Partie 22
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Je vois cette femme au visage lumineux, qui me sourit. Elle m'avait manqué, sa joie communicative, sa bonté, sa piété et tout ce que j'admirai chez elle. Elle avait fait le déplacement pour moi alors que je sais pertinemment qu'elle n'aime pas la ville, elle est venue pour nous : Nasser et Moi et oui comme vous l'avez deviné c'était Jeddah.
Jeddah : A wili benthi tu as maigris
Moi : Mais non Jeddah
Jeddah : Ah si moi je vais tirer les oreilles à weldi. Il te ramène pas à manger.
Moi : Mais non Jeddah il me donne à manger ici
Jeddah : Oui mais tu sais comme moi que ce n'est pas très bon. Je vais aller te faire un bon couscous et le ramener, il faut être en forme pour l'opération.
Moi : Jeddah mais ne te fatigue pas d'accord
Jeddah : On verra benthi.
Nasser est revenu avec un sac et mes affaires, il n'avait pas encore vu sa grand-mère, il vient me faire les trois bisous habituels
Nasser : Alors hayati tu t'es pas ennuyé sans moi ??
Moi : Ah non pas du tout.
Nasser : Ben comment ça se fait !?
Moi : J'avais de la compagnie
Nasser : Ah oui et qui !?
Moi : Aah Aah une invitée de marque.
Nasser *me faisant des bisous sur tout le visage* : Aah bon plus important que moi.
Moi : Bien sûr.
Il s'est arrêté net et a regardé partout dans la pièce quand il s'est aperçu que Jeddah était là. Sa tête était assez drôle voir. Il lui a ensuite sauté dans les bras comme un enfant de 3 ans qui retrouve sa maman le soir après l'école. Il était tout content.
J'aimais voir leur complicité. Ça me rendait automatiquement heureuse.
Nous discutions de tout et de rien quand la conversation commençait à me gêner. Vous devineriez bien de quel sujet il s'agit
Jeddah : alors mes enfants. Quand est-ce que je serai grand-mère incha'Allah ? (avec un sourire complice)
Moi je regardais Nasser pour qu'il y réponde et lui s'est tourné vers moi, m'a serré contre lui et a dit en souriant
Lui : très bientôt incha'Allah Jeddah
J'étais assez émue. Moi aussi je voulais être mère mais au lieu d'apprendre que j'étais enceinte j'ai appris que j'avais une tumeur mais bon kheir incha'Allah
***
Dieu dit : « Vous pouvez ne pas aimer ce qui vous est bon et aimer ce qui vous est mauvais. Dieu sait et vous ne savez pas » (Coran 2.216)
Le Prophète (salla Allahou aleyhi wa sallam) : « Que l'affaire du croyant est étonnante ! Tout lui est bénéfique, et cela n'est réservé qu'au croyant. Si un Bien le touche, il en remercie Dieu et ceci est un bien pour lui. Et si un malheur le frappe, il le supporte, et cela est aussi un bien pour lui. » (Muslim)
Nous lisons dans les deux Sahihs cette parole du Prophète : « Les plus éprouvés parmi les gens sont les Prophètes. Viennent, après eux les meilleurs et ainsi de suite. L'épreuve de l'homme est fonction de sa foi. Si celle-ci est solide, il sera très éprouvé, mais si elle ne l'est pas, il subira des petites épreuves. L'homme ne cesse d'être éprouvé jusqu'à marcher sur terre, ne portant aucun péché. »
***
Jeddah est rentrée chez mes parents. Ma Yemma ne voulait pas la laisser seule chez elle. Mes beaux-parents ont une maison près de chez moi ou ils restent quand ils sont en France. Mais la Jeddah allait devoir rester seule donc mes parents vont l'accueillir pendant son séjour de deux semaines incha'Allah.
Le lendemain, en début d'après-midi, j'étais seule. Nasser était allé au travail. Une personne entra dans la chambre. Ce n'était autre que ma sœur de cœur, Sarah
Elle : assalam aleykoum oukhty
Moi : Wa aleykoum salam oukhty tu vas bien ?
Elle : ça va el hamdoulillah et toi ?
Moi : ça va el hamdoulillah
Bref nous avons ainsi parlé pendant des dizaines de minutes quand soudain elle est devenue pensive. C'est comme si elle hésitait à me dire quelque chose.
Moi : habiba dis-moi je te sens préoccupée, il se passe quoi ?
Elle : euh zina euh enfaite j'aimerai te dire quelque chose
Moi : kheir incha'Allah dis-moi habiba
Elle devint toute rouge d'un coup c'était assez marrant à voir
Elle : enfin euh voilà y'a un homme qui est venu demander ma main auprès de Khali (mon père)
Moi : QUOI ? C'est vrai ??? Mais c'est qui ? Dis-moi tout !!!
Elle : euuuh ben c'est euh ............. Houcine !
Moi : Quoi ? Houcine ? Mon cousin ?
Elle : euh oui lui (elle était toute rouge mdr)
Moi : haaaaaaaaaaan je suis trop heureuse masha'Allah mon cousin ne pouvait pas trouver mieux et toi non plus hein il est masha'Allah
Elle : euh oui c'est vrai ! Enfin je veux dire ...
Moi : c'est bon ne te fatigue pas oukhty j'ai compris kheir incha'Allah
Nous avons encore un peu discuté. Houcine a demandé si Sarah serait d'accord qu'il vienne la khtob et elle a accepté. Donc bientôt mariage incha'Allah
Le soir vers 20h, mon amour est arrivé. Mon Nasser
Nasser :salam aleykoum hobi
Moi (toute souriante) : aleykoum salam omri tu vas bien ?
Lui : oui el hamdoulillah, c'est à moi de te poser cette question
Moi : moi aussi ça va el hamdoulillah
J'ai eu droit à mes bisous habituels. Nous étions en train de discuter quand le docteur est entré dans la chambre.
Docteur : bonsoir madame K****
Moi : bonsoir docteur
Lui : comment vous sentez-vous aujourd'hui
Moi : très bien merci
Lui : excellent, alors voilà je suis venu vous prévenir de votre opération qui aura lieu demain matin à 10h
Moi : très bien merci pour tout docteur
Docteur : de rien et bonne soirée
Nous : merci
J'ai totalement confiance en Allah mais je mentirai si je disais que je ne suis pas angoissée. Kheir incha'Allah
***Dans la peau de Nasser***
J'ai pu voir dans son regard qu'elle avait peur. A vrai dire je le suis autant qu'elle. Elle est la en train de me sourire pour montrer qu'elle est forte mais pas besoin de ça pour camoufler sa peur, son angoisse. Je la connais bien maintenant et je peux tout sentir à travers son regard.
Deux heures plus tard, Farah s'est endormie. Je suis sorti de la chambre pour pouvoir appeler sa famille et les prévenir de son opération.
La nuit je me suis couché près d'elle et nous avons dormi dans les bras de l'un de l'autre.
Le matin je me suis réveillé avant ma femme. Elle dormait paisiblement toujours dans mes bras. Je lui ai déposé plein de petits bisous pour la réveiller car c'était bientôt l'heure de son opération.
Elle a ouvert ses petits yeux et quand elle m'a vu, un large sourire est apparu sur son beau visage
Moi : sbah el kheir hobi
Elle : sbah el nour hayati
Moi : bien dormi ?
Elle : super dans les bras de mon mari el hamdoulillah
Je n'ai pas pu m'empêcher et lui ai déposé un long baiser sur ses belles lèvres. Elle y a répondu bien sûr.
Quelques minutes plus tard toute sa famille était présente. On attendait que le docteur vienne la chercher.
Elle : avant de partir j'aimerai vous dire à tous que je vous aime et si un jour j'ai pu vous blesser consciemment ou inconsciemment je m'en excuse.
Elle avait les larmes lorsqu'elle parlait et moi aussi automatiquement.
C'était assez triste et lourd comme atmosphère. Je n'ai pas pu supporter tout ça et ai versé quelques larmes que j'ai effacées avant que quelqu'un ne puisse voir.
Le docteur est arrivé une demi-heure plus tard. Ils l'ont emmené dans la salle d'opération. Avant de la faire rentrer je les ai arrêté pour parler à ma Farah.
Moi : bon hobi tu entreras dans cette salle avec ta tumeur et en sortiras sans incha'Allah. Tu es forte je le sais hobi.
Elle : incha'Allah ya omri (avec un sourire triste et une larme coulant sur sa joue)
Moi : n'oublie pas que je t'aime et je t'attendrai quoi qu'il arrive wakha ?
Elle : oui hobi je le sais et moi aussi je t'aime comme une folle hobi
Je lui ai déposé un dernier baiser sur le front avant qu'ils l'emmènent.
Ils sont désormais dans cette sale avec ma vie entre leurs mains. Et nous de l'autre côté de celle-ci en train d'attendre désespérément.
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