harry. »

« Bah oui, il ne m'aime pas je t'ai dit. »

« Oui mais quand même... Il parle beaucoup, beaucoup de toi. »


***


Je suis en pleine réunion quand je sens mon portable vibrer dans la poche de mon costume. Je suis censé rester concentré sur ce qui se passe autour de moi, mais il n'y a rien à faire, j'ai un mauvais pressentiment lorsqu'un troisième appel s'agite contre ma cuisse. Je m'empare du téléphone et constate que je ne connais pas ce numéro.

« Veuillez m'excuser, j'ai une urgence. »

Je sors de la pièce presque en courant.

« Allo ? Allo ? »

« Harry, c'est... Louis. Tu peux venir s'il te plaît ? On a besoin de toi, c'est Eden. Y'a eu un problème... »

Les mots « Problème » et « Eden » tournent dans ma tête. Je fonce à mon bureau pour attraper mes clefs et continue ma course jusqu'à ma voiture. Je n'aime pas ça.

Eden est un gamin adorable, mais il n'aime pas parler. Bethany m'a expliqué qu'un incendie avait ravagé sa maison. Il avait réussi à s'en sortir par on ne sait quel miracle avec juste une brûlure sur le bras gauche. Dans cette horreur, Eden a perdu ses parents et son petit frère, alors il vit ici dans l'attente qu'une famille d'accueil veuille bien de lui et vice versa.

Lorsqu'il est arrivé à la MECS, j'ai remarqué son bras et, malgré les mises en garde des éducateurs, je suis allé me présenter à lui. Discrètement, je lui ai montré ma brûlure à la jambe et il m'a souri. Depuis, il ne fait confiance qu'à moi, mais mon emploi du temps ne me permet pas de venir le voir aussi souvent que je le souhaiterais.

En arrivant au coin de la rue où se situe le foyer, j'aperçois un camion de pompier... Non. Tout sauf ça... La police est là également. Putain, mais qu'est-ce qui s'est passé ?!

« Harry ! »

Bethany court dans ma direction en agitant les bras.

« C'est bon, c'est maîtrisé. Il n'y a plus le feu mais... Eden est bloqué. J'suis désolée, je ne savais pas quoi faire alors... J'ai pensé à toi. Enfin, c'est Louis qui a suggéré cette idée et... »

Louis ? Tiens...

« Où est Eden ? »

Elle pointe son corps qui est recroquevillé contre un arbre. Je commence à avancer vers lui tout en enlevant mon manteau. Je ne sais pas s'il a froid ou si ses tremblements sont dus au choc. Je m'approche lentement avant de m'asseoir en tailleur en face de lui.

« Ça va bonhomme ? »

« Pourquoi les gens sont méchants ? »

« Alors ça... C'est un mystère. Pourquoi tu dis ça ? »

« Parce que Killian et sa bande ont voulu me brûler l'autre bras, pour que je sois un monstre des deux côtés. »

Les p'tits cons, bordel. C'est pas possible d'être aussi bête, si jeune.

« T'es pas un monstre. Cette marque prouve que tu es en vie. Tu es un survivant. Il ne faut pas que tu les écoutes et ne t'inquiète pas, ils ne viendront plus t'embêter, je vais m'en assurer personnellement. Je vais te protéger Eden parce que t'es un p'tit mec formidable et tu ne mérites pas que l'on te traite de cette façon.»

Sa main vient se loger dans la mienne, il me sourit et me glisse en douceur.

"Merci Harry, t'es toujours là pour moi. J'aimerais bien que tu sois avec moi, tout le temps."


***


Assis sur un des bancs à l'extérieur de la MECS, la tête entre les mains, mes douloureux souvenirs d'enfance me volent au-dessus du crâne. J'ai envie de craquer mais je ne peux pas, encore moins quand j'entends quelqu'un arriver.

Une tasse de café me passe sous le nez et je reconnais les tatouages de Louis.

« Sincèrement, si c'est encore pour me balancer des vacheries... Un autre jour s'il te plaît. »

Il ne dit rien et s'assoit à mes côtés. Après plusieurs minutes de silence, il se décide à ouvrir la bouche et j'aurais pu parier sur le contenu qui allait en sortir.

« Toi aussi, tu as vécu ce qu'Eden a subi ? »

Je hoche la tête. Il a dû nous entendre avec Eden et faire ses propres déductions. Oui, j'ai vécu la même chose que lui, sauf que pour moi, mon grand frère s'est sacrifié. Il est revenu dans la maison alors qu'il était sauf, il m'a secouru et est décédé suite à ses blessures. Je n'ai pas envie d'en parler à Louis. Je n'aime pas vraiment en parler de toute façon, mais c'est la première fois que je l'admets devant quelqu'un.

« J'suis désolé. Je m'excuse rarement alors tu devrais en profiter, mais je suis vraiment désolé. Je t'ai mal jugé. Je n'ai pas l'habitude de rencontrer des personnes aussi généreuses et altruistes que toi alors... Quand ça arrive, je me méfie et j'agis comme un connard. J'suis vraiment désolé. »

Il a l'air honnête et ça doit se lire sur ma tête parce qu'il m'offre un magnifique sourire. Le vent dans ses cheveux dégage son visage et, comme la première fois lorsque j'avais posé les yeux sur lui, je bloque. Ce type est beau, vraiment beau. J'ai le sentiment de le découvrir, de voir un autre Louis sous mes yeux.

« Tu dis ça parce que t'as pitié ? »

« Non, parce que je sais reconnaître quand j'ai tort. »

Je ne sais pas quoi en penser, mais il me devance.

« Je peux te préparer à manger pour me faire pardonner ? »

« Chez tes parents ? »

« Tu crois que j'ai quel âge au juste ? Je vis seul... Enfin, bref. Non, chez toi ! Je connais les lieux en plus. »

« Ok, mais si t'es désagréable, je te vire de chez moi. »

« Compris. »

Il me sourit sincèrement et commence à me parler de musique.



Cinq ans plus tard...


Florence + The Machine - Cosmic Love

« T'es certain que ça va aller ? »

« Harry, je t'ai dit que tout allait très bien se passer. Notre fils part trois jours dans un camping, pas dans la jungle ! »

« Oui mais... Il n'a que dix-sept ans ! »

Louis roule des yeux et embrasse Eden sur la joue, puis fait le tour de la voiture pour taper dans les mains de Mathieu et Thomas, les amis de notre fils. Ces deux imbéciles heureux qui adorent trouver des idées de génie pour embarquer mon môme dans leurs conneries.

« Les gars, je vous préviens, s'il lui arrive quoi que ce soit... »

« Ça va aller Monsieur Styles, faut couper le cordon hein ! »

Eden regarde son pote d'un air « T'aurais pas dû dire ça ! » et tout le monde se met à rire.

« C'est ça, marre-toi Tom, tant que tu l'peux encore. »

Le dit Tom se stoppe net dans son fou rire avant de passer du rouge au pâle en trois secondes.

« Détends-toi, il rigole. Bon, on vous dit quand on est arrivés, et Harry... Ne me harcèle pas, on en a au moins pour trois heures. »

Je fais signe à mon fils jusqu'à ce qu'on ne puisse plus voir la voiture et Louis me tire à l'intérieur de la maison. Il claque la porte et se jette sur la peau de mon cou. C'est souvent comme ça avec Louis. Depuis le moment où il est venu dîner à la maison, on a accroché direct. En fait, on se plaisait depuis le début mais nos comportements réciproques ne nous donnaient pas envie d'apprendre à nous connaître l'un, l'autre. Alors, lorsque Louis a baissé sa garde, j'en ai fait de même. A la fin de notre repas, il y a maintenant cinq ans, on s'est littéralement jetés l'un sur l'autre. On n'avait pas arrêtés de s'envoyer des pics toute la soirée, c'était assez électrique jusqu'à ce qu'en un regard, tout parte en vrille.

Demain, ça fera cinq ans que Louis et moi sommes ensemble et je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie. Il m'a donné la force dont j'avais besoin pour me pardonner ce qui c'était produit lorsque j'étais enfant. Je n'arrêtais pas de culpabiliser pour la mort de mon frère et Louis m'a permis de sortir de cet enfer.

« T'es... tout à... moi ce week-end... mon amour. »

Sa langue se perd le long de ma gorge et ça me rend fou. Comme à chaque fois que Louis se colle contre mon corps, l'odeur de sa peau me fout complètement en vrac, je suis complètement accro à lui. Ma main s'égare dans le bas de ses reins pour venir presser Louis un peu plus contre moi. Je m'écarte légèrement pour pouvoir plonger dans ses yeux. Ses magnifiques yeux.

« Je serai tout à toi, tout l'temps Louis. »


FIN

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